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Béatrice RIBOT - Etude professionnelle -École Nationale de la Santé Publique - 2002
Médecin de l’Education Nationale
Promotion 2001 - 2002
LE TRAJET D'UN CARTABLE DE 6ème
Béatrice RIBOT
Béatrice RIBOT - Etude professionnelle -École Nationale de la Santé Publique - 2002
S o m m a i r e
1 - INTRODUCTION : PROBLEMATIQUE ET OBJECTIFS..................................... 1
2 - QUELQUES DONNEES MEDICALES ET REGLEMENTAIRES......................... 1
3 - LE CADRE DE L’ETUDE..................................................................................... 3
4 - LA METHODOLOGIE .......................................................................................... 3
5 - LA PREPARATION DE L’ETUDE ....................................................................... 5
6 - UN MARDI D’OBSERVATION............................................................................. 6
7 - ANALYSE DES OBSERVATIONS ET ENTRETIENS ......................................... 8 7.1 Adaptation mise en œuvre avant l’étude ...........................................................8 7.2 Le contenu des cartables du jeudi 15/11/01.......................................................9 7.3 Le contenu des cartables du mardi 20/11/01 ...................................................10 7.4 Le trajet et le vécu du cartable ..........................................................................11
8 - PROPOSITIONS ET DISCUSSION DE SOLUTIONS........................................ 14 8.1 L’élève .................................................................................................................14 8.2 Les professeurs..................................................................................................15 8.3 L’administration..................................................................................................18 8.4 Les parents .........................................................................................................18 8.5 Le médecin EN....................................................................................................19 8.6 Autres solutions .................................................................................................19 8.7 Nouveaux aménagements prévus pour Maeva ...............................................21
9 - CONCLUSION ................................................................................................... 22
BIBLIOGRAPHIE ANNEXES
Béatrice RIBOT - Etude professionnelle -École Nationale de la Santé Publique - 2002
L i s t e d e s s i g l e s u t i l i s é s
CESC Comité d’Éducation à la Santé et à la Citoyenneté
EN Éducation Nationale
EPS Éducation Physique et Sportive
IUFM Institut Universitaire de Formation des Maîtres
PAI Projet d’Accueil Individualisé
Béatrice RIBOT - Etude professionnelle -École Nationale de la Santé Publique - 2002
1 - INTRODUCTION : PROBLEMATIQUE ET OBJECTIFS
Le cartable contient les instruments nécessaires à l’apprentissage du savoir de l’élève, il
matérialise la connaissance. Ce couple travailleur/outil sera associé au moins dix ans.
Si les modes influent sur le contenant, le contenu reste lui toujours important au fil des âges
voire accru avec la généralisation du collège pour tous.
Au cours d’une réunion parents/professeurs en début d’année scolaire au collège de la
Bretagne à l’île de la Réunion, le problème des cartables trop lourds en 6ème a été posé par
les parents. Si le poids est primordial, et de ce fait a été l’objet de diverses études, il me
semble que les nombreux déplacements quotidiens dans un collège avec cette charge
méritent d’être mieux connus. En effet la peine est due au poids certes, mais aussi au temps,
à la distance, au terrain et à la vitesse de transport de la charge.
Le médecin EN, expert en santé publique retrouve ici ses importantes missions de veille au
bien-être physique des élèves et de contribution à faire du collège un lieu de vie prenant en
compte les règles d’hygiène, de sécurité et d'ergonomie. Conseiller technique du chef
d’établissement pour la santé, il est l’acteur privilégié d’une prévention qui s’inscrit dans la
continuité. Il est aussi, souvent sollicité pour des aménagements en faveur d’élèves malades
ou handicapés. C’est pourquoi je profite de ma formation à l’École Nationale de Santé
Publique pour proposer une analyse ergonomique du circuit d’un cartable porté. Ceci pour
essayer de mieux repérer les difficultés de l’élève, d’appréhender les possibles
améliorations, et diminuer ainsi les éventuels effets secondaires dus à cette astreinte pluri-
hebdomadaire.
2 - QUELQUES DONNEES MEDICALES ET REGLEMENTAIRES
Le cartable a été fréquemment étudié pour son poids. Les auteurs s’accordent sur le fait que
lourd (10à15% du poids corporel ou 20% pour d’autres (16)) il n’est pas sans conséquence
sur la colonne vertébrale, surtout à des âges où elle est en plein développement. Les études
de l’impact sur le rachis (12.18.20.21.24) sont difficiles à conclure car d’autres facteurs
concomitants influent sur la statique vertébrale de l’enfant ou l’adolescent.
En particulier :
• La façon de porter le cartable : un sac à dos réparti sur les deux épaules étant la
meilleure
Béatrice RIBOT - Etude professionnelle -École Nationale de la Santé Publique - 2002
• Le sexe : des douleurs plus fréquentes chez les filles
• L’âge : une prévalence et incidence des douleurs augmentant avec l’âge
• Le temps passé à porter la charge
• Le temps à être «mal assis »
• le temps de pratique et le type de sport.
Ceci est un véritable problème de santé publique, et en 1997 le rapport de la conférence
nationale de santé relevait déjà 16% de jeunes français scolarisés ayant des troubles de la
statique vertébrale. En 1998 une revue médicale rapporte que « le nombre ahurissant de
lombalgies chez l’enfant passent de 10% à 50% entre 10 et 15 ans » (18). Le sac porté sur le
dos par rapport à l’épaule ou la main, s’il améliore la statique réduit aussi la dépense
d’énergie par une diminution significative de la consommation d’oxygène (12). Mais trop lourd
(20 à 30% du poids corporel) il entraîne une diminution des volumes expiratoires
pulmonaires. Bien sûr, de tout ceci découle une fatigue accrue pour l’écolier, que le docteur
LE COZ (médecin EN) soulignait déjà en 1984 en exprimant le lien direct entre une
« surcharge pondérale » des cartables et la fatigue des élèves.
En 1999, une étude italienne sur des collégiens retrouve comme poids moyen d’un sac à
dos : 22% du poids corporel avec 34.8% des 237 élèves ayant une charge supérieure à 30%
de leur poids, au moins une fois par semaine (19). Les auteurs rappellent que, bien que non
scientifiquement prouvée, la limite de charge équivalente à 10% ou 15% du poids du corps
doit être respectée.
