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Document généré le 6 juin 2018 06:39 Spirale Le théâtre québécois à l’ère du 2.0 Roxanne Martin Horizon incertain du théâtre québécois Numéro 245, été 2013 URI : id.erudit.org/iderudit/69732ac Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) Spirale magazine culturel inc. ISSN 0225-9044 (imprimé) 1923-3213 (numérique) Découvrir la revue Citer cet article Martin, R. (2013). Le théâtre québécois à l’ère du 2.0. Spirale, (245), 48–50. Ce document est protégé par la loi sur le droit d'auteur. L'utilisation des services d'Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d'utilisation que vous pouvez consulter en ligne. [https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique- dutilisation/] Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. www.erudit.org Tous droits réservés © Spirale magazine culturel inc., 2013

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Document généré le 6 juin 2018 06:39

Spirale

Le théâtre québécois à l’ère du 2.0

Roxanne Martin

Horizon incertain du théâtre québécoisNuméro 245, été 2013

URI : id.erudit.org/iderudit/69732ac

Aller au sommaire du numéro

Éditeur(s)

Spirale magazine culturel inc.

ISSN 0225-9044 (imprimé)

1923-3213 (numérique)

Découvrir la revue

Citer cet article

Martin, R. (2013). Le théâtre québécois à l’ère du 2.0. Spirale,(245), 48–50.

Ce document est protégé par la loi sur le droit d'auteur. L'utilisation des servicesd'Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d'utilisation que vouspouvez consulter en ligne. [https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/]

Cet article est diffusé et préservé par Érudit.

Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Universitéde Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pourmission la promotion et la valorisation de la recherche. www.erudit.org

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A fin de rejoindre un nouveau public et de rester encontact avec ses habitués, les théâtres québécois uti-

lisent de plus en plus le web pour faire la promotion deleurs productions afin de créer de nouveaux liens avec lepublic. Il s’agit cependant d’un mode de communicationqui requiert temps et originalité — en d’autres mots, desressources financières. Même si la plupart des compagniesde théâtre au Québec font preuve d’ingéniosité dans leurtravail, on s’attardera ici aux compagnies établies qui ontdû troquer leur publicité à sens unique pour une plusgrande interaction avec les amateurs de théâtre.

Il y a quelques années à peine, Facebook et Twittern’étaient pas ou très peu utilisés et les compagnies théâ-trales n’avaient donc que leur site internet pour informer lepublic de leurs activités. L’éternel problème d’un site webest de le tenir à jour et d’intéresser l’internaute avec ducontenu nouveau qui l’incitera à y revenir régulièrement. Ilest devenu évident que les internautes vont délaisser unsite qui ne change jamais et qui n’offre que des informa-tions factuelles sur les productions, ce qui n’est que tropsouvent le cas chez les théâtres dits à saison. Évidemment,les théâtres vont toujours mettre le spectacle à venir bienen vue sur la page d’accueil de leur site, sans que les autrescomposantes du site soient modifiées ou si peu.

Ce phénomène est particulièrement vrai depuis un an oudeux, alors que les compagnies utilisent Twitter et

Facebook pour interagir avec leur public. Tout contenunouveau est ajouté à la page Facebook des théâtres, et par-fois simultanément sur leur propre site internet. La pageFacebook permet ainsi de rester en contact, tout au longde l’année, en particulier avec les abonnés, mais pas forcé-ment avec le grand public… Les abonnés à la page duthéâtre sont donc tenus au courant des activités de lacompagnie  : première représentation, supplémentaires,photographies de la production, grandes annonces (nomi-nations, démissions), extraits (favorables) des critiques dela pièce, partage d’entrevues avec les comédiens et concep-teurs dans un média web ou les journaux, etc.

Plusieurs compagnies ont su tirer profit de cette interac-tion avec le public en ne limitant pas leur utilisation deFacebook à la stricte promotion du prochain spectacle,mais en faisant partager leurs grands moments de ren-contre avec le public et en le considérant comme un vraipartenaire de la compagnie — sans doute pour mieux lefidéliser.

méDiAs sociAuX : rEJoinDrE son PubLic Si l’on considère la moyenne d’âge de ses abonnés, il estplutôt surprenant de voir toute l’activité de Duceppe surles médias sociaux. Celui-ci serait-il en train de courtiserles plus jeunes ? Quoi qu’il en soit, le pari est réussi. La

Le théâtre québécois à l’ère du 2.0

PAr roXAnnE mArtin

à l’occasion. Enfin, si les réseaux sociaux connectent ceux quis’intéressent au théâtre et servent à lancer des invitationsaux « amis », ils n’en proposent pas une véritable couverture,encore moins une réflexion suivie à son sujet. Ils sont doncincapables de lui donner une visibilité même lointainementcomparable à celles d’autres événements culturels. Faut-ilaussi compter pour rien les relances sur Facebook et surTweeter des spectateurs qui ont aimé un spectacle et s’expli-quent peu à ce sujet ? Rumeurs, murmures, clics. Une règlegénérale semble cependant s’appliquer : aux arts peu courus,des sites peu fréquentés.

