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Le journal mensuel et gratuit des Jeunes Européens-Bordeaux
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Le Taurillon dans
l’Arène
Dans ce numéro : Edito 1
L’Euro, notre économie et notre monnaie
2
Quelle défense pour
l’Europe ?
3
Gestion durable des forêts : l’UE sort du bois !
4
et
5
L’entrée de la Croatie dans l’Union européen-ne, compromise par une décision du TPIY
6
L’avortement en Europe
7
Agenda 8
Profession de foi d’un Européen convaincu
Qui dit mois de mai, dit Fête de
l’Europe pour les Européens que
nous sommes. A l’image du 14
juillet pour les Français, les
Européens ont leur fête et cette
fête tombe le 9 mai. Elle commé-
more le « discours de l’Horloge »
du 9 mai 1950 prononcé par
Robert Schuman, alors ministre
français des Affaires étrangères.
Ce discours, qui marque le début
de la construction européenne,
posait les premières pierres de
la réconciliation franco-
allemande. Schuman, inspiré de
Jean Monnet, a proposé aux
Allemands de mettre en com-
mun leur charbon et leur acier,
de sorte que ces matières, qui
leur servaient à se faire la guer-
re, deviennent un bien commun
qu’ils auraient intérêt { proté-
ger. Alors que les blessures de la
Seconde Guerre mondiale n’é-
taient pas encore pansées, il lui a
fallu une sacrée dose d’audace
mais aussi de courage politique
pour proposer un tel plan. L’His-
toire démontrera que ce fut une
réelle réussite : après le charbon
et l’acier, c’est l’ensemble des
biens que nous avons partagé
avec nos voisins européens.
L’idée qui a conduit { la cons-
truction européenne était sim-
ple : comment garantir la paix
aux citoyens des pays euro-
péens ? La réponse n’a pas été
beaucoup plus compliquée :
mettre en commun nos biens et
nos richesses, afin d’être plus
forts ensemble. Cela fait mainte-
nant plus de 60 ans que cette
construction européenne garan-
tit la paix à nous tous, citoyens
européens.
Beaucoup estiment, à raison,
que cela n’est plus suffisant.
C’est vrai ! Mais c’est au moins
un élément nécessaire et indis-
pensable que nous, jeune géné-
ration, nous nous devons de ne
pas oublier.
C’est pourquoi les Jeunes Euro-
péens militent pour la construc-
tion européenne, non pas de
façon béate, approuvant tout ce
qui est estampillé « UE », mais
en tant que citoyens, critiques et
exigeants. Nous ne confondons
pas l’Europe et sa raison d’être
avec ceux qui la gouvernent, s’en
servent parfois, et la rejettent
d’autres fois. Nous dénonçons
avec vigueur et sincérité les
comportements opportunistes
de nos dirigeants quand ils ne
vont pas dans le sens de l’inté-
rêt européen. Les Hommes qui
les ont précédés pour écrire
cette page de l’Histoire méri-
tent que l’on porte le même
idéal qu’eux, et c’est la raison
pour laquelle nous militons.
Nous le faisons en dehors de
tout clivage partisan avec des
adhérents de toutes les croyan-
ces politiques. Ce qui nous
réunit c’est la croyance en cette
Europe, que l’on soit de gauche
ou de droite, d’un centre ou
d’un autre, vert ou rouge, nous
pensons que l’Union européen-
ne et ses 500 millions de ci-
toyens sont un ensemble qui
compte, que c’est au sein de cet
ensemble que nous pourrons le
mieux défendre nos intérêt, et
qu’enfin c’est clairement le
combat politique de notre gé-
nération. Alors, pour cette fête
de l’Europe 2011, rejoignez-
nous !
Nicolas Jean
Mai 2011, n° 14
Les Jeunes Européens-Bordeaux au pique-nique européen - avril 2010 (par Matthieu Dubourg)
Page 2
L’euro, notre économie et notre monnaie
Retrouvez ces
articles sur le
Taurillon.org !