La médecine du travail impose des normes très précises pour les charges en fonction du
sexe voire de l’âge dans de nombreux pays (9,19), mais des règles similaires ne sont pas
imposées aux élèves. Il existe cependant en France une note de service du 17/10/95
rappelant le souci commun de nombreux partenaires de souligner « le poids excessif des
cartables…notamment en 6ème ». Elle énonce ensuite divers conseils pour réduire ce poids
« qui ne devrait pas dépasser 10% du poids moyen des élèves ». Ceci est souvent
judicieusement interprété par les professionnels comme « 10% du poids de l’élève », ce qui
permet qu’elle soit adaptée même pour les plus légers de la classe ! D’autres textes
conseillent des solutions pour diminuer cette charge, dont un précise même de réduire les
déplacements de l’élève (5).
Béatrice RIBOT - Etude professionnelle -École Nationale de la Santé Publique - 2002
3 - LE CADRE DE L’ETUDE
L’île de la Réunion, née d’un mariage brutal entre la mer et le feu qui continuent de l’agrandir
patiemment, semble détenir la terre entière en ses paysages et son peuple. Petite île de
l’océan indien, elle a une population très jeune qui fréquente ses nombreux établissements
scolaires.
Celui de la Bretagne a ouvert en septembre 1999 avec une capacité d’accueil de 500 élèves
susceptible d’être étendue à 900. Cette année 480 élèves étaient inscrits en novembre,
répartis en 19 classes avec une unité pédagogique intégrée pour handicapés auditifs. Il y a 8
classes de 6ème soit 200 élèves, dont 150 sont demi-pensionnaires.
Il n’y a pas d’infirmière affectée dans ce collège. Il fonctionne avec des classes dites
« volantes », c’est à dire que les élèves changent de salle à chaque séquence éducative.
Construit de manière à utiliser les caractéristiques propres à la topographie du site, il s’étend
comme de nombreux lieux de l’île du battant des lames au sommet des montagnes avec
donc de très nombreux escaliers qui rythment la journée des élèves. Le premier chiffre des
numéros des salles de classe indique l’étage où elles se trouvent. Un ascenseur permet aux
handicapés moteurs d’accéder à l’étage désiré.
4 - LA METHODOLOGIE
L’analyse ergonomique (observations et entretiens si possibles concomitants) est la méthode
retenue pour l’étude du trajet d’un cartable de 6ème au collège de la Bretagne.
Le cartable de Maeva a été choisi selon les critères suivants :
• Élève de 6ème
• Trajet en bus ou à pied
• Demi-pensionnaire
• Élève ayant un problème de santé ou pas.
Le choix s’est fait au hasard dans la cour de récréation avec l’aide de la conseillère
principale d’éducation. Les observations ont été réalisées sur la journée de cours la plus
remplie qui est le mardi pour cette classe, avec pour objectifs spécifiques :
• Identifier le trajet du cartable de l’arrivée du bus au départ du collège en véhicule
• Observer les conditions dans lesquelles le cartable « se déplace »
Béatrice RIBOT - Etude professionnelle -École Nationale de la Santé Publique - 2002
• Décrire le cartable et son contenu ce jour là ainsi qu’un autre jour afin de les
comparer
• Visualiser les interactions entre le cartable et les différents protagonistes tout au long
de la journée (annexe 2).
Quant aux entretiens, ils ont eu lieu les mardis d’observation mais ont dû être complétés sur
d’autres journées pour certains, les objectifs étant :
• Identifier la perception de l’impact du port du cartable pendant une journée
• Répertorier les améliorations effectuées ou proposées par les personnes
interviewées.
Les limites suivantes ont été décidées pour cette étude :
• Le trajet étudié correspond à celui du cartable porté par un élève, aucun autre
déplacement ne sera étudié
• L’observation débute à l’arrêt du bus le matin devant le collège, continue dans
l’établissement, et se termine au véhicule de départ devant le parking du collège (car
le mardi Maeva rentre en voiture avec sa mère pour continuer par une activité
sportive). Elle n’inclut pas le trajet domicile-bus, car d’après les entretiens avec
Maeva le temps de port du cartable y est minime, et de plus c’est un choix de ma part
de respecter la vie privée de l’élève et sa famille.
• L’observation durant les cours est limitée aux débuts et fins de cours car :
Les entretiens avec Maeva ont confirmé qu’il n’y avait pas de port du
cartable pendant les cours. Ma présence en cours pendant 15 minutes
environ, a tout à fait permis de confirmer le non-déplacement du cartable
et l’observation de son positionnement en classe
Une présence adulte observatrice trop longue peut perturber les élèves et
les professeurs
Ce temps dégagé a permis l’observation de l’environnement, ainsi qu’une
première réflexion sur les mesures et la retranscription plus claire des
notes « en trajet ».
Les instruments de mesure utilisés sont un chronomètre et le comptage des pas. Deux
mardis d’observation ont été effectués afin de préparer le troisième, qui seul fait l’objet d’un
compte-rendu détaillé.
Béatrice RIBOT - Etude professionnelle -École Nationale de la Santé Publique - 2002
5 - LA PREPARATION DE L’ETUDE
Plusieurs autorisations ont été nécessaires pour effectuer ce travail. Le principal a tout
d’abord été rencontré afin de lui présenter le sujet et les objectifs, puis envisager ensemble
des interventions selon les conclusions. Les parents de Maeva et Téa, (voisine de classe qui
aide Maeva pour son cartable), après avoir été entretenus du sujet et de la méthode, ont
donné leur accord pour les observations et les entretiens nécessaires durant quelques mois.
Les élèves principales : Maeva et Téa ont été très coopérantes et dynamiques, et se sont
beaucoup investies dès la préparation.
La principale adjointe m’a aidée à organiser une réunion de tous les professeurs « du
mardi » de la 6ème choisie. En fonction de leur emploi du temps individuel, elle a pu planifier
au collège le jeudi 15/11/01 à midi, une séance d’information et d’autorisation à laquelle elle
a assisté.
