2
L’OR NOIR D’ABU-DHABI NE PROFITE PAS A TOUT LE MONDE PARIS IV MANQUE TOUJOURS DE MOYENS Quand nous, les etudiants, sommes distraits ou silencieux, LES PIRES CHOSES SE PASSENT DANS NOTRE DOS Éditorial Quand le président de Paris IV perd la tête Comme vous le savez sûrement, il y a des textes, législatifs ou réglementaires, qui régissent le fonctionnement de notre universi- té. Aujourd’hui, il y en a deux qui nous occupent: le code de l’éducation et les statuts de Paris IV—Sorbonne. Toute personne, dans notre université, se doit de les respec- ter. Pour un président d’universi- té, la charge est encore plus lourde: il doit non seulement les respecter, mais également les faire respecter. Mais le vendredi 8 décembre, comme cela lui arrive malheureu- sement de plus en plus souvent, Jean-Robert Pitte, président de Paris IV, a non seulement oublié ses devoirs mais également outrepassé ses droits. Ce 8 décembre, un Conseil des Études et de la Vie Universitaire (CEVU), un des trois conseils centraux de notre université, s’est réuni. Selon la loi, ce conseil est chargé, entre autres, de toutes les questions relatives à l’orientation. En effet, toujours selon la loi, ces décisions doivent être décidées par le CEVU, puis approuvées par le Conseil d’Administration. A l’ordre du jour figurait la proposi- tion Goulard d’orientation- sélection des lycéens. Un sujet qui relevait des compétences du CEVU et contre lequel nous pensions pouvoir voter. Il n’en fut rien. Probablement dans le souci de se faire bien voir du ministère et de la direction générale de l’ensei- gnement supérieur, Jean-Robert Pitte annonça qu’il avait déjà pris la décision d’appliquer cette proposition ministérielle (sans qu’il y soit pourtant contraint) et que le CEVU ne se prononcerait pas sur la question! Devant mon indignation et mon rappel des textes législatifs, Jean- Robert Pitte annonça doctement qu’il connaissait la loi mais qu’il avait décidé de ne pas la respec- ter! En tant que vice-président du CEVU, élu tant par les étudiants que par les enseignants et les administratifs, je ne pouvais assister plus longtemps à ce conseil devenu une mascarade. Les recours devant la justice existe et j’en ferai évidemment usage. Mais le combat pour le respect de la démocratie à Paris IV est un combat qui ne se mène pas seul, et ce sont tous les étudiants (car nous subissons tous les consé- quences de ces décisions autorita- ristes) qui doivent, aujourd’hui, aux côtés de l’AGEPS-UNEF, rappeler leurs droits et affirmer, enfin, qu’ils appellent de leur vœux cette démocratie si souvent bafouée. Xavier HENRY Vice-président de l’Université Paris IV—Sorbonne Beaucoup de rumeurs circulent concernant Paris-Sorbonne Abu-Dhabi, ce site localisé aux Émirats Arabes Unis qui a ouvert ses portes en septembre. On entend dire que Daniel Ollivier, ancien directeur de cabinet du président et aujourd’hui directeur du site, toucherait un salaire mensuel net de plus de 15 000 €. On entend aussi dire que Catherine Vieillard, secré- taire générale de l’université Paris IV, aurait ramené dans ses bagages des bijoux d’or fin offerts pendant son séjours chez les Emiratis. On entend dire, enfin, que des valises remplies d’argent liquide aurait fait le voyage Abou-Dhabi/Sorbonne dans la plus totale opacité. Bien sûr, sans preuve, nous ne donnerons pas foi à ces rumeurs. Évoquons des faits. Le site d’Abou-Dhabi est à la base supposé être un site décentralisé de Paris IV, au même titre que Malesherbes ou Clignancourt. En ce sens, il devait respecter tant les textes législatifs français régissant l’enseignement supérieur (puisqu’il décerne des diplômes estampillés « Paris IV »), que les statuts de notre université. Finalement, il n’en est rien. La gestion du site Abou-Dhabi s’opère dans l’opacité la plus complète. Le Conseil d’administration de Paris IV a été déchu de toutes ses prérogatives concernant ce site au profit d’un pseudo « conseil d’administration », propre à Abu-Dhabi, dont la composition laisse rêveur. Composé de six personnes, y siègent Jean-Robert Pitte, président de Paris IV, Catherine Vieillard, secrétaire générale de Paris IV, Daniel Ollivier, administrateur du site, et… trois personnes choises par le gouvernement émirati dont… le ministre de la défense des Émirats Arabes Unis! On comprend mieux pourquoi le seul député français à avoir fait l’éloge de ce projet n’est autre qu’Olivier Dassault. Et oui, le marchand d’armes. Autant dire que les motivations de la création de ce site ne semblent pas seulement pédagogiques ou culturelles. Mais parlons aussi budget. Il n’est un secret pour personne que Paris IV manque cruelle- ment de fonds pour assumer ses missions. C’était d’ailleurs l’argument principal de Jean-Robert Pitte, qui affirmait que l’argent des Émirats allait permettre de renflouer les caisse de services et d’UFR exsangues. Aujourd’hui, qu’en est-il? Si le budget de Paris-Sorbonne Abu-Dhabi est présenté comme pharaonique, nous n’en savons pas plus. En effet, c’est le conseil d’administration de ce site, évidemment non élu, qui gère seul le budget, en toute opacité. Et le budget de Paris IV, lui, ne semble pas progresser beaucoup. L’envoi de convocations aux examens aux étudiants (dont le budget était