La crise financière alimentée par les marchés et passée { l’économie réel-le a démontré les faiblesses structu-relles de nos économies européen-nes. Pour de nombreux politiques et chroniqueurs constatant les effets et conséquences de la crise, la monnaie unique est digne de tous les maux. D’autres esprits chagrins allant jus-qu’{ prôner un retour aux monnaies nationales et le recours aux dévalua-tions dénoncent la perte de la souve-raineté économique et la rigueur meurtrière de Frankfort sur le pa-nier de la ménagère européenne. Le mois dernier, Le Taurillon a fait le point sur l’état de santé de l’euro et sur la portée d’une Union monétaire en situation de crise. La gouvernance économique européenne se doit être réformée. À la croisée des chemins l’Europe doit faire le choix entre replis nationaux et intégration des politiques économiques européen-nes. Quelles solutions sont envisa-gées et quelle est la pertinence d’un regard fédéraliste sur cette crise ?
L’euro symbole fort de l’intégra-tion européenne :
N’en doutons pas l’euro est l’épou-vantail des détracteurs de l’intégra-tion européenne et des partisans du repli national, c’est avant tout { ce titre que la monnaie unique est dé-criée comme gabegie économico-politique des autocrates de l’axe Frankfort-Bruxelles. L’euro est la concrétisation d’une politique moné-taire commune. Que dénoncent-ils ? Une perte de notre souveraineté monétaire ? Les Etats membres ont décidé de mettre une partie de leur souveraineté en commun par le biais de transferts. Que dire des souverai-netés nationales isolées { l’heure de la mondialisation, alors que les nou-velles puissances économiques com-
me la Chine tendent à faire la pluie et le beau temps sur les marchés financiers ? Un euro trop fort puis un euro trop faible ? L’euro, monnaie récente, a eu besoin d’ancrer sa légi-timité sur les marchés, aujourd’hui sa dégringolade est commentée avec frayeur. Or l’euro retrouve sa valeur normale ; la valeur à parité de pou-voir d’achat de l’euro par rapport au dollar est entre 1,15 dollar et 1,2 dollar, nous nous en approchons ce qui est bon signe. Comment justifier un retour aux monnaies nationales qui, en période de crise, engendre-rait une envolée des taux d’intérêts, une explosion des endettements, le recours aux dévaluations ou encore la fuite des capitaux ? Le Taurillon et les Jeunes Européens-France dénon-cent ces stratégies politiques d’ap-prentis sorciers, faisant des citoyens les otages d’une désinformation, au moment même où se profilent les candidatures aux présidentielles de 2012.
Une coordination des politiques économiques européennes laxiste
et insuffisante
Ne tombons pas dans l’excès inverse, il y eu de graves manquements dans les premières années de la zone eu-ro, qui ont conduit la crise { l’extrê-me, notamment en Grèce ou en Ir-lande. L’Union économique et moné-taire (UEM) souffre cruellement d’insuffisances et d’un laxisme des dirigeants européens en matière de politique économique européenne. Comment penser la création d’une politique monétaire sans coordina-tion effective des politiques écono-miques ? Aujourd’hui le défi { rele-ver est à la fois politique et économi-que. A travers les hésitations de l’Allemagne jouant d’arguments juridiques, nous avons vu les limites
d’une gestion intergouvernementale qui a un temps amplifiée la crise. L’Union doit se doter d’un mécanis-me permanent de gestion de la crise qui responsabilise les Etats et qui garantisse une gouvernance démo-cratique par l’intermédiaire du Par-lement européen. Des initiatives telles que les euro-obligations, qui permettraient la mise en commun d’une partie de la dette, va dans le bon sens. La gestion nationale et discrétionnaire des politiques bud-gétaires a amplifié la crise, une meilleure utilisation des mécanis-mes de surveillance est à prévoir. A cela s’ajoutent les écarts de compé-titivité entre Etats que les stratégies européennes actuelles ont du mal à cibler mais aussi la compétitivité de l’Union { l’extérieur avec un man-que cruel de stratégie commune lors des grandes rencontres comme celles du G20. Les Etats membres sont actuellement face à une inter-rogation politique importante qui conditionnera la viabilité de l’Union européenne dans les années à venir. Soit ils font le choix de restreindre leurs marges de manœuvre nationa-les pour élaborer des réponses eu-ropéennes à la mesure des défis d’une économie mondialisée, ou bien de limiter l’empreinte euro-péenne sur les politiques nationales en risquant de se soumettre sur le long terme aux choix économiques et politiques des économies émer-gentes.