Le défi de la visibilité médiatique du théâtre paraît donc bienmal engagé sous le règne de la loi du nombre et du culte desnouvelles technologies. Certains préconisent le reformatage

de l’événement théâtral dans des formes médiatiques —cela se fait déjà beaucoup — pour lui redonner une placeau soleil. N’est-ce pas là justement le défigurer poursortir de l’ombre un ou deux joueurs au bout de l’exer-cice ? Et si c’était dans l’ombre justement que se prépa-rait le mieux la venue à la lumière d’artistes qui y consa-crent le meilleur d’eux-mêmes ? Le pari de l’ombre estpeut-être la meilleure stratégie pour un art — quand il lereste —, qui cherche à se distinguer par une pratique etune fréquentation exigeantes. Trop visible, le praticienrisque de quitter le théâtre avant d’avoir trouvé sa voie ;quant à ceux qui en font commerce et pour qui c’estavant tout un marchepied pour la gloire, est-ce une simauvaise chose qu’ils abandonnent le théâtre avant quele théâtre ne les abandonne ?

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compagnie est très active sur son compte Facebook etinvite ses abonnés à participer en personne ou virtuelle-ment aux activités de la compagnie. Ainsi, lors des midis-rencontres avec les comédiens, le public est invité à venirrencontrer l’équipe de production, mais pour ceux qui nepeuvent se déplacer, le responsable du compte Twitterdonne parfois un compte rendu de la rencontre et met unenregistrement vidéo de l’événement sur la pageFacebook. Une initiative intéressante qui crée un pontentre les acteurs, les concepteurs et le public.

Pendant les représentations, la compagnie ne cesse d’in-former ses abonnés de ses activités : critiques de la pièce(par un hyperlien vers le média concerné), photographies,entrevues données par des membres de la production,actualités en lien avec le théâtre — par exemple, commeun compte à rebours de l’annonce de la prochaine programmation —, la date de la soirée-bénéfice, etc. Lesméthodes d’interaction sur Facebook sont si variées que lesite web de la compagnie ne change presque pas au coursde la saison, son contact avec le public tablant surtout surles médias sociaux. Le Théâtre d’Aujourd’hui annonce luiaussi ses productions, met en ligne les bonnes critiques etmousse la promotion de ses spectacles. Toutefois, cetteannée, la véritable innovation du Théâtre d’Aujourd’hui

s’est manifestée lors de sa campagne de promotion pourla saison 2013-2014. Pendant les semaines qui ont précédél’annonce de la programmation, le théâtre a mis en lignesur sa page Facebook de courtes capsules vidéo à proposde « l’esprit » de la prochaine saison, tout en gardant uncertain flou sur les titres des pièces et les concepteurs —mais non sans souligner la rare apparition de Luc Picardau théâtre —, en distillant ainsi tout juste assez d’infor-mations pour piquer la curiosité.

La nomination d’un nouveau directeur artistique, SylvainBélanger, n’est sans doute pas étrangère à cette initiativeet à l’utilisation grandissante des médias sociaux par lethéâtre. La suite des choses dira si cette compagnie élar-gira ses moyens d’interaction avec le public.

Il n’y a pas que les théâtres établis qui utilisent Facebookà leur avantage ; de petites compagnies, elles aussi, tirentleur épingle du jeu. La page déjà formatée de Facebookpermet aux compagnies aux budgets plus restreints derejoindre le public sans avoir à débourser une fortune enpublicité dite traditionnelle. L’initiative de la compagnieTerre des Hommes en est un bon exemple. En février2008, elle a présenté Le silence de la mer, texte de Vercors,au Théâtre La Chapelle. Les acteurs et concepteurs ontalors demandé à leurs amis de leur envoyer une photogra-phie, que l’équipe a ensuite modifiée en ajoutant ungrand X blanc sur la bouche des sujets photographiés.

L’effet viral a été très rapide. La curiosité des gens face à lamodification de la photo faisait en sorte que les amis desconcepteurs faisaient de la publicité pour la productionen expliquant leur nouvelle photo de profil. La compagnieavait ainsi réussi, à peu de frais, à alerter un public non

négligeable.

sitEs wEb : sourcEs D’inFormAtions, mAis EncorE?Malgré tout, l’abonnement à Facebook, Twitter et auxlettres d’informations (newsletters) est précédé habituelle-ment par une visite du site web de la compagnie. Les sitesn’ont pas beaucoup changé depuis quelques années.Certains, comme celui de la compagnie Ex Machina[http://lacaserne.net/ index2.php/exmachina/], gardent lamême interface depuis longtemps, même s’ils mettentleur site à jour de façon régulière. Certaines compagniesqui avaient innové et qui proposaient des sites très origi-naux, s’en remettent aujourd’hui à une présentation beau-coup plus sobre, tel le Nouveau Théâtre Expérimental dontl’interface est semblable à celui d’un blogue et dans lequelon ajoute des informations mais sans l’invention gra-phique et la douce folie des années précédentes.