Je leur ai présenté :
• un rapide résumé de la démarche ergonomique dans le champ scolaire avec ses
particularités qui sont d’être :
compréhensive :observations de faits et entretiens afin
d’approfondir et de comprendre
pluridisciplinaire
participative (doit mettre en jeu tous les usagers)
globale (concerne la plus grande majorité tout en tenant compte de
l’individualité).
• Un rappel de l’objectif principal de l’ergonomie qui est d’améliorer la relation
travailleur/travail (élève/travail scolaire), avec le souci permanent d’efficacité,
mais aussi de santé.
La deuxième partie a été consacrée à l’explication du déroulement de l’étude avec la
discussion de quelques détails logistiques (me préparer une place discrète au fond de la
classe, mes horaires d’entrée ou sorties des cours…). J’ai aussi demandé à tous d’essayer
de ne rien modifier lors de mes présences, afin d’obtenir une meilleure fiabilité des résultats.
L’anonymat leur a été garanti ainsi qu’à tous les participants.
Une nouvelle réunion aura lieu après l’étude pour une restitution des résultats et pour
décider ensemble (ainsi qu’avec toutes personnes intéressées) d’aménagements, éducation
à la santé, travaux croisés etc…pour cette classe ou le collège en général.
Béatrice RIBOT - Etude professionnelle -École Nationale de la Santé Publique - 2002
Ma présentation à la classe a été faite au début d’un cours le premier mardi d’observation.
Les mesures de poids ont été effectuées par la même balance mise sur le trajet (le temps
creux de permanence de l’après-midi a permis de les pratiquer dans la salle sans perturber
ou modifier le parcours étudié).
6 - UN MARDI D’OBSERVATION
Selon le règlement intérieur, les horaires de l’établissement sont:
Matin Après midi
7h40-rentrée des élèves dans le collège 13h25-rassemblement des élèves par classe
7h50-rassemblement des élèves par classe 13h40-début des cours 7h55-début des cours 14h25-fin de la cinquième heure 8h50-fin de la première heure 15h25-fin de la sixième heure 9h50-fin de la deuxième récréation récréation 16h30-fin de la septième heure 11h05-fin de la troisième heure 12h05-fin de la quatrième
« Dès les sonneries de7h50, de10h05, de13h25, et de15h35 les élèves se rangent à
l’emplacement correspondant à leur classe et se rendent en ordre jusqu’à leurs salles de
cours sous la conduite du professeur. En aucun cas, ils ne doivent pénétrer dans une salle
en l’absence du professeur. En outre, en dehors des inter-classes, aucun élève ne peut
circuler dans les escaliers ou les couloirs sans autorisation ».
Maeva, comme les autres élèves, emprunte les escaliers dans le même sens au cours de la
journée sauf s’il y a risque de « bousculade ». Il leur a été donné à la rentrée une consigne
pour les sens à emprunter, juste aux premières heures de cours du matin et après-midi, ainsi
qu’aux récréations, (en cas d’incendie : flèches peintes).
Elle préfère passer :
du rez-de-chaussée au premier : un des escaliers latéraux de 20 marches voire
les gradins si encombrement
du premier au deuxième : deux escaliers de 10 marches séparés de 3 pas et pour
descendre l’escalier de 20 marches
du deuxième au troisième : idem.
Béatrice RIBOT - Etude professionnelle -École Nationale de la Santé Publique - 2002
SUIVI DU CARTABLE LE MARDI 12/03/02
Point de
départ
Point
d'arrivée
Temps
de
portage
Nombre
de pas
Nombre
de
marches
Commentaires
Arrêt de bus
7h30
Préau 42s 99 Pose son sac sur le banc en
arrivant et discute.
Préau
7h50
Rang 40s 62 Déplacements aléatoires et
rapides.
Rang
Anglais 305 2min37 89 60
(20+4x10
marches)
Allure rapide.
305
8h50
Géo 202 2min20 107 20
(10+10)
D'habitude : 75 pas et l'escalier
de 20 marches. plutôt rapide.
202
9h50
Récréation 2min03 29 puis
55
20+5 puis
4 gradins
puis à
nouveau
4 gradins
Pose son sac sur un gradin 4s,
puis le reprend et suit Téa vers
le préau à allure assez rapide,
le sac sur une épaule (pressée
de le déposer). Il est alors
confié à une copine.
Préau
10h05
Musique 205 4min28 116 40
(20+20)
Allure normale.
205
11h05
Math 204 2min13 70 Très tranquillement.
204
12h05
RDC (salle
de dépôt)
2min20 92 40
(20+20)
Tranquillement ce jour (« ça
dépend s’il est lourd »),puis
joue et va manger.
Salle dépôt
13h15
Permanence 2min14 68 Lentement vers la permanence
car la professeur de français
est absente.
Permanence
15h00
Technologie
003
3min40 89 Lentement, pas de récréation
pendant le cours ce jour là.
003
16h30
Mère de
Maeva
3min37 208 Elle rejoint rapidement sa mère
qui la soulage du sac sur le
trajet jusqu'au parking.
Béatrice RIBOT - Etude professionnelle -École Nationale de la Santé Publique - 2002
7 - ANALYSE DES OBSERVATIONS ET ENTRETIENS
Sur les trois observations, le temps de portage du cartable peut varier de 26 minutes 54
secondes à 46 minutes. Quant à la distance (le pas mesuré étant de 60 cm), elle est de
650,4 m à 760,8 m, avec 193 à 200 marches selon les jours observés.
7.1 ADAPTATION MISE EN ŒUVRE AVANT L’ETUDE
Maeva a décidé d’aménager son cartable car elle le trouve trop lourd et qu’il lui provoque
des douleurs du dos. Elle s’est donc arrangée avec sa voisine de classe Téa, qui habite
aussi à côté. Elles ont réfléchi ensemble à la manière de se répartir les livres tout au long de
la semaine et ont imaginé un emploi du temps spécifique (annexe 1). Les parents ont juste
aidé ensuite pour la répartition équitable entre les jours. Ces deux enfants nous confirment
ici (si l’on en doutait) toute l’intelligence pratique pouvant être mise en œuvre à tous les âges
pour améliorer une situation.
