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Légendes de la Corse éternelle - Christianisme, … · 2016-06-06 · dans l’église de l’Annonciation ... , elle laisse place à l’image imprimée de la Vierge ... (à une

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LégendesdelaCorseéternelle

Dumêmeauteur

Guidedesfêtes,éditionsRTL/Laffont,1985.LeTestamentdeMéduse,ÉditionsduRocher,2001.Guidepourunescolaritéréussie,ÉditionsduRocher,2005.PrincesseDiane,uneartisteroyale,ÉditionsduRocher,2007.

CetouvrageestlefruitdelanouvelleéditionrevueetaugmentéeduTestamentdeMéduse©ÉditionsduRocher,2001

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église.SigneduCiel.Casamaccioli fête saSanta demanière grandiose.Tous les

ans,débutseptembre,elleestglorieusementhisséeetportéeparquatrehommes, suiviepar laprocessionde la confrérie locale,vêtue de longues chasubles blanches et de la foule qui sedéplaceen formant lagranitola, c’est-à-dire qui se déplace encolimaçon(danserituelleremontantàlapréhistoire).Puislafêtedevientprofaneets’étendsurdeuxoutroisjours.

Autrefois, cette fête correspondait à la fin de latranshumance et c’était l’occasion de célébrer le retour desbergers au village. On en profitait pour faire un marché auxbestiaux.C’étaitlà,àcetteoccasion,quesefixaitleprixdelaviande.Denosjours,c’estunmarchéauxbestiauxdoubléd’unefoireartisanale.Maisc’était,surtoutdanslesbars,l’occasiondedonner libre cours aux chants poétiques : les ghiama’ erispondi. On tente à nouveau, et avec succès, de raviver cettebellecoutume.

Lesghiama’ e rispondi sont de véritables joutes oratoiresbaséessurlamacagna(lataquinerie),chantées,enversrimés,acappella.J’aisouventassisté,aucoursdefêtesdefamilleoudefêtes de village, à ces prouesses. Ils requièrent un sens de lapoésie,de lamusiqueetunsensde la repartiequiétonnentetravissent.Unimprovisateurlanceledéfiàproposden’importequel sujet (une jeune fille, un lieu, un détail vestimentaire…),c’estlaghiama(l’appel)enuncoupletversifié.Unautrerelèveledéfi ; à son tour, il choisit unemélodie et, du tac au tac, ilchante sa réplique (le respondi). Les protagonistes continuentleurdialoguejusqu’àcequel’und’euxcèdeetsetrouveréduitausilence,fautederepartie.

À Calvi, la statue de la Vierge, dans la cathédrale, estparticulièrement chouchoutée. On ne connaît pas bien la

provenance de cette statue, dont on raconte qu’elle aurait étéofferte par un richeCalvais qui aurait fait fortune grâce à soncommerce avec le Pérou. Chaque année, le jour del’Annonciation, laMadone est en quelque sorte « relookée ».Onluichangesesvêtements.Elleadescouleursimposéesaussi,selon les circonstances : elle porte une robe bleue lemercrediaprès les Rameaux,mais affiche le grand deuil avec une robenoireleVendredisaint,etellerayonne,touteparéedebrocart,lelundi de Pâques. Gare à qui serait tenté de regarder sous lesjupesdelaVierge!(Quelleperversion!)Unevieillefemme,nepouvantrésisterà lacuriosité,sevit immédiatementfrappéedecécité.

Bien plus clémente, la SainteMère voilée deCiamannace,dans l’église de l’Annonciation, entend ses ouailles lorsquel’uned’entreellesaunefaveuràdemander.Pourcefaire,ilfautsouleverpieusement levoileetpsalmodiersa requête.Un jour,uneparoissiennevoit une impressionnante lueur sur lemurdel’église ; lorsqu’elle disparaît, elle laisse place à l’imageimprimée de la Vierge, sorte de phénomène photographiquesurnaturel.Etc’estpourlapréserverqu’onl’arecouverte.

La Vierge est voilée toute l’année, mais, le 8 septembre,après la messe, elle est dévoilée : c’est la cérémonie de ascupritura.

Nous n’en finirions pas d’évoquer toutes les statuesmiraculeuses. J’en évoquerai pourtant encore deux.Celle d’uncouvent d’Alésani, peinte sur un panneau auXVe siècle.C’estune Madone offrant une cerise à l’Enfant Jésus et qui seraitdotée de pouvoirs miraculeux. Elle est, elle aussi, portéesolennellement en tête de procession le 8 septembre. Et celled’untableaudel’églisedeNovellaqui,dit-on,apleurédevraieslarmes…Lemiraclen’apasétéhomologué,maisbiendesgens

l’ontvudeleursyeuxvu,alors…Jenepeuxm’empêcher,pourclorel’énumération,d’évoquer

l’Assomption de style baroque de l’église Sainte-Marie deBastia.Elleestenargentmassifetpèseprèsd’unetonne.Plusimpressionnante que belle, elle est annuellement promenée engrandepompeàtraverslaville.

À travers tous ces portraits, il est aisé de constater que laCorsen’entamenullementsafoienparantlessaintsetsaintes,etparticulièrementlaplusgrande,laSainteVierge,decaractèresbien humains. Aucun sacrilège en cela ; bien au contraire, ceréalismedémontrecombienlareligionfaitpartieintégrantedelaviequotidienne.Etc’estpourquoi,sansdoute,aujourd’huiplusquejamais,leDioViSalviReginaestl’hymnecorse.

EnCorse,religionetviolenceonttoujoursfaitbonménage;il n’est qu’à voir le nombre de curés qui prirent la tête demouvementsinsurrectionnelscontreGênes.

Et,pourillustrermonpropos,unepetiteanecdote.Ilyadecela un peu plus d’un siècle, un petit village du Fiumorbo,Pozzo di Nazza, était habité par des habitants quelque peuindociles. Un curé fut nommé pour y mettre bon ordre. Pourmettre les choses au clair, il commence sa premièremesse pardespropospourlemoinsinhabituelsdansunlieusacré.D’unevoix ferme, il se présente : « Je sais que vous êtes d’assezmauvais chrétiens,mais j’ai de quoi vousmettre dans le droitchemin ! »Alors, il place son fusil contre l’autel : «Voici lepère»,posesonpistoletsurl’autel:«Voicilefils»et,souslesyeuxahurisdesfidèles(lesfemmesdansl’église,laplupartdeshommes dehors, c’est l’habitude), d’un ton sans réplique ilconclut:«Etsicelanevoussuffitpas,voicileSaint-Esprit»etil dégaine son stylet. C’étaient là des objets de culte pour lemoins surprenants mais faits pour parler à une populationtoujours armée. Ailleurs, les prêtres-ouvriers adoptent bien

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bateau,ellepriaitdeplusbellepourles«pauvrespécheurs»etn’hésitait pas à exposer à qui voulait l’entendre ce qu’ellepensait de ces dieux de l’Olympe et de leurs adorateursignorants.

Le gouverneur apprit par d’autres esclaves, jaloux durayonnementdelafuturesainte,laprésencedecettechrétienneet somma Eusèbe de lui livrer la jeune fille. Que croyez-vousqu’il fîtdevant l’autorité?Ehbien, il refusa, lebravehomme,tentant de minimiser la nocivité éventuelle d’une petiteservante : impie, elle l’était, mais elle ne pouvait faire aucunprosélytisme,c’étaituneesclave!…Esclaveàlaquelleiltenaitd’ailleurs et dont il ne voulait pas se priver parce qu’il n’étaitpasprèsd’entrouveruneaussidocile,travailleuseet…belle.