Pierre-Jean Verrando, président des Jeunes Européens - France
Source : fdecomite, sur Flickr certains droits réservés
Page 3
Quelle défense pour l’Europe ?
Source : Kévin Perrottet
A l’occasion de leur conférence « Quelle défense pour l’Europe ? », les Jeunes Européens - Bordeaux ont reçu, mercredi 30 mars 2011, le Contre-amiral Jean Dufourcq, direc-teur à l'institut de Recherche straté-gique de l'École militaire et rédac-teur-en-chef de la revue Défense nationale, ainsi qu’Olivier Védrine, membre du Team Europe (réseau de conférenciers de l’Union européen-ne) et président du Collège Atlanti-que-Oural. Cette rencontre a permis de dresser un bilan de l’Europe de la défense et de s’interroger sur les défis que devra relever l’Union euro-péenne afin de mener à terme cet ambitieux projet.
L’actualité récente a offert de multi-ples exemples témoignant de l’im-passe dans laquelle semble se trou-ver la défense européenne. Les ac-cords franco-britanniques signés en novembre dernier, notamment, re-présentent un recul dans le proces-sus de construction d’une défense commune dans la mesure où ils lais-sent { l’écart les autres Etats mem-bres. Le retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN constitue également un frein au dé-veloppement d’une défense euro-péenne indépendante de l’Alliance atlantique. Enfin, plus récemment, c’est la question de l’intervention en Libye qui a mis en lumière la persis-tance de divergences au sein de l’U-nion européenne concernant les problèmes militaires. Il apparaît donc que, dans le domaine de la dé-fense comme dans d’autres, l’Europe ne parvienne pas { parler d’une seu-le voix.
Dans ce contexte, la conférence a permis de souligner certaines diffi-cultés inhérentes au projet de défen-se européenne. Comme l’a fait re-marquer à juste titre le Contre-amiral Durfourcq, dans le passé, les Etats européens n’avaient été en guerre qu’avec leurs voisins directs. A ses débuts, la construction euro-péenne était d’ailleurs une réponse au drame des deux guerres mondia-les nées sur le continent. En ce sens, la notion même de défense en Euro-pe s’est trouvée ainsi anéantie par l’intégration européenne. Qui est « l’ennemi » désormais ?
Le Contre-amiral Dufourcq a rappelé que l’Europe est faite de visions conditionnées par le positionnement
géopolitique de chaque Etat, de vi-sions qui ne sont pas nécessaire-ment convergentes. Le Royaume-Uni s’est pour sa part toujours attaché { éviter le rassemblement continental par crainte de l’émergence d’une puissance qui pourrait lui dicter sa loi. Londres souhaite une coalition tournée vers l’Atlantique et regarde la Russie comme un espace hostile. L’Allemagne témoigne quant { elle d’une vision continentale de la réali-té géopolitique européenne et en-tend s’appuyer sur le triangle de Weimar, c’est-à-dire l’axe Paris-Berlin-Varsovie, pour assurer la paix en Europe. Enfin, la France a déve-loppé au cours de son histoire une posture complète et globale qui ten-te de tirer tous les avantages qu’elle peut de son potentiel géographique, militaire et industriel. La vision fran-çaise repose sur trois dimensions : continentale, méditerranéenne et atlantiste. La construction d’une défense européenne ne peut ainsi être que la synthèse de ces trois visions distinctes, mais aussi de cel-les des autres Etats membres. La Pologne notamment a un intérêt particulier en tant qu’Etat tampon entre les sphères d’influence de l’Eu-rope et de la Russie. Le constat de ces divergences suggère alors que le premier obstacle à la construction d’une Europe de la défense réside probablement dans la définition de ses objectifs.
