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Le projet pédagogique 2017-2018 / 1 31 17 rue Bertrand Panouse, 31170 TOURNEFEUILLE - Contact : 06 32 23 56 67 - [email protected] www.ecolenectarine.fr

Le projet pédagogique 2017-2018 - ecolenectarine.fr · même parcours. Ainsi, aucun élève ne sera étiqueté d'une qualité ou d'un défaut. Un enfant ou adolescent est un être

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Le projet pédagogique2017-2018

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17 rue Bertrand Panouse, 31170 TOURNEFEUILLE - Contact : 06 32 23 56 67 - [email protected]

www.ecolenectarine.fr

«  Il est impossible d'être vivant et conscient et de ne pas être en train d'apprendre quelque chose.  »

John Holt

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SOMMAIRE

Introduction 4

Les principes 5

Le fonctionnement 9

1. Libertés et responsabilités 9Choix des activités et projets 10Le jeu libre 11Responsabilités 11Les diplômes et l’insertion professionnelle 12

2. Organisation du temps 13

3. Acquisition du socle commun 14

4. L’immersion en anglais 17

5. Le multi-âge 18

6. Les relations 19

7. L'organisation de l’espace 21

Annexes 22

1. Liste non exhaustive du matériel mis à disposition 22

2. Pourquoi notre école n’est pas une garderie (article publié sur le site Internet) 24

3. Quelques récits hebdomadaires 27

Quelques références 31

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Introduction

Ce projet est une actualisation du projet écrit pour l’année 2016-2017. La philosophie et les principes restent les mêmes ; des précisions sont ajoutées concernant les libertés et responsabilités des élèves, l’acquisition du socle commun, l’organisation et le multi-âge.

Une école est un système humain qui évolue nécessairement avec des ajustements à faire et des remises en question. Comme nous ne suivons pas à la lettre une philosophie particulière, nous avons la possibilité de les réaliser.

Après six mois d’ouverture de l’école, nous avons acquis une certaine expérience pour pouvoir mettre en oeuvre des changements même si l’école reste encore très jeune.

Par ailleurs, l’école était ouverte aux enfants de 2 ans à onze ans pour la première année ; à partir de septembre 2017, nous accueillerons des élèves de trois ans à seize ans. Il nous semble important de préciser la façon dont ils seront intégrés.

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Les principes

Nectarine est une école non confessionnelle et apolitique. Elle n’appartient à aucun courant pédagogique. Les apprentissages autonomes y sont favorisés dans une liberté attentive aux autres et à l’environnement.Les principes sont inspirés du mouvement de l’école du 3ème type théorisée par un ancien instituteur Bernard Collot et de l’EUDEC. L’EUDEC est le mouvement européen des écoles démocratiques avec actuellement 17 écoles en France (plus de 370 élèves) pour les écoles affiliées et 39 écoles en comptant celles qui ne sont pas affiliées. Nous nous inspirons également des mouvements de type « unschooling » (John Holt, John Gray) et de la communication non-violente. Concernant l’enfance en général des théories du docteur Catherine Guegen et d’Isabelle Filliozat pour des relations emphatiques et positives.Des références bibliographiques sont proposées en fin du projet.

Les contraintes parentales et sociales sont déjà très importantes (emploi du temps, règles de bienséance,…) et dès la maternelle, l'enfant perd souvent jusqu'à la liberté d'aller aux toilettes lorsqu'il en a envie, il doit colorier de la couleur demandée sur une fiche dans un temps demandé, se grouper avec les autres rapidement à intervalles très réguliers... Or pour devenir un adulte responsable et épanoui, pour réaliser des choix, pour être capable d’apprendre grâce à ses propres motivations, il est nécessaire d'avoir apprivoisé sa propre liberté.

Cette liberté n'est ni l'anarchie ni une liberté égoïste mais une liberté empathique. A Nectarine, l’enfant apprend à être attentif à ses besoins et à ceux des autres, à leurs émotions, à leur personnalité. Des règles simples mais fixes sont établies avec l'ensemble des parties prenantes  : élèves, parents, encadrants, afin de parvenir à une atmosphère harmonieuse.

Nectarine n’est pas un endroit où les élèves n’apprennent pas mais ils apprennent suivant un autre paradigme. La coopération plutôt que la compétition est privilégiée. Au lieu de comparer les élèves entre eux, ils sont accompagnés dans leur développement et dans l’acquisition des connaissances.

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« Nectarine est une école non confessionnelle et apolitique. Les apprentissages autonomes y sont favorisés dans une liberté attentive aux autres et à l’environnement. »

1. L'ENFANT EST CONSIDÉRÉ AVEC BIENVEILLANCE ET CONFIANCE.

Un enfant ou adolescent a besoin de considération pour s'épanouir. Cette bienveillance signifie également non-jugement : chacun est différent et n'a pas eu le même parcours. Ainsi, aucun élève ne sera étiqueté d'une qualité ou d'un défaut. Un enfant ou adolescent est un être en devenir, ce n'est pas parce qu'il éprouve de la timidité qu'il est timide. Aucune punition, isolement (time-out) ou humiliation n’est pratiquée. L'élève n'a pas à être soumis ou à obéir aux adultes mais à respecter des règles claires pour son bien-être et celui des autres. Les projets et envies de chacun sont écoutés et mis en œuvre quand c'est possible  : un enfant ou un adolescent est capable d'idées et de réalisations surprenantes à partir du moment où l'adulte a confiance en lui.Nectarine ne sélectionne pas à l’entrée selon des performances, le cursus suivi ou le milieu mais accueille toute famille intéressée par le projet.

2. L'ENFANT A BESOIN À LA FOIS D'UN ENVIRONNEMENT SÉCURISANT ET D'AUTONOMIE.

Particulièrement pour les plus jeunes, des repères affectifs stables sont nécessaires : les encadrants sont les mêmes tout au long de la journée et sur plusieurs années. Les temps de repas ont lieu avec les mêmes adultes dans les mêmes locaux. L’effectif est de 17 élèves maximum avec 2 encadrants présents constamment.L'autonomie est encouragée à partir du moment où l’élève respecte les règles de sécurité de base et non selon l’âge : l’élève peut alors choisir ses activités, est libre d’aller dans le jardin, d’utiliser certains outils,… Les élèves peuvent mettre en place leurs propres projets et sorties et des responsabilités sont confiées à chacun d’entre eux.