Félix, alors, invita Eusèbe à partager sa table. Las, le vinétait bon et le vil gouverneur parvint à enivrer son hôte, quis’écroula. On en profita pour kidnapper la belle servante.CommesainteDévote,onlasomma,manumilitari,derenonceràsafoietdesacrifierauxdieux.Julie,biensûr, tint tête.Elleclama au contraire avec ostentation qu’elle n’avait cure desmenaces,quejamaisriennipersonneneluiferaitrenonceràsonunique adoration, leDieu, l’unique. Elle fut frappée, flagelléejusqu’au sang, traînée par les cheveux. Rendu fou furieux partantderésistance,Félixordonnaqu’ellefûtattachéeàunpoteau(àunecroix!)etordonnaaubourreaudeluitrancherlesseins,puisde l’étrangler.Miracle!Durocheroùavaientété jetés lesseins, une source miraculeuse jaillit. On dit aussi qu’unecolombe, symbole de pureté et de sainteté, s’échappa de sabouchelorsqu’ellerenditsonâmeàDieu.

Des religieux de l’île deGorgone vinrent ensuite cherchersoncorpspourlemettreenlieusûrdansleurmonastère.

Les habitants de Nonza vouent un culte permanent à leursainte. La « fontaine des mamelles » continue de couler.

Autrefois, les femmes en couches invoquaient la sainte et serendaientenpèlerinageàNonza,piedsnus.

Avec les récits des martyres de Dévote et Julie, lechristianisme se répand sur l’île. Les Corses ont toujoursapprécié les personnes qui restent fidèles à elles-mêmes et àleurs engagements, quelles que soient les pressions ; entrel’oppresseuret lerésistant, ilschoisissent toujours lerésistant.Puisque les chrétiens sont de cette catégorie, les Corsesépousentleurcause.

Àcôtédesdeuxgrandessaintesévoquéesplushaut,ilenestunetrèspopulaireaussi:SantaRestituta.Savieestobscure,aupointquecertainsbiographessituentsonmartyreen225quandd’autreslevoienten303.OnlasitueàBonifaciooùelleauraitété martyrisée sur l'ordre de Dioclétien. Filipini évoque unsarcophagedemarbreéchouédanslegolfedeCalvi,renfermantlecorpsdeRestitutamartyriséedansd’autrescontrées.

Les hypothèses sur Restituta foisonnent. Quant à nous,tenons-nous-enàlatradition.

EllenaquitenCorsedansunefamillepaïenneetseconvertitau catholicisme lorsqu’elle devint jeune fille.Très vite, elle semontra une ardente chrétienne, au point que sa réputationparvint aux oreilles de Pyrrhus, préfet de Corse. Le Codexvaticanus6458dit :«Fuyant lapersécutiondéclenchéecontreles chrétiens dans les territoires de Libye, la vierge Restitutearriva dans l’île deCorse, avec ses compagnonsDominicus etVeranus…Arrêtée en un lieu nommé Calvi par le gouverneurPyrrhus,ellefutsomméeparluiderenierlafoiduChristetdevénérersesdieux.»

Pyrrhuss’acharnaàlafairerenonceràsafoi.Elleaussifutbattue, lapidée puis jetée dans les flammes après avoir étéenduite de poix. La jeune fille ne brûla pas ! Alors, toujours

selon le Codex vaticanus : « Pyrrhus ordonna de la fairesuspendreetdeluiarracherleschairsavecdespeignesdefer.»Miracle encore, de ses plaies s’écoula du lait. Fascinés, lessoldats se convertirent. Comme elle arriva une nouvelle fois àsortirindemnedesflammes,Pyrrhuslasoupçonnademagieetlafitjeterenmer.Envain.Ellefitunsignedecroixetcontinuaàentonner ses prières. Pour plus de sécurité, elle fut menée enhaute mer et basculée par-dessus bord de l’embarcation, maiselle surnagea comme portée par un coussin d’air miraculeuxalors que ses tortionnaires chahutés par des rouleauxvengeurstombèrentunàunàl’eauetsenoyèrentcorpsetbiens.Àpeinemouillée,lajeunefilleregagnalarive.Pyrrhusécumaitderageetdécidad’envenirauxmanièreslesplusradicales.Ilfitmanderlebourreauetorganisaunedécapitationspectaculaireafind’ôterauxspectateurstoutevelléitéd’embrasserlanouvellereligion.Ilorganisa dans une grandemise en scène la mise à mort de lajeunefilleetdesescompagnons.«Sescompagnons,rapporteleCodexvaticanus,furentdécapitésaumêmeendroit,parordredumême gouverneur Pyrrhus. » La légende dit qu’elle prit elle-même sa tête décapitée, l’enveloppa dans un voile pour ladéposerquelquequatrekilomètresplusloin,tandisqueduhautdes cieux une voix proclama : « Toute prière adressée auSeigneurpartonintermédiaireestsûred’êtreexaucée.»

L’abbé François J. Costa commente les extraits duCodexvaticanusenprécisantqueprendresatêteetl’enveloppern’estpasraredanslesactesdesmartyrs,«figurelittéraireindiquant,nonpasunfaitmiraculeux,maisuneélectiondesépulture».Ilspécifie, toujours dans ses commentaires, que les saintscompagnonsdeRestituten’ontpaspuêtremartyrisésavecelleet que, en fait, ils le sont devenus plutôt post mortem, enpartageantsasépulture,aprèstransfertdeleursrestes.

L’histoire des reliques de la Santa Restituta et de ses

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courroux à déplacer les gros rochers qui retenaient l’étendued’eau,originedelasourcebienfaisante.Lebarragecédadansunabominablefracasetdévalalamontagneentraînanttoutsursonpassage.Poursuivieparl’ogre,Griseldas’enfuitprestementavecsa suite, ne laissant auxmainsdumonstreque sonvoile.Lui-même tomba dans l’éboulement et se tua. On peut admireraujourd’hui une cascade dont les chutes se succèdent sur undénivelé de cent cinquante mètres ; son scintillement blancrappellelevoiledelamariée.

Toutesceslégendes,quecertainsqualifientde«miettesdel’histoire»,traduisentlagrandiosebeautédespaysagescorses,où la sauvage perfection confirme un mystère et engendre la«sombreinquiétude8»dontparlaitMarieSusini.

Les phénomènes mégalithiques foisonnent en Corse etparticulièrement dans le Sud. Bien des archéologues, deGrosjean, F. de Lanfranchi, C. Weiss à J. de Lanfranchi, P.Nebbiaetbiend’autres,onttentéettententencoredepercerlemystère de ces témoins préhistoriques. Je dois à mon ami P.Ebrard d’avoir découvert, à travers lemaquis autour de Porto-Vecchio,dessitespréhistoriquesencoreinexploités(etc’esttantmieux). J’ai plongé dans un passé très lointain, fière dedescendre de ces hommes capables d’ingéniosité,d’organisation,decroyancesfascinantesetmystérieuses.Jemesuisalorssentieencoreplusancréedanscetteterretoujoursplusattirante,laCorse.

6.C.Giovanni.7.InrevueGilBlas,1881,nouvelle.8.Larenfermée,laCorse,op.cit.

«L

MÉMORABLESPIERRES

a pierre serait le symbole de la création du monde et lareprésentationdeladivinitéprimordiale,mèredetoutechose,detouteviesur terre»,écritJaninedeLanfranchidansMémoiresdepierres9.

