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le libre penseur Editeur: Association vaudoise 35 e année Décembre 2009 ISSN 0256-8985 de la Libre Pensée Trimestriel N° 143 Rédacteur responsable Case postale 5264 Abonnement annuel: CH Fr.10.–, CCP 10-7494-3 Ivo Caprara CH-1002 Lausanne Etranger Euro 10.– Tirage 1700 exemplaires Périodique romand laïc et indépendant 1. Le sexe aratoire André Thomann p.1-2 2. Extase, épectase et pompe funèbre André Panchaud p. 3-4 3. Quelques questions sur Léon X Claude Cantini p. 4 4. Valeurs douteuses Pierre Lexert p. 5-6 5. Pourquoi suivre les commandements de Dieu est incohérent Bertrand Cassegrain p. 6-7 6. Bleu, à point ou saignant? Narcisse Praz p. 7 7. Le passé du présent Gérard Delaloye p. 8 8. Le comble Edouard Kutten p. 8 9. Internet en liberté p. 8 10. Maladie du foie, maladie de la foi Robert Lescuyer p. 9-10 11. Songe de Noël Robert Nicole p. 11 12. Une laïcité révisée! Edouard Kutten p. 11 13. Courrier des lecteurs Michel Jörimann p. 12 14. «Un génocide sans importance» Philippe De Dehm p. 13-14 15. Libre service p. 14-15 16. Le rôle néfaste des suiveurs Georges Krassovsky p. 16-17 17. La fouine des archives p. 17 18. En lisant Claude Cantini p. 18-19 19. Les brèves Thor Danneman p. 19 20. Bon de commande p. 20 SOMMAIRE Quelques exemples: les carrés confession- nels dans les cimetières. La Suisse, cela date je crois du XIX e siècle, a imposé à ses morts, ou plutôt à leurs proches encore vivants, d'accepter que protestants et catholiques soient enterrés dans un même lieu. Cela n'a d'ailleurs pas été sans mal, les tenants de chaque religion insistant pour qu'un apartheid des macchabées soit maintenue. Les macchabées ne se sont pas prononcés. Il restait les cimetières juifs, et si vous me permettez cette remarque antisémite, rien ne les justifiait. Viennent maintenant les musulmistes qui deman- dent que leur noble carcasse ne se mélan- ge pas aux répugnants ossements des infi- dèles et que leurs orbites bientôt creuses regardent en direction de La Mecque. Demande arrogante et philosophique- LE SEXE ARATOIRE (AVEC INTRODUCTION D’UN NÉOLOGISME) Explose et sois belle. Une fatwa promet beauté aux femmes kamikazes. Espérons qu’au paradis d’Allah, elles auront au moins un «Chippendale» pour s’amuser! ( Saturne, 3 février 2006). Nos politiciens et nos partis politiques, il leur arrive de ne pas être très futés. Voyez cette initiative visant à interdire la construction de minarets en Suisse. Ils sont allés au plus visible, à ce qui est symbolique, pensent-ils, de l'islam et qui leur apportera l'approbation massive de leurs «ouailles». Les problèmes que pose l'islam en Occident (dans l'Orient, c'est pire) ne sauraient se résoudre par des visions et des propositions simplistes et populistes. Car il y a les musulmistes. J'aimerais proposer ce néologisme pour la raison suivante: un musulman est né dans cette religion, il est possible qu'il la pratique, plus ou moins intensément (ou pas du tout), mais il ne fait pas de prosélytisme; l'islamiste est un forcené, un violent qui prétend imposer l'islam au moyen d'explosifs, quitte à y laisser lui-même sa peau, moins, à ce qu'on m'a assuré, celle de ses roustons qu'il protège d'un blindage local, rapport aux activités libidineuses qui l'attendent au paradis d'Allah; entre les deux, les musulmistes seraient ceux qui, si vous acceptez le mot, avancent à petits pas, sans se découvrir vraiment (prodeunt larvati), et essaient d'introduire des mesures qui nous paraissent anodines («après tout, si c'est leur idée!») mais qui grignotent notre tissu culturel selon la technique du saucisson qu'on découpe en tranches fines. Nadia Karmous, dont il sera question ci-après, les Ramadan Brothers, sont des musulmistes.

LE SEXE ARATOIRE

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Page 1: LE SEXE ARATOIRE

le libre penseurEditeur: Association vaudoise 35e année Décembre 2009 ISSN 0256-8985

de la Libre Pensée Trimestriel N° 143 Rédacteur responsableCase postale 5264 Abonnement annuel: CH Fr. 10.–, CCP 10-7494-3 Ivo CapraraCH-1002 Lausanne Etranger Euro 10.– Tirage 1700 exemplaires

Périodique romand laïc et indépendant

1. Le sexe aratoire André Thomann p.1-22. Extase, épectase et pompe funèbre André Panchaud p. 3-43. Quelques questions sur Léon X Claude Cantini p. 44. Valeurs douteuses Pierre Lexert p. 5-65. Pourquoi suivre les commandements

de Dieu est incohérent Bertrand Cassegrain p. 6-76. Bleu, à point ou saignant? Narcisse Praz p. 77. Le passé du présent Gérard Delaloye p. 88. Le comble Edouard Kutten p. 89. Internet en liberté p. 8

10. Maladie du foie, maladie de la foi Robert Lescuyer p. 9-1011. Songe de Noël Robert Nicole p. 1112. Une laïcité révisée! Edouard Kutten p. 1113. Courrier des lecteurs Michel Jörimann p. 1214. «Un génocide sans importance» Philippe De Dehm p. 13-1415. Libre service p. 14-1516. Le rôle néfaste des suiveurs Georges Krassovsky p. 16-1717. La fouine des archives p. 1718. En lisant Claude Cantini p. 18-1919. Les brèves Thor Danneman p. 1920. Bon de commande p. 20

SOMMAIRE

Quelques exemples: les carrés confession-nels dans les cimetières. La Suisse, celadate je crois du XIXe siècle, a imposé à sesmorts, ou plutôt à leurs proches encorevivants, d'accepter que protestants etcatholiques soient enterrés dans un mêmelieu. Cela n'a d'ailleurs pas été sans mal, lestenants de chaque religion insistant pourqu'un apartheid des macchabées soitmaintenue. Les macchabées ne se sont pasprononcés. Il restait les cimetières juifs, etsi vous me permettez cette remarqueantisémite, rien ne les justifiait. Viennentmaintenant les musulmistes qui deman-dent que leur noble carcasse ne se mélan-ge pas aux répugnants ossements des infi-dèles et que leurs orbites bientôt creusesregardent en direction de La Mecque.Demande arrogante et philosophique-

LE SEXE ARATOIRE(AVEC INTRODUCTION D’UN NÉOLOGISME)

Explose et sois belle. Une fatwa promet beauté aux femmes kamikazes. Espérons qu’au paradisd’Allah, elles auront au moins un «Chippendale» pour s’amuser! (Saturne, 3 février 2006).

Nos politiciens et nos partis politiques, il leur arrive de ne pas être très futés. Voyez cette initiative visant à interdire laconstruction de minarets en Suisse. Ils sont allés au plus visible, à ce qui est symbolique, pensent-ils, de l'islam et qui leurapportera l'approbation massive de leurs «ouailles». Les problèmes que pose l'islam en Occident (dans l'Orient, c'est pire)ne sauraient se résoudre par des visions et des propositions simplistes et populistes. Car il y a les musulmistes. J'aimeraisproposer ce néologisme pour la raison suivante: un musulman est né dans cette religion, il est possible qu'il la pratique,plus ou moins intensément (ou pas du tout), mais il ne fait pas de prosélytisme; l'islamiste est un forcené, un violent quiprétend imposer l'islam au moyen d'explosifs, quitte à y laisser lui-même sa peau, moins, à ce qu'on m'a assuré, celle deses roustons qu'il protège d'un blindage local, rapport aux activités libidineuses qui l'attendent au paradis d'Allah; entreles deux, les musulmistes seraient ceux qui, si vous acceptez le mot, avancent à petits pas, sans se découvrir vraiment (prodeunt larvati), et essaient d'introduire des mesures qui nous paraissent anodines («après tout, si c'est leur idée!»)mais qui grignotent notre tissu culturel selon la technique du saucisson qu'on découpe en tranches fines. Nadia Karmous,dont il sera question ci-après, les Ramadan Brothers, sont des musulmistes.

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ment risible à laquelle des municipalitésfrileuses se sont empressées d'accéder.Ensuite, nos musulmistes ne sauraientmanger une viande provenant d'une bêtequi n'aurait pas été abattue selon desrites à eux. Sauf à espérer une situationédénique où l’on ne mangerait que desfruits et des légumes, nos civilisations ensont encore à l'omnivoracité. Nos paysoccidentaux, mécréants ou presque,demandent que les animaux de bouche-rie passent de vie à trépas avec le moinsde souffrance possible. Soit avec uneanesthésie préalable. Pas de ça Lisette,couinent en chœur les juifs et les musul-mans pratiquants, l'animal destiné à l'abat-tage doit être, on ne rit pas, vivant aumoment de mourir. Vivant, c'est-à-direlucide. C'est la tradition, imposée parleurs Livres. Le problème c'est que cesextrémistes, de quelque obédience qu'ilssoient, n'ont pas compris qu'une tradi-tion, si elle se révèle mauvaise, doit êtreabolie. L'excision des petites Africaines,qui comporte des souffrances inouïespour les victimes, que voulez-vous, c'estune tradition. Et si beaucoup d'entre ellesmeurent d'une septicémie, on ne va pasen faire une montagne.Encore une tranche fine du salami? Unpetit con musulmiste (16 ans), vient d'ob-tenir, à Berlin, qu'une salle de son lycéesoit réservée à sa prière. Ainsi en ontdécidé les juges, arguant que la libertéreligieuse comprenait aussi celle de lamanifester. Devant cet excès de laxisme,le proviseur a décidé de faire appel.L'argument des autorités scolaires estque l'établissement comporte de nom-breuses nationalités et religions est quele seul moyen de les faire vivre ensemble,c'est de les faire fondre dans un systèmeunique qui est précisément l'école. Si lesjuges ne comprennent pas cette donnéefondamentale, on se demande s'ils ontcette intelligence supérieure à la moyen-ne qui est requise dans l'exercice de leurfonction. Et cela est vrai non seulementdes juges berlinois mais d'autres quisévissent sur la partie occidentale decette planète. Cela dit, j'ajouterai qu'iln'est pas exclu que notre pieux petitjeune homme ait été un peu téléguidé parplus pieux que lui.Vous savez ce que c'est,à seize ans, on est aisément influençable.Ces empiètements insidieux ne sont pos-sibles que par la nonchalance de l'opinionpublique, par l'aveuglement des politiqueset par la pleutrerie des tribunaux. Les unset les autres ont une notion erronée dela liberté de croyance. Dans un pays isla-mique, la manifestation de sa foi est nonseulement libre, elle est même requise.

Cela était vrai dans tout l'Occidentcatholique avant la Réforme et même au-delà. En Pologne ou en Espagne, uncongrès eucharistique, une procession, negênent encore personne. Les mécréantssavent qu'ils doivent adopter un profilbas. Mais dans nos sociétés multiculturel-les et aux religions nombreuses etcontradictoires, la discrétion est désor-mais de mise, pour éviter les affronte-ments. Encore quelque chose que lesmusulmistes n'ont pas assimilé. Ils se plai-gnent de n'être pas compris, pas accep-tés. C'est qu'à l'inverse des musulmans, ilssont exhibitionnistes, et dans leur appa-rence et dans leurs discours. S'ils serasaient tous les matins et si leurs fem-mes ne portaient pas le voile de la sou-mission, ils se fondraient dans la masse etne seraient la cible d'aucune animosité etd'aucune incompréhension. Mais c'estplus fort qu'eux, il faut qu'ils la ramènent.Ainsi Nadia Karmous, notre pasionariahelvétique, arborant fièrement la tenuemusulmane et pratiquant sur un ton dou-cereux une «agit-prop» qu'on croyaitdéfunte après la chute du régime sovié-tique, a réussi à convaincre la communede Colombier (NE) de réserver quelquesheures à la gent féminine pour lui per-mettre de faire trempette à l'abri desregards lubriques des hommes. Car dansle corpus des clichés de l'islam, il y a cettenotion que le mâle est avant tout un vio-leur, un énergumène qui n'a qu'une idéeen tête, c'est de se taper toutes les gon-zesses qui sont à sa portée. Cette idéeextrémiste n'est possible que parce quel'islam n'a de la sexualité qu'une idéerudimentaire. Le Coran donne la marcheà suivre: «La femme est un champ quel'homme doit labourer.» Ce qui situe l'ac-tivité sexuelle très bas dans l'échelle deRichter de l'érotisme: pas de séisme envue. Notre Occident décadent (?) et heu-reux de l'être, s'est affranchi d'un certainnombre de contraintes dans le domainesexuel (ça n'est évidemment pas vrai detout le monde), ce qui lui permet d'abor-der la chose de façon équilibrée. Laconception aratoire du coït n'est plus sonfait. L'Eglise catholique a aussi longtempsfait sienne cette vue utilitaire de l'uniondes sexes qui devait avoir pour seul but laprocréation. Les paroissiens ont fini paren avoir marre et se sont rebiffés, ce quiexplique que la confession auriculaire nefait plus recette; l'idée qu'on pouvait alleren enfer si on s'écartait de la positionagréée, si on faisait l'amour pour le seulplaisir, a paru infantilisante à ces partenai-res (quelquefois non mariés!) qui dési-raient s'émanciper. On a parlé de façon

abusive de révolution sexuelle. Et quoiencore? On en est simplement venu àune situation normale qui aurait dû êtrela règle depuis le Neandertal.Nos naïades de Colombier ont donctout faux. D'abord parce que l'homme,avant d'être concupiscent, est d'abordadmiratif.Voir une femme bien faite com-ble son besoin de beauté. Et la femme neressent-elle pas le besoin, elle, de se faireadmirer? En règle générale, c'est lafemme qui met du khôl et du henné, quiporte des bijoux. Et cela va dans les deuxsens: rien n'empêche une baigneuse demater un beau mec à la musculatureflamboyante. Elle vous répondra que, jus-tement, cela fait venir des mauvaises pen-sées, comme disent les théologiens et lesconfesseurs.Allons! Sont-elles si mauvai-ses que ça?Nos effarouchées, faisant écho à leursimams, se plaignent d'une liberté desmœurs qui peut conduire aux piresexcès. Contresens! Les viols n'ont rien àvoir avec la licence. Ils sont le fait de dés-équilibrés sexuels (le contraire desémancipés dont il est question plus haut)qui opèrent dans des chemins mal éclai-rés et des garages de voitures souter-rains. Par comparaison, les piscines et lesabords des lacs sont des endroits sûrsoù ces dames ne risquent rien.A fortio-ri, les camps de naturistes. Plus on est nu,paradoxalement, plus on est chaste. Lesmusulmistes, dans leurs raisonnementssimplistes, pensent exactement lecontraire. Les naturistes, eux, ont réussile pari de séparer la nudité de l'érotisme.On les voit faire une partie de ping-pong,jouer aux échecs, se promener en forêt(avec leurs enfants non traumatisés),manger des pizzas, bref, donner l'imagenon truquée de la joie de vivre. DameKarmous, qu'on voit sur les photos vêtuecomme une Lapone frileuse, ne peut évi-demment pas comprendre cette libertésans péché. Le dogme coranique (cor-rection: il n'est même pas coranique) luidonne des œillères. Elle va continuer, aunom d'une morale qui a prouvé sa nui-sance à demander plus de piscines «chas-tes». Il faut la contrer et demander hautet fort que les piscines seront mixtes oune seront pas. (Moi aussi, je peux faire duMalraux!) L'islam n'a rien compris à lasexualité. C'est son problème, mais il estprié de ne pas l'importer dans notre cul-ture qui en est arrivée, je crois, à l'âgeadulte, dans ce domaine tout au moins.Ainsi, je vous demande de reprendreensemble le slogan d'une autre pasiona-ria, plus sympathique, elle: no pasaran!

