LeVietNam

BénédicteCHÉRON

LeVietNam

desblessuresdel’Histoireàl’AsieduXXIesiècle

TEMPORA-ÉDITIONSDUJUBILÉ

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les Jung Vuong. Ils sont dix-huit à diriger cette fédération,appelée le Van Lang, qui, au IIIe siècle av. J.-C., fusionneprogressivement avec ses voisins pour former le Nam Viet.L’autonomie de cette entité territoriale ne dure pas longtemps.DèsledeuxièmesiècleavantJésus-Christ,laChineadesviséesd’extensionverslesud.LeNamVietestabsorbéen111av.J.-C.Ainsi débute cette domination de mille ans qui va fortementstructurerl’identitéetlaculturevietnamienne.Aprèsunrespectinitial des institutions et traditions locales, alternent despériodesde fortecentralisationchinoise, avec lamiseenplaced’une administration propre, et des révoltes provoquées parl’inquiétude de l’aristocratie vietnamienne soumise à cettesujétion.LeVietNamretrouvesonindépendanceen939aprèsunerévoltequi réussitenfinà repousser lapuissancechinoise.Pourunepart, lanationalitévietnamienneet l’identitédufuturÉtatseconstruisentdonccontrelaChinetoutenayantassimilénombred’élémentsde laculturechinoiseetenayantconnuundéveloppementéconomiqueréelaucoursdecemillénaire.

Laconstructiondel’ÉtatentretensionsintérieuresetrésistanceàlaChineLesdynastiesdesLy(1009-1225)etdesTran(1226-1400)se

succèdent. Pour les rois, il s’agit de maîtriser tentationssécessionnistes des seigneurs locaux à l’intérieur du royaumetout autant que de résister aux tentations hégémoniques de laChine.LesLydoiventd’abordmettrefinauxrivalitésintérieuresdu royaume pour pouvoir instaurer un pouvoir administratifcapable,parexemple,demenerunepolitiquedeconstructiondediguesdansledeltadufleuveRougeetdelimiterlesdégâtsdesinondations. Les féodaux sont peu à peu remplacés par deslettrés et des hauts fonctionnaires. À partir de 1054, un État

formalisé apparaît, sous le nom de « Dai Viet ». Les Lyrepoussent les Chinois plusieurs fois et dans le même tempsétendentleroyaumeverslesud.Ladynasties’effondre,affaibliepardesrévoltespaysannescontrelafiscalité.LesTran se trouvent confrontés aumêmedéfi.À lamenace

chinoise succèdent pour un temps les tentatives d’incursionmongoles.L’extension duDaiViet se poursuit vers le sud.Lebouddhisme cède du terrain au confucianisme, propice àl’installationd’uneculturenationaleetcollectiveforte:systèmed’enseignement unifié, concours littéraires pour le recrutementdes fonctionnaires, développement de la poésie et de lalittérature y contribuent. L’administration centralisée permet laréalisationdegrands travaux.Mais les dissensions internes nedisparaissentpas.

«MaislapolitiquedesHosefitpesante,Lepeuplegrognaitdecolère,Les agresseurs Ming en profitèrent pour déchaîner laguerre.Des traîtres vendirent la patrie afin d’y assouvir leurappétit.Des hommes furent brûlés vifs, des femmes, des enfantségorgés.Ils usèrent demille ruses pour duper le peuple, berner leCiel.Vingtannéesdurantlecrimedura.Les vertus d’humanité, de justice disparurent de notreterre,Taxesetimpôtsvidèrentnoslacsetnosmontagnes.Il fallait plonger au fond des mers, affronter les requinspourleurfournirdesperles,S’aventurerau fonddesmontagnespour leur ramenerde

l’or, Se risquerdansdes forêtspestilentiellespourpiégerdesfaisansetdescerfsnoirs.Ni l’herbe des prairies, ni le moindre insecte ne furentménagés.Malheurànosveuvesetnosenfants!»