Olivier Védrine a, quant à lui, tenu à insister sur l’importance de l’axe Paris-Berlin-Moscou. Il a rappelé que, pour la première fois depuis Yvan le Terrible (1530-1584, pre-mier tsar de Russie), l’ennemi de la Russie ne se trouve plus { l’Ouest
mais { l’Est, vers d’Extrême-Asie. Il faut donc promouvoir le rapproche-ment avec cette Russie qui se dé-couvre européenne depuis la fin de la Guerre froide. Dans cette pers-pective, la réorganisation de l’OSCE permettrait d’intégrer les intérêts de l’OTAN, de l’Union européenne et de la Russie, sans menacer les inté-rêts de l’OTSC. A ce premier défi, le Contre-amiral en ajoute deux, souli-gnant ainsi que l’Eurasie, l’Euro-méditerranée et l’Euratlantique sont les trois axes que l’Union euro-péenne doit privilégier. Ces espaces font en effet partie de notre voisina-ge immédiat : nous subissons ce qui s’y passe ou nous en profitons. Nous devons donc leur proposer une inté-gration sous une forme ou sous une autre
Enfin, Olivier Védrine n’a pas man-qué de souligner que, { l’instar du pouvoir américain qui relève à la fois du hard et du soft power, une « Europe puissance » appelle une « Europe politique ». Le retour des nationalismes nuit ainsi { l’Europe en tant que puissance globale. L’ab-dication de la défense s’explique avant tout par un manque de vision politique, peut-être dû à des élargis-sements trop rapides. Au terme de la conférence, il est donc apparu que la nécessaire union se ferait autour d’un noyau dur, probable-ment autour d’un axe Paris-Berlin, et que cette union devrait impérati-vement être incarnée par des repré-sentants plus emblématiques d’une volonté de s’affirmer sur la scène internationale que l’actuel triumvi-rat Barroso-Van Rompuy-Ashton.
Constance Magnanou
Page 4
Gestion soutenable des forêts : l’UE sort enfin du bois !
Source : (de gauche à droite) Christian Pinaudeau, Gérard Dussouy, Yohan Baril, et
Carlos Alves (par Matthieu Dubourg)
Dans le cadre de l’année internatio-
nale des forêts et de la semaine du
développement durable, les Jeunes
Européens-Bordeaux ont organisé le
jeudi 7 avril un café-débat sur le rôle
de l’Union européenne (UE) dans la
gestion durable des forêts. Retour sur
cette thématique pour que vous ne
regardiez plus de la même façon la
forêt des Landes, votre chaise ou bien
encore votre journal préféré, le Tau-
rillon dans l’Arène !
L’arbre qui cache une forêt de me-
naces et d’opportunités
Si vous pensez encore qu’une forêt
n’est une succession d’arbres, vous
faites l’impasse sur bon nombre de
services qu’elle nous offre gratuite-
ment chaque jour comme la filtra-
tion de l’eau douce, la limitation de
l’érosion des sols, la régulation des
précipitations, l’hébergement de la
moitié de la biodiversité terrestre, le
stockage du carbone, la protection
contre les tempêtes et les raz-de-
marée, la contribution à de nom-
breuses activités de subsistance ou
récréatives (chasse, cueillette, pro-
menade) ainsi que l’un des berceaux
de l’innovation, de l’art, de la spiri-
tualité et de traditions culturelles.
Nous avons donc de la chance puis-
que les surfaces boisées s’étendent {
nouveau dans l’UE en atteignant
aujourd’hui environ 35 % de sa su-
perficie (soit 160 millions d’hecta-
res) alors que la moyenne annuelle
mondiale est une déforestation de
13 millions d’hectares (l’équivalent
de la superficie de la Grèce). Cepen-
dant, la vigilance doit être de mise
derrière ces chiffres car la plupart
des forêts sont fragmentées, jeunes
(moins de 100 ans) et elles peuvent
perdre 90 % de leur biodiversité en
passant d’un état naturel { une plan-
tation composée d’une seule espèce.
L’UE ne pouvait pas passer { côté
d’un sujet si essentiel. Elle a donc,
depuis le début des années 1990,
proposé des solutions pour que l’ex-
ploitation des forêts en Europe et
dans le Monde ne se fasse pas au
détriment des êtres humains et de la
planète.
