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1 Le groupe 060 de l’école Paul-Bruchési vous présente Le Tour du Monde en 80 Jours d'après le roman de Jules Verne une pièce de Sébastien Azzopardi et Sacha Danino LONDRES - ANGLETERRE (Nous sommes au Reform Club. Fogg, Isn’it et Sullivan sont installés autour d’une table et jouent aux cartes.) PHILEAS FOGG : Quatre-vingts jours et pas une minute de plus. LORD SULLIVAN : Vous êtes fou, Fogg ! Le tour du monde en quatre-vingts jours. La Terre est bien trop vaste. PHILEAS FOGG : (il lui tend un journal) Regardez le Morning Chronicle, ils ont fait un calcul très précis : en prenant chaque correspondance de paquebot et de train, on peut parfaitement réaliser le tour du monde en quatre-vingts jours. LORD ISN’T IT : Quatre-vingts jours, mais non compris le mauvais temps, les naufrages et les accidents. PHILEAS FOGG : Oui. LORD ISN’T IT : Et même si vous êtes victime de la peste en Asie ? PHILEAS FOGG : Un vrai gentleman se refuse toujours à tomber malade en voyage, ce serait trop vulgaire. LORD ISN’T IT : Eh bien, moi, je parierais bien 4 000 Livres que ce voyage est impossible ! PHILEAS FOGG : Très possible, au contraire. LORD ISN’T IT : Eh bien, faites-le donc ! PHILEAS FOGG : Je le veux bien. LORD ISN’T IT: Quand? PHILEAS FOGG: Tout de suite. LORD SULLIVAN : Mon cher, calmez-vous, ce n’est pas sérieux ! PHILEAS FOGG : Et je parie avec vous… mais pour 200 000 Livres! LORD SULLIVAN : Allons, allons, qu’est-ce qu’il vous prend tous les deux. 200 000 Livres, vous vous rendez compte, Fogg, le moindre imprévu... PHILEAS FOGG : L’imprévu n’existe pas. LORD SULLIVAN : Mais il vous faudra sauter mathématiquement d’un train dans un paquebot, et d’un paquebot dans un train ! C’est une plaisanterie ! PHILEAS FOGG : Un gentleman ne plaisante jamais avec 200 000 Livres! Acceptez-vous ? LORD ISN’T IT : J’accepte. PHILEAS FOGG : Bien. Il y a un train qui part dans exactement 33 minutes. Je le prendrai. Nous sommes aujourd’hui le mercredi 2 octobre. Je serai de retour dans ce salon du Reform Club, le samedi 21 décembre à 20 h 45. Messieurs, bonsoir ! (Fogg sort) LORD ISN’T IT : Ha! Ha! Messieurs, je crois que j’ai d’ors et déjà gagné ces 200 000 livres. LORD SULLIVAN : Attendons toujours le 21 décembre. (les deux lords partent Tandis que Fogg réapparaît.) PHILEAS FOGG : Passepartout ! Passepartout! (Passepartout entre.)

Le Tour du Monde - Commission scolaire de Montréalcybersavoir.csdm.qc.ca/lescyberecrivainsdela5a/... · Je le prendrai. Nous sommes aujourd’hui le mercredi 2 octobre. Je serai

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Le groupe 060 de l’école Paul-Bruchési vous présente

Le Tour du Monde en 80 Jours d'après le roman de Jules Verne

une pièce de

Sébastien Azzopardi et Sacha Danino

LONDRES - ANGLETERRE (Nous sommes au Reform Club. Fogg, Isn’it et Sullivan sont installés autour d’une table et jouent aux cartes.)

PHILEAS FOGG : Quatre-vingts jours et pas une minute de plus.

LORD SULLIVAN : Vous êtes fou, Fogg ! Le tour du monde en quatre-vingts jours. La Terre est bien trop vaste.

PHILEAS FOGG : (il lui tend un journal) Regardez le Morning Chronicle, ils ont fait un calcul très précis : en prenant

chaque correspondance de paquebot et de train, on peut parfaitement réaliser le tour du monde en quatre-vingts jours.

LORD ISN’T IT : Quatre-vingts jours, mais non compris le mauvais temps, les naufrages et les accidents.

PHILEAS FOGG : Oui.

LORD ISN’T IT : Et même si vous êtes victime de la peste en Asie ?

PHILEAS FOGG : Un vrai gentleman se refuse toujours à tomber malade en voyage, ce serait trop vulgaire.

LORD ISN’T IT : Eh bien, moi, je parierais bien 4 000 Livres que ce voyage est impossible !

PHILEAS FOGG : Très possible, au contraire.

LORD ISN’T IT : Eh bien, faites-le donc !

PHILEAS FOGG : Je le veux bien.

LORD ISN’T IT: Quand?

PHILEAS FOGG: Tout de suite.

LORD SULLIVAN : Mon cher, calmez-vous, ce n’est pas sérieux !

PHILEAS FOGG : Et je parie avec vous… mais pour 200 000 Livres!

LORD SULLIVAN : Allons, allons, qu’est-ce qu’il vous prend tous les deux. 200 000 Livres, vous vous rendez compte,

Fogg, le moindre imprévu...

PHILEAS FOGG : L’imprévu n’existe pas.

LORD SULLIVAN : Mais il vous faudra sauter mathématiquement d’un train dans un paquebot, et d’un paquebot dans un

train ! C’est une plaisanterie !

PHILEAS FOGG : Un gentleman ne plaisante jamais avec 200 000 Livres! Acceptez-vous ?

LORD ISN’T IT : J’accepte.

PHILEAS FOGG : Bien. Il y a un train qui part dans exactement 33 minutes. Je le prendrai. Nous sommes aujourd’hui le

mercredi 2 octobre. Je serai de retour dans ce salon du Reform Club, le samedi 21 décembre à 20 h 45. Messieurs, bonsoir !

(Fogg sort)

LORD ISN’T IT : Ha! Ha! Messieurs, je crois que j’ai d’ors et déjà gagné ces 200 000 livres.

LORD SULLIVAN : Attendons toujours le 21 décembre. (les deux lords partent Tandis que Fogg réapparaît.)

PHILEAS FOGG : Passepartout ! Passepartout! (Passepartout entre.)

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PASSEPARTOUT : Oui, monsieur ?

PHILEAS FOGG : Nous partons.

PASSEPARTOUT : Nous rentrons chez-vous ? Déjà? Mais vous m’aviez dit que vous n’étiez jamais de retour avant minuit.

PHILEAS FOGG : C’est exact. Mais, cette fois-ci, nous aurons un léger retard ! Nous avons un train dans 29 minutes.

PASSEPARTOUT : Un train ? Dans 29 minutes ! On ne l’attrapera jamais, monsieur, ou alors il faut se dépêcher.

PHILEAS FOGG : Inutile de se presser, Passepartout. Si nous évitons l’autoroute Ville-Marie et l’échangeur Turcot, nous

serons arrivés en 6 minutes et 32 secondes exactement.

PASSEPARTOUT : Mais pourquoi ce départ nocturne, monsieur ? Et la nuit, en plus!

PHILEAS FOGG : Demain, dès l’aube, nous serons déjà loin.

PASSEPARTOUT (il se tourne vers le public) : Eh oui, c’est comme ça que tout a commencé. Deux cent mille Livres, en

1872, c’était une vraie fortune, ça je peux vous le dire. Fogg ? Ah, non, à l’époque, je ne le connaissais pas du tout. J’avais

été engagé le matin même. À l’origine, moi, je suis Français. Mais, j’ai fui Paris depuis l’élection d’Emmanuel Macron. J’ai

accepté cette place parce qu’elle avait la réputation d’être la plus paisible de Londres. Je n’avais qu’une envie : un emploi

stable et surtout sédentaire.

PHILEAS FOGG : Allons-y, Passepartout, le train part dans 12 minutes. Ensuite, nous attraperons le dernier ferry pour

Calais.

PASSEPARTOUT : On va jusqu’à Calais, monsieur?

PHILEAS FOGG : Pas exactement, Passepartout, nous faisons le tour du monde.

PASSEPARTOUT : Pardon?

PHILEAS FOGG : Oui, en 80 jours. Vous voyez bien que nous n’avons pas une minute à perdre. Tenez, attrapez ce sac et

prenez-en grand soin !

PASSEPARTOUT : Pourquoi ?

PHILEAS FOGG : Il contient 200 000 livres en bank-notes.

PASSEPARTOUT : Le tour du monde? Mais je viens de partir une lessive!

PHILEAS FOGG : Allez, Passepartout, montez dans ce train. (ils s’installent tous les deux dans un wagon)

LE CONTROLEUR : Vos billets, messieurs… (au public) C’est moi qui ai composté le premier billet de ce fameux tour du

monde! Vous pensez bien que j’étais fier. À l’époque, j’avais ma photo dans le journal. Les Anglais, d’ordinaire si

flegmatiques, se sont passionnés pour cette course. Une frénésie de paris s’est emparée du peuple britannique. On spéculait

sur le moindre détail de la course. Réussira-t-il ? Évitera-t-il les nombreux barrages routiers? Et surtout, obtiendra-t-il le tarif

étudiant pour ses nombreux déplacements ? En attendant, on n’a eu de ses nouvelles que lorsqu’il est arrivé à Suez, en

Égypte.