Le masculin était le ciel et le féminin la terre, aussi lesdéessesterriennesrencontraient-ellesleursdieuxcélestessurunbanc de pierres (i panconi), pour que leurs dieux célestes nemettent pas les pieds sur terre, ce qui leur était défendu.Unelégende de San Gavinudi Carbini raconte qu’autrefois la terreétait peuplée de demi-dieux et le ciel de vrais dieux.Malheureusement, ils ne pouvaient se rencontrer pour s’aimersouspeineden’avoirpluslepouvoirderegagnerleciel.Alorsles astucieuses déesses imaginèrent un banc de pierre commelieu de rencontre. « L’histoire se passait dans la forêt deMilaonu;onpeutencorevoiraujourd’hui,unbancali,prèsdela Sapara Parunaghja, sur lequel s’asseyaient les dieux d’enhaut.»En fait, lesbancali étaient, sansdoute, l’endroit où serassemblaientlesgenspourdiscuterourendrelajustice.

Onaccordaitdupouvoirauxpierresetellesenprocuraient.Pourobtenirdebeauxpâturages, lesbergers tournaient les

menhirs.Il y a des pierres qu’on tourne mais aussi, celles autour

desquellesontourne.Onprêtaitauxféesetauxdamesblanchesl’habitude de faire des incantations, voire des prophéties, enfaisantunerondeautourd’unmenhir.

Lesmenhirs,d’allurephallique,possèdentaussi lepouvoirdemanifester leurcourrouxendéclenchantun terribleoragesion s’aventure à vouloir les déraciner.Entre ciel et terre, ils ne

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Moracchini-Mazel21 y a retrouvé un zodiaque en bas-relief et,sur le dallage de la nef, un cercle pavé de petites pierres enserpentine.On abandonne vite l’idée de rapprocher le nomdumouvementdeceluidel’Église.Ilnevientpasnonplus,commeonl’aparfoissupposé,dunomdufrèreGiovanniMartinivenude Marseille, mais plus certainement de leur attachement àl’évangiledesaintJean.

Onpeut encoreadmirer l’égliseSaint-Jeand’unbeau styleroman, avec au fronton une croix aux branches creuses,d’origine pisane.À l’intérieur, des bas-reliefs représentant desanimaux parmi lesquels on peut reconnaître des signes duzodiaque.Àcôté,uncampanile,édifiépar lecélèbrearchitectemaître Maternato, qui est encore haut de trois étages à baiesgéminées après que la foudre l’a atteint,mais qui, à l’origine,atteignait vingt-cinq mètres. On abandonne vite l’idée derapprocherlenomdumouvementdeceluidel’Église.

Le mouvement prend de l’ampleur, gagne « le Delà et leDeçà des Monts » et commence sérieusement à inspirer del’inquiétude aux seigneurs et aux nobles de la contrée. LesGiovannali sont excommuniés par l’évêque d’Aléria. Le frèreRistoro proteste en précisant que sa congrégation avait eul’assentiment total de l’évêque qui « l’avait acceptée, louée etavaitdonnémissionqu’ellesefasse».Ildéclareàl’archevêquede Pise qu’un tiers ordre franciscain ne peut pas êtreexcommuniéparunévêque.L’archevêqueaccèdeàsademandeet lève l’excommunication.Mais l’évêque d’Aléria ne désarmepas:iltraiteRistorudepestiféréetécritàl’archevêque:«J’aiétéétonnéquevousvousmoquiezetquevousdéclarieznulslesjugements que j’ai prononcés contre Ristoru qui, aprèsl’abjuration,s’estapostasié.»Ill’accusedes’êtreappropriélesrevenus de l’Église puisqu’une des formes de révolte des

Giovannaliétaitdenepasverserl’impôtàl’évêché,etn’hésitepasàmenacerdes’enremettreaupape.

Ristorudisparaîtetlarévolteestalorspriseenmainparlesdeux frères Polo et Arrigho d’Attala, frères bâtards deGuglielminnuccio, seigneurdeSartène.La rébellionprendunetournureautantpolitiqueetsocialequereligieuse.ForcésdefuirCarbini,lesGiovannaliseretranchentdanslecouventd’Alésaniqu’ilsontforcéàlaredditionentuantdeuxmoines,combatlorsduquel est tué Polo d’Attala. Une véritable croisade s’engage.LesarméeslevéesparlepapeUrbainVtraquentleshérétiques,sans merci. Dorothy Carrington précise que ce ne peut êtrequ’après1362,cequilaissehuitansauxGiovannalipourfaireduprosélytisme.

C’est là que se conjugue un autre mouvement, celui deSambuccio d’Alando, homme du peuple, mouvement politico-social contre les seigneurs, les dépossédant, rasant leurschâteaux. Napoléon affirmera en son temps que Sambuccio etles frères d’Attala étaient liés. On doit plutôt penser qu’étantdonné le climat social de l’époque en Europe, de telsmouvementsdesoulèvementsn’étaientpasétonnants.

Sambuccion’apas été entachéd’une réputation sulfureuseetlaCorsel’agardédanssamémoirecommeundeceshommesqui ont émaillé l’histoire corse pour la libérer du joug, alorsqu’àybienregarder,toutdemême,c’estluiquiappelleGênesàla rescousse et renforce par là même l’implantation de laSérénissimedansl’île.

Les Giovannali, eux, s’en sont pris dans leur idéologie àl’ordre religieux et c’est pour cela, en tant que « péchésvivants », qu’ils ont été pourchassés, exterminés avec la plusgrandeférocité,accusésdespirespratiquessataniques.ArrivésàAlesani, bien que mal vus, ils renforcent leur mouvement,

établissent ungagliardopresido, « une forteresse puissante ».AuXIXe siècle,AlexandreGrassi nous parle des ruines de cesprésidosplacéessuruneimmenserochesurplombantletorrentdePardina.Persécutés,lesGiovannalin’hésitentpasàleurtourà martyriser un moine du couvent des mineurs observantins,situé entre Perelli et Novale d’Alesani : le père Vitale deBonicardo,quidoit à sonmartyred’être,par la suite, béatifié.Grassi raconte la légende selon laquelle « un laurier pritnaissance là où fut commis le crime, laurier qui se flétrit àcertaines époques de l’année pour reverdir le jour anniversairedumartyre22».

Les croisés pontificaux pourchassent sans relâche lesGiovannali:«Partoutoùl’und’euxétaitreconnudansl’île,ilétait massacré aussitôt sans pitié23 », relate Casanova. Lesderniers Giovannali sont anéantis dans la région de Ghisonni.On raconte qu’un certain Ange avait embrassé l’idéologiegiovannole, mais, traqué, il revient un jour avec cinqcompagnonsetdemandeàsasœurdelescacher.Latranquilliténe dure pas longtemps ; ils sont repris et brûlés vifs enmêmetempsquelajeunesœurprotectrice,Annonciade.C’estPâquesetlafouleassisteàl’incinérationdesderniersGiovannaliquisetordentsouslesflammesquilesembrasent.Prisdemiséricorde,unmoine entonne alorsKyrie Eleison,Christe Eleison, reprispar la fouleet l’échodesmontagnes reprendunprofondKyrieEleison,ChristeEleison, tandisquedescolombess’élèventdubrasier vers les très hauts sommets des montagnes voisines.Depuiscejour,cesaiguillesrépondentaunomdeKyrieEleison,ChristeEleison.

Avoir,deprèsoudeloin,adhéréaumouvementGiovannali,jetait des familles entières dans l’opprobre. L’histoire suivante

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accrochédanslachambredelagrand-mère,unportraitdusaint.Soudain,unbruit régulier s’imposeà sonattention,commeunbattement sourd, un battement de cœur. Elle cherche d’oùviennent ces pulsations et en arrive au cadre qu’elle décroche.Une mouche s’est-elle malencontreusement introduite sous leverreetcherche-t-elle,affolée,àtrouveruneissue?Lecadreestdéfaitetaucuninsecten’ensortetpourtantlecœurcontinuedebattre, tel un inexorablemétronome du temps, du temps qu’ilrestaitàvivreà lamalheureusegrand-mère.Lespalpitationssesonttuesavecsamort.Etdepuis,chaquefoisquequelqu’unvamourir dans la famille, le cœur se met à battre comme unelamentationprémonitoire.