ANDRÉ THOMANN

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infatigable. C'est dans l’épectase de l'a-pôtre qu'il est allé à la rencontre duDieu vivant.»Épectase!… le mot était lancé. Il allaitfaire fortune.En 1974, le mot épectase ne figuraitdans aucun dictionnaire français, nimême dans des lexiques d'expressionsreligieuses.Utilisé en philosophie, ce terme signifieen grec classique «extension, allonge-ment». Il est cité dans la Bible2 dans l’é-pître de saint Paul aux Philippiens(3:13-15): «Oubliant les choses qui sontderrière et tenant avec effort (epektei-nómenos) vers celles qui sont devant, jecours droit au but pour le prix de l’ap-pel céleste de Dieu dans le ChristJésus.» Dans les Homélies sur le Cantique descantiques de saint Grégoire de Nysse(340-400) épectase désigne la tensionde l’âme hors d’elle-même à la rencon-tre de Dieu. Dans le culte orthodoxe, lemot est employé de manière courante;il caractérise la béatitude des élus auparadis, s’accroissant sans cesse et n’at-teignant jamais la satiété. Le cardinalDaniélou avait abondamment commen-té la notion d’épectase dans son ouvra-ge sur Grégoire de Nysse Platonisme etThéologie (1944). Prémonition peut-être?

VADE RETRO, SATANA!Il va sans dire qu’après les révélationsdu Canard enchaîné le mot fit florès dansla presse satirique, dans l’acception pro-fane de «mort durant l’orgasme». Il fal-lut bien du temps pour que ce termequi, désormais, sent plus le soufre quel’encens, soit accueilli dans les diction-naires usuels3.Ce n'était pas la première fois que le«Canard» soufflait le mauvais espritdans les sacristies. En 1924, son collabo-rateur Georges de La Fouchardièreavait révélé que Mgr Grente (académi-cien lui aussi) était propriétaire de mai-sons de tolérance sises derrière lacathédrale du Mans.L’histoire retient encore maintes polis-sonneries de certains serviteurs deDieu avec des «créatures».Quelques mois seulement après l’épec-tase de Jean Daniélou ce fut Mgr Tort,archevêque, qui fut trouvé mort dans lecouloir d’un hôtel… particulier.Il était passé de l’autel à l’hôtel, de lachaire à la chair, en quelque sorte.

Remontons le temps.Ces augustes prélats avaient eu un illus-tre prédécesseur en la personne de PieIV (Giovanni Angelo Medici, 1499-1565). Ce Saint Père la pudeur prêchaitle célibat des prêtres et fit recouvrir«les nudités les plus choquantes» pein-tes par Michel-Ange à la chapelleSixtine. Ce qui ne l’empêcha pas deconnaître l’épectase lors d’un coït fatalavec sa courtisane favorite.En 1695, Mgr Harlay de Champvallon,archevêque de Paris et académicien,expira dans les bras de la duchesse deLesdiguières.On trouve décidément, chez les acadé-miciens, un goût prononcé pour certai-nes… académies.Loin de nous, on s’en doute, l’idée deblâmer ce que les bigots appellent le«péché de la chair». Il ne s’agit ici quede démasquer l’hypocrisie des bonsapôtres qui violent la morale qu’ilsimposent aux autres.Venons-en maintenant à des turpitudesplus profanes. Saint-Simon relate dansses Mémoires la fin du régent Philipped’Orléans (1674-1723) dans la couchede Mme Falari, l’une de ses nombreusesmaîtresses. Une histoire semblable arri-va, en 1921, au sénateur AntoninDubost, au domicile d’une dame depetite vertu, à l’occasion d’un «massagespécial».Citons encore les cas d’orgasme fatal deRichard Wagner et de Nelson Rockefeller.

Le 20 mai 1974 les médias annonçaientla nouvelle de la mort du cardinal (etacadémicien) Jean Daniélou.Dès que furent connues les circonstan-ces dans lesquelles était décédé l'émi-nent prélat, ce fut un (sacré) branle-basdans les hautes sphères du clergé. Leshauts dignitaires s'efforceront de don-ner de l'événement une explicationpieusement correcte. Il fut déclaré quele cardinal avait été frappé d'une crisecardiaque dans la rue. Paul Guth, toutconfit en dévotion, y alla aussi de sa ver-sion1: «Le cardinal Daniélou vient d'a-voir la fin la plus sublime pour un prê-tre. Il portait la communion à un amimalade.Avec sa pétulance habituelle, il agravi trop vite l'escalier jusqu’au qua-trième étage. Il s'est effondré sur lepalier, foudroyé par une attaque.»Tu parles!... Là, une petite rectifications'impose: l'homme de Dieu ne portaitpas la communion à un ami mais venait«confesser» une pécheresse. Il ne s'estpas effondré au quatrième étage maiss'apprêtait à se transporter au septièmeciel.Gardons-nous cependant d'accablercelui qui succombe aux convoitises dela chair. Du reste, son divin maître nel'a-t-il pas absous d'avance: «Que celuide vous qui est sans péché lui jette lapierre le premier» (Jean 8:7).Et puis, franchement, expirer dans lachaude moiteur duveteuse d’une toisonpubienne, en respirer le parfum, en goû-ter la saveur, n'est-ce pas, comme l'affir-me l'auteur des Mémoires d'un naïf, «lafin la plus sublime»?

LUXURE, CALME ET VOLUPTÉC'est Le Canard enchaîné du 29 mai1974 qui révéla la vérité. Le cardinalétait, depuis trois mois, le visiteur assi-du de l'appartement loué par une artis-te de cabaret surnommée Mimi, qui fai-sait des «heures supplémentaires» àdomicile pour occuper ses loisirs etarrondir ses fins de mois.Selon certaines sources, «les Rensei-gnements généraux surveillaient depuissix ans les activités extra-sacerdotalesde Son Eminence» révèle Le Canardenchaîné, en juin 1974.Dans une oraison funèbre publiée parLe Figaro (24.5.1974), le R.P. XavierTilliette s.j. écrivait du cardinal: «Sonexistence harassante avait, sans qu'on levît, sans qu'on le sût, miné l'organe quipropulsait son activité apparemment

EXTASE, ÉPECTASE ET POMPE FUNÈBRE

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Mais l’affaire qui eut le plus grand reten-tissement est celle du décès de FélixFaure, président de la République, le 16février 1899. Le président fut subitementvictime d’une syncope résultant d’une fel-lation pratiquée un peu trop conscien-cieusement par Mme Steinheil, sa maîtres-se attitrée. Ce qui valut à celle-ci lesurnom de «la pompe funèbre». ArmandLanoux raconte4: «Un jeune vicaire appe-lé en hâte pour administrer les dernierssacrements au président arriva à l’Elyséeet demanda à un garde: «Le président a-t-

il encore sa connaissance?» Mon père, ellevient juste de sortir par l’escalier de ser-vice.»Cet événement fut une véritable aubainepour les chansonniers, qui composèrentcette épithète devenue célèbre: «Il secroyait César, il ne fut que… Pompée.» Leprésident eut droit à des obsèques natio-nales. Célébrées en grand pompe, commeil se devait.

ANDRÉ PANCHAUD1 Publications commerciales, mai 1974.2 Ne figure que dans la traduction du

théologien anglais John Nelson Darbyen 1859.

3 Inconnu du Petit Larousse. NouveauPetit Robert: 1974; du grec epectasis«extension» Aristote, remotivé d’aprèsectasis «extase». Fam. Décès pendantl’orgasme.

4 Armand Lanoux: Madame Steinheil ou laconnaissance du président, Grasset, Paris1983. Il existe une multitude de versionsplus ou moins fiables de cet événement.

QUELQUES QUESTIONS SUR LÉON XEn avril 2009 est sortie de presse(comme Le Libre Penseur de septembredernier l'a annoncé) la réédition du«Gesù Cristo non é mai esistito», publiépour la première fois à Bellinzone en1904.La couverture (fac-similé de la deuxièmeédition de 1905) comporte une citationexplosive, attribuée au pape Léon X: «Lafable du Christ nous apporte tellementqu'il serait folie d'avertir les ignorants dela tromperie» (trad.).Un ami m'a fait justement observer qu'ilserait fort utile d'approfondir, par unedocumentation, la valeur de cette cita-tion. D'où ma tentative.Au sujet de Léon X (1475-1521) – dansle siècle: Giovanni de Medici – voici doncquelques jugements.«Si les caisses du Saint-Siège, rempliespar Jules II, se trouvèrent vides à sa mort,le crédit moral du pontife était égale-ment ruiné» (François Fossier dans le«Dictionnaire historique de la papauté»,Paris 2003).

«Léon X non seulement aimait les arts...mais il accordait ses faveurs à tous lestravaux de l'esprit...; même et peut-êtresurtout à la comédie licencieuse et à l'é-pigramme libertine» (E.-H. Vollet dans«La Grande Encyclopédie», tome 22).«On a reproché à ce pape son faste, sa

passion pour la table, et même des habi-tudes de débauche... Léon X, dit Avenel(historien français), avait l'humeurenjouée, l'esprit enclin à la bouffonnerie;il passait, avec une extrême facilité et unplaisir assez visible, des entretiens lesplus sérieux aux plaisanteries les plus fri-voles... Roscoe discute longuement lesaccusation d'impiété (Littré: «méprispour les choses de la religion») et d'im-moralité dirigée contre Léon X par sescontemporains, et il conclut au rejet deces accusations, mal fondées selon lui»(Grand Dictionnaire universel du XIXe

siècle, tome X/1er).N'ayant pu consulter les quatre volumesde l'importante biographie de l'historienanglais William Roscoe (Vie et pontificatde Léon X, Paris 1808), car en cours denumérisation, ma petite recherche s'ar-rête là.Qu'il me soit néanmoins permis d'avan-cer une hypothèse «In vino veritas»?

CLAUDE CANTINI

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Léon X (Jean de Médicis) 1475-1521.

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Sa Sainteté Benoît XVI est allé passerses vacances en Vallée d’Aoste, – régionnaguère francophone jouxtant la Franceet la Suisse romande, qui fut, vers lemitan du XIXe siècle, arbitrairementséparée de la Savoie pour être rattachéeau naissant royaume d’Italie. Prétextes:l’écoulement des eaux dans le Pô –manque de pot! – et la préservation desterrains de chasse et de fornication duroi de la Botte de l’époque. L’avis de lapopulation? Négligeable. Pis encore: leVatican fit tout pour la défranciser, lacoupant ainsi de ses racines gallicanes etattentant à son verbe, autrement dit àson âme. Ce qui n’a pas empêché notreblanc Benoît de se prélasser dans cettecontrée sans manifester la moindre vel-léité de réparation, cependant que, venupour ne pas se fouler, il s’y est foulé lepoignet – la montagne ça ne pardonnepas – incident qui mit en grand émoimédicastres et thuriféraires.Toujours est-il que la foi en son Dieu decette itinérante brebis laisse beaucoup àdésirer. En effet, si persuadée qu’elle seprétende de l’infinie sagesse et de l’in-commensurable bonté dudit Dieu, ellene s’en déplace pas moins en voituredélicatement blindée et protégée pardes gardes du corps musclés dont lesfaçons n’ont rien d’évangélique. Est-ce àdire qu’il redoute d’être rappelé troptôt auprès du Sauveur et de devoir secasser éternellement les pieds parmi lesbienheureux de son acabit? Etrangedéfiance de la part de l’infaillible garantdes félicités que l’au-delà réserve auxjustes! Un identique scepticisme, regar-dant les pouvoirs des saints, s’est mani-festé chez des ecclésiastiques italiensdéconseillant à leurs ouailles de toucherou d’embrasser les reliques de sanGennaro, qui pourrait – le salaud! – leurinstiller la grippe A... On voit donc que,lorsque la réalité menace, toutes cescalembredaines ne valent plus tripette,même aux yeux de leurs camelots.Ce qui m’amène à m’interroger sur ledéprimant spectacle des enterrementschrétiens, où règne la consternationalors que chacun devrait pourtant seréjouir de savoir le défunt se la coulantdouce à la droite du Seigneur. Quant auxsinistres cimetières qui accueillent lesdépouilles charnelles de cette chrétien-té, préfigureraient-ils l’urbanisme paradi-siaque qui nous attend au tournant?Passons vite.La récente diffusion, sur l’antenne de

