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Hynovations 72, OCTOBRE 2017 N°72 OCTOBRE 2017 ÉDITO L'enjeu d'une mobilité plus propre est désormais mondial et sa nécessité est partagée par tous Thierry Archambault, Président- Délégué de la CSIAM De nombreuses pistes sont explorées par les constructeurs - qu'ils soient constructeurs de motos, de camions, de bus, de cars ou de voitures - pour baisser les émissions polluantes et le rejet de gaz à effet de serre des véhicules. D'énormes progrès ont été réalisés depuis le Grenelle de l'environnement (2007), progrès qu'il convient de saluer car il s'agit là de succès collectifs majeurs obtenus en 10 ans ce qui est très rapide dans l'industrie.Mais il faut aller plus loin, il s'agit idéalement d'atteindre une mobilité à zéro émissions polluantes. Parmi les nombreuses pistes travaillées, certaines d'entre elles sont des technologies de rupture qui supposent de mobiliser des montants de capitaux très élevés et qui impliquent un grand nombre de décideurs, au-delà des constructeurs eux-mêmes. L'hydrogène en fait partie, elle est présentée par beaucoup aujourd'hui comme la solution à atteindre dans les années qui viennent. A ce jour cette technologie est encore trop chère pour être massivement proposée sur le marché des véhicules, mais d'ores et déjà des véhicules roulent avec succès à l'hydrogène. Une massification de la production de ces véhicules serait à même de faire baisser considérablement les coûts.

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Hynovations 72, OCTOBRE 2017

N°72 – OCTOBRE 2017

ÉDITO

L'enjeu d'une mobilité plus propre est désormais mondial et sa nécessité est partagée par tous

Thierry Archambault, Président-Délégué de la CSIAM

De nombreuses pistes sont explorées par les constructeurs - qu'ils soient constructeurs de motos, de camions, de bus, de cars ou de voitures - pour baisser les émissions polluantes et le rejet de gaz à effet de serre des véhicules.

D'énormes progrès ont été réalisés depuis le Grenelle de l'environnement (2007), progrès qu'il convient de saluer car il s'agit là de succès collectifs majeurs obtenus en

10 ans ce qui est très rapide dans l'industrie.Mais il faut aller plus loin, il s'agit idéalement d'atteindre une mobilité à zéro émissions polluantes.

Parmi les nombreuses pistes travaillées, certaines d'entre elles sont des technologies de rupture qui supposent de mobiliser des montants de capitaux très élevés et qui impliquent un grand nombre de décideurs, au-delà des constructeurs eux-mêmes. L'hydrogène en fait partie, elle est présentée par beaucoup aujourd'hui comme la solution à atteindre dans les années qui viennent.

A ce jour cette technologie est encore trop chère pour être massivement proposée sur le marché des véhicules, mais d'ores et déjà des véhicules roulent avec succès à l'hydrogène. Une massification de la production de ces véhicules serait à même de faire baisser considérablement les coûts.

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L'enjeu immédiat qui se pose est celui du développement d'un réseau de stations de distribution offrant un maillage opérationnel du territoire. Des Etats puissants comme notamment l'Allemagne ou la Californie s'engagent fortement dans la réalisation d'infrastructures lourdes avec de nombreux investissements, l'Europe à travers le projet H2REF soutient le développement d'une nouvelle génération de stations de distribution d'hydrogène.

Thierry Archambault, Président-Délégué, CSIAM (Chambre Syndicale Intervantionale de l’Automobile et du Motocycle).

FAIT MARQUANT

L’hydrogène surfe sur la vague

Avec la mise en service d’un bus de mer à La Rochelle, celle programmée du Navibus H2 à Nantes et l’odyssée d’Energy Observer qui se poursuit en Méditerranée, l’hydrogène étend le champ de ses applications dans le domaine de la mobilité.

Yelo H2 : une pile pour recharger les batteries à bord

Vous connaissez peut-être le bus de mer électro-solaire qui permet de naviguer entre le Vieux port et le port des Minimes, à La Rochelle ? Désormais, il faut l'appeler le Yelo H2. Son autonomie a été doublée, grâce à l'ajout d'une pile à combustible de 10 kW, alimentée par 4 réservoirs où 7 kg hydrogène sont stockés à 350 bars. Le système fonctionne de concert avec les batteries de 100 KWh d'origine. Ce navire expérimental a été mis en service fin octobre à La Rochelle et pour une durée d’un an. « Le Yelo 2 a été réalisé dans le cadre de l'appel à projet TITEC 2015 de l'ADEME*, explique Guillaume Bretin, qui a assuré la coordination pour l'UTBM (Université de Technologie de Belfort-Montbéliard). C’est un projet qui avait déjà été imaginé en 2009, mais il n’avait pas pu se concrétiser pour des raisons de financement », explique-t-il. Le coup de pouce de l’ADEME a donc permis de remettre le dossier à l’ordre du jour, d’autant que la technologie a évolué depuis. Outre Alternatives Energies (le fabricant du bateau à La Rochelle) et HP Systems, qui avaient déjà planché sur la solution, on retrouve au sein de ce projet d’autres partenaires comme EVE system et Michelin Recherches et Techniques. C’est en effet la firme de Clermont qui a fourni la pile à combustible, via les

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équipes du centre de recherche basé à Givisiez, près de Fribourg en Suisse. La mise en relation a été faite par l’UTBM. L'équipe FCellSYS de l'Université de Technologie de Belfort-Montbéliard a par ailleurs travaillé sur l’interface de connexion entre la pile et les batteries. Les travaux ont débuté en avril 2016 et se sont achevés récemment. « C’est la première fois que nous réalisons un projet dans le maritime », avance Guillaume Bretin. « Nous avons pris en charge la partie sécurité, auprès de Bureau Veritas pour la certification, puis auprès des affaires maritimes pour l’homologation », poursuit le coordinateur du projet. Une station de recharge d’hydrogène vient également d’être installée sur le quai du Lazaret, au port des Minimes. Le Yelo H2 peut s’y approvisionner avec de l'hydrogène à 350 bars, produit par Air Liquide et distribué par HP Systems. Avec cette solution, le bus de mer peut tenir une journée entière sans avoir à recharger ses batteries. C’est un plus, notamment sur la période de juillet et août où la demande est très forte. Ce gain en autonomie permet de lever les contraintes liées aux batteries, et ainsi d’envisager à l’avenir la création de nouvelles liaisons maritimes, jusque-là réservées aux bateaux diesel conventionnels.

*Le projet a bénéficié du soutien de la Communauté d'Agglomération de La Rochelle, du Port de plaisance et de Proxiway (groupe Transdev) qui en est l'exploitant. Le co-financement a été assuré par l'ADEME et la Région Nouvelle Aquitaine.

Navibus H2 : un passeur écologique au pays de Jules Verne

Présenté à l’occasion des Journées Hydrogène de l’AFHYPAC, qui ont eu lieu à Nantes les 20 et 21 juin, le Jules Verne 2 (ou Navibus H2) a été développé à l’issue de 5 ans d’études. Ce catamaran en aluminium de 10 mètres de long et 3,80 de large, construit au chantier naval Navalu de Bouin (en Vendée), tire son énergie de deux piles à combustible de 5 kW fournies par Symbio qui convertissent en électricité l’hydrogène stocké à bord, dans deux réservoirs de 205 litres. Là aussi, il a fallu de la

part de la SEMITAN mener un travail de fond auprès de la DREAL pour apporter des réponses à toutes les questions relatives à la sécurité. Après une série de tests menés cet été, le Jules Verne 2 devait remplacer totalement, à partir d’octobre, l’actuel passeur de l’Erdre qui relie Port-Boyer aux Facultés depuis 20 ans. La mise en service a été décalée et on ne connaît pas encore la date précise. En revanche, les Nantais ont pu voir le bateau passer à hydrogène en action, puisqu’il a navigué aux côtés d’Energy Observer en septembre dernier, quand le catamaran géant à hydrogène a fait escale dans la ville.