SUEZ – EGYPTE (Virgule musicale: arabisante.)

FIX : Monsieur le consul !

LE CONSUL : Ah ! c’est vous, inspecteur Fix !

FIX : Bonjour, monsieur le consul. Est-ce que vous savez si le Mongolia a accosté ?

LE CONSUL : Il me semble.

FIX : Hou, je vais te dire une bonne chose... Vous avez entendu parler de ce vol incroyable commis à la banque

d’Angleterre?

LE CONSUL : Oui. Le vol de 200 000 livres en Bank-notes.

FIX : Exactement, monsieur le consul. Je tiens le pari que si le voleur a voulu quitter Londres, il aura préféré fuir en prenant

la route des Indes, moins surveillée que celle d’Amérique. Et s’il a fait ce choix, il est forcément à bord du Mongolia!

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LE CONSUL : Et s’il est bel et bien à bord, comment allez-vous le reconnaître ?

FIX : Hou, je vais te dire une bonne chose... Londres m’a envoyé un signalement très précis : « on recherche gentleman,

élégant, assez grand, plutôt châtain, aucun signe particulier ». Avec ça, je ne peux pas le rater !

LE CONSUL : C’est avec un signalement pareil que vous pensez l’arrêter ?

FIX : Vous savez, monsieur le consul, ces gens-là, on les sent plutôt qu’on ne les reconnaît ! Je fais confiance à mon flair.

(Fogg paraît.)

PHILEAS FOGG : Excusez-moi, monsieur, je cherche le consul.

LE CONSUL : C’est moi, que puis-je pour vous ?

PHILEAS FOGG : Enchanté. Pouvez-vous déposer un visa sur mon passeport, s’il vous plaît?

LE CONSUL : Avec plaisir. (il lit le passeport) « Fogg, Phileas, 1m 85, brun, aucun signe particulier. »

FIX : Tiens, tiens ! Vous êtes passager du Mongolia, monsieur ?

PHILEAS FOGG : Parfaitement, monsieur. Pourquoi?

FIX : Hou... Pour rien, Monsieur.

LE CONSUL : Tenez, monsieur. Pouk!

PHILEAS FOGG : Merci, monsieur. (Fogg s’éloigne.)

FIX : Exactement comme notre voleur ! Drôle de coïncidence, non?

LE CONSUL : Et qu’est-ce que vous comptez faire ?

FIX : L’empêcher d’embarquer, le temps que je reçoive de Londres le mandat d’arrestation.

(nous retrouvons Fogg et Passepartout sur le port.)

PHILEAS FOGG : Venez, Passepartout, nous remontons sur le Mongolia.

PASSEPARTOUT : Quoi ? Vous ne voulez pas visiter Suez ?

PHILEAS FOGG : Un vrai gentleman ne visite jamais aucun pays, il le fait faire par ses domestiques. Et vous serez bien

aimable d’acheter des chemises et des chaussettes.

(Il s’éloigne. Fix se dirige vers Passepartout.) FIX : Excusez-moi monsieur, vous avez du feu?

PASSEPARTOUT : Non, mais j’ai du beurre de peanut.

FIX : Vous êtes Anglais, vous ?

PASSEPARTOUT : Ne m’insultez pas, monsieur! Je suis Français. Dans ma famille, nous boutons les Anglais hors de France

depuis onze générations! (…) Je cherche une boutique, je dois acheter des chemises et des chaussettes.

FIX : Je vous accompagne au souk.

PASSEPARTOUT : Ah, merci, c’est très aimable, monsieur?...

FIX : Fix, inspec... Représentant.

PASSEPARTOUT : Représentant en quoi?

FIX : Représentant... d’un certain nombre de choses très passionnantes. Et vous?

PASSEPARTOUT : Je m’appelle Passepartout, je suis le domestique d’un certain monsieur Fogg.

FIX : Et vous allez visiter un peu les curiosités égyptiennes?

PASSEPARTOUT : Oh, vous savez, nous n’avons pas le temps, nous voyageons trop vite. Nous faisons une sorte de course.

Ainsi, mon maître a même proposé une jolie prime au capitaine du Mongolia si nous arrivions à Bombay avec une belle

avance.

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FIX : Il lui a proposé une prime?

PASSEPARTOUT : Oui, en bank-notes toutes neuves.

FIX : En bank-notes toutes neuves ! Ah, j’ai vraiment plaisir à discuter avec vous, monsieur Passe-par-là.

PASSEPARTOUT : Passepartout !

FIX : Oui, c’est ça. Tenez, rentrons par ici.

(Dans une boutique, un commerçant arabe apparaît.)

ALI : Bijour missieurs, bienvenu dans li magasin d’Ali !

PASSEPARTOUT : Il y a des chemises, ici ?

ALI : Bien sûr, nous avons tout : montres suisses, fromage hollandais, humour britannique…

PASSEPARTOUT : Et, des chemises ?

ALI : Oui, oui, c’est possible... Rigardez ces tapis, juste pour li plaisir di yeux.

PASSEPARTOUT : Ils sont très beaux, mais je n’ai besoin que de chemises et de chaussettes.

ALI : Auquin problème. Rigardez ces lampes, et ces bijoux... (criant) Laïla, tu fais deux thés à la menthe pour des invités de

marque. (à Passepartout) Prinez votre temps! Tinez, rigardez ça... c’est fait avec di l’os de chameau...entièrement fabriqué à

la main, vieille méthode Nubienne.

PASSEPARTOUT : Très joli. (il lit) Made in China. Dites donc, ils voyagent beaucoup, vos Nubiens.

ALI : Oui, peuple très nomade!

PASSEPARTOUT : Mais, comme je vous l’ai dit, je n’ai besoin que de chemises et de chaussettes.

ALI : On ne met pas chaussette dans babouche.

PASSEPARTOUT : Mais je ne veux pas de babouche!

ALI : Alors, tinez, essayez ça!

PASSEPARTOUT : Qu’est-ce que c’est?

ALI : Une djellaba. Très pratique dans li disert.

PASSEPARTOUT : Mais je ne vais pas dans le désert !

FIX : Négociez, Passepartout. C’est la convivialité arabe.

PASSEPARTOUT : Je suis plutôt pressé, Monsieur Fix. Si mon maître manque le bateau, c’est une véritable catastrophe.

ALI : Ti es pressé? Chez nous, il y a un proverbe: Un homme pressé, il est déjà mort ! Ici, on prend li thé, on discute, on fait

les affaires. On achète, on achète pas, on garde li sourire. Combien ji ti mets de djellabas?

FIX : Dans tout ce souk, je ne sais pas si vous trouverez de chemise.

PASSEPARTOUT : Quoi? Il n’y a pas de chemise. Alors je dois y aller.

LAÏLA : Ristez avec nous, vous ni li rigritterez pas.

PASSEPARTOUT : Vitre pripisition... heu, votre proposition m’enchante, madame. Mais vous comprenez... la vie, le destin

et les horaires des transports maritimes en ont décidé autrement.

FIX : Ah ! le voilà parti pour les Indes ! Il n’y a plus qu’une seule solution : qu’on m’envoie le mandat d’arrestation à

Bombay, le filer et l’arrêter tant qu’il marche sur le sol de l’empire britannique !

(Corne de bateau.) LE CAPITAINE : Attention ! On largue les amarres ! Tout le monde à son poste… Hein ? Oui, c’était moi, à l’époque, qui

étais capitaine du Mongolia… Destination Bombay, en passant par la Mer Rouge. Phileas Fogg? Si je m’en souviens ? Il

restait dans sa cabine à regarder les reprises d’Occupation Double à Bali.

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LONDRES - ANGLETERRE Virgule musicale anglaise. Une jeune femme anglaise s’adresse au public.

LADY : Oh, oui, monsieur, pendant ce temps-là, à Londres, le business de Mister Fogg était en train de tourner au vinaigre,

n’était-il pas ?

(Un homme en chapeau melon et parapluie débarque.)

SCOLTAND YARD : Oh, bonsoir ma chère, je suis épuisé, ne suis-je pas? Selon nos services de renseignements, le voleur

de la banque ne serait plus en Angleterre, serait-il ?

LADY: Oh my god, my god-il pas ?

SCOTLAND YARD : Il s’agirait du fameux Phileas Fogg, ne s’agirait-il pas ?

LADY : C’est pour cela qu’il est parti, n’est-il pas ? Ce tour du monde avait tout d’un prétexte, n’avait-il pas ?

SCOTLAND YARD : De toute façon, ce n’était pas un pari raisonnable, était-il ? Tous nos espoirs reposent désormais sur la

pugnacité de l’agent Fix, ne reposent-ils pas ?

LADY : Oh, ma pauvre saucisse, n’hésitez pas à reprendre de ce thé, avec ces gâteaux de chantilly-concombre, chantilly-

concombre pas ?

