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Le syndrome de décalage horaire ou Jet-Iag Aspects pratiques A. Gisquet(l), M.-A. Quéra Salva l21 (1) Service médical Air France 1, avenue du Maréchal Devaux 91551 Paray-Vieille-Poste Tél :01417522 7S Fax:0141756124 E-mail: [email protected] (2) Hôpital Raymond-Poincaré 104, boulevard Raymond Poincaré 92380 Garches Tél :0147107940 Fax:014710 7943 E-mail: [email protected].'r Résumé Cet article fait le point sur l'attitude pratique face au syndrome de décalage horaire. Les principaux symptômes sont décrits ainsi que les facteurs favorisants, les facteurs individuels et l'action sur l'architecture du sommeil. Les traite- ments n'ont guère évolué depuis 15 ans: ils consistent avant tout à trouver une bonne stratégie par rapport à la durée du déplacement, l'activité sur place et les caractéristiques individuelles. Les somnifères peuvent permettre d'éviter la dette de sommeil, en particulier dans les vols vers l'est. Le café est utile pour améliorer la vigilance diurne. La photothérapie est encore insuffisam- ment employée et devrait être plus connue du grand public. La mélatonine n'a pas été conseillée jusqu'à présent car elle n'avait pas reçu d'agrément et restait interdite en Europe. Cela était dû au fait qu'elle n'était pas suffisamment pure, qu'il n'y avait pas de forme retard et que les études pharmacologiques sur son efficacité et sa toxicité n'étaient pas encore réalisées. Un agoniste de la mélatonine est en phase de développement avancée et pourrait être disponible dans quelques temps. Son arrivée prochaine et une plus large information sur la photothérapie pourraient contribuer à préserver les performances des voyageurs dans les premiers jours après un vol transméridien. Mots-clés Syndrome de décalage horaire, sommeil, vol transméridien, photothérapie, mélatonine, stratégie. Summary Jet-log: Convenient aspects This article puts an emphasis on the phenomenon of jet lag. The principle symptoms are described as weil as the engendering factors, the individual factors and the working patterns of sleep. Treatments have scarcely developed for 15 years : it is necessary to find a good strategy in relation to the time change the individual's activity and their personality. Sleeping aids can help to avoid the sleep debt particularly on flights towards the East. Caffeine is useful to improve the alertness during the daytime. The light therapy (bright light) is still insufficiently used and should be made better known to the general public. Melatonin has not been recommended up to the present because it has not been sanctioned and remains prohibited in Europe. This has done as it was not sufficiently pure, there is no slow- release pils and pharmacological studies on his effects and his toxicity had not yet been determined. An agonist of melatonin is in the advanced development stage and could be available in short time. Its arrivaI and greater information on the bright light could contribute to the performance of travelers in the first days after a transmeridian flight. Keywords Jet lag, sleep, transmeridian flight, bright light, melatonin, strategy. MEDECINE DU SOMMEIL - Année 1- Avril - Mai - Juin 2005 41 Le syndrome de décalage horaire ou Jet-Iag Aspects pratiques A. Gisquet(l), M.-A. Quéra Salva l21 (1) Service médical Air France 1, avenue du Maréchal Devaux 91551 Paray-Vieille-Poste Tél :01417522 7S Fax:0141756124 E-mail: [email protected] (2) Hôpital Raymond-Poincaré 104, boulevard Raymond Poincaré 92380 Garches Tél :0147107940 Fax:014710 7943 E-mail: [email protected].'r Résumé Cet article fait le point sur l'attitude pratique face au syndrome de décalage horaire. Les principaux symptômes sont décrits ainsi que les facteurs favorisants, les facteurs individuels et l'action sur l'architecture du sommeil. Les traite- ments n'ont guère évolué depuis 15 ans: ils consistent avant tout à trouver une bonne stratégie par rapport à la durée du déplacement, l'activité sur place et les caractéristiques individuelles. Les somnifères peuvent permettre d'éviter la dette de sommeil, en particulier dans les vols vers l'est. Le café est utile pour améliorer la vigilance diurne. La photothérapie est encore insuffisam- ment employée et devrait être plus connue du grand public. La mélatonine n'a pas été conseillée jusqu'à présent car elle n'avait pas reçu d'agrément et restait interdite en Europe. Cela était dû au fait qu'elle n'était pas suffisamment pure, qu'il n'y avait pas de forme retard et que les études pharmacologiques sur son efficacité et sa toxicité n'étaient pas encore réalisées. Un agoniste de la mélatonine est en phase de développement avancée et pourrait être disponible dans quelques temps. Son arrivée prochaine et une plus large information sur la photothérapie pourraient contribuer à préserver les performances des voyageurs dans les premiers jours après un vol transméridien. Mots-clés Syndrome de décalage horaire, sommeil, vol transméridien, photothérapie, mélatonine, stratégie. Summary Jet-log: Convenient aspects This article puts an emphasis on the phenomenon of jet lag. The principle symptoms are described as weil as the engendering factors, the individual factors and the working patterns of sleep. Treatments have scarcely developed for 15 years : it is necessary to find a good strategy in relation to the time change the individual's activity and their personality. Sleeping aids can help to avoid the sleep debt particularly on flights towards the East. Caffeine is useful to improve the alertness during the daytime. The light therapy (bright light) is still insufficiently used and should be made better known to the general public. Melatonin has not been recommended up to the present because it has not been sanctioned and remains prohibited in Europe. This has done as it was not sufficiently pure, there is no slow- release pils and pharmacological studies on his effects and his toxicity had not yet been determined. An agonist of melatonin is in the advanced development stage and could be available in short time. Its arrivaI and greater information on the bright light could contribute to the performance of travelers in the first days after a transmeridian flight. Keywords Jet lag, sleep, transmeridian flight, bright light, melatonin, strategy. MEDECINE DU SOMMEIL - Année 1- Avril - Mai - Juin 2005 41 Le syndrome de décalage horaire ou Jet-Iag Aspects pratiques A. Gisquet(l), M.-A. Quéra Salva l21 (1) Service médical Air France 1, avenue du Maréchal Devaux 91551 Paray-Vieille-Poste Tél :01417522 7S Fax:0141756124 E-mail: [email protected] (2) Hôpital Raymond-Poincaré 104, boulevard Raymond Poincaré 92380 Garches Tél :0147107940 Fax:014710 7943 E-mail: [email protected].'r Résumé Cet article fait le point sur l'attitude pratique face au syndrome de décalage horaire. Les principaux symptômes sont décrits ainsi que les facteurs favorisants, les facteurs individuels et l'action sur l'architecture du sommeil. Les traite- ments n'ont guère évolué depuis 15 ans: ils consistent avant tout à trouver une bonne stratégie par rapport à la durée du déplacement, l'activité sur place et les caractéristiques individuelles. Les somnifères peuvent permettre d'éviter la dette de sommeil, en particulier dans les vols vers l'est. Le café est utile pour améliorer la vigilance diurne. La photothérapie est encore insuffisam- ment employée et devrait être plus connue du grand public. La mélatonine n'a pas été conseillée jusqu'à présent car elle n'avait pas reçu d'agrément et restait interdite en Europe. Cela était dû au fait qu'elle n'était pas suffisamment pure, qu'il n'y avait pas de forme retard et que les études pharmacologiques sur son efficacité et sa toxicité n'étaient pas encore réalisées. Un agoniste de la mélatonine est en phase de développement avancée et pourrait être disponible dans quelques temps. Son arrivée prochaine et une plus large information sur la photothérapie pourraient contribuer à préserver les performances des voyageurs dans les premiers jours après un vol transméridien. Mots-clés Syndrome de décalage horaire, sommeil, vol transméridien, photothérapie, mélatonine, stratégie. Summary Jet-log: Convenient aspects This article puts an emphasis on the phenomenon of jet lag. The principle symptoms are described as weil as the engendering factors, the individual factors and the working patterns of sleep. Treatments have scarcely developed for 15 years : it is necessary to find a good strategy in relation to the time change the individual's activity and their personality. Sleeping aids can help to avoid the sleep debt particularly on flights towards the East. Caffeine is useful to improve the alertness during the daytime. The light therapy (bright light) is still insufficiently used and should be made better known to the general public. Melatonin has not been recommended up to the present because it has not been sanctioned and remains prohibited in Europe. This has done as it was not sufficiently pure, there is no slow- release pils and pharmacological studies on his effects and his toxicity had not yet been determined. An agonist of melatonin is in the advanced development stage and could be available in short time. Its arrivaI and greater information on the bright light could contribute to the performance of travelers in the first days after a transmeridian flight. Keywords Jet lag, sleep, transmeridian flight, bright light, melatonin, strategy. MEDECINE DU SOMMEIL - Année 1- Avril - Mai - Juin 2005 41

Le syndrome de décalage horaire ou Jet-lag Aspects pratiques

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Le syndrome de décalage horaire ou Jet-IagAspects pratiques

A. Gisquet(l), M.-A. Quéra Salva l21

(1) Service médical Air France1, avenue du Maréchal Devaux91551 Paray-Vieille-PosteTél :01417522 7SFax:0141756124E-mail: [email protected]

(2) Hôpital Raymond-Poincaré

104, boulevard Raymond Poincaré92380 GarchesTél :0147107940Fax:014710 7943E-mail:[email protected].'r

Résumé

Cet article fait le point sur l'attitudepratique face au syndrome de décalagehoraire. Les principaux symptômes sontdécrits ainsi que les facteurs favorisants,les facteurs individuels et l'action surl'architecture du sommeil. Les traite­ments n'ont guère évolué depuis 15 ans:ils consistent avant tout à trouver unebonne stratégie par rapport à la durée dudéplacement, l'activité sur place et lescaractéristiques individuelles. Lessomnifères peuvent permettre d'éviter ladette de sommeil, en particulier dans lesvols vers l'est. Le café est utile pouraméliorer la vigilance diurne. Laphotothérapie est encore insuffisam­ment employée et devrait être plusconnue du grand public. La mélatoninen'a pas été conseillée jusqu'à présent carelle n'avait pas reçu d'agrément et restaitinterdite en Europe. Cela était dû au faitqu'elle n'était pas suffisamment pure,qu'il n'y avait pas de forme retard et queles études pharmacologiques sur sonefficacité et sa toxicité n'étaient pasencore réalisées. Un agoniste de lamélatonine est en phase dedéveloppement avancée et pourrait êtredisponible dans quelques temps. Sonarrivée prochaine et une plus largeinformation sur la photothérapiepourraient contribuer à préserver lesperformances des voyageurs dans lespremiers jours après un voltransméridien.

Mots-clés

Syndrome de décalage horaire, sommeil,vol transméridien, photothérapie,mélatonine, stratégie.

Summary

Jet-log: Convenient aspects

This article puts an emphasis on thephenomenon of jet lag. The principlesymptoms are described as weil as theengendering factors, the individual factorsand the working patterns of sleep.Treatments have scarcely developed for 15years : it is necessary to find a good strategyin relation to the time change theindividual's activity and their personality.Sleeping aids can help to avoid the sleepdebt particularly on flights towards theEast. Caffeine is useful to improve thealertness during the daytime. The lighttherapy (bright light) is still insufficientlyused and should be made better known tothe general public. Melatonin has not beenrecommended up to the present because ithas not been sanctioned and remainsprohibited in Europe. This has done as itwas not sufficiently pure, there is no slow­release pils and pharmacological studieson his effects and his toxicity had not yetbeen determined. An agonist of melatoninis in the advanced development stage andcould be available in short time. Its arrivaIand greater information on the bright lightcould contribute to the performance oftravelers in the first days after atransmeridian flight.

Keywords

Jet lag, sleep, transmeridian flight, brightlight, melatonin, strategy.