France 2, d’un fort mauvais film (il fallaits’y attendre) concernant «La Dame deMonsoreau», a de nouveau mis en évi-dence la criminelle collusion de l’Egliseapostolique et romaine – sainte salade!– et d’une «noblesse» autoproclaméetelle, bien que parasitaire, futile, fourbeet dépravée. J’ai déjà fait observer queles peuples tendent à se prévaloir desvertus qui leur manquent ou qu’on leurdénie. Ainsi les fieffés faux jetons quesont les Anglais se gargarisent-ils de leur«fair-play»; ainsi les Français – on nepeut plus remarquables pour leurinconséquence – se donnent-ils pourcartésiens après en avoir engendré unpar inadvertance; ainsi les Etats-Unis quiambitionnent d’éclairer le monde duhaut de leur liberté statufiée, n’ont-ils decesse – via les vilenies assassines de leurCIA – d’asseoir partout des régimestyranniques et un libéralisme ravageur.De même, la noblesse institutionnelle,qui se réclame de l’honneur – vertu dis-cutable qui se nourrit de suffisance plusque de droiture – se comporte-t-elleglobalement comme un ramassis de pré-dateurs et d’arrivistes sans scrupules,prêts, pour jouir de privilèges et de ren-tes immérités, à toutes les compromis-sions, qu’il s’agisse de félonie, de meurt-re, d’abus de confiance, de corruptionou de mésalliances juteuses, – sous l’hy-pocrite et arrogant couvert d’un vernisde traditions faisandées. (Ce, d’ailleurs,dont l’entreprenante grande bourgeoisiepost-révolutionnaire s’est montrée toutaussi capable).La chevalerie, on le sait, ne fut qu’uneinvention littéraire, destinée à flatter lesseigneurs – chers saigneurs! – et dresserun voile trompeur devant leurs exac-tions. Tout comme en matière de reli-gion, quelques figures d’exception, por-tées aux nues par la légende, ont servide caution à d’innombrables sacripantset contribué à donner le change au peu-ple sur leurs ignominies. On rêve d’unethèse objectivement documentée quirévèlerait les fondements de cettepseudo–aristocratie, l’épinglant sous sonvrai jour depuis ses origines, peu recom-mandables, marquées par le brigandage,l’appropriation indue, la coercition et leracket. Mais quel maître accepterait dela patronner, cette thèse, et quel juryd’en recevoir l’impétrant? Jusqu’à quandles valeurs douteuses affichées par lesgrandes sectes religieuses, la noblessehistorique, le chœur des notables, les

héritiers abusifs, tromperont-elles laconfiance et l’attente d’un public dontleurs représentants exploitent la crédu-lité et organisent l’aveuglement?Venons–en maintenant au spectacle deces athlètes de haut niveau (surtout phy-sique) qui, lors des championnats dumonde – comme dernièrement à Berlin– multiplient invocations et signes decroix avant l’épreuve. Compte tenu dupeu de fair-play et de la sotte vanitéqu’implique le fait de s’estimer digned’être assisté par Dieu, on peut imaginerle parti qu’en pourrait tirer un malicieuxcabinet d’avocats, bien rétribué par uncollectif de mécréants. D’abord, en pos-tulant l’efficace de l’intervention divine,l’assimilant à une forme de dopage favo-risant le fidèle aux dépens de l’incroyant;ou bien et à contrario, jouant les fer-vents du culte, en exigeant l’interdictionde ces manifestations de piété, du faitque les nombreux échecs qui en résul-tent sont de nature à discréditer l’omni-potence divine. Force nous est de cons-tater, d’ailleurs, que la virilité corporellen’a rien à voir avec celle du caractère.D’où la déroute des compétiteurs fran-çais.Enfin n’y a-t-il pas lieu de déplorer qu’a-près la fameuse et capitale Nuit du 4août 1789, où fut proclamée l’abolitiondes privilèges, l’on ait fait marche arriè-re sous la houlette du gredin corse quinon seulement les rétablit mais bricolaune aristocratie d’empire, aidant ainsi aurafistolage de l’ancienne? Des déborde-ments desquelles se gavent toujours leroturier universel et le petit–bourgeoisépaté devant les ducs, marquis, comteset barons qui excipent d’un sang bleu –

VALEURS DOUTEUSES

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car altéré par la consanguinité, le ver-meil des bâtardises ne suffisant pas à lerégénérer.On comprend aussi pourquoi le Quaid’Orsay – qui sert essentiellement defromage aux rejetons des ci-devant d’a-près coup (entendez cou coupé) – appa-raît comme le plus inopérant des minis-tères français, truffé qu’il est de potichescondescendantes, surtout expertes enparlages, ronds de jambe et petits fours.Il est vrai qu’ils sont censés s’occuperd’affaires qui leur sont totalement étran-gères.Belle égalité des droits que celle qui,autorisant qu’on fustige le racisme, nemet aucun frein à la création des cescatégories sociales, tenues pour plus oumoins estimables en fonction de leurfonction ou de leur origine.Au point quetel manchot jouant au fou-de-balle donton pourrait se passer sans dommage,engrange des millions tandis que l’in-dispensable éboueur et la précieuseinfirmière tireront le diable par la queue.Ainsi acceptons–nous de – ou nous rési-gnons-nous à – vivre dans une sociétédu faux–semblant prétendue démocra-tique, en fermant les yeux sur tout cequi nous inciterait à réagir et à nousimpliquer pour y restaurer l’équité. Neserait–ce qu’en en éliminant, à la faveurdes consultations électorales, ces inusa-bles politiciens, docteurs en langue debois, dont la devise générale, au lieu du«Rien de commun» de feu José Corti,pourrait simplement être: «Commenul».

PIERRE LEXERT

Tout croyant issu d’une des trois grandesreligions monothéistes estime qu’il fautsuivre les commandements divins. Lathéorie du commandement divin veutque ce que commande Dieu de faire estbon et que ce qu’il interdit de faire estmal. Par exemple, si Dieu interdit de tuer,cela signifie que tuer est mal. S’il com-mande d’aider son prochain, aider sonprochain est bien. S’il ne spécifie rien àpropos d’un acte, celui-ci n’est ni bon, nimauvais. Par exemple, Dieu ne dit rien àpropos du fait de se gratter le nez.Ainsi, si le croyant pense que Dieu aordonné de ne pas tuer, alors il ne doitpas tuer.S’il a ordonné d’aider son prochain, alorsil doit aider son prochain. Si l’on estimequ’il a ordonné de ne pas avorter, alorson ne doit pas avorter, voire on se doitd’empêcher tout avortement. En effet,suivre le commandement divin n’impliquepas seulement de respecter le comman-dement de manière individuelle,mais éga-lement de le promouvoir (par exemple, àl’aide d’une campagne de sensibilisationanti-avortement, ou en tentant de fairevoter par le parlement une loi qui inter-dit l’avortement) ou, dans une versionminimale, de le défendre lorsque celui-civa être violé par un individu (par exempleen empêchant sa fille mineure d’avorteralors qu’elle en exprime le désir).Toutefois, il apparaît que se conformerau commandement divin remet en causela conception fondamentale qu’ont lescroyants de Dieu. Il n’est pas nécessaireici de spécifier quels sont (ou seraient,selon les interprétations des écrituressaintes) les commandements de Dieu.De plus, la démonstration qui suit estintéressante dans la mesure où il n’estpas nécessaire de nier l’existence deDieu. Partons du postulat qu’il existe, iln’empêche qu’il est incohérent de suivrele commandement divin. Ce pour les rai-sons suivantes1:Le croyant monothéiste adhère à troisprémisses concernant Dieu:1) Dieu est le créateur de toutes choses.2) Dieu est totalement rationnel.Tout ce

qu’il fait, il le fait pour une raison etavec une complète sagesse.

3) Dieu est une perfection morale. Il estparfaitement juste, bon, aimant, mis-éricordieux, etc.

Une fois que nous avons cela en tête,passons à la théorie du commandementdivin à proprement parler. Il y a deuxfaçons de comprendre l’idée que «ce quecommande Dieu de faire est bien, et cequ’il interdit de faire est mal», interpré-tation qui nous mène au dilemme sui-vant:a) Soit ce qui est bien ou mal (juste oufaux) dépend du commandement deDieu, dans le sens où le commandementfait que telle action est bonne ou mau-vaise. Par exemple, Dieu dit que tuer estmal (il interdit de tuer), alors tuer estmal. Mais Dieu pourrait tout aussi biendire que tuer est bien (il ordonne detuer), alors tuer serait bien.b) Soit Dieu nous commande ou nousinterdit de faire certaines choses parcequ’elles sont intrinsèquement bonnesou mauvaises, indépendamment de sonjugement (mais il sait qu’elles sont bon-nes ou mauvaises). Ainsi, dans cetteoptique, Dieu nous commande de ne pastuer parce qu’il sait que tuer est mal.L’option (a) représente la théorie ducommandement divin. L’option (b) estson rejet, car cela suppose que certainesactions sont bonnes ou mauvaises indé-pendamment du commandement deDieu. Si l’option (b) était la bonne, celasignifierait que Dieu ne répond pas à laprémisse (1), qui consiste à dire queDieu est créateur de toutes choses. Eneffet, dans l’option (b), il n’est pas lecréateur des normes de juste et d’injus-te, de bien ou de mal. Il n’en a queconnaissance. Seule l’option (a) paraîtdonc acceptable pour tout croyant.Le problème est qu’adhérer à l’option(a) implique de rejeter les prémisses (2)et (3).Pourquoi? Si Dieu décide de ce qui estbien ou mal indépendamment de rai-sons, alors il ne répond pas à la prémis-se (2), qui prétend que Dieu est parfai-tement rationnel et qu’il agit toujours enfonction de (bonnes) raisons. Si (a) estjuste, les commandements de Dieuparaissent en effet bien arbitraires! Ildécide que, par exemple, tuer est mal,mais il pourrait tout aussi bien décideret commander le contraire (sans rai-sons).Comme nous l’avons vu, selon la théoriedu commandement divin, dire que

Association vaudoisede la Libre PenséeCase postale 5264CH-1002 LausanneInternet: www.librepensee.chLibre Pensée de GenèveCh. des Quoattes 27CH-1285 AvusyAssociazione Svizzera dei Liberi Pensatori (ASLP)Sezione Ticino, Casella postale 721, 6902 ParadisoPresidente: R. Spielhofer091 994 21 45Association suisse de laLibre Pensée FVS-ASLPCase postaleCH-3001 BernInternet: www.freidenker.chInternational Humanistand Ethical UnionInternet: www.iheu.org

POURQUOI SUIVRE LES COMMANDEMENTS

DE DIEU EST INCOHÉRENT

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L'Eglise catholique reste fidèle à sonculte morbide de la souffrance. Entémoignent ses chemins de croix parse-més d'images sanguinolentes d'un Jésuspissant le sang par sa tête couronnéed'épines si profondément enfoncéesdans son crâne qu'on se demande si lesRomains n'avaient pas déjà inventé le filde fer barbelé à longues pointes. Et puisles chutes répétées du condamné sousle poids de sa croix: Jésus tombe pour lapremière fois. Simon de Sirène aideJésus à porter sa croix. Jésus tombepour la deuxième fois. Puis pour la troi-sième fois.Mais le paroxysme de la jouissancemasochiste du catholique en commu-nion avec son sauveur (de quoi? de qui?)est encore à venir, lorsqu'au terme de lamontée au Golgotha il peut enfin serégaler de la vision de la crucifixion: etque je t'enfonce un clou dans chaquemain! Et que je t'en enfonce un autre,plus gros, plus long celui-là, car il doitrelier entre eux et fixer sur le bois de lacroix les deux pieds du malheureux. Etc'est pas tout! Il y aura encore le coupde lance du soldat romain dans le flancdu crucifié. Et puis l'agonie, longue,assaisonnée d'un peu de vinaigre pourétancher la soif du mourant! Alors,enfin, la jouissance du pénitent récitantses patenôtres culmine au délire! Ouah!Et c'est cette image-là que l'Eglisecatholique tient absolument à infliger àtout écolier italien, espagnol, latino-

américain et... valaisan! Dans chaquesalle de classe un crucifix! Fixe! Et voilàque, patatras, la Cour européenne desdroits de l'homme vient d'ordonner à latrès pieuse Italie de retirer de ses éco-les cette abomination visuelle, cetteoffense faite à la sensibilité enfantineque sont les crucifix bien saignantsappelant au culte suprême de la souf-france comme élément indissociable dela conquête des mérites menant auparadis.Il est des crucifix bien réalistes, bienpourvus en hémoglobine dégoulinantdes plaies du personnage qui me rappel-lent l'époque où, l'épidémie dite de lavache folle aidant, les télévisions nerataient pas une occasion de nous infli-ger le spectacle lamentable et horrifiantde dizaines de carcasses bovinessuspendues le long des parois des abat-toirs.A vous dégoûter à jamais de man-

BLEU, À POINT OU SAIGNANT?ger du cadavre bovin ou autre! A vousrendre végétarien, herbivore et frugivo-re.Tout mais plus jamais ça! Alors, votrecrucifix, chers petits Italiens et Valaisans,comment le préférez-vous? Bleu? Apoint? Saignant? Il aura donc fallu lapugnacité d'une citoyenne italo-finlan-daise d’Abano-Terme (province dePadoue) Mme Soilé Lautsi, pour que lescandale éclate enfin: ses filles ne sup-portaient plus ce spectacle de bouche-rie humaine dans leur école! DameSoilé Lautsi s'est donc battue d'abordsur le plan national. Elle a perdu sonprocès. Naturellement: justice aux ord-res du Vatican oblige. Elle a porté l'affai-re devant le Tribunal des droits del'homme et elle a gagné! Enfin! Et cettefois la tempête soulevée dans les béni-tiers est de taille. Il y aura recours. Il yaura bataille. Mais enfin, voilà la trèscatholique Italie sommée par la C.E. desdroits de l'homme d'avoir à retirer sescrucifix de toutes les écoles publiquesdu pays dans les trois mois! MadameSoilé Lautsi, vous êtes une sainte! Toutel'Europe laïque et enfin lucide vousvénère! Et moi, je vous embrasse.