estimé à 15 000€) n’est toujours pas envisagé. La raison? Trop onéreux bien- sûr. Pourtant, certains chiffres ont été portés à notre connaissance qui prouvent bien que la pénurie n’est pas la même pour tout le monde. En effet, nous avons appris que la nouvelle prime annuelle de Jean- Robert Pitte s’élevait à 17 892€! Plus que les envois de convocations aux examens! Mais la palme revient, comme souvent, à Catherine Vieillard dont la prime annuelle est aujour- d’hui de 23 600€! C’est bien simple, la loi ne permet- tait pas une prime supérieure. Alors, oui, pour payer des professeurs ou des administratifs supplémentaires afin d’assurer dans de bonnes conditions les missions pédagogiques de Paris IV, l’argent manque. Mais quand il s’agit, pour les dirigeants de Paris IV, de s’auto-récompenser entre eux, le chéquier chauffe. L’argent d’Abu-Dhabi existe peut-être bel et bien. Mais ce n’est probablement pas demain que les étudiants de Paris IV en bénéficieront. X.H. Alors qu'il a fallu plusieurs décennies pour massifier l'enseignement supérieur et permettre ainsi au plus grand nombre d'accéder à l'université, notre conception d'une université jouant un rôle d'ascenseur social est aujourd'hui en proie à de sévères attaques. Celles-ci visent à permettre la reproduction sociale en sélectionnant les étudiants à plusieurs étapes de leur formation sans se soucier de leurs aspirations ou de leur potentiel véritable. Le rapport Hetzel, censé constituer une issue au débat "Université- Emploi" (lancée suite à la mobilisation contre le CPE), se prononce en faveur de la sélection. Deux projets en découlent : "l'orientation active" comme moyen de sélection à l'entrée à l'université et l'institutionnalisation de la sélection à l'entrée du Master 1. La première mesure vient en réalité d'une initiative du Ministre délégué à l'enseignement supérieur, M. Goulard. Elle consiste en la mise en place d'un dispositif obligeant les élèves de Termi- nale à effectuer leurs voeux dès le mois de février. Cette mesure encouragera peu à peu la concurrence entre les universités et celles-ci fermeront leurs portes à des étudiants qui auraient a priori moins de chances de réussir. Plusieurs universités souhaitent déjà expérimenter ce dispositif, et Paris IV, par l'unique voix de son président, souhaite en faire partie sans qu'aucune consultation réelle n'ait pu avoir lieu dans les conseils. La seconde mesure concerne l'entrée en Master. Alors que la commis- sion de suivi du Master (en lien avec le Conseil National pour l'Enseignement Supérieur et la Recherche) ne se réunis- sait plus depuis plusieurs mois, elle fut réveillée par une volonté express du gouvernement. L'objet de ce réveil : rendre possible la sélection à l'entrée Master 1 selon des critères laissés au libre-choix des universités. Il s'agissait d'une mesure anti-pédagogique puisqu'en prenant les "meilleurs" avant le début de la formation, on niait toute capacité de nos universités à faire progresser les étudiants. Si cette mesure était passée, il aurait fallu peu de temps pour qu'appa- raissent des "masters d'excellence" réservés à une élite ; ceci au détriment des autres étudiants et filières. Heureuse- ment, grâce à l’UNEF, la direction géné- rale de l’enseignement supérieur a annoncé le 18 décembre que suite aux déclarations des ministères, ce projet était (provisoirement?) enterré. A ceux qui pensent que la sélection est une solution, nous répondons que ce n'est pas la rareté d'un diplôme qui fait sa qualité mais bien son contenu. Il s'agit avant tout de s'assurer que les diplômes garantissent de véritables qualifications : cela nécessite entre autres une refonte de la pédagogie afin que soit donnés à tous les moyens de réussir. Un an à peine après la victoire des étudiants contre le CPE, ces projets du gouvernement pourraient donc ressembler à de simples pavés lancés dans la mare universitaire quand on sait que la dernière initiative du genre avait provoqué un des plus gros mouvements étudiant qu'on ait connu (c'était en 1986). Pourtant sous couvert de promouvoir l'orientation et de réformer l'université, le gouvernement est bien décidé, malgré ses reculs, à passer en force sur le sujet. Après cette première victoire, nous devrons, plus que jamais, rester vigilants. Amandine DUPRAZ La phrase du mois Elle fut prononcée par Marcel Botton, PDG de Nomen, une entreprise spécialisée dans la création et la valorisation de noms de sociétés. Il annonce que la Sorbonne « est aussi connue que la tour Eiffel, les Champs-Élysées ou le Bibendum de Miche- lin . (…) c'est une marque qui vaut au minimum un milliard d'euros » Heureux de l’apprendre. En tous cas, on ne sait pas quelle est la valeur de ses étudiants pour le président de notre université, mais si c’est une valeur marchande, ce qui est proba- ble, elle n’est certainement pas aussi élevée. Le bulletin sans concession de l’AGEPS-UNEF, première organisation étudiante de l’Université Paris IV, décembre 2006/janvier 2007, numéro 9 01 40 46 32 27 www.ageps.unef.free.fr [email protected] LA SELECTION: UNE CONTRE-SOLUTION PARIS IV MANQUE TOUJOURS DE MOYENS PAS LE TEMPS DE VOUS PARLER: je vais au conseil d’administration de Paris SORBONNE—ABOU DHABI! Mais au Moyen-Orient...