NguyenTrai(1380-1442),«ProclamationsurlapacificationdesNgo»,Milleansdelittératurevietnamienne,éditionétablieparNguyenKhacVienetHuuNgoc,PicquierPoche,2000.

LesMingchinois,auprétextederétablirl’autoritédynastiquepourremédieràl’instabilité,envahissentànouveauleVietNam.Jusqu’en1428,ilsymènentunepolitiquedesinisationbrutalequi provoque une révolte dès 1418, menée par Le Loi. Cedernierconduituneguérilladufaiblecontrelefort,fondantunetradition combattante vietnamienne qui perdure jusqu’au XXesiècle.Ildevientàsontourunhérosnational.LeLoiparvientàmaintenir à distance les Chinois tout en évitant de provoquer,pas un excès d’irrespect, le Céleste Empire. Il maintientl’administrationque lesMing avaientmise enplace.Au coursde cette période, la bureaucratie devient la véritable classedirigeanteduroyaume.Lesfonctionnairessontrépartisenneufgrades.Ilssontrecrutésparconcoursetpayésgrâceàdesterresquileursontallouées.Uncodededroitciviletdedroitpublicvoitlejour.LadynastieatteintsonapogéesousLeThanhTong(1460à1497).L’extensionverslesudsepoursuit.Déjà,depuisunsiècle,le18eparallèleavaitétéfranchiparlesVietnamiens.Surcesterresdusud,lesmilitairesdeviennentnaturellementdescolons. L’agriculture dans l’ensemble du royaume faitd’immense progrès grâce une politique systématique dedéfrichementetd’endiguement.

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parfois par des actions terroristes. Le Parti nationaliste(VNDQQ)quifomenteuneinsurrectionàYenBay,en1930,estécrasé. Le seul parti indépendantiste qui survit est le particommunistevietnamien, au seinde la IIIe Internationale, dirigéparNguyênAiQuôc,lefuturHoChiMinh,depuis1930.Pourautant,cepartiestanéantidanslesannées1930.Ilnesurvitqueclandestinement jusqu’à la finde laSecondeGuerremondiale,laquellevaluidonnerl’occasionhistoriqued’occuperledevantdelascène.

LeVietNamenguerrecontrel’Occident

Sortirdelacolonisation

Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’Indochine est sousdominationjaponaise, indirectedansunpremier temps.Depuismai-juin 1940 et l’effondrement de lamétropole, les autoritésfrançaises de la colonie ont dû se résigner à ce « parrainage»inconfortable et hostile. En mars 1945, brutalement, lesJaponais renversent le pouvoir colonial français (le généralLemonnierestdécapitépubliquementausabre)etplacentsurlestrônes vietnamien, laotien et cambodgien les trois monarquesBaoDai,SisavangVongetNorodomSihanouk.Mais ledépartdesJaponaischangeladonne.AuVietNam,enaoût1945,unerévolte pousse Bao Dai à abdiquer et débouche sur ungouvernement insurrectionneldirigépar lecommunisteHoChiMinh. L’indépendance du Viet Nam est proclamée sous sonégide le 2 septembre. Ce retour en force du parti communistevietnamien, qui a profité de l’expansion japonaise et de sesconséquences,inaugureplusieursdécenniesdecombats.

LaFrancevad’abordtenterdereprendrepiedsurleterritoire.En septembre 1945, l’accord « Ho Chi Minh/Sainteny »,négocié entre les communistes et le gouvernement français,reconnaît leVietNamcommeunÉtat libreauseinde l’Unionfrançaise. Les troupes françaises se réinstallent à Haiphong etHanoi.Maislesincidentssemultiplient.Le23novembre1946,suiteàuneémeuteetàl’agressionsystématiquedesEuropéens,lebombardementdeHaiphongparlesFrançaissetraduitpardenombreuxmortscivils.Laguerred’Indochineacommencé.PourlesFrançais,ils’agitdereconquérirleNord,largementtenuparlesforcesdelaRépubliquedémocratiqueduVietNam(leVietMinh),autoproclaméeparHo-ChiMinh.Encerclantlesvillesetlesgrandesplainestenuespar l’arméefrançaise, laguérillafaitrage. Les villages survivent en acceptant les dominationsintermittentesdel’unoul’autrecamp.