NARCISSE PRAZ

P.-S. Mais où est-elle, la Soilé Lautsi duValais, de Fribourg et des autres cantonssuisses?Ne répondez pas toutes en mêmetemps! Je n'en espère qu'une. Une seule.

quelque chose est bien n’implique passeulement de respecter ce quelquechose, mais également de le défendre,voire de le promouvoir. Par exemple, siDieu dit que la paix est quelque chosede bien, alors je dois promouvoir cebien ou, au minimum, selon les théories,le défendre lorsque celui-ci est en dan-ger. Or, il est dit dans la prémisse (3) queDieu est bon. D’une part, il est absurdede vouloir «promouvoir» ou «défendre»une entité omnipotente, qui se suffit àelle-même. Dieu est si puissant qu’il n’apas besoin de «protecteurs».D’autre part, nous estimons générale-ment que si Dieu est bon, juste, etc.,c’est en fonction de certaines caracté-ristiques, et non en fonction d’un com-mandement qu’il donne. En effet, lecroyant ne considère pas que Dieu estbon parce que ce dernier a décrété qu’il

l’était (ce qu’implique la théorie du com-mandement divin), mais parce qu’il pos-sède certaines caractéristiques qui fontde lui un être bon. De ce fait, adhérer aucommandement divin met à mal la pré-misse (3).Ainsi, suivre le commandement divin –l’option (a) – remet en question laconception qu’ont les croyants mono-théistes de Dieu. Or, il apparaît que lescroyants ne peuvent rejeter cetteconception fondamentale. Donc, s’ilsveulent êtres cohérents, les croyantsdoivent rejeter la théorie du comman-dement divin.Reste, pour le croyant, l’option (b).Comme nous l’avons vu, cette optionimplique, dans un premier temps, derejeter l’idée que Dieu est créateur detoutes choses. Certains théoriciens onttrouvé la parade2, mais ce n’est pas ce

qui nous intéresse ici. Le but de cet arti-cle était de montrer que les croyantsissus des trois grandes religions mono-théistes, étant donné la conception qu’ilsavaient de Dieu, ne pouvaient adhérer àla théorie du commandement divin, etc’est ce qui a été accompli.

BERTRAND CASSEGRAINASSISTANT AU

DÉPARTEMENT DE SCIENCE POLITIQUE DE

L’UNIVERSITÉ DE GENÈVE

1 Je reprends ici l’argumentation quel’on trouve dans le livre de MarkTimmons (2002), Moral Theory. AnIntroduction, Rowman and Littlefieldpublishers Inc.

2 Voir l’ouvrage de Timmons déjà cité,pp. 30-32.

Crucifix (Ecole de Donatello, env. 1410)

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INTERNET EN LIBERTÉINDEX LIBRORUM PROHIBITORUM

(INDEX DES LIVRES INTERDITS)

Si vous désirez télécharger cette listede quatre mille ouvrages que les catho-liques romains n’étaient pas autorisés àlire, nous vous conseillons d’abord derechercher sur Internet: Index librorumprohibitorum.Vous arrivez sur Wikipediaet vous pouvez lire une petite histoirede cette censure du Vatican. A la troi-sième page vous trouverez Liens exter-nes et ensuite vous cliquez sur Indexlibrorum prohibitorum 1948. Les 203pages de cette liste apparaîtront alorssur l’écran, classées par auteur ou parla date de parution si l’auteur n’étaitpas connu.La consultation de l’Index ne manquerapas de vous surprendre et en plus ilvous permettra de trouver une foule derenseignements sur ces livres et sesauteurs.

Pour ceux qui n’ont pas accès àInternet, cette liste peut être obtenue ànotre rédaction pour le prix de 25 fr.

LE PASSÉ DU PRÉSENT

EN SUISSE, LES CRUCIFIX SONT INTERDITSDEPUIS 1990!

André Malraux avait plus que raison:on n'en finit pas en ce nouveau siècleavec les religions.Après les intégristesde tout poil, les minarets, voici que lescrucifix refont la une de l'actualité.Suite à la condamnation de l'Italie parla Cour européenne des droits del'homme, la révolte gronde dans lessacristies. Même en Suisse, où unconseiller d'État radical valaisan esti-me ne pas devoir se prononcer sur laquestion. Au mépris de la loi, car en1990, en conclusion d'une bataille juri-dique homérique, le Tribunal fédéralinterdisait les crucifix dans les écoles.C'est à Guido Bernasconi, un institu-teur tessinois, que la Suisse doit d'a-voir une définition claire de la neutra-lité religieuse de l'espace scolaire.Ayant construit en 1984 un nouveaubâtiment, la municipalité de Cadro,petit village perché au-dessus deLugano, crut bon d'accrocher un cru-cifix dans chaque salle. A la rentréedes classes, Bernasconi décroche l'ob-

jet au nom de la laïcité du lieu. Emoi dela municipalité qui confirme sa décision.Avec l'appui de quelques citoyens, l'en-seignant fait recours au Conseil d'Etat,arguant, selon la Constitution, de la vio-lation du principe de l'égalité de traite-ment, de la liberté de croyance et de laneutralité confessionnelle de l'école. Endécembre 1985, le Conseil d'Etat rejettele recours. Bernasconi s'adresse aussitôtau Tribunal administratif cantonal qui luidonne raison en mai 1986. C'est alors lamunicipalité de Cadro qui, le 30 mai1986, au nom de l'autonomie communa-le, demande au Tribunal fédéral d'annulerla sentence tessinoise. Hésitations, dis-cussions, conciliabules: le TF repasse lapatate chaude au Conseil fédéral quiaccepte le recours le 29 juin 1988.Bernasconi ne se laisse pas impression-ner et, deux semaines plus tard, s'adres-se alors à l'Assemblée fédérale, soit lesdeux chambres réunies du Parlement,l'autorité suprême de notre petit pays.Nouveaux conciliabules entre juges et

hommes politiques. Pour finir,l'Assemblée fédérale estime que l'af-faire ne relève pas de la compétencedu Conseil fédéral et renvoie le dos-sier au Tribunal fédéral. Son avistombe le 26 septembre 1990.L'instituteur avait raison: la présenced'un crucifix sur le mur d'une salle declasse viole le principe de neutralitéconfessionnelle de nos écoles, d'au-tant plus que la scolarité est obligatoi-re.

GÉRARD DELALOYE,JOURNALISTE ET HISTORIEN

Article paru dans Le Matin du 8 novembre 2009 et publié avec l’autori-sation de son auteur que nous remercionsvivement.

N.d.l.r.: Malheureusement cettedécision du Tribunal fédéral n’estpratiquement pas respectée.Est-ce que la religion est au-dessusde la loi?

LE COMBLEApparemment l'endoctrinement reli-gieux précoce ne semble pas suffire àcertains milieux politiques cléricaux.Les adultes y ont droit aussi auLuxembourg comme le montreErwuesse Bildung (Education pouradultes). Un théologien protestant(I.H.) a été engagé à ces fins.Tout entravaillant pour une institution catho-lique il est au service de «l’Educationdes adultes».Dans le temps protestants et catho-liques s'entretuaient, aujourd’hui ilsfont bande commune. Le dogmecatholique de la «Vierge Marie» nefait plus obstacle, il faut endoctrinerensemble.Bref, l'endoctrinement religieuxcatholique au Luxembourg ne connaîtpas de limite d'âge, on n'est jamaistrop jeune ni trop vieux.

EDOUARD KUTTEN

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A l’occasion des fêtes de Noël, fêtes pro-fanes et religieuses, nous avions toussouvenir de ces repas copieux et arro-sés, marqués particulièrement par uneabondante consommation de foies denos amis ansériformes et anatidés, palmi-pèdes gavés dont la maladie est un vraidélice.Mais observons également ces autresansériformes et anatidés qui s’en vontpalmi-pèdant, dans la froidure et la pluie,au réconfortant gavage liturgique baptisé«messe de minuit», (l’heure du crime,prétendent certains).A ce sujet et pour ceux qui souhaitentapprofondir le caractère «sacré» de l’é-vénement ou qui ignorent ce qui secache (et s’exprime) derrière cettemusique aux accents de mâles triom-phants, il est utile d’en rappeler les ter-mes qui, souvent en matière religieuse, seveulent d’une poésie illuminante:

«Minuit chrétien c’est l’heure solennelle où l’homme Dieu descendit jusqu’à nouspour effacer la tache originelle

et de son père arrêter le courroux.Le monde entier tressaille d’espérance à cette nuit qui lui donne un sauveur.Peuple à genoux, attends ta délivrance.Noël, Noël voici le rédempteur!Courbez vos fronts devant le rédempteur(bis)

Ainsi nous pouvons noter que l’heureest solennelle puisque l’homme Dieudescend jusqu’à nous! «L’homme Dieu»,expression bien maladroite. Elle vient enconcurrence avec Tarzan, l’homme desbois, l’homme-araignée, l’homme-cheval,le loup-garou et tant d’autres!Enfin on nous assure que l’atterrissageest réussi, grâce à cette opération unenfant Dieu dit «petit Jésus» est né.Ce qui est performant dans la foi c’estque vous n’avez aucune explication àdemander: on vous annonce l’événe-ment, un point c’est tout! Pourtant, etc’est très important, cet homme Dieuvient pour effacer la tache originelle.Vous ne le saviez pas? Vous avez bien faitde venir parce que nos ancêtres ontfauté grave et maintenant c’est que vouspouvez «tressaillir d’espérance» (lemonde entier a le droit de «tressaillir»,excusez du peu). C’est une des formesde la transe catho. La transe, sous uneforme ou une autre, est un desincontournables effets recherchés partoute religion.

Toutefois vous avez un moyen de calmerle courroux de «l’homme Dieu» que l’oncroyait à l’origine de tout: de la fabrica-tion du vivant, du non-vivant, enfin detout y compris de ce qui peut s’ensuivre:harmonie universelle, tous les plaisirspossibles, bref le bonheur pour tous (denuit comme de jour!)Malgré tout, en cette nuit du solsticed’hiver qui nous donne un sauveur, il estdemandé, à vous, peuple de Dieu, de vousmettre à genoux, dans l’attente de votredélivrance. (On se croirait dans une salled’attente pour femmes enceintes!)Voici donc l’homme-Dieu-rédempteur-accoucheur de votre libération. Pourquoipas de votre liberté, ce serait plus immé-diat et plus facile à mettre en pratique.Pour en terminer avec ce rappel à l’or-dre divin, il vous est enjoint de courbervos fronts devant le rédempteur. C’estun comble: on ne l’a pas appelé, il vientquand même, on ne comprend pas cequ’il dit et en plus il faut se mettre àgenoux et courber le front!Tout cela sur des musiques aux envoléesd’un lyrisme tonitruant et propres à vousdonner les frissons recherchés et aux-quelles se sont appliqués de nombreuxcompositeurs de talent tels AdolpheAdam ou Charles Gounod. Faites toutde même attention à la fin où il y a cetteexplosion du «Noël, Noël voici lerédempteur» qu’on vous prie de bisser,ce qui, après le «tressaillement d’espé-rance», peut vous conduire tout droit àune sorte d’orgasme cérébral, ce quin’est pas recommandé à votre tête déjàfragile puisque vous êtes venu et encorefragilisée par ce traitement de choc. Bref,comme dit la sagesse populaire, «on peutse faire sauter la cafetière».Si vous n’avez pas été convaincu par legrand classique du «minuit chrétien» ousi vous êtes en manque d’opium du peu-ple (pas forcément le moins cher) vouspouvez vous abandonner aux chanson-nettes qui participent également à labonne formation de cette jeunesse, raviede la crèche.

Il est né le divin enfantDepuis plus de quatre mille ansnous le promettaient les prophètestout petit enfant que vous êtesÔ jésus ô roi tout puissant régnez sur nous entièrement.

Dans ce superbe texte d’anthologie, onapprend également beaucoup de choses.

Les prophètes (excellente et solide réfé-rence) promettaient cette divine naissan-ce depuis plus de quatre mille ans. Et l’é-volution dans tout cela? Il est vrai quequatre mille ans est une référence descience chrétienne (ainsi: la terre estplate... comme un encéphalogramme dethéologien!)Autre affirmation: «Jésus roi tout puis-sant». Si petit et déjà en puissance roya-le. Cela vous a une autre allure que Jeanfils de Nicolas. Pour en finir avec cesaffirmations enfumantes et, comme ledernier soupir d’abandon du mentalfidéiste: «Régnez sur nous entièrement».Il est important de noter ici le côté«monarchie absolue» des textes. Nulétonnement, l’Eglise n’a pas vraimentquitté l’Ancien Régime: le roi, le règne, lepeuple à genoux, les courbettes sansoublier que Dieu est infatigablementappelé «Seigneur» dans ces prières quiont traversé les siècles: Seigneur ayezpitié de nous (c’est le Kyrie Eleison),Seigneur exaucez-nous, Seigneur, faiteque ma fille soit dans les quatre-vingtpour cent de réussite au bac (avec mention ce serait un petit plus dont jevous serais obolement reconnaissant,Seigneur!), faites que ma date de naissan-ce soit le super-gagnant du gros lot, etc.etc.Ah, j’allais oublier: et que nos affairesprospèrent, vraiment bon dieu vous metroublez.En cette nuit exceptionnelle que la reli-gion a tenté de voler au profane, vouspouvez également ajouter une noteféminine avec l’Ave Maria encore un desstandard des albums cathos, tout aussipropre à vous procurer les bons frissons.Jean Paul II s’est beaucoup investi dans leculte marial.Aussi il serait de la dernièreinconvenance de rappeler que le Talmudde Jérusalem a gardé la trace d’uneancienne tradition (ayons toujours lerespect des traditions nous répètent àsatiété les bons penseurs), affirmant queMarie avait eu pour amant un soldatromain appelé Pandera et que Jésus étaitle fils de celui-ci. Cette histoire estconfirmée par Celse (philosophe grecsurtout connu par Origène qui l’a com-battu sans laisser trace des documentsauthentiques de Celse.) Ajoutons qu’enl’an zéro (tiens...) l’adultère était outra-geusement puni et Marie qui n’était pointla sotte que la religion nous fait souvent«apparaître», se souvenant que «depuisplus de quatre mille ans» il y avait un cré-neau libre, elle s’y est courageusement

MALADIE DU FOIE, MALADIE DE LA FOI

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irréductibles et qui, animées d’un «souf-fle divin» (se dit kamikaze en japonais),s’expriment par des massacres que l’onserait en droit de juger d’une époquerévolue et, point rouge sur ce gâchis, lespopulations civiles comptent le plusgrand nombre de victimes de cettehorde de fous furieux (certains se flat-tent d’ailleurs d’être des «fous deDieu»).Dans tous ces conflits; directement ouindirectement, les religions sont partieprenante et on ne voit guère une «com-munauté» religieuse en règlement decompte interne sauf, en phase finale,pour décrocher ce pouvoir, prétendu-ment civil, qui est le but de toute opéra-tion militaire.Mais, pour autant, la paix apparente quisemble actuellement prévaloir dans nosrégions dites occidentales, est-elle lesigne d’un apaisement des rapportsentre les religions et l’Etat à prétentionslaïques?Pour répondre à cette question déjà lar-gement débattue, il suffit, pour l’essen-tiel, de savoir que: les religions ont tou-tes. une ambition planétaire et l’Etatsouhaite la paix dans les limites de sa«gouvernance». (N’oublions pas quel’Etat est souvent sous influence religieu-se, discrète ou ouverte, selon les cir-constances.) Or, il y a là une incompati-bilité majeure sachant que les religionsn’ont pas encore réalisé ou accepté quel’humanité peut vivre sans le secours dela foi et qu’elle atteindra plus sûrementbien-être social et joie de vivre dans sonautonomie terrestre de progrès, sou-cieuse avant tout du bonheur de l’être,ce qu’on appelle l’humanisme à l’état pur.Et justement, comment prétendre à cetidéal lorsque l’on met avant tout un per-sonnage abstrait, irréel, mythique quel’on fait parler selon sa politique ou sesbesoins et pulsions personnels, en miroirdéformant de la réalité.Mais il est dans la nature profonde detoutes croyances, en formant leur rondecommunautaire, de tourner le dos à tousceux qui n’entrent pas dans leur cercleilluminé. Il n’y a pas d’empathie malgréles annonces de surface de leur «evange-lium».Ils parlent beaucoup d’amour mais leureschatologie prétentieuse et funeste lesrend plus proches du «viva la muerte» dugénéral Mola (bras droit de Franco etexécuteur en chef) que de cet amour quiforme et unit les couples et donne à l’hu-manité tout entière des raisons et laforce d’espérer.

