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Chronique

La lecture/appréciation des œuvres littéraires

Le personnage de fiction : la porte d’entrée des jeunes lecteurs dans la lecture/appréciation d’une œuvre littéraire (1/2)_

Contrairement aux lecteurs adultes qui entrent dans la lecture/appréciation des œuvres littéraires par différentes portes, la majorité des jeunes lecteurs du primaire plongent dans les récits, d’abord et avant tout, par une certaine forme d’identification aux personnages. C’est d’ailleurs pourquoi plusieurs per-sonnages célèbres donnent leur nom aux titres mêmes de contes tradition-nels comme de plusieurs albums et romans plus contemporains dont ils proviennent (Le Petit Chaperon rouge, Les trois petits cochons, Alice au pays des mer-veilles, Le royaume de Kensuké, Vendredi ou la vie sauvage, Harry Potter…)._

Dans les chroniques précédentes (Lépine, 2018a, 2018b, Lépine et Émery-Bruneau, 2019), nous avons proposé différentes pistes d’entrée dans les œuvres littéraires à partir du format du livre, des pages cou-verture, de garde et de titre. Dans cette nouvelle série de deux articles, nous pénétrons dans l’univers narratif par l’en-tremise du ou des personnages princi-paux. Pour ce faire, nous présentons dans ce premier article, d’une part, les cinq élé-ments littéraires à considérer pour mieux lire et apprécier une œuvre littéraire et, d’autre part, nous ciblons des aspects propres à l’analyse des personnages. Dans le second article (prévu au printemps 2020), nous expliciterons ces différents aspects à l’aide d’exemples tirés d’albums contemporains pour la jeunesse._

Les principaux éléments littéraires : L.U.P.I.N.La didacticienne Manon Hébert pré-sente, dans son livre Lire et apprécier les romans en classe : enseignement expli-cite, journaux et cercles de lecture (2019), une façon simple et originale de retenir les principales catégories de notions littéraires qui peuvent permettre de mieux lire/apprécier un récit de fiction. S’inspirant du célèbre et rusé gentleman cambrioleur Arsène Lupin, imaginé par Maurice Leblanc au début du XXe siècle et rendu célèbre par ses fins talents d’observation, l’auteure utilise l’acro-nyme L.U.P.I.N. comme aide-mémoire et comme outil de travail en classe avec des lecteurs en formation, notamment dans des cercles de lecture1.

_

Comme lecteurs adultes, nous pouvons ainsi apprécier une lecture littéraire par la « beauté » de la Langue utilisée par l’auteur, par son Univers qui renvoie à un moment marquant de notre vie, par le Personnage principal qui nous fait penser à telle connaissance, par l’In-trigue qui nous tient en haleine, par

la Narration qui en dévoile juste assez pour entretenir le suspense… À titre de lecteurs expérimentés, notre entrée dans la lecture/appréciation des récits ne se limite pas aux actions des personnages, à leurs caractéristiques physiques et à leurs traits de caractère qui font peut-être écho aux nôtres… Cependant, bien souvent, les lecteurs du primaire ont une nette préférence : ils suivent le per-sonnage principal, ils se demandent ce qui va lui arriver et comment s’orga-nisent les relations (d’amitié, d’amour, de haine) entre les différents person-nages d’un même récit. Les jeunes lec-teurs croient aussi fréquemment que le personnage principal et l’auteur ne font qu’un ! Ils arrivent parfois difficilement à distinguer personnage (qui renvoie à la fiction) et personne (qui renvoie à la réa-lité) (Tsimbidy, 2008). Ces jeunes lecteurs

Judith Émery-Bruneau, Ph. D.Professeure, didactique du français, département des sciences de l’éducationUniversité du Québec en Outaouaisjudith.emery-bruneau@uqo.ca

Martin Lépine, Ph. D.Professeur, didactique du français, département de l’enseignement au préscolaire et au primaireUniversité de Sherbrookemartin.lepine@usherbrooke.ca

L Langue, littérature et lecteur

U Univers, thèmes, valeurs, morale

P Personnages, stéréotypes

I Intrigue, espace/temps, genres

N Narration, ton

Source : Manon Hébert (2019, p. 51)

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La lecture/appréciation des œuvres littéraires

s’identifient aux personnages de fiction, souvent de leur âge ou juste un peu plus vieux ; ils vivent par procuration diffé-rentes aventures auxquelles la vraie vie ne les aurait pas encore préparés !_