SCOTLAND YARD : C’est tout de même la première fois que j’entends parler d’un alibi pareil, le monde tourne-t-il ?

LADY : Quel dommage que ce soit un alibi, parce que si la chose est faisable, il est bon que ce soit un anglais qui la fasse le

premier…

ENSEMBLE : Ne la fasse-t-il pas ?

BOMBAY - INDES

Virgule musicale: les Indes.

PHILEAS FOGG : Passepartout, nous accostons à Bombay!

PASSEPARTOUT : Quoi, déjà ?

(Passepartout débarque regardant avec une grande curiosité. Fogg, quant à lui, avance sans s’occuper de rien.)

PHILEAS FOGG : Nous allons prendre le train.

PASSEPARTOUT : Quoi ? On pourrait s’arrêter un petit peu, et admirer les merveilles de Bombay, non?

PHILEAS FOGG : Non.

PASSEPARTOUT : Quoi? Pas même les bazars, les mosquées, la splendide pagode de Malébar-Hill, ni même le restaurant le

Sandhu, sur la rue Papineau, qui fait moins 15% sur ses tables d'hôte avant un spectacle à La Licorne?

PHILEAS FOGG : Si ! nous allons visiter quelque chose ! Le bureau des passeports, pour le visa ! (fait deux pas) Ah

monsieur le consul.

LE CONSUL : C’est moi. Mais comment m’avez-vous reconnu ?

PHILEAS FOGG : J’ai vu un de vos collègues à Suez, il avait exactement la même tête que vous !

LE CONSUL : C’est l’administration qui veut ça ! Cette tête-là, c’est presque un uniforme ! Que puis-je pour vous ?

PHILEAS FOGG : Faire viser mon passeport.

LE CONSUL : Avec plaisir ! Pouck !

PHILEAS FOGG : Allez, en route pour Calcutta!

(Fogg et Passepartout s’éloignent.)

FIX : Tu n’y es pas encore, à Calcutta, ma canaille. (avisant le consul) Ah, monsieur le consul ! Inspecteur Fix, de Scotland

Yard. Vous devez très certainement avoir reçu un mandat d’arrestation pour moi.

LE CONSUL : Ah non, rien de tel. (un temps) Pour qui, ce mandat ?

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FIX : Pour le bonhomme qui vient de sortir de chez vous.

LE CONSUL : Ah bon? Il m’a l’air d’un parfait gentleman.

FIX : Ah ! vous êtes bien de mon avis : c’est lui !

VOIX DU GARÇON DE TRAIN : Attention, dégagez les voies, le train pour Calcutta, départ imminent. Je répète départ

imminent. (On entend le train partir.)

PHILEAS FOGG (il note sur un petit calepin) : Nous sommes aujourd’hui le 20 octobre, nous sommes partis depuis 18

jours.

FIX : Excusez-moi, messieurs, cette place est-elle libre?

PASSEPARTOUT : Monsieur Fix!

FIX : Oh monsieur Pissepartout!

PASSEPARTOUT : Passepartout! Ah. Je vous présente mon maître, Sir Phileas Fogg, du Réform Club.

PHILEAS FOGG : Enchanté.

FIX : Pas autant que moi, Monsieur Fogg! (il avise le billet de Fogg) Les bank-notes! (à Fogg) Voyage d’affaire ou

voyage d’agrément?

PASSEPARTOUT : Mon maître ne voyage pas, mon maître décrit une circumvolution autour du globe terrestre.

PHILEAS FOGG : J’ai fait un pari, je dois faire le tour du monde en 80 jours.

FIX : Ce n’est pas sérieux ?

PHILEAS FOGG : Ce pari est un produit des sciences exactes, monsieur Fix. Et c’est précisément grâce à ce train que je vais

le gagner. Ce voyage a été rendu possible depuis qu’on a achevé la construction de cette ligne de chemin de fer entre

Bombay et Calcutta.

LE GARÇON DE TRAIN : Terminus, tout le monde descend, terminus !

FIX : Comment ça, terminus! Nous sommes en plein milieu de la jungle. C’est tout de même pas ça, Calcutta.

LE GARÇON DE TRAIN : Bien sûr que non.

FIX : C’est une grève surprise, alors?

LE GARÇON DE TRAIN : Vous vous croyez où ? En France ? Non, le chemin de fer n’est pas achevé !

PHILEAS FOGG : Pardon?

LE GARÇON DE TRAIN : Il y a un tronçon qui n’est pas posé entre ici et Allahabad !

PASSEPARTOUT (il saisit le garçon par le col) : Qu’est-ce que ça veut dire! Vous vous moquez de nous? Vous nous les

avez bien vendus, les billets, de Bombay à Calcutta! Voleur ! Escroc ! Assassin !...

PHILEAS FOGG : Allons, du sang-froid, Passepartout ! Soyez digne de votre maître. ((il saisit le garçon par le col) Les

journaux avaient pourtant annoncé l’ouverture complète du tronçon! Ordure, canaille !...

FIX : En tout cas, tout ça compromet sacrément vos projets, monsieur Fogg !

PHILEAS FOGG : Passepartout, allez chercher un moyen de locomotion dans ce village.

PASSEPARTOUT : Monsieur, les voyageurs ont tout pris.

PHILEAS FOGG : Très bien, j’irai à pied.

PASSEPARTOUT : Attendez… Je suis certain que l'on peut trouver un éléphant!

PHILEAS FOGG : Cela me semble un moyen de locomotion tout à fait respectable. Voulez-vous vous joindre à nous,

Monsieur... (il se retourne vers Fix, il a disparu) Tiens!

PASSEPARTOUT : Où est-il passé?

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FIX : (off) Je suis parti

PHILEAS FOGG : Bon, tant pis, assez perdu de temps. Vous connaissez le chemin ?

PASSEPARTOUT : Heu... On n’a qu’à suivre les rails?

PHILEAS FOGG : Les rails ? Il n’y a pas de rail ! Pourquoi croyez-vous qu’on est descendu de ce train, Passepartout ?

PASSEPARTOUT : Saperlot, c’est vrai ! On est perdu, monsieur !

(Musique Indes Mystérieuses. On entend une prière psalmodiée. Ambiance inquiétante.)

PHILEAS FOGG : Qu’est-ce que c’est que ça ? (...) Cachons-nous.

(Une procession paraît. Deux gardes Indiens, armés de sabres, escortent une jeune femme. Elle semble prisonnière.)

LES DEUX GARDES : Ouh ah ah ah, la chouarma, la lambada, macarena, che guevara, chipolata...

(La princesse s’arrête au milieu de la scène et commence à chanter.)

AOUDA : Je m’appelle Princesse Aouda, La jeune veuve du radjah. Et une coutume nommée Sutti, m’oblige à perdre la

vie. On m’a droguée, et demain, on me pleurera

LES DEUX GARDES : Ce soir, on lui met le feu ! Ce soir, on lui met le feu !

(À la fin de la chanson, elle quitte la scène toujours escortée de ses gardes. Phileas et Passepartout sortent de leur cachette.)

PASSEPARTOUT : Oh la malheureuse. Si seulement on avait un peu de temps devant nous. Mais c’est vrai, on est plutôt

pressé...

PHILEAS FOGG : Attendez...

PASSEPARTOUT : Non, il faut y aller, maintenant, la route est longue, on ne connaît pas le chemin, on se reposera plus tard.

PHILEAS FOGG : Attendez, Passepartout... Si nous sauvions cette femme ?

PASSEPARTOUT : Quoi ? Mais alors il y aurait un cœur qui bat sous votre jacket ?

PHILEAS FOGG : Quelquefois. Allons, ne perdons pas de temps.

(Ils disparaissent. Les deux Indiens, en sari et turban, montent la garde.)

LES DEUX GARDES

GERARD : Ce petit bûcher va nous faire du bien, les nuits sont fraîches, ces temps-ci, dans la jungle.

ROGER : On a bien fait d’accepter ce poste de vigile. Parce qu’en travaillant de nuit, on a trois jours de congé et on est payé

à temps double!

GERARD : Sans compter les pourboires après l'exécution.

ROGER : Moi, les pourboires, ça m’arrange pas. On est obligé de les déclarer, et ça m’a changé de catégorie d’imposition

pour les impôts. Résultat, j’ai dû réemprunté et renégocier mon prêt hypothécaire.

GERARD : Dur !

ROGER : Ça, c’est pas cool. Tu sais, Gérard, j’ai un traitement contre les angoisses.

GERARD : Ah bon ?

ROGER : Tiens. (il sort une slush de chez Couche Tard) Vitamines et sels minéraux.

(Musique Indes Mystérieuses. La déesse Shiva aux quatre bras apparaît devant eux. En fait, c’est Phileas Fogg déguisé,

Passepartout est collé derrière lui, il laisse dépasser ses bras pour permettre à Fogg de ressembler à la déesse.)

PHILEAS FOGG (une voix caverneuse) : Prosternez-vous.

ROGER : Oh, c’est Monsieur Pascal réincarné en dieu de la correction efficace!