ROBERT LESCUYER

engouffrée. Non seulement en sauvantson fils elle en fit un sauveur, mais, tou-jours selon la tradition, il eut un parcoursépoustouflant en marchant sur les eaux,multipliant les pains, les poissons, chan-geant l’eau en vin au grand dam desvignerons et biophiles de la région.Toutcecla pour finir, toujours selon la tradi-tion, cloué sur une croix comme un vul-gaire esclave tels ceux qui voulaient leurliberté et qui furent plus de six mille àêtre crucifiés sur la voie romaineAppienne de cent quatre-vingt-quinzekilomètres (de Capoue à Rome), soixan-te et onze ans avant l’an zéro. Il estcurieux que l’on parle fort peu de cesnombreux esclaves ainsi martyrisés pouravoir suivi Spartacus sur le chemin de laliberté.Nous sommes donc nés coupables etaucune vie ne semble assez longue pourexpier cette faute originelle aussiconvaincante qu’une apparition de JulesCésar à la tribune de l’ONU.«Durch leiden freude»: Par la souffrancevers la joie. Cette règle morale, dans lesmilieux biens formés, est la définitionmême du sadomasochisme.Evoquant la guerre d’Espagne (1936-39),le journal LaCroix, d’une infaillibilité papa-le (voir, en simple exemple, sa positionantidreyfusarde) par la voix du chanoineLoutil imprimait cette intervention quirévèle très exactement ce qui inspire lespasteurs en charge des troupeauxhumains.

«Les Espagnols avaient tout pour être heu-reux. Baignés d’azur, sans grands besoins, ilspouvaient même rêver sous le soleil et jouerde la mandoline. Un jour soixante juifs arri-

vent de Moscou, ils sont chargés de remon-trer à ce peuple qu’il est très malheureux.»

Une telle appréciation du drame espa-gnol en dit long sur l'élévation de penséede son auteur et l'ambition qu'il mani-feste ainsi pour le peuple espagnol.Quant aux soixante juifs, comment cechrétien pouvait-il exprimer plus forte-ment son rejet d'une aide républicainequ'en utilisant un terme qui a, depuis dessiècles, donné la preuve de son abomi-nable efficacité.Les religions savent s’adapter aux cir-constances. Compelle intrare Forcez-lesd’entrer, disait Augustin, le saint.Ainsi, autrefois le fer et le feu étaient lesmeilleurs arguments pour donner toutpouvoir aux «inventeurs de Dieu» voieroyale pour la domination du peuple.Actuellement, et bien que le «décousumain» ait quelque peu évolué depuisl’Antiquité, le résultat est le même: enmanœuvrant un levier pour un canon ouen pressant sur un bouton pour unesoute à bombe ou un missile, à quelquesmilliers de mètres de distance ou d’alti-tude, vous pouvez avec la plus grandeefficacité, projeter à une vitesse nette-ment améliorée des morceaux d’acierdans toute partie du corps, sans distinc-tion de sexe ou d’âge, vers ceux quel’autorité militaro-religieuse vous auradésignés comme appartenant au peuplede Satan (encore une belle inventioncelui-là!)En outre, le progrès réside en le fait quela boucherie mécanisée permet d’exer-cer ce patriotisme (on a envie de direpas-trouille-autisme.) sans voir le résul-tat immédiat de son action: les larmes,les cris de douleur physique ou morale,les corps ensanglantés, les foyersdétruits, les villages en flammes, desvilles entières en ruine, sans parler del’exode des populations avec un miséra-ble baluchon.Pour compléter cette sinistre évocation(mais est-ce possible?), il est importantde savoir qu’au seuil de la «grande» guer-re 14-18 (la fameuse «der des der»), l’é-vêque en chef des armées allemandes etl’évêque aumônier en chef des arméesfrançaises ont rédigé pratiquement lemême texte pour exhorter leurs ouaillesen uniforme à s’affronter et à s’étriperavec cet enthousiasme qui peut vousremuer quand ceux qui font autoritévous ont bien «claironné» que c’est vousqui défendez la juste cause.En ce début de vingt et unième siècle, ilexiste encore, ici et là sur notre planète,quelques foyers de haines recuites et

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pour confronter sereinement nosacquis et rechercher fraternellementcette Vérité qui pour l'instant nouséchappe. Peut-être que, tous ensemble,nous rencontrerons finalement Dieu,puisqu'il est la Vérité.»S'étant tous reconnus frères en huma-nité, ils allument alors un immense bra-sier dans lequel ils précipitent les croix,les croissants, les étoiles, les mitres, lestiares, les chapeaux, les kippas, les tur-bans, les foulards, tous ces signes quimarquaient leurs différences.Et lorsque le soleil se lève, brillant sym-bole de la puissance universelle, ils l'ac-cueillent par un vibrant «Hymne à laJoie» jaillissant de toutes leurs poitri-nes.

ROBERT NICOLE

Le plus beau conte de Noël, c'est cer-tainement le plus ancien, celui que toutle monde connaît: le conte de l'évangé-liste Luc : le petit enfant dans la crèche,Marie attendrie, Joseph très ému, l'âneet le bœuf soufflant leur chaleur, lesbergers accourus, le chant des angesdans le ciel et les mages d'Orient gui-dés par une étoile. Conte repris, déve-loppé, enjolivé au cours des âges par laferveur populaire.Or la première version de ce contemerveilleux a été écrite, plus de sep-tante ans après l'événement, par Luc, unmédecin grec, disciple de l'apôtre Paul.Dans la théologie de ce dernier, Jésusest le Messie attendu depuis des sièclespar Israël, le Messie annoncé par lesprophètes, et ce descendant du roiDavid ne pouvait naître qu'à Bethléem,la ville de David.Mais ce récit, propre à toucher lescœurs et susciter l'émotion, cette mer-veilleuse histoire répétée de générationen génération depuis deux mille ans,n'est qu'un conte, produit de l'imagina-tion fertile d'un évangéliste poète.Aujourd'hui, alors que les anges chan-teurs et musiciens ont déserté le cielpour faire place aux avions, fusées,satellites et sondes spatiales, il n'est pasinterdit de rêver et d'imaginer un contede Noël qui n'aurait nullement la pré-tention d'être prophétique car, commepour les anges, le temps des prophètesbarbus, à l'imagination débordante, estrévolu.

* * *Ce soir de Noël, le ciel de Jérusalemest constellé d'étoiles. Sur la place prin-cipale, brillamment éclairée, les repré-sentants de toutes les Eglises, de toutesles sectes, de toutes les religions sontrassemblés. On distingue, dans leurscostumes chatoyants, le pape descatholiques romains, les patriarchesorthodoxes russes et grecs, les musul-mans, grands muftis, ayatollahs etimams, chiites et sunnites, ainsi que,sobrement vêtus, les représentants desprotestants libéraux, évangélistes etfondamentalistes et même desMormons. On repère à leurs grandschapeaux, les hassidims juifs, commeaussi à leurs robes orange le dalaï-lamaet les moines bouddhistes. Il y a lesadeptes de Confucius et du zen, lestaoïstes, des hindouistes de toutesnuances et des chamans sibériens.Personne n'a voulu manquer cette

réunion mondiale, et même MichelOnfray, le théoricien de l'athéisme, estprésent.Il faut dire qu'en réaction aux innom-brables massacres ethniques et reli-gieux de ce troisième millénaire, lapopulation du monde entier a fini parhurler jusqu'au ciel pour que cessentles oppositions ridicules entre dispen-sateurs de foi, entre ces apôtres têtusclamant leurs vérités et provoquantainsi des tensions meurtrières.A la question de Pilate: «Qu'est-ce quela vérité?» la grande voix de Gandhi afini par répondre: «Dieu est la Vérité: orla Vérité étant Une... elle ne peut qu'u-nir tous les hommes!»On ouvre un grand débat. D'abord, cha-cun est invité à reconnaître ses torts. Etc'est alors que le miracle se produit:l'un après l'autre, chaque représentantmonte à la tribune pour reconnaîtreque, poussés par leur prétention absur-de à être seule détentrice de la Vérité,par la force, l'intimidation, la torture, lemassacre, leur propre religion a sou-vent imposé violemment sa foi, établi sadomination sur les peuples, exploitéleur crédulité et profité de leurs res-sources et de leurs biens. Croisades,conquêtes, annexions, spoliations,esclavagisme, bûchers, massacres, géno-cides... la liste était longue. Personnen'en réchappe. Même les Juifs ont finipar déclarer que leur prétention d'êtrele «peuple élu» était absurde, parcequ'un Dieu juste ne peut qu'aimer éga-lement tous ses enfants. Il faut dire queles chrétiens venaient d'admettre queproclamer Jésus «Fils unique» de Dieune tenait pas, que ce titre de «Fils deDieu» pouvait être attribué à d'autresgrandes âmes, comme Confucius, leBouddha, et plus récemment à Gandhi,à Martin Luther King et, pourquoi pas,à Mahomet même, forcé à contrecœurà des actions guerrières.Après ce «mea culpa» général, s'enga-gea le débat sur la Vérité. Chacun finitpar admettre que nul ne la possède etque les pères fondateurs de toutes lesreligions ne la possédaient pas davan-tage. Ils n'avaient même aucune idée detout ce que nous savons aujourd'hui, dece que, pas à pas, la science humainenous a révélé. Or certes, si la sciencene peut pas tout expliquer, chacun dutreconnaître qu'aucune religion ne lepeut non plus.«Unissons-nous donc, se disent-ils,

SONGE DE NOËL

L'on constate une activité politique deplus en plus grande des Eglises et surtoutde l'Eglise catholique dans le monde capi-taliste et parallèlement à cette évolutiondes tentatives de plus en plus nombreusesde remettre la laïcité en question voire dela réviser.La laïcité selon les bons vœux de certainsmilieux cléricalement inspirés devrait êtrephilosophiquement neutre et laisser allerles religions à leur guise.Nul n'a mieux su résumer cette révisionde la laïcité que Sarkozy, président d'unerépublique se déclarant laïque. SelonSarkozy «dans la transmission des valeurset dans l'apprentissage de la différenceentre le bien et le mal, l'instituteur nepourra jamais remplacer le curé et le pas-teur.»Des paroles graves qui mettent en ques-tion l'enseignement public et la sociétédémocratique. Sarkozy n'est pas le seulpoliticien à avoir cette vision.Tous les par-tis de droite à philosophie chrétienne par-tagent ses idées. L'Etat clérical «newlook» frappe à la porte.Aux vrais laïcs de lui barrer le chemin, cen'est plus le moment de se cacher derriè-re une soi-disant neutralité.Faut-il rappeler que la neutralité a tou-jours servi les intérêts de la droite.

EDOUARD KUTTEN

UNE LAÏCITÉRÉVISÉE!

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Quel plaisir de découvrir, dans le N°142 de septembre dernier, que vousvous attaquiez à la plus grande impos-ture de l'Histoire: l'affaire Jeanne d'Arc.Qui n'a jamais, d'ailleurs, porté ce nom.Déjà dans mon enfance, j'avais de lapeine à croire la merveilleuse histoire.Cette bergère lorraine... qui parlait lefrançais! Cette gardienne de moutons...qui montait à cheval comme un cavalieraguerri! Cette pucelle inculte... quimaniait la lance et l'épée comme unsoldat professionnel.J'avais quinze ans lorsque, par le plusgrand des hasards, je découvris dansune boîte de bouquinistes à Genève lelivre rare et «maudit» de Jean Grimod:«Jeanne d'Arc a-t-elle été brûlée?» qui,sur ordre supérieur, avait été retiré deslibrairies françaises. Ce fut un choc etune révélation.Non seulement cet auteur, poursuivipar la haine cléricale, répondait à tou-tes les questions que l'on pouvait seposer sur le mystère johannique. Maisses explications éclairaient d'un jourtotalement nouveau l'histoire de l'hé-roïne nationale française. Bien plus. Laclé de lecture qu'il nous fournissaitdonnait la seule interprétation valablede cette «merveilleuse» histoire: l'unedes plus grandes opérations de manipu-lation politique de tous les temps.Devenue l'une des plus grandes impos-tures de l'Histoire.Jean Grimod n'était pas le premier (nile dernier) de ces courageux auteurs.Que l'on nomme les «orléanistes»parce qu'ils pensent que Jeanne laPucelle était Jeanne d'Orléans, fille illé-gitime de la reine de France Isabeau deBavière et du duc d'Orléans. Donc lademi-sœur (et peut-être la sœur) duroi de France Charles VII.Et que l'on appelle aussi les «survivis-tes». Car ils ne croient pas au bûcherde Rouen (brûler vive une princesseroyale!) et retrouvent la trace deJeanne plusieurs années après sa pré-tendue disparition.C'est au début du XIXe siècle qu'appa-rut, pour la première fois, la thèse de labâtardise royale de Jeanne. Son auteur,Pierre Caze, dont on ignore les sour-ces, se rendit compte de l'impact qu'al-lait provoquer sa découverte.En lieu et place d'un livre d'histoire quiaurait relaté la vérité, il écrivit une