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Energy Observer : l’hydrogène prend le large

C’est justement ce bateau autonome en énergies qui permet de montrer au monde entier que l’hydrogène est une solution viable. Parti pour un tour de France, le catamaran autonome en énergies renouvelables a également fait sa première grande traversée. Il a en effet franchi le Détroit de Gibraltar, le 30 octobre au matin. C'est une première pour un bateau alimenté par de l'hydrogène.

Energy Observer est donc entré en mer Méditerranée, après avoir navigué dans la Manche et l’Atlantique. Alors qu'il n'est pas rare d'y rencontrer des courants opposés et des vents violents, rendant ce passage souvent périlleux, l'équipage s'est arrêté lors d'une courte escale à Cadix, pour bénéficier d'une fenêtre météorologique optimale, et ainsi profiter d'un spectacle magnifique, au lever du jour pour ce passage d’un cap symbolique. La prochaine escale est prévue à La Seyne-sur-Mer, du 18 au 27 novembre, avant les deux dernières à Marseille et Monaco.

ZOOM SUR…

Le train à hydrogène va-t-il arriver en France ?

Le Coralia iLint

L’exemple d’Alstom qui va mettre en service des trains à hydrogène en Allemagne suscite beaucoup d’intérêt de ce côté-ci du Rhin. Au point qu’un député réclame ce genre de locomotive sur les lignes de TER.

Dès le mois de décembre, le premier train à hydrogène circulera sur une ligne régionale en Allemagne. Avec une autonomie quotidienne

de 600 km, le Coralia iLint, conçu par Alstom, est une alternative pour tous les réseaux ferroviaires non électrifiés utilisant des trains à motorisation Diesel. L'énergie est produite par une pile à combustible, alimentée par de l'hydrogène, stocké dans des réservoirs embarqués. Le train compte également des batteries lithium-ion qui permettent de fournir un complément de puissance pour les phases d'accélération. Ces batteries sont rechargées pendant les phases d'accélération plus faibles, ainsi que pendant les phases de freinage. L’industriel français propose une offre clé en main comprenant le matériel roulant, sa maintenance ainsi que l’infrastructure destiné à recharger les réservoirs en carburant. Après des premiers essais

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réussis, le Land de Basse-Saxe a commandé 14 exemplaires de trains à Alstom. Si l’expérience s’avère concluante, d’autres Länder - dont le Bade-Wurtemberg - pourraient à leur tour franchir le pas.

La solution va dans le sens des objectifs de la Deutsche Bahn (DB), qui s’est fixé pour objectif de réduire à néant les émissions polluantes de ses trains à l’horizon 2050. Le train à hydrogène pourrait à terme remplacer plus de 4 000 locomotives diesel utilisées sur près de 40 000 km de lignes non électrifiées, soit la moitié du réseau allemand.

Cette rupture technologique n’a pas échappé au député Damien Pichereau (LREM, 1ere circonscription de la Sarthe), qui vient de lancer l’idée, pour moderniser la ligne TER Caen-Le Mans-Tours, d’y faire circuler de tels trains. « C’est une technologie qui existe déjà en Allemagne », explique le parlementaire, qui siège à la commission du développement durable et aménagement du territoire de l'Assemblée Nationale. » Elle serait beaucoup moins coûteuse que d’électrifier la ligne SNCF. Je veux donc proposer que la ligne Caen-Le Mans-Tours soit la première en France à servir de ligne test », conclut-il. Le projet ne pourra se réaliser que si les principaux partenaires répondent présents : la Région des Pays de la Loire, l'Etat et la SNCF.

Le député de la Sarthe a justement questionné à ce propos le gouvernement, le 17 octobre dernier, rapporte la Gazette des Communes. Le ministère des Transports a répondu que « l’appel à projets Territoires Hydrogène d’octobre 2016 n’avait pas permis d’identifier de projets consacrés à l’hydrogène dans le ferroviaire ». Il reste cependant « ouvert à l’accompagnement de travaux de développement et de démonstration sur le sujet, par exemple par l’intermédiaire du Programme investissements d’avenir ». A ce stade, plusieurs régions lancent ou vont lancer des groupes de travail sur l’hydrogène et le ferroviaire afin d’étudier l’opportunité d’utiliser cette technologie sur les lignes régionales, peut-on encore lire dans cette réponse.

De son côté, la SNCF a présenté en juin dernier lors des Journées Hydrogène de l’AFHYPAC sa vision dans ce domaine. Le transporteur ferroviaire a identifié et retenu l’hydrogène parmi différents nouveaux vecteurs d’énergie car il estime que « c’est une alternative crédible au diesel à un horizon 10 ans », et que cela permettra à la SNCF de réduire ses émissions de CO2. L’hydrogène pourrait même permettre à terme à l’opérateur de créer de nouveaux business. « Les solutions existantes sont encore insuffisantes pour alimenter un train », indique toutefois la SNCF sur la partie de son site Internet dédié à la recherche. « C’est un sujet très ouvert, inscrit dans le programme TECH4RAIL », peut-on encore lire. « Au-delà de l’enjeu technologique, il s’agit de construire un écosystème viable pour SNCF. Un démonstrateur de piles à combustible verra le jour dans le cadre de discussions engagées avec Air Liquide et plusieurs start-up. Un premier système de production et consommation d’hydrogène décarboné sera mis en service en 2018 au niveau de la sous-station d’Espondeilhan, près de Béziers, pour alimenter les auxiliaires », révèle encore le site web de l’opérateur.

Il est à noter que la SNCF travaille sur diverses pistes, dont la récupération d’énergie au freinage, au moyen de batteries au lithium ou de super capacités pour réinjecter du courant électrique pour la traction ou l’alimentation de composant auxiliaires.

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TRIBUNE

L’hydrogène au cœur d’une transition énergétique réussie

Le Club des Elus, acteurs de l'hydrogène et le Bureau de l'AFHYPAC réunis le 17 octobre

Les défis écologiques, économiques et sociaux appellent de plus en plus concrètement des réponses au niveau des territoires. Si l’impératif de lutte contre le changement climatique peut générer de véritables opportunités de développement, les questions

énergétiques sont aujourd’hui au cœur de ces enjeux, et nous sommes convaincus que l’hydrogène constitue le vecteur essentiel d’une approche cohérente.

Accroissement des énergies renouvelables dans le mix-énergétique, stockage de l’énergie et équilibrage des réseaux, amélioration de la qualité de l’air et décarbonation des transports, éco-quartiers, bâtiments, groupe de secours pour les sites isolés, etc. : les territoires les premiers ont vu dans l’hydrogène une solution pour répondre à plusieurs problématiques simultanément. Lorsque le gouvernement français a lancé, en mai 2016, l’appel à projets Territoires hydrogène, nous avons saisi l’importance de faire entendre la voix des collectivités, aux côtés des industriels, pour proposer des projets d’envergure. Cette dynamique, qui a conduit des partenaires à construire ensemble des voies nouvelles de développement territorial, ne doit pas s’essouffler.

C’est dans cette perspective que le Club des élus acteurs de l’hydrogène a été officiellement créé le 20 juin dernier, appelant tous ceux qui le souhaitent à se fédérer et mutualiser leurs efforts. A l’annonce du Plan Climat de Nicolas Hulot, nous avons demandé une feuille de route nationale ambitieuse pour l’hydrogène, sans lequel il n’y aura pas de transition écologique réussie.

