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Med Pal 2007; 6: 359-361 © 2007. Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés REPÉRÉ DANS LA PRESSE SPÉCIALISÉE Médecine palliative 359 N° 6 – Décembre 2007 Sous la direction de Régis Aubry Notes de lecture, résumés et commentaires des « papiers » les plus notables de la presse nationale et internationale… pour ouvrir des perspectives : vos revues et analyses de la presse spécialisée peuvent être adressées au Secrétariat de la Rédaction, qui transmettra : [email protected] Les perturbations sensorielles sont un facteur essentiel dans l’altération du statut nutritionnel et de la qualité de vie des patients porteurs d’un cancer évolué J.-L. Hutton, V.-E. Baracos, W.V. Wismer J Pain and symptom manage 2007 ; 33 : 156-65 On sait que la chimiothérapie peut provo- quer des altérations des fonctions gustatives et olfactives. Les auteurs montrent que ces perturbations peuvent persister par-delà l’arrêt des traitements spécifiques et peut- être exister indépendamment des traite- ments spécifiques. Ils font état d’une étude ayant concerné 66 patients porteurs d’un cancer évolué et recevant des soins palliatifs. Sur cent personnes interrogées, 86 allèguent des perturbations sensorielles. Les plaintes les plus fréquentes sont la sen- sation d’un mauvais goût persistant dans la bouche, la distorsion du goût et une augmentation de la sensibilité aux odeurs. Lorsque les perturbations sensorielles sont importantes, elles sont associées à une perte de l’appétit, des apports alimentaires insuffisants, une perte de poids et une perturbation de la qualité de vie. Le syndrome de l’arrêt des stéroïdes : une revue des symptômes, des étiologies et des traitements L. Margolin, D.K. Cope, R. Bakst-Sisser R, J. Greenspan J Pain and symptom manage 2007 ; 33 : 224-8 Un syndrome de l’arrêt des stéroïdes peut apparaître, parfois même si l’arrêt des cor- ticoïdes a été progressif. D’ailleurs il n’existe pas de réel référentiel quant aux modalités d’arrêt des corticoïdes après ad- ministration prolongée. Les symptômes sont les suivants : anorexie modérée, nausées, fatigue, céphalées diffuses, fièvre, desquamation épidermique marquée au niveau du visage, arthralgies, myalgies, perte de poids, hypotension. Le mécanisme de ce syndrome n’est pas clairement et totalement explicité : atrophie et a-réactivité surrénalienne par arrêt ou diminution de la sécrétion d’ACTH hypo- physaire ; hypervitaminose A, hypercal- cémie, augmentation des prostaglandines secondaire au blocage du processus inflam- matoire, augmentation de l’interleukine-6… Le traitement consiste en la réintroduc- tion des stéroïdes. Survie des patients pris en charge en hospice : comparaison avec la survie des patients non pris en charge en hospice par étude des décès sur une période de trois ans S.R. Connor, B. Pyenson, K. Fitch, C. Spence, K. Iwasaki J Pain and symptom manage 2007 ; 33 : 238-46 Dans cette étude rétrospective, et en utili- sant six indicateurs différents, les auteurs ont étudié 4 493 dossiers de patients rele- vant de soins palliatifs entre 1998 et 2002. La différence de survie était de 29 jours en faveur des patients pris en charge en hospice. Effet des massages et de l’acupuncture dans le management des symptômes en postopératoire chez des patients opérés de cancer : un essai randomisé et contrôlé W.E. Mehling, B. Jacobs, M. Acree et al. J Pain and symptom manage 2007 ; 33 : 258-66 Cent trente-huit patients opérés d’un can- cer répartis en deux populations (massages et acupuncture en complément des traite- ments habituels versus traitements habi- tuels seuls) ont accepté que les auteurs évaluent leur douleur, les nausées et les vomissements, leur humeur pendant la période de 2 jours postopératoire. Les ré- sultats montrent que massages et acu- puncture améliorent le contrôle de la dou- leur et de l’humeur dépressive. Le rôle des topiques analgésiques dans le management des douleurs neuropathiques : approche multimodale O.A. De Leon-Casasola J Pain and symptom manage 2007 ; 33 : 356-5 Les connaissances modernes sur les méca- nismes périphériques probables des douleurs neuropathiques font que les traitements par topiques analgésiques sont une voie d’avenir du traitement des douleurs neuropathiques. Leur action locale, leur lente absorption, leur faible toxicité, le moindre degré d’interac- tions médicamenteuses séduisent les cher- cheurs et les cliniciens. L’auteur recense et analyse les études contrôlées randomisées publiées concer- nant ces traitements topiques antalgiques : agonistes alpha2 adrénergiques (clonidine transdermique), agonistes NMDA (kéta- mine gel), anesthésiques locaux (lidocaïne patch ; EMLA), antidépresseurs tricycliques (amitryptiline transdermique), substances irritantes de contact (capsaïcine). Le sentiment d’être une charge pour les autres en fin de vie : une revue systématique de la littérature C.J. McPherson, K.G. Wilson, M.A. Murray Palliative Medicine 2007 ; 21 : 115-28 La revue de la littérature menée par ces auteurs canadiens révèle que la percep- tion de soi comme une charge pour les autres est rapportée comme une question significative par 19 à 65 % des patients en fin de vie. Ce sentiment est corrélé avec celui de la perte de dignité, avec une souffrance et des mauvaises conditions de fin de vie. Ce sentiment de soi comme une charge pour les autres a un impact dans