LaguerreesttrèscomplexepourlesFrançais.Leterrainleuréchappemalgrél’espritd’initiatived’officiersetdesoldatstrèsfortement engagés dans leur mission, et l’action de chefsprestigieuxcommelemaréchaldeLattredeTassigny.Dès1949,lavictoiredescommunistesenChineinternationaliseleconflit.L’aidechinoisearrivepar lenorden soutienaux troupesd’HoChiMinh.Parailleurs, lamétropole, lointaine, sedésintéresselargementdecequeleParticommunistefrançaisnetardepasàqualifier de « sale guerre ». La principale faiblesse française :desbutsdeguerreflous.En1949,unnouveauprojetpolitiqueestdoncadopté.Ilreposesurleremplacementd’HoChiMinhàla tête d’un État indépendant vietnamien, en faveur d’undirigeant«ami»delaFrance.Lechoixseporteenmars1949sur BaoDai,monarque sortant. Un statut similaire est adoptépour leLaoset leCambodge.Laguerre,désormais,apourbutde garantir l’indépendance duVietNam sans le communisme,

donc sans leVietMinh.HoChiMinh demeure pourtant, auxyeux du bloc communiste mondial et d’une partie desVietnamiens, le leader de l’indépendance. En janvier 1950, laChine et l’URSS reconnaissent Ho Chi Minh comme ledirigeant légitime. Face à cette légitimité idéologique, un« autre »VietNam s’organise. En février, les États-Unis et leRoyaume-UnireconnaissentlerégimedeBaoDai.Une«arméenationalevietnamienne»existedésormais,quisebatauxcôtésdes Français contre le Viet Minh. Le Viet Nam n’est plussimplement une petite colonie qui tente d’obtenir sonindépendance.Ilentredansl’actualitéinternationale.

Sur place, les troupes de l’Union française connaissent desdéfaiteslourdes,surlaRC4(Routecolonialen°4)notamment,mais aussi des victoires tactiques importantes, comme à VinhYen en 1950. Cependant, les postes de la frontière nord sontévacuésdès1950.

L’évacuationpar lesFrançais despostes duNord-VietNamen1950.

« Les partisans rassemblèrent leurs familles pourmonterdans lescamions.Je suis restéavec les légionnairespourassurer l’arrière-garde en cas d’attaque vietminh, et puisnous avons embarqué. C’est là que j’ai vu ceux que jen’avais pas voulu voir, auxquels je n’avais pas voulupenser. Les habitants des villages environnants, prévenuspar la rumeur, accouraient pour partir avec nous. Ilsavaientaccepténotreprotection.Certainsavaientserviderelais. Ils savaient que, sans nous, lamort était promise.Nousnepouvionspaslesembarquer,fautedeplace,etles