Un constat simple : nous disposons d’une filière d’excellence, des laboratoires de recherche aux utilisateurs finaux, en passant par des grands groupes, des PME et start-ups innovantes, qui nous permettront de faire de la France un leader de la transition énergétique, tandis que la concurrence internationale – et particulièrement chinoise – avance à pas de géants.

Nous voulons être aux côtés de nos industriels, et faire de nos territoires des moteurs de projets. Il faut nous mobiliser, partager nos expériences, dupliquer les succès.

Elus des territoires, nous vous invitons aujourd’hui à nous rejoindre au sein de ce Club déterminé, afin de porter cette formidable dynamique au plus haut niveau de nos institutions nationales. Vous serez vraiment les bienvenus !

Les élus initiateurs du Club

Claire Bourgeois-République, Vice-Présidente du Grand Dole ; Valérie Nouvel, Vice-Présidente de la Manche ; Alain Leboeuf, Président du SyDEV

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ACTUALITÉS FRANCE

Laurent Wauquiez convaincu par la mobilité hydrogène

Suite à la présentation du projet Zero Emission Valley, le 5 octobre dernier à Lyon, le Président de la région Auvergne-Rhône-Alpes a envoyé un message aux participants. « Comme vous le savez, la région ambitionne de devenir le premier territoire à hydrogène en France », écrit Laurent Wauquiez. « L’hydrogène n’est pas un pari pour nous, il s’agit simplement de rendre possible la nécessaire

transformation de la mobilité qui est en cours », poursuit-il. Par la suite, le Président de région rappelle les « atouts extraordinaires » en Auvergne-Rhône-Alpes. « Première région industrielle de France, notre territoire rassemblent 80 % des acteurs français de la filière (de l’hydrogène) et plus de 119 acteurs engagés pour réussir cette révolution. La présence, lors de notre évènement, de nombreux acteurs stratégiques, tels que les collectivités territoriales, les centres de recherche, les PME et les ETI, les startups, les clusters, les syndicats patronaux et les grands groupes traduit cette forte volonté régionale de fédérer l’ensemble des acteurs autour du projet Zero Emission Valley », écrit encore le Président de région. M. Wauquiez salue par ailleurs « l’engagement d’Air Liquide, du CEA, du CNR, d’EDF, d’Engie, de MCPHY, de Michelin, de SERFIM, de Symbio Fcell et de Sylfen, au sein de l’écosystème régional dont le dynamisme est remarquable ».

L’hydrogène sur le podium du e-Rallye de Monte Carlo

Six voitures à hydrogène ont participé à la deuxième édition de ce rallye, uniquement réservé aux véhicules zéro émission. Cette épreuve de régularité se disputait au départ de Fontainebleau, et le long d’un parcours passant par Magny Cours, Onet-le-Château, Aix-en-Provence, avec une dernière épreuve de nuit à Monaco. Sur la ligne de départ, il y avait 3 Toyota Mirai, 1

Hyundai ix35 et 2 Kangoo ZE H2 avec un prolongateur d'autonomie fourni par Symbio. La mairie de Monaco faisait partie des concurrents qui ont fait le choix de l’hydrogène, à bord d’une Toyota Mirai. Les autres candidats étaient Air Liquide (avec 2 voitures), ainsi que les entreprises Braley, Ondulia et Ruban Bleu. Cette année, c'est une Tesla S qui a remporté l’épreuve, devant une BMW i3 et une Toyota Mirai engagée par Air Liquide. Engagé dans la course, le groupe fournissait par ailleurs l’hydrogène nécessaire au ravitaillement des voitures à pile à combustible au moyen d’une station mobile développée pour ce type d’événement. Les équipes d'Air Liquide étaient mobilisées pour assurer la livraison et les pleins d’hydrogène à chacune des étapes du parcours.

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Retour sur le salon Equip Auto

Ce salon de l’après-vente automobile a fait son grand retour à Paris, porte de Versailles. C’était l'occasion pour la filière de réfléchir sur l'arrivée des nouvelles technologies en atelier. Sur le salon, on pouvait surtout voir des véhicules hybrides ou électriques. Il est encore trop tôt pour y présenter la pile à combustible, même si les réparateurs savent que cela viendra un jour. On peut en revanche souligner que le GARAC (école nationale des professions de l'automobile) évoque l'hydrogène dans les

technologies d'avenir, au même titre que l'hybride rechargeable, l'après-vente connectée ou le véhicule autonome. Il a été toutefois question à plusieurs reprises de la technologie, pendant le salon. Au cours d'un débat qui portait sur l'avenir des moteurs thermiques, sur le plateau TV, un expert de Delphi a évoqué l'hydrogène, comme une piste d'avenir. C'est d'ailleurs un thème qui sera évoqué aussi lors du congrès SIA Powertrain, qui aura lieu l'été prochain à Rouen. Par ailleurs, toujours sur le plateau TV d’Equip Auto, le responsable après-vente de Hyundai France, Jean-François Taillefer, est venu évoquer la maintenance de ce type de véhicule. La marque coréenne a déjà des véhicules qui roulent en France, dans des entreprises ainsi que dans la flotte de taxis Hype à Paris. Pendant le salon, la SIA (Société des Ingénieurs de l’Automobile) a organisé sur place une rencontre entre des étudiants de grandes écoles et les cadres du secteur. Cet événement a permis notamment d’exposer le concept de Plastic Omnium qui avait été dévoilé quelques semaines plus tôt au salon de Francfort. C’était la première fois qu’était exposé en France ce concept car qui préfigure la voiture de 2030, avec notamment une pile à combustible et un réservoir d’hydrogène.

Valeo récompense l’injection d’hydrogène dans le moteur

Dans le cadre de son concours annuel d’innovation, Valeo a récompensé l’Université de San Luis Potosi (Mexique) pour son système permettant, lors des phases de freinage du véhicule, de créer de l’hydrogène afin d’améliorer l’efficacité de la combustion du moteur à essence. Le dispositif est composé d’un alternateur, d’un système d’électrolyse, d’un compresseur et d’un réservoir d’hydrogène. Pour ce concept, l’équipe a touché un chèque de 100 000 € et pourra rejoindre un accélérateur de start-up, partenaire de Valeo, pour continuer à développer son projet. A noter que lors du salon Equip Auto, une start-up (Logikko) présentait un système similaire. La différence vient du fait que le système français ne produit pas de l’hydrogène au moment des phases de freinage, mais pendant que le véhicule roule.

Après Pau, Versailles se lance à son tour dans le bus à hydrogène

L'ex-STIF (Syndicat des Transports d'Ile-de-France), rebaptisé Ile de France Mobilités, ne se limite pas au bus électrique et veut tester aussi la pile à combustible. En partenariat avec le

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groupe SAVAC et l’agglomération Versailles Grand Parc, il a donné son feu vert pour expérimenter sur 7 ans deux bus à hydrogène dans le cadre du programme européen 3EMOTION. Compte tenu des délais de fabrication (18 mois), auprès du constructeur néerlandais Van Hool, l'expérimentation pourra débuter dès le 1er semestre 2019. Rappelons que c'est la date à laquelle Pau va mettre en service 6 bus à hydrogène. Cette expérimentation aura 3 financeurs : Ile de France Mobilités pour 60 %, 3Emotion pour 30 % et l'agglomération de Versailles Grand Parc pour 10 %. Le coût de l'expérimentation est estimé à 2.8M d'€ sur 7 ans. Le groupe Savac, qui exploitera ces véhicules, exprime sa satisfaction d'avoir « le privilège d'expérimenter ces autobus à hydrogène, une première en Île-de-France ! ».

Bientôt des bateaux-mouches à l’hydrogène ?