Les sites internet des compagnies sont, bien entendu, dessites d’informations factuelles  : titre de la production,dates de représentation, acteurs, concepteurs, informa-tions sur la billetterie, durée de la représentation, etc. Laplupart des interfaces sont conviviales et permettent des’informer rapidement. Plusieurs théâtres, comme leThéâtre du Nouveau Monde [http://www.tnm.qc.ca/],

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Affiche de la production du Silence de la mer (février 2008)

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C ertaines institutions théâtrales offrent à leur publicdes documents d’accompagnement, objets hybrides

à mi-chemin entre le programme et le magazine, compo-sés d’articles présentant les spectacles de la saison. C’est lecas du Théâtre Denise-Pelletier (TDP) qui, dans ses Cahiersparaissant quatre fois par année, propose des entretiens,des présentations des créateurs, auteurs et pièces de laprogrammation, dans le but de préparer un public essen-tiellement étudiant à l’expérience théâtrale. Une fois l’andepuis 2008, le Théâtre du Nouveau Monde (TNM) publiequant à lui L’emporte-pièces, composé de dossiers étofféssur les spectacles. Programmes de théâtre bonifiés, cesdocuments conservent une trace de la saison et informent

un public plus ou moins renseigné sur la nature du spec-tacle auquel il assistera.

Ces publications permettent également à l’institution dese situer dans le paysage théâtral québécois. Les cahiers duThéâtre français du Centre national des arts à Ottawaconstituent à cet égard un objet intéressant, au sens oùson contenu se transforme sensiblement lorsque lethéâtre change de tête dirigeante — ce qui est arrivé àtrois reprises, contrairement à la situation des TDP et TNM,en douze ans. Ces Cahiers, qui paraissent au début dechaque moitié de la saison théâtrale, ont été créés en 2001par Denis Marleau, qui a été directeur du Théâtre français

possèdent un site fait sur le même modèle, et ce, depuisdes années, se contentant de changer les photos et les pro-grammations annuelles.

D’autres innovent constamment, comme Michel Lemieuxet Victor Pilon de la compagnie 4d art [http://www.4dart.com/accueil.html]. La compagnie, connue pour ses recherchesintermédiales, investit magnifiquement le web pour faireconnaître ses spectacles : extraits vidéo, nombreuses photo-graphies, calendrier, etc.

Le site n’est pas qu’un outil de promotion, mais un lieu demémoire qui répertorie les traces de chacune des produc-tions passées, les critiques, les tournées, etc. On voudraitque d’autres compagnies suivent leur exemple, ne serait-ce que pour contrer la nature éphémère de l’événementthéâtral.

Au cours des dernières années, l’une des principales inno-vations des sites web des théâtres établis fut l’introduc-tion de la billetterie en ligne, ce qui favorise l’accessibilitéen tout temps aux productions à l’affiche — moyennanttoutefois des coûts supplémentaires pour l’achat d’unbillet déjà très cher et sans offrir une grande flexibilitépour le choix d’une place.

Le web évolue très rapidement et la créativité de certainescompagnies permet d’attirer l’attention sur elles et ainside se démarquer, et ce, sans campagne publicitaireonéreuse. Il n’y a qu’à penser à la mise en ligne d’unedes chansons du Chant de Sainte Carmen de la Main[http://www.espace.mu/chanson-pop/lu-vu-entendu/7517]sur Espace.mu pour comprendre que le web peutdésormais constituer un outil de promotion redoutablepour ceux qui sauront s’en servir avec originalité et passion.

Toutefois, est-ce que les médias sociaux permettent unvéritable échange avec les amateurs de théâtre ? Force estde constater que la plupart des compagnies se contententde donner des informations, certes sous des formesdiverses, mais toujours diffusées de manière univoque. Àdéfaut d’alimenter un véritable débat sur leurs produc-tions, certains théâtres tentent malgré tout de lancer desdiscussions avec leurs membres sur leur page Facebook oupar le biais de Twitter. Or les interventions des compagniesse limitent trop souvent à des réponses factuelles et expé-ditives. Peut-on envisager le jour où le marketing et lebranding céderont la place à une réelle interaction entreles théâtres et leurs publics ? À défaut de le faire, le risqueest grand de voir la désaffection des spectateurs envers lesscènes s’accentuer…

Plate-forme esthétique :Les Cahiers du théâtre français

PAr HéLènE JAcquEs

DOSSIER

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