Le Transcendant Satrape

Boris Vian

Le Transcendant Satrape

d'aprèsBoris Vian

créé parClément Morinière

musiquePierre-Alain Vernette

Jérôme Quintard

durée

50 min

Un parcours dans l'oeuvre de Boris Vian.Ses chansons, ses poèmes. L'histoire d'unpersonnage qui voit le monde basculer ànouveau dans la guerre, d'un déserteur, d'unprisonnier. Et puis l'histoire de lareconstruction, de la vie qui reprend soncours, de la consommation qui explose, del'ennui qui s'impose. Trois personnes enscène, un guitariste, un violoniste, unacteur.

Démarche

Depuis bien des années, la question del'oralité de la poésie est une préoccupationque j'ai eu l'occasion de partager notammentavec Jean-Pierre Siméon et Laurent Terzieff.Après avoir participé à plusieurs éditionsdes Langagières au TNP, j'ai créé en 2013,une forme poétique sur un montage de textesd'Apollinaire, et c'est Apollinaire,précurseur du surréalisme, qui m'a amené àBoris Vian. Il y avait aussi l'envie dechanter et tant qu'à faire, de chanter unpoète.Car Boris Vian est un de ces artistes auxfacettes multiples. Musicien, peintre,écrivain, poète. Quelques-unes de seschansons font partie des classiques durépertoire français et quelques-uns de cesromans ont fini par entrer dans lesréférences de la littérature du XX èmesiècle.Mais il me semble que l'image que lapostérité garde de cet artiste complet estcelle d'un bobo surréalisant jouant de latrompette dans les nuits caverneuses deSaint-Germain-des-Prés et dormant tout lejour dans des draps de satin, bref « J'suissnob ». Le personnage que j'ai trouvé dans matraversée de l'oeuvre de Vian est tout autre.Je suis frappé par la grande sensibilité decertains textes où la guerre, la politique etl'injustice sont au cœur de l'écriture de

Boris Vian, comme dans A tous les enfants, LeDéserteur o u Ils cassent le monde. Jeremarque également comment, même avecdérision, il garde un regard critique etincisif sur la société dont il fait partie,je pense à La java des bombes atomiques, Lepetit commerce, J'suis snob ou encore Lacomplainte du progrès... pour ne parler quedes textes présents dans le spectacle. Celam'a amené à considérer un poète, sinon engagécomme peut être un Aragon ou un Éluard parexemple, pour le moins en prise avec lesévénements de son temps, avec des valeursprofondément humanistes.

Si vous voulez que je vive, mettez-moi en libertéSi vous voulez que je meure, à quoi bon me torturer

Récit

L'histoire qui se raconte dans ce spectacle« Le Transcendant Satrape » est une fiction,elle ne se veut pas du tout biographique,elle est peut-être simplement le fruit de lajuxtaposition de textes écrits à des époquesdifférentes de la vie de Vian. C'est peut-être une vie fantasmée par Vian lui-même àtravers ses écrits.Le chemin est celui-ci : l'enfance, laguerre, la fuite, la mort, la reconstructioncapitaliste, l'ennui et le désœuvrement.

C'est l'histoire d'un jeune homme qui granditdans un climat de guerre, chante des chansonsmilitaires et voit son oncle inventer desbombes atomiques. Il tire son épingle du jeuen vendant des canons. Quand il est appelé àson tour, pour aller servir son pays, ilchoisit de déserter. Arrêté, emprisonné,condamné, il rêve sa mort en attendantl'exécution. Et puis la fin de la guerre estdéclarée, fêtée et célébrée, cédant la placeà l’instauration de la société nouvelle duprogrès et de la consommation. Notre jeunehomme, qui ne l'est plus tellement, fait faceà l'ennui d'une vie maritale dont le vide estrempli par l'alcool.

� l’endroit o� les fleuves se jettent dans la mer, il se forme une barre difficile � franchir, et de grands remous �cumeux o� dansent les �paves. Entre la nuit du dehors et la lumi�re de la lampe, les souvenirs refluaient de l’obscurit�, se heurtaient a la clart� et, tant t immerg�s, tant t apparents, montraient leurs ventres blancs et leurs dos argent�s.

