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NOUVELLEs ROUMANIE SOMMAIRE A la Une Elections européennes Vadim Tudor Simona Halep Actualité Vie internationale Moldavie, Bulgarie Politique Economie, Social Actualité en images Société Evénements Faits divers Vie quotidienne Santé Environnement Enseignement, Religion Sports Insolite, Page photos Connaissance et découverte Dossier Roumanie-Russie Histoire Culture Tourisme Humour Abonnement Coup de coeur Numéro 84 - juillet - août 2014 Lettre d’information bimestrielle Les de L a Roumanie doit faire face sur deux fronts. L'un, intérieur, l'autre à ses frontières. Le premier, la lutte contre la corruption, réserve bien des sur- prises depuis la mise derrière les barreaux de l'ancien Premier ministre Adrian Nastase. On se frotte les yeux chaque matin en ouvrant les journaux roumains. On y annonce l'interpellation, la mise en examen, l'inculpation ou l'incarcération d'un ministre, de députés, de préfets, de présidents de conseils régionaux, de maires, de juges, de hauts fonctionnaires, de dirigeants de sociétés publiques… A la manœuvre, la Direction Nationale Anticorruption (DNA) et l'Agence Nationale d'Intégrité (ANI). Leurs chiffres parlent d'eux-mêmes : 298 condamnations en 2011, 743 en 2012, plus d'un millier en 2013. Et le rythme des arrestations s'accélère. Dernière "victime" : le frère même du Président, Mircea Basescu, mis en détention provisoire. Perplexes, les Roumains s'interrogent, habitués aux désillusions… D'autant plus qu'avec leurs armées d'avocats, la complicité de juges "marrons" qui sévissent enco- re, des "gros poissons" réussissent toujours à passer entre les mailles du filet. Et les plus avertis des citoyens redoutent surtout que les résultats de cette opération "Mains propres" soient remis en cause par l'élection en tant que président de l'actuel Premier ministre Victor Ponta, issu et représentant de la nomenklatura corrompue, qui s'effor- ce déjà de mettre des bâtons dans les roues des enquêteurs. Mais une jeune généra- tion de procureurs veut reprendre en main les choses, s'attendant toutefois à une dure bataille pour le changement des mentalités, plus difficile à obtenir que celui des lois. Joe Biden, le vice-président américain, qui s'est rendu en Roumanie, le 20 mai, pour une visite de deux jours, alors que les officiels américains ont coutume de faire des sauts de puce, ne s'y trompe pas : "La corruption est un cancer qui détruit la foi des citoyens dans la démocratie, diminue l'envie d'innover et de créer, et anéantit le talent d'une génération entière" s'est-il exclamé, encourageant la Roumanie, long- temps considérée comme le mouton noir de l'Europe en ce domaine, à s'y faire le champion de la lutte anticorruption. Et de lancer cet avertissement : "La corruption n'est plus une affaire interne que chaque Etat est censé résoudre, mais un outil dans la guerre froide qui s'annonce avec la Russie. Elle est devenue un instrument de politique étrangère. Quand les hommes politiques peuvent être achetés, quand la justice peut être manipulée et quand les médias deviennent un moyen de propagande, c'est alors qu'une nation peut être manipulée de l'extérieur. C'est ainsi que les nations perdent le contrôle de leur destin. Nous avons vu tout cela en Ukraine". Une mise en garde qui prend tout son sens, quand Moscou, après la Crimée, lorgne de plus en plus vers des bouches du Delta qu'elle aimerait se réapproprier. Henri Gillet Lignes de front 2 à 5 6 et 7 8 et 9 10 et 11 12 à 19 20 à 23 24 25 26 et 27 28 et 29 30 et 31 32 et 33 34 à 36 37 38 et 39 40 et 41 42 à 51 52 à 54 55 56 et 57 58 59 60

Les OUVELLEs · 2015. 6. 21. · Les NOUVELLES de ROUMANIE 222 A la Une Les NOUVELLES de ROUMANIE A la Une 223 piétine, l'opposition condamnée à s'unir Le tribunal du judet d'Ilfov

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ROUMANIESOMMAIRE

A la Une

Elections européennes

Vadim Tudor

Simona Halep

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Vie internationale

Moldavie, Bulgarie

Politique

Economie, Social

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Vie quotidienne

Santé

Environnement

Enseignement, Religion

Sports

Insolite, Page photos

Connaissance

et découverte

Dossier Roumanie-Russie

Histoire

Culture

Tourisme

Humour

Abonnement

Coup de coeur

Numéro 84 - juillet - août 2014

Lettre d’information bimestrielle

Les

de

La Roumanie doit faire face sur deux fronts. L'un, intérieur, l'autre à sesfrontières. Le premier, la lutte contre la corruption, réserve bien des sur-prises depuis la mise derrière les barreaux de l'ancien Premier ministre

Adrian Nastase. On se frotte les yeux chaque matin en ouvrant les journaux roumains.On y annonce l'interpellation, la mise en examen, l'inculpation ou l'incarcération d'unministre, de députés, de préfets, de présidents de conseils régionaux, de maires, dejuges, de hauts fonctionnaires, de dirigeants de sociétés publiques… A la manœuvre,la Direction Nationale Anticorruption (DNA) et l'Agence Nationale d'Intégrité (ANI).Leurs chiffres parlent d'eux-mêmes : 298 condamnations en 2011, 743 en 2012, plusd'un millier en 2013. Et le rythme des arrestations s'accélère. Dernière "victime" : lefrère même du Président, Mircea Basescu, mis en détention provisoire.

Perplexes, les Roumains s'interrogent, habitués aux désillusions… D'autant plusqu'avec leurs armées d'avocats, la complicité de juges "marrons" qui sévissent enco-re, des "gros poissons" réussissent toujours à passer entre les mailles du filet. Et lesplus avertis des citoyens redoutent surtout que les résultats de cette opération "Mains

propres" soient remis en cause par l'élection en tant que président de l'actuel Premierministre Victor Ponta, issu et représentant de la nomenklatura corrompue, qui s'effor-ce déjà de mettre des bâtons dans les roues des enquêteurs. Mais une jeune généra-tion de procureurs veut reprendre en main les choses, s'attendant toutefois à une durebataille pour le changement des mentalités, plus difficile à obtenir que celui des lois.

Joe Biden, le vice-président américain, qui s'est rendu en Roumanie, le 20 mai,pour une visite de deux jours, alors que les officiels américains ont coutume de fairedes sauts de puce, ne s'y trompe pas : "La corruption est un cancer qui détruit la foi

des citoyens dans la démocratie, diminue l'envie d'innover et de créer, et anéantit le

talent d'une génération entière" s'est-il exclamé, encourageant la Roumanie, long-temps considérée comme le mouton noir de l'Europe en ce domaine, à s'y faire lechampion de la lutte anticorruption.

Et de lancer cet avertissement : "La corruption n'est plus une affaire interne que

chaque Etat est censé résoudre, mais un outil dans la guerre froide qui s'annonce

avec la Russie. Elle est devenue un instrument de politique étrangère. Quand les

hommes politiques peuvent être achetés, quand la justice peut être manipulée et

quand les médias deviennent un moyen de propagande, c'est alors qu'une nation peut

être manipulée de l'extérieur. C'est ainsi que les nations perdent le contrôle de leur

destin. Nous avons vu tout cela en Ukraine". Une mise en garde qui prend tout sonsens, quand Moscou, après la Crimée, lorgne de plus en plus vers des bouches duDelta qu'elle aimerait se réapproprier. Henri Gillet

Lignes de front2 à 5

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Les NOUVELLES de ROUMANIE

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A la Une Les NOUVELLES de ROUMANIE A la Une

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piétine, l'opposition condamnée à s'unir

Le tribunal du judet d'Ilfov(Bucarest) a décidé la libéra-tion conditionnelle du général

d'armée Victor Atanasie Stanculescu, 88ans, pour cause de maladie. Il avait étécondamné à 15 ans de prison en 2008. Ledétenu ayant effectué un tiers de sa peinepouvait bénéficier des dispositions appli-quées aux prisonniers de longue durée deplus de 60 ans. La décision est définitive.

Stanculescu avait étécondamné ainsi que son collègue,le général Chitac, qui avait écopéde la même peine, pour les crimesqu'ils avaient commis pendant lesévènements de Timisoara, endécembre 1989, ordonnant l'ou-verture du feu sur les manifes-tants, faisant plus de 100 morts.Les deux militaires avaient étéégalement dégradés. Chitac estdécédé depuis.

Membre de la nomenklaturaentourant Ceausescu, envoyé à Timisoaraen tant que vice-ministre de la Défense,pour réprimer la révolte, Stanculescu,prenant peur, s'était mis aux "abonnés

absents", lorsque la "Révolution" tournamal pour le régime… s'exhibant avec unfaux plâtre autour de la jambe qu'il s'étaitfait confectionné par un médecin ami del'hôpital de Timisoara, et prétextant unaccident pour ne plus assumer ses respon-

sabilités. Son "courage" l'avait distinguéaux yeux d'Iliescu qui en avait fait sonministre de la Défense pendant deux ans,le remerciant ainsi d'avoir aussi organiséla mise en scène du procès et de l'élimina-tion du couple Ceausescu.