Le Sorbonnard Déchaîné n°9 (dec/jan 2006-2007)

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Le Sorbonnard Déchaîné n°9 (dec/jan 2006-2007)

L’OR NOIR D’ABU-DHABI NE PROFITE PAS A TOUT LE MONDE

PARIS IV MANQUE TOUJOURS DE MOYENS

Quand nous, les etudiants, sommes distraits ou silencieux,

LES PIRES CHOSES SE PASSENT DANS NOTRE DOS Éditorial Quand le président de Paris IV perd la tête Comme vous le savez sûrement, il y a des textes, législatifs ou réglementaires, qui régissent le fonctionnement de notre universi-té. Aujourd’hui, il y en a deux qui nous occupent: le code de l’éducation et les statuts de Paris IV—Sorbonne. Toute personne, dans notre université, se doit de les respec-ter. Pour un président d’universi-té, la charge est encore plus lourde: il doit non seulement les respecter, mais également les faire respecter. Mais le vendredi 8 décembre, comme cela lui arrive malheureu-sement de plus en plus souvent, Jean-Robert Pitte, président de Paris IV, a non seulement oublié ses devoirs mais également outrepassé ses droits. Ce 8 décembre, un Conseil des Études et de la Vie Universitaire (CEVU), un des trois conseils centraux de notre université, s’est réuni. Selon la loi, ce conseil est chargé, entre autres, de toutes les questions relatives à l’orientation. En effet, toujours selon la loi, ces décisions doivent être décidées par le CEVU, puis approuvées par le Conseil d’Administration. A l’ordre du jour figurait la proposi-tion Goulard d’orientation-sélection des lycéens. Un sujet qui relevait des compétences du CEVU et contre lequel nous pensions pouvoir voter. Il n’en fut rien. Probablement dans le souci de se faire bien voir du ministère et de la direction générale de l’ensei-gnement supérieur, Jean-Robert Pitte annonça qu’il avait déjà pris la décision d’appliquer cette proposition ministérielle (sans qu’il y soit pourtant contraint) et que le CEVU ne se prononcerait pas sur la question! Devant mon indignation et mon rappel des textes législatifs, Jean-Robert Pitte annonça doctement qu’il connaissait la loi mais qu’il avait décidé de ne pas la respec-ter! En tant que vice-président du CEVU, élu tant par les étudiants que par les enseignants et les administratifs, je ne pouvais assister plus longtemps à ce conseil devenu une mascarade. Les recours devant la justice existe et j’en ferai évidemment usage. Mais le combat pour le respect de la démocratie à Paris IV est un combat qui ne se mène pas seul, et ce sont tous les étudiants (car nous subissons tous les consé-quences de ces décisions autorita-ristes) qui doivent, aujourd’hui, aux côtés de l’AGEPS-UNEF, rappeler leurs droits et affirmer, enfin, qu’ils appellent de leur vœux cette démocratie si souvent bafouée.

