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La rénovation du centre Clignancourt était devenue, depuis dix ans, une nécessité pour les étudiants. Le projet avançait mal, source de conflits, il fut enterré. Et si brus- quement il renait de ses cendres, ce n'est pas parce que le gouvernement prend conscience que la situation des étudiants clignancourtois devient critique, non; c'est parce que l'Etat se pique en hâte de jouer au dernier jeu à la mode: le Partenariat Public Privé. Le PPP est un modèle d'appel d'offre qui consiste en l'al- liance de fonds publics et de fonds privés; les acteurs privés construisent le bâtiments, le maintiennent à neuf et en cède la propriété à l'Etat au bout de trente ans. Oui, vous avez bien compris, le bâtiment restera la propriété du privé pendant trente ans, touchant un loyer à prix d'or. L'Université Paris 4 elle même est le dindon de la farce de ce jeu de dupe, elle n'est que le faire-valoir de la lucrative combine qui unit l'Etat à Bouygues et Dexia, les investisseurs de ce projet. Ce qui justifie l'absence scanda- leuse d'informations jusqu'à ce que nous retrouvions tous devant le fait accompli. Lorsque fut évoqué le projet la première fois, en toute opacité, ne pouvant pas contourner ses responsabilités, l'AGEPS vota pour la rénovation: un syndicat qui défend les étu- diants ne peut pas envisager d'en laisser 6.000 patauger plus longtemps dans l'amiante et l'insalubrité. Mais comment ne pas s'insurger face au modèle choisi, le PPP. Notre université est devenue prisonnière et complice de ce chantage douteux: le dangers urgent qui pèse sur les étudiants est acca- paré pour faire le profit des firmes du bâti- ments. Et à gros marchandage, gros appâts: le nouveau bâtiment Clignancourt fera 21.000 m², une aile Ouest d'en- seignement sur trois étages, six amphithéâtres, un auditorium de 500 places à hautes exigences acoustique, un jardin en pente, un gymnase, une aile Est de biblio- thèque de 6.000 m² en verrière pleine, et des plaques dorées sur les façades. Le bâtiment sera livré en deux fois, l'aile Est à l'été 2011, l'aile Ouest l'année suivante; le chantier se fera donc, vous l'aurez compris sur «site occupé»: les étudiants auront cours à côté des pelleteuses pendant deux ans. Un chantier à la pointe de l'insonorisation et du respect des délais, assure l'entrepreneur, ça ne fait pas de doute, les pénalités sont astronomiques. Astronomiques comme le prix du loyer que l'entreprise exécutrice du projet, Soφhi, va soutirer à notre université. Et au vu de la disette financière, l'AGEPS s'armera de toutes les vigilances pour que les étudiants ne soient pas les victimes cette addition salée. Quand au quotidien futur de cette cage dorée, une fois de plus tout est pensé dans le PPP: à la livraison du bâtiment les créanciers font retour immédiat sur investis- sement en se partageant les contrats d'ex- ploitation. Gardiennage, sécurité, hygiène, le privé est chez lui. Rien d'étonnant alors que, durant la réunion d'information du mercredi 23 septembre, l'intervenant de Bouygues parle à l'assemblée en véritable bailleur; per- versité du PPP, voilà des entrepreneurs et architectes qui construisent sans s'instruire du public visé, avant cette réunion ils n'avaient jamais croisés ni enseignant, ni BIATOSS, ni étudiants. Le résultat est un beau bâtiment doré (au sens propre comme au figuré), qui, ça ne fait aucun doute, est moins construit pour les étudiants que pour la fortune des firmes du bâtiments. La rédaction Éditorial Etudiants sous PRES Les effectifs universitaires sont tenus aux mêmes lois physiques que la banquise des bébés phoques: ils fon- dent à vu d'œil. Fut un temps où les amphis de Clignancourt étaient pleins comme un concert des Red Hot, et où le "grand" amphi de Malesherbe portait bien son nom. La faute en est, il faut le dire, à l'appauvrisse- ment des moyens des uni- versités face au leitmotiv éducatif de ce 21e siècle: professionnalisation. Les bacheliers se tournent de plus en plus vers les écoles, prépa publiques et IUT, alors que le taux d'échec en uni- versité lui, reste le même. Mais ne faisons pas dire n'importe quoi aux chiffres, si en effet les écoles pillent les flux étudiants, en terme d'effectif attendus, vous êtes nombreux cette année, bacheliers futurs maitres et doctorants, à avoir rejoint les bancs de la vieille Sorbonne: ni moins que l'année der- nière ni plus que l'année pro- chaine. Rien à voir, donc, avec ce qu'avaient annoncé les mauvais journalistes et les bons sondeurs: les mou- vements universitaires n'ont pas d'incidences négatives, et les facs mobilisées n'ont pas été fuites comme la peste. Il est important, enfin, puisqu'on parle chiffre, de penser que bientôt les échelles vont changer: Paris 2 Panthéon-Assas, Paris 6 Pierre et Marie Curie et Paris 4 La Sorbonne viennent de se rapprocher pour former un PRES. Un groupement qui devrait peser 60.000 étu- diants. Entre les coups bas du gouvernement et les hautes ambitions de ces trois universités, espérons que ce chiffre ne fondera pas, lui non plus, comme neige au soleil.... Bonne rentrée! Julien AUVERT Président de l’AGEPS Chaque fin d’année univer- sitaire, une question centrale dans la vie des étudiants est débattue par les conseils de notre université : celle du calendrier universitaire. Il s’agit avant tout d’une question pédagogique, puisque c’est le rythme de nos études qui est en jeu. L’AGEPS s’est toujours battue pour que ce calendrier soit le plus profitable à nous tous, étudiants, car nous pensons qu’une année uni- versitaire équilibrée est un facteur de réussite important. Arriver fati- gué aux examens sans avoir eu de pause ni de temps de révision n’est pas le meilleur moyen pour que nous réussissions nos études. Les nombreuses proposi- tions et le travail de conviction auprès des instances de l’université que nous avons fait au fil des ans a permis des progrès sensibles ces derniers temps, notamment sur la semaine de révision. En 2007, nous avions obtenu quelques jours de révision avant les examens du second semestre, qui se sont trans- formé en une semaine complète de révisions dites « orga- nisées » l’an- née suivante. Cette solution était transitoire et connut quelques ratés : certains d’entre-nous se retrouvèrent avec des devoirs de contrôle continu imposés par les enseignants juste avant les partiels. C’est pourquoi lors du Conseil des Etudes et de la Vie Universitaire (CEVU) du 23 mai dernier, les élus AGEPS ont demandé des jours de révision tota- lement banalisés. Et nous les avons obtenus : avant chaque session d’examen, nous aurons cette année au moins cinq jours de révision. Restait cependant un pro- blème rédhibitoire, qui a aussi fait débat lors du CEVU: alors que le second semestre est entrecoupé de périodes de vacances à répétition, nous avons chaque année douze semaines de cours sans interruption au premier semestre. Les étudiants ont donc proposé que la semaine de vacances de février/mars, qui inter- vient à peine quinze jours après la rentrée du second semestre, soit déplacée en novembre. Introduire une semaine de vacances à l’au- tomne permettait non seulement à tous de se reposer à la mi-temps du semestre, mais aurait également été pour nous l’occasion de faire le bilan des premières semaines de cours, de rattraper un retard éven- tuel d’adaptation pour les nouveaux et, éventuellement, de se réorienter avant la clôture des inscriptions pédagogiques aux alentours de la mi-novembre. Les statistiques issues de l’infirmerie montrent d’ail- leurs clairement un pic de fréquen- tation à l’approche des vacances de Noël. Loin d’être anecdotique, cette proposition avait été votée à l’una- nimité du conseil. Malheureusement, ce calendrier équilibré à l’issue d’un long travail des élus du CEVU, conseil chargé des questions péda- gogiques, a été balayé d’un revers de manche par les élus du Conseil d’Administration (CA) deux jours plus tard. Le CA du 25 mai n’a pas seulement supprimé une impor- tante avancée pédagogique au milieu d’un débat brouillé par deux autres dossiers importants (le PRES-la Sorbonne et la rénovation de Clignancourt) : il a réduit à rien ou peu s’en faut l’utilité et la légiti- mité du CEVU en ignorant ses conclusions unanimes. Avant l’en- trée en vigueur loi LRU dite « d’au- tonomie des universités » qui donne quasiment tout pouvoir au CA et au président de l’université, cette situation n’aurait pu se produire. Une fois de plus, cette loi profondé- ment anti-démocratique, contre laquelle toute la communauté uni- versitaire s’est tant battue l’an der- nier, a démontre l’un de ses effets pervers. Les enseignants du CA, qui sont en surnombre par rapport aux étudiants, ont fait comme bon leur semblait. Mais puisque des vacances au Ski valent mieux que la santé des étudiants... Maxime LONLAS La phrase du mois Le 11/09/09, sur EducPros.fr par Françoise Galland, responsable de l’Environnement Numérique de Travail (ENT) à l’université d’Angers: “Pour moi, les grèves et la grippe A, c’est super. L’année dernière, le nombre de comptes des enseignants sur Moodle a augmenté de manière exponentielle car en plus des grèves, il y avait des problèmes de droits pour les polycopiés. L’usage de l’ENT va être boosté car s’il n’y a plus l’annuaire papier, les enseignants iront sur l’ENT”. Apres besson, pecresse: “l’universite c’est ma jungle, tout doit disparaitre” Le bulletin sans concession de l’AGEPS, première organisation étudiante de l’université Paris IV, Octobre 2009, numéro 24 Rentrée à Paris-Sorbonne PRES & godies Petit Piston entre Potes le sky plutOt que les chrysanthemes Association Générale des Étudiants de Paris-Sorbonne 01 40 46 32 27 www.ageps.org [email protected]