Les décisions prises pour les forêts
européennes
L'UE a tout d’abord fait un pas im-
portant vers la préservation des
forêts européennes à travers la créa-
tion, en 1992, d’un réseau de sites de
protection de la nature, appelé
« Natura 2000 ». Près de 30 % des
sites Natura 2000 comprennent des
habitats forestiers et 30 % contien-
nent des éléments boisés et des es-
pèces apparentées. De plus, la mise
en place de la stratégie forestière de
l’Union européenne (en 1998) et de
son plan d’action (en 2006) a per-
mis de mettre en application les
objectifs relatifs à une gestion sou-
tenable des forêts (notamment ceux
des conférences européennes sur la
protection des forêts, les objectifs
de Lisbonne concernant la croissan-
ce économique durable et la compé-
titivité, et ceux de Göteborg relatifs
à la préservation quantitative et
qualitative des ressources naturel-
les).
Concrètement, cela se traduit par
des engagements financiers impor-
tants. D’une part, 9 { 10 milliards
d'euros sur la période 2007-2013
(un doublement par rapport à la
période précédente) via le Fonds
européen agricole pour le dévelop-
pement rural. En effet, les 344 000
entreprises de la filière bois
(sylviculture, construction, indus-
trie du papier, des emballages, de
l’édition, du recyclage, etc.) em-
ploient plus de trois millions d’euro-
péens et totalisent chaque année un
chiffre d’affaires d’environ
350 milliards d’euros. Les forêts
peuvent également compter sur le
règlement « Forest Focus » de 2007
et son instrument financier
« Life+ », doté d’un budget de 2,14
milliards d'euros (pour la période
2007-2013). Forest Focus contribue
ainsi à la protection des forêts
contre la pollution de l’air, l’érosion
de la biodiversité et le changement
climatique, ainsi qu’{ la prévention
des incendies et à l'évaluation des
activités de surveillance.
Les actions de l’UE en faveur des
forêts dans le monde
L’UE est l’un des principaux impor-
tateurs de bois sur la planète. Or, le
WWF et Greenpeace estiment que
20 % du bois commercialisé en Eu-
Page 5
Europe est d’origine illégale. Pour
protéger à la fois les forêts tropica-
les, ses habitants et les acteurs res-
ponsables qui effectuent une exploi-
tation soutenable et achètent du bois
certifié, les institutions européennes
ont pris les devants en interdisant
sur le marché européen tout bois ou
produit dérivé issu d’une exploita-
tion illégale. Renforcé par les euro-
députés, le règlement du 20 octobre
2010 (dit « FLEGT ») est entré en
vigueur et sera appliqué en mars
2013.
Au niveau international, l’UE s’est
également engagée à appliquer les
décisions politiques prises ces der-
niers mois. Notamment, en octobre
2010, lors du Sommet de Nagoya sur
la biodiversité dont un des objectifs
est de réduire de moitié au moins le
rythme d’appauvrissement de tous
les habitats naturels. De même, lors
de la conférence de Cancun sur les
dérèglements climatiques (en dé-
cembre 2010) où le mécanisme
« REDD+ » a été précisé. « Réduire
les Emissions issues de la Déforesta-
tion et de la Dégradation des forêts »
se réalise en valorisant financière-
ment les arbres debouts plutôt qu’a-
battus. Il s’agit donc de prévenir les
émissions de carbone et d’inciter {
sa séquestration tout en promouvant
une gestion qui bénéficie aux per-
sonnes qui vivent de la forêt. Plu-
sieurs milliards d’euros sont espérés
de la part des pays responsables de
l’élévation de la température
moyenne sur la planète afin d’ali-
menter ce mécanisme innovant qui
entrera en fonction en 2013.
Au final, bien que les forêts euro-
péennes se caractérisent par une
grande diversité de conditions géo-
graphiques, climatiques et socio-
économiques, l’UE a réussi { mettre
en place les premiers éléments d’u-
ne stratégie forestière cohérente.
Cependant, on peut toujours repro-
cher aux institutions communautai-
res de ne pas aller assez loin, assez
vite.
La meilleure solution pour entraîner
le changement est donc que chaque
citoyen européen se saisisse très
concrètement du sujet et montre son
intérêt pour une gestion soutenable
des forêts : en entamant la conversa-
tion avec vos proches et vos élus, en
recyclant vos déchets en bois, en
achetant des produits (meubles, bois
-énergie, emballages, impressions)
recyclés et/ou labellisés (Ange bleu,
écolabel européen, PEFC et surtout
FSC, seul label international qui ga-
rantit à la fois une gestion soutena-
ble des ressources, les droits des
salariés de la filière et ceux des ha-
bitants qui vivent de la forêt).
