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VENDREDI 18 JUIN 2010 N o 24 Fr. 3.– / Abonnement annuel Fr. 140.– www.vigousse.ch JAA CH–1025 Saint-Sulpice PP/Journal La Suisse normalise ses relations avec Kadhafi. Comme on fait son Libye, on se couche. Le seul canard à deux balles qui ne coûte que 3 francs ! « La peur   du ridicule obtient  de nous les pires  lâchetés. » [André Gide] Rade   de Genève  Sous le Kazakh la plage p. 2 Chambres   fédérales  Pour que l’armée suisse vole plus haut p. 5 Marée noire  La pompe Afrique p. 6 Tête de Libyen  Hannibal K. p. 16 Exclusif  Liste des députés honnêtes p. 17 Maîtres de la Suisse

Le seul VENDREDI 18 JUIN 2010 N ancs ! Maîtres de la Suisse · ler, de la régie Pilet & Renaud. Que du beau linge, quoi. Et Chevrolet, avec son grand copain Charles-An-dré Aymon

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VENDREDI 18 JUIN 2010 No 24 Fr. 3.– / Abonnement annuel Fr. 140.– www.vigousse.ch

JAA CH–1025 Saint-Sulpice PP/Journal

La Suisse normalise ses relations avec Kadhafi. Comme on fait son Libye, on se couche.

Le seul

canard à deux

balles qui

ne coûte que

3 francs !

« La peur  du ridicule obtient 

de nous les pires lâchetés. »

[André Gide]

Rade  de Genève Sous le Kazakh la plage p. 2

Chambres  fédérales Pour que l’armée suisse vole plus haut p. 5

Marée noire La pompe Afrique p. 6

Tête de Libyen Hannibal K. p. 16

Exclusif Liste des députés honnêtes p. 17

Maîtres de la Suisse

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Vigousse vendredi 18 juin 2010

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Vigousse vendredi 18 juin 2010

2 RubriqueC’est pas pour dire !

Vigousse Sàrl, Rue du Simplon 34, CH-1006 Lausanne > www.vigousse.ch > [email protected] Tél. +41 21 612 02 50 > Fax +41 21 601 11 75 > Directeur rédacteur en chef : Barrigue > Rédacteurs en chef adjoints : Laurent Flutsch & Patrick Nordmann > Chef d’édition : Roger Jaunin > Secrétaire de rédaction : Monique Reboh > Abonnements : [email protected] > Tél. +41 21 695 95 81 > Publicité : Inédit Publications, Jordils 40, CH-1025 Saint-Sulpice [email protected] > Layout et production : www.unigraf.com > Imprimé en Suisse chez Courvoisier-Attinger SA/Bienne > Tirage : 15 000 ex.

UBS, premier parti de Suisse !Patrick Nordmann

C’est beau, la politique ! C’est encourageant. Ça vous fait croire en la démocratie. Comment imaginer que tous ces braves députés (et quelques –ées), que

nous avons élus avec notre cœur, nos convictions et parfois, même, avec quelques espoirs, puissent n’être qu’un ramassis d’opportunistes, de larves à la solde des consignes triviales de leur parti et de lâches vendus à ceux qui ne font que penser à leurs profits personnels ?C’est impossible ! On y croit, nous, au dévouement public de nos représentants. On leur fait confiance. On a l’impression de les connaître et c’est vrai que, quand on les rencontre, ils ont l’air si honnêtes et si soucieux de nos problèmes.Alors comment expliquer qu’une fois pris dans leur nasse de responsables, une fois plongés dans les petits entrelacs de leurs manigances électorales, tous ces gens se révèlent n’être que des pleutres, prêts à toutes les compromissions pour gagner une législature de plus ?Serait-ce parce que, naïfs indécrottables, on se fait encore des illusions sur la nature humaine ? Sans doute. Au fond, tout cela est normal. On pense avoir, en Suisse, le pire gouvernement du monde. Erreur : il n’y en a pas un pour sauver l’autre. Voyez la France, voyez l’Italie, voyez tous les autres.Nous autres, citoyens de base, serions-nous meilleurs qu’eux, une fois élus ? Probablement pas. Et ça prouve surtout que c’est l’être humain qui pré-sente quelques graves problèmes de fonctionnement.A partir de là, que ce soit nos banques ou le diable qui nous gouvernent, que voulez-vous qu’on y fasse ?On peut toujours se retrouver entre amis et aller boire un verre. Histoire de retrouver la vraie fraternité, celle qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue.

3« Avec leurs vuvuzelas, ils font tellement de bruit qu’on ne voit même plus le ballon ! »

Début avril 2009. Tout le gratin genevois s’agglutine au très mondain Bal de la

Croix-Rouge, à l’hôtel Kempinski. Ce soir-là, un chevalier blanc surgit des steppes de l’Oural : Iliyas Khra-punov, avec un chèque de 50 000 francs, s’offre un ticket d’entrée chez les VIP du bout du lac. « J’espère que cette ère difficile qui coupe un cycle de cupidité et d’ar-gent facile offrira à la société un surcroît d’humanité », vibre Guy Mettan, Président de la Croix Rouge locale, ancien rédenchef de la Tribune de Genève, fonda-teur du Club suisse de la Presse et président du Grand Conseil, en encaissant le don du Kazakh. Une émouvante amitié est née. Dans son numéro sur les « 300 plus riches », Bilan (12.2009) sa-

luait l’arrivée en Suisse de la petite famille Khrapunov et de sa fortune (voir encadré ci-dessous). Iliyas, le fiston, y est présenté comme le

président de Swiss Development Group, actif dans les projets im-mobiliers pour nababs. Il vient de s’offrir l’Hôtel du Parc au Mont-Pèlerin, « qu’il veut transformer en 24 résidences hôtelières privées de luxe. » Et « Khrapou » veut aussi mettre le grappin sur la Rade de Genève (Tribune de Genève, 15.06.10).

Projet en Rade Son idée ? Un hôtel, une dizaine de restaurants ou cafés, une dis-cothèque, des cinémas, un spa, un aquarium géant et un musée consa-cré à… Alinghi ! Total 150 millions, et 500 emplois permanents, promet le Kazakh. Et on ne lésine pas sur la promotion, chez les promoteurs.En janvier 2010, lui et ses sbires co-lonisent en effet la place du Rhône où ils installent une méga-bulle transparente. Sous la bulle, la plage : sable, transats, canapés blancs…

Le PDC genevois            tourne kazakhAssociation de malfaisants Avec le soutien intéressé de ses nouveaux petits amis démocrates-chrétiens, le richissime Iliyas Khrapunov veut se payer la Rade pour la transformer en Disneyland pour nantis.

C’est l’opération « Ma Plage », 260 000 francs claqués en anima-tions, petits fours et champagne pour séduire Genève. Les promo-teurs expliquent sans rire qu’il s’agit d’une « démarche citoyenne, destinée à valoriser Genève-Plage au profit de tous les Genevois ». En réalité, le Kazakh et ses amis du cru veulent transformer la Rade en pompe à fric.Sauf qu’au bout d’un mois, « Ma Plage » prend l’eau. Le Conseiller d’Etat libéral Mark Muller dément tout contact officiel avec Swiss Development Group ; le Directeur des constructions critique la den-sité excessive du projet ; et le radi-cal François Longchamp, chef du gouvernement, assène : « Ce serait comme la construction d’une belle tour sur la plaine de Plainpalais. » Nonobstant, les bons amis gene-vois de Khrapou ne désarment pas. Au printemps, c’est le journal gra-tuit GHI qui prend le relais, avec une pleine page d’amour effréné pour Iliyas. « Un jeune homme ave-nant de 26 ans, au visage poupin et au français doux, teinté d’un accent chantant », frétille le rédenchef Charles-André Aymon. En réalité, Khrapou baragouine à grand peine

la langue de Rousseau (la TSR a dû sous-titrer ses propos lors d’un passage dans Mise au Point !) Reste qu’à lire la prose du dévoué Aymon, on se demande si le Kazakh n’est pas le Messie.La dernière opération de propa-gande en date est signée Enza Testa Haegi (voir encadré ci-dessous) dans le journal l’extension (13.04.10) :

elle annonce que le projet « Ma Plage », déguisé en « Genève-Plage pour tous », fera l’objet d’une initia-tive populaire portée par le Cercle des dirigeants d’entreprise (CDE). Qui édite l’extension, et qui préside le CDE ? Enza Testa Haegi, du PDC.