pièce de théâtre, fort mauvaise audemeurant, mais qui contenait sadécouverte. Elle passa quasi inaperçue.Il faut attendre les première années duXXe siècle pour voir paraître les pre-mières thèses orléanistes et survivistes.Puis, au milieu du siècle, Jean Grimoddéjà cité. Puis Gérard Pesme, le plusagressif de tous mais qui contribua àfaire connaître cette thèse dans legrand public.Puis Jean Bancal, peut-être le plus per-cutant.Avocat de formation, il présentela thèse de Jeanne, princesse royale,comme s'il s'agissait d'un dossier à plai-der devant un tribunal avec une rareobjectivité.Inutile de dire que tous ces auteursfurent traînés dans la boue par les his-toriens traditionalistes et, bien sûr, parle clergé.Mais le plus incroyable dans cette affai-re, c'est de comprendre pourquoidepuis le XVe siècle (car la légendenaquit quasiment du vivant de l'héroï-ne) on veut nous faire croire à l'histoi-re bêtifiante de la bergère lorraineinspirée, au lieu de nous raconter lavérité. Celle de la princesse royaleJeanne qui joua, au-delà de toute espé-rance, le rôle qu'on lui fit tenir de libé-ratrice du territoire et qui mena sacrerle «gentil» dauphin à Reims.Cette formidable opération d'intoxpolitique a certainement été montéepar la reine Yolande d'Aragon, belle-mère de Charles VII et l'une des plusgrandes têtes politiques de ce temps. Ilfaut avouer que c'était génial. Des pro-phéties annonçaient que le royaume deFrance perdu par une femme (Isabeaude Bavière) serait sauvé par unefemme. Et cette femme, on l'avait sousla main. C'était une petite bâtarde, desang royal, élevée à Domrémy par lafamille d'Arc qui était loin d'êtred'humbles paysans comme on le saitaujourd'hui.Dès lors, élever cette fille en fonction desa mission, lui apprendre le métier desarmes, l'équitation, les manières de courfut l'œuvre de personnages que l'ontrouve quasi depuis l'enfance dans sonentourage. Et qui sont très ennuyeuxpour les tenants de l'orthodoxie qui nepeuvent nier leur existence...Les fameuses «voix» qu'entendaitJeanne, sont des voix humaines et non

divines. Qui lui apprenaient son rôle.Bien sûr qu'il ne fallait pas révéler quielle était sans faire capoter tout le pro-jet. Et si le secret fut généralement biengardé, ce qui n'est pas le moins éton-nant de toute cette épopée, il se pro-duisit cependant quelques «dérapages»,qui, à eux seuls, devraient suffire pourque la vérité éclate.Quand Jeanne, elle-même, en présencedu dauphin et à l'arrivée du duc,d'Alençon s'écrie: «Ah! Gentil ducsoyez le bienvenu. Plus on sera ensem-ble du sang de France, mieux celasera.»Une humble bergère du sang deFrance? C'est-à-dire du sang royal!Ou quand Dunois (bâtard d'Orléans,donc demi-frère de Jeanne) arrive sousles murs d'Orléans et y rencontre, pourla première fois, la jeune fille qu'il neconnaît pas, que lui dit-il? «Salut NobleDame, comment vous va?» La paysannelorraine, une noble dame?A mes yeux, ces deux «bourdes» suffi-raient, à elles seules, à révéler la vérité.Il est temps qu'elle éclate au grand jour.Car l'Opération Bergère, comme lanomma si joliment un historien anglais,n'enlève rien au mérite du personnagehistorique de Jeanne. Bien au contraire.La princesse royale jouant un rôle écra-sant avec éclat, s'inscrit beaucoupmieux dans la géopolitique de l'époqueque la niaise bergère entendant desvoix et dont l'histoire est tissée d'in-vraisemblances.

MICHEL JÖRIMANN

COURRIER DES LECTEURSLA PLUS GRANDE IMPOSTURE DE L'HISTOIRE

Le comité de rédaction, respectueuxd’une totale liberté d’expression,précise que les articles signés sontsous la responsabilité de leursauteurs et ne peuvent engagerl’Association vaudoise de la LibrePensée dans son ensemble.

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Le 6 avril 1994, l'avion du chef de l'Etatrwandais, Habyarimana, est abattu par unmissile. Il n'y a aucun survivant. Un quartd'heure après commencent les premiè-res exécutions ciblées conduites par lecolonel Bagosora, chef de la garde prési-dentielle. Il faudra trois jours, du 7 au 9avril, à ses 1500 hommes pour nettoyer,par familles entières, tous les leaders del'opposition y compris les personnalitéslibérales hutu. Le Premier ministre seradénoncé comme traître et compliceavant d'être ignominieusement massacréainsi que tous les membres de l'opposi-tion.Tel est le prélude à un génocide qui va sedérouler avec ampleur, rapidité et effica-cité, qui durera trois mois et fera plusd'un million de victimes, soit la quasi-totalité de la population tutsi. Celle-cisera massacrée à l'arme blanche, lesautorités ayant acheté plus de machettespendant le seul mois de février 1994(trois mois avant l'attentat) que pendanttoute l'année 1993: 581 tonnes demachettes ont ainsi été importées auRwanda.Rien ne différencie le Hutu du Tutsi: ni lalangue, ni la culture, encore moins la reli-gion. Seule une mention indiquant l'origi-ne ethnique sur les cartes d'identité dis-tinguait le Tutsi du Hutu. Ce fichage avaitété rendu obligatoire avec la mise enplace en 1961 par les pères blancs et lesautorités belges, d'un état ethnique auRwanda, sous la houlette d'un partiunique, le Parti du mouvement d'émancipa-tion des Hutu.L'Eglise prend en effet une part détermi-nante dans l'élaboration d'une doctrinebasée sur des critères raciaux. MgrPerraudin, père blanc et ancien vicaireapostolique de Kagbayi, qui représente lahiérarchie catholique au Rwanda, théori-se dès la fin des années cinquante unintégrisme ethnique et supervise les tex-tes fondateurs des deux premières répu-bliques. Ces textes discriminatoires stig-matisent la minorité tutsi et la désigne àla vindicte de ceux qui organiseront lespogromes de 1959, 1961, 1963, 1965 quiannoncent le génocide de 1994.L'état d'esprit du clergé, décrit par lejournal catholique Golias, donne l'exem-ple d'un père blanc, le père Carlisquia,qui non seulement «pendant ses homélies,

prêchait avec virulence la haine et la chasseaux Tutsi,mais au long des mois d'avril à mai1994, stationnait aux barrages avec sonfusil accompagné de tueurs qu'il aurait lui-même formé au maniement des armes».Pour l'Eglise et ses séides, le caractèrebiblique de l'annihilation des Tutsi étaitmanifeste: il s'agissait de présenter leurélimination comme une lutte purificatri-ce du bien contre le mal.Le bras armé de la purification ethniqueétait l'armée rwandaise flanquée par lesmiliciens du Hutu Power, et encadrée parle corps expéditionnaire français. Les slo-gans anti-Tutsi tenaient lieu de seul pro-gramme politique, et en appelait à unfront de race contre le «seul véritableennemi», le FRP*.C'est pour des raisons politiques et éco-nomiques évidentes que les stratègesfrançais décideront d'envoyer des trou-pes au Rwanda après le retrait du contin-gent belge en 1990, jouant à fond lacarte anti-Tutsi. C'était le moyen de s'as-surer le soutien des responsables et d'af-firmer la présence française enCentrafrique. Ce dispositif intégrait laformation et l'équipement de l'arméerwandaise, conçue non comme l'arméed'un pays indépendant, mais comme uneforce supplétive au contingent français.Celle-ci passera ainsi en quatre ans, de5300 à 50000 hommes. Son intégrationse fera aussi par des mercenaires «offi-ciels» ou des officiers supérieurs sousuniformes rwandais, avec la connivencetotale de Christian Josselin, ministre dela Coopération.Du côté de l'état-major particulier de F.Mitterrand, alors président d'un gouver-nement de cohabitation avec EdouardBalladur premier ministre et Alain Juppéministre des Affaires étrangères, ilrépandit le mythe des «khmers noirsTutsi» et évoqua «des siècles de luttestribales», marquant son soutien au gou-vernement rwandais. La mission destroupes françaises était de participeraux opérations anti-insurrectionnellesdestinée à stopper l'avance des FPR,d'interroger les prisonniers, de fournirdu renseignement militaire, de conseillerles officiers et d’assurer l’entraînementdont la plupart de ceux qui en bénéficie-ront joueront un rôle actif dans le géno-cide.

Le camp d'entraînement de Bigogwe aainsi formé les commandos qui vont acti-vement participer à l'extermination. Lestroupes de choc du 1er régiment para-chutiste d'infanterie de marine (1er

RPMIa) évolueront au milieu des rivièresde sang d'hommes, de femmes et d'en-fants, qui seront non seulement massa-crés mais suppliciés, ces atrocités ayantpour but de nier l'humanité des victimes.

NOTE DE LECTURE«UN GÉNOCIDE SANS IMPORTANCE»

LA FRANCE ET LE VATICAN AU RWANDAPar Jean-Paul Gouteux aux éditions Tahin Party

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Jean d'Ormesson écrira avec un lyrismemacabre dans Le Figaro des 19 et 20juillet 1994, que le génocide tutsi était un«massacre grandiose dans des paysagessublimes».Témoignage d'une rescapée des massa-cres: «Mes amis canadiens ont chuchoté:«Les Français... Nous avons vu des militairesqui contrôlaient les miliciens qui tenaient lesbarrières en agitant des machettes danstous les sens... je me suis rendu compte queparmi les militaires il y avait aussi desFrançais qui demandaient les cartes d'iden-tité où figurait la mention «Hutu,Tutsi,Twa».Les Tutsi se faisaient sortir des voitures et lesmilitaires français les remettaient aux mainsdes miliciens agacés qui les coupaient àcoup de machette et les jetaient au bord dela grand-route.»Lorsqu'il fut évident que la progression duFPR ne pourrait être arrêtée et que le

dispositif militaire s'effondrerait, le gouver-nement français lança l'opérationTurquoise, présentée comme une missionhumanitaire destinée à stopper les massa-cres: 2500 para-commandos, plus de 100véhicules blindés, des batteries de 120 demarine, 10 hélicos de combat, 12 chas-seurs-bombardiers Mirage et Jaguar, plusde 20 avions gros porteurs, servirent pourl'essentiel, quand ils ne s'opposèrent pasaux insurgés, à couvrir la fuite des dignitai-res du régime et du clergé génocidairepour assurer leur évacuation vers le Zaïre.L'écran de fumée du «conflit intereth-nique» a été le leitmotiv des politiques etdes autorités françaises ainsi que deI'Eglise catholique: leur complicité est tota-le y compris dans la thèse défendue du«double génocide», où le génocide planifiédes Tutsi était considéré comme de légiti-me défense pour les Hutu.

Pour l'Église, «un Hutu est simple, droit,mais un Tutsi est rusé et hypocrite. Il se mon-tre bien poli et charmant, mais quand lemoment est venu, il fonce sur toi. Un Tutsi estfoncièrement mauvais pas par l'éducation,mais par sa nature».

PHILIPPE DE DEHMLibre Pensée 38, août 2009

* Mouvement insurrectionnel contre lerégime génocidaire. L'auteur note sonrefus de toute idéologie ethniciste, setraduisant par la présence de Hutu etde Tutsi parmi les dirigeants comme lessimples soldats, à l'inverse du FAR quiétait une armée strictement hutu etdont l'expression politique le MRND,alors qu'il planifiait le génocide desTutsi, était invité en tant que membrede l'Internationale démocrate chré-tienne (IDC), à son Xe congrès.

LIBRE SERVICE• H1N1, LA PANDÉMIE DE LA PEUR

BERNARD DUGUÉ

La machine sanitaire est-elle devenuefolle? Depuis avril 2009, les autorités sanitai-res, sous l’impulsion des gouvernements,ont mis en place un dispositif exception-nel et jamais vu de lutte contre la pandé-mie de grippe A, comprenant des campa-gnes de vaccination urgentes et massives– mais aussi des bévues médicalesincompréhensibles.La gravité de la menace justifie-t-elle tantd’alarmes et de frais? Les effets réelle-ment constatés de la grippe A tendraientplutôt à démentir cette escalade. Maiscomment en est-on arrivé là?Dans cet essai, Bernard Dugué présenteune vision dépassionnée qui contreditl’hystérie ambiante. Partant de la froidechronologie des faits et de leurs réper-cussions, il montre que cette agitationest le résultat d’un dysfonctionnementde la machine sanitaire, relayé par l’em-

ballement médiatique et aggravé par lesintérêts colossaux des firmes pharma-ceutiques.Plutôt que de verser dans la théorie ducomplot, Bernard Dugué fournit uneinterprétation sociologique et philoso-phique de la peur diffuse qui fait désor-mais partie de notre quotidien. Et dontles puissances – de la politique ou del’argent – savent désormais jouercomme d’un instrument.Enquête sur une dérive globale, ce livreest également une réflexion sur l’ingé-niérie sociale dont nous sommes tousles victimes ou les agents. Il illustre enfinl’impact des nouveaux médias – tel le

site Agoravox – comme vecteur d’uneinformation alternative.Esprit pluridisciplinaire, Bernard Dugué aété chercheur en biologie à Bordeaux 2,ingénieur civil de l’Ecole nationale supé-rieure des mines, docteur en pharmaco-logie, docteur en philosophie. Il a publiédes articles sur la théorie des systèmes,ainsi qu’un essai de philosophie. Avecquelque 700 articles, il est l’un desauteurs les plus actifs d’Agoravox.«Mon enquête s’oriente vers l’analysed’un système spécial au sein des sociétéset même présent à l’échelle planétaire.C’est évidemment le système sanitairequi est en cause, avec la méga-organisa-tion qu’est l’OMS, puis les «machinesétatiques» composées de professionnelsde santé, de scientifiques, d’experts, dedirecteurs, de communicants. Le tout enliaison avec les gouvernements d’uncôté, les médias, les populations et lespersonnes de terrain habilités à agir encas d’épidémie. Il sera question aussi deperception.A la fois celle des experts etcelle des cibles visées...».Essais-actualité, 13x20 cm, 160 p, Fr. 28.–.(14.– euros).Xenia Editions, CP 395, CH-1800 Vevey,Tél.+41 21 921 85 05, Fax +41 21 921 0557, [email protected], www.editions-xenia.com. Diffusion Suisse: Office du Livre.France: CED/Distribution Les Belles Lettres.