En décrétant 2011 « année interna-
tionale des forêts », l’ONU réussi {
mettre en lumière la nécessité de
plus et mieux protéger ces écosystè-
mes, et surtout leur rôle essentiel
pour la survie des populations loca-
les et le bien-être de chaque être
vivant sur Terre. L’année ne fait que
commencer : « Aux arbres, ci-
toyens ! »
Matthieu Dubourg
Fête de l’Europe 2011
Les Jeunes Européens-Bordeaux partici-
pent { la fête de l’Europe !
Découvrez l’Europe dans toute sa diversi-
té et sa richesse du 9 au 2 1mai ! Nom-
breuses expositions, dégustations, anima-
tions, concerts et même projections de
films, vous sont proposés !
Venez à la rencontre des défenseurs de
l’Europe et débattre avec eux ! Retrouvez
tout le programme sur :
www.europe-bordeaux.eu.
L’entrée de la Croatie dans l’Union européenne, compromise par la décision du TPIY ?
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Le 15 avril dernier, le général Ante Gotovina a été condamné à 24 ans de prison pour crime de guerre par le Tribunal pénal international pour l’Ex-Yougoslavie (TPIY). En juin 2001, le général Ante Gotovi-na est inculpé par le procureur Carla Del Ponte pour crime de guerre. En 2005, la candidature d’entrée de la Croatie dans l’Union européenne est bloquée : l’Etat croate est en effet soupçonné de dissimuler le Général, en fuite depuis quatre ans… soup-çons qui seront par la suite démen-tis. Le 7 décembre 2005, Ante Goto-vina est arrêté en Espagne, et sera incarcéré { La Haye, dans l’attente de son procès. Durant ce procès, il a été établi que le général a fermé les yeux sur des exactions commises contre les Ser-bes durant l’opération « Tempête », qui avait pour but de mettre fin à la rébellion séparatiste serbe, partisan de la « Grande Serbie » dans la ré-gion de la Krajina. Cette opération a permis de précipiter la fin d’un conflit qui aurait duré encore long-temps et aurait fait d’encore plus nombreuses victimes dans les deux camps.
Le 15 avril dernier, le verdict est rendu et retransmis sur la place principale de Zagreb. La sentence déclenche la consternation, la tris-tesse et la colère de beaucoup de croates. Le Premier Ministre, Mada-me Jadranka Kosor considère le ver-dict « choquant et inacceptable ». Le général est en effet condamné à 24 ans de prison ferme.
La condamnation de Gotovina, un laissez-passer pour l’UE ?
Le 16 avril, 30 000 personnes ont manifesté dans les rues de Zagreb où des drapeaux de l’Union européenne ont été brûlés. On peut voir dans de nombreuses villes des bannières sur lesquelles sont inscrits ces mots : « Gotovina libre, non { L’Europe ». En effet, dans la conscience des Croates, la condamnation du Général est étroitement liée à la volonté du gouvernement d’entrer dans l’Union européenne. Or l’article 135 de la Constitution croate prévoit que l’ad-hésion et la signature d’un traité doit être soumis à un référendum. Mais dans de telles circonstances, il est probable que le résultat de ce der-nier soit négatif, symbolisant un rejet net de l’Union européenne par le peuple croate. Bien que ce ne soit pas le sens de la décision du TPIY, beaucoup de Croa-tes assimilent cette condamnation à une remise en cause de la légitimité de la guerre ayant conduit { l’indé-pendance de la Croatie. Inversant ainsi les rôles d’agressé/agresseur, le TPIY ferait d’un héros national pour les Croates, un criminel. Alors que le devoir de mémoire fait partie intégrante de l’éducation, il est alors demandé aux Croates de renier ceux qui leur ont rendu la liberté. Mais tel n’est pas dans le tempérament de ce peuple, et l’atta-chement qu’il porte au général Ante Gotovina pourrait compromettre fortement l’entrée dans l’Union eu-ropéenne. La question qu’il faut se poser est :
étaient-ils prêts ? Un pays dont l’indépendance est si récente, un peuple dont le cœur est empli de patriotisme est-il prêt à s'associer de nouveau avec d'autres Etat, sachant que la dernière asso-ciation qu'était la Yougoslavie s'est soldée par une guerre ?