Chevrolet en pisteGuy Mettan, Charles-André Aymon, Enza Testa Haegi : les zélateurs de « Ma Plage » sont des amis person-nels d’Iliyas Khrapunov. Et derrière ce distingué quatuor, on trouve qui ? Michel Chevrolet. Du PDC. Journaliste, propriétaire d’une ga-lerie d’art humblement baptisée « L’Espace Chevrolet », il est aussi administrateur de ComChevrolet SA et candidat à la Mairie de Ge-nève. Sa page Facebook affiche 5000 « amis » (sans nul doute re-crutés avec ardeur) et 500 photos de lui, dont beaucoup prises lors de soirées du tout-Genève.Comme son nom l’indique, sa boîte ComChevrolet vend de la communication, notamment à de gros promoteurs immobiliers… Car Chevrolet adore l’immobilier, surtout en version chic. Parmi les administrateurs de sa boîte figure d’ailleurs Stéphane Barbier-Muel-

ler, de la régie Pilet & Renaud. Que du beau linge, quoi. Et Chevrolet, avec son grand copain Charles-An-dré Aymon (tiens ?), s’est rendu en mars dernier au Marché Internatio-nal des Professionnels de l’Immobi-lier, à Cannes. Très glamour, photos sur Facebook.Mais ComChevrolet vise d’autres clients que les bétonneurs, à en croire son site web : « Vous êtes un parti politique, une association, un lobby, un acteur de la vie publique ou encore une entreprise ? Com-Chevrolet vous propose de vous accompagner dans vos objectifs de réussite (…) Préparation de projets de loi (…) Aide aux lobbies pour faire passer leur message de manière efficace. » Et parmi les intervenants formateurs proposés par la boîte, on retrouve Guy Mettan, quelle surprise.Michel Chevrolet ne souhaite guère qu’on sache qu’il pilote la stratégie de communication d’Iliyas Khra-punov. Et qu’on se demande si Khrapunov, en bon client de Com-Chevrolet, alimente sa caisse de campagne ?Car c’est bien Michel Chevrolet le marionnettiste. L’immobilier, l’am-bition politique et le fric, trois fi-celles du personnage. Avec Iliyas, Chevrolet a trouvé une vache à lait : flairant l’oseille, il a activé son réseau PDC pour cou-ver avec une touchante attention le jeune Kazakh et l’aider à se lan-cer dans les affaires. Si ça marche, Michel et ses potes démocrates-chrétiens pourront danser jusqu’au bout de la nuit dans le carré VIP de la future discothèque du Kazakh.L’ennui, c’est que ce joli scénario est éventé. Et que pour Chevrolet et sa bande, les pires ennemis sont sans doute tapis dans sa propre famille politique. Ses rivaux de la frange chrétienne du PDC goûtent peu, en effet, le bling-bling et l’argent trop facile, et se montrent distants avec Khrapunov.Chevrolet et consort, eux, aiment les bons copains. Iliyas a déjà reçu, geste émouvant, sa carte de membre du PDC. En attendant un passeport tout neuf, rouge à croix blanche. Interdit d’entrée au Kazakhstan sous peine de finir au goulag, l’exi-lé a trouvé à Genève une nouvelle famille et de vrais amis, tous tota-lement désintéressés. C’est beau, la charité chrétienne.

Marc Duvillard

Faits divers et variés

Capitaux en fuite« Dans les années 90, en empruntant 700 dollars, ma mère a ouvert la 1ère

radio-TV privée du Kazakhstan ». C’est ainsi qu’Iliyas Khrapunov explique l’origine du pactole familial. Simple, non ? Maman Leila aurait ensuite fait des affaires juteuses en vendant des montres suisses. Papa Viktor, lui, était maire d’Almaty, la capitale écono-mique kazakh. Accusé de corruption, il a fui son pays en 2008, pour se réfugier à Genève avec son épouse. Et avec 400 millions dans ses valises.

Testa dureEnza Testa Haegi est coutumière du douteux mélange des genres. Organi-satrice du salon pour décideurs « Place des Affaires », elle y avait en 2007, en pleine campagne présidentielle française, octroyé un stand de recrute-ment à des militants de l’UMP. Malgré les critiques d’alors, rebelote en 2010 : elle lance l’initiative « Genève-Plage pour tous » au nom du Cercle des Entreprises. Sur quoi la députée libérale Fabienne Gautier lui reproche, sagace, d’utiliser le Cercle à des fins politiques, et démissionne. Du côté de l’Entente et des milieux économiques, les attaques fusent aussi. Et deux fois déjà, les Genevois ont sanctionné Enza dans les urnes. En 2009, elle a même fini au 21e rang sur 24 de la liste PDC au Grand Conseil. Tous des ingrats !

Casaque [kazak] n.f. Origine inconnue : probablt du turc quzzak ou Kazak « aventu-rier ». Vêtement de dessus à larges manches. ♦ Voir sous : veste (prendre une).

Le petit  Vigousse de la langue française

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Vigousse vendredi 18 juin 2010

Caramba, encore raté ! Le Ré-seau Santé Valais (RSV) doit en bouffer ses cataplasmes !

Sa conférence de presse du 9 juin à l’Hôpital de Sion a fait un flop. Pourtant, il fourbissait sa contre-attaque depuis des semaines : on allait leur fermer leur clapet, à ces empaffés de Serge Sierro et Jean-Claude Pont qui ont mis à jour, et sans anesthésie, les métastases de la santé valaisanne. Pour être certain de faire éclater enfin sa vérité, le RSV avait fait appel à une boîte de communi-cation, la société Dynamics group basée à Zurich, Berne et Genève. Au total, une trentaine d’employés qui savent comment gérer l’infor-mation quand ça chauffe pour

450 millions de francs : il n’en faudrait pas plus,

dans un premier temps, pour se doter d’une Armée de l’air suisse (ASS) efficiente. Au lieu d’acquérir à coups de milliards des Rafale ou des Eurofighter Typhoon à 100 mil-lions d’euros pièce, contre d’incer-taines « compensations » qui ne profiteraient guère qu’à quelques industriels et à leurs actionnaires, on peut très bien opter pour des solutions dix fois moins onéreuses, cent fois moins bruyantes, mille fois plus écologiques et dix mille fois plus performantes !Le concept n’a rien de farfelu. C’est celui de la Suède, un pays plutôt neutre lui aussi, et qui a pour but de défendre son espace aérien. Il y a d’ailleurs bien des Etats qui ne de-mandent rien d’autre à leurs forces aériennes. Mais un seul s’obstine à tout faire à l’envers : la Suisse ! Au-dessus d’un territoire de 400 km

Une fusillade dans une prison du Mexique provoque des dizaines de morts. Champ Dollon retient l’idée.