Je vais décrire les deux cartables au cours de visites inopinées un mardi et jeudi, afin de se
rendre compte de la réalité de l’adaptation sur des journées différentes.
Maeva a un an d’avance ; elle est la plus jeune de la classe. Elle a choisi un sac à dos rouge
de marque « N » qui pèse 500g vide.
Téa a choisi un sac à dos bleu « K » qui pèse 800g vide.
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7.2 LE CONTENU DES CARTABLES DU JEUDI 15/11/01
MATIERE Maeva Téa Français 1 livre
1 cahier
-
1 cahier
Sciences de la vie 1 cahier 1 cahier
Anglais 1 livre 1 livre (erreur car jour de M)
Math -
1 cahier
1 livre
1 cahier
Autre 1 cahier éducation civique
(« pour travailler en
permanence »)
1 cahier éducation civique
(idem)
Tous les jours 1 trousse
1 grande règle en plastique
1 cahier de texte
1 carnet de correspondance
1 trousse
1 grande règle en plastique
1 cahier de texte
1 carnet de correspondance
1 trousse souple de feutres et
crayons de couleurs
1 pochette de feuilles
blanches
1 cahier de brouillon
Poids des cartables 5.5 kg 6.5 kg
% poids du corps 20.37% 17.1 %
Le jeudi est censé être un jour plus chargé pour Maeva
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7.3 LE CONTENU DES CARTABLES DU MARDI 20/11/01
MATIERE Maeva Téa Anglais 1 livre exercice
1 cahier
1 livre a été laissé en classe
1 livre exercice
1 cahier
Histoire-géo -
1 cahier
1 livre
1 cahier
Ed. musicale 1 cahier et 1 flûte en bois 1 cahier et 1 flûte en bois
Math 1 livre
1 cahier
-
1 cahier
Français -
1 cahier
1 répertoire
1 livre
1 cahier
1 répertoire
Technologie 1 classeur souple plastifié
grand format avec quelques
feuilles
1 classeur souple plastifié
grand format avec quelques
feuilles
Divers amené tous les jours 1 règle plastique
1 cahier de texte
1 carnet de liaison
1 trousse souple
1 petite chemise cartonnée
avec ses contrôles « au cas
où on me les demanderait »
1 règle plastique
1 cahier de texte
1 carnet de liaison
1 trousse souple
1 petite chemise plastifiée
avec ses contrôles et des
feuilles blanches
1 trousse de feutres et
crayons de couleurs
Béatrice RIBOT - Etude professionnelle -École Nationale de la Santé Publique - 2002
Pesée des cartables le mardi 20/11/01 Élèves M T Élève1 Élève2 Élève3 Élève4
Poids des élèves en
kg
27 38 41.5 47 48 50
Poids des cartables en kg
6.5 7 7.5 8 6.5 6
% du poids du corps 24 18.4 18 17 13.5 12
Les quatre autres élèves disent tout apporter. L’élève 2 vient et repart tous les jours à pied,
estimant à 5 minutes ce trajet jusqu’au domicile. On peut considérer que c’est une journée
beaucoup plus fatigante pour cet élève, même si son cartable est moins lourd que d’autres.
Maeva quand à elle, malgré son aménagement, a toujours un cartable très lourd par rapport
à son petit poids…
La pesée de son sac le mardi 12/03/02 a retrouvé un poids de 7 kg, soit 25,93% du poids de
son corps.
7.4 LE TRAJET ET LE VECU DU CARTABLE
Tous les matins Maeva vient chez sa voisine Téa, puis elles partent à pied à 7h10 jusqu’à
l’arrêt du bus qui arrive à 7h15 ou 20. Lorsqu’elles sont en retard ou fatiguées, ou bien s’il
pleut, la mère de Téa les amène en voiture à « l’abribus ».
Le bus arrive entre 7h30 et 40 devant le collège. Les élèves attendent devant le portail s’il
n’est déjà ouvert (7H40) puis entrent dans la cour. A la première sonnerie Maeva vient se
mettre en rang en face du marquage au sol de la salle 305 (3ème étage), et attend
l’enseignant sac au dos.
Le 20/11, elle a attendu avec son cartable 10 minutes, puis a décidé de le poser à terre
mais a dû le reprendre 15 secondes plus tard car le professeur arrivait en haut de l’escalier.
Alors tous les élèves en ordre, se sont dépêchés de grimper les trois étages.
En classe, Maeva pose toujours son cartable par terre, puis se baisse pour prendre ou
ranger ses affaires dedans. Pour le reprendre sur le dos, elle le pose d’abord sur la table
puis met les deux bretelles. Les consignes des devoirs durant les cours sont correctement
notées par Maeva et Téa qui écoutent bien l’enseignant. Parfois un élève est chargé de les
écrire au tableau, ou certains professeurs préfèrent le faire eux-mêmes. Il est à noter que le
Béatrice RIBOT - Etude professionnelle -École Nationale de la Santé Publique - 2002
20/11, un enseignant précise de ne pas amener le livre au prochain cours car l’exercice sera
dans un autre ouvrage prêté en classe. Le 27/11, un autre demande de lui laisser les livres
d’exercice pour la prochaine fois.
Le cours avant le repas est l’objet du deuxième aménagement des filles. La restauration au
collège de la Bretagne fonctionne dans des installations provisoires exiguës au premier
étage en attendant la salle définitive prévue en avril 2003.
La vie scolaire doit donc gérer environ 350 demi-pensionnaires (sur les 480 collégiens) par
un roulement rapide qui n’empêche pas de longues files d’attentes. Les temps de déjeuner
sont largement écourtés (35 à 45 minutes préconisées le midi) afin de permettre à tous les
élèves le désirant d’être demi-pensionnaires.
Maeva et Téa comme la plupart des élèves interrogés préfèrent manger le plus tôt possible
même si rapidement (15minutes voire moins), pour pouvoir profiter du reste du temps à
jouer, discuter ou bien avancer dans les devoirs sur les marches des gradins ou les bancs
du préau.