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étrangère avec, à la clé, une série d’arrestations et démissions.En2003, leParti avaitdéjàété secouépar l’affaireNamCam,du nom du chef d’un réseau de banditisme, protégé par despersonnages haut placés dans l’appareil administratif etpolitique. Par ailleurs, le Parti n’échappe à aucun défaut desstructures politiques bâties autour d’une idéologie totalitaire.Lessoupçonsd’hétérodoxiepolitiqueprovoquentrégulièrementdes exclusions retentissantes. Certains, trop prolixes sur lesdiscussions internes, subissent le même sort. Ces accusationspeuventévidemmentn’êtrequedesprétextesàl’éliminationdesrivaux trop ambitieux mais elles semblent dénoter de réellesdissensions idéologiques sur les évolutions politiques desquinzedernièresannées.Danslesannées1990,lePartiaconnuledouteetlacrisenotammentparcequeleDoimoi,quin’apastoujours été bien accepté, a tardé à produire des résultatsprobants. Il semble bien qu’au début des années 2000, leconsensusaitétéretrouvé:lespremierssuccèséconomiquesontrassuré les socialistes les plus rigoureux, tandis que la criseasiatiquede1997arefroidilesardeursdesplus«libéraux».Ceconsensus permet aux dirigeants de continuer de concilierl’héritagerévolutionnaireetl’ouvertureàl’économiedemarché.Lacontradictionn’estqu’apparenteentrelestermesdudébat:ilnes’agitpourlePartiquedecontinuerd’adapterunedoxaquiallie « modernité » et « patriotisme », histoire nationale etdéfense réaliste des intérêts de la nation. Et de parvenir àmaintenirceconsensusalorsquelasociologiedesadhérentsserenouvelleetque lacrisemondialepeutébranler lesacquisdudébutdesannées2000.

Rien cependant ne laisse augurer une explosion ou unedisparition du Parti à court terme. Son existence assure à ladirection politique du Viet Nam une stabilité essentielle pour

mener les réformes.Enfin, l’État-Parti rejoint l’histoire longueduVietNam,au-delàdelaseuleréférenceaucommunisme,enadoptantunepratiquedupouvoirquirenoueaveclestraditionsanciennes d’adaptation au contexte international, de maintiend’un pouvoir fort pour contrebalancer les forces centrifugesintérieures et en s’insérant dans un système complexe depouvoirs locaux et nationaux qui se concurrencent. Les mots«totalitaire»et«libéral»nesuffisentpasàdécrirelamanièredontl’autoritédel’ÉtatestvécueauVietNam.Lerapideproposesquissé ici sur le fonctionnement du Parti ne peut suffire àrendrecomptedelacomplexitédesrapportsentrel’État,lePartietlespopulations.

L’empriseduPartisurlasociétécivileetlerenouvellementdelaclassepolitique

L’une des meilleures courroies de transmission sociale duPartiest leFrontde laPatrie (quiorganise la sociétécivile),auquel s’ajoutent les organisations de masse (ancienscombattants, femmes, étudiants). La maîtrise du processusélectoral achève de verrouiller le dispositif. Depuis 1998, lescandidatures multiples sont officiellement admises pour lesélectionslocalesmaisellesdoiventêtrevalidéesparleParti.Lesélections nationales quant à elles demeurent contrôlées par laCommission électorale centrale. À tous les échelons, lecandidat doit avoir une histoire sociale et civique « sansambiguïté ». Les Vietnamiens évoquent entre eux l’existenced’un « ly lich » politique, une sorte de curriculum vitaepolitique, qui permet au Parti de suivre les itinérairesidéologiquesdeséventuelscandidats.

Il serait illusoire de penser que l’ouverture économiques’accompagned’unelibéralisationcomplètedelaviepolitique.Les nominations de 2006 aux plus hautes fonctions de l’ÉtatsontrévélatricesdurôletoujourscentralduParti:NguyenMinhTriet,NguyenTanDungetNguyenPhuTrongquisontdevenusrespectivement président de la république, premier ministre etprésident de l’Assemblée nationale, ne sont pas connus pourleur hétérodoxie politique. Les dernières élections législativesde mai 2007 ont montré que le renouvellement du personnelpolitique restait limité : 25,7%des élus sont des femmes, 87députéssur498sontissusdesminoritésethniques.Seulement43députésnesontpasmembresduParti.Cet immobilismeinstitutionnel et idéologique explique l’indifférence descitoyens pour les élections. Ils votent massivement (avec destauxdeparticipationde99%)parceque lepouvoir tolèremall’abstention,maislesélections,notammentenville,nesuscitentqu’unintérêtmitigé.Dans lesruesdeHanoi lorsdesdernièreslégislatives,raresétaientceuxquisepassionnaientpourl’enjeu.