Son véritable rôle ayant été mis àjour… Stanculescu a été finalement tra-duit en justice, malgré de nombreuxrecours. Incarcéré, il prétextera d'unedizaine de maladies, certificats médicauxà l'appui, pour échapper à sa peine, obte-nant même une libération provisoire pourse faire soigner. Mais il sera rattrapé, destémoins l'ayant reconnu alors qu'il suivaitson traitement… devant des machines àsous du casino de Constantsa. Retrouvantsa cellule, sa demande de grâce adresséeau Président Basescu sera refusée.

En 2003, le général Stanculescu avaitconnu un drame familial: sa femme s'étaitsuicidée en se jetant par la fenêtre de leurappartement.

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La coalition de "centre gauche" au pouvoir est sortie logiquement gagnante

des élections européennes du dimanche 25 mai, remportant la moitié des 32 sièges

en jeu, mais elle piétine en-dessous du seuil des 40 % qu'elle s'était fixé comme

objectif. L'opposition est condamnée à s'unir si elle veut avoir une chance lors de

la présidentielle de novembre. C'est plutôt le taux de participation qui a surpris :

32,24% contre 27,1% il y a cinq ans, ce qui reste cependant loin de la moyenne

européenne de 42%.

En atteignant un score de 37,25%, la coalition du Premier ministre VictorPonta a remporté, comme annoncé, le scrutin des élections européennes.Sur les 32 mandats de la Roumanie au Parlement européen (PE), l'alliance

du Parti social-démocrate (PSD, ex Iliescu-Nastase), de l'Union nationale pour le pro-grès de la Roumanie (UNPR) et du Parti conservateur (PC, magnat de la presse DanVoiculescu), obtient la moitié des sièges, soit 16 élus. Ce résultat est toutefois moinsbon que prévu et sensiblement en-dessous des 40 % promis, qui devaient garantir auPSD de sortir victorieux de la présidentielle de novembre prochain.

Crin Antonescu s'efface devant le maire de Sibiu

Du côté de l'opposition de droite, le Parti national libéral (PNL) a obtenu à peine15 % des votes, soit 6 représentants au PE, bien loin des 20% que le parti se proposaitd'atteindre. Pour Crin Antonescu, son dirigeant, ancien président de la République inté-rimaire lors des mises à l'écart de Traian Basescu qu'il avait échoué à faire destituer

pour prendre sa place et qui rêvait de reve-nir occuper son fauteuil à la fin de l'année,mais cette fois-ci à temps plein, la piluleest amère. L'ambitieux politicien en ad'ailleurs tiré la leçon, annonçant sadémission comme il l'avait promis en casd'échec, un congrès extraordinaire du partiétant convoqué pour cette fin juin. Ildevrait être remplacé par Klaus Iohannis,le maire de Sibiu, d'origine allemande,apprécié pour le sérieux de sa gestion -une qualité rare en Roumanie - et devenul'étoile montante de la scène politique rou-maine.

Allié auparavant avec le Premierministre Victor Ponta, pour abattre Traian Basescu, Crin Antonescu avait compris, audébut de l'année, que celui-ci n'avait aucune-ment l'intention de respecter son engagementet lui permettre de devenir Président, seréservant la fonction pour lui-même, desti-nant l'essentiel des rouages de l'Etat à sonparti le PSD, en position dominante. CrinAntonescu avait alors quitté avec fracas l'al-liance gouvernementale, passant avec armeset bagages (les trois quarts du PNL) dansl'opposition, se déclarant prêt à tenter sachance seul. Son pari est raté et la mauvaiseimage qu'il a dans l'opinion ne lui laissaitplus que l'option de s'effacer devant KlausIohannis, un candidat plus populaire, pouréviter d'être définitivement marginalisé.

L'alliance USD (Ponta) est arrivéeen tête dans 23 judets (est, sud, etSatu Mare) et celle de l'opposition decentre droit dans 18 judets(Transylvanie et dans deux judetsfiefs du PSD, Prahova (Ploiesti) etConstantsa). Dans 11 judets la diffé-rence est faible, de 0,1 % à moins de4 % (Botosani, Buzau, Caras Severin,Hunedoara, Iasi, Neamt, Suceava,Vâlcea, avantage USD, Bistritsa,Constantsa, Maramures, avantageopposition du centre-droit)

Les résultats:· Abstention : 57,7 %· Alliance gouverne-

mentale USD* (PSD-PC-UNPR) - 37,60%, 16 élus

· Opposition Droite**(PNL, 15 %, 6 élus, PDL,12,23 %, 5élus, PMP,6,21 %, 2 élus divers,2,6 %) - 36,04%, 13 élus

· Indépendants :Mircea Diaconu -6,81%, 1 élu

· UDMR (Union Démocratique desMagyars de Roumanie) - 6,3%, 2 élus

· PP-DD (Parti Populaire DanDiaconescu) - 3,67%, 0 élu

· PRM (Parti Grande Roumanie) -2,7%, 0 élu

*Union Sociale Démocrate (Parti

Social Démocrate -Victor Ponta,

Parti Conservateur -Dan Voiculescu,

Union nationale pour le progrès de

la Roumanie)

** Parti National Libéral (Crin

Antonescu), Parti Démocrate Libéral

(Pro-Basescu dissident), Parti du

Mouvement Populaire (Pro-Basescu

conforme).

23 judets pour la majorité18 pour l'opposition

Le PSD de Victor Ponta

l

Européennes

42 % des électeurs se sont déplacés pour aller voter, soit unpeu plus que lors des précédentes élections européennes.

La droite centriste pourrait s'unir

Divisé entre démocrates libéraux (PDL) - anciens parti-sans de Traian Basescu poussés en sous-main par l'inamoviblefaiseur de roi Vasile Blaga qui se réjouit de le voir laisser saplace - et les fidèles du Président - regroupés dans le Parti pourle mouvement populaire (PMP), créationrécente autour de son "amie très proche"

la blonde Elena Udrea - le centre-droit,n'a pas de quoi pavoiser. Il obtient seule-ment quatre sièges avec 12,26% des voix.Mais, toutefois, le "clan présidentiel"

semble avoir enrayé une descente auxenfers à la "François Hollande".

Cependant, l'espoir de ne pas êtrebalayé lors de la prochaine présidentiellesemble être revenu au sein de cette droitecentriste et libérale, pour peu qu'elleréussisse à s'unir comme elle l'avait faitlors des scrutins précédents de 2004 et 2009. Les négociationspour former une alliance ont débuté dès le lendemain des euro-péennes. Certains poussent même à une fusion entre ses diffé-rentes composantes, d'autres préconisent de n'y procéderqu'entre les deux tours. Il reste toutefois à s'accorder sur lenom d'un candidat commun. Chacun avance ses pions: KlausIohannis pour le PNL, sans-doute l'éphémère ancien Premierministre Mihai-Razvan Ungureanu (début 2012) qui jouitd'une bonne image, pour le PDL et les fidèles de Basescu.

Une fois de plus, les Magyars

de l'UDMR au centre du jeu

Reste aux deux camps à séduire les électeurs des forma-tions "anti-système", éparpillés entre sept autres formationspolitiques, dont celle du parti ultra-nationaliste de la grande

Roumanie (PRM) de Vadim Tudor,lequel a perdu son siège au Parlementeuropéen. Leurs voix peuvent aller aussibien à l'un qu'à l'autre.

Si le candidat indépendant MirceaDiaconu, ancien acteur, également séna-teur libéral, qui a créé la surprise enétant élu avec 6,95% des suffrages (leseul sur les huit indépendants à avoirpassé le seuil électoral) a fait un pied denez aux institutions qui voulaient l'em-pêcher de se présenter pour cause d'inéli-gibilité, il est difficile d'imaginer qu'il

puisse peser sur le futur scrutin. Ce serait un peu comme si Astérix demandait à sa tribu de

Gaulois chamailleurs de se prononcer pour les Romains ou lesVikings.

Une fois de plus, les Magyars de l'UDMR, qui ont réaliséleur score habituel de 6-7 %, seront les plus courtisés et enposition de faire la différence. Une fois de plus, leurs représen-tants iront du côté du manche, attendant le dernier momentpour négocier au mieux leurs intérêts personnels et avantages.

lGIURGIU

Bourreau de Timisoara, le général Stanculescu libéré

Les partis au pied du mur avant la présidentielle de novembre

Des affiches annonçant aussi la candidature du Premier ministre Ponta à la présidentielle.

A Timisoara, en décembre 1989, le généralStanculescu avait ordonné l'ouverture du feu

sur les manifestants, faisant plus de 100 morts.

Klaus Iohannis,le maire de Sibiu, favori de l’opposition au PSD...

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Les cinq principaux instituts desondage roumains se sont encoredistingués en se trompant dans leurestimations de sorties d'urnes, à lafermeture de bureaux de vote. Ils ontannoncé la victoire du PSD de VictorPonta avec entre 42-43 % des suf-frages, alors qu'il n'a obtenu finale-ment que 37,6 %. De même, le can-didat indépendant a été donné à 4 %alors qu'il en a fait presque le double(7 %). Ces instituts sont coutumiersd'une surestimation des scores duPSD. Ainsi, lors des présidentiellesde 2004 les Roumains s'étaient cou-chés le dimanche soir avec un prési-dent nommé Adrian Nastase… pourse réveiller le lendemain en appre-nant qu'il s'appelait en fait TraianBasescu. Re-belote en 2009…

Mircea Geoana avait été claironnéélu, alors que finalement TraianBasescu était reconduit dans sesfonctions. Depuis, la presse semoque de ces sondeurs, présentéscomme victimes du syndrome"Mihaela, dragosta mea"… Sur la foide leurs chiffres le donnant vain-queur au soir des dernières prési-dentielles, Mircea Geoana, dans ungrand élan de tendresse, télévisé endirect, s'était tourné vers sa femmeavec un immense sourire béat, luidéclarant "Mihalea, mon amour… je

suis le président".