N’a-t-on pas voulu aller trop vite dans l’intégration de nouveaux pays ? Une Europe forte doit être une Europe unie, pas une longue liste de pays sur un traité. Unis dans la diversité, oui car l’union fait la force, pas le nombre !
Maud Zupanic « L'histoire d'un
tiraillement entre mon sang croate et
mon cœur européen » Retrouvez la décision et
l’ensemble des affaires
jugées par le Tribunal
pénal international
pour l’Ex-Yougoslavie :
www.icty.org
Page 7
L’avortement en Europe
Source : « Tear » par Gideon van der Stelt, certains droits réservés
De plus en plus, en France et en Euro-pe, on évoque les « racines chrétien-nes » de notre vieux continent. Raci-nes chrétiennes qui sont souvent mon-trées comme ayant enrichi culturelle-ment nos pays, mettant de côté les aspects plus contraignants de la reli-gion : les difficultés liées au droit à l’IVG en sont des témoins plus qu’élo-quents. En effet, on remarque des inégalités flagrantes en ce qui concer-ne l’accession à l’IVG, souvent reliées au poids de la religion.
Avorter en Europe : entre délais permissifs et prohibition totale
Il n’existe aucune harmonie euro-péenne, malgré de vaines volontés de la part de Bruxelles, en ce qui concerne le délai autorisant l’inter-ruption volontaire de grossesse. La plupart des lois en la matière ont fleuri pendant les années 1970 en Europe de l’Ouest.
L’Est de l’Europe, la Roumanie ex-ceptée, était soumise au régime de l’URSS : avortement légal jusqu’{ 12 semaines d’aménorrhée (absence de menstruations). Aujourd’hui, la plu-part des pays européens autorisent l’avortement d’après la seule volonté de la femme, entre 10 et 24 semai-nes depuis les dernières menstrua-tions.
Certains pays résistent, d’une certai-ne manière, à ce qui est considéré aujourd’hui comme un progrès cer-tain pour les droits des femmes, au premier rang desquels on trouve la Pologne, l’Irlande et Malte. Dans ces trois pays, l’imprégnation de l’Église catholique est certaine et pourrait expliquer cette interdiction : la loi polonaise mettant en place cette prohibition date de 1989, chute du régime soviétique.
Malte fait partie de ces pays qui ont encore une religion d’État, le catholi-cisme romain. Enfin, l’Irlande est un pays très catholique, qui a même fait inscrire dans sa Constitution en 1983 un article pour la protection de la vie de l’embryon, sauf en cas de danger de mort pour la mère. Par ailleurs, Chypre n’autorise l’avorte-ment qu’en cas de viol ou de danger certain pour la mère ou l’embryon.
En 2005, lors de leur adhésion à l’Union européenne, la Pologne et Malte avaient même tenté de faire inscrire dans le traité d’accession signé avec les Quinze une déclara-tion rendant immuable l’interdic-tion, chez eux, de l’avortement. Les autres pays ont refusé.
Un accès à l’avortement malgré tout semé d’embûches
Malgré toutes ces lois facilitant l’ac-cès { l’avortement, il reste difficile, dans les faits, d’accéder { l’avorte-ment. L’éducation { la sexualité est souvent insuffisante et l’accompa-gnement psychologique avant et après un avortement (qui n’est pas un acte anodin) n’est pas monnaie courante.
En France, le rendez-vous avec un psychiatre avant l’avortement dé-pend des centres IVG et des hôpitaux et l’accompagnement post-IVG n’of-fre bien souvent qu’un service dans le lieu même de l’acte. La majorité des soignants s’accorde pour dire qu’il faudrait un suivi plus poussé pour prévenir le traumatisme post-abortif.
Par ailleurs, en octobre 2010, le Conseil de l’Europe a voulu régle-menter le droit { l’objection de cons-cience, provoquant une levée de
boucliers de la part des associations pour la vie et chrétiennes, notam-ment.