Le Sorbonnard Déchaîné n°24 (oct 2009)

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La rentrée universitaire ne manque parfois pas de sel... et le journal des étudiants de Paris IV non plus! La reconstruction du centre Clignancourt et son financement douteux, le calendrier universitaire et le Conseil d'Administration qui croît pouvoir fouler au pied la démocratie universitaire, les abus de l'OFUP, les déboires des musicologues, l'année de transition vers la masterisation des concours: tout y est ! Bien sûr, vous retrouverez aussi la traditionnelle voix des élus, c'est à dire le compte-rendu des élus de l'AGEPS dans les conseils de l'université, ainsi que les articles culture. Et ce Sorbonnard Déchaîné n°24 , décidément riche, vous réserve aussi une tribune d'étudiants nantais, qui comme nous à l'AGEPS, ont fait le choix de l'indépendance devant les faiblesses des organisations étudiantes nationales.

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Page 1: Le Sorbonnard Déchaîné n°24 (oct 2009)

La rénovation du centre Clignancourtétait devenue, depuis dix ans, une nécessitépour les étudiants. Le projet avançait mal,source de conflits, il fut enterré. Et si brus-quement il renait de ses cendres, ce n'est pasparce que le gouvernement prend conscienceque la situation des étudiants clignancourtoisdevient critique, non; c'est parce que l'Etat sepique en hâte de jouer au dernier jeu à lamode: le Partenariat Public Privé. Le PPP estun modèle d'appel d'offre qui consiste en l'al-liance de fonds publics et de fonds privés; lesacteurs privés construisent le bâtiments, lemaintiennent à neuf et en cède la propriété àl'Etat au bout de trente ans. Oui, vous avezbien compris, le bâtiment restera la propriétédu privé pendant trente ans, touchant unloyer à prix d'or.

L'Université Paris 4 elle même est led i n d o n

de la farce de ce jeu de dupe, elle n'est quele faire-valoir de la lucrative combine qui unitl'Etat à Bouygues et Dexia, les investisseursde ce projet. Ce qui justifie l'absence scanda-leuse d'informations jusqu'à ce que nousretrouvions tous devant le fait accompli.Lorsque fut évoqué le projet la première fois,en toute opacité, ne pouvant pas contournerses responsabilités, l'AGEPS vota pour larénovation: un syndicat qui défend les étu-diants ne peut pas envisager d'en laisser6.000 patauger plus longtemps dansl'amiante et l'insalubrité. Mais comment nepas s'insurger face au modèle choisi, le PPP.Notre université est devenue prisonnière etcomplice de ce chantage douteux: le dangersurgent qui pèse sur les étudiants est acca-paré pour faire le profit des firmes du bâti-ments.

Et à gros marchandage, gros appâts:le nouveau bâtiment Clignancourtfera 21.000 m², une aile Ouest d'en-seignement sur trois étages, sixamphithéâtres, un auditorium de500 places à hautes exigencesacoustique, un jardin en pente, ungymnase, une aile Est de biblio-thèque de 6.000 m² en verrièrepleine, et des plaques dorées sur lesfaçades. Le bâtiment sera livré en

deux fois, l'aile Est à l'été 2011, l'aile Ouestl'année suivante; le chantier se fera donc,vous l'aurez compris sur «site occupé»: lesétudiants auront cours à côté des pelleteusespendant deux ans. Un chantier à la pointe del'insonorisation et du respect des délais,assure l'entrepreneur, ça ne fait pas de doute,les pénalités sont astronomiques.Astronomiques comme le prix du loyer quel'entreprise exécutrice du projet, Soφhi, vasoutirer à notre université. Et au vu de ladisette financière, l'AGEPS s'armera de toutesles vigilances pour que les étudiants ne soientpas les victimes cette addition salée.

Quand au quotidien futur de cettecage dorée, une fois de plus tout est pensédans le PPP: à la livraison du bâtiment lescréanciers font retour immédiat sur investis-sement en se partageant les contrats d'ex-ploitation. Gardiennage, sécurité, hygiène, leprivé est chez lui. Rien d'étonnant alors que,durant la réunion d'information du mercredi23 septembre, l'intervenant de Bouyguesparle à l'assemblée en véritable bailleur; per-versité du PPP, voilà des entrepreneurs etarchitectes qui construisent sans s'instruiredu public visé, avant cette réunion ilsn'avaient jamais croisés ni enseignant, niBIATOSS, ni étudiants. Le résultat est unbeau bâtiment doré (au sens propre commeau figuré), qui, ça ne fait aucun doute, estmoins construit pour les étudiants que pour lafortune des firmes du bâtiments.