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Le syndrome de décalage horaire ou Jet-IagAspects pratiques

A. Gisquet(l), M.-A. Quéra Salva l21

(1) Service médical Air France1, avenue du Maréchal Devaux91551 Paray-Vieille-PosteTél :01417522 7SFax:0141756124E-mail: [email protected]

(2) Hôpital Raymond-Poincaré

104, boulevard Raymond Poincaré92380 GarchesTél :0147107940Fax:014710 7943E-mail:[email protected].'r

Résumé

Cet article fait le point sur l'attitudepratique face au syndrome de décalagehoraire. Les principaux symptômes sontdécrits ainsi que les facteurs favorisants,les facteurs individuels et l'action surl'architecture du sommeil. Les traite­ments n'ont guère évolué depuis 15 ans:ils consistent avant tout à trouver unebonne stratégie par rapport à la durée dudéplacement, l'activité sur place et lescaractéristiques individuelles. Lessomnifères peuvent permettre d'éviter ladette de sommeil, en particulier dans lesvols vers l'est. Le café est utile pouraméliorer la vigilance diurne. Laphotothérapie est encore insuffisam­ment employée et devrait être plusconnue du grand public. La mélatoninen'a pas été conseillée jusqu'à présent carelle n'avait pas reçu d'agrément et restaitinterdite en Europe. Cela était dû au faitqu'elle n'était pas suffisamment pure,qu'il n'y avait pas de forme retard et queles études pharmacologiques sur sonefficacité et sa toxicité n'étaient pasencore réalisées. Un agoniste de lamélatonine est en phase dedéveloppement avancée et pourrait êtredisponible dans quelques temps. Sonarrivée prochaine et une plus largeinformation sur la photothérapiepourraient contribuer à préserver lesperformances des voyageurs dans lespremiers jours après un voltransméridien.

Mots-clés

Syndrome de décalage horaire, sommeil,vol transméridien, photothérapie,mélatonine, stratégie.

Summary

Jet-log: Convenient aspects

This article puts an emphasis on thephenomenon of jet lag. The principlesymptoms are described as weil as theengendering factors, the individual factorsand the working patterns of sleep.Treatments have scarcely developed for 15years : it is necessary to find a good strategyin relation to the time change theindividual's activity and their personality.Sleeping aids can help to avoid the sleepdebt particularly on flights towards theEast. Caffeine is useful to improve thealertness during the daytime. The lighttherapy (bright light) is still insufficientlyused and should be made better known tothe general public. Melatonin has not beenrecommended up to the present because ithas not been sanctioned and remainsprohibited in Europe. This has done as itwas not sufficiently pure, there is no slow­release pils and pharmacological studieson his effects and his toxicity had not yetbeen determined. An agonist of melatoninis in the advanced development stage andcould be available in short time. Its arrivaIand greater information on the bright lightcould contribute to the performance oftravelers in the first days after atransmeridian flight.

Keywords

Jet lag, sleep, transmeridian flight, brightlight, melatonin, strategy.

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Le syndrome de décalage horaire ou Jet-IagAspects pratiques

A. Gisquet(l), M.-A. Quéra Salva l21

(1) Service médical Air France1, avenue du Maréchal Devaux91551 Paray-Vieille-PosteTél :01417522 7SFax:0141756124E-mail: [email protected]

(2) Hôpital Raymond-Poincaré

104, boulevard Raymond Poincaré92380 GarchesTél :0147107940Fax:014710 7943E-mail:[email protected].'r

Résumé

Cet article fait le point sur l'attitudepratique face au syndrome de décalagehoraire. Les principaux symptômes sontdécrits ainsi que les facteurs favorisants,les facteurs individuels et l'action surl'architecture du sommeil. Les traite­ments n'ont guère évolué depuis 15 ans:ils consistent avant tout à trouver unebonne stratégie par rapport à la durée dudéplacement, l'activité sur place et lescaractéristiques individuelles. Lessomnifères peuvent permettre d'éviter ladette de sommeil, en particulier dans lesvols vers l'est. Le café est utile pouraméliorer la vigilance diurne. Laphotothérapie est encore insuffisam­ment employée et devrait être plusconnue du grand public. La mélatoninen'a pas été conseillée jusqu'à présent carelle n'avait pas reçu d'agrément et restaitinterdite en Europe. Cela était dû au faitqu'elle n'était pas suffisamment pure,qu'il n'y avait pas de forme retard et queles études pharmacologiques sur sonefficacité et sa toxicité n'étaient pasencore réalisées. Un agoniste de lamélatonine est en phase dedéveloppement avancée et pourrait êtredisponible dans quelques temps. Sonarrivée prochaine et une plus largeinformation sur la photothérapiepourraient contribuer à préserver lesperformances des voyageurs dans lespremiers jours après un voltransméridien.

Mots-clés

Syndrome de décalage horaire, sommeil,vol transméridien, photothérapie,mélatonine, stratégie.

Summary

Jet-log: Convenient aspects

This article puts an emphasis on thephenomenon of jet lag. The principlesymptoms are described as weil as theengendering factors, the individual factorsand the working patterns of sleep.Treatments have scarcely developed for 15years : it is necessary to find a good strategyin relation to the time change theindividual's activity and their personality.Sleeping aids can help to avoid the sleepdebt particularly on flights towards theEast. Caffeine is useful to improve thealertness during the daytime. The lighttherapy (bright light) is still insufficientlyused and should be made better known tothe general public. Melatonin has not beenrecommended up to the present because ithas not been sanctioned and remainsprohibited in Europe. This has done as itwas not sufficiently pure, there is no slow­release pils and pharmacological studieson his effects and his toxicity had not yetbeen determined. An agonist of melatoninis in the advanced development stage andcould be available in short time. Its arrivaIand greater information on the bright lightcould contribute to the performance oftravelers in the first days after atransmeridian flight.

Keywords

Jet lag, sleep, transmeridian flight, brightlight, melatonin, strategy.

MEDECINE DU SOMMEIL - Année 1- Avril - Mai - Juin 200541

Page 2: Le syndrome de décalage horaire ou Jet-lag Aspects pratiques

Connu depuis le développement de l'aviationcommerciale dans l'après-guerre, le malaise survenantdans les premiers jours après un vol transméridien d'aumoins 4 fuseaux horaires, qui associe la sensation de n'êtreni réveillé ni endormi au bon moment et de n'avoir plusfaim aux heures normales, s'est fait connaître sous le nomde « syndrome de décalage horaire» ou plus interna­tionalement sous le terme de « Jetlag ».

Il s'atténue et disparaît au fur et à mesure de l'ajustementdes rythmes biologiques du voyageur dans les nouveauxhoraires locaux, mais pose un réel problème dans le cadrede déplacements professionnels de courte durée (hommesd'affaire, politiques, sportifs ou personnels descompagnies aériennes), du fait de la diminutiontemporaire des performances et de la somnolence qu'ilpeut entraîner. Il peut de plus faire décompenserd'éventuelles pathologies préexistantes (maladiesendocriniennes, cardiovasculaires, psychiatriques).

Les progrès de la médecine du sommeil et de lachronobiologie ont permis de montrer que le syndromede décalage horaire, étudié dès le début des années 60,s'expliquait par une double désynchronisation, d'abordexterne entre l'horloge biologique et les signaux extérieursde l'environnement (Zeitgebers), puis interne entre lesdifférents rythmes biologiques du fait qu'ils ne seréajustent pas tous en même temps (1). Enfin la dette desommeil liée à la désynchronisation et aux conditions duvoyage contribue à aggraver la fatigue.

CONSEQUENCES CLINIQUES

Après un décalage d'au moins cinq heures, 90% despersonnes présentent des troubles parmi lesquels:

- les troubles du sommeil nocturnes et de la vigilance diurne,qui sont les plus manifestes et les plus souvent observésaprès un vol transméridien. Ils consistent enendormissement difficile, réveil prématuré avecmodification de l'architecture du sommeil en fonction dela direction du vol. Cette diminution de la vigilance peutaffaiblir les performances et entraîner des accidents. Cettenotion a été longtemps ignorée par les responsables desplannings des personnels navigants des compagniesaériennes;

-la sensation de fatigue est souvent notée avec diminutionde la concentration et de la motivation particulièrementdans les travaux intellectuels et la conduite d'engins;

- la diminution des performances est à prendre enconsidération lors des rencontres sportives interna­tionales. Elle est plausible du fait de la détérioration dusommeil et de l'inversion de certains cycles: en tempsnormal. la fréquence cardiaque, la pression artérielle et ledébit cardiaque varient de 5 à 15 % d'amplitude avec unmaximum vers 15h. Mais l'existence d'un cycle circadiende la performance sportive n'est pas démontrée;

42

- l'exacerbation d'une pathologie existante : maladiesendocriniennes, cardiovasculaires, psychiatriques, pourlesquelles un protocole d'adaptation du traitement devraêtre établi par le spécialiste.

Ont aussi été décrits:

- perte de l'appétit et troubles gastro-intestinaux,

- désorientation et vertiges,

- effets sur l'état psychique: irritabilité, dépression notam-ment vers l'est; certains auteurs ont décrit des décom­pensations d'états psychotiques et schizophréniques,

- installation de déficits cognitifs après plusieurs années deJet-Iag répété.

FACTEURS FAVORISANTS

La sévérité des troubles est d'autant plus marquée que ledécalage horaire est important (supérieur à 5 hl, que levoyage se fait vers l'est, et qu'il se passe dans de moinsbonnes conditions (horaire du départ et des repas servis àbord, possibilité et capacité de dormir pendant le vol).

Un vol vers l'est raccourcit la période jour-nuit en dessousde 24 heures, alors qu'un vol vers l'ouest l'allonge. Commela plupart des humains ont une période circadiennesupérieure à 24h, ils ont aussi plus de facilité à se coucherplus tard que leur heure habituelle comme dans unvoyage vers l'ouest. qu'à se coucher plus tôt comme lorsd'un voyage vers l'est.

Le temps de réajustement est plus rapide dans un vol versl'ouest, d'environ un jour pour une heure et demie dedécalage horaire, alors que vers l'est le réajustementnécessite environ une journée par heure de décalagehoraire.

Pour des décalages supérieurs à 8 ou 9 heures vers l'est,l'horloge interne ne prend pas toujours le chemin le pluscourt pour s'ajuster et certains voyageurs allongentinvolontairement leur période circadienne pour rattraper15 ou 16 heures au lieu de la raccourcir, ce qui peut parfoisexpliquer la sévérité de certains cas de Jetlag.

FACTEURS INDIVIDUELS

Peu de sujets échappent à ces troubles en dehors des trèsjeunes enfants (moins de trois ans) qui ne paraissent pas

souffrir du décalage.

- Les sujets âgés ont en moyenne un sommeil moinsefficace que celui des jeunes (sommeil lent et sommeilparadoxal diminué, veille intra sommeil augmentée) ; leurréponse compensatoire à la privation de sommeil estmoins bonne, surtout si elle s'associe à un décalagehoraire; leurs rythmes sont en avance par rapport à ceux

MEDECINE DU SOMMEIL - Année 1- Avril - Mai - Juin 2005

Connu depuis le développement de l'aviationcommerciale dans l'après-guerre, le malaise survenantdans les premiers jours après un vol transméridien d'aumoins 4 fuseaux horaires, qui associe la sensation de n'êtreni réveillé ni endormi au bon moment et de n'avoir plusfaim aux heures normales, s'est fait connaître sous le nomde « syndrome de décalage horaire» ou plus interna­tionalement sous le terme de « Jetlag ».

Il s'atténue et disparaît au fur et à mesure de l'ajustementdes rythmes biologiques du voyageur dans les nouveauxhoraires locaux, mais pose un réel problème dans le cadrede déplacements professionnels de courte durée (hommesd'affaire, politiques, sportifs ou personnels descompagnies aériennes), du fait de la diminutiontemporaire des performances et de la somnolence qu'ilpeut entraîner. Il peut de plus faire décompenserd'éventuelles pathologies préexistantes (maladiesendocriniennes, cardiovasculaires, psychiatriques).

Les progrès de la médecine du sommeil et de lachronobiologie ont permis de montrer que le syndromede décalage horaire, étudié dès le début des années 60,s'expliquait par une double désynchronisation, d'abordexterne entre l'horloge biologique et les signaux extérieursde l'environnement (Zeitgebers), puis interne entre lesdifférents rythmes biologiques du fait qu'ils ne seréajustent pas tous en même temps (1). Enfin la dette desommeil liée à la désynchronisation et aux conditions duvoyage contribue à aggraver la fatigue.