aérienne, identifier un appareil à 350 km de distance et couvrir une aire de plus de 700 km de diamètre. Il est capable aussi de guider des chasseurs et des missiles Meteor. Il remplace ainsi tout un lot de F/A-18 bruyants, gourmands et polluants, pour dix fois moins cher !Côté avions de combat, les mêmes

par 300, à quoi peuvent bien ser-vir des engins comme le F/A-18, et les nouveaux joujoux qu’on veut nous enfiler, conçus pour « se projeter » à des milliers de kilo-mètres ? A quoi sert l’actuel sys-tème de couverture radar du pays, qui impose d’avoir des dizaines de ces monstres pour pouvoir en garder quatre en l’air (aux heures de bureau), qui ne « voient » qu’à 120 km à la ronde ? A rien, sauf à coûter les yeux de la tête et à se payer celle du contribuable. Les Suédois, eux, ont opté pour une surveillance par avion radar. C’est bête comme chou, et il n’y a que nos galonnés (et nos politiques) pour être obtus au point de ne pas l’envisager. Vigousse (19.02.10) en avait déjà parlé, sans éveiller leur intérêt : on en remet donc une pe-tite couche.Un seul avion radar Saab 2000 Erieye, par exemple, peut effectuer 18 heures par jour de couverture

Sauvetage national Tandis que le pauvre Ueli Maurer, chef de notre glorieuse Armée, patauge dans ses concepts médiévaux, d’autres réfléchissent sérieusement et sans œillères. Et ils proposent des solutions simples et raisonnables, ces fous !

Chirurgie plastique Malmenée par les polémiques, la direction du Réseau Santé Valais a mandaté une agence de communication. Mais la greffe n’a pas réussi.

Faits divers et variés

Suédois fabriquent aussi un ap-pareil idéal pour la Suisse. Com-paré aux Rafale et Eurofighter, leur Gripen NG est ultrarapide en décollage d’urgence, hyper maniable, super discret, bon marché à l’achat, deux fois moins cher à l’entretien. Et c’est le seul à entrer dans les hangars de l’Armée suisse ! Evidem-ment, que des mauvais points pour nos têtes à képi. Le Gripen NG pourrait aussi être appuyé par le plus petit avion de combat polyvalent du monde, le Tejas, construit en Inde et très avantageux. Ainsi, avec 14 Tejas, 6 Gripen et 3 Saab 2000 Erieye, pour un coût global inférieur à 2 mil-liards, la défense aérienne serait parfaitement assurée, comme dans d’autres pays moins dé-biles. En prime, des nuisances sonores et des émanations de CO2 largement moindres... Mieux : à court terme, un Erieye à 250 millions, quatre Gripen

A/B à 200 millions, avec nos ac-tuels trente-trois F/A-18, feraient parfaitement l’affaire. Une affaire à seulement 450 millions. Forcé-ment, pour une superpuissance comme la Suisse, ça fait un peu crapoteux.

Patrick Nordmann et Bertil Rouiller

Opération à cœur fermé

les fesses de leurs clients. Mais tout ce beau monde s’est planté : même le Nouvelliste, c’est dire, n’a été qu’à «demi-convaincu » par le show. Que cet « organe officiel » du RSV se mette à faire dans la nuance, c’est pire que mauvais signe !Et pourtant, le RSV avait fourni des chiffres aussi vrais que véri-fiés, juré craché ! Au point que les pauvres journalistes présents disent avoir été gavés comme des oies auxquelles on aurait fait in-gurgiter de la fondue au Nutella additionnée de crème double de Gruyère. Avec 50 pages de don-nées chiffrées, plus le rapport de gestion de 80 pages, l’indigestion était à craindre.

« Le Baptiste c’est un expert de la femme ! »

Témoignages bruts recueillis dans un organisme voué à l’intégration profession-nelle et scolaire de jeunes à faible niveau de qualification (« bas seuil »), dans une bourgade du terroir profond romand. Prénoms fictifs, mais personnages réels et dialogues authentiques.

Recherche d’emploi ou d’apprentissage en séance de groupe. Comme souvent, la discussion glisse vers d’autres sujets, toujours les mêmes.

– Ben moi, fait Baptiste, 25 ans, si y a un truc qui me casse les couilles, c’est ces pétasses dans la rue qui te répondent pas quand tu leur adresses la parole. – Précise ta pensée, risque l’animatrice. – Ben tu vois une belle nana dans la rue, ou dans un magaze ou un endroit du genre ; tu t’approches et lui dis un truc genre : ah, ce soleil qui illumine votre silhouette, trop bien ! Et là, ces gonzesses je me la pète, elles te font un petit sourire et elles se barrent. Ben moi je trouve ça naze, c’est un gros manque d’éducation ! Franchement, c’est le minimum qu’elles répondent, qu’elles te remercient et qu’elles causent avec toi !– Tu n’as jamais pensé qu’elles n’ont peut-être simple-ment pas envie de parler à un inconnu qui les accoste en leur parlant de leur silhouette ? – Arrête, les nanas jubilent dès qu’un mec s’intéresse

à elles et en plus s’il leur dit qu’elles sont bonnes, elles se sentent plus dans leur culotte ! Le reste du groupe glousse. Excédée, la répondante s’entête : – Donc si je comprends bien, elles sont si flattées par tes compliments qu’elles ne te répondent pas, c’est bien ça ? – Mais non, tu confonds tout… Je te la fais plus claire : le Baptiste cause à une nénette dans la rue. Bon, si elle répond, c’est une vraie gonze qui sait ce que c’est la vie et le plaisir. Par contre, si elle la joue genre c’est qui cette racaille qui ose me parler, et bien ça c’est typique la pouf frustrée qui aurait vraiment besoin d’un bon coup de… – OK OK, arrête là, c’est l’heure de la pause, inter-rompt la responsable, fatiguée de ces échanges ré-pétitifs. En se levant, le jeune homme conclut :– Oh allez, sois pas vexée, c’est pas de ma faute si le Baptiste c’est un expert de la femme !

Lily

DéblocusÇa va beaucoup mieux pour les Palesti-niens de la Bande de Gaza. L’Etat hébreu a généreusement levé le blocus sur des produits vitaux comme les sodas, la confiture, la mousse à raser et même les bonbons. Reste plus qu’à lever l’interdic-tion sur les décapsuleurs, les croissants et le beurre, ainsi que sur les rasoirs et les dentistes.

HanniloindubalMaintenant que Max Göldi est rentré, on attaque dur du côté de Genève. Le MCG a déposé une motion pour que « Hannibal Kadhafi soit déclaré persona non grata sur le territoire de la Répu-blique et canton de Genève ». Déjà que la Tribune de Genève ne voulait plus le voir en photo !

Anschluss punkt !Le canton du Jura ne juge par urgente la formation d’un grand canton de l’arc jurassien qui le réunirait au Jura bernois et à Neuchâtel. « Crâ diable ! C’est ben vrai, qué : y a pas l’feu au lac de Neuchâbienne ! ».

Les rèves

Cornaqués par Dynamics group, les chefs du RSV ont ensuite re-connu devant les caméras de Canal 9 qu’on peut « améliorer certaines choses », histoire d’affi-cher leur ouverture d’esprit aux « bonnes » critiques. Rusé.Le tout manquait toutefois de conviction, malgré l’arrivée du cé-lèbre docteur Vincent Bettschart. Débarqué en blouse blanche pour bien montrer qu’il avait autre chose à soigner que les plumitifs, il leur a tout de même apporté sa bonne parole. Mais ça sentait plus la leçon apprise par cœur que les

mots sortis du cœur… Peut-être est-ce là le problème. Le RSV n’est que ce qu’il est : un gros machin froid, déconnecté de la réalité de ses patients. Du coup, on aura beau verser des dizaines de mil-liers de francs à la boîte Dyna-mics group, celle-ni ne pourra que tenter vaguement de changer la forme. Mais le fond restera, tout au fond !

Pierre-Pascal Chanel

Pitch

Mix

& Re

mix

Et si nous AVIONS raison ?

