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AFDERS Confidences N°49, Mai 1994 15 ______________________________________________________________________________________ Le Procédé « 4 D » de la DEUTSCHE GRAMMOPHON Dans un précédent numéro 1 , nous avons évoqué le procédé d’enregistrement développé par la société DEUTSCHE GRAMMOPHON (D.G.), sous le sigle « 4 D », correspondant à quatre étapes que la firme a repensées après un examen approfondi. Il s’agit: (1) du stade de la prise de son, avec conversion analogique-numérique directement au niveau des microphones, (2) du mélange, en console numérique, des signaux provenant des différents micros, (3) de l’enregistrement sur magnétophone numérique en standard 24 bits, et enfin (4) des équipements électroniques permettant de réaliser le transfert de ces enregistrements en 24 bits, dans le format standard 16 bits pour le compact-disc, avec le minimum de pertes de qualité dans l’opération. La firme a accompli un travail considérable 2 pour mener à bien l’ensemble de cet ambitieux programme. LE PREMIER « D »: LES BOITES DE PLATEAU A proximité directe des microphones, sont installées des « Stageboxes », comportant 8 préamplis et 8 convertisseurs A-D, avec réglages de gain à distance. Une sortie analogique sur transfo est disponible pour exploitation séparée en diffusion radio. Les convertisseurs sont des AD8X d’origine YAMAHA, incorporés dans un montage propre à D.G., où deux éléments à 18 bits se partagent l’ensemble de la dynamique, le passage de l’un à l’autre étant inaudible, comme des tests d’écoute l’ont montré. LE MIXAGE NUMERIQUE: 2 ème « D » Après que tous les messages aient été acheminés sous forme digitale, en préservant leur verrouillage sur une fréquence d’horloge commune, c’est alors l’introduction dans la console de mélange, pierre angulaire de tout le procédé, à savoir le modèle DMC 1000 YAMAHA, capable de traiter, en entrée comme en sortie, des messages numériques en 24 bits. L’emploi du système MIDI a été extensivement mis en oeuvre pour que les courbes d’égalisation puissent être obtenues, affichées et retrouvées avec précision pendant les mixages. 1 : Voir AFDERS-CONFIDENCES N°46 2 : Voir par exemple STUDIO SOUND Vol 36 N°1.

Le Procédé « 4 D » de la DEUTSCHE GRAMMOPHON

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Page 1: Le Procédé « 4 D » de la DEUTSCHE GRAMMOPHON

AFDERS Confidences N°49, Mai 1994 15 ______________________________________________________________________________________

Le Procédé « 4 D » de la

DEUTSCHE GRAMMOPHON Dans un précédent numéro1, nous avons évoqué le procédé d’enregistrement développé par la société DEUTSCHE GRAMMOPHON (D.G.), sous le sigle « 4 D », correspondant à quatre étapes que la firme a repensées après un examen approfondi.

Il s’agit:

(1) du stade de la prise de son, avec conversion analogique-numérique directement au niveau des microphones,

(2) du mélange, en console numérique, des signaux provenant des différents micros, (3) de l’enregistrement sur magnétophone numérique en standard 24 bits, et enfin (4) des équipements électroniques permettant de réaliser le transfert de ces

enregistrements en 24 bits, dans le format standard 16 bits pour le compact-disc, avec le minimum de pertes de qualité dans l’opération.

La firme a accompli un travail considérable2 pour mener à bien l’ensemble de cet ambitieux programme.

LE PREMIER « D »: LES BOITES DE PLATEAU A proximité directe des microphones, sont installées des « Stageboxes », comportant 8 préamplis et 8 convertisseurs A-D, avec réglages de gain à distance. Une sortie analogique sur transfo est disponible pour exploitation séparée en diffusion radio. Les convertisseurs sont des AD8X d’origine YAMAHA, incorporés dans un montage propre à D.G., où deux éléments à 18 bits se partagent l’ensemble de la dynamique, le passage de l’un à l’autre étant inaudible, comme des tests d’écoute l’ont montré.

