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Le 17 décembre 2014, une des femelles paresseux du Biodôme a mis au monde un petit dans la forêt tropicale, après une gestation d’environ 10 à 11 mois. Comme le petit est né dans la canopée et qu’il est difficile d’y accéder, les caméras de surveillance témoignent de son évolution, de son comportement avec sa mère et dans son environnement. Il paraît vigoureux et explorateur. PREMIÈRE VISITE CHEZ LE VÉTÉRINAIRE C’est seulement le 27 mai dernier que la vétérinaire a pratiqué un premier examen sur le petit, alors âgé d’un peu plus de cinq mois. Avant toute manipulation, l’équipe soignante du Biodôme voulait s’assurer que le petit soit assez robuste et son système immunitaire assez développé afin d’éviter tout stress excessif, car la santé du nouveau-né est fragile. Dans les premiers mois, le petit possède peu de réserves en énergie et est très dépendant des soins de sa mère. La nature faisant bien les choses, les interventions humaines se sont limitées au strict minimum durant cette période de vulnérabilité. L’examen a révélé qu’il s’agit d’un mâle. Chez les paresseux, les organes génitaux sont internes, et distinguer le mâle de la femelle n’est pas chose aisée. À la pesée, le poids du petit était de 2,69 kg. Lorsqu’ils viennent au monde, les petits paresseux pèsent environ 400 g et mesurent 25 cm. Pendant l’examen, le petit était calme et mangeait avec appétit la nourriture que les spécialistes lui avaient préparée. Son état général indique qu’il se porte bien et qu’il ne souffre d’aucune malformation ; sa mère, qui aura bientôt sept ans, est aussi en bonne santé. SA MÈRE EN GUISE DE HAMAC À la naissance, le petit se place de lui-même sur le ventre de sa mère où elle l’allaite et le protège. Bien que la période d’allaitement dure de trois à cinq mois, le petit reste généralement sur sa mère durant une année. En fait, dès la première semaine, il peut se nourrir de quelques feuilles et boire de l’eau. Quand il n’est pas transporté sur le ventre de sa mère, le petit explore par lui-même l’environnement qui l’entoure. En grandissant, il s’agrippe également à son dos comme à une branche. Aussi longtemps que le petit demeure proche de sa mère, il apprend à se nourrir des mêmes espèces végétales qu’elle. REPRODUCTION ET RENOUVELLEMENT DE L’ESPÈCE Tant que le petit n’aura pas atteint sa maturité sexuelle, qui survient entre trois et cinq ans, il pourra rester avec sa mère et les autres paresseux dans l’habitat du Biodôme. Selon les recommandations du Species Survival Plan, qui préconisent, entre autres, de veiller à éviter la consanguinité, le petit pourra être transféré dans une nouvelle institution afin de s’y reproduire à son tour et de perpétuer l’espèce. LE PETIT PARESSEUX DU BIODÔME PARESSEUX Pour en savoir plus sur les espacepourlavie.ca

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Le 17 décembre 2014, une des femelles paresseux du Biodôme a mis au monde un petit dans la forêt tropicale, après une gestation d’environ 10 à 11 mois. Comme le petit est né dans la canopée et qu’il est difficile d’y accéder, les caméras de surveillance témoignent de son évolution, de son comportement avec sa mère et dans son environnement. Il paraît vigoureux et explorateur.

PREMIÈRE VISITE CHEZ LE VÉTÉRINAIREC’est seulement le 27 mai dernier que la vétérinaire a pratiqué un premier examen sur le petit, alors âgé d’un peu plus de cinq mois. Avant toute manipulation, l’équipe soignante du Biodôme voulait s’assurer que le petit soit assez robuste et son système immunitaire assez développé afin d’éviter tout stress excessif, car la santé du nouveau-né est fragile. Dans les premiers mois, le petit possède peu de réserves en énergie et est très dépendant des soins de sa mère. La nature faisant bien les choses, les interventions humaines se sont limitées au strict minimum durant cette période de vulnérabilité. L’examen a révélé qu’il s’agit d’un mâle. Chez les paresseux, les organes génitaux sont internes, et distinguer le mâle de la femelle n’est pas chose aisée. À la pesée, le poids du petit était de 2,69 kg. Lorsqu’ils viennent au monde, les petits paresseux pèsent environ 400 g et mesurent 25 cm. Pendant l’examen, le petit était calme et mangeait avec appétit la nourriture que les spécialistes lui avaient préparée. Son état général indique qu’il se porte bien et qu’il ne souffre d’aucune malformation ; sa mère, qui aura bientôt sept ans, est aussi en bonne santé.

SA MÈRE EN GUISE DE HAMACÀ la naissance, le petit se place de lui-même sur le ventre de sa mère où elle l’allaite et le protège. Bien que la période d’allaitement dure de trois à cinq mois, le petit reste généralement sur sa mère durant une année. En fait, dès la première semaine, il peut se nourrir de quelques feuilles et boire de l’eau. Quand il n’est pas transporté sur le ventre de sa mère, le petit explore par lui-même l’environnement qui l’entoure. En grandissant, il s’agrippe également à son dos comme à une branche. Aussi longtemps que le petit demeure proche de sa mère, il apprend à se nourrir des mêmes espèces végétales qu’elle.