PHILEAS FOGG : Mais non, je suis Shiva, divinité de la mort.

GERARD : Dis donc, elle était peut-être un peu trop sucrée cette slush!

(Les gardes viennent se mettre de part et d’autres de Shiva. La déesse donne une paire de gifles à celui de gauche avec ses

deux mains gauches et une autre à celui de droite avec ses deux mains droites.) (Les deux gardes s’agenouillent.)

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LES DEUX GARDES : Oh Shiva!!!! Shiva, divinité de la mort, nous sommes tes serviteurs.

ROGER : Nous procédons au Sutti, en votre honneur.

PHILEAS FOGG : Misérables ! Je ne demande pas la mort de la princesse. Allez la chercher, tout de suite.

(Un des gardes se précipite dans la tente.)

GERARD : J’implore ton pardon, Shiva.

PHILEAS FOGG : Je te pardonne, mon fils... In nomine patris et fili et spiritu... Heu... Au nom de Brahmâ, de Vishnu et, de

moi-même. (Le garde paraît avec la princesse qui semble droguée.)

AOUDA : Oh, Shiva !!! Je m’offre en sacrifice et je te suis sur le chemin de ma mort.

PHILEAS FOGG : Lève-toi, mon enfant, et marche. Marche vite. Très vite!

AOUDA : Hein ?

PHILEAS FOGG (avec sa voix normale) : Grouille ! (Phileas et Passepartout s’éloignent en compagnie de la princesse.)

(Les deux indous regardent ce spectacle avec étonnement.)

ROGER : Tu vois ce que je vois ?

GERARD (regardant sa slush) : Ah ouais, décidemment, elle est trop sucrée !

(Roger et Gérard partent à la recherche de la princesse. Fogg, Passepartout et Aouda apparaissent.) PASSEPARTOUT (il rit) : Ah, c’est formidable, on a réussi, monsieur, on a réussi. (à la princesse) Ça va ? (à Fogg) Dites-

moi, elle n’a pas l’air d’avoir une personnalité très forte, la princesse.

PHILEAS FOGG : Elle est plongée dans l’ivresse du “Hang”. C’est une infusion de chanvre.

PASSEPARTOUT : Ah ? vous connaissez bien les Indes, monsieur !

PHILEAS FOGG : C’est dans le guide du Routard, Passepartout. (Ils s’éloignent.)

(Fix apparaît (à dos de mouton?). Le garde Gerard revient sur scène.) FIX : Bonsoir, mon jeune ami. Vous n’auriez pas vu, par hasard, deux occidentaux à dos d’éléphant.

GERARD : Si, ils ont enlevé la veuve du radjah.

FIX : Et ils sont partis par où ?

GERARD : De ce côté-ci. (Ils s’éloignent.)

(Virgule musicale, Indes mystérieuses, ambiance plus sereine. Fogg, Passepartout et Aouda apparaissent à pied.) PHILEAS FOGG : Ce petit coin de nature me semble l’endroit idéal pour dormir une heure. Il est exactement 5 heures du

matin. Vous me réveillerez au lever du soleil. Demain, nous profiterons d’un système anti-dépressionnaire sur toute la région

et il fera 45º avec le facteur humidex.

PASSEPARTOUT : Elle se réveille, monsieur.

AOUDA : Où suis-je ?

PASSEPARTOUT : Au beau milieu de la jungle. Vous n’êtes pas rassurée, hein ?

PASSEPARTOUT : Je m’appelle Passepartout, je suis Français et voici mon Maître Phileas Fogg. Il vous a sauvée du bûcher.

AOUDA : C’est vrai ? Je m’appelle Aouda. Ça veut dire «petite fibre alimentaire qui, selon une étude américaine, facilite le

transit intestinal».

PHILEAS FOGG : Bon, il est temps de se reposer, nous avons une longue route demain.

(Ils se couchent. Quelques secondes s'écoulent. Lumière. Fogg fait sa petite gymnastique du matin, il est très frais.)

PHILEAS FOGG : Hum, il fait un temps splendide ! Idéal pour des petits exercices matinaux.

AOUDA : Et moi, je vous ai préparé un déjeuner typique du pays. Poulet tandoori, nan au fromage, mais pour votre santé,

n’oubliez pas de manger 10 portions de fruits et de légumes par jour.

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PASSEPARTOUT : Et n’hésitez pas à consulter le site «passeportsante.ca» .

PHILEAS FOGG : Aouda, vous connaissez certainement le chemin qui mène à Allahabad ?

AOUDA : Bien entendu. Mais j’aimerais savoir, qu’est-ce que vous comptez faire de moi ?

PHILEAS FOGG : Vous ne pouvez pas rester en Indes. Il faut absolument vous mettre à l’abri des fanatiques. Vous avez de

la famille quelque part ?

AOUDA : J’ai un oncle à Honk Kong.

PHILEAS FOGG : Parfait, c’est sur ma route.

(Ils se mettent à chanter le générique.)

INDES - CALCUTTA LE GARÇON DE TRAIN : Calcutta, terminus, tout le monde descend !

(Ils se remettent à chanter la chanson de Rock et belles oreilles?)

PHILEAS FOGG : Le Rangoon lève l’ancre pour Honk Kong à l’instant.

(Ils embarquent sur le Rangoon. Fix apparaît une casquette à la main.)

FIX : Bon, il ne reste plus qu’à m’embarquer moi aussi sur le Rangoon. Hong Kong est encore une concession anglaise, la

dernière avant la Chine, le Japon et l’Amérique. Il n’y a pas d’alternative, mon petit Fix! Ou le mandat d’arrestation sera

enfin arrivé et j’arrête mon homme, ou il n’y sera pas, et cette fois, il faut à tout prix que je retarde son départ.

LE RANGOON - GOLF DU BENGALE

(Le capitaine se tient sur le pont. Dire qu’il est efféminé serait en dessous de vérité. Un marin, beaucoup plus viril, semble dresser une voile.)

LE CAPITAINE BLAKE : Allez, les enfants, on lève la grande voile, on pousse la vapeur, et on redresse le foc ! Et de la

vigueur, hein! On bouge les biscoteaux. (il tâte le biceps du marin) Oh! dis-moi, tu as un nouveau muscle, là. Hum, j’adore.

(il touche à présent le ventre du marin) Ah mais, c’est quoi, ça ? Tu nous fais une petite bouée pour la mer, ou quoi ? (Fogg parait sur le pont, avec Aouda à son bras.) (découvrant Fogg) Oh, Monsieur Fogg, vous avez une mine radieuse ce matin.

Je suis tellement jaloux du laiteux de votre peau.

PHILEAS FOGG : Merci, Capitaine.

AOUDA : Monsieur Phileas, cette traversée en votre compagnie est un ravissement de chaque instant. Et je n’ai pas eu le

temps de vous dire à quel point ma gratitude égale l’infinie pureté des eaux miraculeuses du Gange.

PHILEAS FOGG : Votre vie va changer maintenant. Arrivée à Hong Kong, je vous remets aux bons soins de votre oncle.

AOUDA (seule et pensive) : Il y a dans nos karmas des éléments convergents, je le sens, je le sais.

LE CAPITAINE BLAKE : Malheureusement, pendant ce temps-là, en Angleterre, la réputation de Monsieur Fogg semblait

se ternir irrésistiblement.

LONDRES - ANGLETERRE

PREMIERE ANGLAISE : J’ai perdu la moitié de la fortune de mon mari en pariant sur Phileas Fogg.

DEUXIÈME ANGLAISE : Il paraît qu’ils vont le jeter en prison.

PREMIÈRE ANGLAISE: No? you’re kidding !

DEUXIÈME ANGLAISE : Mais voyons, Pussycat, tu n’as pas entendu parler de ça ? Le vol des bank-notes, c’est lui.

PREMIÈRE ANGLAISE : Oh ! Unbelievable ! (Une troisième anglaise arrive.)

TROISIEME ANGLAISE : Qu’est-ce qui est unbelievable ?

DEUXIEME ANGLAISE : Fogg, il paraît qu’on va l’arrêter.

TROISIEME ANGLAIS : Incredible. I’m so surprised. (s’adressant à la première anglaise) ooh ! Il est tellement too much ton chapeau, sweet heart.

PREMIERE ANGLAISE : Oh, tu es tellement so cute !

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QUATRIEME ANGLAISE (elle apparaît avec un brushing décoiffant!): Oh my god, vous avez vu la coiffure qu’ils m’ont

faite, bloody coiffeur, je n’ose même pas me présenter devant vous, it’s a shame !

TROISIEME ANGLAIS : Oh ma pauvre tronche of cake, you’re ridiculous.

CINQUIEME ANGLAISE (paraissant, elle aussi) : Vous avez lu le Morning Chronicle, il paraît que Mister Fogg est le

voleur de la banque d’Angleterre, c’est tellement amazing ! Pauvre fish and ships. (à la quatrième) Ah, Sweet Marmelade,

ta coiffure, elle est tellement, mais tellement... indescriptable.

QUATRIEME ANGLAISE : Tu trouves ?