Le sentiment d’être une charge pour les autres en fin de vie : une revue systématique de la littérature

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Med Pal 2007; 6: 359-361

© 2007. Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés

REPÉRÉ DANS LA PRESSE SPÉCIALISÉE

Médecine palliative

359

N° 6 – Décembre 2007

Sous la direction de Régis Aubry

Notes de lecture, résumés et commentaires des « papiers » les plus notables de la presse nationale et internationale… pour ouvrir des perspectives : vos revues et analyses de la presse spécialisée peuvent être adressées au Secrétariat de la Rédaction, qui transmettra : [email protected]

Les perturbations sensorielles sont un facteur essentiel dans l’altération du statut nutritionnel et de la qualité de vie des patients porteurs d’un cancer évolué

J.-L. Hutton, V.-E. Baracos, W.V. Wismer

J Pain and symptom manage 2007 ; 33 : 156-65

On sait que la chimiothérapie peut provo-quer des altérations des fonctions gustatives et olfactives. Les auteurs montrent que ces perturbations peuvent persister par-delà l’arrêt des traitements spécifiques et peut-être exister indépendamment des traite-ments spécifiques.

Ils font état d’une étude ayant concerné 66 patients porteurs d’un cancer évolué et recevant des soins palliatifs. Sur cent personnes interrogées, 86 allèguent des perturbations sensorielles.

Les plaintes les plus fréquentes sont la sen-sation d’un mauvais goût persistant dans la bouche, la distorsion du goût et une augmentation de la sensibilité aux odeurs.

Lorsque les perturbations sensorielles sont importantes, elles sont associées à une perte de l’appétit, des apports alimentaires insuffisants, une perte de poids et une perturbation de la qualité de vie.

Le syndrome de l’arrêt des stéroïdes : une revue des symptômes, des étiologieset des traitements

L. Margolin, D.K. Cope, R. Bakst-Sisser R, J. Greenspan

J Pain and symptom manage 2007 ; 33 : 224-8

Un syndrome de l’arrêt des stéroïdes peut apparaître, parfois même si l’arrêt des cor-ticoïdes a été progressif. D’ailleurs il n’existe pas de réel référentiel quant aux modalités d’arrêt des corticoïdes après ad-ministration prolongée.

Les symptômes sont les suivants : anorexie

modérée, nausées, fatigue, céphalées diffuses,

fièvre, desquamation épidermique marquée au niveau du visage, arthralgies, myalgies, perte de poids, hypotension.

Le mécanisme de ce syndrome n’est pas clairement et totalement explicité : atrophie et a-réactivité surrénalienne par arrêt ou diminution de la sécrétion d’ACTH hypo-physaire ; hypervitaminose A, hypercal-cémie, augmentation des prostaglandines secondaire au blocage du processus inflam-matoire, augmentation de l’interleukine-6…

Le traitement consiste en la réintroduc-tion des stéroïdes.

Survie des patients pris en charge en hospice : comparaison avec la survie des patients non pris en charge en hospice par étude des décès sur une période de trois ans

S.R. Connor, B. Pyenson, K. Fitch, C. Spence, K. Iwasaki

J Pain and symptom manage 2007 ; 33 : 238-46

Dans cette étude rétrospective, et en utili-sant six indicateurs différents, les auteurs ont étudié 4 493 dossiers de patients rele-vant de soins palliatifs entre 1998 et 2002. La différence de survie était de 29 jours en faveur des patients pris en charge en hospice.