3. LE RYTHME DE CHACUN EST RESPECTÉ

L’élève ne suit pas un programme détaillé et un emploi du temps strict : des activités sont proposées suivant les centres d’intérêt et situées dans tous les domaines du socle commun. Nous n’exigeons pas des élèves la lecture et l’écriture au 2nd trimestre du cours préparatoire ou la maitrise du théorème de Thalès en 3ème. Certains enfants marchent à 9 mois, d’autres à 22 mois : cela ne signifie pas que le premier sera capable de courir un marathon et pas le deuxième. Pourquoi les enfants devraient tous savoir lire et écrire au deuxième trimestre du cours préparatoire ? Ils ont en plus presque un an de différence entre eux pour certains selon s’ils sont nés au

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début ou à la fin de l’année. Ainsi, un enfant peut apprendre à lire à 4 ans comme à 8 ans, selon son rythme. Un adolescent n’aura pas 4, 5 heures de français et 4, 5 heures de mathématiques par semaine mais sera libre d’organiser son temps dans la limite des contraintes de l’école et de ses propres projets.

4. LES DIMENSIONS ÉMOTIONNELLES, MANUELLES, PHYSIQUES ET INTELLECTUELLES SONT PRISES EN COMPTE DE FAÇON ÉQUILIBRÉE.

La place prégnante donnée à l'intellect au détriment des autres dimensions de l'être humain ne favorise que certaines compétences.

Les jeunes ont besoin de bouger et d'être à l'extérieur. Ils peuvent se rendre dans le jardin à tout moment de la journée (il n'y a pas de temps segmenté avec des récréations) Les émotions ne sont pas mises de côté, mais prises en compte avec un accompagnement de la frustration et de la colère par différents outils et techniques (objets, actes, processus)Les plus âgés sont conviés à des réunions de gestions de conflits (cercles restauratifs)Les élèves ont la possibilité d’apprendre à connaitre leur corps (yoga, sophrologie, méditation,..)Les activités manuelles ont toute leur place : jardinage, couture, menuiserie, pâtisserie, …

5. L'ENFANT S'ÉPANOUIT DAVANTAGE DANS UN ENVIRONNEMENT MULTI-ÂGE.

Il est propice à un environnement de coopération, moins artificiel qu'une classe de même âge et aussi enrichissant et stimulant pour les plus jeunes que pour les plus âgés. Les enfants ne sont donc pas dans des classes de niveau mais dans une classe unique de trois à seize ans. Les plus jeunes découvrent en observant les plus âgés, les plus âgés sont poussés à consolider ce qu'ils savent pour le montrer aux plus jeunes. Les comparaisons entre enfants ne sont plus pertinentes et ce type de classe ressemble davantage à la vie en société.

6. L'ÉCOLE EST UN ESPACE DE VIE PARTENAIRE DES FAMILLES.

L'éducation n’est pas cloisonnée en différentes parties avec l'instruction qui relèverait du domaine de l'école, l'éducation aux parents et la garde ou les loisirs à des tiers (garderie, centres,..)

Les parents sont invités à participer à l'école et sont considérés comme des parties prenantes de celle-ci.

7. L''ÉCOLE EST UN ESPACE DE VIE OUVERT SUR LA SOCIÉTÉ, LA VILLE ET LE MONDE

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L’école elle-même fonctionne comme une micro-société avec différentes responsabilités confiées aux élèves : le budget, la rédaction de compte-rendus, la relève du courrier, l’entretien, le goûter…Les élèves sont incités à participer à la vie locale : rencontres régulières à la maison de retraite pour tisser des liens intergénérationels et avec des associations.Nectarine est une école bilingue (anglais-français). Apprendre une autre langue en immersion est un cadeau que nous souhaitons offrir aux enfants. Jusqu'à 9-10 ans, leur cerveau est particulièrement plastique pour l'apprentissage des langues étrangères. Quant aux plus âgés, ils sont la possibilité d’avoir des conversations quotidiennes en anglais et d’acquérir des compétences pratiques. Leur permettre la possibilité d'être en contact avec une autre langue quotidiennement enrichira leur perception du monde. Un système de correspondance avec des personnes d’autres pays par courrier et par Internet est proposé.

8. LA CONNEXION À LA NATURE EST INDISPENSABLE

Il nous semble particulièrement important de permettre aux élèves de connaître la nature, de vivre dans la nature et d'apprendre à la préserver. Il sera possible à Nectarine d'être dehors dans le jardin pendant de longues plages horaires. Des activités de jardinage seront proposées ainsi qu'une sensibilisation à la protection de l’environnement avec le tri des déchets, la récupération quand c'est possible mais également autour de l'alimentation  : cuisine saine, choix des ingrédients..

9. LES TECHNOLOGIES DU 21ÈME SIÈCLE SONT PRISES EN COMPTE AVEC DISCERNEMENT

Les technologies de communication sont désormais omniprésentes. Il peut être tentant de souhaiter que les élèves n'y aient pas accès et que l'école soit un lieu déconnecté. Inversement, il peut aussi être séduisant de proposer un enseignement avec les dernières tablettes, ordinateurs et autres outils où les élèves n'apprennent que par ce biais. Nous pensons qu'il est possible de trouver un juste milieu afin d'apprendre aux élèves à se servir des différentes technologies avec discernement et modération.

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"Les langues sont un trésor et véhiculent autre chose que des mots. Leur fonction ne

se limite pas au contact et à la communication. Elles constituent d’une part des marqueurs fondamentaux de l’identité, elles sont structurantes, d’autre part, de nos

perspectives ». Michel Serres

Le fonctionnement

1. Libertés et responsabilités

Extrait d’un article de Peter Gray

Nous vous proposons d’abord la traduction d’Antoine Guenet (fondateur de l’école autonome en Belgique) d’un extrait de article de Dr. Peter Gray, publié sur Psychology Today le 14 décembre 2012. Dr. Peter Gray est professeur et chercheur à Boston College. Il est l’auteur de Free to Learn : Why Unleashing the Instinct to Play Will Make Our Children Happier, More Self-Reliant, and Better Students for Life, (Basic Books, 2013) et de Psychology (Worth Publishers, un manuel d’université dans sa septième édition). Il a conduit et publié des études en psychologie comparative, évolutionnaire, développementale et éducative. Il est diplômé de l’Université de Columbia et a obtenu son doctorat en biologie à la Rockefeller University. Son travail actuel se concentre principalement sur les moyens d’apprentissage naturels des enfants et la valeur à long terme du jeu.