L'entreprise familiale souhaite se différencier par des bateaux plus écologiques. Disposant déjà d’un bateau hybride, elle planche sur une version à hydrogène. L’Hydro Mouche sera propulsé par une pile combustible produisant électricité, eau et chaleur sans émission de dioxyde de carbone. Les recherches ont été engagées à partir de 2013. La crise a gelé les projets, sachant qu’un bateau-mouche classique coûte 6 millions d’euros, qu’il faut en débourser 8 pour un bateau hybride et encore plus pour de l’hydrogène. D’ici la fin de l'année, un nouveau cap sera franchi avec l’emploi de gaz liquide comme nouveau combustible.

McPhy séduit des investisseurs privés

Présentée par la presse comme un « futur grand de l’hydrogène », la PME française a engrangé 4,6 millions d'euros auprès d’investisseurs qualifiés domestiques et internationaux. Ce placement privé, qui se traduit par l'émission de 973 204 actions nouvelles, représente environ 10 % du capital social de la société. Le but de cette opération est de renforcer les fonds propres de McPhy. Pascal Mauberger, Président-Directeur Général de McPhy, a déclaré : « Nous sommes très heureux du succès de ce placement qui démontre la confiance des investisseurs dans la stratégie de développement de McPhy. Le renforcement des fonds propres du Groupe nous donne une flexibilité financière accrue pour soutenir la croissance rapide attendue ».

Pragma lance une campagne de financement participatif

Afin de poursuivre sa croissance, sur le marché prometteur du vélo à hydrogène, la compagnie basque a décidé de faire une nouvelle levée de fonds. Mais plutôt que de faire un tour de table classique, Pragma Industries mise sur le financement participatif à travers le site wiseed.com avec pour objectif de réunir 400 000€. Les contributeurs peuvent

devenir actionnaire à partir de 100 €. Le plan stratégique, qui est calé jusqu’en 2020, prévoit dans un premier temps la livraison de vélos et de stations de recharge d'hydrogène de son partenaire Atawey. C'est une solution adaptée à un usage professionnel en flotte captive. Mais, la suite se prépare avec un nouveau mode de production d’hydrogène miniaturisée dans le cycle. Grâce à une solution innovante de recharges en sachets qui permettra de faire le plein d'hydrogène n'importe où, le vélo Alpha sera alors accessible au grand public.

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Un répit pour le site du CEA près de Tours ?

Menacé un temps de fermeture, avec 540 emplois à la clé, le site du Commissariat à l’Energie Atomique du Ripault s’inscrit dans la stratégie de dissuasion nucléaire financée par la prochaine loi de programmation militaire. Le ministère de la Défense a confirmé l’abandon définitif de tout projet de délocalisation des activités du CEA. Par contre, il reste à sécuriser les activités civiles du site, notamment autour du stockage de l’hydrogène, des piles à combustible et des batteries du futur. Sur ce point, le député (LRM) Philippe Chalumeau* souhaite que les collectivités s’engagent davantage au sein du laboratoire Lavoisier pour élargir les partenariats avec l’enseignement supérieur mais aussi le privé, afin de passer de la recherche à la production.

*Membre de la commission de la Défense à l’Assemblée nationale

Un fonds vert pour la transition écologique à Paris

Pour réaliser son objectif de neutralité carbone, la Ville de Paris a choisi de se doter d’un Fonds d’investissement pour la transition écologique, « Paris Fonds Vert ». Il aura pour objet d'apporter des fonds propres aux entreprises concourant à la protection du climat, la qualité de l'air et de l'énergie, l'amélioration de l'efficacité énergétique, au retraitement des déchets et au développement des énergies renouvelables et des mobilités durables (promotion des véhicules et transports urbains propres, développement des mobilités actives et innovantes « zéro émission »). Il sera abondé par 51 % de fonds privés, au minimum, et se fixe l’objectif d’un budget de 150 millions d’euros. Un tel outil a été rendu possible par la loi sur le statut de Paris adoptée début 2017. Cette initiative a reçu le soutien de la Caisse des Dépôts et Consignations, partenaire de la Ville de Paris dans la phase de préfiguration du fonds, ainsi que de l’ADEME et de PARIS EUROPLACE dans le cadre de son initiative Finance for tomorrow, visant à faire de la Place de Paris, une place de référence en matière de finance verte. Le 26 octobre dernier, la ville a décidé de lancer un Appel à Manifestation d’Intérêt (AMI) pour sélectionner la société de gestion qui sera chargée de gérer le Paris Fonds Vert. La date limite de remise des candidatures est fixée au lundi 27 novembre.

Le Pays Roussillonnais se tourne vers l’hydrogène

Le 18 octobre dernier, la Communauté de Communes du Pays Roussillonnais (CCPR) a mobilisé les industriels, les PME ainsi que les collectivités lors des « Rencontres mobilités hydrogène », qui ont eu lieu à Saint-Maurice-l’Exil. Cet événement a été organisé de concert avec la Communauté de Communes du Territoire de Beaurepaire (CCTB), avec laquelle elle compte fusionner. Les deux intercommunalités se sont engagées dans un plan

climat énergie territorial sur la période 2017/2022, qui vise à terme la création d'une filière hydrogène locale. Localement, la société Adisseo (filiale du groupe chinois Bluestar) souhaite utiliser de l’hydrogène décarboné dans son process industriel pour la production d’alimentation animale. Elle porte d’ailleurs le projet CASHEMIR, retenu dans le cadre de l’Appel à Projets

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Territoires Hydrogène. Pour les deux intercommunalités, l’objectif est justement de fabriquer de l'hydrogène vert par électrolyse de l'eau. Une étude de faisabilité a été lancée. Ses résultats seront connus en juin 2018. En attendant, la CCPR a décidé de rejoindre le pôle de compétitivité, Tenerrdis, reconnu au niveau européen dans le domaine des énergies nouvelles.

Le projet VHycTOR retenu par le FUI24

L'un des projets labellisés par le Pôle Véhicule du Futur a été sélectionné pour un financement dans le cadre du 24ème appel à projets du FUI-Régions. Il s'agit de VHyCTOR, qui désigne une station de distribution d’hydrogène. Le concept repose sur la construction d’une station simplifiée, alimentée par une source de gaz industriel coproduit et transporté à haute pression. Dans ce schéma, il ne serait plus nécessaire d'installer des compresseurs, ainsi que des électrolyseurs dans chaque station, la chaîne de transport-distribution se retrouvant simplifiée. Le projet VHyCTOR vise une réduction majeure des coûts par rapport aux solutions existantes, que ce soit au niveau de l'investissement initial et de l'exploitation. L'intérêt vient du fait que ce schéma pourrait se dupliquer au niveau national, afin de constituer plus rapidement un réseau de distribution. L'ambition est d'ailleurs d'installer 120 stations-service à l’international d’ici 2023. Le consortium est porté par MAHYTEC, une société du Jura spécialisée dans la fabrication de réservoirs à haute pression. Les autres partenaires sont MAGYAR (21), un fabricant de remorques de transport de matières dangereuses ; SCHRADER (25), qui s’occupera du système de sécurisation ; AJC (74), qui travaillera sur l’ingénierie des stations. Par ailleurs, deux laboratoires des universités Bourgogne-Franche-Comté et Belfort-Montbéliard mettront à disposition leurs recherches dans le domaine de l’hydrogène. D’un budget de 2,7 M€, VHyCTOR fait partie du projet global « ENRgHy » de la Région Bourgogne-Franche-Comté.