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Pigr

Non qualifiés pour la Coupe du monde, les Flamands jouent aux Wallons.

Enfin des révélations sur les « dessous » de l’affaire Hannibal. Ils sont très propres.

Chaque fois qu’un convoi de gens du voyage transite par notre beau pays, il laisse der-

rière lui des lieux couverts d’ex-créments. Voici quelques astuces pour empêcher les Gitans de faire caca partout.– Il n’y a rien de plus énervant, lorsque l’on reçoit des invités à la maison, de voir que certains en profitent pour faire caca dans vos toilettes. Est-ce qu’ils ne peuvent pas faire ça chez eux ? Il en va de même avec les Tziganes : ils n’ont qu’à faire leurs besoins avant et se retenir tant qu’ils sont sur sol helvétique. Ça les incitera à rester moins longtemps.

– On pourra admettre que les Ro-manichels aillent à selle dans la nature, mais à la condition qu’ils ramassent ensuite leurs déjec-tions dans des petits sacs en plas-tique. Comme ce sont des gens très sociables, ils ont coutume de déféquer en groupe. Et on les com-prend : faire caca au grand air est une expérience si enivrante que l’on a envie de la partager ! Aussi

Une chronique à chier 

serait-il facile à chacun de ré-colter la crotte de son voisin tandis qu’il ef-fectue sa propre grosse commis-sion.– Tous ces étrons répan-dus n’importe où représentent un gaspillage d’énergie. Car il est possible de produire du carburant avec les matières fécales. Il faut donc in-citer les Manouches à faire caca directement dans le réservoir de leur voiture. Cela demande un peu d’adresse, mais c’est dans leurs cordes.– Il existe une méthode hygié-nique pour se soulager partout et en toutes circonstances: la couche-culotte. Munis de couches, ils pourraient s’adonner à leur loi-sir préféré en tout lieu qui leur conviendra (dans la rue, sur la terrasse d’un café, à l’arrêt de bus) sans que cela dérange personne. On admettra que ceux qui sont trop pauvres pour se payer des langes soient autorisés à faire caca dans leur pantalon.

– A défaut de les empêcher de faire caca partout, on peut les encoura-ger à faire caca toujours au même endroit, ce qui simplifie déjà le nettoyage. Le plus simple pour y arriver est de forcer les gens du voyage à s’installer dans des mai-sons. Peut-être même qu’avec les années ils parviendront à utiliser des cabinets, si on leur montre pa-tiemment comment procéder. Moi par exemple, qui suis un Gitan sé-dentarisé, quand je fais caca, c’est toujours au même endroit. Toute-fois, mon épouse, qui n’est jamais contente, aimerait bien que ça soit ailleurs que dans la baignoire.

Professeur Junge

La vie c’est pas compliqué Le professeur Junge, phare de la pensée contemporaine, nous donne ses recettes pour sortir le monde du marasme. Cette semaine : comment empêcher les Gitans de faire caca partout.

Eclabousser  un max de mondeJ’ai entendu une méthode mar-keting de malade : « shit hits the fan ». Traduction pour les vieux qui entravent que dalle à la lan-gue de David Beckham : « ça va chier dans le ventilo ». En gros, dès qu’on te reproche des merdes, tu les mets dans le ventilo pour éclabousser un max de monde. Pas mal, non ? Jérôme Kerviel, le gars qu’a tau-pé des milliards à sa banque, lui, se défend comme ça et dit que tout le système est moisi, et que de toute façon, ses patrons sont des gangsters. Moi je fais pareil. L’autre jour, mes parents m’ont chopé en train de fumer. Alors je leur ai dit que mon frère fumait aussi, que mon prof de français me servait d’exemple (même s’il est chauve), que l’industrie du tabac faisait de la pub chez les jeunes et que le kiosquier m’avait fait une réduc’. Du coup, c’était plus si grave. Par contre, j’ai encore rien dit pour mon piercing au téton et là, « shit hits the fan » ou pas, ça risque de chier des bulles.

Les vieux sont cons

Walter, 16 ans

Mais ça va, la tête ? Le Carambar, au siècle des siècles et pour l’éternité, c’est rectangulaire, dur et ça nique

les dents. Et on cesse de les piquer chez le marchand vers nos douze ans. Vous savez ce qu’ils ont fait, ces salopards ? Ils ont sorti des Carambars cubiques, dans un paquet. Et avec du chocolat autour, en plus. Une tuerie, en vente à la Poste… La Poste ! Honneur et fierté de notre pays, si c’est pas malheureux ! Bref, le truc existe en deux goûts différents : le paquet « saveur praline » m’a fait deux heures. Les symptômes de manque se sont fait sentir pas même trente minutes après. Mais la Poste était fermée. Pas de dealer, pas de came…

Rendez-nous les Carambars d’antan !N’importe quoi ! Ils nous ont fait des Carambars cubiques...

Le siège de la société Trafigura se trouve au numéro 2 du quai de la Poste à Genève.

L’endroit est plutôt propret. Bien plus, en tous cas, que les côtes ivoiriennes, dégueulassées par la faute de cette société dont la di-rection financière et stratégique baigne dans les eaux pures du bleu Léman.Trafigura organise le trafic des pro-duits pétroliers. En 2006, le rafiot Provo-Koala (forcément sous pa-villon panaméen et forcément avec un équipage russe, c’est toujours comme ça dans ce genre de cas) va déverser au large d’Abidjan une demi-tonne de résidus pétroliers toxiques. Il s’agit de mercaptan, un mélange de rebuts de pétrole

procès va durer cinq semaines. Au siège de la société, Dauphin et son associé Eric de Turkheim (tous deux anciens bras droits du sulfu-reux Marc Rich !) la jouent profil bas. Pas question de répondre à nos questions. Tout juste est-on renvoyé à une société de relations publiques, en Angleterre ! Pourquoi les Romands, et notam-ment les Genevois, plutôt sen-sibles aux thèses écologistes, ne manifestent-ils pas davantage leur hostilité vis-à-vis d’une société qui pourrait contester à BP le titre de champion des gros dégueulasses ? « Nous n’avons tout simplement pas répercuté le fait que Trafigura, so-ciété de droit hollandais, possède, en fait, son centre décisionnel à Genève », reconnaît Jean-René Hulmann, secrétaire général des Verts du canton de Genève. En effet, pour payer beaucoup moins d’impôts, Trafigura concentre ses activités en Suisse, à Genève et à Lucerne. D’ailleurs, Claude Dau-phin a publié un livre en 1998 inti-tulé Le Guide vraiment pratique des paradis fiscaux. Gros dégueulasse ET gros profiteur.

Ian Hamel

Dans le delta du Niger, les marécages poisseux s’éten-dent à perte de vue. L’air

empeste le fuel et les végétaux pourris. Récemment, c’est un des innombrables oléoducs qui sillon-nent le delta qui a rompu, vaincu par la rouille et l’absence de main-tenance. Pendant des mois, le pé-trole s’est échappé à gros bouillons. Mais là, pas de scientifiques en te-nue blanche étanches, pipettes à la main ; pas de kilomètres de bou-dins de confi-nement dé-roulés par des centaines de bénévoles ; pas de directeur de société pétrolière expliquant avec candeur que la nouvelle solution mise en œuvre serait la bonne.A l’autre bout de l’Atlantique, dans le noir abyssal du Golfe du Mexique, ce qu’il reste de la sta-tion de forage BP (à peu de choses

compagnies : « Elles veulent notre mort. En deux ans, nous avons subi dix marées noires et les pêcheurs ne peuvent plus nourrir leurs familles ! C’est intolérable ! ».Mais le delta du Niger et ses 606 champs pétrolifères, c’est 40% du total des importations américaines de brut : alors, que la population locale ait à subir quelques dom-mages collatéraux, Shell s’en tam-ponne le coquillage !Source principale : un article de John Vidal dans « The Guardian », paru le 3.6.2010.