REPRODUCTION ET RENOUVELLEMENT DE L’ESPÈCETant que le petit n’aura pas atteint sa maturité sexuelle, qui survient entre trois et cinq ans, il pourra rester avec sa mère et les autres paresseux dans l’habitat du Biodôme. Selon les recommandations du Species Survival Plan, qui préconisent, entre autres, de veiller à éviter la consanguinité, le petit pourra être transféré dans une nouvelle institution afin de s’y reproduire à son tour et de perpétuer l’espèce.

LE PETIT PARESSEUX DU BIODÔME

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LA NAISSANCE ET LES PREMIERS MOIS DU PARESSEUX

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DÈS LA NAISSANCE› À la naissance, le bébé paresseux est brun

foncé. Il pèse en général, plus ou moins 400 g et mesure environ 25 cm de long.

› Partiellement précoce, le bébé naissant a les yeux ouverts, possède déjà des dents et est capable de mouvements coordonnés.

› Entièrement poilu, excepté sur le ventre, il possède déjà de grandes griffes préhensiles.

› Il vocalise relativement fort. Un moyen de communication essentiel durant les 6 premiers mois de sa vie !

› Le jeune est transporté sur le ventre de sa mère qui lui sert de hamac. Ainsi mieux protégé des attaques de prédateurs et des chutes, il peut aussi facilement se nourrir aux deux mamelles de sa mère qui se situent près des aisselles.

L’ALLAITEMENT› Bien que le petit soit allaité de 3 à 5 mois,

un jeune d’une semaine peut déjà boire de l’eau et goûter à quelques feuilles.

› Les allaitements sont périodiques et durent de 5 à 15 minutes.

› Le lait de la femelle paresseux a 6,9 % plus de gras et 61 % plus de protéines que le lait de vache.

› Les premières prises de nourriture solide ont lieu entre 3 et 5 semaines.

VERS L’AUTONOMIE› Vers l’âge de 3 semaines, le bébé paresseux

peut se suspendre.› En captivité, il commence à se toiletter vers

4 semaines.› Après la cinquième semaine, il montre des

comportements de reniflement d’odeurs, de léchage, d’essais gustatifs, de jeu et de combat.

› Vers l’âge de 5 mois, il explore loin de sa mère.

› À partir de 22 semaines, le petit descend faire ses besoins indépendamment de sa mère.

› Il devient indépendant vers 9 à 12 mois, mais son émancipation se produit généralement à la naissance du bébé suivant.

LES SOINS PARENTAUX› Les seuls rapports à long terme avec d’autres

paresseux sont les rapports mère/jeune.› Le jeune est porté par sa mère au-delà du

sevrage alimentaire.› L’approvisionnement en feuilles des jeunes

paresseux par leur mère peut-être interprété comme l’acquisition d’une compétence de choix alimentaire importante.

› Les activités de nettoyage entre la mère et le petit, tout comme le mouvement du jeune sur le corps de sa mère, contribuent apparemment à l’amélioration du niveau de confiance et de ses capacités motrices.

› Les jeunes orphelins montrent une certaine crainte de la hauteur prouvant que les déplacements exécutés par la mère dans la cime des arbres jouent un rôle essentiel en améliorant et en encourageant leurs propres mouvements.

› La mère passe beaucoup de temps à nettoyer vigoureusement sa tête et elle lèche la région anogénitale afin de stimuler l’élimination des déchets.

› L’urine et les fèces peuvent être consommées par la mère.

› Le jeune ne quitte pas forcément sa mère avant la naissance suivante. D’ailleurs, l’association mère-jeune peut durer plus de 2 ans en captivité.

Depuis 2002, les paresseux à deux doigts du Biodôme ont donné naissance à neuf petits. De ces rejetons, cinq ont été transférés dans différentes institutions zoologiques d’Amérique du Nord : Franklin Park Zoo (Massachusetts), Seneca Park Zoo de Rochester (New York), Minnesota Zoo, Mesker Park Zoo d’Evansville (Indiana) et le Zoo de Granby. Les trois autres, des femelles, ont été gardées au Biodôme, ainsi que le mâle né en décembre 2014.

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LA REPRODUCTION DU PARESSEUX À DEUX DOIGTS

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Le Biodôme possède six paresseux à deux doigts (Choloepus didactylus), dont quatre femelles. Comme le Biodôme participe au programme américain pour les espèces menacées (Species Survival Plan ou SSP), un mâle en provenance du National Aquarium de Baltimore a été introduit dans la forêt tropicale du Biodôme en décembre 2013. Âgé de 9, ce mâle avait été désigné comme le meilleur individu pour se reproduire. Il n’y a maintenant plus à en douter !

LA MATURITÉ SEXUELLE› Chez Choloepus, on pense que les femelles ne se reproduisent pas avant l’âge

de 3 ans et les mâles pas avant l’âge de 4 ans et demi.› On n’observe pas de dimorphisme sexuel, c’est-à-dire qu’il n’y pas de différence

morphologique très marquée entre le mâle et la femelle.› Le paresseux à deux doigts ne possède pas d’organes sexuels externes ni de

caractères sexuels secondaires comme la tache orangée que l’on retrouve sur le dos de certaines espèces de paresseux mâles à trois doigts.