CINQUIEME ANGLAISE : Ça fait french touch, non ?

PREMIERE ANGLAISE : Quelqu’un sait où est actuellement mister Fogg ?

TROISIEME ANGLAISE : Je crois qu’il est à cheval entre Calcutta et nearly Hong Kong, sweety yellow submarine.

DEUXIEME ANGLAISE: That’s so unbelievable !

QUATRIEME ANGLAISE : J’en-reviens-pas-able ! Oh ! look at the garden !

LES AUTRES : What’se passe-t-il ?

QUATRIEME ANGLAISE : Mon coiffeur, il va être pendu sur la place publique!

CINQUIEME ANGLAISE : Oh, je suis si contente pour toi, ne manquons pas ce spectacle ! ma chère love-me-tender.

(Elles s’en vont.)

HONG KONG

(Virgule musicale: la Chine. Fogg et Passepartout arrivent en Chine.)

PASSEPARTOUT : Je suppose que nous n’irons pas visiter les curiosités de la ville ?

PHILEAS FOGG : Perspicace. Non, nous allons au bureau des passeports, pour le visa. Le consul arrive sur scène.

PHILEAS FOGG : Ah monsieur le consul

LE CONSUL : Bonjour, mais comment m’avez-vous reconnu ?

PHILEAS FOGG : J’ai vu vos collègues à Suez et à Bombay.

LE CONSUL : Oui, je sais, il y a une pétition qui circule pour qu’on diversifie la tête des Consuls mais vous savez, avec les

lenteurs administratives. Bon, que puis-je faire pour vous ?

PHILEAS FOGG : Faire viser mon passeport.

LE CONSUL : Avec plaisir. Pouck !

PHILEAS FOGG : Le Carnatic pour Yokohama lève bien l’ancre à midi ?

LE CONSUL : Ah non, Monsieur Fogg, il a eu un petit problème technique, il ne part que demain matin à cinq heures.

PHILEAS FOGG : Ne nous inquiétons pas, Passepartout, le steamer qui fait la traversée entre Yokohama et San Francisco

est en correspondance directe avec le Carnatic; il sera donc obligé de l’attendre. Allons-y, nous avons 1452 pas à faire avant

d’arriver à l’hôtel. (Ils s’éloignent.)

(Fix apparaît de l’autre côté du Théâtre.)

FIX : Monsieur le consul ?

LE CONSUL : Oui.

FIX : Fix, James Fix, aux services secrets de Sa Majesté. Vous devez très certainement avoir reçu une missive pour moi.

LE CONSUL : Ah. Pour toutes demandes de courrier, il me faut deux pièces d'identité avec photos, une preuve de résidence

et votre certificat de naissance. (il remet tout) Vous avez votre carte Air Miles ?

FIX : Ah non, c’est idiot, je l’ai oubliée !

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LE CONSUL : Ah, eh bien, je ne peux rien faire pour vous, inspecteur.

FIX : Quoi? Mais vous ne pouvez pas me faire ça! Si je n’ai pas ce courrier, monsieur le consul, c’est sûr, je me ferai virer de

la police. Pour survivre, je serai obligé de devenir comédien... Je devrai plaire à toutes les fans qui m’attendront à la sortie

des artistes. Mon adresse électrique est : [email protected]. Alors, je dis non. Et pourtant, je ne suis pas une

poupée qui dit non!

LE CONSUL : Un mandat d’arrestation au sujet du vol de la banque?

FIX : Oui!

LE CONSUL : On l’a pas reçu.

(Le consul se retire. Fix se retrouve tout seul.)

FIX (au public) : Vous croyez que je suis foutu ? Je peux vous dire que je vais tout mettre en œuvre pour que Phileas Fogg

n’embarque jamais sur le Carnatic! (il regarde un spectateur) Mais dites donc, vous avez une tête de suspect, vous! Vous

faisiez quoi la nuit du 17 mai 1872 ? (il sort content de lui) Je suis trop fort.

(Virgule musicale chinoise. On retrouve Fogg au restaurant.)

SERVEUR CHINOIS : Bonjour, gentil colonisateur, bienvenu au dragon d’or.

PHILEAS FOGG : Bonjour, autochtone.

SERVEUR CHINOIS : Si tu as grand faim, tu as bien raison, signe de grande santé. Nous avons un proverbe Ming qui dit:

«la queue du dragon est toujours plus longue que l’appétit du papillon».

(Aouda paraît.) AOUDA (avec le sourire) : Ah, Monsieur Fogg, j’ai une très mauvaise nouvelle. Mon oncle n’habite plus à Hong Kong. Il

vit désormais à Amsterdam. Je vais être obligée de vous accompagner en Europe. Je suis désolée.

PHILEAS FOGG : Ne soyez pas désolée, votre présence ne me retarde pas.

SERVEUR CHINOIS : Vous avez choisi ?

PHILEAS FOGG : Heu... J’hésite entre le 36 et le 42.

SERVEUR CHINOIS : Oui, oui, très très bon.

PHILEAS FOGG : Mais vous me conseillez lequel ?

SERVEUR CHINOIS : Oui, oui.

PHILEAS FOGG : Bon, alors, je vais prendre le 36.

SERVEUR CHINOIS : Oui, très délicieux, je te conseille aussi le 42, se marie très bien avec le 36.

PHILEAS FOGG : Bon, alors donnez-moi du 36 et du 42.

AOUDA: Et moi, je ne sais pas…

SERVEUR CHINOIS : Ah, choisir, c’est le drame de toute une vie...

(Virgule musicale chinoise. Fix fait les cent pas sur le port de Hong Kong. Passepartout paraît.)

FIX (faussement surpris) : Ça alors ! Passe-moi-le-sel ! En voilà une surprise ! Je suppose que vous allez embarquer sur le

Carnatic ?

PASSEPARTOUT : Ben, il a eu une panne...

FIX : Oui, je sais, c’est pour ça qu’il ne part qu’à 22 heures.

PASSEPARTOUT : Ah bon? mais c’est formidable... Il faut que je prévienne mon maître le plus vite possible.

FIX : Comment, vous ne saviez pas?

PASSEPARTOUT : On pensait que le Carnatic ne lèverait l’ancre que demain matin.

FIX (au public) : Ah, saperlot ! (à Passe-Partout) Alors comme ça, vous étiez à deux doigts de rater le départ, mais à cause

de moi...

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PASSEPARTOUT : Grâce à vous !

FIX : (à part) Flûte! (à Passepartout) Ah, mon cher Passepartout, j’ai quelque chose de désagréable à vous dire. Je ne sais

pas comment commencer. C’est au sujet de votre maître.

PASSEPARTOUT : De mon maître ?

FIX : Vous me prenez pour un représentant de la compagnie des Indes, mais en fait, je suis inspecteur de police.

PASSEPARTOUT : Inspecteur de police ?

FIX : Oui, je travaille pour Scotland Yard.

PASSEPARTOUT : Pour Scotland Yard ?

FIX : Et nous avons la quasi-certitude que votre maître a commis un méfait.

PASSEPARTOUT : A commis un méfait ?

FIX : Arrêtez de répéter tout ce que je dis ! Vous êtes pénible, Passepartout.

CHINOIS 2 : Voici vos laits de riz…

PASSEPARTOUT : Je ne crois pas un traître mot de ce que vous dites.

CHINOIS 2 : Si, si, je t’assure, il n’y a pas de vent mais les vagues se soulèvent.

PASSEPARTOUT : C’est pas à vous que je parle, c’est à lui.

CHINOIS 2 : Peut-être, mais quand la porte de la ville prend feu, les poissons du fossé en pâtissent.

FIX : Mais on s’en fout !

CHINOIS 2 : Tu as tort de te moquer. Qui est à cheval sur un tigre n’en descend pas aisément.

FIX : Mais taisez-vous!

CHINOIS 2 : Tu me parles mal, occidental, mais sache que demain, tout ce qu’il y a au Dolorama sera chinois, nananère. (il

quitte)

FIX : Écoutez, Passepartout, il faut que vous m’aidiez à arrêter votre maître.

PASSEPARTOUT : Jamais. C’est le plus honnête homme du monde.

FIX : Qu’en savez-vous ? Vous êtes entré à son service le jour même de son départ. Vous êtes parti précipitamment, sous un

prétexte fallacieux, sans malle ni valise. Et surtout, en emportant avec vous une grosse somme en bank-notes toutes neuves.

PASSEPARTOUT : Monsieur Fix... moi, je l’ai vu bon et généreux, je l’ai vu chevauchant avec panache l’éléphant sacré du

Gange, tel Hannibal vainquant les Alpes inhospitalières, je l’ai vu affronter les obstacles les plus redoutables avec la

luminosité d’un Bouddha... je suis incapable de le trahir. Monsieur Fogg n’est pas un voleur.

FIX : Allez… Votre plaidoyer m’a convaincu. Give me five.

CHINOIS 2 : Tenez vos pipes d’opium, mais attention, selon les consignes du ministère de la santé, fumer provoque des

maladies cardio-vasculaires et nuit gravement à la fertilité... mais si vous prenez deux pipes, la troisième est gratuite!