A 12h05 (voire un peu avant), Maeva range vite et discrètement ses affaires et laisse son
cartable à Téa, tandis qu’elle court faire la queue à la cantine.
Deux salles au rez-de-chaussée sont prévues pour poser les sacs à midi, une pour les 6ème
et 5ème (baptisée lors de la construction « enseignement médical »), et la permanence pour
les plus grands. Elle est fermée à clé par un surveillant qui la réouvre à 13h15. J’y
accompagne Téa, qui se dépêche de prendre un sac sur chaque épaule pour descendre très
rapidement les nombreuses marches (20 puis 20) et déposer dans la salle les deux
cartables. Puis elle court rejoindre Maeva qui est dans les premières de la file d’attente. Téa
se plaint d’avoir mal au dos à chaque fois qu’elle porte les deux cartables le midi…
Il est intéressant de noter que cette tactique n’est pas passée inaperçue et d’autres élèves
se sont organisés dans la classe. Certains ponctuellement et peu discrètement, ce qui a
donné lieu à une belle bousculade à la sortie du cours le 27/11, laissant le professeur
interrogateur puis mécontent. Il est difficile de généraliser des adaptations…
Étonnée que les autres laissent Téa remonter la file pour la cantine jusqu’à son amie sans
« rechigner », j’ai posé la question aux deux filles. Elles m’ont répondu sans hésitation que
cela se passait toujours bien, et si exceptionnellement quelqu’un n’était pas d’accord, elles le
laissaient passer.
Béatrice RIBOT - Etude professionnelle -École Nationale de la Santé Publique - 2002
Pour réduire le temps d’attente des demi-pensionnaires et mieux réguler les repas, le collège
a institué depuis février un roulement par classe. Le lundi : 6ème puis 5ème et en dernier les
4ème. Il n’y a pas encore de 3ème dans cet établissement récent. Mardi : 5ème, 4ème, 6ème ;
jeudi : 4ème, 6ème, 5ème ; et vendredi : 6ème, 5ème, 4ème. Les élèves ne passant pas en premier,
restent dans la cour et attendent d’être appelés au micro. Maeva est très contente de cette
nouvelle formule qui lui permet de ne plus se presser, de descendre déposer son sac avec
Téa, de faire moins de queue et de rester ensemble. Par contre si elle a faim, elle devance
un peu l’appel, et se met dans la file d’attente.
Maeva se plaint du dos depuis « pas longtemps après la rentrée » ce qui l’a motivée pour les
aménagements.
Elle fait beaucoup de gymnastique (4 fois/semaine) et se plaint à des moments très précis :
« toute la semaine, le week-end j’ai pas mal, le midi j’ai mal un peu…Surtout le soir et surtout
aussi après des exercices de souplesse arrière en gymnastique ». Elle n’a jamais mal en
EPS et explique sa douleur du midi par le fait d’avoir porté toute la matinée « ce cartable ».
Elle le décrit comme lourd et affirme que « c’est ça qui provoque mon mal de dos. L’an
dernier je n’avais pas mal du tout et pourtant ç’était le même cartable et je faisais plus de
gym » (deux soirs de plus, soit 4h). Mais elle m’explique aussi qu’elle laissait ses affaires en
CM2 dans le casier sous son bureau en classe, et de plus le sac « n’était pas chargé ».
La douleur dont elle se plaint est diffuse tout le long du dos. Son médecin traitant n’a rien
noté de particulier à l’examen d’après ce qu’elle me rapporte.
Et si Téa est absente un jour ?
« Téa n’est jamais absente ».
Un jour pourtant Maeva a dû garder son cartable toute la journée car la porte de
« l’enseignement médical » était cassée. Elle se souvient que « ça n’était pas pratique de
l’avoir constamment sur le dos » et se rappelle avoir eu plus mal ce soir là.
Téa se rappelle aussi très bien de cette journée qu’elle n’a « pas aimé du tout » car son
cartable était « lourd » ; « j’ai failli l’oublier à côté de ma chaise à la cantine. Après le repas,
j’ai pas pu jouer avec les copines parce que j’étais obligée de le surveiller. On dit que
certains peuvent fouiller dedans, on préfère se méfier ».
Maeva me dit aussi qu’elle n’ose pas s’éloigner de son cartable en récréation par peur de vol
de son contenu.
Les deux récréations sans cartable (le midi et pendant le cours de technologie où il peut
donc rester dans la salle) sont vécues comme beaucoup plus agréables. « C’est bien, tu
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peux faire plus de jeux. T’as pas à le confier ou le surveiller. C’est beaucoup mieux, on est
moins encombré, c’est moins lourd ».
Les derniers entretiens en mars ont révélé une nette aggravation du dos de Maeva depuis
décembre. Elle a dû arrêter plusieurs activités (randonnées, certains cours de
gymnastique…), consulter plusieurs fois son médecin et faire des séances de kinésithérapie.
De plus l’absence de Téa toute une semaine début mars l’a remise en grande difficulté :
« j’ai pris tous les livres. C’était très douloureux au niveau du dos. Je me sentais un peu
seule ». Elle exprime nettement que les jours où son cartable était moins lourd, c’est
l’absence de son amie qui la gênait le plus. Elle n’a pas cherché un autre aménagement car :
« je pensais qu’elle allait revenir vite, j’ai pas eu le temps de m’arranger avec les autres ».
8 - PROPOSITIONS ET DISCUSSION DE SOLUTIONS
Elles sont nombreuses mais pas toujours faciles à mettre en œuvre, car des solutions pour
certains peuvent être des contraintes pour d’autres. Aussi est-il important de valoriser ce que
chaque acteur peut gagner du point de vue santé, efficacité ou économie. Je vais ici
répertorier les principales envisagées par les textes de l’EN, la bibliographie ou les entretiens
avec les différents membres de la communauté éducative, et aussi entrevoir quelques
difficultés pour la mise en œuvre.
L’idéal est d’envisager le problème dès les plans de construction du collège en mobilisant
toutes les personnes ressources nécessaires (ergonome d’autant plus efficace qu’il est
consulté en amont, principal, enseignants, médecin EN…). Puis chacun doit mettre en
œuvre ses compétences afin d’obtenir le meilleur résultat possible pour les enfants.