Xavier HENRY Vice-président

de l’Université Paris IV—Sorbonne

Beaucoup de rumeurs circulent concernant Paris-Sorbonne Abu-Dhabi, ce site localisé aux Émirats Arabes Unis qui a ouvert ses portes en septembre. On entend dire que Daniel Ollivier, ancien directeur de cabinet du président et aujourd’hui directeur du site, toucherait un salaire mensuel net de plus de 15 000 €. On entend aussi dire que Catherine Vieillard, secré-taire générale de l’université Paris IV, aurait ramené dans ses bagages des bijoux d’or fin offerts pendant son séjours chez les Emiratis. On entend dire, enfin, que des valises remplies d’argent liquide aurait fait le voyage Abou-Dhabi/Sorbonne dans la plus totale opacité. Bien sûr, sans preuve, nous ne donnerons pas foi à ces rumeurs. Évoquons des faits. Le site d’Abou-Dhabi est à la base supposé être un site décentralisé de Paris IV, au même titre que Malesherbes ou Clignancourt. En ce sens, il devait respecter tant les textes législatifs français régissant l’enseignement supérieur (puisqu’il décerne des diplômes estampillés « Paris IV »), que les statuts de notre université. Finalement, il n’en est rien. La gestion du site Abou-Dhabi s’opère dans l’opacité la plus complète. Le Conseil d’administration de Paris IV a été déchu de toutes ses prérogatives concernant ce site au profit d’un pseudo « conseil d’administration », propre à Abu-Dhabi, dont la composition laisse rêveur. Composé de six personnes, y siègent Jean-Robert Pitte, président de Paris IV, Catherine Vieillard, secrétaire générale de Paris IV, Daniel Ollivier, administrateur du site, et… trois personnes choises par le gouvernement émirati dont… le ministre de la défense des Émirats Arabes Unis! On comprend mieux pourquoi le seul député français à avoir fait l’éloge de ce projet n’est autre qu’Olivier Dassault. Et oui, le marchand d’armes. Autant dire que les motivations de la création de ce site ne semblent

pas seulement pédagogiques ou culturelles. Mais parlons aussi budget. Il n’est un secret pour personne que Paris IV manque cruelle-ment de fonds pour assumer ses missions. C’était d’ailleurs l’argument principal de Jean-Robert Pitte, qui affirmait que l’argent des Émirats allait permettre de renflouer les caisse de services et d’UFR exsangues. Aujourd’hui, qu’en est-il? Si le budget de Paris-Sorbonne Abu-Dhabi est présenté comme pharaonique, nous n’en savons pas plus. En effet, c’est le conseil d’administration de ce site, évidemment non élu, qui gère seul le budget, en toute opacité. Et le budget de Paris IV, lui, ne semble pas progresser beaucoup. L’envoi de convocations aux examens aux étudiants (dont le budget était estimé à 15 000€) n’est toujours pas envisagé. La raison? Trop onéreux bien-sûr. Pourtant, certains chiffres ont été portés à notre connaissance qui prouvent bien que la pénurie n’est pas la même pour tout le monde. En effet, nous avons appris que la nouvelle prime annuelle de Jean-Robert Pitte s’élevait à 17 892€! Plus que les envois de convocations aux examens! Mais la palme revient, comme souvent, à Catherine Vieillard dont la prime annuelle est aujour-d’hui de 23 600€! C’est bien simple, la loi ne permet-tait pas une prime supérieure. Alors, oui, pour payer des professeurs ou des administratifs supplémentaires afin d’assurer dans de bonnes conditions les missions pédagogiques de Paris IV, l’argent manque. Mais quand il s’agit, pour les dirigeants de Paris IV, de s’auto-récompenser entre eux, le chéquier chauffe. L’argent d’Abu-Dhabi existe peut-être bel et bien. Mais ce n’est probablement pas demain que les étudiants de Paris IV en bénéficieront.

X.H.

Alors qu'il a fallu plusieurs décennies pour massifier l'enseignement supérieur et permettre ainsi au plus grand nombre d'accéder à l'université, notre conception d'une université jouant un rôle d'ascenseur social est aujourd'hui en proie à de sévères attaques. Celles-ci visent à permettre la reproduction sociale en sélectionnant les étudiants à plusieurs étapes de leur formation sans se soucier de leurs aspirations ou de leur potentiel véritable. Le rapport Hetzel, censé constituer une issue au débat "Université-Emploi" (lancée suite à la mobilisation contre le CPE), se prononce en faveur de la sélection. Deux projets en découlent : "l'orientation active" comme moyen de sélection à l'entrée à l'université et l'institutionnalisation de la sélection à l'entrée du Master 1. La première mesure vient en réalité d'une initiative du Ministre délégué à l'enseignement supérieur, M. Goulard. Elle consiste en la mise en place d'un dispositif obligeant les élèves de Termi-nale à effectuer leurs voeux dès le mois de février. Cette mesure encouragera peu