Le syndrome Geoana

Les NOUVELLES de ROUMANIE A la Une

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Les 32 parlementairesEuropéennes

Alliance PSD-PC-UNPR (16 élus)

roumains à Strasbourg

PNL (6 élus)l

VASLUI

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CALARASI

Corina Cretu - Vice-présidente du PSD,euro-parlementaire

depuis 2005, ancienneporte-parole de Ion

Iliescu, sénatricedepuis 2004.

Ecaterina Andronescu- Vice-présidente du

PSD, ancienne ministre de l'Education

nationale, députéedepuis 1996, sénatrice

depuis 2008.

Catalin Ivan - europarlementaire

depuis 2009, porte-parole du PSD,

proche de VictorPonta.

Dan Nica - DéputéPSD (5ème mandat),ancien ministre de lacommunication et de

l'intérieur. Impliquédans plusieurs

affaires pénales.

Maria Grapini -Ancienne ministre destechnologies, tourisme

et milieu d'affaires du gouvernement

Ponta II. Députée USLde Timisoara.

Damian Draghici -Sénateur UNPR,

conseiller pour lesquestions des Roms

auprès de VictorPonta. Artiste d'ethnie

rom, il est le seulmusicien roumain à

avoir reçu un prixGrammy.

Daciana Sârbu -Epouse du Premier

ministre Victor Ponta,euro-parlementaire

PSD depuis 2005(observatrice pendant

2 ans). Anciennesecrétaire d'Etat à la

Jeunesse.

Ioan Mircea Pascu -Deuxième mandat

d'euro-parlementaire,ancien député PSD,ancien conseiller de

Ion Iliescu, anciensecrétaire d'Etat puis

ministre de la Défensedans le gouvernementNastase (2000-2004).

Viorica Dancila -Premier mandat

d'euro-parlementaire,ancienne présidente

de l'organisation féminine du PSD.

Sorin Moisa - Chef ducabinet du

commissaire européenà l'Agriculture Dacian

Ciolos.

Victor Bostinaru -2ème mandat d'euro-

parlementaire. DéputéPD de 1990 à 2000,

passé au PSD en2001. Secrétaire

d'Etat aux Affairesétrangères en 2004.

Ciprian Tanasescu -Deuxième mandat

d'euro-parlementaire,médecin, fils de

l'ancien sénateurPRM (Vadim Tudor,extrême-droite) DanClaudiu Tanasescu.

Doru Frunzulica -Ancien député PSD

secrétaire d'Etat chargédes investissements

étrangers.

Laurentiu Rebega -Président du Parti

conservateur dePrahova (Voiculescu)

et vice-président duconseil de son judet.

Claudia Tapardel -Vice présidente du

PSD.

Cristea Andi Lucian -Conseiller

parlementaire.

Norica Nicolai - Ancienneprocureur et sénatrice,euro-parlementaire depuis2009 (2ème mandat).Secrétaire d'Etat au Travailet à la solidarité nationale

Adina Ioana Valean -Femme du leader duPNL, Crin Antonescu.Prof de maths, anciennedéputé PNL puis euro-parlementaire en 2004.

Ramona Manescu - femmed’un maire de Bucarest,proche de Crin Antonescu.Ancienne ministre destransports, euro-parlementaire depuis 2007.

Iuliu Winkler - Secondmandat d'euro-parlemen-

taire. Député jusqu'en2004. Ancien ministre délé-

gué pour le Commerce,les Communications.

Cristian Busoi - Ancienmédecin et notaire, directeur de la Caissenationale d'assurancemaladie, député de 2004à 2007 et depuis 2009euro-parlementaire .

Renate Weber - Juriste,ancienne présidente de laFondation Soros pour laRoumanie et pour unesociété ouverte.Conseillère de TraianBasescu (2004-2005).

Eduard Hellvig -Secrétaire général duPNL, député (2004 -2008), puis euro-parlementaire. Ministre du Développement régional et du tourisme dugvt Ponta, démissionnépour incompatibilité.

Csaba Sogor- Pasteurréformé proche de LaszloTokes, sénateur du judetHarghita jusqu'en 2008,puis euro-parlementaire

depuis. Militant actif pourl'autonomie des judets

Theodor Stolojan - Euro-parlementaire. Premierministre de Ion Iliescu pen-dant un an (1991-1992).Président du PNL en 2002,Renonce à être candidat àla présidentielle de 2003.

Monica Macovei - Euro-parlementaire, ancienne procureur. Ministre de laJustice de Traian Basescu(2004-2007). Figure deproue de la lutte anti-corruption.

Traian Ungureanu -Publiciste, ancien journa-liste à la BBC roumaine.Euro-parlementaire depuis2007.

Marian Jean Marinescu -Euro-parlementaire

depuis 2007 (vice-pdt duGroupe PPE-DE au

parlement européen).

Cristian Preda - Prof. univ.,euro-parlementaire PDLdepuis 2009. Proche deMonica Macovei, ancienconseiller des présidents

Constantinescu et Basescu.

Siegfried Muresan - 33 ans, technocrate au

Parlement européen,conseiller du PPE et

auprès du Bundestagallemand.

Mircea Diaconu. Comédien, ancienministre de la Culture, ancien sénateur PNL, exclu de sa listepour incompatibilité à la suite d'unedécision de l'ANI, décision casséepar la Cour d'Appel de Bucarest.

UDMR (2 élus)

PDL (5 élus)

Daniel Buda - anciendéputé, leader du PDL

Cluj.

PMP (2 élus)

Indépendant (1)“Dans ce four, on cuit le

plus grand pain deRoumanie”...

...Confiants dans les résultats

de la présidentielle de novembre,

le Premier ministre VictorPonta et les barons de son

parti se préparent à se partager “la galette”

à venir.

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Alors que l'extrême droite a levent en poupe en Europe occiden-tale, notamment en France, elledécline à l'Est. Quasi disparue dupaysage politique en Pologne, ellebaisse nettement en Slovaquie etstagne en Bulgarie. La seuleexception est la Hongrie où leJobbik prospère avec quelque 20%des voix sur le terreau spécifiquedes frustrations identitaires d'unenation dépecée après la PremièreGuerre mondiale.

"Le problème aujourd'hui est

chez nous, à l'Ouest - et encore

pas partout -, parce que la crise de

la nation y est plus forte avec le

choc de l'immigration et l'irruption

d'une société multiculturelle", notele politologue Jean-Yves Camus.Chercheur à l'Iris (Institut de rela-tions internationales et straté-giques, à Paris), il relève qu'à l'Est,où "les minorités ethniques, malgré

des poussées de tension, font

depuis toujours partie de la réalité,

l'UE reste perçue comme une

aubaine".

L'évolution de l'extrême droiteroumaine est d'autant plus signifi-cative que le nationalisme xéno-phobe y a des racines profondeshéritées du mouvement légionnairede Corneliu Zelea Codreanu, viru-lent fascisme tout-puissant dansl'entre-deux-guerres. Ses théma-tiques furent en partie reprisesdans les années 70 par les épouxCeausescu pour affirmer contreMoscou un "national communisme"

qui fut, après 1989, le terreau deformations comme le parti de laGrande Roumanie.

Enraciné dans le fascisme de l'entre-deux-guerres

Le chantre de l'extrême-droite nationaliste Corneliu Vadim Tudor n'a pas réus-

si à faire renouveler son mandat de député européen. Dans ce pays où l'adhésion à

l'Europe est perçue comme rassurante, la rhétorique populiste tourne à vide,

comme chez la plupart de ses voisins de l'Est, contrairement à l'Occident.

Il voulait quand même y croire, sillonnant sans trêve le pays pour regagner sonsiège de député européen. Carrure de déménageur désormais voûtée par les ans,Corneliu Vadim Tudor, fondateur et leader charismatique du parti de la Grande

Roumanie (PRM, Partidul Romania Mare), avait même failli ne pas pouvoir se représen-ter en raison d'un "putsch" interne et des difficultés à recueillir le nombre requis designatures pour déposer sa candidature. "C'est la preuve que je les dérange beaucoup, ils

ont tenté de m'arrêter en amont pour ne pas se compliquer la vie en volant les suffra-

ges", assurait-il de sa voix de stentor ce poète et historien fort en gueule, ancien chantredes époux Ceausescu reconverti depuis un quart de siècle dans un populisme impréca-teur et xénophobe. "Ils", ce sont, pêle-mêle, les "politiciens pourris qui ont pillé le pays",

les juifs, les membres de la minorité hongroise, les Américains.

Invité régulier des plateaux télé pour doper l'audience

"Il faut gouverner la Roumanie à la mitrailleuse", clamait le tribun au temps de sasplendeur, appelant "à des exécutions publiques dans les stades pour les corrompus".