CONSEQUENCES CLINIQUES

Après un décalage d'au moins cinq heures, 90% despersonnes présentent des troubles parmi lesquels:

- les troubles du sommeil nocturnes et de la vigilance diurne,qui sont les plus manifestes et les plus souvent observésaprès un vol transméridien. Ils consistent enendormissement difficile, réveil prématuré avecmodification de l'architecture du sommeil en fonction dela direction du vol. Cette diminution de la vigilance peutaffaiblir les performances et entraîner des accidents. Cettenotion a été longtemps ignorée par les responsables desplannings des personnels navigants des compagniesaériennes;

-la sensation de fatigue est souvent notée avec diminutionde la concentration et de la motivation particulièrementdans les travaux intellectuels et la conduite d'engins;

- la diminution des performances est à prendre enconsidération lors des rencontres sportives interna­tionales. Elle est plausible du fait de la détérioration dusommeil et de l'inversion de certains cycles: en tempsnormal. la fréquence cardiaque, la pression artérielle et ledébit cardiaque varient de 5 à 15 % d'amplitude avec unmaximum vers 15h. Mais l'existence d'un cycle circadiende la performance sportive n'est pas démontrée;

42

- l'exacerbation d'une pathologie existante : maladiesendocriniennes, cardiovasculaires, psychiatriques, pourlesquelles un protocole d'adaptation du traitement devraêtre établi par le spécialiste.

Ont aussi été décrits:

- perte de l'appétit et troubles gastro-intestinaux,

- désorientation et vertiges,

- effets sur l'état psychique: irritabilité, dépression notam-ment vers l'est; certains auteurs ont décrit des décom­pensations d'états psychotiques et schizophréniques,

- installation de déficits cognitifs après plusieurs années deJet-Iag répété.

FACTEURS FAVORISANTS

La sévérité des troubles est d'autant plus marquée que ledécalage horaire est important (supérieur à 5 hl, que levoyage se fait vers l'est, et qu'il se passe dans de moinsbonnes conditions (horaire du départ et des repas servis àbord, possibilité et capacité de dormir pendant le vol).

Un vol vers l'est raccourcit la période jour-nuit en dessousde 24 heures, alors qu'un vol vers l'ouest l'allonge. Commela plupart des humains ont une période circadiennesupérieure à 24h, ils ont aussi plus de facilité à se coucherplus tard que leur heure habituelle comme dans unvoyage vers l'ouest. qu'à se coucher plus tôt comme lorsd'un voyage vers l'est.

Le temps de réajustement est plus rapide dans un vol versl'ouest, d'environ un jour pour une heure et demie dedécalage horaire, alors que vers l'est le réajustementnécessite environ une journée par heure de décalagehoraire.

Pour des décalages supérieurs à 8 ou 9 heures vers l'est,l'horloge interne ne prend pas toujours le chemin le pluscourt pour s'ajuster et certains voyageurs allongentinvolontairement leur période circadienne pour rattraper15 ou 16 heures au lieu de la raccourcir, ce qui peut parfoisexpliquer la sévérité de certains cas de Jetlag.

FACTEURS INDIVIDUELS

Peu de sujets échappent à ces troubles en dehors des trèsjeunes enfants (moins de trois ans) qui ne paraissent pas

souffrir du décalage.

- Les sujets âgés ont en moyenne un sommeil moinsefficace que celui des jeunes (sommeil lent et sommeilparadoxal diminué, veille intra sommeil augmentée) ; leurréponse compensatoire à la privation de sommeil estmoins bonne, surtout si elle s'associe à un décalagehoraire; leurs rythmes sont en avance par rapport à ceux

MEDECINE DU SOMMEIL - Année 1- Avril - Mai - Juin 2005

Connu depuis le développement de l'aviationcommerciale dans l'après-guerre, le malaise survenantdans les premiers jours après un vol transméridien d'aumoins 4 fuseaux horaires, qui associe la sensation de n'êtreni réveillé ni endormi au bon moment et de n'avoir plusfaim aux heures normales, s'est fait connaître sous le nomde « syndrome de décalage horaire» ou plus interna­tionalement sous le terme de « Jetlag ».

Il s'atténue et disparaît au fur et à mesure de l'ajustementdes rythmes biologiques du voyageur dans les nouveauxhoraires locaux, mais pose un réel problème dans le cadrede déplacements professionnels de courte durée (hommesd'affaire, politiques, sportifs ou personnels descompagnies aériennes), du fait de la diminutiontemporaire des performances et de la somnolence qu'ilpeut entraîner. Il peut de plus faire décompenserd'éventuelles pathologies préexistantes (maladiesendocriniennes, cardiovasculaires, psychiatriques).

Les progrès de la médecine du sommeil et de lachronobiologie ont permis de montrer que le syndromede décalage horaire, étudié dès le début des années 60,s'expliquait par une double désynchronisation, d'abordexterne entre l'horloge biologique et les signaux extérieursde l'environnement (Zeitgebers), puis interne entre lesdifférents rythmes biologiques du fait qu'ils ne seréajustent pas tous en même temps (1). Enfin la dette desommeil liée à la désynchronisation et aux conditions duvoyage contribue à aggraver la fatigue.

CONSEQUENCES CLINIQUES

Après un décalage d'au moins cinq heures, 90% despersonnes présentent des troubles parmi lesquels:

- les troubles du sommeil nocturnes et de la vigilance diurne,qui sont les plus manifestes et les plus souvent observésaprès un vol transméridien. Ils consistent enendormissement difficile, réveil prématuré avecmodification de l'architecture du sommeil en fonction dela direction du vol. Cette diminution de la vigilance peutaffaiblir les performances et entraîner des accidents. Cettenotion a été longtemps ignorée par les responsables desplannings des personnels navigants des compagniesaériennes;

-la sensation de fatigue est souvent notée avec diminutionde la concentration et de la motivation particulièrementdans les travaux intellectuels et la conduite d'engins;

- la diminution des performances est à prendre enconsidération lors des rencontres sportives interna­tionales. Elle est plausible du fait de la détérioration dusommeil et de l'inversion de certains cycles: en tempsnormal. la fréquence cardiaque, la pression artérielle et ledébit cardiaque varient de 5 à 15 % d'amplitude avec unmaximum vers 15h. Mais l'existence d'un cycle circadiende la performance sportive n'est pas démontrée;

42

- l'exacerbation d'une pathologie existante : maladiesendocriniennes, cardiovasculaires, psychiatriques, pourlesquelles un protocole d'adaptation du traitement devraêtre établi par le spécialiste.

Ont aussi été décrits:

- perte de l'appétit et troubles gastro-intestinaux,

- désorientation et vertiges,

- effets sur l'état psychique: irritabilité, dépression notam-ment vers l'est; certains auteurs ont décrit des décom­pensations d'états psychotiques et schizophréniques,

- installation de déficits cognitifs après plusieurs années deJet-Iag répété.

FACTEURS FAVORISANTS

La sévérité des troubles est d'autant plus marquée que ledécalage horaire est important (supérieur à 5 hl, que levoyage se fait vers l'est, et qu'il se passe dans de moinsbonnes conditions (horaire du départ et des repas servis àbord, possibilité et capacité de dormir pendant le vol).

Un vol vers l'est raccourcit la période jour-nuit en dessousde 24 heures, alors qu'un vol vers l'ouest l'allonge. Commela plupart des humains ont une période circadiennesupérieure à 24h, ils ont aussi plus de facilité à se coucherplus tard que leur heure habituelle comme dans unvoyage vers l'ouest. qu'à se coucher plus tôt comme lorsd'un voyage vers l'est.

Le temps de réajustement est plus rapide dans un vol versl'ouest, d'environ un jour pour une heure et demie dedécalage horaire, alors que vers l'est le réajustementnécessite environ une journée par heure de décalagehoraire.

Pour des décalages supérieurs à 8 ou 9 heures vers l'est,l'horloge interne ne prend pas toujours le chemin le pluscourt pour s'ajuster et certains voyageurs allongentinvolontairement leur période circadienne pour rattraper15 ou 16 heures au lieu de la raccourcir, ce qui peut parfoisexpliquer la sévérité de certains cas de Jetlag.

FACTEURS INDIVIDUELS

Peu de sujets échappent à ces troubles en dehors des trèsjeunes enfants (moins de trois ans) qui ne paraissent pas

souffrir du décalage.

- Les sujets âgés ont en moyenne un sommeil moinsefficace que celui des jeunes (sommeil lent et sommeilparadoxal diminué, veille intra sommeil augmentée) ; leurréponse compensatoire à la privation de sommeil estmoins bonne, surtout si elle s'associe à un décalagehoraire; leurs rythmes sont en avance par rapport à ceux

MEDECINE DU SOMMEIL - Année 1- Avril - Mai - Juin 2005

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A. Gisquet, M.-A. Quéra Sa/va Le syndrome de décalage horaire ou Jet·lag

des plus jeunes (le pic de cortisol est en avance de 3heures à 80 ans), mais leur adaptation est toutefois plusfacile dans un retard de phase que dans une avance.

- D'une façon générale, les sujets présentant déjà destroubles du sommeil ou simplement une privationchronique de sommeil supportent moins bien undécalage que des bons dormeurs. Par ailleurs, ceux aimantles situations variées s'adaptent plus facilement que ceuxfixés dans une routine quotidienne.

- Enfin, chez les sujets effectuant des voyagestransméridiens successifs, les effets des décalages peuventse cumuler et entraîner des symptômes plus importants.

ACTION SUR L'ARCHITECTURE DU SOMMEIL

Les difficultés de sommeil qui surviennent dans ledécalage horaire sont en partie liées au moment où lesommeil va se placer par rapport à 1a courbe detempérature centrale. Celle-ci reste synchronisée sur lepays de départ et ne s'adapte au nouvel horaire qu'aprèsune bonne semaine (2).

La figure 1 explique les modifications de la qualité dusommeil entre un voyage vers l'est et un voyage versl'ouest.

Un sujet adapté dans un fuseau horaire (ici à San

Francisco), présente normalement au début de son

sommeil de nuit des cycles plus riches en sommeil lent

profond ; ce sommeil répond à une régulation

homéostasique et survient en réponse à un long épisodede veille. En fin de nuit, les derniers cycles sont plus riches

en sommeil paradoxal, ce type de sommeil répondant à

une régulation circadienne et restant étroitement lié à la

baisse de la température centrale.

Lorsque ce même sujet se décale brusquement de 8

fuseaux horaires vers l'est (à Londres), le sommeil obtenu

pendant la nuit londonienne est très pauvre en sommeil

paradoxal car il se place au maximum de la courbethermique. Ceci entraîne un réveil trop précoce vers 3 h du

matin (en temps local) mais ensuite une forte envie de

dormir vers midi à l'heure du creux thermique qui

accompagne normalement le sommeil paradoxal.

Lorsque ce sujet subit un décalage de 8h vers l'ouest (àHong Kong), le sommeil paradoxal est moins pénalisé carle début du sommeil survient lorsque la température estencore basse, d'où l'augmentation de sommeil paradoxal

relevée par certains auteurs. Ceci contribue aussi au fait

que le décalage horaire est mieux supporté vers l'ouestque vers l'est.

04 0812 18

0008

2004

Est

LHR

sp

H.départ

16 20 00 04 08 12 1608 Heures de la jownée 20 00

1204

Ouest

HKGp 37,5centrale

DC 37

36,5

36latence 20stllmin 15

10

5Tps départ 00 04 08Tpsloc~ 16 20 00

Figure 1 : Effets d'un vol transméridien sur la relation entre le sommeil, le rythme circadien de la température et le cycle de lasomnolence diurne.Le sommeil de départ est indiqué sur la zone grise tandis que les zones gris-clair indiquent le sommeil après un décalage de 8 heures vers l'est etvers l'ouest. (d'après Graeber, 1989).

Abréviations: LHR : Londres; SFO : San Francisco; HGK : Hong Kong;

slp : sommeillent profond; sp : sommeil paradoxal.

MEDECINE DU SOMMEIL· Année 1. Avril· Mai Juin 2005 43

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des plus jeunes (le pic de cortisol est en avance de 3heures à 80 ans), mais leur adaptation est toutefois plusfacile dans un retard de phase que dans une avance.

- D'une façon générale, les sujets présentant déjà destroubles du sommeil ou simplement une privationchronique de sommeil supportent moins bien undécalage que des bons dormeurs. Par ailleurs, ceux aimantles situations variées s'adaptent plus facilement que ceuxfixés dans une routine quotidienne.

- Enfin, chez les sujets effectuant des voyagestransméridiens successifs, les effets des décalages peuventse cumuler et entraîner des symptômes plus importants.

ACTION SUR L'ARCHITECTURE DU SOMMEIL

Les difficultés de sommeil qui surviennent dans ledécalage horaire sont en partie liées au moment où lesommeil va se placer par rapport à 1a courbe detempérature centrale. Celle-ci reste synchronisée sur lepays de départ et ne s'adapte au nouvel horaire qu'aprèsune bonne semaine (2).