Catherine Avril

Marée noire blanche et marée noire noire

près, un très très gros tuyau éven-tré) continue de vomir sa bile. Mais là, tout le monde se presse et s’empresse. Barack Obama le premier, chemise immaculée et manches relevées, vient mesurer l’ampleur de la boulette sur les plages. Tous les experts ès forage sont là : après le puits de dériva-tion, la cloche en métal, le giga-bouchon, le coffre en béton, que vont-ils inventer ? Une petite bombe H par là-dessous ?

Quelques-uns des ingénieurs qui s’ingénient dans le golfe du Mexique pour-raient être dépê-

chés dans le golfe de Guinée : les autorités nigérianes ont recensé officiellement plus de 7000 ma-rées noires entre 1970 et 2000, et 2000 grands sites de pollution, la plupart ravagés depuis plusieurs décennies.

Un monde de brut Tandis que la planète a les yeux rivés sur les rivages de Lousiane et de Floride, les marées noires se succèdent en Afrique de l’Ouest, dans l’indifférence générale. Le golfe de Guinée n’est pas celui du Mexique.

Gros dégueulasses à GenèveLe fondateur de Trafigura qui, iro-nie du sort, s’appelle M. Claude Dauphin, domicilié à Genève, se retrouve en prison à Abidjan pen-dant cinq mois. Pour en sortir, il doit allonger 152 millions d’euros. Aujourd’hui, sa société se retrouve devant la justice d’Amsterdam, accusée « d’exportation illégale de déchets, de dissimulation de leur dangerosité et de falsification ». Le

et de soude caustique ! Sans doute le liquide le plus nauséabond que le génie humain ait ima-giné. À côté, une boule puante dégage une odeur de violette. Le scandale est planétaire. Des dizaines de milliers d’Ivoiriens souffrent de malaises et de nausées. Certains en mour-ront.

Semage de merde Le négociant Trafigura est actuellement jugé pour avoir, en août 2006, déversé 500 000 litres de déchets toxiques en Côte d’Ivoire. De quoi rendre malades des milliers de personnes et même en tuer seize !

Femme, ma sœur, écoute moi bien et fais ce que je te dis : n’achète PAS ces Carambars, tu deviendras accro, négligeras ton mari, tes en-fants, puis tu ne feras plus le mé-nage et ce sera le début de la fin de la Civilisation telle que nous la connaissons.Mot d’ordre vigoussien pour cette semaine : boycott total des Cub’s (c’est comme ça que les sagouins l’ont nommé). Ne sont autorisés que les vrais Carambars : rectan-gulaires, durs et qui niquent les dents.

Ariane Ferrier

Du côté de chez Shell, maître des lieux, le silence prévaut. Impos-sible de connaître la quantité de pétrole qui se répand au Nigeria : pour ce qui est de l’information au moins, pas la moindre fuite ! Deux enquêtes indépendantes ré-centes estiment cependant qu’il se déverse chaque année dans la mer, dans les marais et sur terre, le vo-lume qui a fui jusqu’à présent dans le golfe du Mexique. Dans les communautés rurales du delta, dont la moitié n’a pas accès à l’eau potable, l’espérance de vie est tombée à 40 ans depuis deux générations. Un chef de village ré-sume avec sobriété l’attitude des

Bien profond dans l’actu !Faits divers et variés

Marée noire au Niger (dans un tunnel)

Pigr

Caro

Faro

Et la couche-culotte ?...

Shell s’en tamponne  le coquillage

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98 Traits percutants Payez-vous un dessinateur sur www.vigousse-dessine.chSelon un sondage, les Suisses sont favorables à l’adoption pour les couples homos. Comme dirait Pierre Perret : « Merci papa ! Merci papa ! »

Vigousse vendredi 18 juin 2010 Vigousse vendredi 18 juin 2010

L’indépendantiste flamand Bart de Wever

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Ouverture du Mondial 2010. Mandela absent, mais Vuvuz est là !

Les bricolages de Tonton Pierrick

O. & D.

RUHE BITTE !Ordre et Discipline n’admet pas l’attitude

festive du peuple allemand suite aux victoires de son équipe de football. Les drapeaux ça va, alignés de préférence ;

mais klaxonner, chanter, danser et hurler est indigne de cette grande nation.Déjà, on n’y croit pas une seconde.

La Germanie n’est pas crédible quand elle singe la joie naïve des pays du Sud.

Le football, tout le monde le sait, est le sport favori des peuples déshérités. Seuls

les sous-développés sont donc portés à exprimer avec exubérance leur illusion

d’avoir pris une revanche sur la vie et sur l’histoire.

Mais l’Allemagne ? Ridicule. S’abaisser à imiter les bas instincts des pays méridio-naux est indigne. Pays du Nord, faites-vous

honneur ! Gagnez en silence, souverains et altiers. Et laissez le reste du monde faire

joujou avec leurs vuvuzelas. Ça permet, en même temps, de les garder à l’œil.

C’est marrant, plus l’année avance, plus j’ai l’im-pression que tout fout le

camp. D’abord les pyjamas Calida (voir Vigousse du 5 mars), ensuite ma femme (voir avec elle) et main-tenant la vignette vélo (voir ci-des-sous)!Il faudrait quand même voir pour ne pas nous retirer tous les sym-boles identificatoires auxquels le peuple Suisse se raccroche depuis si longtemps. Une majorité de parlementaires a décidé en début de semaine que le fameux timbre adhésif pour vélos n’avait plus sa raison d’être. Mais de quel droit ? Et quelle idée farfelue ! Enlever la vignette aux cyclistes, ce serait un peu comme empêcher un fan d’Iron Maiden de porter des t-shirts moches. Ou un fan de foot d’acheter ses paquets de Panini. Ou un admirateur de Bernard-Henri Lévy de ne pas réfléchir. Non, trop c’est trop !Messieurs les parlementaires, j’at-tends ma vignette vélo chaque 1er janvier de chaque année depuis l’âge de 5 ans. De quelle couleur sera-t-elle ? Son design aura-t-il changé ? Un nouvel hologramme y apparaîtra-t-il ? Arriverai-je à la coller par-dessus la pré-

cédente sans que cela ne se voie ? Et son prix, aura-t-il augmenté ? Autant de questions auxquelles je resterai sans réponse à l’avenir si

vous laissez cet emblème du dé-passement de soi, au sens anago-gique du terme, se mourir comme une vulgaire cocarde inféconde et superfétatoire.Loin de moi l’envie ou le désir de mettre les pédales au mur pour le

moindre changement. Je ne suis pas de ceux que l’évolu-tion irrite ou que la coutume obsède, mais ça… ça… non ! Messieurs les parlementaires, au risque de me répéter, la vi-gnette vélo est, et doit rester,

l’étendard d’une légitimité inter-véhiculaire inconditionnelle pour tous ! Sachez, messieurs les parle-mentaires, que j’irai jusqu’au bout, quitte à me battre chambre à air au poing, pour me faire le porte-drapeau de ce petit adhésif coloré lourd de tellement de sens pour le peuple Suisse. Sachez, messieurs les parlemen-taires… que… je… Oh pis merde ! Vraiment, j’aurais essayé de me battre avec fougue et conviction pour quelque chose, mais franche-ment j’y arrive pas. Désolé, ce n’est pas dans ma nature. Foutez-moi donc ces vignettes à la poubelle et qu’on n’en parle plus.

Tonton Pierrick

La vignette était presque parfaiteSécurité Les cyclistes privés d’autocs à vie.

Bien profond dans l’actu ! Affaire Kadhafi : la police genevoise sera jugée par un tribunal international à Berlin. « Nous afons les moyens de fous faire barler ! »

Troisième leçon : pourquoi y a-t-il autant de supersti-tions autour du football ?