L’ACCOUPLEMENT› Peu d’information existe sur l’accouplement du paresseux à deux doigts.› La reproduction semble s’étaler sur toute l’année.

› Après s’être très brièvement fait la cour, mâle et femelle ne se retrouvent que pour l’accouplement.

› Ils s’accouplent généralement ventre contre ventre. Les positions peuvent varier selon les obstacles présents dans la forêt.

LA GESTATION› On estime la durée de gestation entre 10 et 11 mois.› Il est difficile de déterminer la durée exacte de la gestation. En effet, des

mécanismes de stockage de sperme et des délais d’implantation pourraient intervenir dans les estimations trouvées dans la littérature. C’est le cas chez d’autres xénarthres.

› L’intervalle entre les naissances pourrait varier de 18 à 24 mois.

LA PARTURITION (MISE BAS)› La mise bas est peu documentée pour le paresseux à deux doigts. › On sait cependant que pour Choloepus didactylus, cette étape peut durer jusqu’à

35 minutes et que la consommation du placenta est une pratique courante.› Chez le paresseux à trois doigts, on sait aussi que la mère donne naissance

au petit, suspendue à une branche. Le petit sort la tête première. Une fois complètement sorti de l’utérus, il doit s’agripper à la fourrure de sa mère pour remonter au niveau du ventre.

› La femelle plus âgée ayant donné naissance à un petit en captivité avait 25 ans.

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UN ACROBATE TOUJOURS AU RALENTISuspendu la plupart du temps très haut dans les arbres, le paresseux compte parmi les mammifères les mieux adaptés à la vie arboricole, même si ce n’est pas un singe. Comme le fourmilier et le tatou, il s’agit d’un xénarthre, terme qui signifie « étrange articulation ». En effet, cet acrobate nonchalant intrigue par certaines caractéristiques de ses mouvements. Parmi les six espèces de paresseux, on distingue principalement celui à deux doigts et celui à trois doigts. Il possède de longues griffes pointues et recourbées qui permettent à ses mains et à ses pieds de fonctionner comme des crochets, ce qui lui assure une excellente prise. Tellement qu’il arrive que des paresseux morts restent accrochés !

Même s’il ne saute pas, le paresseux n’hésite pas à lâcher une, voire deux pattes simultanément pour changer de branche et utiliser l’enchevêtrement de lianes qui relient les arbres entre eux pour se déplacer. Alors qu’on prend le temps de ralentir pour mieux l’observer au Biodôme, on pourrait bien le surprendre en pleine acrobatie !

UN ÉCOSYSTÈME À LUI TOUT SEULÀ l’état sauvage, le paresseux vit entre 10 et 15 ans, tandis que sa longévité peut atteindre les 30 ans en captivité. Bien qu’il s’agisse d’un animal de taille moyenne, la gestation avoisine les 11 mois, et le paresseux ne s’accouple qu’aux 18 à 24 mois. La femelle et le mâle se distinguent avec difficulté, car leurs organes sexuels sont internes. Animal solitaire, le paresseux est loin de vivre tout seul là-haut. En nature, sa fourrure dense peut héberger une centaine de papillons et pratiquement un millier de coléoptères. C’est sans compter les arbovirus, bactéries, micromycètes, protozoaires, nématodes, arthropodes, diptères et autres hémiptères (punaises). Ses poils poussent du ventre vers le dos, aidant ainsi à l’écoulement de l’eau de pluie. Comme ils sont striés, ils recueillent une partie de l’eau, favorisant ainsi l’apparition d’algues microscopiques, qui prolifèrent grâce à l’azote libéré par les papillons. Le tout formant un écosystème fascinant !

UNE ALIMENTATION ET UN HABITAT RESTREINTSEn captivité, le paresseux se montre très bien équipé pour digérer un régime composé presque uniquement de feuilles, de fruits et de légumes, même si ceux du Biodôme adorent le tofu ! Ses dents sont à croissance continue comme celles d’un rongeur, et son énorme estomac compartimenté rappelle celui des ruminants. Récemment, en milieu naturel, on a découvert que le paresseux ingère aussi les algues de sa fourrure lorsqu’il se lèche pour se nettoyer. Ces algues, riches en glucides et en lipides, viennent compléter son alimentation peu nourrissante. Mammifère au métabolisme très lent, le paresseux fait preuve d’une étonnante résistance aux infections, aux blessures ainsi qu’aux substances toxiques. Comme il descend environ une fois par semaine pour faire ses besoins, ses prédateurs, la harpie féroce, le jaguar, l’ocelot, l’anaconda et l’homme, disposent de peu d’occasions de le chasser dans son habitat naturel. On trouve 6 espèces de paresseux en Amérique centrale et en Amérique du Sud, où il vit dans la canopée de la forêt tropicale. L’observation du paresseux à deux doigts ne s’en avère que plus difficile, et il est plutôt rare de le voir de près.

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