Le Temps des bilans? Dictionnaires et encyclopédies

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Le Temps des bilans? Dictionnaires et encyclopédiesDizionario di Sociologia e antropologia culturale by Sabino Acquaviva; Enzo Pace; Dictionnairede la vie spirituelle by Stefano De Fiores; Tullo Goffi; Dizionario degli Istituti di Perfezioneby Guerrino Pellicia; Giancarlo Rocca; Dictionnaire des Religions by Paul PoupardReview by: Jean SéguyArchives de sciences sociales des religions, 29e Année, No. 58.2 (Oct. - Dec., 1984), pp. 205-210Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30125424 .

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Arch. Sc. soc. des Rel., 1984, 58/2 (octobre-decembre), 205 - 210 Jean SIGUY

LE TEMPS DES BILANS? DICTIONNAIRES ET ENCYCLOPEDIES

Apropos de:

Sabino ACQUAVIVA et Enzo PACE (eds.), Dizio- nario di Sociologia e antropologia culturale. Assise. Cittadella, 1984, 630 p. (Dizionari tascabili Ce). Stefano DE FIORES et Tullo GOFFI (eds.), Diction- naire de la vie spirituelle. Paris, Ed. du Cerf, 1983,, XII-1246 p. Guerrino PELLICIA et Giancarlo ROCCA (eds.), Dizionario degli Istituti di Perfezione. Rome, Ed. Paoline, 1983, t. 7, XXVI-2078 p. Paul POUPARD (ed.), Dictionnaire des Religions. Paris, P.U.F., 1984, XIV-1830p.

A-t-on jamais vu paraitre autant de dictionnaires et d'encyclopedies qu'au- jourd'hui ? Tous les savoirs et beaucoup de savoirs-faire, tous les groupes d'iges et diff6rents groupes diversement differencies possedent les leurs. En toutes les langues, c'est une floraison, comme l'histoire de l'humanite, filt-elle occidentale, n'en avait jamais connu jusqu'ici. De nombreuses motivations et des facteurs varies sont ici i l'oeuvre: recherche du gain, dans la logique d'une economie ca- pitaliste, strategies d'editeurs, strategies de nature ideologique aussi de la part des directeurs de publication et des auteurs, reponse i des besoins pedagogiques, desir scientifique enfin de dresser un bilan i un tournant dans l'histoire du savoir.

Il entre un peu de tout cela sans doute -et encore plus- dans les publica- tions ici retenues. On se contentera de les commenter du point de vue de leur uti- lite pedagogique ou scientifique, en tant que bilans et outils dans le champ des sciences sociales et de celles des religions en particulier.

DE LA SOCIOLOGIE EN GENERAL

Le Dictionnaire de la sociologie et de l'anthropologie culturelle dirige par S. Acquaviva et E. Pace, tous deux de l'Universite de Padoue, fait penser par

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

son organisation interne au recent Dictionnaire critique de la sociologie de R. Boudon et F. Bourricaud (Arch., 55, no 312). Mais de l'un a l'autre on cons- tate la difference separant une oeuvre ecrite dans une perspective theorique bien precise (le dictionnaire frangais), d'une oeuvre collective.

A l'ouvrage italien (103 entrees contre 93 dans le B. et B.) ont collabore quarante auteurs; plus de la moitie d'entre eux appartiennent a l'Universite de Padoue. Mais rien n'a ete fait -c'est une des richesses du Dizionario- pour gommer les differences de perspective separant les chercheurs.

Les articles offerts a notre lecture courent generalement sur plusieurs pa- ges. Plut6t que des essais personnels - c'etait le cas chez B. et B.- ce sont des status quaestionis, d'une erudition maitrisee pour la plupart. Le caractere volon- tairement sommaire et analytique des contributions est dicte par le souci de voir l'ouvrage servir a la fois de dictionnaire et de manuel (a partir des indices -alphabetique, analytique, des auteurs classiques- et d'un systeme de renvois).