8.1 L’ELEVE
N’apporter que ce dont il a besoin chaque jour, ce qui nécessite que parents et enseignants
lui laissent une certaine liberté.
Eviter le superflu : trousse surchargée, jeux, billes…
Ne pas envisager la mode comme modèle idéal : cartable peu adapté, agenda attrayant
mais lourd et encombrant…
Apprendre à préparer la veille son sac en fonction des impératifs de l’emploi du temps, grâce
à l’aide de ses parents ou d’un professeur volontaire.
S’organiser avec un autre élève (le voisin de classe).
Béatrice RIBOT - Etude professionnelle -École Nationale de la Santé Publique - 2002
Bien porter son sac. Le poser dès qu’une attente un peu longue survient : bus, dans le rang,
en début de cours …Tout ceci pourrait leur être exposé par un professeur sensibilisé, ou par
le médecin EN en début d’année. Je l’ai expliqué à Maeva lors d’une visite médicale en
présence de sa mère, ainsi que les postures adéquates pour préserver son dos lors de la
prise ou dépose du sac.
Se regrouper pour formuler des suggestions adaptées à un adulte référent.
Maeva pense qu’elle « fait déjà tout ça » et que l’idéal serait « un casier fermé comme en
Angleterre avec un code ». Elle l’a vu dans plusieurs films et aimerait la même chose ici,
aussi en a-t-elle parlé à sa professeur principale. Mais elle ne se souvient pas pourquoi ça
n’était pas possible. Elle analyse que les professeurs en général sont au courant de la
difficulté des cartables : « ils le voient mais ils pensent qu’ils ne peuvent rien faire ».
8.2 LES PROFESSEURS
Une meilleure connaissance du cartable dans ses divers aspects.
La liste des cahiers pour chaque matière demandée en début d’année aux élèves de cette
classe est la suivante :
MATIERE GRAND
CAHIER
PETIT
CAHIER
CARNET
REPERTOIRE
GRAND
CLASSEUR
SOUPLE
NOMBRE DE
PAGES
Anglais 1 96
Histoire-géo 1 288
Éd. musicale 1 Sinon 1 Au choix
Math 1 192
Français 1 1 192
Technologie 1 50 feuilles
Sciences vie 1 96
Éd. civique 1 96
Limiter les demandes de fournitures scolaires notamment en évaluant à la fin de chaque
trimestre (ou année) les ouvrages et fournitures qui ont effectivement été utilisées. Les deux
filles n’amènent plus leur carnet répertoire de vocabulaire pour le français.
S’organiser pour harmoniser leurs demandes de fournitures au sein d’une même classe.
Béatrice RIBOT - Etude professionnelle -École Nationale de la Santé Publique - 2002
Des cahiers avec moins de pages, ou bien un cahier partagé en deux qui fait ainsi deux
cahiers. Ou encore mieux, un classeur qui peut servir pour plusieurs matières.
Etre plus vigilants dans les exigences de matériel mais aussi des devoirs à faire. Laisser du
temps à l’enfant pour s’organiser sur son temps de travail car le cartable « transporte le
poids du temps qui n’a pas été donné à l’enfant pour faire son travail de mise à jour, ce
quiE.N.S.P Page 16 03/12/2003E.N.S.P Page 16 03/12/2003 génère des
sacs souvent lourds à porter : il prend des livres de la maison vers l’école car s’il a du temps
il fera des math, il prend du travail de l’école vers la maison pour travailler après l’école, mais
à aucun moment il ne prend le temps de prévoir, de s’organiser » (25).
Faire travailler les enfants en binôme avec un livre.
Les professeurs d’EPS dans le cadre de leur enseignement peuvent dispenser une formation
visant à inciter les élèves à limiter dans la vie courante les sollicitations de la colonne
vertébrale en adoptant les gestes et postures appropriés(2). Les professeurs de musique
peuvent aussi être un relais, en effet celle de cette 6ème leur demande régulièrement de se
tenir droit en cours afin «de dégager la colonne d’air pour la flûte ou le chant ».
Quelques pistes de réflexions que l’on pourrait proposer dès la prérentrée, et adapter au
contexte par des discussions au sein du CESC. Car Il est souvent difficile de remettre en
question des habitudes, de plus le manque de temps mais aussi de connaissance peuvent
expliquer la plupart des résistances aux solutions. Un compte-rendu de cette étude aux
professeurs de 6ème pourra être proposé, afin de mieux connaître les limites de certaines
suggestions.
Des entretiens avec deux enseignants volontaires de cette 6ème ont déjà permis d’observer
des aménagements et la possibilité de faire encore beaucoup plus.
Le professeur de technologie du collège a comme méthode de travail : « utiliser des
documents dans le livre qui reste en classe ».
Le travail est organisé par activités avec un livre pour deux, ou en demi classe avec chacun
son livre. 90% des activités se font avec un livre (non nominatif) pour deux, le reste avec des
documents fournis par l’enseignant ou sur l’ordinateur.
Le professeur m’explique que ceci a trois avantages : permettre une économie pour le
collège, conserver les ouvrages plus longtemps car moins abîmés, et ne pas les porter dans
le cartable.
Il a demandé un grand classeur souple, car c’est plus léger et assez résistant pour les
cinquante grandes feuilles nécessaires pour l’année et la pochette intercalaire transparente.
Il a prévu une réserve de feuilles dans l’armoire si un élève a oublié les siennes.
Quand aux autres fournitures «c’est le même matériel qu’en mathématique : crayon, stylo,
ciseaux, colle…».
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Comment baisser le poids encore plus ?
« En sensibilisant les élèves sur ce qui est utile d’amener ; leur apprendre à s’organiser
utilement. Utiliser un classeur plutôt qu’un cahier. Il faudrait que tous les collègues
participent à l’organisation du cartable dans l’optique de baisser le poids mais c’est difficile,
par exemple s’il y a contrôle sur un livre tous les élèves doivent l’amener. »
Avez-vous une idée du trajet du cartable ?