La rédaction

ÉditorialEtudiants sous PRES

Les effectifs universitairessont tenus aux mêmes loisphysiques que la banquisedes bébés phoques: ils fon-dent à vu d'œil. Fut untemps où les amphis deClignancourt étaient pleinscomme un concert des RedHot, et où le "grand" amphide Malesherbe portait bienson nom. La faute en est, ilfaut le dire, à l'appauvrisse-ment des moyens des uni-versités face au leitmotivéducatif de ce 21e siècle:professionnalisation. Lesbacheliers se tournent deplus en plus vers les écoles,prépa publiques et IUT, alorsque le taux d'échec en uni-versité lui, reste le même.Mais ne faisons pas diren'importe quoi aux chiffres,si en effet les écoles pillentles flux étudiants, en termed'effectif attendus, vous êtesnombreux cette année,bacheliers futurs maitres etdoctorants, à avoir rejoint lesbancs de la vieille Sorbonne:ni moins que l'année der-nière ni plus que l'année pro-chaine. Rien à voir, donc,avec ce qu'avaient annoncéles mauvais journalistes etles bons sondeurs: les mou-vements universitaires n'ontpas d'incidences négatives,et les facs mobilisées n'ontpas été fuites comme lapeste. Il est important, enfin,puisqu'on parle chiffre, depenser que bientôt leséchelles vont changer: Paris2 Panthéon-Assas, Paris 6Pierre et Marie Curie et Paris4 La Sorbonne viennent dese rapprocher pour formerun PRES. Un groupement quidevrait peser 60.000 étu-diants. Entre les coups basdu gouvernement et leshautes ambitions de ces troisuniversités, espérons que cechiffre ne fondera pas, luinon plus, comme neige ausoleil.... Bonne rentrée!

Julien AUVERTPrésident de l’AGEPS

Chaque fin d’année univer-sitaire, une question centrale dansla vie des étudiants est débattue parles conseils de notre université :celle du calendrier universitaire. Ils’agit avant tout d’une questionpédagogique, puisque c’est lerythme de nos études qui est enjeu. L’AGEPS s’est toujours battuepour que ce calendrier soit le plusprofitable à nous tous, étudiants,car nous pensons qu’une année uni-versitaire équilibrée est un facteurde réussite important. Arriver fati-gué aux examens sans avoir eu depause ni de temps de révision n’estpas le meilleur moyen pour quenous réussissions nos études.

Les nombreuses proposi-tions et le travail de convictionauprès des instances de l’universitéque nous avons fait au fil des ans apermis des progrès sensibles cesderniers temps, notamment sur lasemaine de révision. En 2007, nousavions obtenu quelques jours derévision avant les examens dusecond semestre, qui se sont trans-

formé en unes e m a i n ecomplète der é v i s i o n sdites « orga-nisées » l’an-née suivante.

Cette solution était transitoire etconnut quelques ratés : certainsd’entre-nous se retrouvèrent avecdes devoirs de contrôle continuimposés par les enseignants justeavant les partiels. C’est pourquoilors du Conseil des Etudes et de laVie Universitaire (CEVU) du 23 maidernier, les élus AGEPS ontdemandé des jours de révision tota-lement banalisés. Et nous les avonsobtenus : avant chaque sessiond’examen, nous aurons cette annéeau moins cinq jours de révision.

Restait cependant un pro-blème rédhibitoire, qui a aussi faitdébat lors du CEVU: alors que lesecond semestre est entrecoupé depériodes de vacances à répétition,nous avons chaque année douzesemaines de cours sans interruptionau premier semestre. Les étudiantsont donc proposé que la semaine devacances de février/mars, qui inter-vient à peine quinze jours après larentrée du second semestre, soitdéplacée en novembre. Introduireune semaine de vacances à l’au-

tomne permettait non seulement àtous de se reposer à la mi-temps dusemestre, mais aurait égalementété pour nous l’occasion de faire lebilan des premières semaines decours, de rattraper un retard éven-tuel d’adaptation pour les nouveauxet, éventuellement, de se réorienteravant la clôture des inscriptionspédagogiques aux alentours de lami-novembre. Les statistiquesissues de l’infirmerie montrent d’ail-leurs clairement un pic de fréquen-tation à l’approche des vacances deNoël. Loin d’être anecdotique, cetteproposition avait été votée à l’una-nimité du conseil.

Malheureusement, cecalendrier équilibré à l’issue d’unlong travail des élus du CEVU,conseil chargé des questions péda-gogiques, a été balayé d’un reversde manche par les élus du Conseild’Administration (CA) deux joursplus tard. Le CA du 25 mai n’a passeulement supprimé une impor-

tante avancée pédagogique aumilieu d’un débat brouillé par deuxautres dossiers importants (lePRES-la Sorbonne et la rénovationde Clignancourt) : il a réduit à rienou peu s’en faut l’utilité et la légiti-mité du CEVU en ignorant sesconclusions unanimes. Avant l’en-trée en vigueur loi LRU dite « d’au-tonomie des universités » qui donnequasiment tout pouvoir au CA et auprésident de l’université, cettesituation n’aurait pu se produire.Une fois de plus, cette loi profondé-ment anti-démocratique, contrelaquelle toute la communauté uni-versitaire s’est tant battue l’an der-nier, a démontre l’un de ses effetspervers. Les enseignants du CA, quisont en surnombre par rapport auxétudiants, ont fait comme bon leursemblait. Mais puisque desvacances au Ski valent mieux que lasanté des étudiants...

Maxime LONLAS

La phrase du moisLe 11/09/09, sur EducPros.fr par Françoise Galland, responsable del’Environnement Numérique de Travail (ENT) à l’université d’Angers:“Pour moi, les grèves et la grippe A, c’est super. L’année dernière, lenombre de comptes des enseignants sur Moodle a augmenté de manièreexponentielle car en plus des grèves, il y avait des problèmes de droitspour les polycopiés. L’usage de l’ENT va être boosté car s’il n’y a plusl’annuaire papier, les enseignants iront sur l’ENT”.

Apres besson, pecresse:“l’universite c’est ma jungle, tout doit disparaitre”

Le bulletin sans concession de l’AGEPS, première organisation étudiante de l’université Paris IV, Octobre 2009, numéro 24Rentrée à Paris-Sorbonne

PRES & godies

Petit Piston entre Potes

le sky plutOt que les chrysanthemes

Association Générale desÉtudiants de Paris-Sorbonne

01 40 46 32 [email protected]

Page 2: Le Sorbonnard Déchaîné n°24 (oct 2009)

Au fond ducouloirComment ça, il est pas frais,mon poisson ?« Il est à moi – non ! il est pourmoi ! » Mais quels sont ces cris ?Ah, mais bien sûr ! On connaissaitles bagarres entre Ordralphabétixet Cétautomatix pour des pois-sons pas frais ; là ce sont nosamis les mutuelles qui se dispu-tent les poiss… les étudiants.Cette année encore, les mutuellesont montré un visage peu plai-sant du monde universitaire auxjeunes bacheliers venus s’inscrireà Paris IV. Certains vendeursn’ont pas hésité à vendre desassurances complémentaires àdes étudiants déjà couverts par lamutuelle de leurs parents et quel’inscription à la fac ne demandepas . A quand une bonne mise enordre ?

�Le gouvernement joue aulancer de couteauxOn ne change pas une méthodequi assomme. Le gouvernement,comme en 2007 pour la loi LRUdite « d’autonomie des universi-tés », a fait passer les décretsconcernant le recrutement desenseignants (professeurs desécoles, lycée et collèges) au beaumilieu des vacances d’été, le 28juillet. Si la mesure était si bonneque nous le dit Valérie Pécresse,pourquoi ne l’assume-t-elle paspleinement au lieu de la faire pas-ser quand les universités sont fer-mées ? Après cinq mois du plusfort mouvement universitairedepuis les années 80, faire passerun texte sur le recrutement desenseignants dans le dos desacteurs du monde universitairemontre à quel point la démocratieest tombé bien bas dans notrepays…

�«LaSorbonne»est sousPRESNon, ce n’est pas une erreur defrappe. Après une tentativeinfructueuse le 5 juin dernier, Leconseil d’Administration aapprouvé le 25 juin les statuts duPôle de Recherche etd’Enseignement Supérieur de cenom, créé avec Paris II et ParisVI. Alors qu’à Lyon ou Toulouseon associe enseignants, person-nels administratifs et étudiants, ilfaudra se contenter des trois pré-sidents d’université à la directiondu PRES « La Sorbonne ». Si unecommission de suivi a tout demême été créée, le PRES risquese limiter à une opération finan-cière et communicationelle pourles établissements… sans aucuneambition pédagogique ni démo-cratique.