Les articles portant sur les grands concepts de la sociologie et de l'anthropologie religieuses (a Carisma n, ( Chiesa n, ( Festa n, ( Mito-Rito n, Religione ), ( Sacro n, Secolarizzazione n, ( Tradizione n, ( Utopia ), c Valori n, etc.) sont si- gnes, pour la plupart, par nos collegues du seminaire de sociologie religieuse de l'Universite de Padoue. On y retrouve leur erudition habituelle, alliee a une volonte d'exposition systematique, qui caracterise l'ensemble de l'ouvrage. Ceci n'empiche pas l'originalite, dans certains articles au moins, loin de toute rheto- rique, ce qui est aussi une caracteristique globale de l'ouvrage.

Les sociologues, specialistes ou non des phenomenes religieux, trouveront profit a l'utilisation de ce dictionnaire, qui vehicule - autre aspect positif- une bibliographie polyglotte.

EXPtRIENCE RELIGIEUSE ET CHANGEMENT SOCIAL

Dans un monde changeant et en crise, les lglises connaissent crises et transformations. La vie spirituelle des croyants -individuellement ou en corps- se trouve prise dans le mouvement, elle aussi.

C'est le cas dans l'Eglise catholique en particulier. Le malaise qui se deve- loppait depuis l'avant-guerre au moins autour de la vie de priere - collective et individuelle-, de la direction spirituelle, des conceptions de la ( vocation ), de l'ascese, de l'obeissance, de la pauvrete, de la chastete, de nombreuses pratiques traditionnelles de la piete a fini par s'exprimer au grand jour dans la discussion publique. Depuis Vatican II, et sous l'impact des sciences en psy, tout particulierement, mais aussi de la critique philosophique et de la sociologie, les conceptions, les institutions et les moyens de la vie spirituelle ont connu une crise spec- taculaire. Crise reflitee et amplifice par celle des ordres religieux, du clerge, des institutions de formation, de l'Action catholique, des paroisses, etc.

Peu a peu, cependant, on a vu emerger, a partir d'experiences nees dans l'aggiornamento de groupements anciens, ou i partir de groupes nouveaux -s pi&tistes et/ou ( politiques - des formes inedites de vie spirituelle; parfois communautaires, celles-ci renvoyaient a une sociabilite et a des premisses anthropologiques acculturees i celles en vigueur dans la societe globale. Le travail

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DICTIONNAIRES ET ENCYCLOPEDIES

de reflexion mene parallelement - et qui prolonge sur plus d'un point les recher- ches avancees et menacees de l'avant-Vatican II- s'est affronte a la critique nietzscheenne, marxiste, freudienne et a celle des sciences sociales. Cet effort semble parvenu a un point ou la synthese devient possible.

Celle qui nous est present~e par le Dictionnaire de la vie spirituelle se situe assez nettement dans une mouvance catholique sagement orthodoxe. La majo- rite de ses cinquante-huit collaborateurs, et son directeur lui-mime, sont des religieux ou des pr&tres specialistes des problemes dont ils traitent, et enseignent dans des Universites romaines et pontificales, ou dans des seminaires italiens. Le quart d'entre eux sont pourtant des non-italiens. La theologie - dogmatique, morale, pastorale, < spirituelle - se trouve bien represent~e par cet ensemble d'( intellectuels traditionnels e. Mais on doit noter parmi eux une presence relati- vement importante de representants des sciences de l'education et de divers savoirs et techniques en psy. Quelques chretiens non-catholiques ont egalement collabore a cet ouvrage, qui etend sa curiosite aux conceptions et aux pratiques de la vie spirituelle familieres aux orthodoxes, aux protestants et aux croyants non-chretiens.

Les cent cinq articles formant le Dictionnaire se presentent comme autant d'essais monographiques, suivis de bibliographies plus ou moins longues selon les cas. Des renvois et un index analytique detaille permettent au lecteur de poursuivre sa quite d'information.

L'ouvrage a paru d'abord en italien, sous le titre de Dizionario di Spiritua-

litia (Rome, Edizioni Paoline, 1979). A lire certains articles ( Jeunesse , (Zen ),

par exemple) et leur bibliographie on decouvre une information strictement frangaise, renvoyant a certaines parutions des annees 80 et 81. Une adaptation minimale de l'ouvrage a-t-elle ete tentee par les editions du Cerf, responsables de la version frangaise? Cela n'est pas signal&.