Notre anthropologue explique que, dans la tradition orale,cen’estpasl’intellectquiconstruitlemondeetquel’intuitionyjoue un rôle très important. La Corse est propice à cettetransmissiondel’oralitéparceque,dansl’île,onprendletemps,oncontemple,onsent,sansfixerparlesmots.VivreenCorse,c’est voir, percevoir, respirermême, sentir sans contraction dutempsetdel’espace,commelavied’aujourd’huinousl’imposeenville,endiguantnotrepensée,laformatantmême.LeCorsesesituedansunesorted’inconscientcollectifquifaitdireàCarloGinzburg:«Laressemblancedescontesàtraverstoutleglobeterrestre reste encore aujourd’hui une question décisive nonrésolue28.»

Dans l’île, sans l’exprimer clairement, on comprend qu’onfaitpartied’unensembleavecunsystèmederésonancesurtouslessens,surlaperceptionetl’intuitionquienformelasynthèse,endonnantunerelationdifférenteaumonde.

25.MirceaELIADE,Lechamanisme,Payot,1950.

26.Histoiresecrètedelacorse,op.cit.27.Visapourunmiroir,éditionsduRocher,1998.28.InLeSabbatdessorcières,ÉditionsGallimard,1992.

DDONJUANETLASQUADRAD’AROZZA

anslanuitprofondebruissentdessortesdemurmures,peuàpeudesformesvacillantsouslalueurdesciergesse dessinent, enfin la vision se précise : c’est un

enterrementd’untypeunpeuparticulier.Lecortèges’envaversl’églisetoutilluminée.Quienterre-t-onàcetteheure?Quisontcesgens?Ils’agitdecequ’onappellela«squadrad’Arozza»,oud’Aroda,c’est-à-dire,pense-t-on,d’Hérodequimassacralesinnocents.

Lorsqu’oncroisaitpareilcortège, il fallaitsemettredosaumur pour ne pas risquer d’être accroché par un fantôme ; ilfallait aussi, pour repousser tout danger, prendre un couteaudans la bouche… C’était l’enterrement prémonitoire d’unepersonneduvillage.

Dansmonenfance,j’aiconnuunevieilledamequiavaitvul’enterrementd’unefillette.Éplorée,elles’étaitprécipitéedanslamaisonde la famillepoury trouver tout lemondeenpleineforme. Elle a raconté et décrit la procession funéraire tellequ’ellel’avaitobservéeet…quelquetempsplustard,levillageen grand deuil accompagnait l’enfant à l’église, puis aucimetière.

Les anciens disaient que le cortège n’était pas formé defantômes,maisdel’espritdespersonnesvivantesquidormaientou rêvaientdans leur lit.Pour sauver le futurdéfunt, il fallait,d’ungestehéroïque,ouvrirlecercueiletsortirlecorpsgisant…C’estainsiquesesauvanotredonJuancorse.

MigueldeLecayColonnayManarayVincentelloestlefilsdedeuxnoblescorses :TomasoManara,deCalvi,etJéronima

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EESPRIT,ES-TULÀ?

nCorse,lorsqu’unfantômesemanifeste,c’estsoitpourprévenir d’unemort prochaine dans la famille ou dansl’entourage, soit pour réclamer quelque chose afin de

pouvoirjouird’unepaixéternelle.

Mongrand-onclem’aracontéqu’unsoir,rentrantdechasse,surprisparlanuit,ilseperddanslemaquis.Iltentedetrouverdes repères, dedistinguer unequelconque lueur d’habitation àl’horizon,envain.IlenvientàimplorerleCielettoussessaintsde l’aiderquand, soudain,dansun tournant, il se trouvenezànez avec une femme dont il ne peut distinguer le visage.Ostensiblement, elle lui fait comprendre qu’il doit la suivre.Bien que peu rassuré, il obtempère, commemû par une forcesurnaturelle. Il tente de lui parler mais elle ne répond pas etcontinue, silencieuse, demarcher d’un bon pas. Ensemble, ilstraversent les endroits où le maquis est le plus serré. La nuitépaisse les entoure. Bizarrement, à quelques encablures duvillage,elledisparaîtaussisubitementqu’elleestapparue,sansquejamaisilaitpudistinguersestraits.

Perplexe et même inquiet, il rentre chez lui, au grandsoulagement de ses proches. Plus tard, pendant la veillée,chacuntentedetrouverquiestceguidenocturneetbienveillant.

A-t-il seulement pensé à réciter par trois fois la prièred’exorcismelorsqu’onrencontreunfunzione,unfantôme!

Oanimamaladettasalvatidiqui,edémuniutobisogu,«Ôâme malheureuse, sauve-toi d’ici et dis-moi de quoi tu asbesoin.»Non,iln’yapaspensé,maisilsentquec’estsasœurdécédéequelquetempsplustôtquis’estmanifestée.Unemesse

estditeàsonintention.

Semurmurentencoredeshistoiresdemaisonshantées.Dans un village de l’intérieur, une famille ne cesse de se

disputer,desebattremême.Unsoir, lorsd’unediscussiontrèsanimée,lepèreveuts’interposerentresesdeuxfils.L’und’eux,après avoir saisi violemment le tisonnier, le lance d’un gesteprompt.Cen’est pas son frère qu’il atteint,mais sonpère.Lecoupestmortel.

Maisonmaudite, elle se trouve peu à peu dépeuplée et lesbruitslesplusdiverscourentsurelle.Elleseraithantée…Danslesannées1960,ungroupedejeunesrandonneurstrouverefugedans la demeure.Auxdouze coups deminuit, des cris se fontentendre dans la salle, un vacarme impressionnant. Sansréfléchir,undes jeunesgens,pluscourageuxquelesautres,sesaisitd’untisonencorebienrougeoyantet le jettevers lefonddelapièce.Ilsentendentunevoixfortes’exclamer:O!chem‘har campu !, «Oh ! que tum’as fait du bien ! »Àpartir decette fameusenuit, lamaison est redevenue calme.Lemauvaisfils,enfinpuni,atrouvélereposets’enestretournéadpatres.

EntreProprianoetSartène,surlesbordsduRizzanèse,unemaison, sinon hantée, du moins maudite, a été léguée à lacommuneparcequepluspersonnen’envoulait.

Construite au milieu du XIXe siècle, c’est une imposantebâtisse, au cœur du vignoble.Unepremière fois, elle subit lescoups du sort, quand elle est ravagée par une inondation en1892. Elle est, par la suite, transformée en relais routiermaiselle est mise à sac et désertée. Elle est alors le refuge debandits ; on pense que des crimes y ont été commis.Bref, lesbruitslesplusinfamantscourentsurelle.Bientôt,ilsemurmurequedes revenants s’y retrouventetmènentgrandbruit,qu’unedame blanche s’y promène de temps à autre. Peu

impressionnable,unhéritierentreprend,unjour,sarestauration.Iln’envientjamaisàbout.Lesespritss’yopposent.

OncolportesemblablehistoiredanslarégiondePorticcio.C’est une belle maison en pierres qui n’a jamais été

terminée.Uncoupledepersonnesâgéesentreprendd’acheversaconstructionpours’yretirer.Malheureusement,ilssontfrappésparlamortavantmêmequelesmursnesoientmontés.Leneveuquienhéritedécidede terminer les travaux.Envain.L’équiped’artisans qui y travaille connaît accident sur accident et c’estfinalementleneveuquisombredanslamaladie.