Ces formules plaisaient, même si personne ne prenait trop au sérieux les provocationsverbales de celui qui fut l'ami de Jean-Marie Le Pen. Les deux hommes sont en froiddepuis que Tudor l'a prié - sans succès - d'intervenir auprès de la néo-fasciste italienneAlessandra Mussolini pour qu'elle cesse de traiter les Roumains de "voleurs et men-

diants". A l'automne 2000, Tudor remporta même 27% des voix à l'élection présidentiel-le, se plaçant en seconde position derrière le postcommuniste Ion Iliescu. Mais depuisdeux législatures, le PRM n'est même plus représenté au Parlement roumain et les son-

dages pour le scrutin européen ne luiaccordaient qu'entre 2% et 4% desvoix. Il n'en obtiendra finalement que2,7 %, ne décrochant aucun mandat.

Invité régulier des plateaux télépour doper l'audience, CorneliuVadim Tudor continue certes d'amu-ser par ses invectives, traitant "d'im-

bécile sans couilles" tel ministre dugouvernement dominé par lessociaux-démocrates (PSD, ex-com-muniste). Son numéro est bien rodé,avec ses envolées sur le retour auxfrontières de la Grande Roumanie,incluant la Bessarabie, actuelle

République de Moldavie, "volée par Staline". Mais sa rhétorique, pourtant, tourne àvide. "Le succès de Corneliu Vadim Tudor était lié à des facteurs conjoncturels, le choc

de la transition à l'économie de marché, mais surtout au flou sur le destin du pays et ses

choix de société. Mais dès qu'il a été clair qu'une intégration dans l'UE comme dans

l'Otan était possible, il y a eu une immense volonté du pays de se mettre au diapason des

valeurs démocratiques européennes", analyse le philosophe Horia Patapievici.

74% des Roumains estiment que l'UE est une très bonne chose

Faute de projets bien ficelés, à peine 20% des 32 milliards de fonds européens pré-vus pour la Roumanie entre 2007 et 2013 ont été attribués.

"Il faut gouvernerPopulisme

L'extrémisme de Corneliu

Vadim Tudor est fâché avec Jean-Marie Le Pen qui n’a pas voulu intervenir auprès de la nièce

de Mussolini afin qu’elle arrête de traiter les Roumains “de voleurs et de mendiants”...

Mais l'Union reste une promesse de bien-être. Ni la criseni les cures d'austérité imposées par le président de centre droitTraian Basescu n'ont douché l'enthousiasme: quelque 74% desRoumains estiment que l'adhésion est une très bonne chose. Aleurs yeux, l'UE incarne avant tout "la liberté de voyager, d'é-

tudier et de travailler" dans le grand espace communautaire oùse sont déjà installés plus de 3 millions de Roumains. Les insti-tutions de Bruxelles sont perçues comme une garantie face àune classe politique largement discréditée. "D'où la faible

mobilisation des électeurs, y

compris pour ce scrutin, car il

s'agit d'envoyer au Parlement

européen des politiciens aux-

quels plus personne ne croit",

relève l'écrivain Dinu Adam.L'Europe a ringardisé les

grands thèmes de propagandede l'extrême droite. "Les vitupé-

rations de Tudor contre la cor-

ruption sont restées de la pure

gesticulation alors que la juri-

diction nationale spéciale mise

en place sous la pression de

Bruxelles s'est montrée redouta-

blement efficace", relève Irène Costelian, jeune politologue,rappelant que la DNA (Direction nationale anticorruption) aenvoyé derrière les barreaux une dizaine de personnalités poli-tiques importantes, dont l'ancien Premier ministre "socialiste"

Adrian Nastase, une trentaine de maires, une vingtaine demagistrats et un chef d'état-major.

Les imprécations racistes contre les Roms, dont laRoumanie héberge la plus grande communauté au sein del'UE, ne mobilisent plus comme avant. "Ils partent à l'Ouest,

surtout les bandes de délinquants car il y a beaucoup plus

d'argent à se faire dans les cambriolages ou les vols à la tire

dans le métro parisien", ricane un conseiller municipal d'unebanlieue de Bucarest.

Jadis sympathisant de Tudor, il a rallié à présent le partisocial-démocrate (PSD) au pouvoir, à l'instar de nombre de sescamarades qui en sont devenus des poids lourds. D'autres ontchoisi le centre droit du président Traian Basescu, contraintdepuis bientôt deux ans à la cohabitation avec son ennemi juré,le Premier ministre social-démocrate Victor Ponta.

"Jamais la Roumanie n'avait été autant

en sécurité par rapport à ses voisins"

La question de la minorité hongroise (8% de la population,concentrée en Transylvanie), longtemps instrumentalisée parle PRM, n'est plus aussi explosive malgré les nouveaux pruritsnationalistes de Budapest. "Nous sommes aujourd'hui ensem-

ble dans l'Europe, la population roumaine est très largement

majoritaire en Transylvanie et l'UDMR, le parti de la minori-

té hongroise, participe depuis plus de quinze ans à toutes les

coalitions gouvernementales de droite comme de gauche",

souligne Adrian Cioroianu, historien et ancien ministre desAffaires étrangères. "Jamais depuis plus de quatre cents ans,

la Roumanie n'avait été autant en sécurité par rapport à ses

voisins", se réjouit-il. Etre membre de l'Otan est rassurantquand la Russie se fait menaçante dans l'Ukraine voisine.

L'hebdomadaire Romania Mare qui, il y a une décennie,vendait plus de 500 000 exemplaires, déballant des scandalesà coup de dossiers fournis par d'anciens généraux de la

Securitate, l'ex-police politique,a désormais une diffusionconfidentielle. "A cette époque,

Tudor avait le monopole de la

violence verbale dans l'espace

public. Il était le seul à dénon-

cer d'une façon aussi virulente

les pourris et les corrompus.

Mais depuis, tout le monde s'y

est mis, qui sur son blog, qui

dans des spectacles de télé-

réalité, sans même un projet

politique", analyse LucianaRadut-Gaghi, maître de confé-rence à l'université de Cergy-

Pontoise (Val-d'Oise).D'autres démagogues se sont engouffrés dans cette même

veine ultra-populiste. Ainsi Gigi Becali, flamboyant hommed'affaires, propriétaire du Steaua, grand club de foot bucares-tois, et admirateur déclaré des "légionnaires" de Codreanu, quicréa sa formation politique et s'allia avec Corneliu VadimTudor lors des européennes de 2009. Il est aujourd'hui horsjeu, condamné et emprisonné pour une affaire de matchs tru-qués. Dan Diaconescu, patron d'une petite chaîne de téléhypertrash, tenta aussi sa chance, réussit à gagner 16% desvoix, mais ses députés à peine élus - qui avaient apparemmentpayé pour être sur ses listes - ont émigré vers d'autres partismieux à même de leur garantir avenir et prébendes.

Une résurgence dans les campagnes misérables

"L'extrême droite dort mais elle existe toujours, même si

elle n'a plus de parti au Parlement et moins de visibilité. Elle

n'en est que plus dangereuse", avertit Mircea Vasilescu, quianime la Fondation Soros à Bucarest. Pour preuve, la résurgen-ce de petits groupes encore marginaux mais très actifs, commela "Nouvelle Droite", qui se référent explicitement à l'héritagedu mouvement légionnaire dont ils veulent réhabiliter lamémoire. Le terreau est fertile. Dans les campagnes, où vitencore près de la moitié de la population, la misère est grande,le chômage réel est bien au-dessus des 7% officiels et l'ascen-seur social totalement en panne alors qu'il fonctionnait, vailleque vaille, à l'époque communiste : il y a à peine 2% de fils depaysans dans l'enseignement supérieur.

(à suivre page 8)

la Roumanie à la mitrailleuse"

Vadim Tudor ne fait plus recette

Corneliu Vadim Tudor (à droite) et le berger-milliardaire (actuellement en prison) Gigi Becali.

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A la Une

Une pratique étrennée par les "han" de bûcheron desAppalaches de l'Américain Jimmy Connors dans les années80, aux antipodes de ce sport de gentlemen et qui a désormaisenvahi les courts. L'image sur papier glacé d'élégante barinenimbée des brumes de l'Oural dont Sharapova faisait rêver sesadmirateurs s'était évaporée…

En attendant mieux, Simona Halep peut se consoler en sedisant qu'elle est la seconde Roumaine à avoir disputer unefinale à Roland Garros, 34 ans après Virginia Ruzici qui s'étaitinclinée devant l'Américaine Chris Evert (6-3, 6-0), en 1980,et la première à atteindre la 3ème place au classement mondial.Sa participation au tournoi parisien lui a parallèlement rappor-té 825 000 euros, portant au total ses gains depuis le début desa carrière à 3 millions d'euros. Si elle l'avait emporté, elleaurait empoché au total aujourd'hui 5,22 millions d'euros.

Des seins bien encombrants

La trajectoire de Simona Halep ressemblerait à un contede fées, si elle n'était le fruit d'une farouche volonté et d'unedécision grave, engageant sa santé. Voici un an encore, lajeune Roumaine n'était classée que 64ème joueuse mondiale.Certes, elle s'était imposée à Roland-Garros chez les juniors en2008, remportant le titre, enregistrant des résultats prometteursdans les catégories de jeunes. Mais une fois arrivée sur le cir-cuit professionnel, elle fut confrontée à l'impossibilité deprendre son envol.