Le titre italien ne doit pas donner le change: il ne s'agit pas d'un nouveau Dictionnaire de spiritualite, tel celui, eruditissime, que publient, par fascicules, les editions Beauchesne. Le Dictionnaire de la vie spirituelle (il n'a rien a voir non plus avec la revue La Vie spirituelle autrefois publice par le Cerf) est destine au grand public cultive.

Redisons-le: ce bilan -un des premiers- de la < spiritualite nouvelle n est d'autant plus interessant, qu'il se montre plus orthodoxe. Il t~moigne en effet d'un changement et d'une acculturation maitrises. L'auteur de l'article < Ascese a decrit tres bien ce double processus: ((La mutation de la pratique ascetique ne constitue pas une decadence des formes penitentielles heroi'ques du temps passe. Elle est la consequence du fait que la communaute chretienne partage consciem- ment des elements anthropologiques nouveaux) (T. Goffi). Reflexion d'autant plus remarquable que l'ensemrnble de l'ouvrage vise - en clef orthodoxe- a enra- ciner le nouveau dans le plus ancien, ce qui est bien la fonction de l'<<intellectuel traditionnelh selon Gramsci.

PERMANENCES INSTITUTIONNELLES ET CREATION PERMANENTE

Comme le Dictionnaire de la vie spirituelle, le DIP (Dizionario degli Istituti di Perfezione) porte lui aussi temoignage a des phenomenes de change-

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ment et d'acculturation, et -parfois aussi- a des refus de se transformer. Beau- coup plus nettement que le Dictionnaire precedent il revele, dans l'epaisseur de la longue duree et l'extansion de l'oecoumene, qui sont son domaine, la presence de la mort: tant d'institutions et de pratiques disparues (le phenomene se pro- duit sous nos yeux), tant de tentatives avortees.

C'est un des merites de cette entreprise dont on a deja dit dans notre revue, les coordonnees et les caracteristiques (cf. Arch., 40, no 150; 42, no 450; 44, no 474; 47, no 489; 51, no 491) d'accorder son attention aux reussites comme aux echecs, aux naissances comme aux deces, aux declins comme aux ascen- sions, au present immediat comme au passe fondateur.

Le souci de ((tenir l'actualite peut parfois mener a ne pas ((tenir la montre)). Ainsi ce t. 7 parait en fin 1983, alors que le precedent date de 1980 et qu'il accusait deja un certain retard sur le calendrier primitif de l'operation. Les responsables du DIP ont prefere ce risque a celui -plus dommageable certes- de faire paraitre des articles qui n'auraient pas tenu compte du nouveau Code de droit canonique (CIC2). L'aggiornamento a pris du temps.

La volonte de tenir compte des transformations en cours de la ((vie religieuse ) catholique apparait d'ailleurs de plus en plus caracteristique du DIP: te- moin -entre autres- l'article Politique . Cet essai envisage non seulement les rapports historiquement reperables entre instituts de perfection et vie politique, mais encore les rapports nouveaux que Vatican II et les aggiornamenti de la vie religieuse ont introduit dans ce domaine. Le mime souci de rendre compte de l'actualite parallelement au passe se repere dans l'article Pauvrete . Sur plus de 160 colonnes ou plusieurs auteurs interviennent, c'est une vue panoramique qui est offerte des differentes conceptions et pratiques de la pauvrete selon les instituts, les temps et les lieux, des Peres du desert a nos jours mimes. Le mime souci apparait dans des articles comme ( Pratiques de piete n, ( Pratiques spiri- tuelles et penitentielles n, ,Predication n, Priere (pres de 140 colonnes dans ce dernier cas).

Typique encore nous semble, dans la mime perspective d'actualisation, I'article c Profession ) (religieuse), qui reunit 10 collaborateurs differents, trai- tant de l'Eglise d'Orient comme de celle d'Occident, des conceptions et des pratiques (et ici l'illustration, somptueuse comme toujours dans le DIP, intervient utilement); les changements introduits par Vatican II et le CIC2 sont egalement signales. On retrouvera le mime souci d'apprehender conjointement passe et actualite dans les contributions consacrees au phenomene de la Regle (166 colonnes), qui offrent aux lecteurs des tresors d'6rudition historique et juridique, sociologique mime (contributions de R. Burgalassi et de H. Schasching).