On sait depuis longtemps que les sportifs en général ne sont pas les personnes les plus rationnelles du monde. C’est que le talent, le phy-sique et l’entraînement ne suffi-sent pas toujours pour gagner : la chance joue souvent un rôle plus important qu’on le souhaiterait. Mauvaise humeur, terrain pourri, arbitre à l’ouest, burrito mal di-géré, temps humide… nombreux sont les aléas qui échappent com-plètement au contrôle des hommes (oui, dans le cas contraire ce ne seraient pas des aléas, bravo aux lecteurs qui suivent). Et c’est ici qu’intervient la superstition. Des-cendante directe de la pensée magique et de la sorcellerie, elle donne l’illusion de conjurer ce que les journalistes sportifs ont décidé d’appeler « la glorieuse incertitude du sport » pour épater les confrères de la rubrique économique qui se moquent d’eux.

regarde. Et d’ailleurs, qui peut af-firmer que dans ce fatras de porte-bonheur abracadabrants il n’y en a pas un qui marche ? A-t-on jamais mesuré scientifiquement l’effica-cité des superstitions ?

Le football, donc, est particuliè-rement riche en superstitions. Comme les Bleus d’antan qui bai-saient le crâne de Barthez, bien des stars du ballon ne se séparent pas de leur gri-gri, ne changent pas de sous-vêtements pen-dant tout un championnat, suivent un rituel élaboré pour mettre et lacer leurs chaussures, etc. Et que dire des innombrables signes de croix qu’on doit se far-cir à chaque match, comme si le créateur de l’univers était concerné par un tournoi dérisoire au milieu d’une minable planète perdue dans une galaxie mineure… Et même si c’était le cas, quand le tireur de penalty se signe en même temps que le gardien en face, le secours di-vin ne peut être qu’à moitié efficace. Bref, tout cela est ri-sible. Mais après tout, ce sont les joueurs qui jouent, s’ils croient à la magie noire, ça les

Superstition La semaine passée, on a vu que si les joueurs sont souvent un peu bas du front, la faute n’en revient pas exclusivement aux coups de ballon sur la tête. Comment expliquer alors certaines de leurs croyances absurdes ?

Instruisons-nous avec le football  3Leçon

Réputé pour son langage fleuri, Wayne Rooney ferait bien de se méfier. La FIFA a en effet imposé

aux arbitres appelés à fonctionner pendant le Mondial d’apprendre « au moins vingt injures en anglais ». Ceci dans le but, évident, de pouvoir sévir au moindre écart de langage. Les Suisses respirent : aucun directeur de jeu n’a souhaité suivre des cours de schwyzerdütsch.

Le déjà trop fameux vuvuzela ne fait pas que crever les tympans des joueurs et des téléspectateurs. Selon

le Dr Ruth McNerney, membre de la Faculté de médecine de Londres, « ces instruments ont la capacité de propager l’épidémie de grippe saisonnière » qui sévit actuellement en Afrique du Sud. Et d’expliquer que « lorsque l’on souffle dedans, des aérosols susceptibles de transporter des virus passent par la trompe et restent en suspension dans l’air plusieurs heures. » Il n’y a plus qu’à attendre que les souffleurs de vuvuzela soient tous au lit avec une bonne grippe.

Les joueurs serbes ont fait pression sur leur Fédéra-tion pour obtenir l’aide de Mariana Kovasevic, une

doctoresse qui, il y a peu, avait fourni à quelques joueurs anglais une potion magique à base de placenta de jument susceptible de guérir certaines blessures à toute vitesse. De là à transformer des ânes en pur-sangs...

Jeudi de la semaine dernière, une vingtaine d’hommes munis d’armes automatiques ont fait

irruption dans une clinique de désintoxication de Chihuahua, dans le nord du Mexique, en se faisant passer pour des membres des forces de l’ordre. Ils ont aligné contre un mur les 19 patients âgés de 18 à 25 ans, et ils ont ouvert le feu. Pour perpétrer ce carnage, les assassins ont profité de l’absence du président mexicain Felipe Calderon, parti assister à la rencontre Afrique du Sud-Mexique. Calderon, qui s’est fait le champion de la lutte contre les narcotrafiquants, a qualifié cet acte de « barbare et monstrueux ». Au jeu de balles, c’est sûr, les Mexicains sont champions du monde.

Ex-chanteuse du groupe de musique pop britannique S Club 7, Rachel Stevens est l’égérie d’un parfum

lancé à l’occasion du Mondial et qui, selon son créateur « évoque les odeurs des terrains de foot, de l’herbe fraîche, du vent de la mer au large du Cap et fait référence au musc de la sueur ». Ça puerait pas un peu l’opportunisme, aussi ?

Au classement de Wags (wives and girlfriends), Zaira Nara, la compagne du joueur uruguayen

Diego Forlan, a battu de justesse Hayet Kebir, épouse du défenseur français Eric Abidal. Sa prochaine adver-saire sera Marisol Gonzales, la petite amie du Mexicain Cuauhtemoc Blanco et candidate au titre de Miss Univers 2003. Madame Ribéry est hors-jeu.

Et ce sera tout pour cette semaine.

Roger Jaunin

Fils de buts

En fait, oui. Et apparemment, ça marche. C’est ce qu’ont démontré des chercheurs de l’université de Cologne. Aussi incroyable que ça puisse paraître, activer une supers-tition bête comme croiser les doigts, ou être muni d’un gri-gri person-nel, améliore les performances à un jeu de golf miniature, à une

tâche de dextérité motrice, et même au jeu Memory et à la résolution d’ana-grammes. Incroyable ! La réalité des forces ma-giques de la superstition

a donc été démontrée en la-boratoire ! Bon, pas vraiment en fait. Le mécanisme est un peu plus terre-à-terre : la croyance supersti-

tieuse est simplement associée à une perception plus flatteuse de nos propres compétences et induit des ambitions plus grandes ainsi qu’une plus forte

persistance. En d’autres termes, la superstition en elle-même motive à mettre la barre plus

haut et à s’obstiner à atteindre ses objectifs. Et ce type d’attitude, ô surprise, donne souvent des ré-sultats.Qui aurait cru que toucher le crâne de Barthez pouvait avoir

ce type de vertus, vu ce qu’on trouve à l’intérieur ?

Sebastian Dieguez

1 Pour bien réussir ta lampe de poche géante et pratique pour la nuit, il te faudra : 1 litre de bière, 1 joint d’herbe, une monstre poche, et un lampadaire.

2 Commence par acheter un lampadaire chez ton marchand de lampadaire

préféré, et pose-le sur ta table de nuit.

3 Puis fume ton joint et bois ton litre de bière d’une traite pour t’endormir

rapidement.

4 Ensuite éveille-toi en pleine nuit, une folle envie de pisser au ventre,

et cours aux toilettes à la lumière de ton lampadaire.

5 Bravo ! Si tu as bien suivi mes conseils, tu possèdes maintenant une lampe

de poche géante pratique pour la nuit.

Fabrique-toi une lampe de poche géante et pratique pour la nuit! 

Coco

Barri

gue

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Vigousse vendredi 18 juin 2010

Bambi mort depuis un an. Son vétérinaire, Conrad Murray, comparait devant ses juges.

Hors des casinos, le poker passe à l’as.Culture et déconfitureBien profond dans l’actu !