�Démagogieet fraisd’inscriptionsL’UNI, syndicat étudiant prochede l’UMP, propose que les étu-diants se fassent rembourserleurs frais d’incription au prétexteque les manifestations de l’annéepassé ont empêché certains coursde se dérouler normalement.Pourtant, depuis des années,l’UNI prône une augmentationmassive des frais d’incription àl’université, dans la droite lignede l’UMP. Allez comprendre…Pourdécrypter cette campagne nau-séabonde et totalement démago-gique, il faut lire entre les lignes :quand les universités, dont lesbudgets sont déà exangues, n’au-ront vraiment plus d’argent, cesont bien les étudiants qui enpaieront les frais…En somme,faites vous rembourseraujourd’hui, pour payer davan-tage demain.

DNSPM. Diplôme National SupérieurProfessionnel du Musicien. En quelquesmots, l’avenir de l’enseignement supérieurmusical : une formation européenne de typeLMD, organisée conjointement entre lesgrands conservatoires et certaines universi-tés de musicologie partenaires, offrant auxétudiants recrutés par concours et ayantpoursuivi leurs études un diplôme de musi-cologie (licence ou master), un diplômesupérieur d’instrumentiste ainsi qu’une pré-professionnalisation dès la L2 qui peut per-mettre, entre autres, de gagner un an surl’obtention d’un Diplôme Françaisd’Enseignement Musical (DE/CA) ou d’êtreengagé dans un orchestre dès la fin de sesétudes.

Paris IV, s’appuyant sur son UFR demusicologie et profitant de la proximité etde l’ambition de trois des plus importantsconservatoires nationaux de musique (leCNSM de Paris d’une part, de l’autre les CRRde Paris et de Boulogne-Billancourt associéspour l’occasion en un Pôle commun), estdepuis 2007 l’une des seules universitésfrançaises pilotes à proposer ce type de cur-sus. Une initiative louable donc, mais qui,sous des dehors aguichants, cache d’incon-cevables problèmes d’organisation et derespect des droits étudiants. Aperçu.Commençons par l’aspect financier.

L’étudiant, une fois qu’il a réussi le concoursdébut septembre pour lequel il aura dûpayer 51 (Pôle)/82 (CNSM) euros de « fraisde sélection » non remboursables, estencore loin de pouvoir ranger son porte-monnaie. Car, s’il n’y a qu’un seul cursus, laprésence de cours au conservatoire et àl’université oblige le jeune lauréat à s’ins-crire dans les deux structures : en plus desfrais d’inscription de Paris IV, comptez unsupplément allant de 255 euros (CRR deParis) à 410 (CNSM). Si, en plus de cela,vous osez faire une préprofessionnalisation« enseignement public », qui vous fait vousinscrire dans une troisième structure (leCEFEDEM) dans le cas du pôleParis/Boulogne, l’enveloppe totale annuelles’élève à plus de 1200 euros. Sachant que lacharge de travail s’apparente en tous pointsà celle d’un double cursus traditionnel - ren-dant toute tentative de salariat impossible -, on peut déjà imaginer la difficulté pournombre d’étudiants de joindre les deuxbouts sans avoir recours aux systèmes deprêts ou aux parents.Voyons maintenant l’aspect organisationnel.Tout d’abord, bien que le diplôme et le cur-sus universitaire soient les mêmes, l’univer-sité Paris IV, en 2007, n’a pas conclu unemais deux conventions : l’une avec le CNSMde Paris, l’autre avec le pôle Paris –

Boulogne. Résultat : des coefficients et descharges horaires qui varient du simple audouble selon que vous fassiez vos études auPôle ou au CNSM. De même, tout à fait illé-galement, le cursus DNSPM astreint ses étu-diants à suivre un contrôle continu et inter-dit toute compensation entre les UE, que cesoit à l’intérieur de chaque semestre ouentre les différents semestres d’une année.Vous avez eu une moyenne de 13 entretoutes les matières, vous pourrez cependantêtre recalé pour avoir osé manquer 4 cours(coeff. 1) de relaxation et détente du musi-cien. Vous avez eu 9 au second semestre et12 au premier, vous n’aurez pas non plusvotre année. Enfin, si vous entreprenez devous plaindre de tout cela, là encore le mâtblesse : outre le fait que, dans 2 des 3conservatoires, les étudiants soient exclusdes conseils d’administration, de constantsrenvois entre les douze (!) différents res-ponsables du cursus vous laisseront dans leplus profond désarroi.Lors d’une récente réunion publique,Christine Albanel, ancienne ministre de laculture, citait le DNSPM comme le modèlequi « offrira à la France et à l’Europe l’élitemusicale de demain ». Mais de quelle éliteparle t-on ici ? Celle de la République, fon-dée sur la possibilité pour tous les citoyensd’accéder dans tous les domaines aux plushautes fonctions, ou celle, aristocratique, dela reproduction ad aeternam de classessupérieures intouchables ?

La rédaction

Chacun d'entre nous a pu remar-quer en venant s’incrire à Paris-Sorbonneque les services de l’université étaient loind’être les seuls présents sur les lieux, enjuillet comme en septembre (qui sont lesdeux périodes où se font l’essentiel desinscriptions à la fac). Les étudiants consti-tuent en effet une source de revenus pourbeaucoup; au nombre d'entre eux, l'OFUP,remarquable par l'ubiquité et l'audace deses vendeurs.

Cette société de vente d'abonne-ments de presse n'hésite pas à se présen-ter comme « service de presse universi-taire », semant la confusion dans l'espritdes nouveaux comme des plus anciensétudiants. Déjà touché par des scandalesd'utilisation de données personnelles pourdes usages non annoncés – propositionsd'abonnements téléphoniques, internet,d'assurances et d'offres bancaires, quil'avaient fait exclure de certaines universi-tés, l'OFUP vient cet été de subir un mou-vement de grève de la part de ses ven-deurs. Retour sur un fonctionnement trèsparticulier.

Les vendeurs, « conseillers presse», sont recrutés parmi les étudiants et

reçoivent une formation non rémunérée de3 jours, essentiellement sur les techniquesde vente – ou comment convaincre un étu-diant en Lettres qu'il doit ab-so-lu-ments'abonner à Newseek. Puis ils sont placéssous la direction d'un responsabled'équipe, le « manager » qui a pour rôle deles motiver et par une culture de l' « ému-lation » de les inciter à donner le meilleurd'eux-mêmes. C'est là que le bas blesse:l'OFUP annonce fièrement que les étu-diants-vendeurs ont un salaire fixe, et netouchent pas seulement les primesd'abonnement. En réalité, ils sont payés lasomme royale de 218€ brut la semainepour 25 heures de travail, soit tout juste leSMIC: 6,84€ net/heure. Or les salariés tra-vaillent en réalité environ 35 heures parsemaine. Ajoutons que le contrat est dedix jours renouvelables, ce qui permet demaintenir la pression sur les éléments lesmoins rentables. Les étudiants-vendeurspeuvent cependant espérer les fameusesprimes: des commissions qui commencentà arriver à partir de 215€ brut en totalpayé (c'est-à-dire que les étudiants qui ontlaissé leurs coordonnés payent effective-ment pour l'abonnement).