Pour Simona, la raison était toute trouvée: "Mes seins sont

très lourds". La joueuse avait en effet longtemps dû sa (relati-ve) célébrité à son opulente poitrine, qu'elle considéraitcomme un handicap, au point de décider de subir, en 2009, uneréduction mammaire, passant d'un bonnet E à un bonnet B,bien moins encombrant.

Un choix qu'elle ne regrette absolument pas: "Ma poitrine

me gênait physiquement, surtout au service, a-t-elle expliqué à

la suite de l'opération. J'avais régulièrement des douleurs

dans le dos et je perdais en vitesse. Je ne pouvais pas conti-

nuer comme cela". Perturbée par les ricanements et remarques,la jeune adolescente qu'elle était confie: "Je n'aimais pas non

plus mes seins dans la vie de tous les jours".

Une ascension fulgurante en un an

C'était une bonne décision. La Roumaine a repris confian-ce en elle. Aujourd'hui, c'est bien grâce à ses résultats sur lescourts qu'elle fait parler d'elle. Le déclic s'est produit en mai2013, lors du tournoi de Rome. Sortie des qualifications, lajoueuse au petit gabarit (1,68m pour 60 kg) s'était hissée jus-qu'en demi-finale, où elle s'était inclinée contre SerenaWilliams. Elle avait battu au passage Agnieszka Radwanska,Jelena Jankovic et… Svetlana Kuznetsova. "C'est là que j'ai

commencé à bien jouer", a-t-elle raconté plus tard. Au cours de cette saison 2013, elle brandit le premier tro-

phée de sa carrière, puis un deuxième… Au final, elle décro-

cha six titres, sur toutes les surfaces (gazon, dur et terre battue)et termina l'année au 11e rang mondial. Une ascension fulgu-rante qui lui a valu le Prix de la meilleure progression de l'an-née, décerné par la WTA, le circuit professionnel féminin.

Cette droitière au jeu de fond de court a continué 2014 sursa lancée (victoire à Doha, finaliste à Madrid), puis quart definaliste à l'Open d'Australie. Avant de s'incliner face àSharapova, elle n'avait concédé aucun set en sept matchs àRoland Garros, lâchant seulement vingt-huit jeux.

"Je vis le meilleur moment de ma carrière, je dois prend-

re du plaisir sur le court et saisir les occasions qui se présen-

tent à moi", estime aujourd'hui Simona Halep. Et d'ajouter:"Peut-être que l'heure est venue pour nous, les jeunes joueu-

ses, de prendre la relève".

"Hagi m'a appris à être modeste"

Native de Constantsa et d'origine aroumaine, SimonaHalep était un véritable garçon manqué dans son enfance,disputant des parties de football acharnées avec ses copainsdans la rue. Devant son énergie à revendre, les garçons sedisputaient pour l'avoir dans leur équipe. Son frère, de six ansplus âgé, l'initia au tennis qu'il pratiquait dans un club du portde la Mer Noire… Simona n'était guère plus haute qu'uneraquette et délaissait volontiers ses poupées pour suivre sonaîné.

Ioan Stan, son premier entraîneur, se souvient de sonacharnement à progresser, mais sans jamais mettre de côté l'é-cole, brillant notamment en maths. La gamine installait un pei-gnoir de bain dans la maison ou le jardin en guise de filet etfrappait des balles contre les murs et cloisons, au grand dam desa mère.

Au sortir de l'enfance, Simona réalisa un de ses rêves quila marqua profondément: rencontrer Gigi Hagi. EgalementAroumain de Constantsa, le célèbre footballeur, gloire localequ'elle admirait, lui prodigua des conseils qui lui servent tou-jours: "Reste toi-même, modeste dans la vie".

De retour dans son pays, accueillie, fêtée et encensée, lanouvelle championne a gardé la tête froide, préparant déjà sarevanche: elle doit retrouver Maria Sharapova à Wimbledon,en juillet. Mais aussi, réjouie pour le tennis roumain. Ses deux"jeunes" compatriotes Ioana Ducu, 18 ans et Ioana Rosca, 17ans ont remporté le titre en double juniors de Roland Garros.

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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a gagné le cœur de Roland Garros

Mademoiselle Halep !"

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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A la Une

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BUCAREST

ORADEA

BAIA MARE

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TIMISOARA

ARAD SIBIU

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BRAILA

SUCEAVA

lPITESTI

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CHISINAU

CALARASI l

La petite Roumaine

"Une immense frustration

bouillonne dans la société. Il n'y a

pas - ou pas encore - le parti ou le

leader à même de la cristalliser,

mais cela peut venir vite", noteAlexandru Racu, jeune chercheur ensciences politiques etblogueur à succès quise définit comme"orthodoxe de gauche".

L'arrivée sur lascène politique de can-didats indépendantsliés à la toute-puissan-te Eglise orthodoxe,considérée par 66%des Roumains commel'institution de référen-ce, commence à fairebouger les choses àdroite. Et pas seule-ment. Ainsi JulianCapsali, père de9 enfants, menait autant bataille surl'écologie que sur la défense de lafamille et de l'identité nationale, cla-mant vouloir porter à Bruxelles "les

valeurs de l'orthodoxie". Malgré sesespoirs, il n'a pas été élu.

Il en a été de même pourCorneliu Vadim Tudor. "Nous som-

mes une colonie des Américains et

ils ont arrangé le vote à leur avan-

tage avec les Allemands et leurs

laquais Roumains", a tonné aprèscoup le vieux tribun cabotin dansson bureau orné de clichés le mon-trant aux côtés de Mandela ou d'aut-res grands acteurs de l'actualité desdernières années. Des photos jau-nies, comme la sienne.

Marc Semo (Libération)

Lorsque la balle de match jouée par Simona Halep, 22 ans, 1,68 m, s'est égarée

dans le couloir, Maria Sharapova, 27 ans, 1,90 m, est tombée à genoux sur la terre

battue parisienne. Elle revenait de loin. Quelques minutes plus tard, la Russe

reconnaissait qu'elle venait de disputer la finale la plus difficile de sa longue carriè-

re. Au passage, elle en promettait une magnifique et au moins aussi longue à la

jeune Roumaine, qui lui en avait fait voir de toutes couleurs, l'obligeant même à uti-

liser des artifices peu avouables pour en venir à bout, bénéficiant de la complaisan-

ce de l’arbitre. En général, Maria Sharapova ne parle pas pour rien dire. A l'issue

du tournoi de Roland Garros, Simona Halep a intégré le top 3 du classement mon-

dial, derrière Serena Williams et la Chinoise Na Li.

Simona Halep, sans-doute un peu intimidée de se retrouver en vedette améri-caine dans cette première finale d'un tournoi majeur de sa carrière débutanten'a pas livré tout son jeu dans cette ultime manche, et Maria Sharapova - mal-

gré une nervosité évidente - a réussi à imposer sa rage, doublée des coups éblouissantsdont elle est coutumière. Et au bout du compte cela donne une victoire (6-4, 6-7, 6-4) deplus en Grand Chelem pour la Russe, la deuxième à Paris après l'édition de 2012, et lacinquième au total, Sharapova ayant gagné chacun des quatre Grand Chelem,

Wimbledon (2004), l'US Open (2006) et l'opend'Australie (2008) et Paris (2012 et 2014).

Et pourtant, la Russe, a dû ferrailler durpour dominer la jeune Roumaine en trois sets ettrois heures. A 2 minutes près, le record d'unefinale féminine à Roland Garros ! On peutmême penser que sans la complaisance de l'arbi-tre français Kader Nouni qui lui permit de tirerle temps sur ses services, malgré le règlement,l'avantageant, ne l'avertissant que du bout deslèvres en fin de rencontre, la longiligne et bellechampionne serait passée encore plus près de ladéfaite. Le manque de rigueur arbitral ad'ailleurs été sévèrement critiqué par la presseinternationale et spécialisée ainsi que par nomb-re de joueurs et entraîneurs de renom.

Les barrissements de la barine de l'Oural

face au charme juvénile venu des Carpates

La Russe a usé de toutes les ficelles pour déconcentrer sa jeune et inexpérimentéeadversaire qui, comme un métronome, lui retournait toutes ses balles, gardant son sangfroid sous son sourire d'adolescente à peine finie. Sharapova a même carrément versédans l'anti fair-play, se retirant du court pendant près d'une dizaine de minutes, sous pré-texte de changer de tenue, au moment où elle était en train de perdre pied. Du jamais vuen ce temple du tennis! Mais Simona Halep, se gardant de lui rendre la pareille, n'a pour-tant pas craqué et ne s'est inclinée qu'à l'extrême limite de ses forces.

La presse anglaise, accoutumée à montrer du doigt les Roumains, s'est montrée pourune fois tout aussi unanime à encenser la "petite Roumaine": "Si Sharapova l'a empor-

té sur le court… Simona a gagné les cœurs" titrait le "Daily Mirror", alors que "The

Guardian" enchainait par un vibrant "Avantage… Mademoiselle Halep" !

Un hommage qui n'est pas étonnant chez nos distingués voisins d'Outre-Manche.Installés devant leur écran, à l'heure du thé, ils n'ont pas résisté au charme juvénile de lapetite inconnue venue d'au-delà des Carpates. Séduits par sa classe naturelle et à sa rete-nue toute en discrétion … mais aussi choqués par les barrissements copulatoires de lafroide et distante Russe, chaque fois qu'elle cognait dans la balle.

