LE SEXE DE L'ANGE

DU MÊME AUTEUR

Série « Sam & Sally » :

Sally et les guérillères. La fille qui fuyait. Mais pourquoi tuer Jerry ? Sam joue au petit... sein. Sally, gemme!... Massacre au ralenti. Princesse Circé. Plus « 4 ». D'une courte tête. Ni tuer ni mourir. Barré en rouge. Un peu de mort... fine. Filet sanglant. Si tu t'en vas à Tahiti. Meurtre sur mesure. Jugement rendu. Amuse-moi, fillette ! A tir d'elle. La chance noire. Avec fleurs et couronnes. Le sang des Mattioli. Tu ne verras plus son sourire. La colère des morts. Déjà cadavre. Ding... dingue ! Le mauvais signe. L'exécuteur testamentaire. Comme autrefois dans l'Ouesr. Contre-ut. Des chevaux et des femmes. NU... bis. Histoire d'eau. Chaud effroi... Malheur-Lake. Et si je t'aime... Tête à vide.

Feu vert pour Floyd. Comme des poissons dans

l'eau. Tu la salis ! 3 morts 1 tiercé. Bonjour, trésor! Bruts de brutes. Par sainte Marie-Madeleine. A pleins tombeaux. Johnny-le-Gentil. Tout le long du Nil. Jessica-la-jolie. L'homme d'ailleurs. A corps et à cri. Quelques petits meurtres. Chasse aux chèques. Pleins tubes pour Sally. Que vouliez-vous qu'il fit ? Watch it. Le loup de Matamoros. 250000 dollars à voler. Preuve par « 4 ». La chair est chère. It's Mickey Mouse ! 13 roses rouges. Envoyez la goélette. Adieu, mec! L'Ange impur. Épidémie de meurtre. Sally roule sur l'or. Rue des Iris. La prisonnière. Venue de la nuit. La dame d'Amour. Les épines de la rose.

ROMANS NOIRS :

Des ongles pour griffer. L'enfer est au sous-sol. Le chemin du couteau. Très danereux.

La peur libre. A vent d'orage. Tony Sauvage. Un bagarreur.

Collection « Espionnage » : Comme des loups. Jeux sans loi. Route suicide. Dernière audace. Les eaux rouges. Terre violée. L'homme seul. Commando de la colère. Le chant de la peur. Qu'un sang impur. Menace sur les sables. La grande lutte. Tactique défensive. Pas de bonheur pour Spyros. Faire face !... Le dernier guerrier. Mission Caraïbes. Promesse de meurtre. A vous, Glenne! Intervention « C ». L'assaut des damnés. Prescriptions spéciales. Fasse Dieu!... Zone d'action. Attaque imminente. Exécution double. Apôtres de la violence. Meurtre inclus. Politique de force. Le Gringo. Secteur Est. Tête de bois. Abcès de fixation. Plan « jalousie ». L'heure du Tarragonne. Permis de tuer. Vous trichez, M. Glenne !

T-30. Zéro heure une... Feu roulant. Ça va, Cavassa ? C'est pour demain. Aux derniers barbelés. Du même enfer. Horizon rouge. En plein cœur. Glenne... force. Guatemala-City. Tuer est mon métier. Les déserteurs. Fini de rire. Guerre possible. Casse... cash. Che Maccio ! La femme au fusil. «V » comme vacherie. Le temps des guerilleros. Prix pour cible. Dix centimètres de peau. La Ciguatera. Chambre 12. Trois têtes coupées. Glenne à la turque. Code Baltique. Maître à tuer. Elle s'appelait Tily. La fille des Andes. Sept mille îles. Du côté de Karthoum. Sur un air de viole. A la Sainte-Sophie. L'incorrigible. Monsieur Colt. Où sont les lions...

M . - G . B R A U N

LE SEXE DE L'ANGE

COLLECTION «SAM ET SALLY »

ÉDITIONS FLEUVE NOIR 6, rue Garancière - PARIS VI

La loi du 11 mars 1957 n'autorisant aux termes des alinéas 2 et 3 de l'Article 41, d'une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective, et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, toute représentation ou reproduction inté- grale ou partielle, faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (alinéa 1 de l'Article 40). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les Articles 425 et suivants du Code Pénal.

© 1984 « Éditions Fleuve Noir », Paris.

Reproduction et traduction, même partielles, inter- dites. Tous droits réservés pour tous pays, y compris

l'U.R.S.S. et les pays scandinaves.