Association vaudoisede la Libre Pensée

Service des obsèques civiles,tél. 022 361 94 00

026 660 46 78Service gratuit pour les membres.

Pour s’exprimer lors des cérémonies, s’adresser au comité

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• DANSER DANS L’AIR ET LA LUMIÈREMICHEL MORET

• LA BERCEUSE D’UNE EXPATRIÉEMARIA KAMENS

LIBRE SERVICE (SUITE)

Danser dans l’air et la lumière est unjournal tenu au cours de l’année 2008. Ilconstitue, en quelque sorte, la suite deBeau comme un vol de canards qui laissaitentrouvertes certaines questions liées àmon avenir personnel et au destin d’unemaison d’édition. Ainsi, le lecteur app-rend que l’Aire survivra aux chambou-lements historiques et que le soussignécontinuera à assouvir sa passion. Maisl’objet du livre ne se limite pas à la des-cription de ce moment de transition caril donne quelques coups de projecteursur notre époque. En effet, si le métierd’éditeur a la réputation d’être écono-miquement très difficile, il offre aussi àceux qui le pratiquent d’énormes satis-factions. Il est donc difficile de taire cer-tains états d’âme, d’où la nécessité de

tenir ce journal où s’entremêlent joyeu-sement quelques aspects de la vie inti-me, des plaisirs de lectures et autres

Chères mamans et merveilleuses fillesexpatriées, à qui ce naïf bouquin estdédié. Il était une fois... une maman etune «sweetie-pie» qui habitaientCambridge pendant que papa travaillaitau Texas. Et elles ont beaucoup partagé,pendant ces années d’apprentissage etd’espoir! Et l’ouverture au monde per-met ainsi de modeler une personne

pensante et compatissante, de faire deson enfant un être humain et non unrobot agressif. A toi, ma merveilleusefille d’expatriée, installée maintenant«chez toi» dans une de tes trois patries,tout de bon!

QUELQUES MOTS SUR L’AUTEURUne révolution et une guerre civile ontprécédé la venue au monde de MariaKamens. Elle a donc toujours en elle unsentiment de non-appartenance, dedéracinement. Née en Italie pour causede déchirements en Espagne, elle auratoujours au fond du cœur la nostalgiede ce que sa vie aurait pu être.Etrangère donc déjà à sa naissance, ellea ensuite plié ou fait plier ses bagagesvingt-cinq fois d’un pays à l’autre aucours de sa vie. Et a laissé un bout deson cœur dans chacun d’eux. Elle trou-ve triste de vieillir sans avoir connu lepays de sa mère, mais est heureuse d’enavoir fait découvrir des dizaines à safille.Les voyages, comme la vie, sont uneaccumulation de petits et de grandsmoments, d’un atterissage sous la fou-dre et les éclairs à Houston au Texas lejour de son 47e anniversaire, au bon-

heur de voir sa fille devenue grande seglisser, épanouie, au creux de ses bras.Et c’est cela qu’a voulu relater avecforce et émotion Maria Kamens dans celivre. Un hommage à ses valeurs, à sesvoyages, à sa famille... à ses valeurs quiont été nécessaires et indispensables aucours de tous ses voyages avec safamille. L’amour véritable, le respect del’autre, la solidarité, l’amitié... autant demots qui prennent tout leur sens dansun pays où l’on se sent étranger.Elle a réussi aujourd’hui à réaliser sonplus grand rêve, s’établir dans «un petitcoin, à la montagne», dans son paysadopté plus qu’adoptif, la Suisse.

2009, 100 pages, 13.50 euros.Editions Baudelaire, 11, cours Vitton,F-69452 Lyon Cedex 06.Vous pouvez aussipasser commande à la rédaction de l’AVLP.

émotions professionnelles. Danser dansl’air et la lumière célèbre la vie sous tou-tes ses formes et invite le lecteur à unefête du partage dont l’intérêt dépasseles problèmes strictement profession-nels.

M.M.Michel Moret dirige les Editions del’Aire depuis 1978. Depuis 2001, il y apris la plume à plusieurs reprises pourlivrer les temps forts de sa vie d’édi-teur: Feuilles et racines, Le Livre bleu descitations, Beau comme un vol de canards.

2009, 168 pages, Fr. 27.– (18 euros)Editions de l’Aire, Case postale 57, Rue del’Union 15, 1800 Vevey, www.editions-aire.ch, [email protected],

Les articles du Libre Penseur peuventêtre reproduits librement, en indi-quant la source, à l’exception (rare)de ceux qui sont protégés par lecopyright ©

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Entrons d'emblée dans le vif du sujet.Tout d'abord, je persiste et je signe: lamajorité des êtres humains sont bons,gentils, compatissants, bref humains. Lamajorité mais pas tous, car depuis destemps immémoriaux et sous toutes leslatitudes, il apparaît à chaque généra-tion un pourcentage, sans doute trèsfaible, de mégalomanes. En psychiatrie,on leur donne le nom de paranoïaques.Nous allons donc les appeler ainsi. Ils'agit de cas pathologiques caractériséspar un besoin insatiable de se mettreen valeur et surtout de faire reconnaî-tre cette valeur par les autres. En lan-gage courant, cela s'appelle aussi:orgueil démesuré, ambition dévorante,soif de gloire, manie de grandeur,volonté de puissance. En réalité, le nomque l'on donne à cette propension des'imposer aux autres importe peu.L'essentiel est de comprendre que toutparanoïaque est forcément attiré parles hautes sphères. On les retrouve,par conséquent, dans tous les domai-nes de l'activité humaine mais c'estsurtout dans les allées (allées etvenues?) du monde politique que l'onen compte le plus grand nombre et desplus atteints. Le pouvoir politiqueexerce en effet sur les grands para-noïaques un attrait absolument irrésis-tible. Ils y voient une sorte de consécration. Et comme ils sont géné-ralement dotés d'une intelligence supé-rieure et très obstinés, quelques-unsd'entre eux arrivent effectivement à sehisser aux postes les plus élevés. Bons

orateurs, ils savent jouer à la perfec-tion sur les cordes sensibles de ceuxqui leur prêtent oreille et passent maî-tres dans l'art de la manipulation desmasses. Certains ont même indéniable-ment un côté charmeur qui les rendencore plus dangereux. Ils se gardentbien, toutefois, d'avouer leurs vérita-bles motivations et on peut même sedemander s'ils en sont toujours cons-cients. Quoi qu'il en soit, ils se mettentinvariablement au service de noblescauses: la Patrie, le Bien Public, laJustice Sociale, la Liberté, la Paix, etc.,et on a parfois l'impression qu'à forced'en parler, certains arrivent à se mon-ter la tête au point de croire vraimentà leur mission.Pris isolément, un paranoïaque n'estpas forcément méchant et il y en amême eu à travers l'Histoire qui nemanquaient pas de panache. On pour-rait sans doute s'en accommoder s'ilsn'avaient pas la malencontreuse ten-dance à entrer en conflit les uns avecles autres, car c'est bien à partir de cemoment-là que les choses commen-cent à se gâter. Le nombre des postesde commande est forcément limité etles candidats nombreux; les conflitsentre paranoïaques sont donc quasiinévitables. Il en résulte que tout méga-lomane qui veut accéder au pouvoir setrouve fatalement en butte à d'autresparanoïaques qui ont les mêmes aspi-rations. On voit tout de suite les stra-tégies que cela implique.Dans une première phase de la luttepour le pouvoir, chaque leader chercheà augmenter le nombre de ses parti-sans. L'union fait la force. Celui qui yparvient et devient le chef suprêmeprend aussitôt des précautions pourdéjouer les complots toujours possi-bles. Il sait bien que ceux qui, dans sonpays, convoitent le pouvoir, ainsi queceux qui le détiennent à l'extérieur,sont des dominants eux aussi, et qu'a-vec eux il faut s'attendre à tout. Toutecette tragicomédie a généralementcomme ingrédients des intrigues, descalomnies, des alliances, des revire-ments, des trahisons. En langage cou-rant, on appelle tout cela la vie poli-tique. Charmant euphémisme! Il s'agitplutôt d'une agitation comparable àcelle d'un panier de crabes.Il existe toutefois des différences nota-bles dans la lutte pour le pouvoir sui-vant le régime du pays. Dans les pays

LE RÔLE NÉFASTE DES SUIVEURSde régime totalitaire, les paranoïaquesaccèdent généralement au pouvoir à lasuite d'une révolution qu'ils ontfomentée ou d'un putsch militaire, etse maintiennent ensuite par lacontrainte et la terreur. Il arrive aussique ce soit après une longue périodede soumission à un dictateur en placeque son dauphin finisse par lui succéder.Dans les démocraties dites parlemen-taires, les règles du jeu sont plussophistiquées. Ceux qui veulent accé-der au pouvoir sont tenus d'obtenir lamajorité des voix au cours d'électionslégitimes. D'où la création des partis etla mise en place par chacun d'eux d'unappareil de propagande destiné àconvaincre les citoyens de voter pourun tel plutôt que pour un autre. Maisquels que soient les régimes et lescontingences locales, un fait demeure: àde très rares exceptions près, ce sonttoujours et partout les paranoïaquesqui accèdent au pouvoir. Et les peuplesmarchent: les uns pour acclamer leurChef Bien-Aimé, les autres pour allerpériodiquement aux urnes afin de choi-sir entre plusieurs leaders, tous avidesde pouvoir, celui qui aura su le mieuxdiscréditer ses adversaires.Le scénario de la prise du pouvoirpeut, certes, présenter quelquesvariantes, mais comme c'est toujours lemême type d'acteurs qui l'interprètent,il n'y a rien d'étonnant à ce qu'il se pro-duise de temps en temps des heurtsentre les Etats. On sait notammentqu'il y a eu plus de deux cents conflitsarmés depuis la dernière guerre mon-diale et on ose à peine penser à ce qu'iladviendrait si la lutte pour l'hégémonieaboutissait à une guerre nucléaire. Unechose en tout cas est évidente: lesguerres sont toujours les guerres deschefs, mais depuis belle lurette ces der-niers s'arrangent pour se combattrepar personnes interposées – leurs par-tisans, leurs armées – et c'est ainsi quel'on arrive à ce que des braves gens quine feraient pas de mal à une mouches'affrontent et s'entretuent.Si l'analyse sociopsychiatrique à laquel-le nous nous sommes livrés ici estexacte, elle devrait comporter égale-ment une ébauche de solution. On nepeut certes pas envisager l'éliminationde tous les mégalomanes qui sévissentdans le monde. Seul un paranoïaquesurpuissant pourrait se charger d'unetelle besogne! On ne saurait non plus

À VOUSDE VOUS EXPRIMERCher lecteur du LIBRE PENSEUR, votreopinion peut intéresser d’autres lecteurs.Alors n’hésitez pas à nous envoyer votrearticle à l’adresse suivante:

LE LIBRE PENSEURCase postale 5264CH-1002 LAUSANNE

Les écrits anonymes ne seront pas prisen considération.

CLÔTURE DE LA RÉDACTION1er février 2010

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dépister les tendances paranoïaqueschez les enfants en bas âge sans courirle risque de commettre de graveserreurs. N'y a-t-il donc rien à faire? Si,mais à condition de s'y prendre toutautrement qu'on ne l'a fait jusqu'à pré-sent. Il faut comprendre que le vraiproblème et son éventuelle solution nese situent pas au niveau des para-noïaques mais uniquement au niveaude ceux qui les suivent. C'est qu'à l'ins-tar de certains gènes pathogènes, leparanoïaque n'acquiert toute sa viru-lence que dans certaines conditions.Tant qu'il reste seul et isolé, ce n'estqu'un pauvre diable miné par ses rêvesde grandeur et ses ambitions inassou-vies. Il ne devient dangereux que dansla mesure où il trouve des personnes àentraîner qui l'admirent et le suivent.Avec ses supporters, son potentiel setrouve multiplié par 1000, 10000,100000... suivant le nombre de zérosqui s'accumulent derrière lui en tantque chef de file, en tant que N°1. Etc'est précisément là qu'apparaît le rôlenéfaste des suiveurs. J'irai même jus-qu'à dire que ce sont eux les grandsresponsables de la plupart des mauxqui accablent les hommes et dont ilssont d'ailleurs eux aussi les principalesvictimes. Les mégalomanes-para-noïaques n'ont eux, à mon avis, qu'uneresponsabilité très relative, puisque les

meneurs n'existent que dans la mesureoù il y a des menés. Sans les menés, iln'y aurait ni leaders, ni chefs, ni affron-tements entre les hommes. Il n'y auraitque solidarité et entraide, et tout lemonde y gagnerait. Une question sepose évidemment: pourquoi y a-t-iltoujours eu des suiveurs?– Naïveté et crédulité de personnes

incultes et immatures.– Esprit tribal personnalisé dans l'ima-

ge du chef.– Peur d'être seul: se retrouver au

milieu d'un troupeau est rassurant.– Espoir de faire carrière dans le silla-

ge d'un chef et de prendre un joursa place.

– Pour certains, suivre et obéir estplus facile que décider par soi-même.

Ce qui est certain, c'est qu'il n'y aurajamais de changement radical dans lacondition humaine tant qu'il y aura dessuiveurs qui porteront au pinacle desparanoïaques qui les subjuguent, lesmanipulent et les utilisent au moyen dejeux très habiles d'appartenances, d'éti-quettes, de responsabilités, de récom-penses et de culpabilisation. Par consé-quent, la seule possibilité de nous ensortir consiste dans la mise en éviden-ce de ce processus de conditionne-ment et de manipulation, car seulsceux qui en sont conscients ont

quelques chances de ne pas tomberdans les pièges qu'on leur tend un peupartout. En effet, une fois prévenus,nous reconnaissons au premier coupd'œil les paranoïaques qui tendentleurs pièges et se nourrissent de ceuxqu'ils attrapent. Ces ogres ont un appé-tit féroce et insatiable et cherchenttoujours à augmenter leur cheptel.Aussi faut-il se méfier de tous ceux quinous demandent notre adhésion, notresoutien, notre vote. Les appels à l'ef-fort, à la lutte, au combat, toujourscontre d'autres groupes humains, sontégalement très suspects, car il y a defortes chances pour qu'il y ait derrièreces appels un ou plusieurs para-noïaques. Il faut aussi se garder decommettre l'erreur capitale qui consis-te à les combattre car cela ne peutavoir pour effet que celui de lesréconforter. Pour les rendre inof-fensifs, il suffirait de ne plus lessuivre.