Emotion

"Les valeurs

de l'orthodoxie"

TÂRGOVISTEl

"Avantage…

La "grande" Maria Sharapova a souffert face à la "petite" Simona Halep.

(suite de la page 7)

La Roumaine de Contantsa a eu bien du mérite à garder son calmedevant l'arbitrage à sens unique du Français Kader Nouni.

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Actualité

Vasile Arba et Adrian Crisan, par exemple, y passent dixheures par jour. "J'ai déjà attrapé six contrebandiers" insisteVasile. "Et moi, un seul ! Mais, plusieurs fois, j'ai apporté une

aide cruciale à Vasile", complète Adrian. Tous deux affirmentque les jumelles infrarouge leur suffisent pour contrôler lesmouvements humains. Mais ils reconnaissent que leur tâcheest ardue. "Surtout que les contrebandiers connaissent les

moindres recoins du terrain…", admet Radu Lungu.

L'enjeu: l'entrée dans l'espace Schengen

Vasile et Adrian peuvent aussi compter sur l'aide du maté-riel technologique entreposé à Sighet. Les gardes-frontières ypossèdent plusieurs caméras mobiles, montées sur desremorques, qui peuvent s'élever jusqu'à six mètres de haut.Elles peuvent voir jusqu'à 40 kilomètres.

Ces équipements ont été, en partie, financés par l'UE, àtravers le fond pour les frontières extérieures. Ainsi, en 2011,

12 millions d'euros ont été versés à la Roumanie.La visite guidée de Radu Lungu a évidemment un but: la

Roumanie essaie de convaincre ses partenaires européens de lafiabilité de ses frontières. Pour être, enfin, admise dans l'espa-ce Schengen. Malgré un avis favorable de la Commissioneuropéenne, elle essuie encore le refus de plusieurs pays, dontla France, les Pays-Bas et l'Allemagne.

Sur ce sujet sensible, les gardes-frontières ne sont pasautorisés à s'exprimer. Ils ne font que répéter en boucle qu'ilssont "fiers" de garder la frontière extérieure de l'UE, un travailqui est "très difficile", mais qui "[leur] plaît beaucoup". "Nous

sommes prêts", assure Radu Lungu, en rappelant les 2000infractions constatées par son équipe en 2013. Mais combiend'infractions non constatées ? "Je ne sais pas, avoue-t-il, avant

d'insister: pas beaucoup, soyez-en sûr!". Des mots qui rappel-lent une nouvelle fois la volonté de communiquer sur la sup-posée fiabilité des frontières roumaines. Jean Comte

(Newsroum.fr, blog des étudiants journalistes du Celsa)

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Les NOUVELLES de ROUMANIEActualité

La Roumanie n'hésite pas à communiquer sur son activité de surveillance des

frontières. Son but : convaincre ses partenaires européens de la laisser entrer dans

l'espace Schengen. Jean Comte s'est rendu à Sighet Marmatiei (Maramures), où il

a pu découvrir les moyens mis en œuvre dans une région considérée comme la plus

névralgique en ce qui concerne la contrebande et les trafics avec l'Ukraine voisine.

Bonjour, bienvenue à Sighetu Marmatiei! Cette nuit, on a intercepté cinq

contrebandiers!" Radu Lungu, porte-parole des gardes-frontières duMaramures, région frontalière au nord-ouest du pays, est heureux d'accueillir

un journaliste, en ce matin du mois de mai. Pendant toute une journée, il va pouvoir luimontrer le travail de la "Politia de Frontiera Romana", le corps chargé de garder les fron-tières du pays. Radu Lungu est en poste dans la ville de Sighetu Marmatiei depuis 2001.L'unité pour laquelle il travaille compte 2000 hommes, et assure la protection de 464kilomètres de frontière, dont 366 avec l'Ukraine. Une frontière active, à en juger par lenombre d'infractions constatées en 2013: 2024. "C'est nous qui avons le plus grand nom-

bre de constatations", se rengorge fièrement le porte-parole. La zone est particulièrementexposée à la contrebande de cigarettes. Selon Radu Lungu, un paquet coûte trois eurosen Roumanie, pour 50 centimes en Ukraine. D'où de gros profits en perspective pour lescontrebandiers suffisamment habiles pour déjouer la surveillance des gardes-frontières.

"Homme ou animal, rien de ce qui passe

à la frontière ne nous échappe!"

Premier stop: le checkpoint de Halmeu, à une cinquantaine de kilomètres à l'est deSighet. 200 véhicules traversent chaque jour ce poste. Mais le plus intéressant ne se trou-ve pas dans la file de camions, que deux douaniers contrôlent méthodiquement. Mieuxvaut entrer dans le bâtiment anodin, situé sur le côté de la route. Dans l'une de ses pièces- où les photographies sont interdites -, cinq hommes sont penchés sur des ordinateurs.Avec leur écran, ils peuvent contrôler la quarantaine de caméras qui entoure le check-point. "Homme ou animal, rien de ce qui passe la frontière ne nous échappe !", s'enflam-

me le chef de service, en montrant un oiseauqui se détache nettement sur l'un des écrans.

Autre fierté de l'équipe: un câble souter-rain, qui court sur 30 kilomètres, et détectetous les passages. A chaque traversée, unsignal se déclenche dans la petite pièce ducheckpoint, et une équipe d'intervention estenvoyée intercepter le contrebandier.

Une visite sur le terrain permet deconfirmer la sûreté de la frontière: elle setrouve sur une plaine, et est entourée de peude végétation. Côté roumain, une bande deterre labourée recueille les empreintes. "Ce

n'est pas un endroit très dur à surveiller", résume le chef de service.

Du matériel de pointe, en partie financé par l'Union Européenne

Une quinzaine de kilomètres plus à l'est, le paysage est bien différent, et l'avantagerevient cette fois aux contrebandiers. La plaine cède la place à une montagne, haute etescarpée, couverte d'une végétation touffue. La visibilité, par conséquente, est très rédui-te. La frontière, elle, n'est marquée que par une double rangée de pylônes, marqués descouleurs roumaines et ukrainiennes. A cet endroit, les gardes ne disposent ni de caméras,ni de câbles enterrés. Ils ne peuvent que patrouiller à longueur de journée, à pied ou envoiture.

Selon un sondage réalisé parINSCOP Research, une majorité deRoumains est très inquiète quant àla situation en Ukraine. 62% desinterrogés se sont déclarés inquietsou très inquiets d'un éventuel conflitarmé avec la Russie. De la mêmemanière, 45% des Roumains sondéspensent que les relations entre laRoumanie et la Russie resterontinchangées, tandis qu'un tiers d'ent-re eux pense qu'elles vont empirer.

Toujours dans ce même sondage,six Roumains sur dix considèrentque la Roumanie est protégée encas d'un conflit dans la région, et ceparce qu'elle fait partie de l'OTAN. Al'inverse, un quart des sondés adéclaré que l'appartenance à cettealliance militaire ne les protégeait enaucun cas. Dans ce contexte, lamoitié des Roumains serait d'accordavec l'augmentation du budget desti-né à l'armée.

Ukraine : 62 % desRoumains inquiets

chargés de surveiller près de 500 kilomètres2000 gardes sont

A la frontière ukrainienne, les douaniers roumains montrent les muscles

La police des frontières patrouille à longueur de journée, à pied ou en voiture.

D'après la presse américaine,l'empire Makhlouf, un cousin deBachar Al Assad, dispose de relaisen Roumanie, où le beau-père deRami, le chef de ce clan syrien,Walid Othman, est ambassadeur."Les activités de ses enfants en

Europe, notamment à Vienne et

Bucarest, génèrent des millions de

dollars de cash, qui sont renvoyés en

Syrie par la valise diplomatique",

accuse Ayman Abdel Nour, le rédac-teur en chef du site d'informationsAll4Syria, un ancien conseiller deBachar Al-Assad passé à l'opposi-tion. La Syrie a toujours eu un pieden Roumanie et notamment avec sesservices secrets, depuis Ceausescu.

Filière syro-roumaine

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TÂRGOVISTEl

Si l'adhésion à l'UE avait cristallisé les espoirs de développement économique de la population roumaine, ceux-ci sontaujourd'hui douchés à la fois par les conséquences de la crise et par l'incapacité chronique de la superstructure roumai-ne à absorber les fonds européens. Tandis que le cadre budgétaire européen pour la période 2007-2013 plaçait la

Roumanie dans le peloton de tête des pays bénéficiaires de transferts, le pays n'a réussi à consommer qu'un tiers des fonds qui luiétaient alloués. Selon les chiffres du ministère des finances publiques, le transfert net de l'UE vers la Roumanie s'est élevé à111 € par habitant et par an. A titre de comparaison, en 2012, les Lettons, Portugais, Lituaniens, et Estoniens ont obtenu des trans-ferts européens allant de 410 à 590 € par habitant. Bien que le taux d'absorption des fonds européens s'améliore, la bureaucratie,le manque d'information, les malversations et la corruption empêchent encore trop souvent l'accès à la manne bruxelloise: entre le30 mars et le 25 avril, l'UE a, une fois encore, suspendu tout transfert vers la Roumanie, en raison de l'incapacité du pays à four-nir aux instances européennes les factures justifiant la réalisation de certains projets.