ISBN-2-265-02556-9

CHAPITRE PREMIER

A bien y réfléchir, succès ou insuccès, vie ou mort dépendent d'une suite, d'une série de hasards si bien orchestrée qu'elle oblige de mettre en doute le bien-fondé de ce mot : hasard. On serait plutôt tenté de croire, tels les Babyloniens, que notre irréversible destin est déjà écrit dans les étoiles à la seconde de notre naissance.

Pour Sam, le premier de ces hasards fut le mauvais investissement fait par Franklin W Torson qui l'obligea à liquider la totalité de son écurie pour faire rentrer l'argent qui lui était nécessaire pour tenir ses engagements.

Le second hasard fut que F. W. Torson et Sam aient eu le même entraîneur : Jack Robert- son. Ce dernier conseilla vivement à Sam d'ac- quérir Divine Princesse, malgré le prix de 300000 dollars qu'en désirait son propriétaire.

En réalité, accidentée à deux ans au cours d'une séance d'entraînement, Divine Princesse n'avait jamais participé à une course ni rapporté

un seul penny à F. W. Torson. Elle avait tranquillement attendu au pré l'âge d'entrer au haras et elle n'avait pour elle qu'être la fille de Round Table et d'être pleine de Nijinsky par Northem Dancer dont les produits trustaient tous les derbys, aussi bien aux Etats-Unis qu'en Europe des Preakness Stakes, par celui d'Ep- son, en passant, en France, par le Jockey Club et le Prix de Diane.

Ce fut ainsi que Sam, le D Hern, vétérinaire spécialisé, Robertson, l'entraîneur et un de ses garçons d'écurie passèrent une nuit de haute tension ce mardi de fin mai.

Cela ne se passa pas tellement bien pour Divine Princesse qui ne trahit sa douleur qu'en relevant l'encolure avant de relaisser tomber lourdement sa tête.

Les quatre hommes, comme elle, ne furent vraiment libérés que lorsque, à peine né, le poulain se dressa tout seul sur ses quatre pattes, déjà fier.

— J'ai l'impression de venir d'assister à la naissance d'un crack, affirma le vétérinaire.

Il disait ça à tous ses clients, cela se savait. Malgré tout, ça faisait toujours plaisir.

— Voilà, ça y est! soupira Robertson. A présent, mon garçon d'écurie est très capable de s'en occuper. Vous venez à la maison vous reposer une minute en buvant un bon café, Ned?

Le vétérinaire fit, de la tête, un signe négatif. — Merci, Jack. J'ai encore du pain sur la

planche. Je rentre directement. Je m'accorde deux heures de sommeil et je retourne à la galère.

Il alla se laver les mains, passa le veston qu'il avait ôté et leur adressa un petit signe, avant de se diriger vers sa voiture.

— Parfois emmerdeur, mais il connaît bien son boulot, dit Robertson à Sam en admiration devant le poulain. Vous, vous venez?

Ils sortaient de l'écurie. Sam regarda le ciel rouge annonçant du beau temps et aussi un peu de vent. Il songea qu'à six heures du matin Sally dormait. Comme tous les jours, M Robert- son, elle, était debout avec l'aube.

— Oui, avec plaisir, accepta-t-il. Protégée par un tablier à carreaux, Helen

Robertson s'affairait. — Un superbe poulain ! lui annonça son

mari. Tu nous fais quelque chose ? Il y eut un sourire dans les yeux bleus,

éclairant un visage aux joues pleines qui, au réveil, avait la fraîcheur de celui d'un enfant.

Robertson parlait déjà d'avenir et des inscrip- tions à faire pour Ruby Dancer. Elle leur servit deux copieux breakfasts dont Sam ne laissa pas une goutte de café. Malgré ça, de retour à Brooklyn Height, où il résidait avec Sally, il se sentit sur les rotules et les paupières lourdes comme du plomb.

Sally dormait. Il se déshabilla en silence, passa sous la

douche dont le jet ne réussit pas à lui refaire

faire surface, revint dans la chambre, leva précautionneusement un drap pour se glisser entre les toiles en allégeant au maximum le poids de son corps.

— Je suis réveillée, dit-elle les yeux grands ouverts.