Descartes corrigé: Je pensedonc je ne suis pas!

GEORGES KRASSOVSKYFONDATEUR DES JOURNAUX ESPRITLIBRE (1958) ET LE COMBAT POUR

L'HOMME (197 ) QUI DEVIENDRA DIX ANSPLUS TARD LE NOUVEL HUMANISME

Copie des brochures disponibles de nos archives que vous pouvezdemander à notre rédaction (AVLP, Case postale 5264, CH-1002Lausanne)

* !! Benito Mussolini – L’Uomo e la Divinità1904, 48 pages, Fr. 15.– + port (en italien)(Déjà proposé aux lecteurs du Libre Penseur)

* !! Aristide Tormenti – La Bibbia è immorale 1904, 40 pages, Fr. 12.– + port (en italien)

* !! J.-H. Malot – I Ciarlatani neri!1904, 38 pages, Fr. 10.– + port (en italien)(Traduction et notes de B. Mussolini)

* !! Benedetto Baglioni – Repubblicani e Cattolici1905, 30 pages, Fr. 8.– + port (en italien)

* Biblioteca Internazionale di Progaganda Razionalista(Publications sur initiative de Benito Mussolini, quand ce dernier n’était pas encore devenu «l’homnme de la Providence).

!! Aristide Bochot – Appel à la Raison1965, 12 pages, Fr. 5.– + port

!! Aristide Bochot – Catéchisme laïque1965, 20 pages, Fr. 6.– + port

!! Robert G. Ingersoll – Qu’est-ce que la Religion? 1924, 26 pages,Fr. 8.– + port

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LA FOUINE DES ARCHIVESNOUVEAUTÉS «INTROUVABLES» DU PASSÉ

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«Entre les atteintes au vœu de chaste-té, les cas de pédophilie, les viols dusecret de la confession et même le bar-botage d’hosties, le tribunal pontifical(soit la «Penitenziaria Apostolica», uneinstance disciplinaire fondée en 1200par le pape Innocent III) est débordé –écrit Ariel F. Dumont (Marianne, Paris,17 janvier 2009). Il faut ajouter mainte-nant l’affaire des nonnes d’origine afri-caine, plus ou moins obligées, à Romeet pour survivre, de s’adonner à la pro-stitution, prioritairement avec leurs frè-res en religion. Une situation dénoncéedans le tout récent livre de Serge Biléet Ignace Audifac intitulé Et si Dieu n’ai-mait pas les Noirs?«S’il y a un front mondial qui se durcit,c’est celui des religions. Dans le mondemusulman – chez les sunnites commechez les chiites – ce sont les mouvan-ces les plus intolérantes, les plus rétro-grades, qui progressent. Chez les juifs,en Israël et ailleurs, l’heure est au dur-cissement du discours plus qu’à l’ou-verture. Chez les protestants, ce sontles sectes évangéliques qui essaimentpartout, dans une vraie croisade plané-taire.Avec, à la clé, une foi intégriste etune morale étroite. Et chez les catho-liques? Là, c’est la plus haute autoritéde l’Eglise qui donne le ton; celui duretour au passé, celui de l’autisme faceaux autres confessions écrit JacquesPilet (L’Hebdo, 5 février 2009).«Mais qui donc est José CardosoSobrinho, archevêque de Recife etOlinda au Brésil? La grâce aurait-ellequitté l’esprit de cet homme pour lais-ser place à la folie; l’amour a-t-il déser-té son cœur, la charité son âme, la rai-son son esprit? Après qu’une petite fillede 9 ans a été violée par son beau-père,et mise enceinte, la mère de l’enfantvient d’être excommuniée pour avoirautorisé son avortement (l’excommu-nication a été étendue à l’équipe médi-cale qui a procédé à l’intervention). Legeste de l’archevêque vient d’être saluépar le cardinal Giovanni Battista préfetde la congrégation pour les évêques au Vatican (Jean-Christophe Aeschlimann,Coopération, 17 mars 2009).Enfin, ce passage de la présentation parChristian de Brie de l’ouvrage de JeanSoler La violence monothéiste, Paris2009, parue dans Le Monde diplomatique(mars 2009): «On le sait depuis des lus-tres: la religion, c’est la guerre. Aucun

doute en ce qui concerne les religionsmonothéistes issues de la Bible – juive,chrétienne, musulmane – auxquelles seréfère aujourd’hui encore la moitié del’humanité. Affirmer qu’il n’y a qu’unDieu et une vérité révélée, qu’il n’y apas de compromis possible entre lescontraires (le Bien doit triompher dumal et le jour de la nuit), qu’il importede croire plutôt que de savoir, ne peutconduire qu’à l’intolérance et à l’extré-misme.»«Selon une étude de l’ONU, la pratiquede l’esclavage demeure impunie, sou-vent même tolérée en Indonésie, auPakistan, au Bangladesh, au Niger et enMauritanie. Ces pays d’Asie etd’Afrique ont en commun d’être enmajorité de religion musulmane...Certes, la persistance de l’esclavagen’est pas une révélation, mais lesmilieux réputés bien informés ne jugentpas toujours utile de diffuser l’informa-tion. Au moins la connaissance est-elleparvenue aux lecteurs de l’excellentouvrage de Malek Chebel, L’Esclavageen terre d’Islam (Marianne, Paris, 21février 2009).Le catalogue 2009 de la Librairie Drozde Genève signale la parution (en tra-duction du latin) du recueil d’épigram-mes (petits poèmes satiriques)d’Etienne Dolet, paru en 1538 sous letitre de Carmina. Nous lisons dans lanotice consacrée à cette nouveautééditoriale: «Etienne Dolet (1508-1546),philologue et libre-penseur humaniste,est célèbre pour sa fin tragique sur lebûcher. Ses œuvres poétiques, en néo-latin et en français, sont tombées dansl’oubli. Pourtant, il composa maintspoèmes entre 1534 et 1542.Dolet estun auteur aux multiples facettes, poèteun peu atypique qui n’hésite pas à polé-miquer âprement sur la question dustyle... tout en montrant imprudem-ment son scepticisme en matière defoi.» Pour en savoir plus, relire l’articleque le camarade André Panchaud aécrit sur Etienne Dolet pour Le Librepenseur de juin 2007.Une bonne nouvelle (annoncée parnotre Freidenken d’avril 2009): le 13mars a été présentée à la presse zuri-choise la nouveau-née association des«Ex-Muslime» (ex-musulmans). Uneinitiative courageuse qui doit être...encouragée.Dans une lettre ouverte au Nigerian

Martin Ihoeghian Uhomoibhi, présidentdu Conseil des droits de l’homme,Charles Poncet écrit ceci (L’Hebdo, 9avril 2009) au sujet de la résolutionprise par cet organisme onusien qui«conditionne la liberté religieuse à unesorte de devoir collectif de respecterles religions établies»: «Ce texte estune infamie. Il prétend vouloir combat-tre la «diffamation des religions» en quiil voit une valeur collective à ménageret non plus l’exercice du droit indivi-duel par excellence […].La liberté religieuse est un droit indivi-duel, intangible, qui protège non pas lepouvoir d’une communauté de régirses semblables à sa guise, mais bien ledroit inaliénable de chacun d’adorer ladivinité qu’il aura choisie librement,d’en changer si cela lui plaît et de n’enreconnaître aucune s’il le préfère.Parmi les Etats votants, aucune démo-cratie n’a d’ailleurs approuvé cettemouscaille et la Suisse, pour son hon-neur, a voté contre. Soutenue par desparangons des droits de l’homme telsl’Arabie saoudite, la Chine, la Russie,Cuba, ou l’Egypte, la résolution 10/22ne doit qu’à la honteuse abstention de quelques pays démocratiques(Argentine, Brésil, Mexique, Uruguay,Inde, Japon, Corée du Sud) d’avoir étéadoptée par 23 voix contre 11(Canada, Chili, France,Allemagne, Italie,Hollande, Slovaquie, Slovénie, Suisse,Ukraine, Grande-Bretagne).Le mois de juin 2009 a été rempli parles nouvelles en provenance d’Iran, oùles fraudes électorales ont été suiviesd’une répression prévisible. Le Mondediplomatique de juillet 2009 a publié surle sujet un article de Ahmad Salamatian«Dans le chaudron du pouvoir iranien»et surtout un autre Olivier Pironet«Les structures du régime». C’est cedernier qui démontre à merveille quicommande en Iran. «La charge de grandayatollah – officiellement Guide de larévolution islamique – a été assumée,de 1979 à 1989 – par l’imam Khomeiny,remplacé à sa mort par Khamenei. LeGuide (qui a un représentant danschaque province et dans chaque minis-tère) supervise les pouvoirs exécutif,législatif et judiciaire […]. L’armée, lesforces de l’ordre et la justice sont pla-cés directement sous son contrôle.» Enthéorie, il peut être révoqué par1’«Assemblée des experts», élue mais

EN LISANT

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dont les 86 membres sont tous desreligieux. Le «Conseil des gardiens de laConstitution» qui veille à la conformitédes lois avec l’Islam est composé de sixreligieux nommés par le Guide et sixjuristes élus par le Parlement, il est deplus présidé par un ayatollah. Le«Conseil de discernement des intérêtssupérieurs du régime» (34 membres)est «désigné par le Guide et a une com-pétence législative extraordinaire». Enoutre: «Le pouvoir judiciaire, quant àlui, appartient à un théologien juristenommé par le Guide pour un mandatde cinq ans, qui choisit les juges, dont lechef de la Cour suprême». Enfin, lerégime islamiste comprend «des orga-nisations et institutions issues de larévolution qui fonctionnent comme desstructures de dédoublement de l’appa-reil de l’Etat dépendant entièrement duGuide»: les Pasdaran (Gardiens de larévolution) qui comptent dans leursrangs plusieurs millions de miliciens, lescomités révolutionnaires et les tribu-naux révolutionnaires. Inch Allah!«La crainte de l’Islam et son rejet enbloc partent du principe de la supério-rité de la civilisation européenne à basechrétienne. Comme s’il n’avait pas falluau christianisme, devenu religion d’Etat,quinze siècles de violence avant que lesLumières commencent à tempérer sameurtrière intolérance envers tous lesautres, les différents» (Jacques Poget,24 heures, 29 juin 2009).L’historien Alain-Jacques Czouz-Tornare, auteur de La Révolution françai-se pour les nuls, a été interviewé parl’hebdomadaire Coopération du 28juillet 2009.A la question portant sur ce que laRévolution a apporté d’essentiel, il arappelé: la Déclaration des droits del’homme, la liberté d’expression et lapublicité des lois («qui n’existait pasavant la Révolution. On a fixé les prin-cipes d’une justice égale pour tous»).Ilconclut sa réponse ainsi: «La fraternité,c’est la laïcité. Avant 1789, on ne pou-vait tout simplement pas changer ouvivre en dehors de la religion. Sinon, onn’existait pas, puisqu’on n’était pasinscrit dans les registres des baptê-mes». Même s’il y a toujours et encoreune belle différence entre les grandsprincipes et la réalité sociale, il s’agit là– n’en déplaise à nos nostalgiques del’Ancien Régime – d’une énorme avan-cée.Les Editions libertaires ont fait paraîtrel’ouvrage de Maurice T. Maschino Larépublique des bigots. De la présentation

qu’en donne, dans Le Monde diploma-tique d’août 2009, Christophe Ventura:«L’Eglise catholique, conduite aujourd’-hui par «l’un des chefs d’orchestre de laréaction la plus noire» […]. En France,où elle dispose, avec le présidentNicolas Sarkozy, «de son homme demain» contre les acquis de la laïcité; etau sein des institutions européennes,où elle peut compter sur le soutienindéfectible du président de laCommission européenne José ManuelBarroso. L’auteur prévient: «L’Eglisecatholique ne peut être que totalitaire[…] et […] n’a q’une ambition: recon-quérir le terrain perdu, en usant deméthodes plus souples qu’autrefois,mais en conservant le noyau dur de sondogme.»

CLAUDE CANTINI

LES BRÈVES DE

THOR DANNEMAN

Si le Petit Chaperon rouge avait ren-contré dans la forêt non pas le loupmais cet autre canidé le renard, l'his-toire se serait déroulée autrement.Le renard aurait noté l'adresse de lamère-grand, fait ensuite ses repéra-ges, constaté que le poulailler del'aïeule était aisément accessiblemoyennant un facile travail de sapeet aurait, plus tard, de nuit, fait mainbasse sur deux dodues leghorns quiallaient nourrir sa petite famille. Ilaurait laissé la mémé tranquille ainsique la gamine. Cela nous aurait épar-gné la séquence sanglante avec éven-trage (éventrement/éventration?) duloup et résurrection (ressuscita-tion?) des deux héroïnes restéesmiraculeusement guillerettes. On n'ycroit pas plus qu'à celle du rabbinJésus.

* * *Lorsqu'on entend Jessie Norman(une négresse!) chanter de façonbouleversante les Vier ernste Gesängede Brahms, on se rend bien compteque ces histoires de supériorité etde spécificité de la race blanche sontdes billevesées. Et bien le bonjour àGobineau, Goebbels, Chamberlain(attention! Houston, pas Neville),Maurras et tous ces sinistres far-ceurs.

* * *Il n'est pas nécessaire d'entrer dansune église, une synagogue ou unemosquée pour trouver la paix del'âme. Les quatuors de Beethovensuffisent largement. S'il existait unedivinité, c'est elle qui les aurait inspi-rés. Sauf que le fougueux Ludwign'aurait jamais accepté de partagerles droits d'auteur.

* * *On peut se demander si en Judée, etsi ça se trouve dans toutes lesrégions habitées du globe, on ne s'ai-mait pas les uns les autres avant queJésus en fit un précepte.

NOSTRA CULPA

Chers Amis du Libre Penseur, dans les«Brèves de Thor Danneman», page21 du No 142, 5e ligne, il y a une peti-te faute d’impression que je tiens àvous signaler: «Matthieu 15:27», c’estplutôt «25:27». La citation est effec-tivement de Jésus, mais c’en est uneautre que l’on pourrait qualifierd’«indirecte» ou «au second degré»,car celui qui l’aurait prononcéeserait un autre monsieur – selonJésus qui le relate – un maître d’es-claves.Cordiales salutations.

ANTONIO TACCONE,MONTECATINI-TERME (ITALIE)

N.d.l.r: Merci à M. Taccone pourcette rectification. Une fois de plus,nous constatons que l’ignorance reli-gieuse n’est pas du côté des librespenseurs.

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