à peu la concurrence entre les universités et celles-ci fermeront leurs portes à des étudiants qui auraient a priori moins de chances de réussir. Plusieurs universités souhaitent déjà expérimenter ce dispositif, et Paris IV, par l'unique voix de son président, souhaite en faire partie sans qu'aucune consultation réelle n'ait pu avoir lieu dans les conseils. La seconde mesure concerne l'entrée en Master. Alors que la commis-sion de suivi du Master (en lien avec le Conseil National pour l'Enseignement Supérieur et la Recherche) ne se réunis-sait plus depuis plusieurs mois, elle fut réveillée par une volonté express du gouvernement. L'objet de ce réveil : rendre possible la sélection à l'entrée Master 1 selon des critères laissés au libre-choix des universités. Il s'agissait d'une mesure anti-pédagogique puisqu'en prenant les "meilleurs" avant le début de la formation, on niait toute capacité de nos universités à faire progresser les étudiants. Si cette mesure était passée, il aurait fallu peu de temps pour qu'appa-raissent des "masters d'excellence" réservés à une élite ; ceci au détriment

des autres étudiants et filières. Heureuse-ment, grâce à l’UNEF, la direction géné-rale de l’enseignement supérieur a annoncé le 18 décembre que suite aux déclarations des ministères, ce projet était (provisoirement?) enterré. A ceux qui pensent que la sélection est une solution, nous répondons que ce n'est pas la rareté d'un diplôme qui fait sa qualité mais bien son contenu. Il s'agit avant tout de s'assurer que les diplômes garantissent de véritables qualifications : cela nécessite entre autres une refonte de la pédagogie afin que soit donnés à tous les moyens de réussir. Un an à peine après la

victoire des étudiants contre le CPE, ces projets du gouvernement pourraient donc ressembler à de simples pavés lancés dans la mare universitaire quand on sait que la dernière initiative du genre avait provoqué un des plus gros mouvements étudiant qu'on ait connu (c'était en 1986). Pourtant sous couvert de promouvoir l'orientation et de réformer l'université, le gouvernement est bien décidé, malgré ses reculs, à passer en force sur le sujet. Après cette première victoire, nous devrons, plus que jamais, rester vigilants.

Amandine DUPRAZ

La phrase du mois Elle fut prononcée par Marcel Botton, PDG de Nomen, une entreprise spécialisée dans la création et la valorisation de noms de sociétés. Il annonce que la Sorbonne « est aussi connue que la tour Eiffel, les Champs-Élysées ou le Bibendum de Miche-lin . (…) c'est une marque qui vaut au minimum un milliard d'euros » Heureux de l’apprendre. En tous cas, on ne sait pas quelle est la valeur de ses étudiants pour le président de notre université, mais si c’est une valeur marchande, ce qui est proba-ble, elle n’est certainement pas aussi élevée.

Le bulletin sans concession de l’AGEPS-UNEF, première organisation étudiante de l’Université Paris IV, décembre 2006/janvier 2007, numéro 9

01 40 46 32 27 www.ageps.unef.free.fr [email protected]

LA SELECTION: UNE CONTRE-SOLUTION

PARIS IV MANQUE TOUJOURS DE MOYENS

PAS LE TEMPS DE VOUS PARLER: je vais au conseil d’administration de Paris SORBONNE—ABOU DHABI!

Mais au Moyen-Orient...

Page 2: Le Sorbonnard Déchaîné n°9 (dec/jan 2006-2007)

Le 12 décembre 2006 se sont tenues les élections des repré-sentants étudiants au CROUS de Paris. Plus de 14 000 étu-diants ont fait entendre leurs voix à Paris .Ils se sont pro-noncés très majoritairement pour l’UNEF. Nous obtenons donc cinq élus sur sept contre quatre sur sept, il y a deux ans. Une manière de rappeler que l’UNEF est toujours première force étudiante en France.

L’antenne de la Sorbonne à Abu Dhabi, aux Émirats Arabes Unis, a ouvert ses portes samedi 18 novembre. Cela ne vous a sans doute pas échappé ces derniers temps, à nous non plus, loin s’en faut. Pourquoi en parler dans ce cas ? Et bien parce que l’on peut y retrouver une phrase qui résume bien les raisons officieuses de cette « exportation culturelle ». Elle a été prononcée par une nouvelle étudiante, pour qui « La Sor-bonne, c’est aussi glamour, aussi réputé qu’Yves Saint-Laurent ». De là à comparer une université à une marque de parfum de luxe, il y a de quoi se poser des questions, sachant qu’en France, les conditions de travail des étudiants sont loin d’être aussi... glamours. À méditer donc… « Ne vous inquiétez pas, les problèmes rencontrés cette année ne se reproduiront pas ». C’est dans ces termes que une des membres du conseil d’UFR d’histoire avait conclu le problèmes des options et TD de langue lors de la mise en place de la réforme LMD pour l’année 2005-2006. Eh bé ! Effectivement, ils ne se sont pas reproduits, mais répétés. Pas assez de TD d’anglais, ce qui oblige une majorité d’étudiants à valider automatiquement la matière, et donc de ne pas bénéficier de points supplémentaires ; un nombre de TD insuffisant dans les matières principales en histoire, notamment pour les 2e années en islam médiéval… la liste est longue encore, ce qui laisse sceptique quant au prochain conseil d’UFR.