« Aux zones d’effritement ou de “détournement” dupouvoir politique sous la contrainte de l’ouvertureéconomique depuis 1986, la république socialiste du VietNamrépondaujourlejourparunpragmatismeautoritairenondénuéd’efficacité.Certes,lesrelationssontcomplexesentre les divers acteurs du système politique. Le régimen’est pas monolithique, mais il ne faut pas en conclurepour autant que lemonopole de l’exercice du pouvoir duParti communiste est sérieusement entamé. Au Viet Nam,noussommesloindeslieuxcommunssurl’“affaiblissementdel’État”dontletermeimpliciteseraitl’avènementd’unedémocratielibérale.CommelaplupartdespaysenAsie,le

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Dansledomaineducommerce,del’industrieetdesservices,l’Étattented’abordd’instaurerdesrèglespourfairefonctionnerunsecteurprivéetrationaliserlesystèmebancaire.Eneffet,lespetites entreprises privées autant que le secteur publicn’obéissentàaucunerègleprécisedegestion.Enfaçade,l’Étatcontrôle. Dans la réalité, l’enrichissement illégal et l’évasionfiscale sont considérables. Deux mille entreprises déficitairessont ainsi supprimées. Les entreprises survivantes sontregroupées au sein de compagnies générales, et actionnarisées.Les résultats de ce capitalisme d’État demeurent mitigés : en1997,seulement40%desentreprisespubliquessontrentables.Enfin, des normes de gestion sont instituées. Peu à peu, lescontributionsétatiquessontremplacéespardesprêtsbancaires.Le gouvernement assouplit les règles afin de faciliter l’arrivéedes capitaux internationaux indispensables à l’émergence duVietNamsurlemarchémondial.Àlafindesannées1990,ilestdésormais possible pour un investisseur étranger de ne plusprocéderparjoint-ventureavecundétenteurdepartsvietnamien.

Le commerce international explose mais la balancecommerciale demeure très déficitaire. Enfin, beaucoup deVietnamiens ne profitent pas des résultats des réformes. Lechômage touche 6 millions d’entre eux en 1992 (sur unepopulationactivede33millions).Ilfautattendre1996pourquelacroissancecommenceàprofiterà l’ensembledupaysetnonseulementàHoChiMinhVille.L’inflationatteintplusde80%en 1991. Elle tombe à 16,9 % en 1995 et à 4,1 % en 1999.Cependant,au-delàmêmedesrésultats,encoremitigésetrendusd’autant plus fragiles par la crise de 1997 (sans compter lesrépercussions de la crise qui a débuté en 2008), l’image d’unViet Nam capable de se moderniser a largement contribué àéveiller la curiosité des investisseurs.Autant que les réformes,

leur perception par les Vietnamiens et par les acteursinternationauxestessentielle.

Faireentrerl’économiedanslamodernité

À la veille de l’an 2000, leVietNamdemeure un pays peudéveloppémalgrédestauxdecroissanceélevésjusqu’en1997etdes échanges extérieurs qui ont explosé depuis 1985. Sesexportationssontcellesd’unpaysencoursd’industrialisationetreposent principalement sur ses ressources en hydrocarbures(production offshore). Viennent ensuite les industries(productiontextileetchaussures)quitirentprofitdutrèsfaiblecoût du travail. L’agriculture (riz, café, thé) et la piscicultureconstituent le troisième poste important d’exportation. Troisquarts de la population vivent à la campagne et travaillent laterre. La crise asiatique de 1997 a montré l’insuffisance desréformesstructurelles.Parailleurs,1997estaussiuneannéedecrisepolitique,marquéeauVietNamparlesscandalesliésàlacorruption et par la révélation de très nombreuses créancesdouteuses. Les paysans commencent à manifester leurmécontentement, mettant en cause la légitimité du régime etréclamant,euxaussi,deprofiterdesprogrèsannoncés.