La figure 1 explique les modifications de la qualité dusommeil entre un voyage vers l'est et un voyage versl'ouest.

Un sujet adapté dans un fuseau horaire (ici à San

Francisco), présente normalement au début de son

sommeil de nuit des cycles plus riches en sommeil lent

profond ; ce sommeil répond à une régulation

homéostasique et survient en réponse à un long épisodede veille. En fin de nuit, les derniers cycles sont plus riches

en sommeil paradoxal, ce type de sommeil répondant à

une régulation circadienne et restant étroitement lié à la

baisse de la température centrale.

Lorsque ce même sujet se décale brusquement de 8

fuseaux horaires vers l'est (à Londres), le sommeil obtenu

pendant la nuit londonienne est très pauvre en sommeil

paradoxal car il se place au maximum de la courbethermique. Ceci entraîne un réveil trop précoce vers 3 h du

matin (en temps local) mais ensuite une forte envie de

dormir vers midi à l'heure du creux thermique qui

accompagne normalement le sommeil paradoxal.

Lorsque ce sujet subit un décalage de 8h vers l'ouest (àHong Kong), le sommeil paradoxal est moins pénalisé carle début du sommeil survient lorsque la température estencore basse, d'où l'augmentation de sommeil paradoxal

relevée par certains auteurs. Ceci contribue aussi au fait

que le décalage horaire est mieux supporté vers l'ouestque vers l'est.

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Figure 1 : Effets d'un vol transméridien sur la relation entre le sommeil, le rythme circadien de la température et le cycle de lasomnolence diurne.Le sommeil de départ est indiqué sur la zone grise tandis que les zones gris-clair indiquent le sommeil après un décalage de 8 heures vers l'est etvers l'ouest. (d'après Graeber, 1989).

Abréviations: LHR : Londres; SFO : San Francisco; HGK : Hong Kong;

slp : sommeillent profond; sp : sommeil paradoxal.

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des plus jeunes (le pic de cortisol est en avance de 3heures à 80 ans), mais leur adaptation est toutefois plusfacile dans un retard de phase que dans une avance.

- D'une façon générale, les sujets présentant déjà destroubles du sommeil ou simplement une privationchronique de sommeil supportent moins bien undécalage que des bons dormeurs. Par ailleurs, ceux aimantles situations variées s'adaptent plus facilement que ceuxfixés dans une routine quotidienne.

- Enfin, chez les sujets effectuant des voyagestransméridiens successifs, les effets des décalages peuventse cumuler et entraîner des symptômes plus importants.

ACTION SUR L'ARCHITECTURE DU SOMMEIL

Les difficultés de sommeil qui surviennent dans ledécalage horaire sont en partie liées au moment où lesommeil va se placer par rapport à 1a courbe detempérature centrale. Celle-ci reste synchronisée sur lepays de départ et ne s'adapte au nouvel horaire qu'aprèsune bonne semaine (2).

La figure 1 explique les modifications de la qualité dusommeil entre un voyage vers l'est et un voyage versl'ouest.

Un sujet adapté dans un fuseau horaire (ici à San

Francisco), présente normalement au début de son

sommeil de nuit des cycles plus riches en sommeil lent

profond ; ce sommeil répond à une régulation

homéostasique et survient en réponse à un long épisodede veille. En fin de nuit, les derniers cycles sont plus riches

en sommeil paradoxal, ce type de sommeil répondant à

une régulation circadienne et restant étroitement lié à la

baisse de la température centrale.

Lorsque ce même sujet se décale brusquement de 8

fuseaux horaires vers l'est (à Londres), le sommeil obtenu

pendant la nuit londonienne est très pauvre en sommeil

paradoxal car il se place au maximum de la courbethermique. Ceci entraîne un réveil trop précoce vers 3 h du

matin (en temps local) mais ensuite une forte envie de

dormir vers midi à l'heure du creux thermique qui

accompagne normalement le sommeil paradoxal.

Lorsque ce sujet subit un décalage de 8h vers l'ouest (àHong Kong), le sommeil paradoxal est moins pénalisé carle début du sommeil survient lorsque la température estencore basse, d'où l'augmentation de sommeil paradoxal

relevée par certains auteurs. Ceci contribue aussi au fait

que le décalage horaire est mieux supporté vers l'ouestque vers l'est.

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DC 37

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36latence 20stllmin 15

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5Tps départ 00 04 08Tpsloc~ 16 20 00

Figure 1 : Effets d'un vol transméridien sur la relation entre le sommeil, le rythme circadien de la température et le cycle de lasomnolence diurne.Le sommeil de départ est indiqué sur la zone grise tandis que les zones gris-clair indiquent le sommeil après un décalage de 8 heures vers l'est etvers l'ouest. (d'après Graeber, 1989).

Abréviations: LHR : Londres; SFO : San Francisco; HGK : Hong Kong;

slp : sommeillent profond; sp : sommeil paradoxal.

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TRAITEMENTS

La premlere parade au Jet-Iag consiste en unestratégie d'adaptation

Avec l'expérience, chacun développe des stratégies, maiselles sont différentes d'un sujet à l'autre selon unemultitude de facteurs: court ou long dormeur, sujet dumatin ou du soir, bon ou moins bon dormeur, dette desommeil accumulée, âge, prise de médicament, expositionou non à la lumière naturelle, importance et sens dudécalage, fréquence et durées des voyages, parfois cumulde décalages inverses, but recherché (qualité du sommeilà terre ou vigilance pendant le vol par exemple), etc.

La stratégie dépend aussi de la longueur du séjour et de lanature de l'activité pendant le voyage. Ainsi la situationn'est pas la même pour un homme d'affaires qui doit êtreefficace sur place pendant un séjour éclair, un touriste quivient se détendre ou un navigant d'une compagnieaérienne qui doit maintenir une bonne vigilance pendantle trajet.

On peut différencier trois schémas en modulant selonl'expérience et les besoins des sujets:

- Dans un séjour très court (deux à trois jours) - l'horlogebiologique n'a pas le temps de s'adapter et reste dansl'horaire de départ. Il n'y a pas de désynchronisationinterne des rythmes biologiques, mais il y adésynchronisation entre le cycle veille-sommeil et lessynchroniseurs externes locaux entraînant surtout unedette de sommeil et une gêne pour les heures de repas.

Lorsque cela est possible il faut essayer de préserver sonrythme interne pour éviter le double « coût physiolo­gique )} que représente un réajustement des rythmes àl'aller puis au retour.

Pour cela, il faut pouvoir gérer son sommeil en privilégiantune phase de sommeil entre 2 et 5 h du matin dans l'heuredu pays de départ qui sert « d'ancrage )} aux rythmesbiologiques, en la complétant par une ou deux phasescomplémentaires, si possible pendant la nuit du pays deséjour.

Afin d'éviter un début d'ajustement aux synchroniseurslocaux, il faut éviter la lumière vive pendant les heurescorrespondant à celles de la nuit du pays de départ, aubesoin en s'aidant de lunettes noires (3).

Dans le cas d'un homme d'affaires, cette stratégie doit êtreétudiée en fonction du sens du décalage et desdisponibilités de temps: dans un voyage vers l'est, on peutconseiller de prendre un hypnotique afin de faciliterl'endormissement (car plus tôt que d'habitude) et éviter ladette de sommeil. La prescription doit faire appel à deshypnotiques à demi-vie courte (zolpidem, zopiclone). Vers

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l'ouest, l'endormissement plus facile (car plus tardif) nenécessite pas d'aide thérapeutique au coucher. Par contreau réveil, souvent trop précoce, il est trop tard pour enprendre sans risquer que l'effet se prolonge dans lamatinée. Un « coup de barre)} sera toujours possible dansla journée. Pour le prévenir, il faudrait programmer lesréunions de travail importantes en s'ajustant aux horairesdu pays de départ ou éviter de travailler entre 2 et 5 h dumatin, heure du pays de départ, où il vaut mieux dormir.

Dans le cas du personnel des compagnies aériennes, cettestratégie doit être adaptée pour permettre le maximum devigilance non pas à terre, mais pendant le vol. Les pilotesgèrent habituellement très bien leur sommeil, ils essayentde récupérer leur dette de sommeil pendant le repos enescale et effectuent très souvent une période de sommeiljuste avant un vol de nuit. En croisière, le pilote et lecommandant de bord ont la consigne d'alterner entre euxles phases de travail et de repos, ainsi que les prises derepas, afin d'éviter le risque de somnolence simultanée.Pendant les phases de repos, dont le début et la fin doiventêtre verbalisées à haute voix, ils peuvent effectuer unesieste de 15 à 20 minutes afin de diminuer la pression desommeil et rétablir un bon niveau de vigilance.

- Pour des séjours un peu plus longs (trois à sept jours) ­

les sujets jeunes ou supportant habituellement bien lesdécalages horaires se recalent dans le nouvel horaire. Lastratégie la plus courante est de s'ajuster dès le départ del'avion sur l'horaire de destination, s'exposer à la lumièredu jour et à l'environnement physique et social dèsl'arrivée. Par contre, il faut éviter les siestes qui risquent degêner le sommeil nocturne, éviter l'isolement social et lamauvaise hygiène de sommeil. Des hypnotiques à demi­vie courte peuvent être utilisés pour faciliter le sommeilaprès un vol vers l'est et éviter le déficit de sommeil si desactivités délicates doivent être accomplies (2). Laphotothérapie peut aussi être utile.

Les sujets plus âgés ou supportant habituellement mallesdécalages doivent essayer de rester dans leur horaired'origine ou, si cela n'est pas possible, faire un compromisen restant sur une base horaire intermédiaire.

- Pour les séjours plus longs à partir de huit jours - lessujets mal tolérants arrivent à se recaler sur le nouvelhoraire en suivant les conseils précédents. Il faut enparticulier s'exposer dès le début du séjour à la lumièrenaturelle. Si le voyageur est en vacances et n'a pas besoind'être performant dans les premiers jours, il est préférabled'éviter les hypnotiques; la photothérapie apporterait uneaide non négligeable.

Il peut être utile de prévenir plus activement la survenued'un Jetlag en commençant à décaler le sommeil d'une

MEDECINE DU SOMMEIL - Année 1- Avril - Mai - Juin 1005

TRAITEMENTS

La premlere parade au Jet-Iag consiste en unestratégie d'adaptation

Avec l'expérience, chacun développe des stratégies, maiselles sont différentes d'un sujet à l'autre selon unemultitude de facteurs: court ou long dormeur, sujet dumatin ou du soir, bon ou moins bon dormeur, dette desommeil accumulée, âge, prise de médicament, expositionou non à la lumière naturelle, importance et sens dudécalage, fréquence et durées des voyages, parfois cumulde décalages inverses, but recherché (qualité du sommeilà terre ou vigilance pendant le vol par exemple), etc.

La stratégie dépend aussi de la longueur du séjour et de lanature de l'activité pendant le voyage. Ainsi la situationn'est pas la même pour un homme d'affaires qui doit êtreefficace sur place pendant un séjour éclair, un touriste quivient se détendre ou un navigant d'une compagnieaérienne qui doit maintenir une bonne vigilance pendantle trajet.

On peut différencier trois schémas en modulant selonl'expérience et les besoins des sujets:

- Dans un séjour très court (deux à trois jours) - l'horlogebiologique n'a pas le temps de s'adapter et reste dansl'horaire de départ. Il n'y a pas de désynchronisationinterne des rythmes biologiques, mais il y adésynchronisation entre le cycle veille-sommeil et lessynchroniseurs externes locaux entraînant surtout unedette de sommeil et une gêne pour les heures de repas.

Lorsque cela est possible il faut essayer de préserver sonrythme interne pour éviter le double « coût physiolo­gique )} que représente un réajustement des rythmes àl'aller puis au retour.

Pour cela, il faut pouvoir gérer son sommeil en privilégiantune phase de sommeil entre 2 et 5 h du matin dans l'heuredu pays de départ qui sert « d'ancrage )} aux rythmesbiologiques, en la complétant par une ou deux phasescomplémentaires, si possible pendant la nuit du pays deséjour.

Afin d'éviter un début d'ajustement aux synchroniseurslocaux, il faut éviter la lumière vive pendant les heurescorrespondant à celles de la nuit du pays de départ, aubesoin en s'aidant de lunettes noires (3).