A l’ordre du jour du conseil de l’UFR de Littérature Française du 15 décembre, figurait la proposition Goulard d’orienta-tion-sélection des lycéens, mesure imposée illégalement par Jean-Robert Pitte en CEVU. La conclusion unanime du conseil réchauffe le cœur. Le conseil, profondément opposé à la sélection à l’entrée de l’uni-versité, a manifesté sa volonté de ne jamais appliquer cette mesure aux filières de lettres modernes. Il n’y a donc pas d’opposition entre professeurs et étudiants sur cette question: il n’y a qu’une opposition entre ceux qui souhaitent l’accès à tous à la connaissance et ceux qui ne le souhaitent pas.

Au CEVU du 8 décembre était présentée une convention avec le CERFAL, organisme douteux proposant des formations en alternances. Malgré le soutien de Jean-Robert Pitte à cette convention, elle a été rejetée à l’unanimité moins une voix. Une façon de dire que la profession-nalisation des étudiants ne doit pas se faire à vil prix et sans partenaires valables et de confiance.

LES PRES ET LA LOP HISTOIRE D’UN DETOURNEMENT D’IDEE

bien précis. De ce fait même, les Universités se battent entre-elles pour construire ces nouvelles struc-tures et ne pas être laissé pour compte, alors même que cela signifie la déconstruction des pôles recherche qui ont été développés en leur sein. Leur contrôle sur ces structures sera en outre bien moins évident qu’il n’y paraît puisqu’elles seront pilotées par des envoyées gouvernementaux (deux par PRES), et que les organismes privés qui apportent une contribution « significative » (on se demande ce que cela veut vraiment dire…) seront représentés dans les Conseils d’Administration. On démembre clairement les structures de recher-che indépendantes que sont les Universités et leurs Conseils Scienti-fiques au profit de nouveaux parte-nariats aux thématiques rétrécies, tributaires de la volonté gouverne-mentale. La communauté universi-taire n’a aucun contrôle sur tout cela, et on est en droit de se deman-der quel va être l’avenir des milliers d’étudiants qu’accueillent aujourd’hui les Universités si les fonds sont ainsi détournés sur de nouvelles thémati-ques qu’elles ne contrôlent pas. En outre, quid du monopole de la délivrance des diplômes de Master et Doctorat par les Universités ? Quid du vrai rôle joué par les organismes privés dans des structures pour lesquelles aucune loi-cadre ne définit la forme exacte et ne pose de bornes ? Il faut donc être clair : si vous souhaitez une Université compétente et indépendante, dont les axes de recherche ne sont pas tributaires de choix gouvernemen-taux évidemment axés sur la renta-bilité, si vous estimez que l’Histoire les Lettres, la Géographie, la Socio-logie, sont autant de disciplines indispensables à la bonne santé mentale de nos sociétés, il faut vous inquiéter et vous intéresser de près à ce cadeau gouvernemental. Le Conseil National des Universités ne s’y est pas trompé et le dénonçait déjà le 25 janvier 2005 : la LOP « ignore que la recherche, en particulier la recherche fondamen-tale, consiste en l’élaboration et la transmission des connaissances » !

Maxime LONLAS

l’accent sur ces problèmes de manière bien plus insistante qu’auparavant. Avec différentes associations d'étu-diants étrangers, comme l’UEAF ou l’association Arc en Ciel, l’UNEF a adopté en janvier et mai 2006 une plate forme de revendications divisée en 3 grand thèmes : le social, la pédagogie, et les questions adminis-tratives. L’aboutissement de cette démarche, les États Généraux « pour de meilleures conditions d’accueil et d’études des étudiants étrangers », organisés par l’UNEF et 42 associations d’étudiants étrangers, se sont déroulés le 18 novembre de cette année. Faisant suite à une campa-gne de l’UNEF sur le sujet au sein des Universités, et à différentes rencontres aux ministères de l'Éducation natio-nale, des Affaires étrangères, de la Cohésion sociale et de l'Intérieur, ils ont permis de gagner des droits sur trois points importants. Tout d’abord, les étudiants étrangers pourront en janvier 2007 travailler jusqu'à 21 heures par semaine comme les autres étudiants, et non 17 heures 30, comme c'est le cas actuellement. Cela leur permettra de trouver plus facile-ment du travail, de pouvoir demander des dérogations de cours, et tout simplement de financer leurs études car ils n’ont malheureusement toujours pas accès aux aides sociales étudian-tes. Il a aussi été obtenu qu’ils puis-

