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L’épaule rhumatoïde : données épidémiologiques

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Page 1: L’épaule rhumatoïde : données épidémiologiques

L’épaule rhumatoïde : données épidémiologiques

Philippe Gaudin*, Laurent Grange, Robert JuvinService de rhumatologie, CHU de Grenoble, BP 217, 38043 Grenoble cedex 9, France

épaule / polyarthrite rhumatoïde / épidémiologie

shoulder / rheumatoid arthritis / epidemiology

L’atteinte de « l’épaule », au cours de la polyarthriterhumatoïde, regroupe diverses entités comme :– les bursites, surtout sous-acromiales ;– les ruptures tendineuses, notamment du long bicepset de la coiffe des rotateurs ;– l’atteinte de l’espace sous-acromial ;– les arthrites des articulations glénohumérales et acro-mioclaviculaires.

L’atteinte de « l’épaule », au sens large, au cours de lapolyarthrite rhumatoïde, est fréquente puisque 65 à100 % des patients présentent des douleurs à ce niveauau cours de l’évolution de leur maladie [1]. Cette atteintesemble d’autant plus fréquente que la PR a débuté à unâge tardif (après 60 ans) et qu’elle est agressive et évo-luée sur le plan articulaire. L’atteinte de « l’épaule » seproduit en général après les atteintes destructrices struc-turales distales.

ATTEINTE ACROMIOCLAVICULAIRE

La prévalence radiologique des érosions, après 15 ansd’évolution de la maladie, est de 60 % sans influence dubras dominant [2]. Un retentissement clinique estretrouvé dans 30 à 40 % des cas seulement. L’atteintede l’articulation acromioclaviculaire est corrélée à cellede l’articulation glénohumérale.

ESPACE SOUS-ACROMIAL

Il existe une corrélation positive entre le pincement del’espace sous-acromial et l’atteinte destructrice de la têtehumérale [2]. Les lésions de la coiffe des rotateurs sevoient sans différence de sex-ratio chez 20 à 40 % despatients avec autant de lésions tendineuses non perfo-rantes que de déchirures de la coiffe. Ces lésions sem-blent également favorisées par l’âge avancé des sujets etl’état antérieur de la coiffe des rotateurs. Environ 30 %de luxations ascendantes radiologiques sont notées aucours de l’évolution. Les ruptures du long biceps sontrares et estimées à 5 % environ des cas.

LÉSIONS DE BURSITES

Les lésions de bursites, surtout sous-acromiales, entraî-nent une symptomatologie souvent non spécifique etpaucisymptomatique (retentissement sur la douleur,sur la mobilité). Ces atteintes sont rares.

ARTICULATION GLÉNOHUMÉRALE

L’articulation glénohumérale [3] a été la plus étudiée.Après cinq ans d’évolution, la prévalence des lésionsradiologiques à ce niveau est une atteinte bilatérale dans45 % des cas, une atteinte unilatérale dans 27 % descas, les radiographies étant normales dans 28 % des cas.Il faut noter qu’environ 10 % des épaules resterontradiologiquement normales au cours de l’évolution dela maladie. Après 15 ans d’évolution, plus de 50 %présentent des lésions destructrices radiologiques, 25 %sont sévères [3-5], 80 % sont bilatérales [4].

*Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (P. Gaudin).

Rev Rhum [Ed Fr] 2002 ; 69 Suppl.3 : 106-7© 2002 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés

S116983300200412X/FLA

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Les éléments prédictifs de l’atteinte glénohuméralesont [5,6] :– la présence de facteurs rhumatoïdes ;– l’évolutivité destructrice radiologique périphériqueet distale ;– le nombre de prothèses posées au niveau des mem-bres inférieurs ;– l’ancienneté de la PR ;– le nombre de synoviorthèses effectuées aux membresinférieurs et aux membres supérieurs ;– le groupage HLA DR B1 04 05 pour une équipejaponaise [7].

En tout état de cause, les auteurs s’accordent pourdire que les érosions surviennent d’abord au niveau del’articulation glénohumérale, puis le pincement s’ins-talle. Ce pincement glénohuméral, avec un interligneinférieur ou égal à 2 mm sur un cliché de face enrotation neutre, est un tournant évolutif dans l’atteintede cette articulation [8].

REFERENCES

1 Harris ED. Clinical features of rheumatoid arthritis. Textbookof rheumatology. Philadelphie : Saunders ; 1997. p. 898-932.

2 Lehtinien JT, Kaarela K, Belt EA, Kautiainen HJ, Kauppi MJ,Lehto MU, J Rheumatol 1999 ; 26 (6) : 1239-41.

3 Lehtinien JT, Kaarela K, Belt EA, Kautiainen HJ, Kauppi MJ,Lehto MU. Incidence of glenohumeral joint involvement inseropositive rheumatoid arthritis. A 15 years endpoint study. JRheumatol 2000 ; 27 (2) : 347-50.

4 Lehtinien JT, Lehto MU, Kaarela K, Kautiainen HJ, Belt EA,Kauppi MJ. Radiographic joint space in rheumatoid glenohu-meral joints. A 15 years prospective follow-up study in 74patients. Rheumatology (Oxford) 2000 ; 39 (3) : 288-92.

5 Mac Gregor AJ, Silman AJ. Rheumatoid arthritis, classificationand epidemiology. Rheumatology. London : Mosby ; 1999.

6 Walch G, Noël E, Guier C, Frehel M, Bouvier M, Dejour H, etal. Rheumatoid arthritis of the shoulder: study of the clinicaland radiological evolution of 250 patients. In : Post M,Morey B, Hawkins R, Eds. Surgery of the shoulder. Chicago :Mosby ; 1990. p. 267-9.

7 Wakitani S, Imoto K, Murata N, Oonishi H, Ochi T,Yoneda M. An association between the natural course of shoul-der joint destruction in rheumatoid arthritis and HLA DR B10405 in japenese patients. Scand J Rheumatol 1998 ; 27 :146-8.

8 Weill S, Noël E, Adeleine P, Bouvier M. L’épaule rhumatoïde.À propos de 475 épaules. Journée Lyonnaise de l’épaule, 1993.

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