« Il suffit de refaire le chemin avec l’emploi du temps. Il est important ici car c’est un collège
moderne donc spacieux et avec plus de distances ».
L’autre professeur pense que le port du cartable en 6ème est « beaucoup trop long et trop
lourd. C’est assez impressionnant de voir certains petits avec des cartables beaucoup plus
gros qu’eux ». Les trajets entre les cours ne lui paraissent pas très longs, et c’est plutôt sur
« le poids par rapport à la corpulence de l’enfant, plus que sur la distance » qu’il faudrait
intervenir.
« Quelques élèves font des aménagements mais pas suffisamment ». Elle a entendu
proposer lors d’un conseil de classe, un livre pour deux dans certaines matières. Mais « ils
ont du mal au niveau de l’organisation du cartable, ils oublient certaines choses… Dans
toutes les classes… Il y a ceux qui oublient une fois, et puis d’autres qui oublient souvent ».
Parmi les solutions, la demi collection de livres gardée au collège lui paraît aussi la plus
adaptée. Le classeur lui semble très intéressant, «c’est une question d’organisation. Pour
une matière telle que la musique, il faudrait trouver du papier spécifique perforé (il semble ne
pas en exister à La Réunion) ou faire des photocopies de portées vierges ». Ce qui
nécessiterait un petit budget photocopies, et une organisation des élèves et de l’enseignant
pour l’année (réserve de feuilles en classe, classement des cours…). Cela permettrait tout à
fait de suivre le conseil donné aux professeurs de musique, qui est de garder le même cahier
de la 6ème à la 3ème tant qu’il y a de la place dessus.
Il serait peut-être aussi possible d’envisager « au centre de documentation et d’information
(CDI) du collège, quelques livres de chaque matière pour ceux qui veulent y travailler ». En
effet, les élèves s’avancent souvent dans leurs devoirs en permanence ou au CDI.
D’autre part « si la récréation est entre deux cours, ils pourraient venir déposer leurs sacs
dans la salle du cours suivant ». Si le professeur est d’accord d’attendre un peu, et de fermer
sa salle (dont ils ont tous les clefs). Certains élèves d’une autre 6ème, le font avec cette
enseignante.
Comment diminuer le trajet ?
« Par un itinéraire à faire pour chaque emploi du temps. Mais c’est difficilement faisable en
raison du nombre de classes et puis ça ne serait pas forcément respecté par les élèves, qui
plutôt qu’être pris dans des embouteillages préfèrent faire un autre trajet, ou alors vont dire
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bonjour aux copains d’une autre classe. Certains vont chercher la flûte qui est pour toute la
famille, ou avec un copain… ».
8.3 L’ADMINISTRATION
Examiner lors du conseil d’administration les solutions pratiques à mettre en œuvre (2).
Le groupe de travail interne du CESC sur la base des analyses, peut amener à réfléchir les
différents protagonistes sur leurs pratiques réelles, puis réaliser les solutions décidées par la
communauté éducative.
Serait-il possible d’aménager les emplois du temps en fonction des élèves et du « poids du
savoir » chaque jour ? Il semble que les contraintes humaines (enseignants) et matérielles
(peu de salles) soient trop complexes pour arriver à un résultat satisfaisant.
La mise à disposition de casiers fermés a montré rapidement ses limites (perte des clefs,
oubli du code de fermeture, « flemme » de déposer les affaires le matin et de les trier, ou
peur d’oublier des choses car peu de temps pour trier pour les élèves). Nécessité de les
installer dans un endroit surveillé, à cause du vandalisme extérieur mais aussi interne. Le
principal y a réfléchit mais ça n’est pas réalisable ici, car il n’y a plus d’endroit sécurisé
contre le vandalisme, et d’autre part le coût s’avère trop important.
Limiter les déplacements d’une salle à l’autre :
• Une classe pour chaque 6ème et ce sont les enseignants qui se déplacent. Ceci a été
envisagé pour les salles d’enseignement général (salles spécialisées : technologie,
musique, arts plastiques, sciences) mais le collège en dispose de 9 seulement, pour 19
classes…Un professeur l’a expérimenté dans un collège métropolitain pour une classe
qui avait plusieurs élèves handicapés moteurs. Il pense que c’est un coût important car
« il faut équiper chaque classe pour toutes les matières ».
• Regrouper les salles des 6ème au rez-de-chaussée quand il y a des étages. Manque de
salles pour cet établissement.
Tout cela nécessite une collaboration à tous les niveaux, une envie de changer les
habitudes, et puis aussi des choix financiers avec une priorité pour certains moyens.
8.4 LES PARENTS
Acheter un cartable léger, avec deux bandoulières adaptées à la taille de l’enfant. Attention
aux phénomènes de modes pas toujours en adéquation avec la santé.
Béatrice RIBOT - Etude professionnelle -École Nationale de la Santé Publique - 2002
Choisir avec son enfant les fournitures scolaires afin de les limiter.
Peser le cartable pour réellement connaître son poids.
Aider à préparer rationnellement le sac pour le lendemain.
Il intéressant de noter que la mère de Maeva propose la même solution que le professeur de
technologie : des classeurs pouvant être utilisées pour plusieurs matières. Elle l’a
expérimenté avec son ainé dans un autre établissement, et son cartable ne lui a jamais posé
de problème.
Se regrouper pour partager les « bonnes idées ». Il est à noter l’initiative d’un parent qui a
créé une association et un site Internet : « un cartable ne dépassant pas 5% du poids de
l’élève ». Les parents membres du CESC peuvent restituer les réflexions constructives à
tous.
Mais la motivation et la disponibilité sont indispensables.
8.5 LE MEDECIN EN
Susciter des études, des actions de prévention et d’éducation à la santé.
Sensibiliser tous les protagonistes à cette question. En tant qu’expert en santé publique, il
peut amener des bases théoriques mais aussi des connaissances médicales et
ergonomiques lors des discussions. Partenaire actif, il aide à mettre en place un PAI si un
cas individuel le nécessite.
Mais il a besoin de la collaboration et la motivation de tous. Une autre de ses limites est le
manque de temps de ce conseiller technique en santé individuelle et collective, qui a en
charge un trop grand nombre d’établissements, ce qui est souvent un frein à la résolution
adéquate de telles problématiques.