Effet des massages et de l’acupuncture dans le management des symptômes en postopératoire chez des patients opérés de cancer : un essai randomisé et contrôlé

W.E. Mehling, B. Jacobs, M. Acree

et al.

J Pain and symptom manage 2007 ; 33 : 258-66

Cent trente-huit patients opérés d’un can-cer répartis en deux populations (massages

et acupuncture en complément des traite-ments habituels

versus

traitements habi-tuels seuls) ont accepté que les auteurs évaluent leur douleur, les nausées et les vomissements, leur humeur pendant la période de 2 jours postopératoire. Les ré-sultats montrent que massages et acu-puncture améliorent le contrôle de la dou-leur et de l’humeur dépressive.

Le rôle des topiques analgésiques dans le management des douleurs neuropathiques : approche multimodale

O.A. De Leon-Casasola

J Pain and symptom manage 2007 ; 33 : 356-5

Les connaissances modernes sur les méca-nismes

périphériques probables des douleurs neuropathiques font que les traitements par topiques analgésiques sont une voie d’avenir

du traitement des douleurs neuropathiques

. Leur action locale, leur lente absorption

, leur faible toxicité, le moindre degré d’interac-tions médicamenteuses séduisent les cher-cheurs et les cliniciens.L’auteur recense et analyse les études contrôlées randomisées publiées concer-nant ces traitements topiques antalgiques : agonistes alpha2 adrénergiques (clonidine transdermique), agonistes NMDA (kéta-mine gel), anesthésiques locaux (lidocaïne patch ; EMLA), antidépresseurs tricycliques (amitryptiline transdermique), substances irritantes de contact (capsaïcine).

Le sentiment d’être une charge pour les autres en fin de vie : une revue systématique de la littérature

C.J. McPherson, K.G. Wilson, M.A. Murray

Palliative Medicine 2007 ; 21 : 115-28

La revue de la littérature menée par ces auteurs canadiens révèle que la percep-tion de soi comme une charge pour les autres est rapportée comme une question significative par 19 à 65 % des patients en fin de vie. Ce sentiment est corrélé avec celui de la perte de dignité, avec une souffrance et des mauvaises conditions de fin de vie. Ce sentiment de soi comme une charge pour les autres a un impact dans

REPÉRÉ DANS LA PRESSE SPÉCIALISÉE

Médecine palliative

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N° 6 – Décembre 2007

les décisions de fin de vie ; il semble iden-tifié comme un facteur d’accélération de la fin de vie.

Conception de la maladie d’Alzheimer comme une maladie relevant de soins palliatifs

G. Wolf-Klein G, R. Pekmezaris, L. Chin, J. Weiner

American Journal of Hospice and Palliative Medicine 2007 ; 24 : 77-82

La maladie d’Alzheimer concerne 4,5 millions de personnes aux États-Unis, 24,3 millions de personnes dans le monde. Ces chiffres pour-raient être multipliés par 3 en 2050.

L’analyse de la littérature montre que, à compter du diagnostic, la survie moyenne de personnes porteuses d’une maladie d’Alzheimer est de 4,2 ans pour les hom-mes et de 5,7 ans pour les femmes. Malgré les progrès, l’espérance de vie n’a pas été modifiée pendant le dernier siècle.Les principales causes de décès sont les broncho-pneumopathies ; viennent en-suite les problèmes cardiovasculaires, les incidents iatrogéniques (psychotropes), les traumatismes et maltraitances.Les similitudes avec l’approche palliative sont nombreuses :– la prise en charge des personnes attein-tes de maladie d’Alzheimer donne, comme dans le champ des soins palliatifs, la prio-rité au contrôle des symptômes et à la qualité de vie ;– en l’absence d’indicateurs évidents per-mettant d’affirmer la douleur, il est habi-tuel de considérer que ce qui est probable doit être traité, en étant conscient du risque iatrogénique ;– concernant l’alimentation : les problèmes de dysphagie, le refus ou l’incapacité à se nourrir sont considérés comme des élé-ments du processus menant au décès. L’in-dication de l’alimentation par sonde (SNG ou GPE) est une question essentielle : si elle repose souvent sur une signification symbo-lique, si elle est parfois une alternative à la difficulté de se nourrir, il n’y a pas de preuve de son utilité en fin de vie.Les auteurs insistent sur l’importance du recueil en temps voulu et de la prise en compte des directives anticipées.