Les problemes du Recrutement retiennent aussi l'attention du DIP. En 61 colonnes, 14 auteurs examinent la question, tant d'un point de vue quantitatif que qualitatif, en tenant compte de la variete des instituts et des periodes.

Enfin nous avons note -mais comment rendre compte de l'immense ri- chesse de ce Dizionario ?- un article du P. Hostie sur Psychologie, psychoso- ciologie et vie religieuse (10 colonnes). Une contribution de S. Burgalassi se penche, d'un point de vue sociologique, sur les problemes de la Reforme dans les instituts religieux.

Une remarque, qui touche une des limites de l'information vehicul~e par le DIP. Celle-ci semble s'accrocher exclusivement aux manifestations deja institu-

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DICTIONNAIRES ET ENCYCLOPEDIES

tionnalisees de la vie religieuse, plut6t qu'aux tentatives actuellement in statu nas- centi. Ainsi les Instituts seculiers recemment approuves sont signales. Mais les formes plus recentes, canoniquement encore floues, dont P. Delooz a donne une idee rapide dans ( Vie religieuse: nouveaux departs ? (Bulletin 92, Pro Mundi Vita, ier trim. 1983) ne semblent pas trouver place systematiquement dans DIP. Est-ce choix conscient et voulu, ou lacune involontaire ? Dans les deux cas, on espere que le volume final (Indices et complements) remediera a cette absence.

RELIGIONS ET RELIGIONSWISSENSCHAFT >

Le Dictionnaire des religions, a ete conqu sous la direction de Mgr. Paul Poupart, membre de la Secretairerie d'Etat du Vatican, ancien recteur de l'Insti- tut Catholique de Paris (1). I1 propose, a l'intention du grand public, ( un inven- taire aussi complet et pr6cis que possible de l'ensemble des manifestations religieuses connues et repertoriables a travers le temps et l'espace, et qui remontent a l'origine de l'homme, (p. VI.).

Projet ambitieux; faut-il montrer qu'il n'est pas realise ? Non d'une part, car il serait cruel et injuste d'accuser qui que ce soit de n'avoir pas su mener a bonne fin un projet irrealisable de toute fagon, si les mots ont un sens. Et pourtant doit- on taire certaines des lacunes, trop parlantes pour ne pas avoir un sens ?

Premiere lacune: les chretiens croient seuls en Dieu-Trinite nous affirme l'article

, Trinite . Certes; mais tous les chretiens n'y croient pas, ni de la ma-

niere catholique post-Vatican II qui est celle de cet essai, par ailleurs incisif. Aussi bien une entree ( Antitrinitaires ,,, ou ( Sociniens , s'imposait-elle, et peut- &tre mime un article ( Sozzini (ou Socino, Fausto, ou Lellio),. On en cherchera trace en vain dans l'ouvrage.

On n'y trouvera d'ailleurs pas plus l'article Laics (dans le christianisme),,, qui semblerait s'imposer apres l'item Laics (dans le bouddhisme), et la demi- page consacree a Laicite, laicisme .

L'6tonnement saisira encore le lecteur constatant que l'article Sacerdoce, se reduit a une etude theologique, eclairant le probleme en perspective catholique, a partir de l'Ancien et du Nouveau Testament. Rien de plus, comme si l'histoire s'arr6tait avec l'Apocalypse, comme si l'histoire des religions s'epui- sait dans le fleuron chretien. On 6prouvera le mime sentiment etonn6, et pour des raisons semblables a la lecture de l'essai ( Tradition , tout entier consacre au probleme theologique, et d'un point de vue catholique. A croire qu'il s'agirait-la d'un hapax dans la Religionswissenschaft. Les articles Traditiona- lisme, et Traditionalisme mulsulmana ne changent rien a cette impression.