8.6 AUTRES SOLUTIONS
EDITEURS
Alléger les livres scolaires. Il est intéressant de remarquer que l’allègement du papier et de la
couverture de la plupart des ouvrages ces dernières années a permis une réduction de 30%
du poids des cartables (31).
Concevoir des manuels électroniques (CD-ROM) à l’identique des exemplaires papier pour
supprimer les transports collège-domicile et vice-versa.
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LE CARTABLE ELECTRONIQUE
Il est en expérimentation dans quelques établissements métropolitains.
« Le cartable électronique », n’est pas un objet mais un ensemble de services et de
contenus éducatifs, placés sur une plate-forme accessible pour l’élève par le biais d’une
liaison internet à haut débit. Ainsi de chez lui, de l’école ou tout autre accès public, l’élève
peut faire ses devoirs ou les envoyer aux professeurs, et rechercher de l’information en
ligne. Les parents qui ont accès au système peuvent consulter le carnet de correspondance
ou l’emploi du temps.
Le problème semble être essentiellement financier (coûts d’achat, équiper les
établissements), mais aussi la formation de tous à ce nouvel outil. Cela implique aussi de
nombreux changements pour la pédagogie, l’architecture des bâtiments, la relation avec les
éditeurs (ils devront fournir des manuels électriques ou des outils logiciels, ou les deux ?…).
LE CARTABLE A ROULETTE
Deux élèves interrogées dans la cour rapportent un net avantage du sac à dos à roulette
mais pas du cartable à roulettes seules, car il est plus difficile à soulever dans les escaliers
ou dans les rangs. De plus d’autres élèves s’amusent souvent à s’asseoir dessus quand il
est tiré. Les passerelles relativement étroites du collège ne laissent pas aussi forcément la
place pour tirer sereinement son sac, surtout quand il y a « embouteillage »…Maeva serait
d’accord pour en avoir un, mais a peur que « ça ne soit pas pratique dans les escaliers et
quand le sol n’est pas plat car il peut basculer. Un sac à dos à roulettes n’est pas mieux
parce que c’est encore plus lourd avec les roulettes et le manche en plus ». Après réflexion,
cette solution ne lui convient pas.
LE DOUBLE JEU DE LIVRES
Pour tous idéalement, sinon au moins pour ceux signalés par l’équipe médicale.
Chaque élève dispose d’un manuel restant à la maison et d’un autre au collège. Les coûts
engendrés ne sont pas doubles par rapport au livre unique, en raison du principe de
décroissance des coûts marginaux de production. De plus à long terme un meilleur état
supposé des ouvrages réduit leur coût de renouvellement.
Cette solution illustre l’interaction souhaitable de différents acteurs :
• Le département pour le financement du coût supplémentaire
• Les établissements pour le stockage des manuels
• L’élève pour la conservation en bon état des deux livres.
C’est la solution qu’a retenue le collège en l’adaptant à un livre pour deux en classe.
Béatrice RIBOT - Etude professionnelle -École Nationale de la Santé Publique - 2002
Malheureusement, elle ne peut être appliquée cette année en raison de trois classes de 6ème
supplémentaires. En effet 70 élèves de la ville voisine sont accueillis à la Bretagne, en
attendant la finition d’un nouveau collège qui ouvrira en 2002/2003.
L’an dernier, le collège avait pu fournir un livre pour deux à chaque 6ème (150 élèves).
L’ouvrage restait dans l’armoire de la salle affectée à la matière concernée.
Le financement a été obtenu, en partie par le budget des manuels scolaires, et un certain
nombre d’ouvrages ont été offerts par le collège voisin dont les effectifs diminuaient du fait
de l’ouverture de la Bretagne.
L’an prochain, l’estimation d’environ 80 élèves de 6ème permettra tout à fait de renouveler
cette solution.
8.7 NOUVEAUX AMENAGEMENTS PREVUS POUR MAEVA
Devant l’aggravation des douleurs de Maeva, des aménagements plus spécifiques ont été
envisagés avec ses parents et le principal :
le double jeu de livres, et s’il est impossible dans certaines matières, ne pas exiger
qu’elle ait ses livres
Dépôt de ses affaires non utiles pour la demi-journée, à la vie scolaire
Prendre l’ascenseur si cela s’avère nécessaire et avoir un sac à roulettes (à dos ou pas
selon son choix).
Un PAI n’a pas été nécessaire, la volonté de tous étant d’aider au mieux cette élève.
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9 - CONCLUSION
L’analyse ergonomique (observations et entretiens) du trajet d’un cartable en 6ème, a permis
d’étudier toute la complexité de baisser l’astreinte quotidienne représentée par le port d’un
cartable. Son poids (toujours supérieur à 20%, voire 25% du poids corporel de Maeva
malgré le contenu limité), mais aussi le trajet sur lequel il est porté, doivent être réduits dans
un souci de prévention du rachis et de la fatigue de chaque élève.
Une approche globale du « système cartable » (annexe 2), à partir de faits plus que de
représentations, a permis d’envisager un éventail de solutions, pas forcément
généralisables. Elles sont à construire avec chaque acteur, qui doit prendre toute la mesure
de ce qu’il a à gagner du point de vue santé, efficacité ou économie (même si au départ la
contrainte parait importante). Alors un consensus pourra être trouvé au sein de chaque
classe.
N’oublions pas toute l’intelligence pratique et collective des élèves, qui ont très souvent des
solutions pertinentes à leurs situations. Même s’ils n’arrivent pas à les exposer, ils les
mettent en pratique avec leurs moyens. Maeva et Téa nous en font une belle démonstration
avec leurs aménagements tout au long de l’année.
Le double jeu de livres et les classeurs souples semblent des solutions intéressantes pour ce
collège, à rajouter si possible à celles déjà mises en place (par certains professeurs, le dépôt
des sacs pour la cantine…). Ceci fera l’objet de discussions, au sein du CESC ou lors d’une
réunion spécifique, avec pour support cette étude professionnelle.
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BIBLIOGRAPHIE TEXTES OFFICIELS
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