La porte d’entrée dans les récits : le personnage principalNous l’avions évoqué dès le premier article de la chronique au printemps 2018, lire est un processus interactif et un acte de construction des sens et des significations possibles des textes (Lépine, 2017). Lorsque l’on travaille le personnage en littérature dès le primaire, il est bon de se rappeler qu’il s’agit sans cesse de viser un juste équilibre entre l’importance accordée au sens (lié à la compréhension) et à la signification (liée à l’interprétation). On peut ainsi demander d’abord aux élèves qui est le personnage principal de tel récit et sur-tout pourquoi ils pensent que ce per-sonnage en est le principal… Cela dit, avec une telle approche, on se limite à questionner le sens et non la significa-tion. Une sous-question devrait toujours s’ajouter ensuite : et que signifie ce per-sonnage dans ce récit ? On pourrait dire, par exemple, que le Petit Chaperon rouge est le personnage du conte traditionnel du même nom, dire qu’il est important parce que c’est lui que l’on suit tout au long du récit, que c’est de lui qu’on s’in-quiète principalement, etc. Mais pour favoriser de riches discussions en classe, il faut aussi se demander ce que signifie

ce personnage, pourquoi l’auteur a-t-il choisi de le nommer ainsi, de l’habil-ler d’un chaperon de la couleur rouge, etc. On peut aussi analyser ce person-nage par rapport aux stéréotypes ou aux archétypes du genre (un loup est tou-jours affamé, une sorcière est toujours vilaine, un ogre est toujours méchant, une princesse est toujours gentille, etc.)._

Le personnage principal, en parti-culier pour les jeunes lecteurs, peut donc être la clé qui donne accès aux diverses notions littéraires rappelées par Hébert (2019) dans l’aide-mémoire L.U.P.I.N. présenté plus haut. Pour étu-dier ce personnage principal, on peut avoir recours à des indices textuels et visuels, en particulier dans les albums illustrés. Il s’agit donc de repérer ce que l’auteur ET l’illustrateur ou ce que le

texte ET l’image nous révèlent comme caractéristiques visibles ou à inférer du personnage principal._

En littérature de jeunesse spécifique-ment, les personnages sont humains, mais aussi bien souvent des animaux à qui l’on attribue des actions et des réactions habituellement réservées aux humains (on peut parler, en ce sens, d’anthropomorphisme). Dans ce cas, la question de la signification est encore plus importante : pourquoi l’auteur a-t-il choisi tel animal pour lui faire vivre telle aventure généralement réservée aux êtres humains ? Que signifie ce choix ? Pourquoi ne pas avoir utilisé, tout bon-nement, des humains dans ce récit ?_

Il faut aussi noter que le personnage principal est rarement seul dans sa quête : des alliés, des adjuvants vont l’ai-der, le soutenir tandis que des opposants, des ennemis risquent de lui nuire, de le ralentir. Il faut donc d’une part consi-dérer le personnage principal comme un individu unique, avec ses caractéris-tiques physiques et ses traits de caractère propres, mais aussi d’autre part analyser si cet individu participe plus largement à un groupe, à une collectivité (une famille, un réseau d’amis, une équipe sportive, etc.) et quelles sont les relations entre ces différents individus._

Dans le texte et dans l'image...

Aspects à observer Sens Significations

Son nom

• Humain ou animal ?

• Stéréotype/achétype ?

Ses caractéristiques physiques

Ses traits de caractère

Ses actions

Ses pensées

Ses rôles/ses fonctions

Ses relations avec les autres personnages

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Forfait soldats et gouverneursProgrammes éducatifs du Vieux-Québec

Trois activités animées incluant un espace pour dîner

• Au service secret de Son ExcellenceRésidence du gouverneur général à la Citadelle

• Le grand jeu du soldat VadeboncoeurLieu historique national des Fortifi cations-de-Québec

• Parcours thématique guidé entre les deux lieux

Appelez-nous pour réserver

418 648-7016

Résidence du gouverneur général à la Citadelle

En somme, nous illustrons dans le tableau de la page précédente diffé-rents aspects que l’on peut questionner

à propos des personnages d’un récit, en n’oubliant jamais qu’il s’agit d’en déga-ger le(s) sens mais surtout d’en donner la ou les significations._