Viessmann veut développer la pile à combustible

Le fabricant allemand propose avec la Vitovalor 300-P une chaudière qui produit simultanément de l'électricité et de la chaleur grâce à une pile à combustible de type PEM. Développée par Panasonic, cette pile d’une puissance de 750 W, et alimentée par du gaz naturel, est couplée à une chaudière d’appoint qui produit assez d‘énergie thermique (jusqu'à 20 kWTh) pour couvrir les besoins de chauffage d‘une maison individuelle tout au long de l‘année. Elle produit par ailleurs un maximum de 15 kWh d'électricité par jour, ce qui suffit pour couvrir les besoins de base de la plupart des foyers et permet de faire des économies considérables en coûts d'électricité. En 2018, Viessmann proposera la partie pile à combustible seule, avec un kit permettant de la raccorder à une chaudière gaz existante, murale ou au sol. En parallèle, la société allemande mise sur une autre technologie de pile de type SOFC, développée par sa filiale suisse Hexis, et appliquée sur la chaudière Vitovalor 300-S (non vendue en

France). Elle se distingue par un meilleur rendement et se montre plus silencieuse. A noter que ces deux produits seront dotés fin 2018 d’une connexion en Wi-Fi afin d’être pilotés via une application. En France, Viessmann envisage de vendre 900 Vitovalor 300-P en 2017, 1500 en 2018 et 40 000 en 2019.

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Une usine de production d'hydrogène dans le port de Dunkerque ?

Sur le modèle de l'usine prévue à Port-Jérôme, entre Le Havre et Rouen, la société H2V Product envisage de créer une usine de production d’hydrogène « vert » et de biogaz sur le port de Dunkerque qui emploierait, après formation, une partie des 170 anciens salariés de l’aciérie d’Ascométal. Ce projet est prévu en 2021, selon La Voix du Nord. Le quotidien régional annonce un investissement de 450 millions et la création de 200 emplois, ce qui constitue une excellente nouvelle pour le bassin d’emploi. L'ambition de H2V est de devenir leader sur le marché d’avenir de la réduction de carbone en investissant dans la construction d’usines de production d’hydrogène et de biogaz. La signature est liée à un accord entre l’État, la Région et la communauté urbaine. Ce n'est pas forcément un problème, car un accord similaire a été conclu entre la région Normandie et la communauté de communes concerné par le projet de Port-Jérôme. En plus de Dunkerque, quatre autres implantations seraient à l’étude, dont une à Fos-sur-Mer, avance encore La Voix du Nord.

EDF et ENGIE croient à l'hydrogène pour le stockage des énergies renouvelables

Transformer les excédents d'électricité renouvelable en gaz afin de les stocker en grandes quantités et de "verdir" des secteurs fortement émetteurs de CO2 : telle est la réponse des spécialistes français de l'hydrogène face aux défis de la transition énergétique. Dans une dépêche, Reuters cite l'exemple du "power to gas", dont le procédé repose sur la technique de l'électrolyse, qui consiste à décomposer chimiquement l'eau grâce à un courant électrique pour produire de l'oxygène et de l'hydrogène. L'hydrogène "renouvelable" ainsi produit pourrait résoudre les difficultés liées à l'intermittence de l'éolien et du solaire en les rendant stockables à long terme - par exemple en été pour une consommation hivernale -, réduisant dans le même temps les risques de baisse de tension sur les réseaux électriques, écrit l'agence d'information.

"A partir de 50% d'énergies renouvelables dans le mix de production d'électricité d'un pays, il y a un vrai problème d'excédents temporaires de production qui implique de trouver des débouchés et qui donne toute sa pertinence au 'power to gas'", estime Sandra Roche, directrice "New gas" d'Engie, pour qui ce seuil de 50 % sera atteint en France "à l'horizon de 2030".

EDF juge pour sa part que, en l'état actuel des technologies, "dépasser une valeur de 40% en moyenne d'éolien et de solaire dans le mix de production d'électricité à l'horizon 2030 (...) paraît un peu risqué en termes de robustesse du réseau, sauf à développer des moyens de stockage intersaisonnier en très grandes quantités", indique le responsable de la R&D du groupe, Bernard Salha. "La seule technologie qui permettrait de faire du stockage intersaisonnier à grande échelle, c'est l'hydrogène", ajoute-t-il. "Mais ça nécessite le développement d'une nouvelle filière industrielle, qui implique de raisonner en dizaines ou centaines de milliers de tonnes (de production), voire en millions, et donc un horizon de temps long."

Reuters rappelle que la France s'est fixé comme objectif d'atteindre 40 % de sa production d'électricité d'origine renouvelable en 2030 (contre 19,6 % en 2016) tout en réduisant de 75 % à 50 % la part du nucléaire à horizon 2025, ce qui suppose une forte accélération de l'éolien et du solaire (5,5 % de la production électrique l'an dernier).

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ACTUALITÉS INTERNATIONALES

1000 km d’autonomie pour la prochaine génération de la Mirai ?

A l’occasion du salon de Tokyo, le géant japonais a fait le spectacle, avec bon nombre de nouveautés. Pour l’anecdote, elles ont été présentées par un français, Didier Leroy, qui est Vice-Président Exécutif et membre du directoire. Si le message portait davantage sur la conduite autonome et l’intelligence artificielle, Toyota a évoqué aussi les énergies alternatives, en rappelant que 11 millions de véhicules électrifiés avaient été vendus en 20 ans et qu’il faudrait compter aussi sur le

véhicule 100 % électrique. A ce propos, la marque pense introduire prochainement une batterie électrolyte solide. Pour autant, Toyota poursuit ses efforts dans le domaine de l’hydrogène, même si les volumes restent encore faibles avec 3 000 exemplaires écoulés à ce jour. Le salon de Tokyo a été l’occasion de présenter le concept Fine-Comfort Ride. Il préfigure une future berline haut de gamme, propulsée par de l'hydrogène et utilisant des énergies renouvelables. Le concept se distingue par un vaste habitacle à six places, en raison de la disparition du moteur électrique, qui se retrouve réparti sur les 4 roues (et développant 310 Kw). C’est un véhicule très futuriste, avec un intérieur ultra connecté. On retiendra surtout que Toyota annonce une autonomie de près de 1 000 km (selon le cycle d'essai JC08) avec un temps de recharge d’environ 3 minutes, sans autre rejet que de l’eau. L’objectif apparaît ambitieux, car le concept ne stocke que 6 kg d’hydrogène dans un réservoir cylindrique de 3 m de long. Mais, Toyota annonce avoir fait des progrès sur le rendement de la chaîne de traction électrique. C’est de bon augure pour la prochaine génération de la Mirai, attendue pour 2020, et pour les futurs modèles avec une pile à combustible. D’autre part, Toyota estime qu’il sera en mesure de proposer en 2025 la voiture à hydrogène au prix de l’hybride.

Toyota ambitieux sur l’hydrogène

Sur le site Autoactu.com, Masahisa Nagata, le Vice-Président de Toyota en charge de la R&D, des achats et de la production se confie sur les ambitions de la marque dans la pile à combustible. « Dans ce domaine, nous avons, avec la Toyota Mirai, mis sur le marché la voiture à pile à combustible la plus avancée. La technologie progresse et nous travaillons sur la prochaine génération. Nous progressons pas à pas et nous savons que nous devons améliorer tous les systèmes de la voiture. Nous devons fixer des objectifs plus ambitieux pour nos véhicules à pile à combustible. Sans objectif ambitieux, ni l’automobile, ni la technologie ne progressent. Cela évolue petit à petit et nous pouvons envisager une évolution similaire à celle réalisée par les motorisations hybrides depuis vingt ans. Par ailleurs, nous espérons que d’autres constructeurs mettent également sur le marché de tels véhicules. Dans cette phase de démarrage, plus nous aurons de concurrents, mieux ce sera, notamment car cela permet d’entraîner plus rapidement nos fournisseurs », explique-t-il.