Dans le cas d'un homme d'affaires, cette stratégie doit êtreétudiée en fonction du sens du décalage et desdisponibilités de temps: dans un voyage vers l'est, on peutconseiller de prendre un hypnotique afin de faciliterl'endormissement (car plus tôt que d'habitude) et éviter ladette de sommeil. La prescription doit faire appel à deshypnotiques à demi-vie courte (zolpidem, zopiclone). Vers

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l'ouest, l'endormissement plus facile (car plus tardif) nenécessite pas d'aide thérapeutique au coucher. Par contreau réveil, souvent trop précoce, il est trop tard pour enprendre sans risquer que l'effet se prolonge dans lamatinée. Un « coup de barre)} sera toujours possible dansla journée. Pour le prévenir, il faudrait programmer lesréunions de travail importantes en s'ajustant aux horairesdu pays de départ ou éviter de travailler entre 2 et 5 h dumatin, heure du pays de départ, où il vaut mieux dormir.

Dans le cas du personnel des compagnies aériennes, cettestratégie doit être adaptée pour permettre le maximum devigilance non pas à terre, mais pendant le vol. Les pilotesgèrent habituellement très bien leur sommeil, ils essayentde récupérer leur dette de sommeil pendant le repos enescale et effectuent très souvent une période de sommeiljuste avant un vol de nuit. En croisière, le pilote et lecommandant de bord ont la consigne d'alterner entre euxles phases de travail et de repos, ainsi que les prises derepas, afin d'éviter le risque de somnolence simultanée.Pendant les phases de repos, dont le début et la fin doiventêtre verbalisées à haute voix, ils peuvent effectuer unesieste de 15 à 20 minutes afin de diminuer la pression desommeil et rétablir un bon niveau de vigilance.

- Pour des séjours un peu plus longs (trois à sept jours) ­

les sujets jeunes ou supportant habituellement bien lesdécalages horaires se recalent dans le nouvel horaire. Lastratégie la plus courante est de s'ajuster dès le départ del'avion sur l'horaire de destination, s'exposer à la lumièredu jour et à l'environnement physique et social dèsl'arrivée. Par contre, il faut éviter les siestes qui risquent degêner le sommeil nocturne, éviter l'isolement social et lamauvaise hygiène de sommeil. Des hypnotiques à demi­vie courte peuvent être utilisés pour faciliter le sommeilaprès un vol vers l'est et éviter le déficit de sommeil si desactivités délicates doivent être accomplies (2). Laphotothérapie peut aussi être utile.

Les sujets plus âgés ou supportant habituellement mallesdécalages doivent essayer de rester dans leur horaired'origine ou, si cela n'est pas possible, faire un compromisen restant sur une base horaire intermédiaire.

- Pour les séjours plus longs à partir de huit jours - lessujets mal tolérants arrivent à se recaler sur le nouvelhoraire en suivant les conseils précédents. Il faut enparticulier s'exposer dès le début du séjour à la lumièrenaturelle. Si le voyageur est en vacances et n'a pas besoind'être performant dans les premiers jours, il est préférabled'éviter les hypnotiques; la photothérapie apporterait uneaide non négligeable.

Il peut être utile de prévenir plus activement la survenued'un Jetlag en commençant à décaler le sommeil d'une

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TRAITEMENTS

La premlere parade au Jet-Iag consiste en unestratégie d'adaptation

Avec l'expérience, chacun développe des stratégies, maiselles sont différentes d'un sujet à l'autre selon unemultitude de facteurs: court ou long dormeur, sujet dumatin ou du soir, bon ou moins bon dormeur, dette desommeil accumulée, âge, prise de médicament, expositionou non à la lumière naturelle, importance et sens dudécalage, fréquence et durées des voyages, parfois cumulde décalages inverses, but recherché (qualité du sommeilà terre ou vigilance pendant le vol par exemple), etc.

La stratégie dépend aussi de la longueur du séjour et de lanature de l'activité pendant le voyage. Ainsi la situationn'est pas la même pour un homme d'affaires qui doit êtreefficace sur place pendant un séjour éclair, un touriste quivient se détendre ou un navigant d'une compagnieaérienne qui doit maintenir une bonne vigilance pendantle trajet.

On peut différencier trois schémas en modulant selonl'expérience et les besoins des sujets:

- Dans un séjour très court (deux à trois jours) - l'horlogebiologique n'a pas le temps de s'adapter et reste dansl'horaire de départ. Il n'y a pas de désynchronisationinterne des rythmes biologiques, mais il y adésynchronisation entre le cycle veille-sommeil et lessynchroniseurs externes locaux entraînant surtout unedette de sommeil et une gêne pour les heures de repas.

Lorsque cela est possible il faut essayer de préserver sonrythme interne pour éviter le double « coût physiolo­gique )} que représente un réajustement des rythmes àl'aller puis au retour.

Pour cela, il faut pouvoir gérer son sommeil en privilégiantune phase de sommeil entre 2 et 5 h du matin dans l'heuredu pays de départ qui sert « d'ancrage )} aux rythmesbiologiques, en la complétant par une ou deux phasescomplémentaires, si possible pendant la nuit du pays deséjour.

Afin d'éviter un début d'ajustement aux synchroniseurslocaux, il faut éviter la lumière vive pendant les heurescorrespondant à celles de la nuit du pays de départ, aubesoin en s'aidant de lunettes noires (3).

Dans le cas d'un homme d'affaires, cette stratégie doit êtreétudiée en fonction du sens du décalage et desdisponibilités de temps: dans un voyage vers l'est, on peutconseiller de prendre un hypnotique afin de faciliterl'endormissement (car plus tôt que d'habitude) et éviter ladette de sommeil. La prescription doit faire appel à deshypnotiques à demi-vie courte (zolpidem, zopiclone). Vers

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l'ouest, l'endormissement plus facile (car plus tardif) nenécessite pas d'aide thérapeutique au coucher. Par contreau réveil, souvent trop précoce, il est trop tard pour enprendre sans risquer que l'effet se prolonge dans lamatinée. Un « coup de barre)} sera toujours possible dansla journée. Pour le prévenir, il faudrait programmer lesréunions de travail importantes en s'ajustant aux horairesdu pays de départ ou éviter de travailler entre 2 et 5 h dumatin, heure du pays de départ, où il vaut mieux dormir.

Dans le cas du personnel des compagnies aériennes, cettestratégie doit être adaptée pour permettre le maximum devigilance non pas à terre, mais pendant le vol. Les pilotesgèrent habituellement très bien leur sommeil, ils essayentde récupérer leur dette de sommeil pendant le repos enescale et effectuent très souvent une période de sommeiljuste avant un vol de nuit. En croisière, le pilote et lecommandant de bord ont la consigne d'alterner entre euxles phases de travail et de repos, ainsi que les prises derepas, afin d'éviter le risque de somnolence simultanée.Pendant les phases de repos, dont le début et la fin doiventêtre verbalisées à haute voix, ils peuvent effectuer unesieste de 15 à 20 minutes afin de diminuer la pression desommeil et rétablir un bon niveau de vigilance.

- Pour des séjours un peu plus longs (trois à sept jours) ­

les sujets jeunes ou supportant habituellement bien lesdécalages horaires se recalent dans le nouvel horaire. Lastratégie la plus courante est de s'ajuster dès le départ del'avion sur l'horaire de destination, s'exposer à la lumièredu jour et à l'environnement physique et social dèsl'arrivée. Par contre, il faut éviter les siestes qui risquent degêner le sommeil nocturne, éviter l'isolement social et lamauvaise hygiène de sommeil. Des hypnotiques à demi­vie courte peuvent être utilisés pour faciliter le sommeilaprès un vol vers l'est et éviter le déficit de sommeil si desactivités délicates doivent être accomplies (2). Laphotothérapie peut aussi être utile.

Les sujets plus âgés ou supportant habituellement mallesdécalages doivent essayer de rester dans leur horaired'origine ou, si cela n'est pas possible, faire un compromisen restant sur une base horaire intermédiaire.

- Pour les séjours plus longs à partir de huit jours - lessujets mal tolérants arrivent à se recaler sur le nouvelhoraire en suivant les conseils précédents. Il faut enparticulier s'exposer dès le début du séjour à la lumièrenaturelle. Si le voyageur est en vacances et n'a pas besoind'être performant dans les premiers jours, il est préférabled'éviter les hypnotiques; la photothérapie apporterait uneaide non négligeable.

Il peut être utile de prévenir plus activement la survenued'un Jetlag en commençant à décaler le sommeil d'une

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A. Gisquet, M.-A. Quéra Sa/va

heure par jour pendant les jours qui précèdent le vol et enmaintenant ce décalage durant le vol. En pratique, cettetechnique est difficile à réaliser, sauf pendant le vol où ilfaut s'efforcer de dormir, si possible dans les futurs horairesde nuit, pour éviter d'accentuer la dette de sommeil.

D'autres traitements ont été proposés comme un régimealimentaire avec des repas riches en protéines, censésaugmenter la vigilance, et des repas riches en hydrates decarbone, censés faciliter le sommeil. Un exercice physiqueen pleine lumière, aux heures propices à avancer ouretarder l'horloge biologique selon la direction du voyageeffectué, a également été proposé, mais l'efficacité de cestechniques n'a pas été démontrée de manière rigoureuseou a moins d'influence sur le Jetlag que l'action deshypnotiques.

Les somnifères

Ils sont la thérapeutique la plus courante et 25 % desnavigants professionnels reconnaissent en utiliser aumoins occasionnellement. En règle générale, ils sontdéconseillés mais peuvent être utilisés exception­nellement si les troubles du sommeil sont trop importantsou lorsqu'une synchronisation rapide en horaire local estnécessaire, en particulier après un vol vers l'est.

Ces médicaments sont contre-indiqués pendant le vol dufait de l'augmentation du risque de thrombose veineusedes membres inférieurs liée à l'immobilisation prolongéeen position assise. En outre, en cas d'insomnie rebelle, ilspourraient entraîner des troubles du comportement.

Les hypnotiques agonistes des benzodiazépines(zopiclone, zolpidem) ne diminuent pas les pourcentagesde sommeil paradoxal (SP) et de sommeil lent profond(SLP). Ils ont une demi-vie très courte et n'induisent quepeu d'effet rebond ou de manifestation de sevrage àl'interruption de leur administration (4). Plusieurs étudesmontrent qu'ils améliorent le sommeil et diminuent lestroubles dans le Jetlag.

Si une composante anxieuse se surajoute au décalage, desbenzodiazépines à courte durée d'action (Ioprazolam,temazepam) peuvent aussi être employées (3) enrappelant le risque habituel de ce type de médicament:diminution du SLP et du SP, troubles de l'équilibre ouamnésie en cas de réveil intempestif. Il est importantd'utiliser la dose minimale efficace pour minimiser leseffets résiduels sur la vigilance, de favoriser la prisediscontinue pour éviter accoutumance et dépendance etde prévoir un sevrage progressif pour atténuer le rebondd'insomnie à l'arrêt du traitement (4) .

Quel que soit l'hypnotique utilisé, il doit être familier pourl'usager qui l'utiliserait avant une situation requérant unbon niveau de vigilance, la sensibilité individuelle pouvantêtre plus importante chez certains sujets.

MEDECINE DU SOMMEIL - Année 1- Avril Mai Juin 2005

Le syndrome de décalage horaire ou Jet-Iag

Il faut rappeler aussi la potentialisation de cesmédicaments avec l'alcool et la nécessité de diminuer lesdoses chez les sujets âgés.

Les psychostimulants

Pour améliorer la qualité de la vigilance dans la journée, lacaféine est proposée par certains auteurs (3), en particulierune forme galénique à libération prolongée, associée à

l'exposition à la lumière et à l'activité sociale. Pour certains,l'effet de la caféine à libération prolongée est comparableà celui obtenu avec la mélatonine (5). Le café a au moins lemérite d'être accessible partout et de ne pas présenterd'autre risque que celui d'excitant cardiaque et cérébral.

Les psychostimulants tels que les amphétamines ou leModafinil ne sont pas indiqués dans le Jetlag.

La mélatonine

La littérature sur le Jetlag, dans la Medline, comporte unnombre important d'articles récents sur le traitement parla mélatonine. La mélatonine ou N-5-méthoxytryptamineest une hormone synthétisée et libérée par l'épiphyse(glande pinéale) durant la nuit. Sa sécrétion est bloquéepar un éclairement intense. Elle diminue avec l'âge et estperturbée chez certains aveugles (6,7) .