(Virgule musicale chinoise. On se retrouve sur le port. Fix attend l’air serein. Phileas Fogg et Aouda paraissent.) AOUDA : Monsieur Fogg, je ne comprends pas, j’ai fouillé tous les coins et recoins de Hong Kong, aucune trace de

Passepartout.

PHILEAS FOGG : Le Carnatic a disparu, lui aussi.

FIX : (Allant à leur rencontre) Monsieur Fogg, c’est ça ? Fix, on s’est rencontré dans le train de Calcutta.

PHILEAS FOGG : Ah oui.

FIX : Vous deviez, vous aussi, embarquer sur le Carnatic ?

PHILEAS FOGG (il appelle) : Autochtone ?

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CHINOIS 3 : Honorable envahisseur ?

PHILEAS FOGG : Combien, votre bateau ?

CHINOIS 3 : Pour aller où ?

PHILEAS FOGG : Yokohama, au Japon.

CHINOIS 3 : Hou, je vais te dire une bonne chose : 25 000.

PHILEAS FOGG : Je paie. Monsieur Fix, voulez-vous profiter du voyage ?

AOUDA : Mais Passepartout ?

PHILEAS FOGG : Il a dû embarquer sur le Carnatic. Nous le retrouverons à Yokohama. Allons-y, nous avons un pari à

gagner.

CHINOIS 3 : Et ils embarquèrent pour Yokohama...

(L’acteur qui joue le Chinois 3 devient tout d’un coup l’Annonceur et perd son accent chinois.)

L’ANNONCEUR : Mesdames, messieurs, pour des raisons budgétaires, nous allons être dans l’obligation de jouer les

prochaines scènes en accéléré...

(Les acteurs se mettent à jouer comme des automates remontés à bloc.)

L’ANNONCEUR : Pour commencer, Fogg, Aouda et Fix traversèrent la Mer de Chine à bord du Tankadère.

AOUDA : Oh, un typhon !

L’ANNONCEUR : C’était une tempête, une terrible tempête.

FIX : Écopons, écopons.

L’ANNONCEUR : Et ils écopèrent. Et ils essayèrent de garder le cap. Phileas Fogg, une fois n’est pas coutume, participait à

l’action. Ils firent tout ce qui était en leur pouvoir pour lutter contre les éléments. C’était la panique à bord.

(Ils font des mouvements accélérés tout en faisant des borborygmes qui rappellent une bande enregistrée qui défilerait à toute vitesse.)

COMÉDIEN : C’était la panique à bord.

L’ANNONCEUR : De son côté, Passepartout, encore sous l’emprise de l’opium, mais dans un éclair de lucidité, s’était traîné

sur le Carnatic. Cependant, il mit trois bons jours avant de récupérer ses forces.

PASSEPARTOUT : Oh, je récupère mes forces !

L’ANNONCEUR : Et il chercha son maître partout. Il fouilla toutes les cabines, les toilettes, la salle des machines, la boîte à

gant. Fogg et Aouda n’étaient nulle part. Il était désespéré.

PASSEPARTOUT : Oh je suis désespéré !

L’ANNONCEUR : De leur côté, sur le petit navire qu’avait réquisitionné Fogg, la tempête se calma enfin.

AOUDA : Oh, la tempête se calme enfin.

PHILEAS FOGG : Oh, on rejoue aux cartes. Oh, j’ai gagné.

AOUDA : Oh, on est arrivé à Yokohama !

JAPONNAIS : Sayon ara !

L’ANNONCEUR : À Yokohama, Passepartout retrouva son maître avec beaucoup d’émotion.

PASSEPARTOUT : Oh, mon maître !

PHILEAS FOGG : Oh ! Passepartout !

PASSEPARTOUT : Je devine qu’on ne va pas visiter Yokohama.

PHILEAS FOGG : On ne va pas visiter Yokohama.

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PASSEPARTOUT : On va au consulat ?

PHILEAS FOGG : On va au consulat.

LE CONSUL : Oh ! Votre passeport.

PHILEAS FOGG : Oh! Encore la même tête ?

LE CONSUL : Pouck! (Il taponne très rapidement sur le passeport.)

AOUDA : Oh! le beau paquebot pour l’Amérique.

L’ANNONCEUR : Imaginez sa tête quand Passepartout tomba sur Fix !

PASSEPARTOUT : Oh! Fix !

FIX : Oh! Passepartout !

(Ils se battent en accéléré. Et s’éloignent l’un de l’autre toujours comme des automates.)

AOUDA : Oh! Encore sur le même bateau, monsieur Fix ?

FIX : Oh! Oui, je n’ai pas le temps de vous expliquer pourquoi.

AOUDA : Ah bon, pourquoi ?

FIX : Parce que si les choses avaient été moins compliquées, elles auraient été plus simples.

AOUDA : Ah bon, pourquoi ?

FIX : Parce que si les choses avaient été autrement, elles n’auraient pas été pareilles.

AOUDA : Ah bon, pourquoi ?

FIX : Parce que si mon père avait été ta mère, mon oncle serait devenu ma tante.

AOUDA : Oh ! l’Amérique !

L’ANNONCEUR : Et ils débarquèrent en Amérique.

SAN FRANCISCO - ÉTATS UNIS D’AMERIQUE

(Virgule musicale: le Far West (celle du film Lucky Luke?). Fogg, Aouda et Passepartout débarquent à San Francisco.)

PASSEPARTOUT : Je pense qu’il est grand temps d’aller se faire tamponner le visa, monsieur.

PHILEAS FOGG : C’est exact. Allez donc chercher les billets de train pour le transcontinental.

PASSEPARTOUT : Où ça, monsieur ?

PHILEAS FOGG : À côté du Starbuck à l’angle de la 34ème .

(Le consul arrive sur scène, l’air serein.)

LE CONSUL : Ah, Monsieur Fogg !

PHILEAS FOGG : Mais, comment m’avez-vous reconnu ?

LE CONSUL : C’est quand même la cinquième fois qu’on joue cette scène. On peut se faire la bise maintenant !

(Ils se font la bise.) Bon. Je vous tamponne le visa ? Oh, vous avez rempli toutes les cases. Vous avez donc droit à un petit

cadeau de fidélité : un sac de café Santropol!

PHILEAS FOGG : Oh non, j’en ai déjà acheté une dizaine à mon petit voisin! (on tampone son visa) Allons-y, mes amis.

Nous serons à New York dans 7 jours. Nous prendrons le paquebot de Liverpool... et le 21 décembre, à 20 h 45, je serai dans

le salon du Reform Club.

AOUDA : Et vous aurez fait le tour du monde en 80 jours, Phileas!

LE CONTRÔLEUR : En voiture! Départ dans cinq minutes pour New York!

AOUDA : New York, j’ai toujours rêvé de voir la statue de la Liberté.

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PHILEAS FOGG : Eh bien, vous allez devoir attendre un petit peu. Parce qu’à l’heure qu’il est, son créateur, Bartholdi, est

juste en train de commencer les plans.

(Fix accourt et interpelle Passepartout.)

FIX : Monsieur Partout ?

PASSEPARTOUT : Comment osez-vous vous présenter devant moi ?

FIX : J’ai des torts envers vous, je sais. Mais vous avez raison : Mister Fogg est un brave homme. Je ne ferai plus rien pour

retarder sa route. Si vous me voyez encore avec vous dans le transcontinental, c’est parce que, moi aussi, je rentre en

Angleterre. I’m going back home! I’m going back, man ! And don’t cry for me, Argentina!

(Fix monte dans le train. Passepartout reste un instant sur le quai, l’air dubitatif.)

PASSEPARTOUT : Je ne sais pas quoi faire. Et quand je suis désemparé comme ça, il n’y a qu’une chose qui me remonte le

moral: une bonne pizza. Et quand j’ai envie d’une pizza, je pense bien évidemment à Pizza Hut. (il prend soudainement un ton publicitaire, et attrape une boite de pizza à emporter) Une croûte quintuplement garnie à l’intérieur, à l’extérieur, en-

dessous et tout autour, et même à des endroits que vous ne soupçonneriez même pas, d’un délirant mélange de dix-huit

fromages… Hum, hum… (Fogg surgit du train et apostrophe Passepartout).

PHILEAS FOGG : Allez Passe-partir, le train va partout! (Ils monte dans le train.) (Virgule musicale : western.

Deux cowboys sont installés dans un compartiment et mâchent ostensiblement un shwing-gum. Fogg, Aouda et Passepartout se présentent devant eux.)

PHILEAS FOGG : Excusez-moi, jeunes gardiens de vaches, mais il me semble que vous occupez mon compartiment.

COWBOY 1 : Ouais, et alors ?

PHILEAS FOGG : Eh bien, nous souhaiterions nous installer.

COWBOY 2 : T’as entendu, ça, Jack ?