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Le Mercedes GLC FC présenté aussi à Tokyo

Après le salon de Francfort, le SUV à hydrogène de la marque à l’étoile fait le voyage au Japon. Ce pays constitue un débouché intéressant pour ce modèle, donné pour 500 km d’autonomie avec sa combinaison originale d’une pile à combustible et d’une batterie rechargeable. « Nous n’avons pas de doute qu’il y a un futur pour l’hydrogène, là où une infrastructure de remplissage existe, comme ici au Japon », a déclaré Britta Seeger, membre du directoire

du groupe Daimler, et en charge du marketing chez Mercedes-Benz. Elle a ajouté que « cette technologie présente de grandes opportunités pour les bus et les gros véhicules commerciaux ».

Great Wall va lancer sa voiture à hydrogène

Le constructeur chinois a décidé d’investir 8 milliards de dollars sur les technologies vertes dans les 10 ans à venir. Cette somme servira à financer la production de modèles hybrides rechargeables, électrique à batterie mais aussi avec pile à combustible. Great Wall envisage de lancer son première modèle à hydrogène en 2022. Le constructeur estime que ces véhicules ont un fort potentiel de développement, grâce à une autonomie comparable à celle de modèle thermique. Par ailleurs, les stations à hydrogène sont plus proches des stations existantes que ne le sont les bornes de recharge pour véhicules électriques.

Des millions de km parcourus en voiture à hydrogène

Hyundai annonce fièrement avoir couvert plus de 3 millions de miles (4,6 millions de km) aux Etats-Unis, avec sa flotte d’ix35 FC qui sont au nombre de 150 en Californie. C’est un chiffre symbolique, mais d’autres acteurs ont fait mieux. Toujours aux Etats-Unis, la flotte de prototypes de General Motors dans le cadre du projet Driveway totalisait déjà 5 millions de km en 2014. Le record est toutefois détenu par Mercedes, qui annonçait dès 2016 avoir couvert 12 millions de km avec l’ensemble de ses véhicules à hydrogène (8 millions en voiture, 4 millions en bus). Et Toyota ? Le constructeur japonais rappelle que le développement de la Mirai capitalise sur 22 ans de recherche et des millions de km menés en test, dans des conditions très rigoureuses.

Un taxi à hydrogène à Aberdeen

Pionnière dans le domaine de l’hydrogène en Ecosse, la ville d’Aberdeen dispose désormais d’un taxi propulsé par une pile à combustible. Il s’agit d’un Hyundai ix35 FC qui va être testé pendant un an au sein de la compagnie de taxis locale. Rappelons que la troisième ville d’Ecosse, qui est par ailleurs la capitale européenne du pétrole off-shore, a une politique très volontariste sur l’hydrogène. Elle dispose à ce jour d’une flotte de dix bus à pile à combustible, de plusieurs vans à hydrogène (des Ford Transit) et d’une station de remplissage.

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Une première station à hydrogène à Dubaï

C'est tout un symbole : Air Liquide a inauguré la première station à hydrogène installée à Dubaï, dans les Emirats Arabes Unis. Cette station a été ouverte en partenariat avec Al-Futtaim Motors le distributeur exécutif de Toyota dans le pays. La station a été conçue et installée par Air Liquide pour soutenir le déploiement des voitures électriques à hydrogène dans les Emirats, notamment des Toyota Mirai. La station comprend des technologies de pointe adaptées aux conditions climatiques spécifiques de la région. Cette initiative s'inscrit pleinement dans le cadre de la Vision 2021 des Emirats Arabes Unis visant à réduire les émissions de CO2 et à promouvoir une mobilité plus propre et durable dans les Emirats.

Des Doutes sur l’application de la loi Zéro Emission au Québec

Suite au remaniement du gouvernement, le 11 octobre dernier, mais aussi parce que 2018 est une année d’élections au Québec, certains observateurs s’interrogent sur l’application de la loi Zéro Emission (dite loi 104) qui devait en principe entrer en vigueur l’année prochaine. Celle-ci impose des seuils croissants de ventes de véhicules sans émission pour 2018 (3,5 %), 2020 (6,9 %) puis 2025 (15,5 %). Le calendrier n’est pas tenable pour les constructeurs automobiles, qui font valoir l’insuffisance de l’infrastructure de charge. « C'est écrit dans le ciel que l'industrie s'en va vers l'électricité et l'hydrogène », explique David Adams, directeur général des Constructeurs mondiaux d'automobiles du Canada. « Nous sommes d'accord avec l'esprit de la loi. Son échéancier et les mécanismes proposés pour accélérer ce virage sont ce qui pose problème à l'industrie », ajoute-t-il. Ce n’est en tout cas pas l’avis de Toyota, qui a fait beaucoup de lobbying dans la belle province. « Le Québec pourrait être à l’hydrogène ce que l’Alberta a été au pétrole », martèle Stephen Beatty, vice-président et secrétaire général chez Toyota Canada. « Avec ses grandes ressources d’eau, sa production quasi totale d’énergie via l’hydroélectricité et sa proximité géographique avec le Nord-Est des États-Unis, le Québec pourrait, devenir un grand producteur et exportateur d’hydrogène », selon le représentant de la marque japonaise.

12 grandes villes du monde en faveur du « zéro émission »

A l’occasion d’une réunion à Paris du C40, une organisation qui vise à lutter contre le dérèglement climatique, les maires de 12 villes ont annoncé leur intention d’abandonner progressivement les véhicules à moteur thermique à l’horizon 2030. En dehors d’Anne Hidalgo pour la capitale, il s’agit de ses homologues à Auckland, Barcelone, le Cap, Copenhague, Londres, Los Angeles, Mexico, Milan, Quito, Seattle et Vancouver. Ces 12 villes

représentent près de 30 millions d’habitants (sur les 650 millions de l’ensemble du C40). D’autres villes envisagent d’ores et déjà de rejoindre cette démarche et Tokyo soutient l’initiative (même si elle ne fait pas partie des signataires), fait savoir la Ville de Paris dans un communiqué. Sur l’exemple de Paris, qui souhaite l’interdiction du Diesel en 2024 et celle de

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l’essence en 2030, onze autres villes s’engagent donc à ce qu’une part importante de leurs territoires devienne une « zone à zéro émission d’ici 2030 ». Pour atteindre cet objectif, les signataires prévoient de « réduire le nombre de véhicules » en circulation dans les rues « en commençant par les plus polluants ». La ville de Londres, qui est à l’origine de la création du C40, est sans doute la plus volontariste dans ce domaine, puisqu’elle vient de mettre en place une taxe (la T-Charge : pour Toxicity charge) pour dissuader de circuler en véhicule polluant, qui vient s’ajouter au péage urbain (Congestion charge). Les 12 villes montreront la voie « en acquérant uniquement des véhicules à zéro émission pour les flottes municipales » et en développant les alternatives pour les citoyens et les entreprises, notamment « le transport public et partagé », « le cyclisme » et « la marche ». Elles prévoient par ailleurs de « collaborer avec les fournisseurs, les opérateurs de parc automobile et les entreprises pour accélérer le passage aux véhicules à zéro émission ». « Tous les constructeurs automobiles se tournent, bon gré mal gré, vers l'électrique ou vers l'hydrogène », avait dit Anne Hidalgo, en annonçant son plan pour Paris. Et d’ajouter : « Aux Etats-Unis, au Japon, ou encore en Chine, de nombreuses solutions existent et la concurrence permettra certainement des coûts moins élevés dans les années à venir ».