. “Voici ce que je voudrais pour mes enfants si j’avais de jeunes enfants aujourd’hui. Je voudrais qu’ils grandissent dans un sentiment de responsabilité de leur propre vie (NdT : le terme utilisé en Anglais est « in charge », ce qui veut dire responsable mais implique aussi un sentiment de compétence). Je voudrais qu’ils soient heureux mais aussi qu’ils s’intéressent au bonheur des autres. Je voudrais qu’ils soient émotionnellement résilients afin d’être capables de rebondir après les tensions et déceptions inévitables de la vie. Je voudrais qu’ils aient confiance en leur capacité à apprendre tout au long de leur vie et de s’adapter à un monde qui change plus vite d’année en année que jamais auparavant. Je voudrais qu’ils aient des objectifs – des objectifs pour lesquels ils ressentent une certaine passion. Je voudrais qu’ils soient capables de pensée critique et de prendre des décisions rationnelles qui les aident à atteindre leurs objectifs. Je voudrais qu’ils aient des valeurs morales qui les aident à donner du sens et de la structure à leur vie, espérant que celles-ci soient des valeurs humaines – des valeurs ayant à voir avec les droits humains et les obligations de ne pas empiéter sur ces droits. C’est là que le bât blesse. Aucune de ces choses ne peut être enseignée comme leçon à l’école. Toutes ces choses doivent être découvertes et créées par l’enfant actif et en croissance ; et pour ça, chaque enfant a besoin de beaucoup de temps pour jouer, explorer, découvrir. Le mieux que nous puissions faire est de nous-mêmes fournir de bons modèles et un environnement sain, stimulant et moral, qui permette à nos enfants de trouver ce qu’ils cherchent et d’apprendre à voir à travers les points de vue des

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autres autant qu’à travers le leur. Enfin, le but de l’éducation est de trouver du sens dans la vie, chaque personne devant le faire pour elle-même.

Alors, peut-on mesurer une éducation ? Peut-on définir le sens de la vie ? Peut-être que des individus, d’une manière qui a du sens pour eux, peuvent mesurer leur propre éducation en notant leur progrès vers la découverte de sens dans leur propre vie, l’établissement de leurs propres objectifs et leur évolution en direction de ces objectifs. Mais il est certain qu’aucun d’entre nous ne peut mesurer l’éducation d’une autre personne.”

Choix des activités et projets

Les élèves peuvent choisir leurs activités selon leurs intérêts, le matériel mis à disposition dans la classe, les propositions des encadrants, les projets en cours. Des idées d'activités sont listées par les élèves et les encadrants ; certaines activités non prévues peuvent être mises en place au cours de l'année et d'autres abandonnées si elles ne correspondent pas aux intérêts du groupe d'enfants.

Aucune activité n'est imposée et aucune activité n'est limitée à partir du moment où celle-ci n'a pas d'impact négatif sur la classe. Des activités sont proposées plusieurs fois par jour par les deux encadrants en anglais ou en français (et parfois par des intervenants) avec quotidiennement, des activités impliquant la lecture, l’écriture et les mathématiques : gestion du budget, écriture de recettes, de messages, lecture de journaux, de poèmes, de bandes dessinées historiques,…

Les activités manuelles ont une place importante : il est possible d'apprendre à fabriquer une étagère, à coudre, à cuisiner du pain selon les envies des élèves et la possibilité de trouver des intervenants quand c'est nécessaire. Les activités artistiques ont autant de place : musique, peinture, théâtre et tous arts. Elles sont soit à disposition des élèves soit proposées régulièrement. Des activités permettant une meilleure connaissance de soi seront proposées : yoga, goûter philosophique, méditation, éveil corporel, ...

L’école n’est pas un lieu de consommation d’activités : ni les parents ni les élèves ne doivent attendre que tout soit pris en charge par les encadrants (tous les sports par exemple)Bien entendu, quand il s’agit des fondamentaux l’instruction obligatoire (apprendre à lire, écrire, compter,..) ou quand les enfants sont trop jeunes, les encadrants s’occupent de rechercher des activités et de l’aspect logistique. Ainsi si un élève souhaite réaliser des exercices d’orthographe, des fiches adaptées à son niveau lui seront proposées ainsi qu’un accompagnement pour les réaliser.

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«L'enseignement devrait être ainsi : celui qui le reçoit le recueille comme un don

inestimable mais jamais comme une contrainte pénible.»

Albert Einstein

Cependant, à partir du moment où ils en sont capables, les élèves doivent s’impliquer dans la mise en oeuvre des activités. Par exemple, un élève souhaite aller au cinéma, pour cela il doit aller chercher le programme, le lire, trouver les horaires et tarifs puis trouver une solution pour obtenir l’argent, un accompagnateur,…Il est soutenu par les adultes mais les adultes ne feront pas le travail à sa place.Les élèves doivent aller jusqu’au bout des projets qu’ils choisissent de faire ; ils ne doivent pas changer d’avis à propos d’une activité qu’ils ont demandé à faire. En cas d’activité récurrente, ils peuvent vouloir cesser à condition de prévenir à l’avance. Les élèves de plus de sept ans choisissent des projets à mener puis des projets avec des objectifs.

Le jeu libre

Certaines personnes s’étonnent, s’indignent ou sont déçues que des enfants passent la majorité de leur temps à jouer : jouer dans le jardin avec d’autres, jouer à l’intérieur : jeux de construction, dessins et autres activités artistiques, jeux d’imitation,… Jusqu’à un âge avancé.

Si un enfant joue, c’est qu’il en a besoin, il en a besoin pour se construire. Le jeu libre est intrinsèque de l’enfance. Il y acquiert des compétences relationnelles, spatio-temporelles, physiques,…Effectivement, il n’est pas souvent en train d’écrire et de lire quand il joue. Cela nécessite un fort lâcher-prise dans notre société où la norme est d’avoir un emploi du temps minuté, chargé.Un enfant a envie de découvrir, d’apprendre. Cependant, lorsqu’il vient du système scolaire traditionnel classique, il a souvent perdu cette envie puisque des apprentissages lui ont été imposés toute la journée, il ne sait pas non plus ce que c’est d’être libre, ce que la liberté comporte. Du temps sera nécessaire, cela peut prendre six mois, une année scolaire voire deux. Est-ce que cela signifie que l’élève ne peut ne faire que jouer pendant un an ? En grande partie. Il participera aussi à des réunions quotidiennes obligatoires, à des projets qui impliquent les différentes compétences du socle commun. Par ailleurs, vivre en communauté nécessite de suivre certaines contraintes.

Responsabilités

Les élèves sont responsabilisés et participent à la vie de la classe selon leur âge : gestion de l'intendance, nettoyage de la classe, rédaction des messages à l'intention des parents, compte-rendu de réunions ou toute autre activité de l'école qui peut leur être confiée. Cette participation leur permet d'acquérir des compétences diverses : mathématiques ou comptabilité, orthographe, respect du matériel…

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Ci-dessus exemple de responsabilités pour les 6 enfants de 5 à 9 ans

Les diplômes et l’insertion professionnelle

Les élèves qui souhaitent passer le brevet ou le baccalauréat sont encouragés et accompagnés dans leur choix. Quand les encadrants n’ont pas toutes les compétences, ils sollicitent des intervenants bénévoles. Une liste de site Internet ressources est construite avec l’élève, des étapes avec des objectifs.

Si le passage du brevet ou du baccalauréat n’est pas le choix actuel de l’élève, nous respectons ce choix. Nous échangeons avec lui à propos de son orientation professionnelle, nous lui proposons des activités et projets qui lui permettent d’acquérir le socle commun. Nous pouvons accompagner les élèves à rechercher des stages, à faire un dossier pour un CAP par exemple.