Maudite,lamaisonresteenl’étatjusqu’àcequelalégendeperdedesonempriseetqu’unjeunecouplel’achète.Lorsqu’onenestàlaposedutoit,unmaçontombeetsetue.Depuis,pluspersonne n’en veut ; on se signemême en passant prestementdevant.

On parle de manière récurrente de « dames blanches ».Fantômes ? Phénomènes chimiques hallucinatoires ? Sur lecontinent, on les rencontre plutôt sur les lieux d’un graveaccidentdont,pense-t-on,ellesontétévictimes.EnCorse,ellessontplutôtlàpourprévenirunemort.

Il y a quelques années, àCervione, une jeune fille racontel’émotion qu’elle a eue parce que, sur la route, elle a évité depeuune femme inconnue, toutdeblancvêtue,qui se tenait enplein virage ! Le lendemain, un de ses amis raconte la mêmerencontre. Mais que fait cette femme en plein milieu d’unvirage?Quiest-elle?Unesemaineplustard,lejeunehommeenquestion se tue dans un accident de voiture, à cet endroitprécis…

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Corse.Mais qui est vraiment cet homme?Pour le compte de qui

fait-il tout cela ?Unenation?LaFrance lorgneducôtéde laCorseetprêtemain-forteauxGénois.L’Angleterre?Àtraverslafranc-maçonnerie ? D’après Jean-Marie Ragon de Bettignies,historiendelafranc-maçonnerie,Théodoreaétéinitiédansuneloge anglaise. Il écrit : «L’histoire du baron deNeuhoff n’estquel’histoiredel’établissementduchef-lieudenotreordredansl’île37. » Il est à noter que c’est sur un bateau anglais qu’ildébarque à Aléria et c’est escorté de vaisseaux anglais qu’iltentederevenirdanssonroyaumeen1743.

Onpeutêtreégalementtroubléparlasymboliquedel’ordredelaDélivranceetdutitredonnéauxfilsdecomtesetmarquis« chevalier de la Clef d’Or ». Cette clef ouvrirait la voieinitiatique.

Lesstatutsdel’ordredelaDélivrance,décrétésàSartèneenseptembre 1736, comportent seize articles qui laissenttransparaîtreuneparentéaveclafranc-maçonnerie.Commedanstouteslessociétésinitiatiquesetlesordresdechevalerie,leroienestle«GrandMaître».Ladescriptiondel’habitduchevalierlaisseàpenser:ilest«céleste»,autrementditbleu.Lerituelderéception semble également troublant : le roi, en recevant unchevalier, luidira, lechevalierétantgenouxà terre :« Jevousfais chevalier du noble ordre de la Délivrance. Vous devrezsouffrir de nous seul, que nous vous touchions trois fois avecl’épéenue:etvousnousserezobéissantentoutechosejusqu’àla mort. » Ensuite, le chevalier jure sur l’Évangile « Foi etHommage » et les chevaliers présents le reçoivent etl’embrassent comme un frère. Le chiffre trois fait partie de latradition ésotérique, comme le baiser de fraternité estsymbolique.

Enfin, la description du blason et des armoiries présentebiendessimilitudes,àbienyregarder,aveclamaçonnerie:Lacroix ou étoile de cet ordre est un champ de sinople avec unourletd’argentoublanc.Lesseptpointesdelacroixouétoileetl’anneaupar lequelelleestattachéesontd’orou jaune ;et lesseptautrespetitespointes,desableetchargéesdesarmesduroi,blanchesouargent;etlereborddelacroixjauned’or.Danslemilieudelacroixestlajustice,couleurdechair,représentéeparune femmequiauneceintured’oùpendune feuillede figuierd’or.Elletientàlamaindroiteuneépéed’acieretdelagaucheunebalancedansundesbassins triangulairesdans laquelleestune tache rouge et dans l’autre une couleur de plomb. Au-dessousdelamainquitientl’épéeestunglobed’or,surmontéd’unecroix;etau-dessousdelamainquitientlabalanceestuntriangle d’or aumilieu duquel est un T. On retrouve dans lescouleurs quatre éléments de la symbolique maçonnique : lerougeetl’orangereprésententlefeu,lejauneetleblancl’air,levertl’eauet,enfin,lenoiretlebrun,laterre.

Le baron de Neuhoff est-il donc venu en Corse pour lecompte de la franc-maçonnerie ? Aucun document officiel,cependant,nenousautorise,jusque-là,àl’affirmer.

Enrevanche,Théodoreestrose-croix.Etlacroixouétoileàsept branches rappelle l’emblème de cet ordre : la rose à septpétales.

À peine débarqué en Corse, le baron est acclamé par lechanoineAlbertini,grandthéologiencabalisteetrose-croix,quine recule pas devant l’emphase : « Ce personnage, quel qu’ilsoit, nous devons l’accepter comme un envoyé du Ciel. Pourmoi,jelecroisunnouveauMoïse,c’est-à-direlelibérateurd’unpeuple,nonmoinsesclavequelepeuplejuif, libérateurenvoyédu ciel car, dans une situation aussi désespérée que la nôtre

aujourd’hui, personne d’autre que le Ciel ne pouvait nousdélivrer38.»

Quelpanégyrique !D’ailleurs, àAlésani, c’est le chanoinedon Joseph Albertini qui, lors du couronnement, présente àThéodore le livre des sacrés Évangiles sur lequel le roi fait leserment d’observer les capitulations. Ils reconnaissent leurappartenance commune à l’ordre des Rose-Croix un jour queThéodore contemple sa bague : une pierre carrée, dure, noire,sertiedansdel’orjaune,avecunecroixdeSaint-Jeanencadréedequatreroses.Lecurélevoitméditersurlebijou,c’estalorsque lui-même sort un médaillon pareillement gravé et avecconnivenceluilance:«Jetesalue,frère…»

Alors,ThéodoredeNeuhoff est-il vraiment lebouffonqueGênes donne à croire ? Certes pas. Il jure, lors de son sacre,qu’iln’a«pourobjetquelebiengénéraldeshommeset,pourguide, la vérité».Ce sont lesparolesd’unphilosophe éclairé,intelligentetcourageux.

Quil’amisàl’avant-scène?Quil’aabandonné?Ilrègnehuitmoisàpeine.Auboutdecetemps,ildoitpartir

chercherdenouvellesaides.Pardeuxfois,iltentederevenir,envain.

IlmeurtàLondres,danslaplusgrandemisère.

35.Histoire de Théodore Ier, roi de Corse et l’ordre de laDélivrance,traductiondeJean-VictorANGELINI,1996.36. Jean-Baptiste NICOLAÏ, Vive le roi de Corse, éditionsCyrnosetMéditerranée,1981.37.InDelamaçonnerieocculte,HenriVeyrier,1988.38.LesmilleetuneviesdeThéodoredeCorse,éditionsLattès,2009.