GM développe une plateforme pour l’hydrogène

Lors de la présentation de son plan d'électrification, début octobre, on a surtout retenu que le géant américain allait sortir 20 modèles de véhicules électriques d’ici 2023. Mais, le groupe de Detroit a pourtant précisé que, selon les besoins des clients, l'électrique à batterie ne serait pas la seule option. GM a d’ailleurs dévoile au passage la plateforme SURUS (Silent Utility Rover Universal Superstructure), qui s'adresse aux véhicules spéciaux. Equipée de quatre roues directrices et de deux moteurs électriques, elle dispose à la fois de batteries lithium-ion et d'une pile à combustible. L'autonomie revendiquée est supérieure à 400 miles (640 km). Comme la plateforme intègre au passage des fonctions de conduite autonome, elle fera ses débuts dans l'armée américaine. Celle-ci a déjà évalué les performances en condition de combat d'un véhicule expérimental de General Motors, un pick-up Chevrolet Colorado dit ZH2 qui fera encore l’objet de tests en 2018. L'hydrogène est une solution adaptée aux besoins des militaires, car cette solution est silencieuse et autorise un plus long rayon d'action que l'électrique à batterie.

Tests concluants pour le camion à hydrogène de Toyota

Après 4 000 miles (6 400 km) de développement sans incident, le constructeur japonais a décidé de mettre en service son camion à hydrogène en Californie, dans le cadre du « Project Protal ». Depuis le 23 octobre, ce poids-lourd est utilisé pour transporter des marchandises entre le port de Los Angeles et les terminaux de Long Beach. Il devrait parcourir chaque jour 200 miles (320 km), une distance calée sur son autonomie. Elaboré par Toyota aux Etats-Unis,

ce camion à hydrogène embarque deux piles à combustible de Mirai et une batterie de 12 kWh. Il développe plus de 670 ch et 1 796 Nm de couple, assez pour mouvoir un poids total roulant autorisé de 36 tonnes. Alors que l’on attend toujours de découvrir le camion électrique de

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Tesla, Toyota permet déjà de montrer l’apport de l’hydrogène pour réduire les émissions en zone portuaire.

Un bus à hydrogène Toyota pour les JO

Dans le cadre du salon de Tokyo, la marque japonaise a présenté le Sora (pour Sky, Ocean, River, Air, Ciel, Océan, Rivière, Air, en référence au cycle de l’eau sur terre) : un bus à hydrogène qui sera commercialisé à partir de 2018. D’une capacité de 79 passagers, dont 22 places assises, ce bus embarque deux piles à combustible provenant de la Mirai et qui sont placées sur son toit afin de dégager l'espace pour un plancher ultra-bas. Toyota prévoit de mettre en service plus de 100 Sora à hydrogène,

principalement dans la zone métropolitaine de Tokyo, en vue des Jeux Olympiques et Paralympiques de Tokyo 2020. Il n’est d’ailleurs pas exclu que le constructeur profite de son statut de transporteur officiel auprès du CIO pour faire la promotion de ses bus à hydrogène pendant les jeux de Paris en 2024. La firme compte bien négocier avec la Mairie de Paris pour faire fonctionner les fameux bus à pile à combustible. Pour sa part, le Japon prévoit de convertir l'ensemble de son parc de 35 000 bus à l’hydrogène entre 2030 et 2050. Et ce, même si la solution coûte aujourd’hui 4 à 5 fois plus cher qu’un bus thermique.

Birmingham va tester le bus à hydrogène

Le conseil municipal a validé la mise en place d’une expérimentation qui permet de faire rouler 20 bus à hydrogène dans les rues de la ville, à partir de mars 2019. Le projet représente un investissement de 13,4 millions de Livres, pris en charge par plusieurs partenaires dont l’OLEV (Office for Low Emission Vehicles) en Grande-Bretagne et le FCH-JU (Fuel Cells and Hydrogen Joint Undertaking) en Europe. Soutenu par le Grand Birmingham, ce

test va permettre d’aménager une station de ravitaillement en hydrogène au Tyseley Energy Park, une zone industrielle qui met l’accent sur les énergies renouvelables. Elle serait ouverte aux bus, mais aussi aux taxis et autres véhicules commerciaux qui souhaiteraient en bénéficier.

La Chine inaugure le premier tramway à hydrogène au monde

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Un tram fonctionnant à l'hydrogène a été mis en service à Tangshan, dans la province du Hebei, en Chine du nord, rapporte une agence de presse. Il a été conçu par la China Railway Rolling Corporation (CRRC), qui a intégré des piles à combustible. La technologie n’affecte pas l’accès à bord, grâce à une nouvelle technologie de plancher bas qui

permet un embarquement facile pour les passagers, sans avoir besoin d'utiliser les quais de l'arrêt de tram. La distance entre le plancher du tram et les rails n'est que de 35 cm. Le tramway peut être rechargé avec de l'hydrogène en 15 minutes et parcourir 40 km avec une vitesse maximale de 70 km/h.

Un ferry à hydrogène en préparation en Ecosse

Dans le cadre de la conférence annuelle d’Interferry, l’association qui regroupe les acteurs de cette industrie, et qui a lieu à Split en Croatie, l’un des responsables de la CMAL (Caledonian Maritime Assets Ltd) a révélé que ce fabricant basé à Glasgow prévoyait de développer un ferry à hydrogène. « Nous y travaillons activement et nous avons simulé son modèle économique à partir d’énergies renouvelables », a déclaré Jim Anderson, qui est le directeur des navires. La CMAL étude ce dossier depuis 2010, en partenariat avec Ferguson Marine. Le défi est de stocker l’hydrogène à bord. Mais, le fabricant pense que c’est possible. Engagé dans la transition écologique, la compagnie écossaise dispose déjà de trois ferries hybrides et pense se tourner à terme vers l’électrique.

Un paquebot à hydrogène en projet en Norvège

Lors d’une conférence en Norvège, devant les autorités maritimes, le responsable des nouveaux projets – le français Serge Fossati – a présenté la vision de Viking Cruises qui souhaite se doter d’un paquebot à hydrogène. Le défi est de taille, car il s’agit de propulser un navire de 230 m de long et pouvant embarquer

jusqu’à 900 passagers et 500 membres d’équipage. Le choix est celui de l’hydrogène liquide, afin de disposer d’une plus grande quantité de carburant sans empiéter trop sur l’espace à bord. Ce serait une première. Le LH2 n’est pas produit en grande quantité en Europe mais, en tant que compagnie norvégienne, Viking Cruises compte se rapprocher de Statoil, la compagnie pétrolière nationale, qui pourrait s’en charger dans une de ses raffineries. Maintenu à une température de – 253 degrés, l’hydrogène liquide serait converti en électricité à bord du paquebot par une pile à combustible. Viking Cruises souhaite collaborer avec des fournisseurs norvégiens et a lancé des appels d’offres. L’armateur souhaite mettre l’accent sur la sécurité. S’il arrive à se concrétiser, le projet pourrait donner naissance à un réseau de distribution d’hydrogène et contribuer ainsi à un transport maritime en mode zéro émission.

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INTERVIEW

Les acteurs français doivent se mobiliser pour participer à l’élaboration des normes

Laurent Antoni, Responsable Programme Hydrogène & Piles à Combustible et en charge des Affaires Européennes au sein du CEA Liten

Tout juste élu Président du comité Piles à combustible de la Commission Electrotechnique Internationale (IEC TC 105) pour un mandat de 6 ans, qu’il a entamé depuis le 1er octobre, cet expert fait le point sur les enjeux en matière de standardisation.

Peut-on parler d’une consécration pour un français qui

occupe un tel poste ?

C’est plutôt la poursuite et la reconnaissance d’une activité, que j’ai commencée il y a déjà 12 ans. Depuis 2005, je participe aux travaux du comité national E29 D sur les technologies de l’hydrogène (ISO TC 197), qui est l’un des deux comités traitant de l’hydrogène pilotés par l’AFNOR.

L’autre est l’UF 105, davantage consacré aux piles à combustible hors véhicules routiers (IEC TC 105), et dont je préside le comité miroir français depuis 5 ans.

Pouvez-vous nous présenter le comité de l’IEC que vous présidez désormais ?