Elle agirait directement comme « chronobiotique » et il aété démontré qu'elle pouvait accélérer le réajustementdes rythmes biologiques en particulier celui du cycleveille-sommeil.

Utilisée comme traitement du Jetlag à des doses de 0,5 mgà 10 mg, elle a donné des résultats très variables:

- prise avant le coucher, elle facilite l'endormissement etl'avance de phase du sommeil et peut donc avoir unintérêt dans les décalages vers l'est;

- prise tôt le matin, elle prolonge la nuit passée et favorisele retard de phase (vols vers l'ouest), mais elle peutentraîner de la somnolence et diminuer les performances.Une automédication aveugle par des navigants pourraitentraîner des risques inacceptables pour la sécurité;

- il existe des contre-indications liées à certainespathologies (épilepsie, traitement par warfarine) ;

- certains auteurs ont souligné la nécessité depersonnaliser les doses en particulier selon le sexe pouréviter la survenue d'effets indésirables;

- des effets adverses entraînant des troubles du rythmecircadien ont été décrits;

- certains auteurs n'ont pas trouvé d'effet significatif;

- plusieurs estiment que l'heure d'administration, la dose,la durée du traitement ne sont pas encore bien établies.

La première mélatonine disponible aux Etats-Unis, vendue

4S

A. Gisquet, M.-A. Quéra Sa/va

heure par jour pendant les jours qui précèdent le vol et enmaintenant ce décalage durant le vol. En pratique, cettetechnique est difficile à réaliser, sauf pendant le vol où ilfaut s'efforcer de dormir, si possible dans les futurs horairesde nuit, pour éviter d'accentuer la dette de sommeil.

D'autres traitements ont été proposés comme un régimealimentaire avec des repas riches en protéines, censésaugmenter la vigilance, et des repas riches en hydrates decarbone, censés faciliter le sommeil. Un exercice physiqueen pleine lumière, aux heures propices à avancer ouretarder l'horloge biologique selon la direction du voyageeffectué, a également été proposé, mais l'efficacité de cestechniques n'a pas été démontrée de manière rigoureuseou a moins d'influence sur le Jetlag que l'action deshypnotiques.

Les somnifères

Ils sont la thérapeutique la plus courante et 25 % desnavigants professionnels reconnaissent en utiliser aumoins occasionnellement. En règle générale, ils sontdéconseillés mais peuvent être utilisés exception­nellement si les troubles du sommeil sont trop importantsou lorsqu'une synchronisation rapide en horaire local estnécessaire, en particulier après un vol vers l'est.

Ces médicaments sont contre-indiqués pendant le vol dufait de l'augmentation du risque de thrombose veineusedes membres inférieurs liée à l'immobilisation prolongéeen position assise. En outre, en cas d'insomnie rebelle, ilspourraient entraîner des troubles du comportement.

Les hypnotiques agonistes des benzodiazépines(zopiclone, zolpidem) ne diminuent pas les pourcentagesde sommeil paradoxal (SP) et de sommeil lent profond(SLP). Ils ont une demi-vie très courte et n'induisent quepeu d'effet rebond ou de manifestation de sevrage àl'interruption de leur administration (4). Plusieurs étudesmontrent qu'ils améliorent le sommeil et diminuent lestroubles dans le Jetlag.

Si une composante anxieuse se surajoute au décalage, desbenzodiazépines à courte durée d'action (Ioprazolam,temazepam) peuvent aussi être employées (3) enrappelant le risque habituel de ce type de médicament:diminution du SLP et du SP, troubles de l'équilibre ouamnésie en cas de réveil intempestif. Il est importantd'utiliser la dose minimale efficace pour minimiser leseffets résiduels sur la vigilance, de favoriser la prisediscontinue pour éviter accoutumance et dépendance etde prévoir un sevrage progressif pour atténuer le rebondd'insomnie à l'arrêt du traitement (4) .

Quel que soit l'hypnotique utilisé, il doit être familier pourl'usager qui l'utiliserait avant une situation requérant unbon niveau de vigilance, la sensibilité individuelle pouvantêtre plus importante chez certains sujets.

MEDECINE DU SOMMEIL - Année 1- Avril Mai Juin 2005

Le syndrome de décalage horaire ou Jet-Iag

Il faut rappeler aussi la potentialisation de cesmédicaments avec l'alcool et la nécessité de diminuer lesdoses chez les sujets âgés.

Les psychostimulants

Pour améliorer la qualité de la vigilance dans la journée, lacaféine est proposée par certains auteurs (3), en particulierune forme galénique à libération prolongée, associée à

l'exposition à la lumière et à l'activité sociale. Pour certains,l'effet de la caféine à libération prolongée est comparableà celui obtenu avec la mélatonine (5). Le café a au moins lemérite d'être accessible partout et de ne pas présenterd'autre risque que celui d'excitant cardiaque et cérébral.

Les psychostimulants tels que les amphétamines ou leModafinil ne sont pas indiqués dans le Jetlag.

La mélatonine

La littérature sur le Jetlag, dans la Medline, comporte unnombre important d'articles récents sur le traitement parla mélatonine. La mélatonine ou N-5-méthoxytryptamineest une hormone synthétisée et libérée par l'épiphyse(glande pinéale) durant la nuit. Sa sécrétion est bloquéepar un éclairement intense. Elle diminue avec l'âge et estperturbée chez certains aveugles (6,7) .

Elle agirait directement comme « chronobiotique » et il aété démontré qu'elle pouvait accélérer le réajustementdes rythmes biologiques en particulier celui du cycleveille-sommeil.

Utilisée comme traitement du Jetlag à des doses de 0,5 mgà 10 mg, elle a donné des résultats très variables:

- prise avant le coucher, elle facilite l'endormissement etl'avance de phase du sommeil et peut donc avoir unintérêt dans les décalages vers l'est;

- prise tôt le matin, elle prolonge la nuit passée et favorisele retard de phase (vols vers l'ouest), mais elle peutentraîner de la somnolence et diminuer les performances.Une automédication aveugle par des navigants pourraitentraîner des risques inacceptables pour la sécurité;

- il existe des contre-indications liées à certainespathologies (épilepsie, traitement par warfarine) ;

- certains auteurs ont souligné la nécessité depersonnaliser les doses en particulier selon le sexe pouréviter la survenue d'effets indésirables;

- des effets adverses entraînant des troubles du rythmecircadien ont été décrits;

- certains auteurs n'ont pas trouvé d'effet significatif;

- plusieurs estiment que l'heure d'administration, la dose,la durée du traitement ne sont pas encore bien établies.

La première mélatonine disponible aux Etats-Unis, vendue

4S

A. Gisquet, M.-A. Quéra Sa/va

heure par jour pendant les jours qui précèdent le vol et enmaintenant ce décalage durant le vol. En pratique, cettetechnique est difficile à réaliser, sauf pendant le vol où ilfaut s'efforcer de dormir, si possible dans les futurs horairesde nuit, pour éviter d'accentuer la dette de sommeil.

D'autres traitements ont été proposés comme un régimealimentaire avec des repas riches en protéines, censésaugmenter la vigilance, et des repas riches en hydrates decarbone, censés faciliter le sommeil. Un exercice physiqueen pleine lumière, aux heures propices à avancer ouretarder l'horloge biologique selon la direction du voyageeffectué, a également été proposé, mais l'efficacité de cestechniques n'a pas été démontrée de manière rigoureuseou a moins d'influence sur le Jetlag que l'action deshypnotiques.

Les somnifères

Ils sont la thérapeutique la plus courante et 25 % desnavigants professionnels reconnaissent en utiliser aumoins occasionnellement. En règle générale, ils sontdéconseillés mais peuvent être utilisés exception­nellement si les troubles du sommeil sont trop importantsou lorsqu'une synchronisation rapide en horaire local estnécessaire, en particulier après un vol vers l'est.

Ces médicaments sont contre-indiqués pendant le vol dufait de l'augmentation du risque de thrombose veineusedes membres inférieurs liée à l'immobilisation prolongéeen position assise. En outre, en cas d'insomnie rebelle, ilspourraient entraîner des troubles du comportement.

Les hypnotiques agonistes des benzodiazépines(zopiclone, zolpidem) ne diminuent pas les pourcentagesde sommeil paradoxal (SP) et de sommeil lent profond(SLP). Ils ont une demi-vie très courte et n'induisent quepeu d'effet rebond ou de manifestation de sevrage àl'interruption de leur administration (4). Plusieurs étudesmontrent qu'ils améliorent le sommeil et diminuent lestroubles dans le Jetlag.

Si une composante anxieuse se surajoute au décalage, desbenzodiazépines à courte durée d'action (Ioprazolam,temazepam) peuvent aussi être employées (3) enrappelant le risque habituel de ce type de médicament:diminution du SLP et du SP, troubles de l'équilibre ouamnésie en cas de réveil intempestif. Il est importantd'utiliser la dose minimale efficace pour minimiser leseffets résiduels sur la vigilance, de favoriser la prisediscontinue pour éviter accoutumance et dépendance etde prévoir un sevrage progressif pour atténuer le rebondd'insomnie à l'arrêt du traitement (4) .

Quel que soit l'hypnotique utilisé, il doit être familier pourl'usager qui l'utiliserait avant une situation requérant unbon niveau de vigilance, la sensibilité individuelle pouvantêtre plus importante chez certains sujets.

MEDECINE DU SOMMEIL - Année 1- Avril Mai Juin 2005

Le syndrome de décalage horaire ou Jet-Iag

Il faut rappeler aussi la potentialisation de cesmédicaments avec l'alcool et la nécessité de diminuer lesdoses chez les sujets âgés.

Les psychostimulants

Pour améliorer la qualité de la vigilance dans la journée, lacaféine est proposée par certains auteurs (3), en particulierune forme galénique à libération prolongée, associée à

l'exposition à la lumière et à l'activité sociale. Pour certains,l'effet de la caféine à libération prolongée est comparableà celui obtenu avec la mélatonine (5). Le café a au moins lemérite d'être accessible partout et de ne pas présenterd'autre risque que celui d'excitant cardiaque et cérébral.

Les psychostimulants tels que les amphétamines ou leModafinil ne sont pas indiqués dans le Jetlag.

La mélatonine

La littérature sur le Jetlag, dans la Medline, comporte unnombre important d'articles récents sur le traitement parla mélatonine. La mélatonine ou N-5-méthoxytryptamineest une hormone synthétisée et libérée par l'épiphyse(glande pinéale) durant la nuit. Sa sécrétion est bloquéepar un éclairement intense. Elle diminue avec l'âge et estperturbée chez certains aveugles (6,7) .

Elle agirait directement comme « chronobiotique » et il aété démontré qu'elle pouvait accélérer le réajustementdes rythmes biologiques en particulier celui du cycleveille-sommeil.

Utilisée comme traitement du Jetlag à des doses de 0,5 mgà 10 mg, elle a donné des résultats très variables:

- prise avant le coucher, elle facilite l'endormissement etl'avance de phase du sommeil et peut donc avoir unintérêt dans les décalages vers l'est;

- prise tôt le matin, elle prolonge la nuit passée et favorisele retard de phase (vols vers l'ouest), mais elle peutentraîner de la somnolence et diminuer les performances.Une automédication aveugle par des navigants pourraitentraîner des risques inacceptables pour la sécurité;

- il existe des contre-indications liées à certainespathologies (épilepsie, traitement par warfarine) ;

- certains auteurs ont souligné la nécessité depersonnaliser les doses en particulier selon le sexe pouréviter la survenue d'effets indésirables;

- des effets adverses entraînant des troubles du rythmecircadien ont été décrits;

- certains auteurs n'ont pas trouvé d'effet significatif;

- plusieurs estiment que l'heure d'administration, la dose,la durée du traitement ne sont pas encore bien établies.

La première mélatonine disponible aux Etats-Unis, vendue

4S

Page 6: Le syndrome de décalage horaire ou Jet-lag Aspects pratiques

en supermarché au rayon des compléments alimentaires,était d'origine animale extraite de la glande pinéale debovins. Les analyses des gélules montraient de grandesdisparités dans leur teneur en mélatonine, certaines n'encontenant pas du tout.

La mélatonine a ensuite été synthétisée, mais étantconsidérée comme une copie conforme de la mélatonineanimale, elle n'est pas classée comme médicament maiscomme produit naturel n'exigeant pas d'autorisation de laFood and Drug Administration. Elle échappe de ce fait auprocessus normal de contrôle des effets secondaires.