Le Dictionnaire des Religions comporte peu de noms de personnes. II consacre cependant quelques entrees a certains personnages retenus importants dans l'histoire des religions (au double sens du terme). Certains theologiens chr6tiens, et particulierement catholiques, ont droit a un article; et parmi eux quelques vivants, dont H. de Lubac. D6s lors, pourquoi M.-D. Chenu et Y. Congar n'ont-ils pas 6te retenus ? Ni X. Leon-Dufour? Ni bien d'autres... Et

(1) L'Introduction indique, de plus, que ( Ce dictionnaire est le fruit d'une collaboration entre l'Ins- titut Catholique de Paris, le Centre d'Histoire des Religions de l'Universite Catholique de Louvain-la- Neuve, le Centre d'Histoire des Religions de l'Universite de Liege, le Departement de Sciences des Reli- gions de la Sorbonne,,.

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pour remonter plus en arriere, fallait-il - sous quel pretexte ? - eliminer H. Bre- mond, si par ailleurs Bergson, Blondel, Loisy, qui furent de ses interlocuteurs se voient ici salues d'un article ? Tyrrell, il est vrai, et Von Hiigel sont egalement passes sous silence, dont Bremond fut tres proche. Le bel essai de Y. Marchas- son sur le Modernisme ne compense pas ces absences.

La perspective du Dictionnaire est celle d'une ((science des religions); ( vaste ensemble, nous explique-t-on, qui comprend l'histoire et I'histoire compa- ree, la sociologie, I'ethnologie, I'anthropologie, la philosophie, la psychologie, la theologie (p. IX). II s'agit ici de ((procurer une base methodologique a l'homo religiosus... objet propre de la science des religions . On aimerait, a vrai dire, plus d'explications sur cette derniere. Mais l'article ( Science des religions ) (une demi-page) laisse le lecteur sur sa faim. Notons en tout cas l'importance accor- dee a Otto, Van der Leeuw, Eliade (et mime Tillich - auquel, comme aux pre- cedents, un article est consacre-) dans l'essai aHomo religiosus . On a la sans doute une des perspectives manifestes de cet ouvrage. Mais tous les auteurs ne la partagent pas necessairement.

La sociologie est annoncee plus haut comme partie constitutive de la ( Science des religions >. Quelle part regoit-elle dans le Dictionnaire ? Fort petite. Est-ce parce qu'il existe par ailleurs quelques dictionnaires de la sociologie ? On ne sait. En tout cas les grands classiques de la specialite ont droit a leur article (Durkheim, Mauss, Troeltsch, Wach, Weber); G. Le Bras n'a pas ete oublie. Parmi les vivants T. Luckmann fait l'objet d'un court essai; P.-L. Berger se voit traiter d'un point de vue plus philosophico-theologique que sociologique.

L'article Sociologie des religions n, dii a A. Rousseau, expose en deux pa- ges denses du Dictionnaire l'essentiel de ce qu'il y a a dire des perspectives des classiques. Mais la s'arr&te -sauf erreur dans notre lecture- la part faite a notre specialite dans cet ouvrage. "Pratre renvoie a l'essai theologique evoque plus haut (a Sacerdoce )), et a certains articles sur des religions particulieres. Le concept n'est pas retenu comme tel ni traite sociologiquement. Il en va de m~me de c<Prophete , <<Prophetisme , commentes en termes d'histoire des religions, d'exegese et de theologie. Charisme ne regoit de traitement qu'exegetique. De mime pour Millenarisme s, S6cularisation n'interessant qu'en perspective theologique. Par contre * Dechristianisation a se trouve trait6 avec finesse et pertinence par R. Remond.

On n'en finirait pas si l'on voulait tout relever des evidentes lacunes d'un ouvrage qui s'est donne des objectifs trop ambitieux, et qui, peut-6tre pour cela m~me, a fait des choix -conscients ou moins conscients- peu convainquants. Ceci dit, nous nous plaisons a relever l'intr&t et la pertinence de beaucoup de contributions ici presentees, celles des exegetes du Nouveau Testament en particulier. De mime on a note avec satisfaction les nombreuses entrees concernant le judai'sme, I'islam, les religions extr~me-orientales et amerindiennes, etc. Mais ceci ne compense pas le caractere etonnamment schematique des fiches consacrees aux ( sectes ) de terrain chretien et hors christianisme, ni ne console le present recenseur du sort indigne fait a la sociologie des phenomenes religieux.

Jean SEGUY

Groupe de Sociologie des Religions C.N.R .S.

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