Ce comité prépare des normes internationales sur les technologies de piles à combustible pour des applications diverses comme des installations électriques stationnaires incluant les systèmes combinés (CHP), des systèmes de propulsion hors véhicules routiers, les prolongateurs d’autonomie, les auxiliaires de puissance, les installations électriques portables, les micro-piles à combustible, les systèmes de puissance réversibles et plus généralement les procédés et systèmes à flux électrochimiques. Il est composé de 17 pays membres et de 15 pays observateurs avec 14 groupes de travail et 5 groupes ad-hoc, qui sont en fait des groupes de pré-étude.

Quels sont les enjeux de la standardisation ?

C’est un sujet dont on ne parle pas souvent, alors qu’il a une importance stratégique. A chaque étape du déploiement d’une nouvelle technologie, et nous en sommes à ce stade pour

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l’hydrogène et la pile à combustible, il est nécessaire d’avoir des normes. Cela permet aux acteurs nationaux et internationaux de développer leur compétitivité. C’est aussi un gage de maîtrise de la technologie, qui permet par exemple d’appréhender le risque et la sécurité d’installation et d’usage. La standardisation est aussi très pratique pour les pouvoirs publics qui, en France comme dans le reste de l’Europe, ne disposent pas forcément d’une réglementation spécifique et peuvent ainsi se référer à des textes internationaux. Localement, il existe deux comités de standardisation dans l’hexagone, dont les équivalents en Europe sont le CEN et le CENELEC. Le rôle de l’IEC est de porter les standards électriques au niveau mondial tout comme l’ISO pour les autres standards.

En tant que nouveau Président, quels sont vos objectifs ?

On sent un véritable engouement pour les transports, hors véhicules routiers, que ce soit pour les chariots élévateurs, les trains, les tramways, les engins de chantier, les bateaux, les drones et même les avions. J’ai envie de pousser ces domaines. La demande vient de certains pays comme l’Allemagne pour les trains, ou les pays scandinaves, et en particulier la Norvège, pour les bateaux. La France est aussi active dans ce domaine, comme on peut le voir avec les navettes électriques à hydrogène de Nantes et de La Rochelle ou le catamaran Energy Observer. L’intégration de la pile à combustible en avion est aussi un vrai sujet, comme en témoigne par exemple le projet européen HYCARUS qui implique Air Liquide, le CEA et Dassault Aviation, aux côtés de Zodiac Aerospace. Il en est de même pour les drones, pour lesquels la Chine est demandeuse de standards.

La Chine est-elle active en matière de standardisation ?

Oui. J’ai senti le changement dans le TC 105 il y a 4 ans déjà. Les chinois dépensent actuellement des milliards pour préparer des transports plus propres et l’intégration des énergies renouvelables pour le stockage de l’énergie. Et comme ils souhaitent pouvoir exporter leurs produits, ils s’impliquent de plus en plus dans la standardisation afin de proposer/répondre aux futures normes.

Quel message avez-vous envie de délivrer aux européens et aux français ?

Il faut inciter les acteurs industriels à participer aux travaux. Il ne se produira pas dans le domaine de l’hydrogène ce qui s’est passé dans l’électrique avec le standard autour de la prise, car le sujet a déjà été tranché a niveau de l’ISO. Néanmoins, il faut être présent pour faire valoir ses intérêts et influencer l’adoption des pratiques nationales dans les normes internationales, face aux intérêts souvent divergents d’autres acteurs internationaux qui participent activement aux travaux de normalisation. Autant les français sont très présents dans le comité national E29 D, autant ils sont peu nombreux dans le TC 105 de l’IEC. Ce serait bien qu’ils nous rejoignent. Au sein de notre comité, il y a une dizaine de pays européens*. C’est d’ailleurs en grande partie grâce à eux que j’ai été élu et que j’ai succédé à l’ancien Président qui était un japonais. Si nous arrivons à nous coordonner entre pays européens, ce sera plus facile de faire valoir nos standards, même si le comité fonctionne par consensus.

*Allemagne, Danemark, Espagne, Italie, Finlande, France, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suède, Suisse

Quel est le programme de votre comité ?

Ma première assemblée générale se tient cette semaine à Séoul, dans un pays qui a également un programme ambitieux dans l’hydrogène. Encore une fois, la standardisation permet de qualifier des performances et de faciliter la production et l’installation des systèmes

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basés sur l’hydrogène. Les sujets prioritaires que nous allons développer dans le stationnaire et les transports devront répondre à une attente des industriels du domaine pour faciliter les commercialisations et de leurs clients. D’autre part, nous allons également essayer d’anticiper les futures exigences du marché.

Interview réalisée par Laurent Meillaud

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Les objectifs ambitieux du Plan Climat lancé par Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, confirment la stratégie volontariste de la France pour la transition énergétique. Dans le contexte actuel de mise à jour de la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) et de la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE), l’actualisation du scénario énergie-climat de l’ADEME vient contribuer aux réflexions pour mettre en œuvre ces objectifs. Une synthèse est également disponible en ligne.

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Avec cette étude, le Département de l'Energie des Etats-Unis établit un bilan du marché des piles à combustible et de l'hydrogène, principalement pour l'année 2016. Les activités sont présentées par domaine d'application, avec un focus plus spécifique sur la mobilité. A noter, la mise en valeur de nombreux exemples issus de politiques publiques américaines mais également d'autres pays, ainsi que de stratégies industrielles.

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Les Fiches relatives au "Programme allemand" et aux "Applications spatiales et aéronautiques de l'hydrogène" ont été actualisées. Retrouvez l'intégralité des Fiches dans la rubrique "'Tout savoir sur", dans l'onglet documentation de notre site.

Page 22: L'enjeu d'une mobilité plus propre est désormais mondial et sa … Hy72.pdf · 2020. 2. 24. · La mise en relation a été faite par l»UTBM. L'équipe FCellSYS de l'Université

Hynovations 72, OCTOBRE 2017

Le texte cosigné le 22 septembre dernier par Hydrogen Europe et l’EGVIA (l'initiative européenne en faveur des voitures vertes) est disponible. Il stipule que la pile à combustible et la batterie sont des technologies complémentaires pour arriver à une mobilité zéro émission. Nous y avions fait référence dans le dernier numéro d’Hynovations, sous la forme d’un édito de Valérie Bouillon-Delporte, Directrice Initiative Hydrogène chez Michelin et Vice-Présidente de

l'AFHYPAC . Trois architectures commencent a être déployées sur le marché : le véhicule électrique à batterie, le véhicule hybride rechargeable et le véhicule à pile à combustible. Chacune de ces solutions a ses avantages, sachant qu’aucune ne peut prétendre répondre à tous les cas d’usage. Par exemple, l’hydrogène et l’hybride rechargeable seront plus adaptés pour des véhicules lourds et de longues distances, alors que la batterie pourra répondre à des usages urbains, même si elle peut aussi prétendre à de plus longues distances, pour peu qu’un réseau de bornes de recharge rapide soit déployé. Les clients feront leur choix en fonction du TCO (Total Cost of Ownership), sachant que ces solutions s’appliquent pour les voitures, les bus, les scooters et les vélos. Quoi qu’il en soit, il est important pour les signataires de continuer à investir dans la recherche et le déploiement de l’infrastructure, de façon à ce que les coûts puissent baisser et qu’un cercle vertueux puisse s’enclencher et générer des volumes significatifs. Au-delà de la question des coûts, le texte demande également à ce que la décarbonisation se fasse sur toute la chaîne, avec une production à partir d’énergies renouvelables pour l’électricité et l’hydrogène.

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Lettre d'information mensuelle de l'Association Française pour l'Hydrogène et les Piles à Combustible

Réalisée avec le soutien de l'ADEME

En collaboration avec Laurent Meillaud

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Hynovations 72, OCTOBRE 2017