Le désir d’accélérer la survenue de la mort chez les patients atteints d’un cancer métastatique

G. Rodin, C. Zimmermann, A. Rydall

et al

.

J Pain and symptom manage 2007 ; 33 : 661-75

Mille trois cent vingt-six patients cancé-reux ayant une espérance de vie estimée à plus de 6 mois ont été interrogés de fa-çon rigoureuse par ces auteurs canadiens.Moins de 2 % des patients interrogés ont exprimé un désir d’accélération de la sur-venue de la mort. Ce désir était corrélé avec les facteurs suivants : perte d’espoir, dépression, détresse physique, altération de l’équilibre spirituel, de l’environne-ment social et de l’estime de soi. Il n’était pas corrélé avec la proximité de la mort.

Évaluation de l’activité physique et auto-évaluation de la qualité de vie des patients recevant une chimiothérapie palliative

M. Dahele, R.J.E. Skipworth, L. Wall, A. Voss, T. Preston, K.C.H. Fearon

J Pain and symptom manage 2007 ; 33 : 676-85

Cette étude randomisée compare 20 patients atteints de cancer digestif évolué traités par chimiothérapie palliative avec un groupe contrôle de 13 patients de la même tranche d’âge, non malades.Les patients traités par chimiothérapie pal-liative avaient une dépense d’énergie 8 % plus faible ; ils restaient couchés 2 h de plus par jour ; le niveau d’activité physique était de 43 % moindre.Cette détérioration des capacités physi-ques ne semblait pas clairement corréler avec l’évaluation de la qualité de vie.

La fin de vie en Europe : le point sur les pratiques médicales

J. Bilsen, J. Cohen, L. Deliens

Population et sociétés 2007 ; 430

Dans ce bulletin mensuel d’information de l’Institut national d’études démogra-phiques (INED), les auteurs flamands pu-blient les résultats de l’enquête Eureld (

European end-of-life decisions

) menée en

Italie, Suède, Belgique, Danemark, Pays-Bas et Suisse en 2002.Le but de cette enquête était d’étudier les pratiques médicales et en particulier la fréquence des décisions susceptibles d’abréger la fin de vie. Plus de 20 000 dé-cès ont été étudiés.Lorsque les décès étaient attendus, la mort a été précédée d’une ou plusieurs déci-sions de fin de vie, susceptibles d’avoir abrégé la vie du patient dans un à deux tiers des décès.Ce chiffre recouvre en réalité des situa-tions très différentes comme la mise en œuvre d’un traitement antalgique (19 à 26 % des cas), des décisions de ne pas mettre en œuvre ou d’interrompre un trai-tement susceptible de prolonger la vie (de 4 % en Italie à 28 % en Suisse), à une mort provoquée par euthanasie (0,1 % en Italie, 1,8 % en Belgique, 3,4 % aux Pays-Bas) ou suicide assisté (0,2 % aux Pays-Bas, 0,4 % en Suisse).Les auteurs ont également analysé l’inten-tion qui gouvernait aux décisions prises en fin de vie. Ainsi la prescription d’antalgi-ques s’est faite dans l’intention d’abréger la vie dans 2,9 % des cas aux Pays-Bas (0,4 % en Suède) ; la décision d’interrom-pre ou de ne pas mettre en œuvre un trai-tement susceptible de prolonger la vie s’est faite dans l’intention d’abréger la vie dans 21 % des cas en Suisse (2 % en Italie).Les morts provoquées par euthanasie ou suicide assisté n’ont pas fait l’objet d’une discussion explicite avec le patient dans 6 % des cas aux Pays-Bas, et dans 49 % des cas en Belgique, la raison principale invoquée étant la non conscience du pa-tient au moment de la décision.La pratique de la sédation profonde jusqu’à la mort est élevée en Italie (8,5 %) et en Belgique (8,2 %).

Pourquoi les patients atteints de cancer choisissent-ils une chimiothérapie en fin de vie ? Une revue de la littérature

R. Matsuyama, S. Reddy, T.J. Smith

Journal of Clinical Oncology 2006 ; 24 : 3490-6

Le nombre de patients recevant une chi-miothérapie en fin de vie est en augmen-