Cette année, en juillet, un certainnombre d'étudiants-vendeurs sur le site deParis III ont refusé de se laisser fairequand ils ont compris que leurs heuressupplémentaires ne seraient pas payées.Les syndicats étudiants les ont immédiate-ment soutenus et quatre revendicationsont émergé: le paiement de toutes leursheures travaillées, le remboursement desfrais annexes (transport, repas, connexioninternet), le paiement des trois jours deformation, et l’arrêt des techniques men-songères de vente. La grève des salariésde Paris III a commencé à faire tached'huile, les étudiants-vendeurs de Paris I,VI, VII, et VIII ont montré une certainesympathie pour le mouvement, ceux deParis VI et VII cessant également le tra-vail. La direction de l'OFUP a refusé deprendre en compte les revendications desgrévistes et compte manifestement sur letemps et l'élagage pour restaurer la moti-vation de ses troupes. Les grévistes ontcréé un comité des salariés de l'OFUP pourpermettre l'organisation des anciens etdes nouveaux étudiants-vendeurs pour lasession d'inscriptions – et donc de vente-de septembre. S'il est difficile de dire si lemouvement aboutira à l'heure de la rédac-tion de cet article, il est certain qu'il auraau moins permis de mettre en lumière lesméthodes de cette « Société par actionssimplifiée au capital de 3.537.015 Euros ».

Chloé GALLAUD-PETIT

Deux pays européens. Une fron-tière commune. Deux langues. Un proces-sus de Bologne pour harmoniser leurs sys-tèmes universitaires. Et… quelquesnuances dans sa construction.Vous croyiez qu’il était, après le passageau LMD et tutti quanti, évident que toutesles universités européennes fonctionnaientde la même manière ? Que nenni !Laissez nous vous détromper. Prenons laFrance et l’Allemagne, pourtant a prioritrès proches. Les différences commencentdès le début du cycle scolaire, pour nefaire que s’accroître au fil du niveaud’étude.Différence notable, il n’y a pas de gestionnationale : chaque Länd a sa propre poli-tique d’éducation, ce qui mène déjà à desinégalités.Dès leurs dix ans, les jeunes allemandsvoient leur destin se sceller. Ils ont le choix(mais n’est-ce pas trop tôt ?) entre quatrecollèges différents ouvrant sur des forma-tions différentes : le premier sur une for-mation en alternance ; l’autre sur une uni-versité technique ; le troisième qui n’ac-cueille plus que 40% des élèves, délivrel’équivalent bac (Abitur) et enfin le derniercréé d’après notre collège unique n’existe

que dans les Länder de gauche. Ainsi,déjà, tous ne pourront pas entrer à l’uni-versité. Tout au long de leur scolarité, lesécoliers allemands ont cours uniquementla matinée, l’après-midi étant consacrée àd’autres activités. Notons que ce fonde-ment, sur lequel lorgnent les politiciensfrançais de l’éducation depuis longtempsdéjà afin de s’en inspirer pour améliorer lesystème (comme Descoing), est remis encause en Allemagne par des propositionsde réforme et contre lesquelles les univer-sités outre-Rhin se sont mobilisées auprintemps dernier. Les allemands passentl’équivalent de leur bac dans leur 19èmeannée, soit une année de plus à l’école quenous. Ceci est également remis en causepar d’éventuelles réformes et tout aussicontesté par le supérieur. L’université ausecours du secondaire ! Est-ce ce qui nousattend, nous, cette année, après la pontedes Rapports Apparu et Descoing ?Quel est donc le lien entre ces deuxRapports et ce qui se passe en Allemagne,outre la mobilisation ? L’angoisse de lapremière année à l’université. Toujours lamême. Cette année tant décriée enFrance, tant redoutée qui est tour à tourvécue et stigmatisée comme échec, flotte-

ment, réorientation, nécessité, perte,sélection, épanouissement… responsablede tous les maux.Sélection. Le mot est lancé. Fait peur ouréjouit. Sélection, c’est la réponse antici-pée des allemands à cette angoisse bienfrançaise. Oui, pas loin de chez vous, onsélectionne ! Suivant quoi ? La moyennegénérale de l’Abitur (1 étant la meilleurenote et 6 la pire.)Ensuite, deux classements se forment.L’un, le moins prépondérant est, ô scan-dale, entre les facs : les plus prestigieusesdemandant à l’entrée les meilleursélèves/notes. Pas de fac d’élite, pas de facpoubelle qu’y disaient.L’autre, entre les matières. Oui, tenezvous bien, là-bas, on assume les préjugéslatents et pervers qui suintent par cheznous. Ils sont opérationnels dans le sys-tème même : pour faire médecine, il fautun 1, pour faire philo, un 3 ou un 4 suffi-sent. Ceci pour une question de place dit-on. Choqué ? Bienvenue dans les scienceshumaines ! Mais, nos prépas et grandesécoles ne seraient-elles pas déjà notreéquivalent rayon ‘Sélection’ avec cetteprépondérance des sciences ?S’il y a un point commun entre les deuxsystèmes, c’est bien ce manque deconfiance envers l’avenir de ce qu’onappelle encore les Humanités.

Raphaëlle JAMET

ACTUALITE PARIS IVLicence Musicologie/DNSPM : une zone de non-droit ?

ACTUALITE nationale

L’OFUP arnaque aussi ses vendeurs

ACTUALITE internationale

Petite lecon de relativisme allemand

Page 3: Le Sorbonnard Déchaîné n°24 (oct 2009)

Juillet 2009, ça s'affole dans un bar nantais.Près de la fac de Lettres, les militants de l'UNEFse retrouvent pour boire un verre et organiserleur départ de la première organisation syndi-cale étudiante de France, comme l’AGEPS l’avaitfait il y’a déjà plus de deux ans. Voici la tribunequ’ils ont bien voulu nous transmettre.

Nous avons décidé de quitter l'UNEF, décisiondélicate à prendre et à assumer. Une décision qui futle fruit de longues réflexions et qui fut prise parconviction. À ceux qui nous reprochent notre départ,voilà ce que nous leur répondons : si nous sommespartis, c'est d'abord dans l'intérêt des étudiants. Àchaque attaque du Gouvernement contre nos acquissociaux – et elles sont incessantes en ce moment –nous nous devons d'instaurer un rapport de forceferme et unitaire. Si dans les années passées l'UNEFy contribuait fortement, aujourd'hui le bilan de la pre-mière organisation étudiante de France ne plaide plusen sa faveur. L'argument de « rester dans l'UNEF pourconstruire un syndicat fort et puissant » n'est doncplus recevable. Le premier syndicat étudiant s'écartechaque jour un peu plus des besoins et des aspira-tions des étudiants. Et il le fait au profit de la seulelogique de négociation, sans aucun lien avec lavolonté des étudiants. On est loin de la démocratiesociale !

Lutter, revendiquer, proposer, négocier, touten assurant un va-et-vient permanent avec les étu-diants, tel est le sens de notre démarche. Pour cela,il faut quotidiennement allier présence sur le terrain,travail dans les instances universitaires, participationeffective aux différentes mobilisations sociales. Elleest là l'unique méthode qui permette de construire unsyndicat fort et efficace, c'est-à-dire un syndicat quigagne les batailles qu'il engage. Et il sera là l'objectifdu tout nouveau S.E.N. - Le syndicat des étudiants deNantes : construire un syndicat capable à la fois demettre en dynamique des centaines d'étudiants surdes questions qui les concernent directement ou indi-rectement, prendre en compte leurs avis, transformerces aspirations en propositions concrètes, en revendi-cations. Et enfin, gagner. Transformer leurs idéaux enréalité. Parce qu'il n'est plus acceptable qu'encoreaujourd'hui, la population étudiante ne soit perçueque comme une population à charge de la société,pour qui leur état de précarité relève de la normalité.Comme s'il était normal que les jeunes galèrent afind'accéder – enfin ! – à la stabilité. Comme s'il étaitbanal qu'un étudiant n'ait pas le droit aux vacances,doive systématiquement financer ses études en sesalariant plusieurs mois durant, accepte des contratsprécaires, des conditions de travail dégradées, tirantvers le bas les droits de l'ensemble des salariés. C'està ces combats que nous devons nous atteler.