LE MIXAGE NUMERIQUE: 2ème « D » Après que tous les messages aient été acheminés sous forme digitale, en préservant leur verrouillage sur une fréquence d’horloge commune, c’est alors l’introduction dans la console de mélange, pierre angulaire de tout le procédé, à savoir le modèle DMC 1000 YAMAHA, capable de traiter, en entrée comme en sortie, des messages numériques en 24 bits. L’emploi du système MIDI a été extensivement mis en oeuvre pour que les courbes d’égalisation puissent être obtenues, affichées et retrouvées avec précision pendant les mixages.

1: Voir AFDERS-CONFIDENCES N°46 2: Voir par exemple STUDIO SOUND Vol 36 N°1.

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L’ENREGISTREMENT MULTI-PISTES ET STEREO (3ème D) Pour les prises de son hors studio en extérieur, DG a adopté le NAGRA-D, qui permet d’enregistrer sur bande libre, de 1 à 4 canaux en 24 bits. Mais la firme allemande s’est fait récemment livrer un certain nombre de SONY PCM 9000, enregistrant sur disque magnéto-optique, également en 24 bits. Un problème inattendu surgit cependant avec ce choix: alors que DG réutilise ses bandes de sessions de prise de son lorsque la bande-master définitive est terminée, il ne peut être question de créer une discothèque pour archiver de très coûteux disques à la place de simples cassettes U-Matic... D’où l’étude d’un projet d’archivage informatisé. Pour le moment, le montage est effectué en stéréo sur un SONY PCM 1630, qui est clairement au standard 16 bits... D’où la nécessité de réduire en 16 bits la haute résolution du Nagra-D. Pour minimiser la dégradation, DG fait appel à son procédé particulier « Authentic bit Imaging » (ABI). En multi-pistes, la firme fait appel au SONY 3324 S, qui est un DASH à 24 pistes, en 16 bits évidemment. Pour pouvoir l’employer en 24 bits, D.G. a mis au point un boîtier multiplexeur assurant la répartition des informations sur plus d’une piste. D’où la réduction à 16 pistes seulement, mais avec une résolution de 24 bits!

LE PROCEDE « ABI » (4ème D) Comme déjà indiqué plus haut, il s’agit de réaliser, sans trop de pertes de qualité, le passage d’un message numérique en haute définition de 24 bits, à la plus faible résolution en 16 bits d’un compact-disc. L’opération s’accompagne de l’apparition d’un bruit particulier de requantisation, et pour s’en affranchir, les méthodes générales admises comportent l’addition d’un bruit de caractéristiques particulières (« dither noise »), avec une mise en forme de son contenu en fréquence (« shaping ») pour faire glisser l’énergie de ce bruit de quantisation dans la partie la moins audible pour l’oreille du spectre de fréquences. Les chercheurs de la firme insistent sur l’intérêt d’une disposition originale adoptée pour leur procédé: au lieu d’avoir mis en oeuvre des réglages fixes, ils ont choisi de pouvoir les adapter en fonction des résultats purement audibles, autorisant une requantisation quelque peu « créative » par choix entre 64 programmes de traitement!

CONCLUSION La firme DEUTSCHE GRAMMOPHON a joué ainsi à fond la carte de la haute définition, les documents originaux échappant ainsi au « goulot » d’étranglement du standard du compact-disc, et ménageant ainsi l’avenir. Des dizaines de consoles DMC 1000 YAMAHA, pierre angulaire du procédé, ont été achetées, aussi bien pour l’enregistrement que la post-production. Et il n’est pas jusqu’aux microphones, jusqu’ici inattaquables, qui ne soient maintenant remis en cause par DGG. Un important fabricant en étudie maintenant de nouvelles conceptions, en vue de s’harmoniser, sous l’angle du bruit et du taux de distorsion, avec l’étage d’entrée de hautes performances du procédé 4D...

Maurice FAVRE.

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