Vous êtes des milliers à aller observer ces boutonneux qui muent et bourgeon-

nent. Même les critiques les plus féroces s’unissent pour crier au génie. Bref, voir des ados au ci-néma, c’est top. Par contre, les vrais teenagers de 12 à 18 ans, quand on les croise dans un centre commercial ou en train de traîner dans les escaliers des parkings, sont plus proches de la graine de délinquants que de l’image glam’ de jeunes premiers. Regardez-les, ces ados encapuchonnés, espèces de grands trucs en forme de « S » mou attendant le bus, clope au bec et iPod en tête. C’est là que l’hu-

aviez affaire. » Traduction : vous pensiez que c’était des cons d’ados comme les autres, mais non, ils sont exceptionnels, vu qu’on les a filmés.

Le Histrio

Romans d’ados 1234, documentaire de Béatrice Bakhti.

main régresse, un peu plus singe et un peu moins sapiens. La jeunesse, on en meurt ou on en reste idiot. La preuve, la semaine passée, un ex-jeune entame son article sur ce film dans un quoti-dien romand par : « Peut-être avez-vous croisé Aurélie, Xavier, Virginie ou Thys dans une rue de Suisse ro-mande. Sans soupçonner à quelles personnalités riches, fortes vous

Les ados Mieux vaut les voir au cinoche qu’à la maison. C’est ce qu’a compris Béatrice Bakhti, qui a filmé sept spéci-mens de l’espèce pendant sept ans.

Le docu de l’acné Crétins des alpagesSuite aux mesures de protection des animaux, les vaches et les taureaux paissent désormais en liberté. C’est ce qu’a appris incidemment un couple de touristes allemands en excursion dans le canton de Schwyz. Ils se sont retrouvés encerclés par un troupeau de bovins. A la nuit tombée, toujours bloqués, ils se sont décidé à appeler la police qui est venue les libérer. Comment dit-on « Mort aux vaches » en suisse allemand ?

Gang Bang !D’après 24 heures, c’est parce que les voleurs avaient démoli, dans un carambolage, les bolides volés à Lyss, qu’ils sont retournés le lendemain en Suisse pour en piquer d’autres. Avec l’issue fatale que l’on connaît pour l’un d’entre eux. Comme quoi, la prime à la casse n’a pas que du bon.

Les rèves

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Abo Vigousse, Case postale 135, 1025 Saint-Sulpice | 021 695 95 81 | [email protected] | www.vigousse.ch

Soul

asPoète et paysan… de quoi faire ri-

mer culture et agriculture. Lui rêve de faire du cinoche, il se retrouve à

trier le foin et panser des génisses dans une ferme du Nord-Pas-de-Calais. Tout ça pour les beaux yeux de la fille du fermier, avec qui il compte bien convoler en justes

Campagne pour tout le monde !

Star’nac ?

Vers de terre Réalisateur, il y a fort long-temps, de La minute essentielle de Monsieur Cyclopède et lauréat du prix Femina en 2008, Jean-Louis Fournier publie Poète et Paysan. Un petit récit, presque essentiel.

Palmes Un académicien déchu s’en sort avec les honneurs.

Il est loin le temps où Patxi (prononcer Patchi) passait à la Star Academy sur TF1. Sept ans plus tard, le chanteur

basque ne nous les lâche pas, avec son se-cond album Amour Carabine, qui passe en boucle sur les ondes. Désormais indépen-dant, il peut s’asseoir décemment dans le salon des ACI, les auteurs-compositeurs-interprètes, sans se farcir les hurlements hystériques des groupies de prime time.Amour Carabine se rapproche de la maî-trise de l’album Fantaisie militaire de

FILMS

Une couille dans le potacheQuand Michaël Youn, l’ex-trublion montreur de fesses du Morning Live sur M6, reprend son personnage de Fatal Bazooka, rappeur bling-bling, il donne forcément davantage dans le gros potache qui tache (pipi, caca, vomi...) que dans l’introspection bergmanienne. Le truc le plus subtil du film, c’est sans doute le nom de l’héritière-bimbo, Athena Novotel... Mais les meilleures plaisanteries sont les plus courtes et ce qui peut amuser dans ses clips parodiques (Parle à ma main, Fous ta cagoule...) consterne sur la longueur d’un film. A force de tirer sur tout ce qui bouge, Youn rate toutes ses cibles. Pour la précision, le bazooka n’est pas le plus indiqué. Fatale erreur !

Fatal de et avec Michaël Youn. 1 h 35.

Série je t’aime, série je t’adorePour ceux qui avaient pris une claque avec son « Narc », un polar qui tapait dans le mille, façon « Reservoir Dogs », le choix de Joe Carnahan pour adapter « L’agence tous risques » était une bonne nouvelle. Le feuilleton-télé embléma-tique des années 80 allait-il devenir un bon movie ? Dans l’ensemble oui. Le film conserve l’esprit bourrin de la série et en modernise la forme. Les fans d’Hannibal, Futé, Looping et Barracuda, ces quatre anciens militaires passés dans le camp des mercenaires-justiciers, ergoteront sur le casting à moitié réussi. Seuls Liam Neeson et Bradley Cooper, alias Hannibal et Futé, s’en sortent à peu près, mais tout cela reste du cinoche hollywoodien de samedi soir, un cocktail survitaminé d’action et d’humour plutôt testosté-roné, qui remplit efficacement sa mission. Le film, au contraire de la série, ne vous laissera pas sur le culte.

L’agence tous risques de Joe Carnahan, avec Liam Neeson, Bradley Cooper. 1 h 54.

Bertrand Lesarmes

L‘amour c’est mieux à deux :  remake numéro 3982 C’est du Nul. Co-réalisé par Farrugia et vaguement écrit par Dubosc, cette comédie romantique se passe très bien de spectateurs .On l’a déjà vu, ce film. Pas celui-là en particulier, mais ses lointains ancêtres des années 40 (style « Philadelphia Story »), 50 (ceux de Wil-der) ou plus récemment les angliches (les Hugh Grant d’il y a 15 ans). Version française d’un scénario passe-partout (mec rencontre nana, ils tombent amoureux, il la quitte, il regrette, elle aussi, ils se retrou-vent), réalisé sans imagination avec un Clovis Cornillac qui semble s’y emmerder, ce film est sauvé du ratage total par deux-trois gags vaseux, quelques répliques marrantes et un Manu Payet pétillant. Si vous soulez voir le même film en plus réussi, avec le même réalisateur, repassez-vous « Delphine 1 Yvan 0 » – ça a 10 ans, mais c’était vraiment mieux, que ce soit à deux ou à plus, si affinités.

Ben

L’amour c’est mieux à deux, de Dominique Farrugia et Arnaud Lemort, avec Clovis Cornillac, Manu Payet, Virginie Efira, et Anne-Lise Hesme, 1 h 39.

Cour

euil

noces. Ça démarre dans l’air du temps. Avec des phrases courtes, genre « je fais simple comme si je faisais pas de littéra-ture », une désinvolture toute parisienne de cultureux en mal de crottin. Plus Saint-Germain que des Prés, quoi. La na-ture ressemble toujours à un tableau : des brumes de Turner à l’Angélus de Millet en passant par les jungles du Douanier Rous-seau… Et puis finalement, c’est drôle et

poignant. Sincère et ironique dans la même seconde. Ça conclut un chapitre comme ça, après que le narrateur se fasse attaquer par la mère d’un poussin qu’il vient de sauver : « Conclusion : une

bonne action est toujours punie et les canes sont connes ». C’est bien fou-tu, bien construit. Ça se lit en une

heure, au coin du feu ou dans son lit. Et ça remet même quelques idées en place sur le destin. Ah, les bienfaits de la campagne…

Milou

Poète et paysan, Jean-Louis Fournier. Editions Stock, 155 p.

Bashung et le timbre de voix fragile de Patxi évoque Christophe, ce-lui des « Mots bleus ». Un disque simple et efficace qui se révèle beaucoup moins in-nocent et bien plus subtil à la seconde écoute. Une sensibilité exacer-bée à la française dans un univers musical anglo-saxon, c’est dans ce grand écart que Patxi nous offre onze chansons au parfum poétique enivrant. Comme quoi la Star Ac’ mène à tout, à condition d’en sortir.