L’État hésite sur la marche à suivre pour moderniserl’agriculture.L’effortportefinalementsurlesinvestissementseninfrastructures pour sortir les villages ruraux de l’isolement :électricité, routes, canaux d’irrigation et digues sont lesnouveaux chantiers. L’accès au crédit est facilité pour lesagriculteurs.LeVietNamoccupedésormaisunebonneplacedeproducteur et d’exportateur d’un certain nombre de produitstropicaux (en 2005, le Viet Nam est dans les cinq premiers

producteurs et exportateurs mondiaux de riz, café, poivre etcajou, il est le 9e producteur et 7e exportateur de thé).Cependant,57%delapopulationactivetravailleencoredanslesecteuragricolequipourtantnereprésenteque20%duPIB.Laquestiondelaproductivitéestdoncàl’ordredujour.Enfin,lacrise des cours desmatières premières de 2008 touche leVietNam.Encequiconcernel’industrieetlesservices,lesréformesse poursuivent également. À l’été 2000, de nouvelles mesuresassouplissent les possibilités d’investissement. Le 20 juillet2000,uneboursedesvaleursestouverteàHoChiMinhVille,oùsontautoriséesquelquescotationsd’entreprisesétrangèresen2003.En2001,unaccordestsignéavecleFMIquiaccordeunprêt de 368 milliards de dollars sur trois ans, en contrepartied’un plan de réformes. Par ailleurs, entreprises et salariésdoiventdésormaisêtreenregistrés,notammentpourpermettrelamiseenplace,encorebienténue,d’unsystèmed’assurance.En2000, les indicateurs économiques commencent à redevenirpositifs avec une croissance supérieure à 5 %, une monnaiestabiliséeetleretourdesinvestissementsétrangers.Lesmesuresde2000-2001viennentsoutenirlareprise.

Biland’uneouvertureetperspectives

Unemutationconfirméedel’économievietnamienne

L’élan de modernisation économique du Viet Nam est réelbien que ralenti par les crises sanitaires du SRAS (SyndromeRespiratoireAiguSévère)etduH5N1(grippeaviaire)en2003et2004.LeVietNamfêteen2006lesvingtansduDoimoiavecuntauxdecroissancede8,2%.L’Étatadéfinitivementpasséle

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lesstructuresd’intendancenécessairesàsonaction.Transports,fabrication de vêtements, fournitures alimentaires, constructionderoutesontétéconfiésàdesunitésdecombattantsauservicede l’armée, qui sont peu à peu devenues des « entreprisesmilitaires»quicontinuentdejouerunrôlemajeuraprès1975.En1993,300entreprises,dontl’activitén’estplustoujoursliéeà laDéfense, sont sous tutelle de l’armée.Elles produisent del’énergie (électricité, gaz, pétrole), sont en charge de laconstructiond’infrastructures.D’autresgroupesimportantssontprésentsdansletransportaérienoudanslaproductionagricole.Leurexistenceestlégitiméeparlefaitquel’Étatnedisposepasde ressources suffisantes pour financer une industrie militaireautonome.

Mais le fonctionnement de ces groupes, qui profitent dessubventions étatiques, manque de transparence. Les réformesdesannées1990lesfontpasserde300àmoinsde164,répartisen trois catégories : les entreprises dont la production estdirectement liée à l’équipement militaire ; celles dont laproductionestcivilemaisquipeuventêtreutilesà l’armée ;etenfin,celles(lesplusimportantes)dontlaproductioncivilen’acomme seule utilité de fournir des ressources financières à laDéfense. En 2000-2001, environ 100 000 hommes sontemployés dans ces entreprises, soit un quart des effectifssupposés de l’armée populaire. Ces entreprises ne sont pashabituées à fonctionner selon les règles de la rentabilitééconomique. Certaines continuent de fournir du matérielobsolète. Le clientélisme y est très présent. Les entreprisesmilitaires dans le domaine civil sont en concurrence directedéloyale (car elles bénéficient de réseaux au sein du pouvoirpolitique) avec les entreprisesprivées.Entre2003et2008, lesentreprises militaires ont été à nouveau réorganisées et

regroupéesensixgrandessociétés.Legouvernement,en2008,affichesasatisfaction:cesévolutionsauraientpermis,selonlui,des gains importants de productivité. Il prévoit d’actionnariserlessociétésmilitairesaprès2010,àtitreexpérimental.