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DE.T.ENCORSE

epuis troisans, tous lessoirsàheure fixe,notremèretendait le doigt vers un endroit du ciel, pointant uneboulelumineuse,plusbasse,pluslarge,plusorangéeet

plus scintillante qu’une étoile, endisant qu’il était encore là !Qui?L’enginlumineux…Nousnousmoquionsetpourtant…ilétaitlà,surunetrajectoiredequelquesminutes.Qu’enpenser?Desobjetsvolantsnonidentifiés?…

Le10avril1976,lejournalLeProvençal,éditiondeCorse,photopriselaveilleàl’appui,raconte:«Lesovnisgardentleurmystère.Onenaperçoitquelques-unsdans le cieldeCorse. Ilest rare qu’on parvienne à en photographier et pourtant… ÀAjaccio,samedi9avril,ilest22h45,notrephotographe,RenéEsquirol,setrouveavenueColonna-d’Ornano.Ilvoitau-dessusdelarésidencedesPalmiersuneétrangelueurorangeetviolette.Puis un engin qui, dans le silence de la nuit glaciale, plane,s’incline, vire et file vers le nord, disparaissant à une vitessevertigineuse…»

Unanplustard,c’estautourdeNice-Matindepubliersurlesujet:«UneboulevertefilantsurlaCinarca…Ajaccio.Lestémoinssontdebonnefoietn’ontpaseulaberlue.Ilsaffirmentavoir aperçu, dans le ciel voilé de la Corse du Sud, demystérieux disques lumineux se déplaçant à grande vitesse…Premier phénomène, celui observé dimanche soir à 17 heuresdanslarégiondelaCinarca…M.LouisF.,sonépouseetl’unde ses enfants font route vers Ajaccio. “Soudain, un disquelumineux apparaît dans le pare-brise de la voiture.Verdâtre, ils’est déplacé àgrandevitessed’est enouest, c’est-à-direde lamontagne vers la mer. Au bout de quelques instants, il avait

disparu…”Deuxièmetémoin,unAjaccienoriginairedeCuttoli-Cortiochiatoqui revenait lundi (18 avril) vers 21heures à sonvillage:“J’aivu,alorsquej’étaisparvenuàlahauteurdelagaredeMezzavia,unénormedisquerougeroséàl’aplombdeCuttoliqui semblait fondre sur le village. Puis il a soudain disparu,comme s’il avait touché la terre…” Ces témoignages viennents’ajouter à la liste de ceuxque nous avons donnés concernantd’éventuelsovnis…»

Cestémoignagesnesontpasuniques.Ilssontdescentaines,plusconcentrés,surunerégion,surunepériodedetrois,quatremois,puisl’affairesetasseetcelarevient,quelquesannéesplustard.Lecielcorse,sil’onencroitlestémoignages,estlesièged’unvéritableballetd’ovnis.

Pourquoi?Qu’enpenser?

Le journaliste Jean-Pierre Chambraud s’est penché sur lesujet;c’estuntémoindignedefoi,quiarelatésonexpériencedansunlivre39.Ilavu,desesyeuxvu.

Unepersonne,Michel-AngeM., luiaffirmedansune lettreavoir assisté à l’atterrissage d’ovnis et, mieux encore, être un«contacté»,c’est-à-direun intermédiaire terrienchoisipar lesextraterrestres.Encoreunmythomane,pense-t-il,unalluméquifanfaronne, mais autant en avoir le cœur net et date est priseavecluipourunepetiteinterview.Afindenepasêtreseulàsefaire une opinion du personnage, il se rend au rendez-vousaccompagné d’un ancien officier de l’Armée de l’air, de deuxingénieurs en électronique, d’un journaliste au Provençal,éditioncorse,de sonépouseetde sesdeuxenfants.Unebelleéquipée,unpeuexcitéeparl’insolitedel’expédition.

Ils vont donc auvillagedu« contacté», dans la régiondeSanta-Lucia di Talla et trouvent son humble maison.D’apparence,l’hommen’ariend’unprésomptueux,ilestplutôt

réservé et semble dire la vérité : il a vécu quelque chosed’insolite, malgré lui. C’était peut-être lourd à porter, c’estpourquoi il semblait satisfait de faire savoir que desextraterrestres patrouillent dans la région, et qu’ils l’ontcontacté.Pourquoilui?Mystère.

De quelle manière cela se passe-t-il ? Il a du mal àl’expliquer.C’estcommeunetransmissiondepensée,unesortedetélépathie.Enquellelangue?Encorseetenfrançais,commesic’étaitparondes.

Il amène le groupe jusqu’au sommet d’une colline boiséedénudéedepuispeupardescoupesdebois,àunevingtainedeminutes du village. Sur le sol, il montre les traces del’atterrissaged’unovni,uncercledehuitmètresdediamètre,àl’intérieurduquell’herbeestcouchéedanslesensdesaiguillesd’une montre mais pas brûlée. Un élément est troublant : aucentreducerclepoussentdeuxpetitsarbustes, encore frêlesetbas.Orlesarbrisseauxsontintacts.Commentont-ilspurésisterau poids d’une soucoupe volante ? Peut-être que samasse nepèse rien, ou bien peut-être qu’elle ne s’est pas posée maisqu’elleestrestéesimplementensuspension.

Michel-Ange précise que ces derniers temps les ovnisatterrissentdel’autrecôté,verslestombeaux.Onnes’arrêtepasen si bon chemin, tout le groupe s’y rend. Là, on comprendl’intérêt de l’endroit en découvrant le panorama : d’ici ondomine la vallée du Rizzanèse et, plus haut, le golfe dePropriano.C’estlàunsiteprivilégiépourunobservateur.Amisou ennemis ?À travers tous les témoignages, on peut déduirequ’ils sont observateurs, certes, impressionnants, certes, maisjamais hostiles. Il semblerait que ce soit plutôt eux qu’ondérange dans leurmission et qu’ils sont parfois obligés de sedétournerpouréchapperàlacuriositédesTerriens.

Ilestdemandéau«contacté»,puisqu’ilpeutcommuniquer

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VLESGÉANTS

oici une trentaine d’années, un Corse se promène unjour avec son chien sur son terrain envahi par lemaquis. Un moment après, il prend conscience qu’il

n’aplusvul’animaldepuisunbonmoment.Ilperçoitalorsdesaboiementsimpérieuxetlointains.Maisoùest-il?Iltentedelerepérerensedirigeantà l’oreilleet soudain il tombedansuneexcavation. Les jappements viennent de là. C’est une sorte degrotte comme il en existe tant sur le sol corse. Il faut allerchercherlechienqui,manifestement,sembleattirersonmaîtreàun endroit bien précis. Le lieu est obscur et l’homme doitutiliser son briquet pour entrevoir quelque chose. Ce qu’ildécouvre le laisse rêveur : un entassement d’os, des osd’humains, mais gigantesques, démesurés, des restes degéants…Affolé,notrehommerevientàlasurfaceavecsonchienets’empressedanslesjourssuivantsdedébarrasserl’endroitetdetoutnettoyeràgrandscoupsdepelle.Ainsidisparaissentdesrestesquiauraientputémoigner.

Témoignerdequoi?Queleslégendesperpétuentlesouvenirde faits réels et que, donc, l’histoire selon laquelle desLestrygonsavaientmisàmalUlysseetsaflotte,n’estpassortiede l’imagination fertile d’Homère. La femme d’Antiphates, leroi, est « aussi haute qu’un mont ». Les pauvres Grecs sont«atterrés»àlavuedecescolosses.

IlaététrouvéàArrutoliunepierre,sortedehache,d’unseulbloc de soixante centimètres environ et de dix kilos. Pour lamanipuler, on a besoin de ses deuxmains. On peut envisagerqu’elleconvenaitàungéant.

Imaginons des humains d’une taille et d’une force hors

normes,capablesd’édifiercesblocsmonolithiquesdeplusieurstonnes qui jonchent l’île. On les a surnommés « peuple desdolmens» et avant de comprendrepourquoi ils ont éprouvé lanécessitéd’érigercesblocsetdelessculpter,onseraitsatisfaitde savoir qui ils étaient. Peut-être ces bergers qu’on évoquaitautrefois dans les veillées.Ondisait qu’ilsmesuraient plus dedeuxmètres.