— Un poulain superbe ! — Bravo ! Elle lui frôla les lèvres, questionnant : — Tu es content ? — Oui, mais quelle nuit ! Bonsoir, mon

ange ! — Comment « bonsoir » ! protesta-t-elle. Tu

ne vas pas t'endormir tout de suite ? — Je dormais sous la douche ! — La naissance de Ruby Dancer mérite

d'être fêtée. — Comment ? — Tu ne devines pas ? questionna-t-elle, très

tendre. — Ah ! non et non ! Pas ce matin, je suis trop

crevé. — Tu paries que je vais te redonner des

forces ? — C'est ça, je parie ! — Quel enjeu ? — Ce que tu voudras. — Un séjour en Europe ? — D'accord, accepta-t-il en se retournant de

l'autre côté et en fermant les yeux. En règle générale, Sam gagnait tous ses paris.

Contre Sally amoureuse, il perdit, ne s'endor-

mit qu'une bonne heure plus tard, pour se réveiller au milieu de l'après-midi, ayant tout oublié.

Pas elle. — Seulement du café, mon doux ange,

répondit-il à sa question. Elle vint le lui servir, tout frais, pur arabica,

noir, fort et sans sucre, ainsi qu'il l'aimait et, s'asseyant sur le bord du lit, elle l'avertit :

— Pendant que tu dormais, j'ai téléphoné à notre agence.

— Quelle agence ? — De voyages, bien sûr! Aurais-tu oublié

notre pari? Ce n'est guère flatteur pour moi. N'essaie pas de me faire croire que le grand Sam Krasmer ne respecte plus ses engagements. En tout cas, j'ai réservé pour trois semaines.

— Hum, fit-il, la mémoire lui revenant. Pour où ? Paris ?

— Athènes. Il grimaça. — Tu n'aimes pas? C'est pourtant un pays

merveilleux, surtout fin mai début juin, quand la Grèce n'est pas envahie de touristes.

— Il y a la mer de tous les côtés ! — Justement! Il hocha la tête, pas du tout enthousiaste. Si

dans l'eau Sally se trouvait comme dans son élément naturel, il n'aimait pas trop, même pas dans un whisky.

— L'agence m'a vivement conseillé l'Astir Palace. Plutôt cher, mais tu ne vas pas devenir

radin, hey? Pour une fois que tu m'offres des vacances ! On m'a affirmé : le plus merveilleu- sement situé de tous les hôtels de la Grèce. Exactement à 23 km d'Athènes tout en étant presque tout près — onze kilomètres — de l'aéroport international d'Hellenikon. Des chambres, évidemment, toutefois j'ai préféré faire réserver un bungalow. Nous y serons plus indépendants. Pour le reste, il y a tout, y compris une plage privée. Nous embarquons ce soir à onze heures. Tu comprends, avec le décalage horaire, nous serons à l'Astir juste pour le repas de midi. Ça te va ?

Son « oui » manqua totalement de convic- tion.

— De l'Astir à Athènes, on passe juste devant l'hippodrome, ajouta-t-elle pour lui faire retrouver le sourire.

Elle y réussit parfaitement. Il n'était pas encore debout que Sally, heureuse, commençait déjà à boucler les valises.

Voyage sans histoire. A l'aéroport d'Helleni- kon ils louèrent un cabriolet Alfa Romeo 2000 Spider Veloce, impeccable pour qui ne craignait pas le soleil, voulait respirer l' air merveilleuse- ment pur de l'Attique, et deux places suffisaient à des amoureux. Super-luxe à l'Astir Palace, bungalow à toit plat, fort bien aménagé, domi- nant légèrement le sable blond de la plage privée, derrière encore la mer et, à une heure,

relaxes, ils buvaient leur premier ouzo (1) avant de passer à table.

Bien naturellement et sans se préoccuper des règles de digestion, un peu plus tard Sally voulut aller nager. Lui prit comme prétexte le besoin de changer des dollars pour aller décou- vrir Athènes, seul.

Rue Panipistimiou, les bureaux de l'Ameri- can Express n'ouvrant que de 17 à 19 heures, cela le fit rentrer assez tard. Installée sous la véranda, radieuse, elle buvait un ouzo et ne lui avoua pas qu'elle en était à son troisième.

— L'eau est merveilleuse, affirma-t-elle. J'ai bien nagé. Ensuite, je suis allée visiter Vou- liagméni et, à pied, j'ai été presque jusqu'au cap Zôster. Tu te rends compte ? J'ai pris un tas de clichés et je me suis photographiée devant les ruines d'un temple d'Apollon. C'était vache- ment chouette, tu sais. Rien que le ciel, la mer et moi! J'espère qu'elles seront réussies. Et toi ?