Le plus important à retenir dans cette réflexion didactique sur le personnage de fiction est ceci : pour développer des lecteurs pour la vie, des lecteurs qui pren-dront suffisamment plaisir à lire pour consacrer du temps de loisir à leurs lec-tures de fiction, il est impératif de voir en quoi tel personnage fait écho à ce

que nous sommes comme être humain unique, complexe et en quête d’équilibre. Quelle part de moi-même, comme lec-

teur, se retrouve dans ce personnage, ou ne s’y retrouve pas ? En quoi ce person-nage de fiction me permet-il (ou non) d’être complice de ses aventures, de ses actions, de ses pensées, de ses valeurs ?_

Dans le prochain article de la série, au printemps 2020, nous poursuivons notre exploration des personnages par des exemples génériques et spécifiques tirés d’albums de littérature contemporains.

Note

1. Dans la suite de cette chronique sur la lecture/appréciation des œuvres littéraires, nous aborderons les quatre autres catégories de notions littéraires.

Références

_ Hébert, M. (2019). Lire et apprécier les romans en classe. Enseignement explicite, journaux et cercles de lecture. Montréal, Québec : Chenelière Éducation.

_ Lépine, M. (2017). L’enseignement de la lecture/appréciation des œuvres littéraires à l’école primaire : enquête sur les pratiques déclarées et les conceptions d’enseignants québécois. (Thèse de doctorat inédite). Université de Montréal.

_ Lépine, M. (2018a). Un carnet de lecture/apprécia-tion à l’usage des enseignants : un outil pour sus-citer le gout de lire chez les lecteurs du primaire. Vivre le primaire, 31(1), 41-43.

_ Lépine, M. (2018b). Entrer dans la lecture et l’ap-préciation d’une œuvre littéraire : le format et les pages de couverture. Vivre le primaire, 31(3), 73-76.

_ Lépine, M. et Émery-Bruneau, J. (2019). Entrer dans la lecture et l’appréciation d’une œuvre littéraire : les pages de garde et de titre. Vivre le primaire, 32(1), 79-81.

_ Tsimbidy, M. (2008). Enseigner la littérature de jeu-nesse. Toulouse : Presses universitaires du Mirail.

Pour développer des lecteurs pour la vie, (...) il est impératif de voir en quoi tel personnage

fait écho à ce que nous sommes comme être humain unique, complexe et en quête d’équilibre.

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EXPLICATION DU PRIXLes prix Jacinthe de reconnaissance en enseignement de la littérature jeunesse au primaire sont une initiative de l’AQEP afin de poursuivre l’oeuvre éducative de madame Jacinthe Mathieu.

Ces deux prix se veulent :Un témoignage du dynamisme et de l’implication dans le domaine de la littérature jeunesse d’un(e) pédagogue exceptionnel(le).

OULe partage d’un projet original créé par un(e) enseignant(e) passionné(e) qui propose une bibliographie innovatrice utilisant la littérature jeunesse pour favoriser les apprentissages et motiver les élèves.

PRIX CHAQUE LAURÉAT RECEVRA...• Trophée souvenir• Invitation au congrès annuel de l’AQEP

(les frais d’inscription et d’hébergement défrayés par l’AQEP)• Publication du projet dans la revue professionnelle Vivre le primaire• Chèque-cadeau d’une valeur de 250 $ pour l’achat

de livres offert par Gallimard Jeunesse et L’École des loisirs• Lot de livres d’une valeur de 250 $ des éditions Les 400 coups• Chèque-cadeau d’une valeur de 250 $ de la Librairie Monet• Logiciel Antidote d’une valeur de 130 $ offert par Druide Informatique• Adhésion à un club de lecture d’une valeur de 125 $

de l’organisme Communication-Jeunesse• Abonnement d’une valeur de 41 $ à la revue Le Pollen• Abonnement d’une valeur de 25 $ à la revue Lurelu

PRIXJACINTHE

PRIX DE RECONNAISSANCE EN ENSEIGNEMENT EN LITTÉRATURE JEUNESSE PRIMAIRE POURLES MEMBRES DE L’AQEP

Le 30 juin 2020 est la date limite pour déposer les documents de mise en candidature. Pour plus de détails, visitez le site www.aqep.org

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