Ce qui n'a pas empêché 25 millions d'Américains d'enconsommer depuis 1995.

La mélatonine de synthèse comporte encore environ 5 %

d'impuretés dont ont évalue malles effets. Elle reste doncinterdite dans les pays de l'Union Européenne. La Suisseest le seul pays européen à importer d'Israël unemélatonine retard.

La mélatonine a aussi été utilisée expérimentalement pourtraiter les syndromes de retard de phase du sommeil et lestroubles du sommeil provoqués par le travail de nuit et lacécité.

On lui a aussi reconnu des actions anti-oxydantes,anticancéreuses, immunostimulantes, antidépressives,contraceptives et retardant le vieillissement. Chezl'homme, elle aurait un effet néfaste sur la sperma­togenèse.

La mélatonine suscite donc beaucoup d'intérêt mais il estdifficile de mesurer le retentissement précis d'unemolécule qui agit sur autant de facteurs différents.

Les études pharmacologiques sur son efficacité et satoxicité à long terme ne sont pas encore suffisantes etreprésentent un coût très important pour l'industriepharmaceutique. Or de telles études sont nécessaires pourobtenir l'autorisation de commercialiser une mélatoninede synthèse en Europe.

Deux laboratoires dans le monde étudient actuellementles agonistes de la mélatonine dans le but d'obtenir unemolécule pure et mieux maîtrisable pharmacologi­quement (6). Ces produits seront des médicaments etnécessiteront un agrément ; ils sont en phase dedéveloppement avancée, et il faudra encore un certaintemps avant qu'une commercialisation devienne possibleen Europe.

L'utilisation de la mélatonine dans le traitement du Jet-Iagne doit donc pas être encouragée actuellement car sasécurité n'est pas clairement établie; les effets secondairesà court terme semblent faibles mais leur fréquence et leursévérité n'ont pas encore été étudiées. Les effets à longterme ne sont pas connus en cas d'utilisation fréquente.Presque tous les auteurs soulignent la nécessité d'étudescomplémentaires.

46

Une manipulation moins intrusive de la mélatonineendogène peut être obtenue plus simplement parl'exposition à la lumière solaire.

Utilisation de la lumière

De nombreuses études ont montré que les rythmescircadiens humains répondaient à des stimulationslumineuses intenses atteignant 2500 Lux, particulièrementdans le champ de vision périphérique.

Cette thérapie est utilisée en pathologie du sommeil dansles syndromes d'avance et de retard de phase avec descasques à lumière et des panneaux lumineux ens'exposant durant 2 h, le matin si l'on doit avancer sesrythmes, le soir si on doit les reculer. Elle accélère lasynchronisation des rythmes sur un nouvel horaire, maiscertains auteurs estiment que les résultats sont modestes.

Pour traiter le Jet-Iag, le moment de l'exposition n'est pasle même selon le sens du décalage:

- dans un vol vers l'est qui raccourcit la journée, le sujetdoit se coucher plus tôt que son heure habituelle alorsqu'il n'a pas encore sommeil; il se trouve artificiellementen retard de phase; il doit donc s'exposer à la lumière vivele matin et l'éviter le soir afin d'avancer ses rythmes vers lematin. Des lunettes de soleil seront utiles en fin d'après­midi et le soir;

- inversement, dans un vol vers l'ouest, la journée estallongée, le sujet doit se coucher plus tard que son heurehabituelle et se trouve artificiellement en avance dephase; il doit éviter la lumière le matin et s'y exposer le soirpour retarder ses rythmes vers le soir.

En fait, l'important est le moment de l'éclairement parrapport au creux de la courbe de la température centrale:si l'éclairement se situe au moins 2 h avant le minimumthermique, il entraîne un retard de phase. S'il se situe aprèsle minimum thermique, il entraîne une avance de phase.Ce minimum survient vers 5 heures du matin mais il atendance à survenir plus tôt à partir de quarante cinq ans,et il ya au moins une heure d'écart entre un sujet du matinet un sujet du soir.

Des panneaux lumineux « bright light » sont en vente engrande surface pour environ 300 € ; ils délivrent uneluminosité d'au moins 2500 Lux. Ils pourraient être utiliséspour accélérer l'ajustement des rythmes lors des séjoursd'une durée au moins supérieure à 3 jours.

A noter que des luminosités beaucoup plus faibles à partirde 100 Lux peuvent déjà influencer la sécrétion demélatonine surtout pendant les périodes les plus sensiblesqui correspondent à l'aurore et au crépuscule, mais l'actionest d'autant plus rapide que la luminosité est plus forte.

MEDECINE DU SOMMEIL - Année 1- Avril - Mai - Juin 200S

en supermarché au rayon des compléments alimentaires,était d'origine animale extraite de la glande pinéale debovins. Les analyses des gélules montraient de grandesdisparités dans leur teneur en mélatonine, certaines n'encontenant pas du tout.

La mélatonine a ensuite été synthétisée, mais étantconsidérée comme une copie conforme de la mélatonineanimale, elle n'est pas classée comme médicament maiscomme produit naturel n'exigeant pas d'autorisation de laFood and Drug Administration. Elle échappe de ce fait auprocessus normal de contrôle des effets secondaires.

Ce qui n'a pas empêché 25 millions d'Américains d'enconsommer depuis 1995.

La mélatonine de synthèse comporte encore environ 5 %

d'impuretés dont ont évalue malles effets. Elle reste doncinterdite dans les pays de l'Union Européenne. La Suisseest le seul pays européen à importer d'Israël unemélatonine retard.

La mélatonine a aussi été utilisée expérimentalement pourtraiter les syndromes de retard de phase du sommeil et lestroubles du sommeil provoqués par le travail de nuit et lacécité.

On lui a aussi reconnu des actions anti-oxydantes,anticancéreuses, immunostimulantes, antidépressives,contraceptives et retardant le vieillissement. Chezl'homme, elle aurait un effet néfaste sur la sperma­togenèse.

La mélatonine suscite donc beaucoup d'intérêt mais il estdifficile de mesurer le retentissement précis d'unemolécule qui agit sur autant de facteurs différents.

Les études pharmacologiques sur son efficacité et satoxicité à long terme ne sont pas encore suffisantes etreprésentent un coût très important pour l'industriepharmaceutique. Or de telles études sont nécessaires pourobtenir l'autorisation de commercialiser une mélatoninede synthèse en Europe.

Deux laboratoires dans le monde étudient actuellementles agonistes de la mélatonine dans le but d'obtenir unemolécule pure et mieux maîtrisable pharmacologi­quement (6). Ces produits seront des médicaments etnécessiteront un agrément ; ils sont en phase dedéveloppement avancée, et il faudra encore un certaintemps avant qu'une commercialisation devienne possibleen Europe.

L'utilisation de la mélatonine dans le traitement du Jet-Iagne doit donc pas être encouragée actuellement car sasécurité n'est pas clairement établie; les effets secondairesà court terme semblent faibles mais leur fréquence et leursévérité n'ont pas encore été étudiées. Les effets à longterme ne sont pas connus en cas d'utilisation fréquente.Presque tous les auteurs soulignent la nécessité d'étudescomplémentaires.

46

Une manipulation moins intrusive de la mélatonineendogène peut être obtenue plus simplement parl'exposition à la lumière solaire.

Utilisation de la lumière

De nombreuses études ont montré que les rythmescircadiens humains répondaient à des stimulationslumineuses intenses atteignant 2500 Lux, particulièrementdans le champ de vision périphérique.

Cette thérapie est utilisée en pathologie du sommeil dansles syndromes d'avance et de retard de phase avec descasques à lumière et des panneaux lumineux ens'exposant durant 2 h, le matin si l'on doit avancer sesrythmes, le soir si on doit les reculer. Elle accélère lasynchronisation des rythmes sur un nouvel horaire, maiscertains auteurs estiment que les résultats sont modestes.

Pour traiter le Jet-Iag, le moment de l'exposition n'est pasle même selon le sens du décalage:

- dans un vol vers l'est qui raccourcit la journée, le sujetdoit se coucher plus tôt que son heure habituelle alorsqu'il n'a pas encore sommeil; il se trouve artificiellementen retard de phase; il doit donc s'exposer à la lumière vivele matin et l'éviter le soir afin d'avancer ses rythmes vers lematin. Des lunettes de soleil seront utiles en fin d'après­midi et le soir;

- inversement, dans un vol vers l'ouest, la journée estallongée, le sujet doit se coucher plus tard que son heurehabituelle et se trouve artificiellement en avance dephase; il doit éviter la lumière le matin et s'y exposer le soirpour retarder ses rythmes vers le soir.

En fait, l'important est le moment de l'éclairement parrapport au creux de la courbe de la température centrale:si l'éclairement se situe au moins 2 h avant le minimumthermique, il entraîne un retard de phase. S'il se situe aprèsle minimum thermique, il entraîne une avance de phase.Ce minimum survient vers 5 heures du matin mais il atendance à survenir plus tôt à partir de quarante cinq ans,et il ya au moins une heure d'écart entre un sujet du matinet un sujet du soir.

Des panneaux lumineux « bright light » sont en vente engrande surface pour environ 300 € ; ils délivrent uneluminosité d'au moins 2500 Lux. Ils pourraient être utiliséspour accélérer l'ajustement des rythmes lors des séjoursd'une durée au moins supérieure à 3 jours.

A noter que des luminosités beaucoup plus faibles à partirde 100 Lux peuvent déjà influencer la sécrétion demélatonine surtout pendant les périodes les plus sensiblesqui correspondent à l'aurore et au crépuscule, mais l'actionest d'autant plus rapide que la luminosité est plus forte.

MEDECINE DU SOMMEIL - Année 1- Avril - Mai - Juin 200S

en supermarché au rayon des compléments alimentaires,était d'origine animale extraite de la glande pinéale debovins. Les analyses des gélules montraient de grandesdisparités dans leur teneur en mélatonine, certaines n'encontenant pas du tout.

La mélatonine a ensuite été synthétisée, mais étantconsidérée comme une copie conforme de la mélatonineanimale, elle n'est pas classée comme médicament maiscomme produit naturel n'exigeant pas d'autorisation de laFood and Drug Administration. Elle échappe de ce fait auprocessus normal de contrôle des effets secondaires.

Ce qui n'a pas empêché 25 millions d'Américains d'enconsommer depuis 1995.

La mélatonine de synthèse comporte encore environ 5 %

d'impuretés dont ont évalue malles effets. Elle reste doncinterdite dans les pays de l'Union Européenne. La Suisseest le seul pays européen à importer d'Israël unemélatonine retard.

La mélatonine a aussi été utilisée expérimentalement pourtraiter les syndromes de retard de phase du sommeil et lestroubles du sommeil provoqués par le travail de nuit et lacécité.

On lui a aussi reconnu des actions anti-oxydantes,anticancéreuses, immunostimulantes, antidépressives,contraceptives et retardant le vieillissement. Chezl'homme, elle aurait un effet néfaste sur la sperma­togenèse.

La mélatonine suscite donc beaucoup d'intérêt mais il estdifficile de mesurer le retentissement précis d'unemolécule qui agit sur autant de facteurs différents.

Les études pharmacologiques sur son efficacité et satoxicité à long terme ne sont pas encore suffisantes etreprésentent un coût très important pour l'industriepharmaceutique. Or de telles études sont nécessaires pourobtenir l'autorisation de commercialiser une mélatoninede synthèse en Europe.

Deux laboratoires dans le monde étudient actuellementles agonistes de la mélatonine dans le but d'obtenir unemolécule pure et mieux maîtrisable pharmacologi­quement (6). Ces produits seront des médicaments etnécessiteront un agrément ; ils sont en phase dedéveloppement avancée, et il faudra encore un certaintemps avant qu'une commercialisation devienne possibleen Europe.

L'utilisation de la mélatonine dans le traitement du Jet-Iagne doit donc pas être encouragée actuellement car sasécurité n'est pas clairement établie; les effets secondairesà court terme semblent faibles mais leur fréquence et leursévérité n'ont pas encore été étudiées. Les effets à longterme ne sont pas connus en cas d'utilisation fréquente.Presque tous les auteurs soulignent la nécessité d'étudescomplémentaires.

46

Une manipulation moins intrusive de la mélatonineendogène peut être obtenue plus simplement parl'exposition à la lumière solaire.

Utilisation de la lumière

De nombreuses études ont montré que les rythmescircadiens humains répondaient à des stimulationslumineuses intenses atteignant 2500 Lux, particulièrementdans le champ de vision périphérique.