L'#cume des jours

Musique et textes

La liste des textes et chansons de monmontage est la suivante, dans l'ordre durécit :

La marche des gossesLa java des bombes atomiquesLe petit commerceA tous les enfantsLe déserteurLe politiqueIls cassent le mondeL'évadéJe mourrai d'un cancer de la colonnevertébraleUne bonne paires de claquesOn est pas là pour se faire engueulerLa complainte du progrèsSi les poètes étaient moins bêtesJe boisJ'suis snobLe blues du dentiste

Pas de commentaire, d'exégèse, d'explication.Seulement les mots de Boris Vian etl'imagination des spectateurs. Par contre del'humour par endroit car l'auteur n'en étaitpas dépourvu, et l'intensité de l'engagementcar c'est bien ce qui se cache souvent chezVian derrière le loufoque.

La musique ne prétendra pas égaler unensemble jazz et les arrangements de génie deBoris Vian lui-même. Nous aurons une guitare,un violon et des percussions, plus quelquespetits instruments.Les chansons et les textes se feront aumicro.

Extraits(dans l'ordre du spectacle)

À tous ceux qui sont restés les pieds auchaud, sous leur bureau en calculant lerendement de la guerre qu'ils ont voulue, àtous les gras, tous les cocus quiventripotent dans la vie et comptent etcomptent leurs écus, à tous ceux-là jedresserai le monument qui leur convient, avecla schlague, avec le fouet, avec mes pieds,avec mes poings, avec des mots qui collerontsur leurs faux-plis sur leurs bajoues deslarmes de honte et de boue.

Une abeille de cuivre chaud l’a foudroyé surl’autre rive. Le sang et l’eau se sont mêlés.Il avait eu le temps de voir, le temps deboire à ce ruisseau, le temps de porter à sabouche deux feuilles gorgées de soleil, letemps d’atteindre l’autre rive, le temps derire aux assassins le temps de courir vers lafemme.Juste le temps de vivre.

Une bonne paire de claques dans la gueule etla vie reprend tout son prix, chaque matincomme on se sent seul, claquons-nous lagueule entre amis.

On n'est pas lа pour se faire engueuler, on est là pour la fête а mon pote On n'est pas lа pour se faire assommer, on est v'nu faire une petite belote Si tout le monde restait toujours tout seul

Ce serait d'une tristesse pas croyable Ouvre cette porte et sors des verres

Autrefois pour faire sa cour on parlaitd'amour. Pour mieux prouver son ardeur, onoffrait son cœur. Maintenant c'est pluspareil, ça change, ça change. Pour séduire lecher ange, on lui glisse а l'oreille - Ah, Gudule! Viens m'embrasser et je tedonnerai un frigidaire, un joli scooter, unatomixaire...

Je bois systématiquement pour oublier lesamis de ma femme, je bois systématiquementpour oublier tous mes emmerdements.

Et moi je gueul' ce soir Le blouse dudentiste dans le noir.

Boris Vian1920-1959Né dans une famille fortunée maisruinée par le krach boursier de1929, il est avant tout musicienpassionné de jazz, trompettiste etparticipe au parties dans les cavesde Saint-Germain-des-Prés dès 1946.Il est critique musical et travaillesouvent bénévolement commechroniqueur de jazz pour des revues