Notre objectif est que chaque jeune trouve une voie qui lui permette de s’épanouir et qu’il réalise les efforts nécessaires pour y parvenir. Comme les écoles de ce type sont très récentes en France (la première, La Croisée des chemins, a ouvert en 2014), et que chacune d’elles a une philosophie propre, nous ne disposons pas de statistiques sur l’insertion des élèves.

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2. Organisation du temps

Les temps classiques de regroupement en maternelle, les séances de leçons en élémentaires et les cours avec des professeurs par discipline au collège et lycée n'existent pas.

Le temps n’est pas segmenté entre des temps de travail et des temps de récréation, les enfants sont libres de jouer à l'intérieur ou dehors quand ils le souhaitent. Les repas sont pris dehors ou dans la classe si le temps est trop froid. Un temps plus calme est instauré en début d'après-midi pour permettre aux plus jeunes de faire la sieste si besoin. La sieste n'est pas obligatoire pour les plus petits et inversement si un enfant a de 7 ans a besoin de se reposer, il le peut. Les activités de temps calme peuvent être très variées, dans la mesure où le niveau sonore est bas  ; les élèves ont bien sûr la possibilité d’être dans le jardin. Des rituels propres à la classe ont lieu mais ne peuvent être immuables car ils dépendent de l’intérêt que les élèves y trouvent.

Des sorties fréquentes sont organisées suivant les projets, les possibilités financières et les possibilités locales. Ces sorties peuvent être ponctuelles ou régulières  : aller à la médiathèque pour rechercher un livre spécifique, se rendre à Toulouse visiter un musée.

Les élèves ne suivent pas un emploi du temps classique, des réunions quotidiennes marquent les journées (2 réunions par jour pour les plus âgés)

Ci-dessous, il s’agit d’un exemple d’organisation adapté à l’âge des enfants de l’école (3-8 ans), il évoluera.

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"Je n'enseigne jamais à mes élèves, j'essaye seulement de mettre à leur

disposition les conditions dans lesquelles ils pourront apprendre." Albert Einstein

3. Acquisition du socle commun

Les écoles hors contrat doivent permettre que les élèves acquièrent les compétences du socle commun. A Nectarine, les élèves ne sont pas notés, n’ont pas d’évaluations à réaliser. Nous utilisons la plateforme de suivi des apprentissages Athéna. Cette plateforme en ligne a été créée en novembre 2016 par les fondateurs de l’école Dynamique, école démocratique de type Sudbury.Elle permet de lister les activités réalisées par chacun des élèves, d’y associer les compétences du socle commun correspondant au cycle dans lequel se trouve.La plateforme permet aussi aux encadrants de visualiser quelles compétences du socle sont travaillées par chaque élève, mais aussi de proposer des projets ou activités sur des compétences variées et de constater quand une compétence n’a pas été ou peu abordée.Le travail de rentrée des données pour le socle commun est réalisé avec les élèves qui lisent couramment et qui peuvent ainsi également visualiser de façon hebdomadaire les compétences qu’ils ont abordées. Concernant les enfants de 6-7 ans qui déchiffrent mais ne lisent pas de façon fluide, ce sont les encadrants qui rentrent les compétences.

La copie d’écran ci-dessous montre des nouvelles activités réalisées dans l’école entre le 10 et le 26 janvier 2017. La copie d’écran suivante est la liste des activités réalisées par une élève de 7, 5 ans sur deux semaines.

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La copie d’écran ci-dessous est la liste des compétences travaillées par la même élève ce 7, 5 ans dans un domaine (cette élève doit atteindre les compétences du cycle (C2 sur la copie d’écran) à la fin de l’année scolaire prochaine. La copie d’écran suivante est la liste des activités liées à la première compétence en déroulant les pointillés (Pratiquer avec efficacité les trois formes de discours : raconter, décrire, expliquer)

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4. L’immersion en anglais

L’apprentissage d’une langue étrangère doit être proche de l’apprentissage de sa langue maternelle. Un encadrant anglophone est présent à temps plein dans la classe.

Afin que chaque enfant puisse communiquer avec confiance, aucun ne sera obligé de parler dans la langue (anglais ou français) qui n’est pas la sienne. Il n’est donc pas exigé que les enfants parlent anglais à l’encadrant anglophone ou français à l’enseignant francophone. L’apprentissage passe d’abord par l’absorption.

Les langues ne sont pas parlées selon un emploi du temps suivant les jours de la semaine. Il est proposé des jeux, des chansons, des projets de correspondance avec des anglophones ou d’autres échanges ou activités favorisant l’apprentissage et la pratique de la langue sont également

Le jeu est le meilleur vecteur. Quoi de plus plaisant que de jouer à cache-cache

avec un anglophone qui compte en anglais et de retenir ainsi les chiffres ?

Une découverte d’autres langues européennes (allemand, espagnol) ou asiatiques est proposée suivant les langues parlées par les enfants ou leurs parents et les intérêts. Ainsi si un enfant éprouve un intérêt pour une langue (que cela soit l’espagnol, la langue des signes, le latin, l’arabe ou l’espéranto) il est encouragé dans son apprentissage et les enseignants lui donneront les moyens de progresser.

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"C'est entre 3-4 ans que la capacité d'apprentissage des langues est maximum. C'est là que les capacités de mimétisme, sur quoi est fondé

l’essentiel de l'apprentissage d'une langue, sont maximales. Après 13 ans, l'appareil phonatoire et articulatoire se fige, ce qui explique que les adultes

ont tant de mal à apprendre les langues étrangères"Claude Hagège, linguiste, Professeur au Collège de France.

Les langues, ça ne fonctionne pas comme les vases communicants. Les langues ne sont jamais en concurence. Plus on en apprend et plus cela facilite l'apprentissage de nouvelles langues. Il y a un effet cumulatif. L'apprentissage d'une langue ne nuit pas à l'apprentissage d'une autre langue; c'est tout le

contraire".Gilbert Dalgalian linguiste, ex-Directeur Pédagogique à l'Alliance

Française à Paris, spécialiste du bilinguisme précoce.

« Quoi de plus plaisant de jouer à cache-cache avec un anglophone qui compte en anglais et de retenir ainsi les chiffres ? »

5. Le multi-âge

L’école a ouvert avec des enfants de 2 à 8 ans. (et quelques enfants plus âgés en instruction en famille sont venus) A partir de septembre 2018, l’école est ouverte aux élèves du secondaire avec un groupe de 4 à 6 élèves entre 11 et 16 ans.

Le multi-âge permet de ne pas être dans des rapports de comparaison et de compétition mais de renforcer la coopération, la confiance en soi et d’apprendre que chacun a des forces et des faiblesses, que l’âge est un facteur mais n’est pas le seul. Adultes, nous ne sommes pas qu’avec des personnes nées la même année que nous.