L’outilmilitaire,delaguerreàlapaix

En 1987, le Bureau politique prévoit d’une réduction deseffectifsde l’armée,quicoïncideavec le retraitdes troupesduCambodgeen1989. Il estdifficiled’estimerceseffectifsentre1975 et 1990. Le plan prévoit la démobilisation de 600 000soldats, dont 100 000 officiers, soit plus de la moitié deseffectifs estimés de 1987. Des unités entières ont étéreconverties vers la production économique, sans que le statutde ces nouveaux groupements soit bien défini. Beaucoup desoldatsont simplement étédémobilisés, peinant à retrouverunemploi.Autotal,lesréductionsd’effectifsontoscilléentre300000 et 600 000 hommes. L’armée populaire compterait doncaujourd’hui environ400000hommes.Plusdes trois quarts setrouvent dans l’infanterie. Les 80 000 hommes restant serépartiraient entre l’armée de l’air, lamarine et la défense desfrontières1.Lebudgetdeladéfenseaugmentelégèrementdepuislesannées2000,envaleurabsolue,maissapartdanslebudgetdel’Étatdiminue,passantde8,1%en2003à7,2%en2006.Les dépensesmilitaires représentaient 7,9% du PIB en 1990,ellesnereprésententplusactuellementque0,5%.Ceschiffressont cependant flous, fonctions de ce qu’ils intègrent etn’intègrent pas, notamment en ce qui concerne les entreprisesmilitaires.

Les grandes orientations de la politique de défense ont étéfixéesdansdeux«Livresblancs»successifsen1998et2004.LeVietNamaffichesavolontédeneplusfairepartied’aucunealliance militaire globale et d’orienter son action vers lesnouvelles menaces locales et liées aux trafics (drogue,prostitution…).Lelivreblancde1998introduitunenouveautéen posant comme une priorité le développement d’unemarinealorsque leVietNam,paysdepaysans,a longtempsprivilégiél’action terrestre. Par ailleurs, des zones de défenseéconomiquesspécialessontcrééesdanslesrégionsfrontalièresave la Chine, le Laos et le Cambodge où les entreprisesmilitairessontparticulièrement impliquées.Endécembre2004,lenouveauLivreblancrappellequel’arméeestplacée«sousladirectiondirecte et absolueduParti communistevietnamien».Lesmissionsde1998sontconfirmées,ainsique lavolontéduVietNamderéglerpar lanégociation lesdifférendsfrontaliersterrestresetmaritimestoutenrappelantsa«positionimmuablesursasouverainetéindiscutable»enmerdeChineméridionale.Enfin, l’armée doit rester « proche des populations », enparticipantàlaviesocio-économique,en«jouantsonrôledansle développement de la nation ». Elle demeure composée deprofessionnels,deconscrits(18moisdeservicemilitaire)etderéservistes qui participent essentiellement aux forces locales.Elle est impliquée, partout sur le territoire, pour palier lesdéfaillances gouvernementales dans les domaines économique,scolaire et sanitaire. Ces tâches confiées lui permettent deretrouveruneimagepositive,ébréchéedanslesannées1990parl’enrichissementdecertainsdesescadres.Cependant,sonrôledans la « relocalisation » de kinhs dans les montagnes et leshauts plateaux, pour participer au développement des « zonesstratégiques », provoque le mécontentement des populationslocales,composéesd’ethniesminoritaires.

