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actualités | épidémiologie 4 OptionBio | Lundi 24 novembre 2008 | n° 409 L e tétanos reste une pathologie grave, de pronostic souvent mortel. Elle est due à une neu- rotoxine très puissante produite par le bacille anaérobie à Gram positif Clostridium tetani . Cette bactérie ubiquitaire, présente dans le tube digestif de certains animaux, persiste dans leurs déjections et dans le sol sous forme sporulée très résistante. Elle se transmet à l’homme via une plaie cutanée. Lorsque les conditions d’anaérobiose sont réunies, les spo- res germent et il y a production de toxine qui se dissémine dans la cir- culation générale, bloque la libéra- tion de neuromédiateurs et provoque spasmes et contractures. Un vaccin efficace et obligatoire Le diagnostic, avant tout clinique, est orienté par la présence d’un statut vaccinal défectueux et d’une plaie. Les tests biologiques ne permettent généralement pas de confirmer le diagnostic. La maladie se présente sous la forme généralisée dans la plupart des cas, avec un pronostic sévère, mais elle peut aussi se manifester de manière localisée dans une région proche de la plaie ou céphalique. Un vaccin d’une efficacité et d’une innocuité quasiment parfaites existe depuis 1938. Il fait partie des vaccins obligatoires depuis 1952. Le calen- drier vaccinal prévoit chez les nour- rissons et les enfants trois doses à un mois d’intervalle dès l’âge de 2 mois avec un rappel un an plus tard, puis tous les 5 ans jusqu’à 18 ans. Les rappels sont ensuite administrés tous les 10 ans chez l’adulte. Le tétanos sous forme généralisée fait partie des maladies à déclara- tion obligatoire, ce qui permet de suivre l’incidence de la maladie, de connaître les caractéristiques épi- démiologiques et d’évaluer l’impact des mesures préventives. Plutôt des femmes âgées Entre 2005 et 2007, 41 cas de téta- nos ont été déclarés auprès des Directions départementales des affaires sanitaires et sociales. Les cas concernent essentiellement les personnes âgées (90 % des patients touchés ont plus de 70 ans). L’âge médian est de 80 ans, avec une pré- dominance féminine (76 % des cas). L’in- cidence annuelle est estimée en moyenne à 0,33 cas par million pour les femmes et à 0,17 pour les hommes. La distribution saisonnière montre que 85 % des cas surviennent entre les mois d’avril et d’octobre. Dans la grande majorité, la porte d’entrée est une blessure, le plus souvent minime au cours de tra- vaux de jardinage, de blessure par du matériel souillé, de griffure de chien, de piqûre végétale ou encore de brûlure au second degré. Plus rarement, il s’agit de plaies chroni- ques comme des ulcères variqueux ou des dermatoses, mais dans 22 % des cas la porte d’entrée est passée inaperçue. Des patients mal ou pas vaccinés La durée d’incubation médiane est estimée à sept jours, avec des extrê- mes allant de 1 à 30 jours. Tous les cas observés ont dû être hospitalisés en service de réanimation médicale avec une durée médiane d’hospi- talisation de 39 jours. Le taux de létalité est relativement important, de 33 % en moyenne. L’âge médian des patients décédés est de 83 ans. Différentes formes de séquelles à type de difficultés motrices, de complications ostéo-articulaires et de décubitus ont été observées. Enfin, tous les cas observés étaient mal ou pas du tout vaccinés. Le sta- tut vaccinal n’était pas connu pour certains d’entre eux, la dernière dose vaccinale datait de plus de 15 ans dans certains cas et le dosage des anticorps montrait des taux infé- rieurs aux seuils ou très limites pour les antigènes. L’importance des rappels antitétaniques En conclusion, depuis quelques années, une diminution puis une sta- bilisation de l’incidence des cas de tétanos ont été observées en France. Cette infection touche les personnes appartenant aux tranches d’âge les plus élevées de la population. Les cas et les décès auraient pu être évités par une application plus rigoureuse du calendrier vaccinal, avec l’admi- nistration des rappels antitétaniques tous les 10 ans chez l’adulte et, en cas de plaie, par la vaccination et l’administration d’immunoglobulines spécifiques humaines. La politique des rappels reste en effet très mal appliquée en France, en particulier chez les adultes. | OPHÉLIE MARAIS médecin biologiste, Paris [email protected] Le tétanos sévit encore en France Un rapport publié dans le Bulletin Épidémiologique hebdomadaire montre que plusieurs dizaines de cas de tétanos ont été déclarés au cours de ces dernières années malgré l’existence d’un vaccin efficace. Source Antona D. Le tétanos en France en 2005-2007. BEH. 2008 ; 30-1 : 273-5. © Fotolia/E. Elisseeva Psoriasis et dyslipidémie Une étude transversale, menée à Rio de Janeiro, s’est penchée sur les profils lipidiques de patients atteints de psoriasis. Les bilans lipidiques de 108 patients atteints de psoriasis, avec ou sans arthrite associée, ont été comparés à ceux de 73 témoins. Les résultats montrent, chez les patients ayant un psoriasis, une élévation significative des triglycérides et de l’apolipoprotéine B, et une diminution, significative elle-aussi, du HDL-cholestérol, sans relation significative observée par les auteurs entre profil lipidique, mode de vie et indice de sévérité du psoriasis. JULIE PERROT, © www.jim.fr Verardino G et al. Serum lipids and lipoproteins in patients with psoríasis and psoriatic arthritis at a Brazilian university hospital. 6 th International Congress on Autoimmunity (Porto) : 10-14 septembre 2008.