sent travailler sans avoir l’autorisation préalable de la préfecture (qui pouvait parfois prendre jusqu’à 9 mois pour être délivrée !) : la carte de séjour « étudiant » permettra de se salarier sans autre procédure. Enfin, un étudiant étranger qui vient d’obtenir sa Licence 3 et qui souhaite avoir accès au Master se verra délivrer une carte de séjour pluriannuelle (alors qu’elles n’étaient jusqu’ici qu’annuelles) afin de pouvoir aller jusqu’au bout de son cycle d’étude. Ces victoires ne sont bien évidemment qu’un premier pas : on ne peut se réjouir qu’un étudiant soit dans l’obligation de travailler pour financer ses études, situation qui bien évidemment favorise l’échec. En outre nous demandons que la carte de séjour pluriannuelle soit étendue au premier cycle. Restent enfin toutes les autres revendications, comme l’accès aux aides étudiantes qui constitue une véritable nécessité, la mise en place de guichets uniques dans les Universités regroupant tous les services d’accueils, la régularisation des étudiants sans papiers et la délivrance automatique d’une carte de séjour à tout étudiant pré-inscrit à l’Université, qui ne sont pas satisfaites. Nous allons par consé-quent poursuivre le combat sur tous ces sujets, et ces premières victoires en appellent d’autres!

M.L.

DROITS DES ETUDIANTS ETRANGERS UNE PREMIERE VICTOIRE DE L’UNEF

Voilà des années que la situation générale des étudiants de France se dégrade, et ce à tous niveaux : logements étudiants, bour-ses et diverses aides, frais d’inscrip-tions à l’Université, prix des tickets dans les restaurants universitaires, etc. Face à ce constat, l’UNEF avait une nouvelle fois lancé en ce début d’année une campagne sur le statut social étudiant, avec l’Allocation d’autonomie comme projet phare. Cependant, force est de constater que parmi les étudiants de France, les étudiants étrangers subissent bien plus de difficultés de tous ordres : l’accès à divers types d’aides leur est fermé, les démarches administratives sont lourdes et com-plexes, les Universités ne font aucun aménagement pédagogique, et ils sont bien souvent dans une précarité bien supérieure à celle des étudiants de nationalité française. Les déclarations des ministres de l’Enseignement Supérieur et de l’Intérieur datant de l’année scolaire 2005/2006 et visant à accroître la sélection de ces mêmes étudiants nous semblaient de plus en totale contradiction avec la tradition d’ouverture française en matière d’accueil. Le lien qui y était fait entre étudiant étranger et candidat à l’immigration n’était pas acceptable. Il a donc été décidé, depuis l’année dernière, de mettre

i Au fond Du couloir

01

40

46

32 2

7

htt

p://

ww

w.a

gep

s.u

nef

.fre

e.fr

agep

s.u

nef

@gm

ail.c

om

Première organisation étudiante de Paris IV, l’AGEPS-UNEF dispose de nombreux élus dans les différents conseils d’UFR et de 10 élus dans les conseils centraux de Paris IV. En tant qu’étudiants, nous travaillons chaque jour à ce que notre voix à tous soit prise en compte dans la gestion de la fac. Rejoignez-nous! Nos locaux: SORBONNE: salle E660bis, cour Cujas, à côté du service des bourses MALESHERBES: salle 113, premier étage CLIGNANCOURT: salle 305, RDC, à gauche en sortant des amphis

Les États Généraux de la Recherche, organisés en 2004, ont débouché sur un rapport remis au gouvernement qui proposait une critique et une réforme du système de recherche en France. Ce travail a été réalisé par de nombreux acteurs comme la Confédération des Jeunes Chercheurs et Sauvons la recherche, dans le but de préparer la Loi d’Orien-tation et de programmation pour la Recherche (LOP), prévue pour le début de l’année 2005. Évidemment, à la publication de ladite loi (près de 70 pages), le verdict fut bien triste : vous prenez la synthèse des réclama-tions et propositions présentées par les États Généraux, vous inversez systématiquement ou presque leurs doléances et vous obtenez le contenu de la loi d’orientation. Le principe de base de la LOP est simple et correspond à ce qui était proposé au départ : associer dans des structures locales et multi-disciplinaires différents partenaires de l’enseignement supérieur et de la recherche, publics ou privés, afin de mettre en commun les moyens et les outils et créer de grands pôles capa-bles d’avoir un poids sur la scène internationale. Mais le sens du projet est mis à mal au nom de la rentabili-té ! Tout d’abord, dans les diverses structures qui se construi-sent, comme l’ANR ou les PRES, l’emploi précaire est généralisé, dans la droite ligne de la politique actuelle du gouvernement. La recherche privée et partenariale est systémati-quement privilégiée, au détriment d’une recherche publique indépen-dante au service du bien commun. Des « axes thématiques prioritai-res (sic) » seront définis, et on sait bien que les sciences humaines, sociales ou fondamentales pures n’en feront pas partie. Les PRES, en particulier, selon leur utilisation, pourraient mettre à mal la recherche dans notre pays. Les PRES, Pôles de Re-cherche et d’Enseignement Supérieur, sont nécessairement adossés à une structure universitaire, et vont capter à l’avenir une partie importante des fonds alloués par l’État à la recherche et à l’enseignement supérieur, en les concentrant dans quelques thèmes