Cette thérapie est utilisée en pathologie du sommeil dansles syndromes d'avance et de retard de phase avec descasques à lumière et des panneaux lumineux ens'exposant durant 2 h, le matin si l'on doit avancer sesrythmes, le soir si on doit les reculer. Elle accélère lasynchronisation des rythmes sur un nouvel horaire, maiscertains auteurs estiment que les résultats sont modestes.

Pour traiter le Jet-Iag, le moment de l'exposition n'est pasle même selon le sens du décalage:

- dans un vol vers l'est qui raccourcit la journée, le sujetdoit se coucher plus tôt que son heure habituelle alorsqu'il n'a pas encore sommeil; il se trouve artificiellementen retard de phase; il doit donc s'exposer à la lumière vivele matin et l'éviter le soir afin d'avancer ses rythmes vers lematin. Des lunettes de soleil seront utiles en fin d'après­midi et le soir;

- inversement, dans un vol vers l'ouest, la journée estallongée, le sujet doit se coucher plus tard que son heurehabituelle et se trouve artificiellement en avance dephase; il doit éviter la lumière le matin et s'y exposer le soirpour retarder ses rythmes vers le soir.

En fait, l'important est le moment de l'éclairement parrapport au creux de la courbe de la température centrale:si l'éclairement se situe au moins 2 h avant le minimumthermique, il entraîne un retard de phase. S'il se situe aprèsle minimum thermique, il entraîne une avance de phase.Ce minimum survient vers 5 heures du matin mais il atendance à survenir plus tôt à partir de quarante cinq ans,et il ya au moins une heure d'écart entre un sujet du matinet un sujet du soir.

Des panneaux lumineux « bright light » sont en vente engrande surface pour environ 300 € ; ils délivrent uneluminosité d'au moins 2500 Lux. Ils pourraient être utiliséspour accélérer l'ajustement des rythmes lors des séjoursd'une durée au moins supérieure à 3 jours.

A noter que des luminosités beaucoup plus faibles à partirde 100 Lux peuvent déjà influencer la sécrétion demélatonine surtout pendant les périodes les plus sensiblesqui correspondent à l'aurore et au crépuscule, mais l'actionest d'autant plus rapide que la luminosité est plus forte.

MEDECINE DU SOMMEIL - Année 1- Avril - Mai - Juin 200S

Page 7: Le syndrome de décalage horaire ou Jet-lag Aspects pratiques

A. Gisquet, M.-A. Quéra Salva

CONCLUSION

La photothérapie et la mélatonine, bien connues du grandpublic pour réduire rapidement les effets du Jetlag, sontpeu utilisées en pratique courante et restent encore dudomaine expérimental.

Les stratégies de sommeil, le café, l'activité sportive en

lumière naturelle et l'environnement social sont souventles seuls traitements utilisés. Ils ne nécessitent qu'un peud'information, sont sans danger et sont efficaces.

Les somnifères sont un complément utile dans les casdifficiles.

En fin de compte, le traitement contre le Jetlag n'a guèreprogressé depuis 15 ans (8,9).

Il faut tenir compte des besoins spécifiques du patient:deux points de vue se différencient nettement:

- celui des voyageurs de moyens ou longs séjours dontl'activité, professionnelle ou touristique, se situe dans lepays d'arrivée et pour lesquels le réajustement desrythmes biologiques est rapidement nécessaire;

celui des voyageurs de très courts séjours,essentiellement les hommes d'affaires et les navigants

professionnels en courte rotation, pour lesquels uneadaptation dans les horaires d'escale équivaudrait à unsurcroît de fatigue avec, dans le cas des pilotes, unéventuel retentissement sur la sécurité de vol. Pour eux, lapriorité est d'éviter le plus possible la dette de sommeil endormant aux heures les plus adéquates.

MEDECINE DU SOMMEIL - Année 1- Avril- Mai· Juin 200S

Le syndrome de décalage horaire ou Jet-Iag

L'information sur les mécanismes du Jetlag est déjà mieux

connue des voyageurs. La photothérapie et les agonistes

de la mélatonine apporteront bientôt un confort

supplémentaire dans les voyages transméridiens pour

que volent les voyageurs! •

Références

1. Kronauer RE, et al. Mathematical mode of the human circadian system

with two interacting oscillators. Am J Physiol 7982; 242: R3-R 17.

2. Graeber R. Jet Lag and sleep disruption.ln : Principals and practice ofsleep

medicin. Kryger MH,Roth T, Dement WC (eds). W. B. Saunders Company 1989:

324-331.

3. Ferrer C. R. Bisson R, French J. Circadian Rhythm Desynchronosis in Military

Deployments: AReview ofCurrent Strategies. Av Sp Env Med 1995; 66: 571­

578.

4. Goldenberg F. Hypnotiques et sommeil. In : Le sommeil humain. Bases

expérimentales physiologiques et physiopathologiques. Benoit 0, Foret J(eds) Paris. Masson, 1992: 177-191.

5. Beaumont M et al. Caffeine or melatonin effects on sleep and sleepiness

after rapid eastward transmeridian travel. J Appl Physiol2004; 96(1) : 50-58.

6. Geoffriau M et al. The physiology and pharmacology of melatonin in

humans. Horm Res 1998; 49(3-4) : 136-141.

7. Thiéblot P, Benoit P, Tauveron 1. La Mélatonine "hormone miracle "ou simple

médiateur? Rev Prat MG 1996; 16-19(10): 356.

8. Moline M, Zendell S. Le Jet Lag, syndrome de décalage des transports

aériens intercontinentaux. Traduit par P. Genton. Bulletin Veille-Sommeil,

1991.

9. Gisquet A. Jet lag. Chronobiologie et troubles du sommeil. Med Aer Spat

1994; 33(129) : 50-57.

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A. Gisquet, M.-A. Quéra Salva

CONCLUSION

La photothérapie et la mélatonine, bien connues du grandpublic pour réduire rapidement les effets du Jetlag, sontpeu utilisées en pratique courante et restent encore dudomaine expérimental.

Les stratégies de sommeil, le café, l'activité sportive en

lumière naturelle et l'environnement social sont souventles seuls traitements utilisés. Ils ne nécessitent qu'un peud'information, sont sans danger et sont efficaces.

Les somnifères sont un complément utile dans les casdifficiles.

En fin de compte, le traitement contre le Jetlag n'a guèreprogressé depuis 15 ans (8,9).

Il faut tenir compte des besoins spécifiques du patient:deux points de vue se différencient nettement:

- celui des voyageurs de moyens ou longs séjours dontl'activité, professionnelle ou touristique, se situe dans lepays d'arrivée et pour lesquels le réajustement desrythmes biologiques est rapidement nécessaire;

celui des voyageurs de très courts séjours,essentiellement les hommes d'affaires et les navigants

professionnels en courte rotation, pour lesquels uneadaptation dans les horaires d'escale équivaudrait à unsurcroît de fatigue avec, dans le cas des pilotes, unéventuel retentissement sur la sécurité de vol. Pour eux, lapriorité est d'éviter le plus possible la dette de sommeil endormant aux heures les plus adéquates.

MEDECINE DU SOMMEIL - Année 1- Avril- Mai· Juin 200S

Le syndrome de décalage horaire ou Jet-Iag

L'information sur les mécanismes du Jetlag est déjà mieux

connue des voyageurs. La photothérapie et les agonistes

de la mélatonine apporteront bientôt un confort

supplémentaire dans les voyages transméridiens pour

que volent les voyageurs! •

Références

1. Kronauer RE, et al. Mathematical mode of the human circadian system

with two interacting oscillators. Am J Physiol 7982; 242: R3-R 17.

2. Graeber R. Jet Lag and sleep disruption.ln : Principals and practice ofsleep

medicin. Kryger MH,Roth T, Dement WC (eds). W. B. Saunders Company 1989:

324-331.

3. Ferrer C. R. Bisson R, French J. Circadian Rhythm Desynchronosis in Military

Deployments: AReview ofCurrent Strategies. Av Sp Env Med 1995; 66: 571­

578.

4. Goldenberg F. Hypnotiques et sommeil. In : Le sommeil humain. Bases

expérimentales physiologiques et physiopathologiques. Benoit 0, Foret J(eds) Paris. Masson, 1992: 177-191.

5. Beaumont M et al. Caffeine or melatonin effects on sleep and sleepiness

after rapid eastward transmeridian travel. J Appl Physiol2004; 96(1) : 50-58.

6. Geoffriau M et al. The physiology and pharmacology of melatonin in

humans. Horm Res 1998; 49(3-4) : 136-141.

7. Thiéblot P, Benoit P, Tauveron 1. La Mélatonine "hormone miracle "ou simple

médiateur? Rev Prat MG 1996; 16-19(10): 356.

8. Moline M, Zendell S. Le Jet Lag, syndrome de décalage des transports

aériens intercontinentaux. Traduit par P. Genton. Bulletin Veille-Sommeil,

1991.

9. Gisquet A. Jet lag. Chronobiologie et troubles du sommeil. Med Aer Spat

1994; 33(129) : 50-57.

47

A. Gisquet, M.-A. Quéra Salva

CONCLUSION

La photothérapie et la mélatonine, bien connues du grandpublic pour réduire rapidement les effets du Jetlag, sontpeu utilisées en pratique courante et restent encore dudomaine expérimental.

Les stratégies de sommeil, le café, l'activité sportive en

lumière naturelle et l'environnement social sont souventles seuls traitements utilisés. Ils ne nécessitent qu'un peud'information, sont sans danger et sont efficaces.

Les somnifères sont un complément utile dans les casdifficiles.

En fin de compte, le traitement contre le Jetlag n'a guèreprogressé depuis 15 ans (8,9).

Il faut tenir compte des besoins spécifiques du patient:deux points de vue se différencient nettement:

- celui des voyageurs de moyens ou longs séjours dontl'activité, professionnelle ou touristique, se situe dans lepays d'arrivée et pour lesquels le réajustement desrythmes biologiques est rapidement nécessaire;

celui des voyageurs de très courts séjours,essentiellement les hommes d'affaires et les navigants

professionnels en courte rotation, pour lesquels uneadaptation dans les horaires d'escale équivaudrait à unsurcroît de fatigue avec, dans le cas des pilotes, unéventuel retentissement sur la sécurité de vol. Pour eux, lapriorité est d'éviter le plus possible la dette de sommeil endormant aux heures les plus adéquates.

MEDECINE DU SOMMEIL - Année 1- Avril- Mai· Juin 200S

Le syndrome de décalage horaire ou Jet-Iag

L'information sur les mécanismes du Jetlag est déjà mieux

connue des voyageurs. La photothérapie et les agonistes

de la mélatonine apporteront bientôt un confort

supplémentaire dans les voyages transméridiens pour

que volent les voyageurs! •

Références

1. Kronauer RE, et al. Mathematical mode of the human circadian system

with two interacting oscillators. Am J Physiol 7982; 242: R3-R 17.

2. Graeber R. Jet Lag and sleep disruption.ln : Principals and practice ofsleep

medicin. Kryger MH,Roth T, Dement WC (eds). W. B. Saunders Company 1989:

324-331.

3. Ferrer C. R. Bisson R, French J. Circadian Rhythm Desynchronosis in Military

Deployments: AReview ofCurrent Strategies. Av Sp Env Med 1995; 66: 571­

578.

4. Goldenberg F. Hypnotiques et sommeil. In : Le sommeil humain. Bases

expérimentales physiologiques et physiopathologiques. Benoit 0, Foret J(eds) Paris. Masson, 1992: 177-191.

5. Beaumont M et al. Caffeine or melatonin effects on sleep and sleepiness

after rapid eastward transmeridian travel. J Appl Physiol2004; 96(1) : 50-58.

6. Geoffriau M et al. The physiology and pharmacology of melatonin in

humans. Horm Res 1998; 49(3-4) : 136-141.

7. Thiéblot P, Benoit P, Tauveron 1. La Mélatonine "hormone miracle "ou simple

médiateur? Rev Prat MG 1996; 16-19(10): 356.

8. Moline M, Zendell S. Le Jet Lag, syndrome de décalage des transports

aériens intercontinentaux. Traduit par P. Genton. Bulletin Veille-Sommeil,

1991.

9. Gisquet A. Jet lag. Chronobiologie et troubles du sommeil. Med Aer Spat

1994; 33(129) : 50-57.

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