COWBOY 1 : Écoute, étranger, je suis chez moi ici. Et je te le dirai pas deux fois. Écoute, étranger, je suis chez

moi, ici. Et je te le dirai pas deux fois. (il crache par terre)

PHILEAS FOGG : Parfait. Eh bien, je vais vous faire une proposition, gardiens de vache: Et si nous jouions le compartiment

au Whist ?

COWBOY 2 : Qu’est-ce tu penses de ça, Jack ?

COWBOY 1 : Je sais pas, Jack. Mais, je vais te dire une chose.

COWBOY 2 : Bien dit, Jack !

COWBOY 1 : Attends, j’ai encore rien dit, Jack !

COWBOY 2 : Ouais, mais t’as raison, Jack ! (il crache par terre)

PHILEAS FOGG: Messieurs, je vous invite donc à me suivre au Wagon restaurant.

(Ils partent en chantant un air de country (I’m a lonesome cowboy…). Passepartout et Aouda se retrouvent seuls.)

AOUDA : Vous avez l’air tout chiffonné, Passepartout. Rassurez-vous, M. Fogg va gagner cette partie de whist. Il gagne

toujours.

PASSEPARTOUT : Ça n’a rien à voir.

AOUDA : Hou, je vais te dire une bonne chose. Je lis dans le coeur des hommes, et dans le vôtre, je ne vois que trouble et

rancoeur.

PASSEPARTOUT : C’est Fix. C’est un inspecteur de police. Il veut arrêter Monsieur Fogg. Il le prend pour un voleur.

AOUDA : Quoi ? C’est impossible, je les ai vus tous les deux, main dans la main, lutter contre le typhon qui nous a

submergés au large des côtes chinoises.

PASSEPARTOUT : Ah bon ?

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AOUDA : (un temps) Vous savez, c’est un personnage tellement insaisissable. Je fais tout pour qu’il s’intéresse à moi. Pour

qu’il comprenne que mon cœur s’est attaché au sien. Il ne remarque rien.

PASSEPARTOUT : Mais, vous êtes amoureuse de lui?

AOUDA : Je peux bien vous le dire, à vous. Oui, je l’aime. Je l’aime comme la grenouille aime le nénuphar.

PASSEPARTOUT : Comment est-ce qu’on peut être amoureux d’un type comme Fix ?

AOUDA : Mais qui est-ce qui vous parle de Fix? C’est Fogg que j’aime, Fogg qui m’a sauvé la vie…

(Bruit de sirène. Le train stoppe brutalement.)

PASSEPARTOUT : Qu’est-ce qui se passe ? le train s’arrête ?

UNE VOIX : (off) Venez voir, il y a un duel !

AOUDA : Un duel ?... Oh mon dieu, Phileas !

(Musique western, plus Ennio Morricone que jamais. De part et d’autre du théâtre paraissent Fogg et le Cow Boy 1. Le cow

boy 2 arrive par le centre. Nous sommes en plein duel. Ils portent tous les deux un ceinturon et un colt.)

COWBOY 2 : Le British, il a voulu faire le malin. Il nous a battu au whist. 6-1, 6-0, 6-0.

COWBOY 1 : Jamais aucun étranger ne s’est permis de battre Jack la gâchette d’or, fils de Jack, seigneur des hautes plaines

et de sa femme, Jack.

PHILEAS FOGG : On commence quand vous voulez.

COWBOY 1 : Moi, je suis capable de boire cinq litres de Whisky et d’être toujours debout.

(Et il crache. Le cow-boy 2 crache à son tour.)

PASSEPARTOUT (paniqué) : Il faut arrêter tout de suite, monsieur, ça va être un vrai carnage!

PHILEAS FOGG : Et moi, je peux boire 15 litres de thés sans soulager une seule fois ma vessie.

AOUDA : Quel homme !

COWBOY 2 : Il a du sang-froid, l’English.

COWBOY 1 : Moi, je suis capable de scalper un Apache avec les dents.

(Les deux cowboys crachent en même temps.)

PHILEAS FOGG : Et moi, je suis capable de me promener dans Londres sans parapluie.

COWBOY 2 : Laisse tomber, Jack, il est trop fort pour toi.

COWBOY 1 : Ok, t’as gagné, t’es un vrai cowboy. Mais t’avise surtout pas de recommencer, parce que je suis capable de me

faire battre une fois, je suis capable de me faire battre deux fois, mais à la troisième, je te jure, j’en ai vraiment ras-le-bol.

(à l’autre cowboy) Allez viens, on rentre à BrokeBack Mountain !

PHILEAS FOGG : Allez, on l’a bien gagné ce foutu compartiment (et il crache) Passepartout, dans la salle des machines,

faites tourner le moteur, on y va !

PASSEPARTOUT : Bien monsieur.

AOUDA : Vous avez été merveilleux, Phileas. Dans ce monde plein de ténèbres, vous êtes comme le scintillement d’un ver

luisant qui rampe dans une montagne de purin.

PHILEAS FOGG : Vous êtes sûre que c’est un compliment, ça ?

AOUDA : Dans mon pays, oui.

PASSEPARTOUT : Monsieur, on est arrivé à New York.

PHILEAS FOGG : Déjà !

PASSEPARTOUT : Oui. On a Internet Fibe de Bell!

PHILEAS FOGG : Alors prenons le Transatlantique, nous rentrons en Angleterre.

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LIVERPOOL - ANGLETERRE

(Virgule musicale (du Titanic… puis du God save the queen).)

AOUDA: Ah, Liverpool, enfin !

LE GARÇON DE TRAIN : Le train pour Londres, départ imminent, je répète, départ imminent !

PHILEAS FOGG : Il ne nous reste plus qu’à monter dedans et nous avons gagné le pari ! À présent, plus rien ni personne ne

peut nous arrêter.

FIX : Si, il y a quelqu’un qui peut vous arrêter, monsieur Fogg. Et ce quelqu’un, c’est moi. (il appelle) Policeman !

POLICEMAN : Vous m’avez appelé, monsieur ?

FIX : Inspecteur Fix, de Scotland Yard. (il désigne Fogg) Cet homme est en état d’arrestation.

PHILEAS FOGG : J’apprécie énormément votre sens de la boutade, monsieur, mais vu l’urgence de la situation, vous

conviendrez qu’il m’est difficile de rire.

FIX : Vous voyez ce mandat, je l’ai en ma possession depuis San Francisco. Pendant toute la traversée des États-Unis, je

n’avais qu’une envie, c’était de vous mettre le grappin dessus. Seulement, voilà il a fallu que j’attende patiemment votre

retour en Angleterre pour le faire valoir. Eh oui! Fogg, malgré tous vos petits calculs, vous avez oublié un détail: mon flair !

Policeman, les menottes !

AOUDA : Ça y est, le train part sans nous !

PHILEAS FOGG : Pourrais-je au moins connaître la raison de mon interpellation ?

FIX : Le vol de 200 000 livres en bank-notes… ça vous dit vaguement quelque chose, non ?

POLICEMAN : Le vol des bank-notes ? Mais, il est déjà arrêté le voleur de la banque d’Angleterre !

FIX : Pardon ?

POLICEMAN : Il y a dix jours, tous les journaux anglais en ont parlé. C’était une certaine Danielle Charland pour financer

son projet «sortie au camp Estacade».

PHILEAS FOGG : Monsieur Fix ?

FIX : Oui ? (Fogg lui donne une giffle.)

POLICEMAN (à Fogg) : Vous savez qu’il n’est pas dans les coutumes anglaises de frapper les inspecteurs de police, je vais

me sentir obligé de vous conduire au poste.

FIX (il se relève) : Laissez, policeman. Je n’aurais pas l’affront de porter plainte contre monsieur Fogg. (…) Allez, venez !

On a des veuves et des orphelins à sauver ! (Ils disparaissent.)

PHILEAS FOGG (à Passepartout) : Le prochain train part à quelle heure ?

PASSEPARTOUT : Dans quarante minutes, monsieur. Il nous fait arriver à Londres à 20H50.

PHILEAS FOGG : Et je devais être au Reform Club à 20H45. (après un temps de silence) Mesdames, messieurs, je n’ai

plus qu’une chose à dire : j’assume pleinement la responsabilité de cet échec et j’en tire la conclusion en me retirant

définitivement de la vie londonienne.

(Fogg se retire en essayant de conserver sa dignité.)

LONDRES - ANGLETERRE (Passepartout enchaîne en parlant directement au public.)

PASSEPARTOUT : Et non, il n’y avait pas de solution. Nous sommes donc rentrés. Et dans le train du retour, personne n’osa

prononcer le moindre mot…Le lendemain, tout était silencieux…

PHILEAS FOGG : Je suis déshonoré.

AOUDA : Vous n’avez pas tout perdu, je suis là, moi. Je ne vous lâcherai pas, tel un escargot sur sa feuille de salade.

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PHILEAS FOGG : Je n’ai plus rien, Aouda. Ma fortune s’élevait à 400 000 livres. J’en ai perdu 200 000 pendant le voyage

et j’ai perdu le reste dans le pari. Je n’ai même pas de quoi vous offrir une chips au vinaigre.