C’est en observant des plus âgés et pas seulement des adultes, mais des enfants ou adolescents juste un peu plus âgés, (la théorie de la zone proximale de développement) que le sens des apprentissages se fait, que l’envie et la curiosité naissent. C’est en expliquant à des plus jeunes qu’on apprend également.

Les enfants du même âge ont souvent les mêmes besoins, ainsi un adulte éprouve davantage de difficultés à être disponible pour des enfants du même âge. Par exemple, avec dix enfants de trois ans qui ont besoin d’aide pour éplucher leur orange, l’encadrant pourrais bien sûr les aider chacun à leur tour, mais il sera moins disponible que s’il y a aussi des élèves plus âgés qui savent le faire seuls, qui le montrent aux plus jeunes ou les aident également. Inversement, pendant que les plus jeunes font la sieste ou jouent avec du sable dehors sous la surveillance d’un adulte, un encadrant sera disponible pour travailler avec des adolescents sur un projet de robotique, un projet de stage en entreprise ou la préparation ou le bachotage du brevet ou du bac.

C’est une école où les encadrants sont plus nombreux que dans une école classique, avec des parents bénévoles, des retraités et de jeunes adultes (volontaires anglophones, en service civique, …) donc les adolescents pourront eux-même observer des plus âgés.

Concernant le manque d’élèves du même âge, les affinités ne se font pas seulement par âge mais suivant la personnalité, ainsi un enfant de quatre ans et un enfant de neuf ans peuvent être très amis ou encore un adolescent de quinze ans et un enfant de neuf ans peuvent partager une même passion.Par ailleurs, certains enfants et adultes se font des copains de tous âges où qu’ils aillent et d’autres pas du tout, peu importe la taille du groupe, il s’agit encore d’une question de personnalité (et peut-être de confiance en soi ou de relations difficiles avec les autres, deux points que nous souhaitons travailler à Nectarine)

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6. Les relations

Nectarine fonctionne comme une microsociété où les élèves apprennent à vivre ensemble, à prendre des décisions, à confronter leurs envies, à mettre en place des projets.

Les relations avec les parents

Les parents sont toujours les bienvenus et leur participation est une source extraordinaire d'apprentissages variés. Ils n'ont pas besoin de compétences particulières. Un parent peut proposer aux enfants d'apprendre à tricoter ; un autre peut venir jouer de la musique ou venir partager sa passion de l’informatique. Les grands-parents, les voisins, des étudiants ou des retraités sont également les bienvenus. Nous souhaitons une continuité éducative entre la famille et l’école.

Deux réunions collectives ont lieu début octobre et mi-juin, la première pour faire le point un mois après la rentrée et la deuxième pour faire un bilan général et parler de l’année suivante. Pour les moins de 6 ans, un bilan a lieu en fin d’année et des rendez-vous individuels peuvent avoir lieu également Deux séances de rendez-vous individuels ont lieu chaque année, en janvier et en juin, avec les parents des élèves de plus de six ans pour réaliser un bilan. D’autres rendez-vous peuvent être demandés soit par les encadrants soit par les parents en dehors des heures d’école. Lors des temps d’école, l’équipe est dédiée aux élèves.

Afin d'être cohérents, nous n'acceptons à l’école que les familles qui sont prêtes à cheminer vers une éducation non-violente.

Eduquer un enfant est complexe et on est souvent démuni. Nous avons mis en place un partenariat avec l’association la Graine qui Pousse (communication bienveillante et parentalité positive) et nous accueillons tout au long de l’année trois types de cycles d’ateliers : l’un dédié aux parents d’enfants de 0 à 6 ans, le second pour les parents d’enfants 6 à 10 ans et le troisième pour les parents d’adolescents.

Les relations avec les pairs

Avec leurs pairs, les élèves sont amenés à respecter les besoins de chacun et à comprendre leurs émotions. Contrairement aux écoles où les élèves sont seuls face à des exercices et en compétition, ils apprennent ici la coopération. Ils n’ont pas le même

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"Ce que beaucoup de parents ne comprennent pas, c'est la distinction entre la liberté et l'anarchie. Dans le foyer discipliné, les enfants n'ont aucun droit ; dans le foyer

désordonné, ils les ont tous. Le bon foyer est celui où parents et enfants sont égaux en

droits". Alexander Neil, la liberté, pas l'anarchie.

âge, ne parlent pas tous la même langue : cette diversité permet des apprentissages mutuels.

Les relations avec les encadrants

La relation avec les encadrants n’est pas une relation de soumission mais une relation de respect et d'écoute réciproque. L’encadrant observe et aide l'élève dans ses projets. Il propose des activités mais n'en impose pas, il suggère des pistes d’approfondissement, des améliorations et met à disposition du matériel pertinent. L’encadrant sert de garant au bon fonctionnement de la classe, il veille à ce que l'environnement soit stimulant et secure. Il peut avoir à fixer des limites, à accompagner l’élève dans la gestion de ses émotions.

Les relations avec la localité

Une école a lieu sur un territoire qui permet d'apprendre d'autres choses que celles de la classe. Nous tissons des liens avec des associations et avec des personnes de tous âges, nous souhaitons permettre des rencontres avec des artisans et des commerçants. Le patrimoine local est exploré avec des visites : monuments, expositions, spectacles…

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« La raison pour laquelle enseigner au sens conventionnel du terme (expliquer des choses

aux enfants) est presque intrinsèquement impossible, c’est que nous ne pouvons savoir dans quel état d’esprit est un enfant. Il n’a pas

les mots pour nous le dire. » Claudia Renau

7. L'organisation de l’espace

L'espace permet les déplacements. Il est modulaire selon les différents moments de la journée. Chaque élève peut s'isoler. Il doit favoriser l'autonomie et permettre les découvertes.

Notre local actuel, pour des raisons de place ne peut comporter tous les espaces que nous souhaiterions. L’objectif est de trouver un local complémentaire pour la rentrée 2018 avec un local dédié aux jeunes enfants (2-4/5 ans environ) et un local pour les 4/5-18 ans.

Actuellement, nous avons deux pièces, l’une qui sert de salle principale avec différents espaces et l’autre, plus petite, permet de s’isoler pour lire, travailler sur un projet, jouer aux échecs, écouter de la musique avec des casques, et de faire la sieste pour les plus jeunes.

L'extérieur a autant d'importance que l'intérieur et est un véritable espace de vie et donc d’apprentissage. Les élèves peuvent y aller quand ils le souhaitent ; ils sont visibles de l’intérieur et sont accompagnés selon leur âge et leur autonomie.