— Rien... Je me suis un peu baladé dans Athènes. L'American Express n'ouvre qu'à cinq heures.

Il lui adressa un regard rapide. Elle faisait très jeune dans une blouse blanche à décolleté arrondi qui découvrait presque entièrement ses épaules. Un petit nœud du même tissu fermait ce décolleté que l'on éprouvait le désir de

(1) Sorte d'anisette, alcool national et apéritif tradition- nel en Grèce.

dénouer pour voir ce qu'il y avait en dessous, bien que le fin coton quadrillé le laissât deviner. Les petites manches ballon s'arrêtaient bien au- dessus du coude. Le pantalon de lin semblait plutôt transparent et il se demanda si elle avait pris ses photos à contre-jour.

Lui avait l'air fin avec sa cravate ! — Nous dînons ici ? — J'ai entendu parler d'un restau marrant,

Chez Léonidas. On mange sur une terrasse et on y sert du poisson frais. Ça me goûte ! Et toi ?

— O.K. ! fit-il. Je vais me changer ! Il revint, ayant fait un peu de toilette, en

polo, pantalon de lin et chaussures blanches, crochant au passage, à tout hasard, un blouson léger.

Le premier passant auquel il s'adressa en français, langue beaucoup plus connue que l'américain, leur indiqua la rue Eolou. Ils commencèrent leur repas par une friture du golfe, excellente, se laissèrent tenter par un cochon de lait à la broche. Par contre, Sam préféra la bière au vin au goût de pomme de pin. Il reconnut avoir bien dîné et il n'y eut que l'appétit de Sally à pouvoir encore accepter des loukoumadès, beignets au miel. Lui prit un café grec qu'il demanda skétos — sans sucre — accompagné d'un Votris, marque d'un cognac local.

— Tu t'ennuies ? questionna subitement Sally qui l'observait.

— Non. Quelle idée !

— Mais tu ne t'amuses pas. Je devrais te découvrir un joli macchabée, c'est la seule façon pour que tu aies la frite. Autrement rien ne t'amuse, sauf les chevaux ou le bowling de Marco.

— Et toi, ajouta-t-il, souriant. Tu passes même en premier, mon ange.

L'ange soupira. Elle aurait bien pris un bain de minuit et se voyait très bien faisant l'amour avec Sam sur le sable, seulement éclairée par un rayon de lune. Inutile d'en parler ; il ne voudrait pas.

Ils rentrèrent relativement de bonne heure. Mais à peine Sam venait-il de refermer la porte du bungalow que quelqu'un y frappa. Sourcils froncés, il ouvrit à un homme en smoking qui, avec son très banal nœud noir pouvait être n'importe qui, y compris un simple maître d'hôtel.

— Désolé de vous déranger. Spyros Théodo- rakis, se présenta-t-il. Par intérim, j'assure la fonction de sous-directeur de l'Astir Palace. A cette heure-ci vous n'êtes pas du tout tenu à le recevoir, mais le commissaire Costas, alerté par Vougliagméni, désirerait avoir un court entre- tien avec vous au sujet... au sujet d'un meurtre qui a eu lieu cet après-midi. Oh ! pas chez nous ! Il ne se passe jamais rien de tel à l'Astir Palace. Il s'agit d'un petit commerçant. D'après le rapport de gendarmerie, le commissaire pense que M Krasmer a pu le rencontrer juste un peu avant sa mort.

Décollant les bras du corps, il assura, navré : — Je n'en sais guère plus. Je pense que le

commissaire sera plus bavard avec vous, si vous acceptez de le rencontrer ce soir. Si vous me le permettez, ce serait mieux que d'être obligé de vous rendre à Athènes pour répondre à une convocation. Vous pouvez le voir quelques minutes ici ?

— C'est ça, qu'il vienne, accepta Sam en regardant Sally qui, de la tête, lui fit un signe négatif.

Après le départ du responsable de l'Astir, elle certifia :

— Je te jure, Sam, chou, je n'y comprends rien. Cet après-midi, j'ai fait exactement ce que je t'ai dit. Je ne connais aucun commerçant.

Il pensa qu'au restaurant elle avait parlé d'un macchabée et qu'elle aurait bien fait de toucher du bois. Comme il avait laissé la porte grande ouverte, il repéra un homme pas très grand, trapu, qui se dirigeait vers leur bungalow.