Pour tout cela, pour assurer aux étudiants leprogrès social, il nous faut travailler ensemble. De cefait, quitter une organisation nationale pour créer unestructure locale, orientée sur l'information et ladéfense des étudiants d'une seule université, resteinsatisfaisant. En effet, à l'heure où l'offensive contrel'Université est à son paroxysme, c'est l'ensemble dela communauté étudiante qui doit s'affirmer, dans unedémarche unitaire, clé de l'efficacité des luttes. C'estpourquoi nous sommes entrés en contact avecl'AGEPS et avons décidé d'entamer un travail en com-mun. Ainsi, notre militantisme ne se limitera pas à unsimple travail local. Nos revendications, principale-ment portées sur notre Université, qui dessinent unenseignement supérieur unifié, laïque, gratuit, acces-sible à toutes et à tous sans aucune discriminationsauront être portés, nous en sommes convaincus, pardes étudiants de toute la France.

Soyons ambitieux, ne craignons pas les diffé-rents obstacles. La réussite du S.E.N. - Le syndicatdes étudiants de Nantes, et de toutes les organisa-tions syndicales, ne se mesure pas nécessairement àson nombre d'adhérents, ni même à une éventuellevictoire lors des élections universitaires du printempsprochain. Elle n'est pas toujours visible parce que sinous nous battons, ce n'est pas pour se glorifier nidans le but de survivre dans un monde de concur-rences entre les organisations étudiantes mais pourpréserver et acquérir de nouveaux droits pour touteset tous.

Les militants du Syndicat des Etudiants Nantais (SEN)

Il n’était que temps desaluer dans ses pages les effortsméritoires des ministres succes-sifs. Enfin l’Université françaisepeut-elle se prétendre l’égale desGrandes Ecoles et des Classespréparatoires les plus presti-gieuses. Enfin, avons-nous droit àdes week-end de (dés-)intégra-tion. Mieux, le ministère, voulantrattraper des années d’injusteretard, les organise gracieuse-ment tout au long de l’année.

Jeux de réflexion (on serappelle avec délice du : commentassumer de nouvelles chargesfinancières avec des budgets res-treints ?), course poursuite (latrès populaire « attrape moi ettire mon slip »), jeux de rôle (étu-diant de niveau 3 vous devez pas-ser niveau 5 pour prétendre inté-grer la Guilde des Enseignants.Mais le sort Bès’D Moy’un vousempêche d’utiliser votre capeStajré Mun Héré), tout est faitpour satisfaire à plein étudiants,personnels universitaires etenseignants.

Certains à la lecture deces lignes doivent déjà protester.« Mais le bizutage est une pra-tique archaïque, dégradante,voire violente, qui porte préjudiceà l’ensemble de la communautéuniversitaire ». A ceci, on ne peutqu’opposer les propos de la minis-tre Pécresse tenue lors d’une soi-rée étudiante de Théoria-Praxis :« Tant que y’a de la tendresse, çareste positif. Le SM n’a plus riende tabou, je l’ai lu dans lesInrocks. Les jeunes et moi, onparle le même langage. C’est in ».Depuis le début des années 2000,l’Université est très in.

En 2009, les étudiantsreçurent de belles surprises. La «masterisation » en constitua lecœur. Et pourtant, à aucunmoment, l’Unef, n’a pris lamesure du danger de cetteréforme, n’incluant jamais sonretrait dans ses revendications,refusant même d’en parler toutsimplement. Sans consultations,sans négociations, tous les étu-diants candidats à l’enseignementse retrouvent obligés de financerune ou deux années de plus mini-mum (pour atteindre le M2), tan-dis que de l’autre côté, on leurretire l’année de stage rémuné-rée. Pire, la politique du ministèreconduit alors à un nivellementgénéral par le bas des formationsprofessionnelles et disciplinaires,par la mise en place de concoursaux épreuves réduites et allégéeset de master aux mémoires fan-toches insérés dans une année deM2 mutante cumulant en 2semestres un programmeaujourd’hui étalé sur 3 ans(mémoire, concours, stage).Enfin, cerise au cyanure sur legâteau à la mort aux rats, désor-mais le recrutement des ensei-gnants peut être envisagé commedéconnecté du concours. En effet,

des milliers de diplômés recalésseront prêt à accepter des postesde précaire plutôt que de resterau chômage, accentuant la baissedes postes titulaires. Fle-xi-bi-li-té. Epilogue ? Un décret du gou-vernement publié les derniersjours de juillet, dans l’indifférencequasi-générale, imposant le pro-jet tel quel.

Ajoutez à cela le PlanLicence, les baisses de postes auxconcours de la fonction publique,les refontes des bourses (aides aumérite divisées par 2 en2009/2010, par rapport à 2008,et tout simplement « oubliées »de la refonte et donc suppriméesen 2009), laquestion per-sistante desl o g e m e n t s ,des locaux etl’on sed e m a n d ecomment onpeut encoretrouver laforce d’enrire. Personnene vient plusannoncer lesl e n d e m a i n squi chantentpour les étu-diants. C’esttout l’édificequi déchante.

Ducôté desp e r s o n n e l sBiatos, lamachine quifait tournerles facs der-rière lavitrine, la fête est également aurendez-vous. Diminution deseffectifs à charge de travail iden-tique, stagnation des salaires,multiplication des contrats pré-caires, externalisation croissantedes services (et donc perte destatuts) se sont conjuguées pourpousser à la grève une catégorieprofessionnelle pourtant exposée.

Enfin, les enseignants etles chercheurs connurent desréjouissances à la hauteur de l’es-time que la société leur porte : «réforme » de leur statut, applica-tion vivante d’un « travailler pluspour gagner moins », « réforme »des allocations doctorales, modifi-cation des méthodes de gouver-nances en lien avec la L.R.U.(baisse du pouvoir des conseils del’Université, réorganisation desprocédures d’évaluation).

Ainsi chaque mois de juil-let, aux alentours du 29, le gou-vernement publie ou fait voter denouveaux textes qui « réforme »l’université, créant à leur suitechaque année un mouvement pluslarge, plus long et plus dur (doux-jésus !) de rejet de la part desétudiants, des enseignants et despersonnels, c’est-à-dire de ceuxqui sont l’Université.

Alors en 2010, doit-ondéjà se réjouir ou craindre unebaisse de régime ? A ceux quiprépare déjà leurs sacs en selamentant : « Après 2009, cetteannée ça va être nul. On est nésavec un an de retard, on va êtrela génération sacrifiée ».Rassurez-vous ! Ainsi, pour appli-quer la masterisation, le minis-tère a créé l’aberration suivante :tout inscrit à l’IUFM reçoit enthéorie une équivalence de M1,pour faciliter le passage à un sys-tème de concours en M2.Résultat, partout en France, toutétudiant inscrit cette année pour-rait en juillet, même si il a échoué

à ses concours, demander la vali-dation de son année (alors qu’iln’aurait fourni aucun travail demémoire et de recherche). Ainsi,par un simple caprice, le minis-tère vient de décider qu’en 2010,les universités devraient fournirdes diplômes de M1 sans valeurpar millier pour éponger saréforme bancale. A tous les ins-crits en M1 recherche pur cetteannée, bon bizutage !