Ambassadeur de France enRoumanie, le préfet PhilippeGustin, 56 ans, vient d'être

remplacé, au bout de deux ans, par undiplomate du Quaid'Orsay: François Saint-Paul.

Philippe Gustin,ancien instituteur deve-nu énarque, avait éténommé en Roumanieaprès avoir passé cinqans dans les cabinets del'ère Sarkozy conser-vant cependant pendant deux ans sesfonctions malgré le changement de majo-rité en France et son engagement marquéà l'UMP. Il vient d'en être d'ailleursnommé directeur général par son nou-veau secrétaire général, Luc Chatel, dont

il a dirigé le cabinet au ministère de l'É-ducation nationale durant les deux der-nières années du quinquennat Sarkozy.

François Saint-Paul a été, ces quatredernières années, l'un desdirecteurs de l'administrationdu ministère des Affairesétrangères: il a piloté ladirection des Français à l'é-tranger et de l'administrationconsulaire du ministère de2009 à 2013. Il obtient ainsison deuxième poste d'ambas-sadeur. Il a en effet déjà

représenté la France à l'étranger, enCroatie, de 2004 à 2009. Il a aussi dirigéle cabinet de la ministre déléguée auxAffaires européennes Noëlle Lenoir de2002 à 2004. Cet énarque de 56 ans, spé-cialiste des affaires européennes, a effec-

tué l'essentiel de sa carrière au Quaid'Orsay. Deuxième secrétaire à Mexicoen 1983, il a travaillé ensuite à la direc-tion des affaires juridiques de la sous-direction du droit de la mer du ministèredes Affaires étrangères en 1985.

Détaché comme chargé de mission àla direction du Trésor au ministère de l'É-conomie en 1988, François Saint-Paul estparti comme deuxième conseiller à lareprésentation permanente de la Franceauprès des Communautés européennes deBruxelles (1990-1993). Délégué dans lesfonctions de sous-directeur des affairescommunautaires internes à la directiongénérale des affaires européennes et éco-nomiques au Quai d'Orsay en 1993, il aensuite officié comme représentant per-manent adjoint de la France auprès del'Office des Nations Unies (1999-2002).

L'UE a versé 111 euros net par Roumain en six ans

François Saint-Paul nouvel ambassadeur de France en Roumanie

Vie internationale

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Actualité

Loukoil, afin que celui-ci y installe un terminal portuaire des-tiné à alimenter la seule raffinerie du pays, qui lui appartient.Aujourd'hui, ce terrain ressemble de fait à une enclave russedans l'UE, défendue par des murs en béton hérissés de barbe-lés, des caméras tous les 30 m et les services d'une société desurveillance privée.

"On ne peut plus accéder ici, constate Assen Yordanov, unjournaliste auquel ses enquêtes surla corruption sur la côte bulgareont valu une violente agression, en2008, et qui a cofondé depuis,avec Atanas Tchobanov, le siteindépendant Bivol.bg. On nous dit

qu'il y a un douanier à demeure

pour vérifier les entrées de pétro-

le, mais personne ne l'a jamais vu.

En fait, Loukoil fait un peu ce qu'il

veut ici, d'autant plus qu'il a refu-

sé que des compteurs soient posés

sur le pipeline qui transporte le

carburant jusqu'à la raffinerie".

Argent mafieux venu se recycler

De son emplacement stratégique, au cœur de la baie deBurgas, le groupe dispose d'une vue sur les mouvements de labase voisine de l'OTAN, qui paraît moins protégée que ceréduit pétrolier. Comme seule concession, après la publicationd'un article dans L'Express, en 2011, Loukoil a toutefois rendul'accès libre à un petit port de plaisance qu'il avait longtempsannexé. Assen Yordanov le parcourt en plaisantant : "Voilà un

premier petit morceau de Bulgarie libéré".

Mais à côté de cette victoire symbolique, des pans entiers

de l'économie bulgare passent aux mains de Russes. "Leurs

investissements dans les entreprises du littoral sont de plus en

plus massifs, et ils nourrissent souvent des soupçons de blan-

chiment d'argent sale, assure Assen Yordanov. Et sur le finan-

cement de nombreux grands ensemble immobiliers de la côte,

il n'y a plus aucun doute à avoir: c'est de l'argent mafieux qui

est venu se recycler en Bulgarie".

Dans ces résidences disgra-cieuses, amoncelées dans des sta-tions au plan anarchique, les ache-teurs ou locataires sont eux-mêmes souvent originaires deRussie. Le nombre de propriétai-res de cette nationalité s'élèverait à75 000 dans la région de Varna, et60 000 dans celle de Burgas.Alexander Klement est l'un d'eux.En 2013, cet ancien architecte deBachkirie, en bordure de l'Oural, adécidé de s'installer dans une rési-dence de Sunny Beach, une sta-tion balnéaire qui ne possède plus

que ce nom marketé pour le tourisme de masse comme identi-té internationale.

L'été, il côtoie des touristes britanniques ou scandinaves.Hors saison, la résidence n'est plus peuplée que par une dizai-ne de familles russes. Le sexagénaire ne regrette pas son choix: son 32 m2 lui a coûté la moitié de ce qu'il aurait dû payer enRussie. Farouche détracteur de Vladimir Poutine, il rêve dés-ormais de convaincre ses petits-enfants de le rejoindre. "Cet

investissement, c'est pour eux. C'est un refuge qui sera très

utile quand les choses finiront par mal tourner en Russie".

Jérôme Fenoglio (Le Monde)

Les NOUVELLES de ROUMANIE

1312

Les NOUVELLES de ROUMANIE A ctualité

Varna somnole en attendant l'été et ses vagues de touristes qui justifieront

l'existence de ses complexes hôteliers au bord de la mer Noire. Trois mois d'alcool

bon marché, de sono à fond, de danses sur les tables, et la deuxième ville de

Bulgarie retournera à son assoupissement provincial. La torpeur du port n'est

toutefois pas seulement due à la brièveté de sa saison. Elle est la conséquence d'une

brusque chute de tension.

Varna était très active depuis la chute du communisme, c'était l'une des

villes où les forces démocratiques ont gagné toutes les élections jusqu'aux

années 2000, explique Spas Spasov, correspondant local de plusieurs jour-naux économiques. Et puis elle est devenue un laboratoire où les sbires de l'ancien

régime, les membres des services secrets, ont testé tous les moyens de miner le

renouveau bulgare. La vie culturelle s'est effondrée, la vie politique a explosé de

l'intérieur, la vie économique a été monopolisée par quelques groupes oligar-

chiques".

La relation privilégiée avec la Russie

clivage majeur de la société bulgare

La cité, comme frappée de langueur par ce retour de la vieille caste au pouvoirau temps du communisme, a certes connu quelques regains d'activité. Devant lesescaliers de l'hôtel de ville, un tas de pierres et de pavés, ornés de slogans, en témoi-

gne. Il rend hommage à Plamen Goranov, qui s'est immolé par le feu à cet endroit, le20 février 2013, et fut imité en d'autres villes du pays, en écho à des contestations socia-les qui sont depuis largement retombées. Le sacrifice du photographe de 36 ans n'en apas moins coûté sa place à celui que son acte visait, le maire de Varna, accusé de col-lusion avec un puissant groupe économique, TIM, réputé proche de la mafia russe.

Dénoncée par le martyr Goranov, la question de la relation privilégiée avec laRussie est le clivage majeur qui traverse la société bulgare. Les jeunes contestatairesremettent en cause cette fidélité historique au grand pays frère, considérée comme lasource de toutes les mauvaises habitudes locales, et notamment cette appropriation,encore plus caricaturale qu'à Moscou, des biens du pays par une caste d'oligarques. Lespartis au pouvoir, eux, entretiennent ce lien qui fait de la Bulgarie, membre de l'UE etde l'OTAN, l'un des plus constants soutiens de la puissance avec laquelle elle n'a aucu-ne frontière commune, mais qui lui fait face, de l'autre côté de la Mer Noire.

Pour Atanas Tchobanov, ce lien est avant tout une sujétion. "La totalité de nos

besoins pétroliers est couverte par la Russie ainsi que 95 % de nos achats de gaz,

explique le candidat Vert aux élections européennes. Même l'Ukraine est moins dépen-

dante. Et aucun gouvernement n'a fait le nécessaire pour sortir de cette servitude".

Gazprom et Loukoïl en territoire conquis

A Varna, ce lien nourricier s'incarne dans un projet, qui devrait déboucher au sudde la ville. Parti du port russe de Novorossiisk, le gazoduc Southstream devrait émer-ger là, pour prolonger vers l'Europe du Sud son parcours de contournement del'Ukraine. Pour l'heure, l'UE n'a pas autorisé le démarrage des travaux, mais le consor-tium emmené par Gazprom est prêt à tout pour emporter l'adhésion locale. "Il y a

quelques jours, je suis descendu au port pour regarder le départ de la régate des

grands voiliers, l'un des événements majeurs dans la ville cette année, raconte SpasSpasov. En chemin, j'ai croisé des dizaines d'écoliers tenant des ballons aux couleurs

de Southstream. Face à la tribune, on diffusait des films qui détaillaient le futur chan-

tier. Personne n'en revenait : le consortium avait privatisé l'événement pour convertir

la ville aux bienfaits de Southstream".