Quand et comment ces personnes de grande taille dont onditqu’ilsétaientblondsetclairsdepeauauraient-ilsétéensuiteremplacés par des hommes petits et mats ? On parle d’uneépidémie qui les aurait décimés. On raconte qu’ils étaienttellement grands qu’une fois à terre, ils ne pouvaient plus serelever,cequilesobligeaitàcombattreadossésàunarbrepourparertoutechutedéfinitive.

Le thèmedugigantismeest récurrentderégionsenrégionset les diverses légendes locales font état de découvertes d’osgéants,cequiaccréditeraitlathèsedelaprésencedegéantsàunmomentdonnédel’histoirecorse.Lesstatuesgéantesetarméesde Corse du Sud en seraient-elles une représentation ? CesmenhirssontappelésPaladini,«imagefigéedanslapierre40».

Selon le dictionnaire Robert, un paladin est un chevaliererrant du Moyen Âge, en quête de prouesses et d’actionsgénéreuses. En Corse, ce serait plutôt un paysan digne ettravailleur devenu guerrier par la force des choses. Au fil dutemps,leurhistoireseseraitsuperposéeauxchansonsdegeste.

Lesappellationsde lieuxattribuésauxgéantsnemanquentpas,commele«cimetièredesgéants»,danslemassifd’Ascu,cetendroithérissédemonolithes impressionnants.Seuls,peut-oncroire,desgéantsontpulesmanipuler.

Et la « pierre de Levie » a-t-elle un rapport avec cettepopulation ? Il s’agit d’une sorte de grande pierre plate de

quarante kilos, décorée de frises concentriques aux motifsréguliers. Tout autour, des signes bizarres et une fresquereprésentantuneronded’oiseauxenpleineascensionavec,plushautqu’eux,desobjetsvolants(desovnis?).Leplussingulierdans ce monument, c’est qu’il n’est pas gravé mais plutôtimprimé, on ne sait par quel procédé, pour traverser lesmillénaires.

Cettepierreparlepeut-êtrede l’Atlantide, cecontinentau-delà des colonnes d’Hercule qui aurait été gouverné, dans lamythologie,parlegéantAtlas,cemêmeAtlasquifutpétrifiéparleregarddeMédusequandPersée,aprèsavoirréussiàdécapiterlaGorgone,luiprésentalatête.

Platonrelatedanslesdeuxdialogues,leTiméeetleCritias,la mystérieuse disparition de ce continent vers 9 600 avantJésus-Christ:«Dansl’espaced’unseuljouretd’uneseulenuitterrible, l’îleAtlantide s’abîmadans lameretdisparut…»Ceterribleraz-de-maréequiengloutitl’Atlantidejettelessurvivantssurlesmersàlarecherched’uneterreaccueillante.Certainsseseraient implantés en Corse et auraient un rapport avec, entreautres, les Lestrygons, les géants qui s’en prirent à la flotted’Ulysse à Bonifacio, quand d’autres auraient trouvé refugedanslesîlesCanaries–lesGuanchesseraientleursdescendants–,etd’autresprèsdesPyrénées,grandsancêtresdesBasques.

Il est intéressant de constater des similitudes entre lesGuanches,lesBasquesetlesCorses.LouisNapoléonBonapartenotedes ressemblances linguistiques troublantesentre les troislangues qui démontreraient qu’une langue commune auraitpréexisté.Enfin,onpeuts’interrogersurlafréquencedugroupesanguin O chez ces trois populations, quand on sait que legroupe A prédomine habituellement dans le bassinméditerranéen. Ces points communs tendent à démontrer laplausibilitéd’ancêtrescommuns…LesAtlantes?

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trouvesonorigineetsafin.Saglorification41.»LaCorseest,depuis lanuitdes temps,unpur joyauetses

habitantssontempreintsdecettemagnifiquesingularité.

41.LaRenfermée,laCorse,op.cit.

DLASACRÉEVACHE

anslarégiondeSartène,onracontaitlesoiràlaveilléequ’untrésorétaitcachésousl’auteldel’églisedeSanPolo, ce village pillé, dévasté, incendié par les

Barbaresques.Cetrésorhypothétiqueenperturbaitplusd’unàGuincheto, le hameauvoisin…Aussi, une nuit de juin, quatrejeunesgensdécidentdeserendre,enexpédition,àsarecherche.

À l’aide de bonnes pelles, ils creusent un peu partout,quand, soudain, ils tombent surunecroixenmétal !Lesvoilàprisd’unepaniquemystique.Àcoupsûr,c’estunsigneduCieletvouloirs’approprierun trésorquinenousappartientpasestsacrilège, autant abandonner les fouilles etmême, en guise deconfession,allerportercettecroixàmonsieurlecuré.Aussitôtdit, aussitôt fait, la croix est remise au presbytère. Stupeurgénérale,quelquesjoursplustard,lanouvelleserépandcommeune traînée de poudre : la croix a disparu…Aucun villageoisn’aurait été capabled’un tel acteblasphématoire,non,voler lacroixnesepeutpas.Lesvillageoissemobilisentetpartentàsarecherche.Etilslatrouvent!…

Elle a miraculeusement réintégré sa place initiale, on ladécouvredansletrouqu’avaientcreusélesjeunesgensprèsdel’autel de l’ancienne chapelle. Une procession se forme pourrapporterlasaintecroixdansl’égliseduvillageoùl’onserelaiepour passer la nuit en prière et pour surveiller le saint objetfugueur.IlfautapaiserDieuquiaainsimanifestésoncourrouxde voir convoités ses trésors et, à l’occasion de la Saint-Jean,une vache est offerte. Ce sera une vache sacrée, en somme. Iln’estpasquestiondelasacrifiercommedansl’Antiquité;bienau contraire, elle est nourrie et protégée. Elle déambule à sa

guiseparlesroutesetlessentiersducoin,cequinechoquepasparticulièrement en Corse où les vaches ne sont pas parquéesdansunenclosmaisvagabondentenlibertétotale(unpeumoinsdepuis quelques années). Le sort de notre bovine est fortenviablepuisqu’ellen’estpasdestinéeàlaboucherie.

Unmatin,pourtant, c’est la révolutiondans lehameau : lavache a disparu ! Les uns s’en vont à sa recherche, à traversjardins et maquis, les autres décident de fouiller toutes lesmaisonset,régulièrement,onseretrouvepourfairelepoint.Àchaque rendez-vous les mines sont sinistres : rien, rien, notrevacheestintrouvable.EtsionallaitvisiterlafermedesMattéi?Elleestbienloinmaisellefaitpartieduvillage.Ons’yrendendélégation,mais,biensûr,pourrien.Non,lesfermiersn’ontpasvulafugueuse.Etlaprocession,curéentête,reprendlecheminduretourquand,soudain,uneexplosionépouvantablelesclouesurplace.Ilsseretournentetlespectaclequis’offreàleursyeuxles laisse pantois : la ferme s’est effondrée, ensevelissant seshabitants et, sur une poutre faîtière claque, comme uneaccusation,unebellepeaudevache!…

La croix a étémise au cimetière et la vache prie pour lespauvreshumainsauparadisdesanimaux…

Le choix d’une vache consacrée à Dieu ramène auxcommencements. Au panthéon des divinités dans tout lepourtour méditerranéen, le taureau domine, sous toutes sesformes. C’est une entité divine qui a fortement marquél’imaginaire corse. Il est apparenté au soleil, on l’a vu avec leveaud’orquiapparaîtauxsolsticesensortantdelapierreetendécouvrant des trésors cachés. Rappelons ici la bergère ligureCorsa,avatard’unedéesseoubliée,quidécouvrel’îleensuivantsontaureau.