Face à cette restructura-tion de l’Université, comme onrestructure une usine de mou-tarde, on trouvera toutefois desraisons d’espérer. En nous-mêmed’abord, étudiants dans les «humanités », sensibles et cri-tiques, conscients que ceux quiveulent nous faire croire que leschoix se résument toujours àdeux possibilités (leur réforme oule chaos), ne souhaite pas notrebien. Et puis chez les autresaussi, comme l’illustre la tribunede ce numéro. Car bizutage oupas, vous êtes toujours des mil-liers à se former pour demain.

La rédaction

TR I B U N EPour un renouveau dusyndicalisme etudiant

POUR ALLER PLUS LOIN

L’universite du bizutage permanent

L e s t r i p - Marvin & Loomis - “fabulophagie-numerophagie”

Page 4: Le Sorbonnard Déchaîné n°24 (oct 2009)

AgendaculturelRetrouvez dès le mois

d’octobre la programmationculturelle de Paris IV sur:www.paris-sorbonne.fr/fr/spip.php?rubrique2304

En attendant, voici une sélec-tion de quelques lieux et évè-nements à ne pas manquer !

Festival d’Ile de FrancePour assister à des concerts de

musiques de tous horizons, clas-sique, baroque ou contempo-

raine, dans les meilleurs sites detoute l’Ile de France, du 4 sep-tembre au 11 octobre 2009 àParis et un peu partout autour.Tous les renseignements sur les

visites organisées :01 58 71 01 01 et sur

http://www.festival-idf.fr/2009/

Maison Européenne de laPhotographie

Pour aller voir les clichés desmeilleurs photographes d’au-

jourd’hui dans un quartier trèsvivant ! Seront à l’honneur cette

saison Güler, Scianna, Keller,Körner Union et @rt Outsiders,

du 09 septembre 2009au 11 octobre 2009

5/7 rue de Fourcy Paris 4èmehttp://www.mep-fr.org

Point ÉphémèreSans doute un des lieux les plussympas de Paris, pour assister àdes concerts souvent gratuits,

boire un verre au bord du canal àpeu de frais et participer à desrencontres et débats avec des

écrivains et artistesdivers et variés.

200 Quai de Valmy,75010 Paris

http://www.pointephemere.org

Associations culturellesétudiantes de Paris IV

TéléSorbonneTéléSorbonne est une chaine detélévision étudiante parisienne.

Créée en 1998 avec le soutien deParis IV à l’origine. Elle rassem-ble aujourd’hui des étudiants deplusieurs universités Parisienne.Son objectif est de faire de l’in-formation par et pour les étu-diants, tout en étant un lieud’expression et d’échange

d’expériences.N’hésitez pas à visiter leur site et

à vous impliquer, car ils ontbesoin de bras!

www.TeleSorbonne.com

ParismusParismus a pour but de

développer les liens entre étu-diants français et européens.Au programme: sorties cultu-relles, repas internationaux,

cours de théâtre, et surtout denombreuses occasions d’échan-ger avec entre étudiants étran-

gers et français.Contact: 01 40 46 27 16

ou 06 06 50 98 21http://www.parismus.com/

Théoria-PraxisCréée il y a maintenant 2 ans par

un ensemble hétéroclite dejeunes, Theoria-Praxis est uneassociation culturelle indépen-dante qui développe de nom-

breux projets, promeut laréflexion culturelle et plus large-

ment le débat d'idéessous toutes ses formes.Contact: 01.40.46.27.16

http://www.theoriapraxis.org/

Les conseils centraux de l’université ParisIV sont, en quelques sortes, ses conseils de direc-tion, et sont au nombre de trois.

Le Conseil d’Administration (CA),composé de 27 élus dont 3 étudiants, est encharge de tout ce qui touche à la vie de l’univer-sité, ce qui va des maquettes d’enseignements enpassant par le budget et jusqu’à la création denouvelles filières. Les décisions du CS et du CEVUlui sont soumises, mais il a toujours le derniermot.

Le Conseil des Études de la VieUniversitaire (CEVU) est composé de 20 élusdont 8 étudiants. Il est responsable de toutes lesquestions relatives à la pédagogie et à la vie de

l’étudiant. Le vice-président du CEVU est éluparmi les élus étudiants (alors que les deux autresvice-présidents de l’université sont élus parmi lesenseignants).

Le Conseil Scientifique (CS) est com-posé de 40 membres dont 4 étudiants. Il est res-ponsable de toutes les questions relatives à larecherche. Seuls les étudiants de troisième cycle,les doctorants, peuvent y être élus aux côtés desprofesseurs et personnels administratifs.

Bien que les élus étudiants soient minoritairesdans ces conseils, leur importance n’est pas négli-geable: ils permettent aux étudiants de faireentendre leur voix et, parfois, de gagner de nou-veaux droits !

Première organisation étudiante deParis IV, l’AGEPS dispose de nom-breux élus dans les différents conseilsd’UFR et, jusqu’à aujourd’hui, de 5élus dans les conseils centraux deParis IV. En tant qu’étudiants, noustravaillons chaque jour à ce que notrevoix à tous soit prise en compte dansla gestion de la fac. Rejoignez-nous!Nos locaux:SORBONNE: salle F646 galerie ClaudeBernard, esc. P deuxième étage.MALESHERBES: salle 113, premierétageCLIGNANCOURT: salle 303, RDC, àgauche en sortant des amphisLe Sorbonnard Déchaîné:Directeur de publication:JulienAUVERT, Rédactrice en chef: Marie-Madeleine BEKO, Comité de rédactionde ce numéro: Ariane BUISSON,Mathias DEGOUTE, Nicolas FRAMONT,Raphaëlle JAMET, Julien KIEN,Maxime LONLAS, Charles NICOLAS,Chloé PETIT, Thomas TAQUET, SimonVACHERON Dessins: Julien AUVERT,Maquette: Xavier HENRY

Avec la participation du FSDIE de Paris 4

« Cette part d'outre-monde que por-tent ses personnages », c'est avec cette for-mule que s'achève l'élogieuse critique duMonde (27 août 2009) consacrée au dernierouvrage de Marie NDiaye: Trois femmes puis-santes.

Outre-monde, voilà, s'il en fallait une,la formule à placer au frontispice d'une antho-logie des meilleurs crus de cette rentrée litté-raire. Pas d'ouvrage polémique comme l'an-née dernière – hormis celle orchestrée parGrasset autour de la «censure » attendue dequelques pages d'Un roman français (F.Beigbeder); les habitués, promis à une car-rière de best-seller sans éclat (Nothomb,égale à elle-même ou Justine Lévy); les pre-miers auteurs, dont les critiques pointus veu-lent croire qu'ils resteront ; la rentrée litté-raire, quoi. Et puis – est-ce un effet de la crise

? – le nombre de paru-tions est en léger reculpar rapport à celui desprécédentes années(659): sans doute est-

ce une opportunité pour les auteurs de cetterentrée, lorsque l'on se représente que l'espé-rance de vie, sur les étals d'un libraire, d'unroman contemporain excède rarement deuxmois.