Mardi soir, le 19 décembre. Je suis attablé à la cafétéria de Clignan-court quand l’administrateur arrive. Il faut libérer les tables, on prépare un pot. Surprise, M. Pitte, le Président de notre université sera présent. Vers 17h, les préparatifs s’activent : la cafétéria ferme, nappes, vers et boissons sont mis en place. On attend du monde alors, vu le nombre de gobelets préparés et les litres d’eau et de jus d’orange fournis pour l’occasion. Bizarre, pas de vin, le credo de M. Pitte. Les convives arrivent mais on ne sait toujours pas pourquoi il vient. Que peut-il annoncer ? Personne dans le person-nel ne semble le savoir. A 17h30, on commence à se demander si M. Pitte viendra. Il est en retard. Rentrera-t-il sur les côtés, comme lors de sa seule visite pendant la crise du CPE ? On n’en sait rien. Toujours est-il que, parmi les invités, personne du secrétariat des UFR. Quelques personnes seulement de Clignancourt, Président, administrateurs et appariteurs. Pendant ce temps, nous, on attend notre professeur d’histoire grecque. On se met à se demander s’il viendra. Qui ça ? Le président ou le professeur ? En fait les deux. A 18h, M. Pitte arrive, par l’entrée principale, accompagné de la Secrétaire Générale de l’université. En retard. Il salue ses convives, sans un regard pour les étudiants. Dans ma tête résonnent ces mots douloureux prononcés devant moi par cet homme-là : « je me fiche des étudiants ! » C’était un certain lundi 24 avril. Ce jour-là marqua ici la fin du mouvement contre le CPE. Il aurait pu s’achever sur une assemblée générale, cela aurait été dans l’ordre des choses. Non. A la place, ce fut un coup de force de la part du Président. Alors, un cercle se forme, de façon à entendre le discours du Prési-dent. Je m’approche et entend l’essentiel. Il est venu annoncer que les travaux de reconstruction de Clignancourt commenceront bientôt, et qu’ils se termine-ront avant la fin de son mandat, d’ici 2008-2009. Enfin, après près de trente années après l’incendie du Collège Édouard Pailleron, dans le XIXe arrondisse-ment de Paris, qui fut construit avec les mêmes matériaux que l’annexe Cli-gnancourt, le dernier bâtiment de ce type va disparaître ! Une promesse faite il y a pourtant longtemps, annoncée en 2004, puis retardée plusieurs fois avant d’être abandonnée…puis annoncée à nouveau. Moi qui croyais que l’université n’avait pas assez d’argent, voilà qu’il y en a désormais. Étrange… Mais très vite, sans que la transition soit claire, M. Pitte revient sur l’épisode du CPE. Mon regard croise le sien : sans détourner la tête, je ne peux retenir un sourire et regarder un camarade, amusé. Voilà donc notre cher Président faisant l’éloge du sang-froid de tous les employés du centre pendant l’occupation, louant leur courage, après tous ces matins passés en compagnie des ces méchants étudiants mobilisés. Pas beaux, vilains ! Les mots de M. Pitte envers les étudiants mobilisés me font rire jaune. Les ritournelles n’ont pas changé d’un pouce, toujours une dent rageuse contre eux, contre nous, contre moi. Un regard furtif est lancé vers moi ; je manque de rire. A nouveau ces mensonges sur la nature de ces « irresponsables, ces extrémistes » qui n’é-taient qu’une minorité, et surtout qui « n’étaient pas des étudiants », et donc avait « failli saboter l’avenir de plusieurs autres ». Que de mensonges ! Et bien Monsieur, voyez, j’en étais, en tant qu’étudiant de Paris IV, ayant obtenu mon année sans plus de difficultés, comme ce fut le cas pour beaucoup d’autre encore. Et puis, le voilà à fustiger les méthodes utilisées, « illégales, illégi-time », à clamer qu’il y a « d’autres moyens de se faire entendre ». Bien entendu, pendant le mouvement, ces dires n’avaient jamais été prononcés en direction de la totalité des étudiants, seulement devant des officiels ou inscrits sur des blogs anti-blocages. Après cela, le Président de Paris IV invita ses convives à savourer son vin, celui qu’il connaît si bien, qui lui est plus important que les étudiants. Moi, je n’ai pas cours, mon professeur d’histoire grecque n’est pas là, et je rentre chez moi avec une certitude : non, M. Pitte n’a pas changé. Même attitude, même discours, même idée sur les étudiants. Non, il est resté le même. Ah ! si : il a maigri.

Simon VACHERON

UNE VISITE INATTENDUE