Ainsi les élèves ne sont que rarement tous ensemble dans la même pièce ; par ailleurs, la médiathèque est à quelques centaines de mètres à pied, permettant par exemple de s’y rendre régulièrement, de même pour le parc, la rivière, …

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«  Mais si une communauté nécessite un espace commun, chacun a aussi besoin de

son espace personnel comme dans une maison, chacun aurait besoin de sa chambre à lui, et cherche à s'approprier un coin, une

cachette. C'est peut-être le plus difficile dans l'aménagement d'une école  » Bernard Collot

Annexes

1. Liste non exhaustive du matériel mis à disposition

Le matériel de l’école est acheté en fonction des projets, besoins et possibilités financières, nous l’enrichissons tous les mois en concertation avec les élèves.

Matériel mathématique : boulier, calculette, formes géométriques, solides géométriques, pièces de tangrams et fiches de modèles, réglettes cuisinaire, supports effaçables d’additions et de multiplications, coloriages magiques d’opérations, feuille individuelle plastifiée des nombres jusqu’à 100, équerre, règles, compas, horloges…

Matériel scientifique et technique : Microscope de qualité avec différentes lamelles et préparations, boite à outils, matériel d’électricité, loupes, jumelles, corps humain à reconstituer, sabliers de 30 secondes, 1 minute, 2 minutes, 3 minutes et 5 minutes, matériel d’expériences chimiques, jeux de sept familles sur les insectes, boussole, thermomètre…

Matériel de lecture et d’écriture : méthodes de lecture, classeur d’apprentissage à l’écriture, Bescherelle, dictionnaires, livres de lectures adaptés aux lecteurs débutants, feuille individuelle plastifiée des lettres de l’alphabet dans les 3 types d’écriture, livres adaptés à tous âges de 2 ans à l’âge adultes, romans pour les adolescents, jeux pour imaginer des histoires,

Matériel de langues : jeux de cartes, jeux de société, dictionnaires anglais-français, dictionnaire français-espagnol, albums bilingues, albums en anglais, romans pour adolescents en anglais, Cds de chansons en anglais, livrets d’apprentissages de l’anglais, accès à des sites Internet dédiés mis dans les favoris de l’ordinateur

Matériel d’histoire et de géographie : atlas, cartes de France, d’Europe et du Monde, frise chronologique, livres d’histoires, livres sur les religions, bandes dessinées historiques (l’histoire de France en bande dessinée, l’Antiquité et la mythologie en bande dessinée,..)

Matériel informatique : ordinateur avec moteur de recherche pour enfant, logiciel pour apprendre à coder, imprimante, scanner, projet d’achat d’autres ordinateurs,…

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Matériel artistique : peinture, pinceaux, argile, chevalets, craies, crayons de couleur, instruments de musique : djembé, piano, claves, CDS de musique classique et d’autres types de musique, plusieurs casques d’écoute, livres de musique et d’art, théâtre de marionnettes et marionnettes…

Matériel sportif : ballons, raquettes, balles, quilles, parachute coopératif,..

Abonnement mensuel à la Ludomicile avec dix jeux pour tous les âges choisis mensuellement, abonnement annuel au Petit Quotidien, abonnement à la médiathèque avec emprunt de 30 ouvrages possibles (dont CDS)

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2. Pourquoi notre école n’est pas une garderie (article publié sur le site Internet)

Posted on 26 novembre 2016

Depuis que l’école est ouverte, nous écrivons des récits hebdomadaires à l’intention des parents mais je n’ai plus rédigé d’article de fond sur notre philosophie comme je pouvais le faire régulièrement avant l’ouverture de l’école (par exemple sur le multi-âges ou sur l’effort) et comme ces billets par la logique d’Internet sont maintenant dans les archives du site, ils sont beaucoup moins lus.Pourtant il est toujours autant nécessaire d’expliciter davantage notre philosophie, pas seulement en cinq minutes en réponse à quelques phrases dans une conversation : « Mais vous ne voulez pas que votre école soit une garderie »…. « Mais s’ils ne font que jouer, alors cela serait un centre de loisirs ».A Nectarine, oui, on y joue et on y parle presque tout le temps. Tout à fait.Mais ce n’est pas une garderie, dans le sens où vous l’entendez.Car si j’ai bien compris, une garderie, c’est un terme négatif. Un endroit où on surveille des enfants, où on leur donne un coloriage, où on les met devant la télévision, un endroit pauvre intellectuellement. Dans une garderie, les enfants n’apprendraient rien,  les adultes ayant pour objectif de les maintenir occupés ; dans un centre de loisirs de les divertir. Je ne me positionne ni sur les garderies ni sur les centres de loisirs, car je sais bien que leur diversité est aussi importante que pour les écoles, je m’empare juste de la connotation du mot.

Liberté, communauté, environnement de recherche

Ce sont ces trois termes qui définissent notre projet.A Nectarine, on y joue et y parle presque tout le temps. On y crée sans cesse.LibertéA Nectarine, les enfants sont libres de leurs activités. S’ils souhaitent jouer aux échecs tous les jours, nous n’irons pas leur dire : non là c’est l’activité « bracelets brésiliens » qui est programmée ou plutôt comme nous sommes une école « reconnaissance de la proposition subordonnée complétive »« Mais si on ne les force pas un peu, ils finiront par passer leur journée à jouer aux jeux vidéos à 25 ans encore chez leurs parents ?

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Justement si dès leur plus jeune âge, ils sont contraints de passer leurs journées à effectuer des choses qui ne les intéressent pas, ils ne pourront pas chercher ce qui les intéresse. Ils n’auront pas appris à se connaitre, n’auront pas éprouvé leur liberté, n’auront pas développé leurs passions. Combien de jeunes soit ne savent pas quoi faire soit s’engouffrent dans la première proposition venue, soit suivent la voie conseillée par leurs proches pour réaliser que cela ne leur convenait pas ?Au lieu de faire des enfants des consommateurs passifs d’un programme comme une école classique, nous prenons le risque de leur prodiguer de la liberté, de la liberté qui les grandit, qui leur donne la possibilité d’agir sur leur vie. Avez-vous remarqué à quel point les enfants subissent leur existence ? Ils peuvent seulement choisir des biens de consommations : liste de cadeaux de Noël, vêtements éventuellement,…(où, cibles privilégiées de la publicité, ils n’apprennent pas à choisir mais se laissent envahir) Mais si peu concernant leur temps.Cette liberté, bien sûr, parfois nous dérange. Cela fait trois heures qu’ils jouent dans le jardin ? C’est peut-être trop ? s’interroge la partie conditionnée de moi-même. Plus tard, ils reviennent dans la classe, tous sereins et se plongent dans des activités intellectuelles. Puis lors de la réunion qui a suivi, M a remercié deux garçons d’avoir joué avec elle, je me suis sentie touchée : cette liberté leur a permis d’apprendre à jouer ensemble malgré leurs différences, à coopérer. Durant cet après-midi là, des enfants ont énormément appris en relations humaines, sans aucune intervention de notre part.