Outre-monde. Les romans les plusmarquants, au sens littéral, de la rentrée invi-tent en effet à transgresser: les frontières del'âme et de la cruauté, comme dans l'ambi-tieux premier roman, plein de bruit et defureur de Vincent Message Les Veilleurs oudans le monstrueux Cadences de StéphaneVelut, qui narre le projet d'un artiste à qui lesautorités nazies ont confié une jeune fille dontil doit peindre le portrait dans le souci d'exal-ter la vigueur de la jeunesse rhénane; les bar-rières de douane pour gagner l'Orient et sesrêves avant de revenir pour mieux fuir dans

B.W., roman autant que déclaration d'amourau goût de littérature, que Lydie Salvayre(l'auteur) partage avec son compagnon,Bernard Wallet, ancien éditeur chez verticales.Cet ouvrage, assassiné par une partie de lacritique, décrit sans compromission le mondede l'édition, à travers le regard tendre et éru-dit de L. Salvayre.

Le nouveau roman de MarieNdiaye, Trois femmes puissantes, découvretrois visages de femmes, poissées par l'em-prise d'hommes, le père, le mari, incapablesde les aimer. L'écriture ample, lacustre, guideimpitoyablement le lecteur dans le méandred'âmes lasses. Les portraits très resserrésparaissent ne laisser aucune issue à des per-sonnages en proie aux affres de leurs senti-ments et de leurs rapports biaisés aux autres.Leur âme est lourde à l'image du vol de cetétrange oiseau – Érynie ou Icare sans grâce– qui passe des nuit sans sommeil dans lesbranches du grand flamboyant. Le mot est dit.

Ariane BUISSON

France Culture : La destruction pro-grammée d'une université populaire (Delga,2007), écrit comme un témoignage-constattrès documenté du combat des auditeurspour leur radio par P. Broguière, le titre estattristant, le reste n'est pas mieux. Queveut-il dire par là?

Destruction programmée, car lesréformes qui ont commencé avec un chan-gement de direction en 1999 au sein de laradio, n'ont pas pu être faites au hasard. Etce n'est point paranoïa que d'avancer cela.La ligne est claire : faire de cette radio une« radio comme les autres » (L. Adler, direc-trice de 1999 à 2004, période noire).Dangereux projet quand on connaît le pay-sage radio français.Petit programme des réjouissances :

Faire du direct : surtout pasd'émissions préparées aumicron près, les auditeursrisqueraient de s'ennuyerdevant tant de connais-sances et de qualité.

Compresser le son : rendre les chuchotis aumême niveau que les hurlements. Baisseirrémédiable de qualité et d'originalité, maisau moins on peut l'écouter en faisant sescourses au supermarché : d'une oreille dis-traite, dommage pour une radio culturelle.Placer des stars et des gros bonnets à laproduction des émissions : on doit les payerplus que les spécialistes, ils sont trop occu-pés pour préparer l'émission, on ne peut pasles virer une fois en place, mais au moins ilssont connus. Ça fera de l'audience, c'est cequi compte !Donner leur bouillie aux français entre 7h et9h : supprimer Les chemins de la connais-sance pour faire de l'info Bolloré, des chro-niques insignifiantes et des bavardages de

comptoir entre amis, insipidité garantie. Sonseul avantage est de ne pas laisser de tracedans les mémoires.Diffuser du « culturel » : vendre des produits(livres, dvd, cd, …) et non point offrir desconnaissances à tous (conférences, débatscontradictoires, ...). C'est là le plus granddrame, car en 58 sur France Culture, près dedix heures par jour étaient consacrées à unvéritable cours d'histoire occidentale. Onnote la différence avec aujourd'hui. La cul-ture accessible à tous. Juste avec un transis-tor et deux piles. N'importe où. C'est là ceque nous avons perdu. Internet demandetrop de technologie et d'argent pour pallier àce manque. C'était ça, l'université populaire.Devons nous craindre la même destructionpour la nôtre, d'université?

Maintenant, la culture semble cellede la cooptation et de l'ignorance, pourvuqu'elle se vende. Est-ce être élitiste que devouloir que le meilleur soit accessible àtous? Raphaëlle JAMET

culture - 2009austere et harmonieux, mais de longue garde

culture - France Cultureune radio comme les autres?

Zone d’info“Les Conseils Centraux”f

Thèse antithèse synthèse :le doctorat en SorbonneLes évènements qui ont agité l’uni-versité l’an passé ont révélé pourpartie l’univers mystérieux de larecherche, dans un contexte decrise internationale de la rechercheen sciences humaines, marquéepar le publish or perish, et dans uncadre franco-français de révisiongénérale des politiques publiques.Ainsi la création de l’Agenced’Evaluation de la Recherche et del’Enseignement Supérieur(AERES), venue inspecter de fonden comble l’année dernière notreuniversité, appelle une réflexionapprofondie sur la formation doc-torale qu’offre Paris IV.

Qu’est-ce qu’être docto-rant à Paris 4 ? C’est avant toutêtre tout seul. Plus de cours, plusde notes, plus de limite sinon celledes 3 années, en pratique souventallongées à cinq ou six, et un docu-

ment de 300pages à pro-duire. On peutaussi avancerque l’expé-

rience du doctorat dépend large-ment de l’école doctorale (ED) àlaquelle on appartient, des moyensqu’elle met à disposition et de l’at-tention qu’elle apporte à ses étu-diants. Toutefois, tous les étudiantsn’ont pas la chance de profiter desmêmes occasions, faute d’une poli-tique de la recherche qui resteencore à affirmer et d’une franchevolonté de vraiment prendre enmain la formation doctorale.

Il existe pourtant de nom-breuses initiatives pour aider lesdoctorants, mais elles restentméconnues. Saviez-vous parexemple qu’un doctorant peutdemander une subvention « sur lepouce » auprès de son ED pourparticiper à un colloque ou acqué-rir des ouvrages ? Ou encore qu’ilexiste plusieurs dispositifs pourfinancer les chercheurs en herbesdans leurs projets de voyages ou

de publications, comme les AiresCulturelles ou le Bonus QualitéRecherche ? Que, de plus, il existedes formations ponctuelles pourapprendre à communiquer lorsd’un congrès, rédiger des proposi-tions d’articles ou se mettre àl’academic English ?

Le constat est que l’infor-mation circule mal dans notre uni-versité et les canaux qui la portentse brouillent à mesure que l’onpasse les niveaux et les cycles. Lasituation des doctorants de laSorbonne est en effet largementaméliorable. En dehors de lanécessité d’uniformiser d’ED à EDl’accès aux ressources financièreset leur transparence, il serait plusque souhaitable que se bâtisse unevéritable communauté de cher-cheurs au sein des doctorants. Iln’y a pour l’instant quasiment pasde « séminaires D », ni mêmeaucun moyen régulier et efficacede fédérer les doctorants et dedonner la dimension humaine à larecherche qui manque si cruelle-ment à notre système.

Ce ne sont pourtant pasles idées qui manquent et l’AGEPSest là pour les porter dans les dif-férents conseils et surtout au seindu Conseil Scientifique : site webcommunautaire officiel des docto-rants de la Sorbonne, supervisépar les ED, mise en place d’unesoutenance de mi-doctorat visantà marquer des étapes tangibles aucours des 3 années imparties à larédaction de la thèse, développe-ment des moyens permettant auxdoctorants de s’investir dans larecherche en organisant ou partici-pant à des journées d’études etencouragement à publier mieux etdavantage. En bref, il s’agit d’insuf-fler à la formation doctorale unevivacité et une efficacité qui sauraredonner son prestige et sa fonc-tion à un parcours long et exi-geant.

Mathias DEGOUTE

La voix des Elus

01 45 86 81 24www.ageps.org

[email protected]