Denis de Burbo

Amour carabine, Patxi. Label Atmosphériques.

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Vigousse vendredi 18 juin 2010 Vigousse vendredi 18 juin 2010

Mass merdia Indifférence pour le Tour de Suisse cycliste. Il faudrait que Cancellara fasse des étincelles.

ConcoursNotre album

presque complet !

igounini !ELIE THE STAR

SoPHIE AyER

STEEVE CHEVALLEy

Toi aussi participe !Envoie ta photo en format jpg à

[email protected] Tu paraîtras, peut-être, dans Vigousse.

Magazine de magasin

D’abord, il y a les repor-tages photo, pointus et accrocheurs : deux

pleines pages de viande bien rose en action, avec des brindilles de persil pour égayer. Ou des port-folios de produits de douche aux vertus les plus insolites – amin-cissantes, revitalisantes, aphrodi-siaques. Et nettoyantes ?Ensuite, il y a les concours d’écri-ture ou de photos, sur des thèmes fascinants comme « le plus joli pay-sage » ou « mon animal domestique chéri ». Concours de panier garni, de géraniums en pot, de grillade de cervelas. Chacun s’y retrouve, et les vendeurs de cervelas aussi.Palpitant aussi, le coaching-min-ceur online (accompagné de sa sérénade Weight Watchers), une nouvelle offre du magazine. Re-trouver sa ligne en ligne : ils sont forts, chez Coopération !Et puis il y a les sondages sur des sujets brûlants. Une des dernières éditions livrait ainsi au lectorat ébaubi les résultats d’une enquête sur cette lancinante question : « Comment suivrez-vous de pré-férence les matchs de la Coupe du monde de football ? » Tenez-vous bien, car 41% des Suisses les re-gardent « à la maison, devant leur TV privée ». En toute logique, les autres le feront donc ailleurs qu’à la maison, sur un autre écran, en

Ration Coopé Tiré à 554 000 exemplaires, Coopération est le plus gros tirage de la presse romande, toutes catégories confondues. Applaudissements.

gros. Cet art du scoop, ce sens inné de l’info sont incomparables.Enfin, il y a la une qui décoiffe. Loin de la traditionnelle couverture, qui af-fiche volontiers une personnalité connue ac-compagnée d’une phrase intelligente, Coopération bouleverse les codes : sa une exhibe un illustre inconnu – ou quelqu’un d’approchant – débitant une ânerie fascinante.Dans les derniers numéros, on a eu droit à Cindy Alleman (kicé-ça ?) claironnant « J’aime faire les courses ». À Xenia Tchoumitcheva expliquant « Voici comment je me sens bien ». Et à Martina Chyba annonçant que chez elle, « c’est le partage des tâches ». Côté info, c’est du lourd. A ce stade, d’au-cuns se diront que seule une vile

jalousie motive ces lignes. C’est même pas vrai, d’abord. De toute façon, le tirage de Vigousse équi-vaut largement à celui de Coopéra-tion, à 540 000 exemplaires près. Mais la grande différence, c’est que tous ceux qui reçoivent Vigousse le lisent.

Catherine Avril

Fauche et usage de fauche Les journalistes sérieux lisent Vigousse*, mais tous ne le disent pas.

Le 18 mars 2010, le Conseiller national Dominique Baettig (UDC/JU) dépose sa désor-

mais fameuse motion 10.3215, qui demande au Conseil fédéral d’adapter le droit, histoire de pou-voir accueillir de nouveaux can-tons suisses (Alsace, Savoie, Bade-Wurtemberg, etc.) Dans la presse, personne ne moufte.Le 19 mai 2010, le Conseil fédéral rend sa réponse. Dans la presse, personne ne moufte.Le 4 juin 2010, Vigousse relate toute l’histoire. Quatre jours plus tard, à Infrarouge sur la TSR, Jacques Pilet brandit longuement l’affaire à grandes envolées. Dans L’Hebdo du 10 juin, Chantal Tauxe commente vertement la motion UDC. Le même jour, Yves Petignat tartine sur le sujet dans Le Temps.Merci à Chantal Tauxe, de L’Hebdo, d’avoir cité sa source. Tout simple-ment.

Vigousse

*Nom connu des rédactions

Larg

e

Emprunts  à la source

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Vigousse vendredi 18 juin 2010

La suite au prochain numéro

Tirs cadrésPolice sudafricaine –  ouvriers, 5 à 0

Trompettage  de plombs Un reporter sportif se suicide à coups de vuvuzela

Placements  à risqueUBS acquiert l’équipe suisse

Actifs pourrisPour sauver UBS, l’Etat rachète l’équipe suisse

Vuvuzela: au cœur de la controverse

Trou du bruit de devant

Coupe latérale gauche

Intérieur (fond du problème)

Extérieur (surface lisse)

Trou pour sou�erFace droite de la

coupe latérale gauche

Cordob

a

C’est arrivé la semaine prochaine(ou du moins, ça se pourrait bien)

Tête de Truc

lièrement les forces de l’ordre aux trousses, le jeu du « grâce à papa tu m’attraperas pas » devenait lassant. Le papa n’étant pas là.Il fallait donc taper plus fort. Après avoir franchi les Alpes (non pas à dos d’éléphant mais en jet privé), cet Hannibal des temps modernes s’est battu à coups de cintres et de

ceintures contre ses employés à Genève. Puis, en véritable chef de guerre, il s’est dit prêt à jeter Calmy-Rey au lac. Mais surtout, il a ac-compli l’exploit de mettre

la Suisse à plat ventre de-vant son père. Et ça, c’est une

belle victoire pour se faire bien voir.D’ailleurs, il semblerait qu’il ait vite profité de son très officiel poste de boss de la compagnie nationale de transport maritime (qu’il avait un peu oubliée en vacances à St-

Barth) pour commander un petit paquebot de croisière de plus de 330 mètres de long la

semaine dernière. Avec l’argent de la mystérieuse rançon jamais versée pour la libé-ration de Max Göldi ?

Léa Lhiver

Hannibal, le Guide version bling-blingPour être Guide à la place du

Guide (de la Grande Jama-hiriya arabe libyenne popu-

laire et socialiste), il est important de bien se démarquer des autres candidats potentiels de la joyeuse fratrie Kadhafi. Hannibal, numéro cinq, a tout compris. En s’auto-proclamant Dieu, il fait valser tout repère civilisé et sème la terreur partout où il va. Souvent avachi au fond de fauteuils capitonnés d’où il achète le monde, il affiche une grimace méprisante sur un vi-sage de caïd, encadré par des che-veux gras soigneusement peignés en arrière. Avec des verres teintés camouflant un regard embué d’al-cool et un menton arrogant lé-gèrement relevé, il ressemblerait presque à son père. Seulement, tandis qu’au même âge le vieux bédouin fomentait un coup d’Etat, envahissait le Tchad et participait à de grands attentats terroristes, Hannibal limite son univers scan-daleux aux palaces et aux dis-cothèques.Elevé loin de son père, en partie par un officier, l’en-fant capricieux ne sait plus quoi casser comme jouets pour attirer ne serait-ce qu’un seul regard paternel,

Ribéry « cerveau » de l’équipe de France. A l’insu de son plein gré.

un geste de tendresse. Il y eut certes quelques policiers italiens aspergés avec un extincteur ; des agents de la Brigade française an-ti-criminalité matés par ses gardes du corps, après qu’il eut roulé en Porsche à 140 km/h à contresens sur les Champs-Elysées. Il y eut aussi sa compagne enceinte rouée de coups dans un palace parisien. Mais si Hannibal avait régu-

Infographie imbécile

Coco