Finalement, le projet a été abandon-né. Il n’en reste pas moins qu’{ l’heure actuelle de moins en moins de soignants sont attirés par les services d’IVG, ce qui remet claire-ment en cause, de manière concrète, la possibilité de recourir à une IVG dans les délais légaux. En effet, si aucun médecin ne peut pratiquer l’opération ou prescrire la pilule abortive (jusqu’{ 7 semaines d’amé-norrhée), avorter peut devenir un parcours de la combattante.
L’espace Schengen de l’avorte-ment
En effet, lorsque le délai est dépassé dans son pays, une femme peut profiter des frontières ouvertes et aller avorter { l’étranger. Ainsi, en-viron 20 000 Irlandaises viennent chaque année au Royaume-Uni pour bénéficier d’un avortement.
En France, c’est souvent en Espagne que vont les femmes en détresse qui ont dépassé les 12 semaines autori-sées depuis l’amendement { la loi Veil de 2001. L’Espagne a, depuis 2010, une loi autorisant l’avorte-ment sans aucun délai. Cependant, il faut quand même un voire plusieurs avis médicaux pour avorter quand la grossesse est avancée.
L’Union européenne n’a aucune compétence pour légiférer sur une harmonisation autour des lois sur l’avortement. Pourtant, dans une résolution du 3 juillet 2002, le Par-lement européen recommande la légalisation aux États membres. Les « racines chrétiennes » de l’Union européenne ne semblent pas pou-voir empêcher le recul des législa-tions favorables { l’interruption volontaire de grossesse.
Stéphanie Khoury
Comparatif de Toute l’Europe :
le droit { l’avortement dans les
Etats membres sur
www.touteleureope.eu
Données de l’ONU : Lois sur l’a-vortement dans les différents
pays sur www.un.org
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Le Taurillon dans l’Arène est la version bordelaise, mensuelle et papier du Taurillon.org, le magazine en ligne des Jeunes Européens-France. Il regroupe les articles publiés par les Jeunes Européens-Bordeaux et vous informe sur les prochains activités de l'association. Notre objectif est de montrer que la construction européenne ne se limite pas aux institu-
tions et de promouvoir une Europe citoyenne.
Si vous souhaitez participer { la rédaction du journal ou nous donnez votre avis, n’hésitez pas et écrivez-nous à [email protected]
Editeur de publication : Association Les Jeunes Européens - Bordeaux , [email protected]
Directeur de publication : Yohan Baril Rédactrice en chef : Marine Privat
Relecture : Stéphanie Khoury
Assistance maquette : Ophélie Duprat Imprimeur : COREP Pessac 1, 158, avenue du Dr Schweitzer, 336000 PESSAC
Dépôt légal : à parution ISSN : 2112-3497
Ce numéro a été imprimé grâce au financement de l’Université Montesquieu Bordeaux IV, Sciences Po
Bordeaux et l’Université Bordeaux I.
L’Agenda - mai 2011
Vendredi 6, Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine, salle 2 :
Séminaire de l'unité Europe-Européanité-Européanisation (EEE -FRE3392 - CNRS / Bordeaux3)
sur les « Signes religieux dans la sphère publique en Europe », animé par Wanda Mastor, professeu-
res de Droit public à l'Université Toulouse 1 sur « Le débat sur les signes religieux dans l'espace public
en France et en Europe : aspects constitutionnels ».
Quinzaine de l’Europe
(intégralité du programme sur www.europe-bordeaux.eu)
Lundi 9 : Lancement de la Fête de l’Europe
Soirée festive 17h30-22h, place Jean Jaurès
Exposition, concert, inauguration officielle, projection du film témoignage « Diversité des regards sur
l’Europe », co-organisé par les Jeunes Européens-Bordeaux.
Dimanche 15, 10h30-18h, Quai Richelieu, (en face de la Maison écocitoyenne)
Village de l’Europe : stand d’information et de présentation des JE-Bordeaux et Euroquiz (nombreux
lots à gagner !).
Lundi 16, 18h-20h, Conseil régional, salle plénière :
Conférence « Régions européennes – Leur Représentation auprès de l’Union européenne », organisée
par le Mouvement européen-Gironde, la MEBA et le Magazine Objectif Aquitaine.