Communauté

Notre école est une communauté, pas un service ponctuel pour libérer du temps aux parents ou un endroit où l’enfant doit être vissé sur une chaise six heures par jour pour apprendre un programme. Cela signifie que nous sommes tous impliqués enfants et adultes dans la vie de cette communauté, avec des réunions journalières, avec une participation aux tâches quotidiennes, avec des projets communs. Cela signifie que nous travaillons à ce que cette communauté soit sereine, et en tant qu’adultes, à être exemplaires et que la liberté est limitée par les besoins des autres. Je ne peux pas parler trop fort dans la classe car des enfants sont en train de lire le journal par exemple.Une communauté, c’est pour nous un lieu avec des personnes de tous âges, d’où notre volonté d’accueillir des élèves jusqu’à 16 ou 18 ans en même temps que des plus jeunes, ce que ne font pas des garderies ou centres de loisirs qui cloisonnent les enfants par groupes d’âges.

Environnement de recherche

A Nectarine, on peut aller chercher un dictionnaire pour savoir où est l’Asie Mineure et la situer sur la carte du monde, car c’est l’endroit d’où est originaire le nectarinier que nous allons planter dans le jardin. A Nectarine, deux adultes parlent anglais, il y a des livres de toutes sortes, des microscopes,  un jeu d’échecs à disposition, un ordinateur avec des logiciels de programmation installés et bientôt d’autres, un piano et d’autres instruments de musique, et beaucoup d’autres choses qui s’ajoutent  toutes les semaines en fonction de la vie de la communauté, de ce que les jeunes veulent découvrir, approfondir, vivre,…

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Nous sommes dans la recherche en permanence, en recherche d’amélioration de l’environnement, de propositions adaptées aux élèves. Les adultes ne sont pas des animateurs, des surveillants, des enseignants. Nous assurons bien sûr la sécurité des enfants, il nous arrive de proposer des animations, il nous arrive aussi d’enseigner mais notre rôle principal est d’être des chercheurs, des facilitateurs.Une garderie ? Bien sûr, si vous venez une après-midi, vous ne remarquerez peut-être rien, simplement des enfants et des adultes qui s’activent. Une garderie ? Non, nous avons pour objectif de changer de dogme concernant l’éducation et l’instruction, pas seulement par des discours mais par le quotidien

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3. Quelques récits hebdomadaires

semaine 22 – Ecritures, danses, mimes et conception des carrés potagers.

Posted on 11 mars 2017

Lundi matin, le mauvais temps ne nous a malheureusement pas permis d’aller au parc. Petits et grands ont donc fabriqué des bouteilles relaxantes avec Marina : il s’agissait de remplir des bouteilles en plastique de colle, de paillettes, de colorant alimentaire et d’eau chaude pour obtenir ces jolies bouteilles qui captent l’attention des enfants lorsqu’on les agite. Nous en avons aussi profité pour confectionner de la pâte à sel avec la maman d’E. qui a eu la gentillesse de venir nous aider. Les petits ont également voulu s’entrainer à écrire des lettres sur des feuilles effaçables.   Dans l’après-midi, les grands ont écrit un message à Bernard, le papa de M. et E. afin de lui demander de l’aide pour une réparation et s’excuser d’avoir cassé la plaque du regard. Il leur a répondu jeudi et acheté une nouvelle grille. Avec l’aide d’Adélaïde, A. presque 8 ans, a calculé le budget restant.Mardi matin, Adélaïde a proposé aux enfants de faire du pain. Chacun a mis la main à la pâte avec enthousiasme !  Nous tenons à remercier le papa d’A. bientôt 4 ans d’être venu nous aider à la réalisation de cette activité. Nous avons aussi commencé à répondre à une question lancée par A. bientôt 4 ans : » Pourquoi et comment les abeilles font-elles du miel ? »L’après-midi, les plus grands, accompagnés de Marina, sont partis à la maison de retraite avec laquelle nous avons commencé un échange en janvier. Ce fut l’occasion de faire des jeux de mimes avec les personnes âgées et de passer un excellent moment ! Tous les adultes ont été enchanté de la participation enthousiaste de nos quatre mimes. Pendant ce temps, les plus jeunes ont fait de la peinture, dansé en duo ou seuls, jouant à s’arrêter quand la musique s’arrêtait et ont fait un circuit de train immense.Jeudi, grâce à une météo clémente, les enfants ont passé du temps dans le jardin, à courir, jouer au ballon et même danser. M. 5 ans avec l’aide d’Adélaïde et O. presque 5 ans avec l’aide d’A. presque 8 ans ont tapé une lettre à leurs correspondantes respectives.  Toutes les trois ont également recherché et imprimé des informations sur les capucines, fleurs dont elles ont planté les graines en semis pour savoir comment les entretenir par la suite. I. 7 ans, a lu sur les tomates.Dans l’après-midi, un moment de lecture du Petit Quotidien avec Adélaïde a permis aux grands de s’intéresser à la question du braconnage et en particulier à ce qui rend la corne de rhinocéros si convoitée. Les plus jeunes, eux, ont participé à la création de petits avions en carton.Vendredi matin, la grand-mère de M. et E. est venue lire des histoires  aux enfants. Les plus grands ont travaillé à leur demande sur des fiches de lecture et d’écriture pour améliorer leurs compétences.

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L’après-midi, le papa de M. est venu nous aider à concevoir notre potager. Les enfants ont ainsi réfléchi, dessiné et listé le matériel nécessaire puis pris des mesures dans le jardin. Un grand merci au papa de M. pour sa disponibilité et son écoute.

Semaine 23- Peinture, nature et Moyen-Age

Posted on 18 mars 2017

Lundi, John, notre nouveau volontaire canadien, nous a rejoint. Les enfants apprécient son calme, sa bonne humeur et ses talents de pianiste. Le matin, Adélaïde a lu avec I. sur la seconde guerre mondiale. A., bientôt huit ans, a joué du djembé et du piano en duo avec John et les plus jeunes ont fait des jeux de lotos.

Dans l’après-midi, Adélaïde et les plus grands ont fait une promenade jusqu’à une petite rivière qui coule non loin de l’école, ils ont beaucoup couru,observé avec les jumelles des canards et des oiseaux et avec les loupes les taupinières et la végétation. Ils ont aussi discuté avec les pêcheurs au bord du petit lac, déchiffré les panneaux d’accès… Adélaïde a répondu à leurs questions sur ce qu’était un barrage.Pendant ce temps-là, Marina a proposé aux plus jeunes de tester « la peinture qui gonfle ». C’est une peinture un peu épaisse (un mélange de farine, sel, levure, eau et peinture) que l’on étale sur une feuille cartonnée avant de la faire gonfler au micro-ondes. Nous avons donc peint et observé la réaction chimique qui provoque le gonflement sous l’effet de la chaleur. Puis nous avons pu toucher cette drôle de texture du bout du doigt. Une activité artistique, scientifique et sensorielle très appréciée par petits et grands.Mardi matin, A. bientôt 8 ans et John ont travaillé l’orthographe française (le son « k ») avec l’aide d’Adélaïde pendant que le papa de M. 4 ans faisait des puzzles avec les plus jeunes.