spécialisées. Il traduit également des romansaméricains et contribue à l'arrivée de la science-fiction en France. Scénariste mais aussi acteur, ilest encouragé à l'écriture par Raymond Queneau,dirigeant chez Gallimard.Boris Vian écrit des romans, des nouvelles, desessais, des chansons, de la poésie, du théâtre et del'opéra. Il peint même une série de tableaux dans unstyle cubiste morose. Il est né en même temps que lemouvement Dada et nourrira toute sa vie un goût pourl'absurde et une certaine forme de surréalisme,portant un regard profondément poétique sur touteschoses et surgissant toujours là où on ne l'attendpas.Souvent qualifié d'anarchiste, notamment par son amiJean-Paul Sartre, Vian se disait farouchement pro-civique plutôt qu'anti-militariste. Avec Ledéserteur, en 1954, il se positionne clairement ducôté de la désobéissance et de la revendicationlibertaire. Anti-conformiste, il refuse tout ordreétabli et préfère se jouer du sérieux de l'engagementpolitique en y opposant une légèreté apparente dedandy excentrique.En 1952 il entre au Collège de Pataphysique qui lesaluera à sa mort en lui donnant le titre deTranscendant Satrape.

Clément Morinière1981-...Il débute sa formation de comédien àNantes au Conservatoire d’ArtDramatique et de Chant lyrique ettravaille avec Jacques Guilloux,Michel Liard, Claude Brumachon et leThéâtre des Cerises. Parallèlement,il se consacre à des études desociologie. Il intègre ensuite la65e promotion de l’ENSATT et en

2006, il entre dans la troupe du TNP et commence sacollaboration avec Christian Schiarett. En 2013, ilcrée, avec des compagnons, la compagnie Le Théâtre enpierres dorées et organise chaque année le festivalLes Rencontres de Theizé pour lequel il adapte et meten scène une nouvelle de Maupassant, Le papa deSimon, un spectacle pour les enfants dès 6ans ; puisPloutos, dieu de l'argent, une adaptation de la pièced'Aristophane.

Messieurs c'est un hasard affreux Mais je jure devant Dieu En mon âme et conscience Qu'en d�truisant tous ces tordus Je suis bien convaincu D'avoir servi la France On �tait dans l'embarras Alors on l'condamna Et puis on l'amnistia Et l'pays reconnaissant L'�lu imm�diat'ment Chef du gouvernement

Jérôme QuintardAprès des études à l’école du théâtre national deChaillot, puis à l’ ENSATT, il intègre la troupepermanente du théâtre national populaire deVilleurbanne de 2004 à 2014. Sous la direction deChristian Schiaretti, il joue dans 24 pièces dontPar-dessus bord, Coriolan, Don Quichotte et les 7farces et comédies de Molière. Il travaille égalementavec Juliette Rizoud, Baptiste Guiton, MaximeMansion, Philippe Mangenot, Olivier Borle, YvesPignard, Julie Brochen, Christophe Maltot, NathalieGaraud… En 2010, il crée avec Ophélie Kern LaCompagnie du Vieux Singe, dont il est co-directeur.Il travaille à France Culture pour des fictions radiode Michel Sidoroff, Baptiste Guiton, Cédric Aussir,François Christophe et Jacques Taroni. A l’écran, iltravaille sous la direction de Thierry Binisti, HervéBrami, Maxence Voiseux…C’est sa premièrecollaboration avec Clément Morinière pour le Théâtreen Pierres Dorées.

Pierre-Alain VernetteDans un premier temps musicien violoniste, il seforme à l’écriture sonore dans la classe de musiqueélectro-acoustique de Villeurbanne puis dans ledépartement son de l’ENSATT dont il est diplômé en2005. Par la suite, il collabore à la création debandes sons pour notamment La Compagnie des Fils,Locus Solus, Le Théâtre de la Croix Rousse, le TNP deVilleurbanne, tout en développant par ailleurs laprise de son et le mixage pour la musique, ainsi quedes projets pédagogiques autour des pratiques du son.Il co-fonde en 2009 le collectif de réalisationssonores Le zèbre et la mouette, abordant le champ desinstallations sonores de manière ludique etaccessible. D’un projet à l’autre, il mêle ambiancesabstraites, bruitages, éléments musicaux et travailsonore en direct, dans des systèmes d’écriture variéset composites.

Je vendais des canons dans les rues de la terre, maismon commerce a trop marché

Ils cassent le monde à coups de marteau, mais çam'est égal, il en reste assez pour moi

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Cl�ment Morinire

Th��tre en pierres dor�es

06 62 50 31 57

cmoriniere@gmail.com