(Passepartout accourt en brandissant son journal. Il semble essoufflé et ému.)

PASSEPARTOUT : Monsieur, c’est, c’est incroyable ! Quel jour on est, d’après vous ?

AOUDA : Passepartout, ne remuez pas la cuillère dans l’œil.

PASSEPARTOUT : Quel jour, dites !

PHILEAS FOGG : Dimanche 22 décembre.

PASSEPARTOUT : Et non, nous sommes le samedi 21 décembre 1872. (il lui tend le journal) Regardez ce journal.

PHILEAS FOGG : Il doit y avoir une erreur, vous avez acheté le journal d’hier.

PASSEPARTOUT : Pas d’erreur, monsieur. Je ne comprends pas ce qui s’est passé, on a du mal compter, mais nous sommes

arrivés avec 24 heures d’avance.

PHILEAS FOGG : J’ai pourtant tout noté dans mon carnet; comment ai-je pu me tromper? (après un temps de silence) J’ai

compris ! Nous sommes parti d’Ouest en Est, n’est-ce pas ? La Terre compte 360 degrés de circonférence... Et il y a une

différence de 4 minutes par degré. Alors, si nous multiplions ces 4 minutes par ces 360 degrés, nous obtenons 1440 minutes.

Et 1440 minutes, ça représente ? ça représente ?

PASSEPARTOUT ET AOUDA : Ben...

PHILEAS FOGG : 24 heures.

PASSEPARTOUT ET AOUDA : Ha !

PHILEAS FOGG : Vous avez compris ?

PASSEPARTOUT ET AOUDA : Rien du tout !

PHILEAS FOGG : C’est pourtant clair. En marchant vers l’Est, chaque jour diminue de 4 minutes. 4 minutes, c’est imper-

ceptible sur une journée entière. Mais au bout d’un voyage de 80 jours, ça finit par faire 24 heures. Vous avez compris, là ?

PASSEPARTOUT : Ben, vous savez, moi, j’ai fait mon baccalauréat en sciences humaines à l’UQAM alors…

PHILEAS FOGG : Et vous, ma chère, vous avez compris ?

AOUDA : Euhhhh…

PHILEAS FOGG : Bon, vous n’avez qu’à lire le bouquin. Jules Verne l’explique parfaitement.

AOUDA : En tout cas, ça veut dire que votre pari est gagné, monsieur.

PHILEAS FOGG : Dépêchons-nous.

(Virgule musicale. Nous sommes au Reform Club. Lord Sullivan et Lord Isn’t It jouent au Whist.)

LORD SULLIVAN : Ah, vous venez de commettre une erreur des plus vulgaires, Lord Isn’t It. Apparemment, vous n’êtes

pas dans la partie.

LORD ISNT IT : Effectivement, Lord Sullivan, je suis obsédé par l’heure qui tourne. Je suis tellement impatient de

remporter mon pari contre Fogg.

LORD SULLIVAN : Il n’est que 20h44…

LORD ISNT IT : J’ai envoyé un agent, et Fogg n’était pas dans le train de Liverpool. Il ne reste que 30 secondes. Fogg a

perdu, il n’y a pas de doute là-dessus.

LORD SULLIVAN : Oui, là je crois que vous avez raison. (…)

LORD ISNT IT : Dix secondes. 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3...

(Fogg paraît dans son dos. Sullivan le voit, mais pas Isnt’t It.)

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LORD ISNT IT : ...2, 1. (il se met à rire de satisfaction) Ah, ah! J’ai gagné, j’ai gagné. Bientôt, on m’appellera Lord

Voldemort! (Dans sa joie, il se retourne et tombe nez à nez avec Fogg qui reste imperturbable. Sa joie se transforme vite en

une grimace de déception.)

PHILEAS FOGG : Bonsoir, Isn’ it. 80 jours et pas une minute de plus, Messieurs.

LORD SULLIVAN : Bravo, Fogg, je vous félicite.

PHILEAS FOGG : Voici mon passeport. Vous y trouverez les cachets des pays que j’ai traversés.

LORD SULLIVAN : Lord Isn’t It, je déclare officiellement que Mr. Fogg a remporté son pari.

LORD ISNT IT : Parfait. Je suis beau joueur. Je vais dès à présent chercher le chèque que j’ai déposé dans le coffre du club.

Il sort.

LORD SULLIVAN : Mais dites-moi Fogg, comment avez-vous pu réaliser cet exploit ? Ne me dites pas que c’est

mathématique!

PHILEAS FOGG : C’est l’amour qui m’a donné des ailes. Je vous présente d’ailleurs la future Madame Phileas Fogg. La

voilà. (Passepartout paraît.)

PASSEPARTOUT : Bonsoir, messieurs.

PHILEAS FOGG : Passepartout ? Mais où se trouve Aouda ?

PASSEPARTOUT : Chez Harrod’s. Ils offrent 50% de rabais sur toutes les chaussures en magasin.

(Aouda paraît avec deux énormes sacs.)

AOUDA : Excusez-moi, j’ai acheté deux-trois babioles, je n’ai pas pu résister.

LORD SULLIVAN : Je vois, Fogg, que vous avez rapporté la plus jolie perle que l’on puisse trouver aux Indes.

PASSEPARTOUT : Eh maintenant, monsieur, quel est notre programme ?

PHILEAS FOGG : Je commencerai bien par un joli mariage. Et je crois qu’ensuite, un voyage de Noce est de rigueur.

PASSEPARTOUT : Ah ? et où allons-nous cette fois ?

PHILEAS FOGG : J’hésite entre 5 semaines en Ballon, 20 000 lieues sous les mers et un voyage au centre de la terre.

LORD SULLIVAN : Un voyage au centre de la terre mais c’est impossible !

PHILEAS FOGG : Vous voulez parier ?

LORD SULLIVAN : Non, non, plus de pari !

PHILEAS FOGG : Et vous, ma chère Aouda, qu’en pensez-vous?

AOUDA : Moi, je n’ai qu’une idée en tête.

PHILEAS FOGG : Ah ?

AOUDA : Objectif Lune ! (pause) Lune de miel, bien sûr.

(Fogg et Aouda s’embrassent. La lumière se recentre sur eux. Puis on entend une trompette qui résonne avec solennité. Aouda s’écarte de Fogg. La lumière revient.)

Qu’est-ce que c’est ?

UNE VOIX OFF : Mesdames, messieurs, Sa Majesté, la Reine.

PASSEPARTOUT : La reine ?

(La reine d’Angleterre paraît avec son sac à main et son petit chapeau. Elle salue tout le monde de son célèbre geste de la main. (chanson de Philippe Katerine?))

LA REINE : Mesdames, Messieurs, bonsoir. (elle se dirige vers Fogg) Monsieur Fogg, j’ai été terriblement impressionnée

par vos incroyables exploits. Vous êtes la fierté de l’Empire Britannique. Monsieur Fogg, je vous adoube.

PHILEAS FOGG : Moi aussi, je vous adoube beaucoup.

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LA REINE : Non, je voulais dire que je vous élève au rang de chevalier de l’Empire Britannique. Désormais, vous vous

appellerez Lord Phileas Fogg.

PHILEAS FOGG : Hou, je vais te dire une bonne chose. Merci, ça me fait plaisir.

LA REINE : Et vous, Passepartout, je vous fais sujet Britannique. (un temps) Et vous, Aouda. Oh, j’adore vos chaussures,

elles sont tellement so cute.

AOUDA : Ah, je viens de les acheter. Mais, vous ne trouvez pas qu’elles me font de grands pieds?

LA REINE : Attends, tu déconnes ! Elles sont unbelievable !

LORD SULLIVAN : Je confirme, ma reine. Incredible !

PASSEPARTOUT : Unforgettable !

AOUDA : Génialabe !

PHILEAS FOGG : J’en reviens pas able !

(Et c’est finalement la fin qui se termine.)

Créée à Paris le 10 mai 2006 au Lucernaire reprise en juin 2007 au Café de la Gare.

Hommages à Jules Verne 1828-1905

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Lord Isn't It

Lord Sullivan

Phileas Fogg

Passepartout

Le contrôleur

Fix

Le consul

Ali

Leïla

Le capitaine du Mongolia

Lady

Scotland Yard

Le garçon de train indien

Aouda

Garde Indou 1 (Roger)

Garde Indou 2 (Gérard)

Le capitaine Blake

Un matelot (rôle silencieux)

Première Anglaise

Deuxième Anglaise

Troisième Anglaise

Quatrième Anglaise

Cinquième Anglaise

Chinois Restaurant

Chinois 2 Opiumerie

Chinois 3 Port (qui est aussi l'annonceur)

Un comédien :

Un Japonnais

Contrôleur (USA)

Cowboy 1 (plus soutenu) Jack la Gachette d'or

Cowboh 2 Jack la loose de l'ouest

Policeman Liverpool

La Reine

L'action se déroule en Angleterre, en Égypte, aux Indes, en Chine, au Japon, aux États-Unis d'Amérique, et

bien sûr sur tous les Océans du Monde. Le nombre de décors est indéchiffrable.