— V'là le flic, lança-t-il. Nous allons savoir. Il vint l'accueillir sur le seuil, hésita puis opta

pour le français : — Entrez, commissaire. C'était le bon choix. — Seulement inspecteur principal, rectifia ce

dernier, également en français qu'il semblait parler fort correctement. Le sous-directeur de l'Astir, je suppose, qui m'a fait monter en grade. Costas Lambraski. Je vous souhaite le bonsoir. Je ne vais pas vous ennuyer longtemps.

Avec votre permission, juste deux ou trois questions à poser à M Krasmer.

Il regardait Sally avec admiration, paraissant impressionné par sa beauté.

Sally lui donna la quarantaine, constata qu'il avait déjà du ventre, les traits empâtés et les tempes grisonnantes.

— Je vous écoute, inspecteur. — En fin d'après-midi, vous vous êtes bien

rendue chez Mikys ? — Mikys? — Le photographe. — Le photographe ? Oh ! oui ! — Pourquoi? — Pourquoi se rend-t-on le plus souvent

chez un photographe ? répliqua-t-elle sur un ton légèrement agacé. J'avais une pellicule à faire développer.

Le Grec hocha lentement la tête, approuvant comme si Sally venait de lui apporter une confirmation.

— Peut-on vous demander ce que vous aviez photographié? questionna-t-il.

— Ma femme répondra à vos questions, intervint Sam. Toutefois, nous aimerions savoir en quoi ceci est intéressant pour vous ? On nous a parlé d'un meurtre...

— Celui de Mikys, acquiesça l'inspecteur, juste un peu avant qu'il ne ferme boutique. Abattu de deux balles dans la région du cœur. Pourtant, il n'est pas mort sur le coup et il a eu le courage de se traîner jusque devant son

magasin. Un voisin qui se penchait sur lui l'a entendu nettement dire : Ils voulaient le film de l'Américaine de l'Astir.

— C'est ridicule ! Il n'y a rien, absolument rien sur mon film !

— Rien? — Enfin... il y a moi. — Vous? — Ma femme possède un 24x36 à mise au

point automatique qui dispose d'un retardeur, 10 secondes, régulé par quartz. Il permet, assez facilement, de se photographier soi-même, expliqua Sam. Voulez-vous le voir, inspecteur ?

L'autre secoua la tête, levant les sourcils, faisant claquer la langue, tout en émettant une sorte de « tts... » prolongé, la façon grecque de dire non.

— Je connais ce genre d'appareil. Vous vous êtes photographiée où, madame Krasmer ? Sur la plage, en ville ?

— Non. Mon mari est allé à Athènes. J'avais du temps et j'ai marché jusqu'à ce que vous appelez le cap Zôster, je crois. Au loin, en mer, on voyait une petite île.

— Fève, confirma l'inspecteur. Vous n'avez remarqué personne ?

— Absolument personne, ni sur l'eau ni sur la terre. J'ai trouvé le décor terrible et je me suis photographiée devant.

— De quelle pellicule vous servez-vous ? — Fuji, vingt poses diapos. Vous savez, je

suis toujours très curieuse du résultat. Avec les

Le m o t t résor fait é t inceler les yeux de Sally, pour- t an t , dé jà , de pure lumière.

Il peu t aussi condu i r e Sam en prison sous l ' inculpa- t ion de meur t re . Et, c o m m e n t pourrait-il lui en vouloir si, pour la sauver, elle doi t , telle la vérité, sortir t o u t e nue d ' u n puits, un riot gun à la ma in?

Participant d’une démarche de transmission de fictions ou de savoirs rendus difficiles d’accès par le temps, cette édition numérique redonne vie à une œuvre existant jusqu’alors uniquement

sur un support imprimé, conformément à la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012 relative à l’exploitation des Livres Indisponibles du XXe siècle.

Cette édition numérique a été réalisée à partir d’un support physique parfois ancien conservé au sein des collections de la Bibliothèque nationale de France, notamment au titre du dépôt légal.

Elle peut donc reproduire, au-delà du texte lui-même, des éléments propres à l’exemplaire qui a servi à la numérisation.

Cette édition numérique a été fabriquée par la société FeniXX au format PDF.

La couverture reproduit celle du livre original conservé au sein des collections de la Bibliothèque nationale de France, notamment au titre du dépôt légal.

*

La société FeniXX diffuse cette édition numérique en accord avec l’éditeur du livre original, qui dispose d’une licence exclusive confiée par la Sofia ‒ Société Française des Intérêts des Auteurs de l’Écrit ‒

dans le cadre de la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012.