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Le Raid pris en otage ? Le Point.fr - Publié le 26/03/2012 à 07:10 - Modifié le 26/03/2012 à 14:13 La cellule qui a mené l'assaut contre Mohamed Merah à Toulouse a-t-elle été gênée par la pression politique ? L'enquête du Point.fr. Les hommes du Raid quittent la rue du Sergent-Vigné jeudi 22 mars après l'assaut contre l'appartement où était retranché Mohamed Merah. © Pascal Pavani / AFP Par B.-B. C. Il est 20 h 50 ce 21 février 1987. Le Raid est en position. La veille, le juge anti-terroriste Alain Marsaud est convoqué chez le ministre chargé de la Sécurité Robert Pandraud. Les quatre terroristes les plus recherchés de France ont été "logés" : "À vous de jouer Marsaud, on les veut vivants." À 20 h 55, les hommes d'Ange Mancini, alors chef du Raid, pénètrent dans la ferme de Vitry-aux-Loges, un petit village de Sologne. Jean-Marc Rouillan, Nathalie Ménigon, Joëlle Aubron et Georges Cipriani , pourtant lourdement armés, sont arrêtés sans heurts. C'est la fin d'Action directe, le groupe terroriste d'extrême gauche. Ce jour-là, aucun ministre n'est présent sur les lieux. "Je tenais régulièrement le garde des Sceaux au courant de la situation, se souvient Alain Marsaud. Je ne suis pas intervenu dans la gestion de l'assaut : ça, c'était le travail du Raid. Chacun son métier", explique l'ancien juge, devenu depuis député UMP. Le Raid s'est fait cornaquer Autres temps, autres moeurs. Mars 2012 à Toulouse : pour l'arrestation de Mohamed Merah, le Raid se voit doter d'un porte-parole, en la personne du ministre de l'Intérieur, venu rendre compte à la presse, heure par heure, de l'opération. Le président aurait demandé que le tueur de Toulouse soit arrêté vivant coûte que coûte. Le Raid, c'est l'unité "chouchou" de Nicolas Sarkozy : maternelle de Neuilly, arrestation d'Yvan Colonna . Les deux derniers patrons du Raid ont été promus, l'un préfet, l'autre directeur de cabinet du préfet de Paris. Selon un grand flic : "Il est clair que le Raid s'est fait cornaquer, l'assaut aurait dû être donné beaucoup plus tôt, une fois les négociations rompues. Là, on a attendu la main sur la gâchette jusqu'au ridicule." "Si les politiques ne s'en étaient pas mêlés, le schéma aurait sans doute été celui de la souricière : on cerne le quartier, on planque, on attend que ça sorte et on tape." Cliquez ici pour voir la lettre de soutien envoyée par le patron du GIGN au patron du Raid

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Le Point revient sur l'arrestation des membres d'Action directe, le groupe terroriste d'extrême gauche, dirigée par Alain Marsaud

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Le Raid pris en otage ? Le Point.fr - Publié le 26/03/2012 à 07:10 - Modifié le 26/03/2012 à 14:13

La cellule qui a mené l'assaut contre Mohamed Merah à Toulouse a-t-elle été gênée par la pression politique ? L'enquête du Point.fr.

Les hommes du Raid quittent la rue du Sergent-Vigné jeudi 22 mars après l'assaut contre l'appartement où était retranché Mohamed Merah. © Pascal Pavani / AFP

Par B.-B. C.

Il est 20 h 50 ce 21 février 1987. Le Raid est en position. La veille, le juge anti-terroriste Alain Marsaud est convoqué chez le ministre chargé de la Sécurité Robert Pandraud. Les quatre terroristes les plus recherchés de France ont été "logés" : "À vous de jouer Marsaud, on les veut vivants." À 20 h 55, les hommes d'Ange Mancini, alors chef du Raid, pénètrent dans la ferme de Vitry-aux-Loges, un petit village de Sologne. Jean-Marc Rouillan, Nathalie Ménigon, Joëlle Aubron et Georges Cipriani, pourtant lourdement armés, sont arrêtés sans heurts. C'est la fin d'Action directe, le groupe terroriste d'extrême gauche.

Ce jour-là, aucun ministre n'est présent sur les lieux. "Je tenais régulièrement le garde des Sceaux au courant de la situation, se souvient Alain Marsaud. Je ne suis pas intervenu dans la gestion de l'assaut : ça, c'était le travail du Raid. Chacun son métier", explique l'ancien juge, devenu depuis député UMP.

Le Raid s'est fait cornaquer Autres temps, autres moeurs. Mars 2012 à Toulouse : pour l'arrestation de Mohamed Merah, le Raid se voit doter d'un porte-parole, en la personne du ministre de l'Intérieur, venu rendre compte à la presse, heure par heure, de l'opération. Le président aurait demandé que le tueur de Toulouse soit arrêté vivant coûte que coûte.

Le Raid, c'est l'unité "chouchou" de Nicolas Sarkozy : maternelle de Neuilly, arrestation d'Yvan Colonna. Les deux derniers patrons du Raid ont été promus, l'un préfet, l'autre directeur de cabinet du préfet de Paris. Selon un grand flic : "Il est clair que le Raid s'est fait cornaquer, l'assaut aurait dû être donné beaucoup plus tôt, une fois les négociations rompues. Là, on a attendu la main sur la gâchette jusqu'au ridicule." "Si les politiques ne s'en étaient pas mêlés, le schéma aurait sans doute été celui de la souricière : on cerne le quartier, on planque, on attend que ça sorte et on tape."

Cliquez ici pour voir la lettre de soutien envoyée par le patron du GIGN au patron du Raid