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commerciaux:prèsde10000étudiantsvietnamiensseformentenChine.Enfin,HanoietPékinincluentdansleursdiscussionsrégulières un pan stratégique. La première session deconsultation sino-vietnamienne sur la sécurité défensive s’esttenueen2005etunaccorddecoopérationaétésigné.Enavril2006, les deux États ont effectué leur première patrouillemaritimeconjointedanslegolfeduTonkin.Dansl’ensembledeces relations, le voisin chinois occupe la place privilégiée dugrandfrère,enpositiondeforce.

Lesautrespaysasiatiques,principauxpartenaireséconomiquesetcommerciauxduVietNam

Au-delà de ces relations de voisinage, les pays asiatiquesdemeurent les premiers partenaires commerciauxduVietNam.Danslesdixpremiersmarchésd’exportationpourleVietNam,setrouventleJapon,laChine,Singapour,laMalaisie,laCoréedu Sud. Dans les dix premiers marchés fournisseurs desimportationsvietnamiennes,leshuitpremiersetledixièmesontasiatiques (le neuvième étant les États-Unis) : la Chine,Singapour,Taïwan, leJapon, laCoréeduSud, laThaïlande, laMalaisie,HongKonget l’Indonésie.En2007, l’Asiedans sonensemble représentait la majorité des investissements directsétrangersauVietNam(68%).IlsproviennentsurtoutdeCoréeduSud,deSingapour,deTaïwan,etduJapon.

LeJapon,puissanceéconomiqueanciennedelarégion,alevédès 1992 toutes les sanctions qu’il appliquait au Viet Namdepuis l’invasionduCambodgede1978.En1995, ilpassedu

septièmerangautroisièmerangdes investisseursauVietNam,rejoignantlepelotondetêteconstituéparTaïwan,HongKong,SingapouretlaMalaisie.Lepremierministrejaponaiss’engageen2002àmaintenirlesaidesapportéesauVietNammalgrélesdifficultésdel’économienippone.Iln’estplusqueledeuxièmedébouché des exportations vietnamiennes (12,5% derrière lesÉtats-Unis),voire le troisièmesi l’onprendencompte lazoneUnion européenne, mais demeure le quatrième pays d’originedesimportationsvietnamiennes(9,86%).LeJaponesten2007le quatrième investisseur asiatique auVietNam (10,9%). Lesrelations entre le Japon et l’ASEAN sont relativement actives,notammentdanslegroupe«10+3».

Pourl’ensembledespaysasiatiques,l’ouvertureduVietNama été une opportunité importante d’investissements etd’extensiondeleursrelationscommerciales.MaisleVietNamasu s’imposer comme un partenaire capable de peser dans lesnégociations notamment grâce à la diversification de sesrelationsavecl’étranger,aveclaChined’abordmaisaussi,etdeplusenplusaveclespartenairesaméricains,russesetdansunemoindremesureeuropéens.

Cequ’ilfautretenirLespaysduSud-Estasiatiquedemeurentlesprincipauxpartenaires commerciaux du Viet Nam. L’immensemajorité des investissements directs étrangers viennentde l’ASEAN et des pays voisins (plus de 60 % desIDE). Désormais, les relations entre États semblentpacifiées et leshéritagesde laguerre froide estompés.Les rivalités sont cependant encore fortes, dans unerégionoùtoutserèglepardesrelationsbilatérales.LerapportdeforceentreleVietNametlaChineestfidèle

àl’histoiredeleursrelationsanciennes.LeVietNamnepeut faire sans la Chine et négocie respectueusementavec la grande puissance duNord. Le petit pays jouecependant sur le développement de ses relations avecd’autrespuissancesmondialespourteniràdistancelestentationshégémoniquesdePékin.

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Achevéd’imprimerenavril2009ImpriméenUnioneuropéenne

Dépôtlégal:mai2009

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017/2009