On retrouve des légendes de taureau en Sardaigne sous la

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acceptent mal de se retrouver esclaves. Alors père, mère etenfants vont demander grâce au souverain qui, fasciné par lafillette,leuraccordelalibertéàconditiondeluilaisserMarthe:elleseraélevéecommeuneprincesseauseinduharem.Jacques-Marie, âgé de soixante-dix ans, ne résiste pas à toutes cesaventuresetmeurt.

Marthe devient Lalla Daouia, autrement dit Davia enfrançais,cequi signifie« lumière».Elleparlecourammentunarabechâtié,elleadel’instruction,etsiègeauconseilprivédusultan qui lui confie la correspondance avec les souverainseuropéens.Elleentretientaveclareined’Espagnedeséchangesprivilégiés. Elle est très populaire auprès du peuplemarocain.Elle est adulée par le sultan et par son successeur MoulaySlimanquiluipermetdeseretireràLaracheauprèsdesamèreet de ses frères, commerçants aisés grâce aux protectionssupérieures.VincentestenvoyéspécialenFrance,oùilfinitpars’installer définitivement par s’occuper des relationscommercialesentrelesdeuxpays,alorsquesonautrefrèreparten Amérique. Davia meurt de la peste à Larache à l’âge dequarante-troisans.

Fablequetoutcela.Lecontedeféesestimpossible.Elleabien fait partie du harem, mais elle n’a pas suivi d’étudessupérieures,celles-ciétaientréservéesauxgarçons.Ellea,sansdoute, été la favorite, bien que le silence le plus total soitimposésurlefonctionnementduharemetqu’onnepuissedoncémettre que des suppositions. Elle n’a jamais participé auxréunionsofficielles,quiétaientinterditesauxfemmes.

La légende vient peut-être d’une déclaration de NapoléonévoquantDavialorsdesonexilàSainte-Hélène:«Lasultane,favorite de l’empereur duMaroc, était corse ; son frère vint àParisproposerauministredesRelationsextérieuresdeserendreauMarocetd’intriguerenfaveurdesFrançais.Toutd’abord,je

crusàuneescroqueriemais leministre reconnut lavérité et jedonnai30000francspourcela.Cettenégociationa réussi : lechérifatoujoursprotégélesFrançais,ilnousarenduservice.»

En fait,Davia semblen’avoir jamaisconnu laCorsemêmesi, àCorbara, certains racontentquedesémissaires sontvenustrouver une maison et l’aménager en son honneur. Dans levillage, on continue à croire aumerveilleuxdestin de la petiteCorse,alorsquec’estlatristehistoired’unefilletteenlevéepardespirates,commecefutlecasdebiend’autresCorses.

Plus de soixante familles sont un jour kidnappées par lesBarbaresquesdanslegolfedeValinco.Parmielles,AlphonsedeSanti,safemmeet leursdeuxfilsdontunestencoretoutpetitbébé.LesparentsetleplusjeunemeurentàTunis,l’autreenfantestrecueillietélevéaupalaisduDey.Onluiapprendl’arabe,onleconvertitàlareligionmusulmane.IldevientfavoriduDeyet,petit à petit, s’immisce dans la politique jusqu’à diriger legouvernement.SonfilsluisuccèdeetprendlenomdeMehemetBassa-Dey.Des générations de Santi se sont succédé dans lesplushautesfonctionsdugouvernementtunisien.

Àdifférentsmoments cruciaux, lorsque lesnavires sont endanger,lorsquelatempêtesedéchaîne,danslanuitdeNoël,onpeutentendredesclochescarillonnerenpleinemerverslatourdelaParata.Eneffet,unjourdegranderazziaavecmassacreetpillage systématiques, les pirates reprennent la mer avec leurbutin, dont les cloches de l’église de Zicavo. Le curé, qui aéchappéaumassacre,implorelecieletdemandequ’aumoinslescloches n’atteignent pas le pays des infidèles. À cet instantprécis, lagalèredesBarbaresquessombredanslesprofondeursde lamer.C’estdepuis ce temps-làque les cloches sonnent etrésonnentsousl’eau.

Proche du golfe de Roccapina, se trouve la « CalaBarbarini » au nom significatif. En effet, les razzias étaient

redoutables. C’est lors d’un de ces raids que sont, ici aussi,volées les cloches de l’église SanCosimo, proche de Sartène.Lespiratesontkidnappéquelquequatre centsCorsespour lesvendre àAlger, àmoinsque leur famillenepaie cherpour lesrécupérer.UnSartenais enlevé à la «Tegghira deiTurchi », le« rocherdesTurcs», échappeau sort habituel et, lui aussi, sedistingue, sous le nom d’Ali Orsini, à Tunis ; et son fils estproclamébeydeTunis.

N’empêchequelapopulationcorsevivaitdanslaterreurdeces incursions impitoyables. Tout le long des côtes, un vigileétait chargé de surveiller l’horizon marin et de prévenir dudangerensoufflantdansleculumbupourpermettreauxgensdese mettre à l’abri. Par la suite, la République de Gênes fitconsolider les tours déjà existantes, le long des côtes, enconstruisitd’autresetautorisaleportd’armespourleshabitantsvivantàmoinsdedouzemillesdescôtes.C’estaussidansunesorted’exorcismequelechampdemégalithesaété,ici,baptisé«cimetièredesTurcs».

UnautreCorse enlevépar lesBarbaresques a échappéauxaffres de l’esclavage et s’est distingué en Afrique du Nord.Pietro Paolo est originaire deTavera et se voit kidnappé alorsqu’iln’estencorequ’unenfant.Ilapprendl’arabe,seconvertitàl’islam et prend le nom de Hassan Haïd, plus connu sous ladénomination de Hassan Corso. Il entre dans le corps desjanissairesets’illustreparsapugnacitélorsdescombats.Ilestnommécaïdd’Alger.Ilyacependantdesintriguesautourdelui,carils’esttoujoursmontrécruel.Ilmeurttorturémaisd’autresCorsesentreprennentdelevenger.

Biendecesrenégatsavaientlemaldupaysetlorsqu’àleurtour, ils venaient effectuer des raids sur l’île, ils cherchaient àrevoirleursvillagesetapportaientdesbiensàleurfamille.

On raconte que Lazzaro, alias Assam Pacha, pris de

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TABLEDESMATIÈRES

Introduction

LatêtedeMaure

L’hymnecorse,ouleCorseetlareligion

Çasecorse:originedunom

Lessaintsdessaints

L’enfantsauvagedeVivario

L’héritagedeMéduse

Mémorablespierres

ChristopheColomb

Unesectemaudite:lesGiovannali

Leschasseursdel’au-delà

DonJuanetlasquadrad’Arozza

Napoléonetlasuperstition

L’occhjuetautressuperstitions

Esprit,es-tulà?

LecomteLéon

Leroid’unété

Cesdrôlesd’animaux

LaVierges’estarrêtéeàPancheraccia

E.T.enCorse

Lesgéants

L’îleauxtrésors

Lasacréevache

LetragiquedestindeVanninad’Ornano

LecrânedeSampiero

Lesmilleetunenuits

UgoColonna,réalitéoufiction

LaCorseésotérique

SixteV,unpapecorse

OrphéeetEurydiceenCorseoulaforcedudestin

Bibliographie

Remerciements

Achevéd’imprimerparXXXXXX,enXXXXX2016N°d’imprimeur:

Dépôtlégal:XXXXXXX2016

ImpriméenFrance