Adélaïde, John et un groupe d’enfants ont confectionné des tartelettes aux pommes (ont fait la pâte, coupé les pommes,…) , tandis que Marina et d’autres enfants lisaient des histoires en anglais.Nous avons eu ensuite la visite d’Icare, 7 mois, qui vient tous les mois avec sa maman dans le cadre du programme « racines de l’empathie » : nous avons pu observer ses réactions et ses progrès, le mesurer,….Le soleil nous a permis de beaucoup jouer dehors en fin de matinée et dans l’après-midi. Les grands, accompagnés par Adélaïde, ont fait un peu de lecture sur le Moyen- Age. Ils ont ensuite souhaité en savoir plus sur le braconnage et sur la corne de rhinocéros.Jeudi matin, M. 5 ans a remplacé John au piano,  I. 7 ans a travaillé sur le budget, nous avons lu puis avons joué dehors. Nous avons reçu G. 7, 5 ans, venu faire une journée d’essai à Nectarine. I. et M étaient ravis d’avoir un nouveau partenaire de jeux. Adélaïde et les plus grands se sont penchés sur la guerre de cent ans, Jeanne d’Arc, la peste noire, les charrues et d’autres aspects du Moyen-Age. L’après-midi, après la sieste des petits, nous sommes tous allés au parc où nous avons fait une chasse aux

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trésor sur un thème médiéval. Équipés d’une carte, d’un mètre et d’une boussole, nous sommes partis à la recherche de questions portant sur le Moyen-âge, d’indices et de gages, préalablement cachés par Adélaïde. Comme l’indice final nous annonçait que le trésor était dissimulé à l’école, nous sommes rentrés, pressés de découvrir les écus d’or…au chocolat !Cette semaine des solos, duos, trios ou plus de musique se sont formés, au piano et au djembé et avec les autres instruments de la classe. Nous avons eu aussi beaucoup de discussions philosophiques : qu’est-ce qu’être méchant ? Pourquoi est-ce qu’il y a des guerres ? Que ferait-on si on était élu Président de la République ? …Vendredi, les enfants ont souhaité à nouveau faire de « la peinture qui gonfle » le matin et nous avons lu des contes ; l’après-midi, le papa de M. 6, 5 ans est venu construire les carrés potagers avec les enfants : les plus grands ont mesuré, scié et vissé. Prochaine étape : les remplir de terre !

Semaine 24- créations printanières, résolutions de conflits et yogaPosted on 25 mars 2017

Cette semaine, nous avons pu constaté que nos semis ont bien poussé, 11 sur 16 ont levés. 

Lundi,  les plus jeunes ont joué à de nouveaux lotos en français mais aussi en anglais. Pendant ce temps-là, les grands discutaient du budget et de résolution de conflits avec Adélaïde. Ils ont aussi réfléchi à ce qu’on mettrait dans le potager et fait un peu de géométrie : dessiné un potager à l’aide d’une règle, fait des angles droits, divisé en 9 chaque carré (car on mettra 9 choses différentes dans chaque carré de potager).Mardi matin, au cours de la réunion quotidienne, Adélaïde et Marina ont joué une petite scénette pour illustrer une situation conflictuelle entre les enfants. Nous avons ensuite débattu et essayé de trouver des solutions au conflit. Lorsque les enfants nous émettaient des solutions intéressantes nous rejouions la scène en incluant leurs idées. Nous répèterons ce type d’exercice, afin d’aider les enfants à trouver des alternatives en cas de querelles, de problème de partage etc.Plus tard, les plus jeunes ont pioché d’un sac mystère des cartes de toutes sortes. Marina leur a nommé en anglais chaque objet y figurant. Ensuite nous avons chanté et dansé sur deux nouvelles chansons: « Go away » et « Walking, walking ». Les petits ont tellement aimé ces chansons qu’ils ont aussi voulu les chanter dans le jardin à plusieurs reprises.Les grands ont découvert des messages écrits en anglais dans leur casier et ont plus tard pris part à une réunion avec Adélaïde durant laquelle ils ont abordé la notion de réparation (lorsque l’on casse une calculatrice, par exemple) et l’importance de participer à la tenue du budget de l’école. Enfin, ils ont voté pour le conte qu’ils souhaitaient présenter aux résidents de la maison de retraite,  « Boucle d’or » ou « la Belle et la Bête » ont été les choix finaux et la Belle et la Bête a fini par l’emporter.D’autres activités créatives ont eu lieu pour célébrer l’arrivée du printemps : la confection d’une marionnette de printemps, la création d’une fleur avec des

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gommettes…  Adélaïde a aussi proposé aux enfants de jouer au twister, ce qu’ils aiment beaucoup.Jeudi matin, ceux qui le souhaitaient ont réalisé des hérissons avec des assiettes en carton, mais aussi des masques et certains ont eu l’idée de fabriquer des épées.John a proposé aux enfants de faire un peu de yoga. Puis les enfants sont allés jouer dehors. Dans l’après-midi, pendant la sieste des plus jeunes, les plus grands ont (re)lu le conte de la Belle et la Bête et I. 7ans, a commencé à le résumer oralement.Vendredi matin, les enfants ont souhaité colorier, les plus jeunes des animaux, les plus âgés des coloriages codés avec des additions et soustractions à faire, ils ont également fait de la peinture, activité quotidienne ces jours-ci.Marina n’a pas pu être présente. Elle tient à adresser ses excuses aux plus grands qu’elle devait accompagner à la maison de retraite. Nous allons sans doute pouvoir reporter à la semaine prochaine la rencontre intergénérationnelle. A la place, nous avons fait deux gâteaux très simples, un à la compote de pomme et à la banane, l’autre au yaourt, avec deux équipes de cuisiniers.L’après-midi, nous avons reçu un colis de l’école La Lueur des champs dans le Morbihan et nous l’avons ouvert avec les plus grands en réunion : énigmes, lettres, dessins, recette de cuisine, carte de France et de Bretagne, opérations mathématiques, provenant d’une quinzaine d’enfants de 3 à 10 ans  : nous avons eu de quoi lire ! Plus tard, les plus jeunes ont joué dehors et fait de la pâte à sel et les plus grands ont joué au échecs.

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Quelques références

Les apprentissages informels expliqués à mon inspecteur, Claudia Renau

Chronique d’une école du troisième type, Bernard Collot

La pédagogie de la mouche, Bernard Collot

Les apprentissages autonomes, John Holt

Ces écoles qui rendent nos enfants heureux, Antonella Verdiani

Pour une enfance heureuse, Catherine Guegen

J’ai tout essayé, Isabelle Filliozat

Gigi la girafe (au pays des animaux, au pays du froid…)  d’Alberto Benevelli et Loretta Serofilli 

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