Le tétanos sévit encore en France

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4 OptionBio | Lundi 24 novembre 2008 | n° 409

Le tétanos reste une pathologie grave, de pronostic souvent mortel. Elle est due à une neu-

rotoxine très puissante produite par le bacille anaérobie à Gram positif Clostridium tetani. Cette bactérie ubiquitaire, présente dans le tube digestif de certains animaux, persiste dans leurs déjections et dans le sol sous forme sporulée très résistante. Elle se transmet à l’homme via une plaie cutanée. Lorsque les conditions d’anaérobiose sont réunies, les spo-res germent et il y a production de toxine qui se dissémine dans la cir-culation générale, bloque la libéra-tion de neuromédiateurs et provoque spasmes et contractures.

Un vaccin efficace et obligatoireLe diagnostic, avant tout clinique, est orienté par la présence d’un statut vaccinal défectueux et d’une plaie. Les tests biologiques ne permettent généralement pas de confirmer le diagnostic. La maladie se présente sous la forme généralisée dans la plupart des cas,

avec un pronostic sévère, mais elle peut aussi se manifester de manière localisée dans une région proche de la plaie ou céphalique.Un vaccin d’une efficacité et d’une innocuité quasiment parfaites existe depuis 1938. Il fait partie des vaccins obligatoires depuis 1952. Le calen-drier vaccinal prévoit chez les nour-rissons et les enfants trois doses à un mois d’intervalle dès l’âge de 2 mois avec un rappel un an plus tard, puis tous les 5 ans jusqu’à 18 ans. Les rappels sont ensuite administrés tous les 10 ans chez l’adulte.Le tétanos sous forme généralisée fait partie des maladies à déclara-tion obligatoire, ce qui permet de suivre l’incidence de la maladie, de connaître les caractéristiques épi-démiologiques et d’évaluer l’impact des mesures préventives.

Plutôt des femmes âgéesEntre 2005 et 2007, 41 cas de téta-nos ont été déclarés auprès des Directions départementales des affaires sanitaires et sociales. Les cas concernent essentiellement les

personnes âgées (90 % des patients touchés ont plus de 70 ans). L’âge médian est de 80 ans, avec une pré-dominance féminine (76 % des cas). L’in-cidence annuelle est estimée en moyenne à 0,33 cas par million pour les femmes et à 0,17 pour les hommes. La distribution saisonnière montre que 85 % des cas surviennent entre les mois d’avril et d’octobre.Dans la grande majorité, la porte d’entrée est une blessure, le plus souvent minime au cours de tra-vaux de jardinage, de blessure par du matériel souillé, de griffure de chien, de piqûre végétale ou encore de brûlure au second degré. Plus rarement, il s’agit de plaies chroni-ques comme des ulcères variqueux ou des dermatoses, mais dans 22 % des cas la porte d’entrée est passée inaperçue.

Des patients mal ou pas vaccinésLa durée d’incubation médiane est estimée à sept jours, avec des extrê-mes allant de 1 à 30 jours. Tous les cas observés ont dû être hospitalisés en service de réanimation médicale avec une durée médiane d’hospi-talisation de 39 jours. Le taux de létalité est relativement important, de 33 % en moyenne. L’âge médian des patients décédés est de 83 ans. Différentes formes de séquelles à type de difficultés motrices, de complications ostéo-articulaires et de décubitus ont été observées. Enfin, tous les cas observés étaient mal ou pas du tout vaccinés. Le sta-tut vaccinal n’était pas connu pour

certains d’entre eux, la dernière dose vaccinale datait de plus de 15 ans dans certains cas et le dosage des anticorps montrait des taux infé-rieurs aux seuils ou très limites pour les antigènes.

L’importance des rappels antitétaniquesEn conclusion, depuis quelques années, une diminution puis une sta-bilisation de l’incidence des cas de tétanos ont été observées en France. Cette infection touche les personnes appartenant aux tranches d’âge les plus élevées de la population. Les cas et les décès auraient pu être évités par une application plus rigoureuse du calendrier vaccinal, avec l’admi-nistration des rappels antitétaniques tous les 10 ans chez l’adulte et, en cas de plaie, par la vaccination et l’administration d’immunoglobulines spécifiques humaines. La politique des rappels reste en effet très mal appliquée en France, en particulier chez les adultes. |

OPHÉLIE MARAIS

médecin biologiste, Paris

[email protected]

Le tétanos sévit encore en France

Un rapport publié dans le Bulletin Épidémiologique hebdomadaire montre que plusieurs dizaines de cas de tétanos ont été déclarés au cours de ces dernières années malgré l’existence d’un vaccin efficace.

SourceAntona D. Le tétanos en France en 2005-2007.

BEH. 2008 ; 30-1 : 273-5.

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Psoriasis et dyslipidémieUne étude transversale, menée à Rio de Janeiro, s’est penchée

sur les profils lipidiques de patients atteints de psoriasis.

Les bilans lipidiques de 108 patients atteints de psoriasis, avec ou

sans arthrite associée, ont été comparés à ceux de 73 témoins.

Les résultats montrent, chez les patients ayant un psoriasis, une

élévation significative des triglycérides et de l’apolipoprotéine B, et

une diminution, significative elle-aussi, du HDL-cholestérol, sans

relation significative observée par les auteurs entre profil lipidique,

mode de vie et indice de sévérité du psoriasis.

JULIE PERROT, © www.jim.frVerardino G et al. Serum lipids and lipoproteins in patients with

psoríasis and psoriatic arthritis at a Brazilian university hospital.

6th International Congress on Autoimmunity (Porto) : 10-14

septembre 2008.