Le plus flagrant exemple de l'emprise russe sur le territoire bulgare se cache à 120km au sud de Varna, à la périphérie du port de Burgas, la quatrième ville du pays. Là,le gouvernement a cédé, en 1999, un vaste pan du littoral au groupe pétrolier russe

Le Conseil fédéral suisse a décidéde prolonger de deux ans les restric-tions temporaires applicables aux tra-vailleurs bulgares et roumains. La prio-rité des travailleurs suisses, les contin-gents ainsi que le contrôle des condi-tions de salaire et de travail sont doncmaintenus. Cette dernière prolongationde la phase de transition s'appliquejusqu'au 31 mai 2016. L'accord sur lalibre circulation des personnes (ALCP)est applicable entre la Suisse et lesdeux Etats bulgare et roumain depuisle 1er juin 2009. Il accorde aux Etatsparties le droit de restreindre l'accès àleur marché du travail sept ans au plusdurant le délai de transition.

Fin 2013, les ressortissants bulga-res ou roumains durablement établisen Suisse étaient au nombre de15 199. De fait, la population résidantepermanente en provenance de cesdeux pays a progressé de 18% en2013. Toutefois, comparativement àl'ensemble de la population résidantepermanente européenne, elle restetout de même faible (0,8%).

laboratoires des réseaux russes du littoral bulgareVarna et Burgas,

Ala suite de la suppression des visas pour circuler dans l'espace Schengen,intervenue à la fin avril, la demande de passeports biométriques a exploséen Transnistrie, les habitants de cette région sécessionniste ayant conservé

la nationalité moldave, ce qui leur permet désormais de voyager aussi librement queleurs autres concitoyens et de pouvoir partir à la découverte du continent. Les autoritésde Chisinau voient dans cette facilité le meilleur argument poussant à la réunificationdu pays, avec la signature d'association avec l'UE, dont les clauses entreront en appli-cation à partir du 1er octobre prochain, soit deux mois avant les élections générales quidoivent se dérouler le 30 novembre.

Suisse : restrictionsprolongées pour lestravailleurs bulgares et roumains

Dimanche 8 juin, le Premier ministre bulgare Plamen Orecharski a annoncé la suspension de tous les préparatifs de cons-truction du gazoduc South Stream, à la suite des pressions de la Commission européenne qui s'oppose à ce projetdevant relier la Russie à l'Europe via la mer Noire. Détenu par le géant gazier russe Gazprom (50 %), le groupe éner-

gétique italien ENI (20 %), le groupe allemand Wintershall (15 %) et le groupe français EDF (15%), South Stream devait passerpar la Bulgarie, la Serbie, la Hongrie, la Slovénie, la Grèce et l'Italie pour aboutir en Autriche. Le South Stream aurait dû être lancéfin 2015 et assurer des livraisons de 61 milliards de mètres cubes de gaz par an. La crise ukrainienne et les menaces que fait peserMoscou sur l'approvisionnement énergétique du continent ont amené Bruxelles à taper du poing sur la table, malgré les réticencesinitiales des pays concernés, qui faisaient la sourde oreille à ses critiques.

Bulgarie : coup d'arrêt pour South Stream

La raffinerie de Lukoïl à Burgas

Voisins

La Cour constitutionnellemoldave a repoussé lademande du PCMR (Parti

communiste moldave) qui souhaitaitque lors des élections législatives del'automne prochain, les électeurs puis-sent voter en présentant leurs passe-ports russes.

L'UE séduit en Transnistrie Vote sans passeports russes

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Actualité

Moscou et cette question ne nous concernerait pas trop, nous

pourrions entrer dans l'Union Européenne et les Russes ne

pourraient rien y faire", continue-t-il.

"Les Européens, ils ne sont

pas comme les Russes"

Ceci explique pourquoi un changement crucial du point devue géopolitique n'est pas totalementune fête pour le Moldave lambda.Parce que cela a un coût. Et ce qu'ilgagne d'un côté, il le perd de l'autre.Il est certain que le Moldave "mis en

fuite" par les Russes peut faire autrechose et partir en Italie… Mais leschoses ne sont pas aussi simples. Lesmigrations internationales sont sou-tenues avant tout par des réseaux for-més de concitoyens qui sont déjàpartis et qui, une fois établis à l'étran-ger, "attirent" les autres auprès d'eux.Or ces réseaux de soutien sont bienplus faibles dans les États membresde l'UE qu'en Russie (ce qui est natu-rel à partir du moment où plus de60% des Moldaves de l'étranger ytravaillent).

En outre, le droit à la libre circu-lation ne signifie pas le droit au tra-vail, et les Moldaves le savent bien:54% d'entre eux croient, à raison,que l'annulation du régime de visasne va pas leur offrir le droit de tra-vailler dans les pays de l'UE. "Ceux-

là, les Européens, ils ne sont pas

comme les Russes, on peut travailler en Europe au noir, oui,

mais pas dans les mêmes proportions, pas aussi facilement

qu'en Russie, au sens où les Européens ne sont pas aussi cor-

rompus et cela complique les affaires de celui qui part tra-

vailler", explique Sergiu T. Il est vrai que seulement 13% des Moldaves qui travaillent

dans la Fédération de Russie ont signé un contrat sous formeécrite avec un employeur; il est sûr que ce n'est pas une bonnechose, que ces personnes ne vont pas avoir de retraite, ni d'as-surance maladie, etc. Leur avenir reste sous un grand pointd'interrogation… Mais dans une perspective strictement indi-viduelle, l'alternative à cet avenir incertain rime avec la certi-tude d'une situation de pauvreté et de misère aujourd'hui.

"En plus, cela ne va pas être si facile de partir même si

nous n'avons pas besoin de visas, il faudra toujours avoir une

invitation, il faudra apporter la preuve que l'on dispose de 50

euros pour chaque jour du séjour". Pour le Moldave ordinai-re, pauvre et sans emploi, la libre circulation représente unluxe, qu'il ne peut pas se permettre.

Les Moldaves en ont assez de faire leur valise

Je suis convaincue que la levée des visas est une victoiregéopolitique importante, qui affecte sur le long terme non seu-lement la manière avec laquelle la carte des pouvoirs dumonde sera redessinée, mais surtout le modèle d'organisationsociale et politique de la Moldavie. Je suis convaincue quemême un État petit et pauvre comme la Moldavie a bien plus

à gagner, à la longue [en françaisdans le texte], d'un rapprochementavec l'UE que d'une proximité avecla Russie, même si l'éloignement duvoisin de l'Est est pour le momentdouloureux. Mais, pour cette raison,les conséquences négatives immé-diates de cet éloignement doiventêtre gérées avec soin: les victoiresgéopolitiques sont un peu abstraitespour une population trop préoccupéepar la pauvreté et le souci du lende-main pour assurer un soutien largeau projet européen.

Des élections législatives sedérouleront à Chisinau à l'automneprochain, et le gouvernement enplace va essayer de capitaliser sur cequ'il aura obtenu en matière de visas.

"Prends ta valise, oublie les

visas": c'est le slogan d'un concertdes grands jours organisé par les par-tis de la coalition gouvernementale àl'occasion de l'annulation du régimede visas pour l'Union Européenne. Jene sais pas qui a imaginé ce slogan,mais il s'agit d'un coup d'épée dans

l'eau, pour ne pas dire autre chose. Les Moldaves en ont assezde faire leur valise -comme les Roumains d'ailleurs -, ils vou-draient avoir un emploi dans leur pays et faire leur valise seu-lement pour partir en vacances.

Pour le moment, ceux qui font leur valise pour les vacan-ces sont beaucoup, beaucoup trop peu nombreux pour assurerune victoire électorale aux partis de la coalition gouvernemen-tale. Ces derniers, s'ils veulent augmenter leurs chances et, sur-tout, assurer l'avenir du projet européen, doivent mettre enœuvre leur agenda économique et social. Sinon, l'UE resteraun joli concept, mais abstrait et éloigné, qui ne protège pas dela faim. La libre circulation et la mobilité de la main-d'œuvresont une modalité pour résoudre le problème de la pauvreté oudu chômage mais, sur le long terme, un pays ne peut pas sedévelopper réellement par l'exportation de sa force de travail.Les Moldaves ne doivent pas être envoyés en Europe, maisc'est l'Europe qui doit être amenée en Moldavie.

Victoria Stoiciu, Directrice

de programmes à la Fondation Friedrich Ebert Roumanie

Les NOUVELLES de ROUMANIE

1514

Les NOUVELLES de ROUMANIE Actualité

Depuis le 28 avril 2014, les citoyens moldaves en possession d'un passeport bio-

métrique n'ont plus besoin de visas pour entrer dans l'Union européenne. Il s'agit

là d'une énorme avancée dans le rapprochement entre Chisinau et Bruxelles. Mais

certains éléments suggèrent que tout ne changera pas du jour au lendemain. Une

opinion de Victoria Stoiciu publiée dans Contributors.ro.

Àpartir d'aujourd'hui, je suis Européen, je ne vais pas me recueillir au cime-

tière, puisque les Européens n'y vont pas". C'est ce qu'a annoncé solennelle-ment un Moldave à sa femme le 28 avril, jour où l'on fête en République de

Moldavie le Jour des Morts (Pastele Blajinilor) et à partir duquel, dorénavant, lescitoyens moldaves n'ont plus besoin de visas pour voyager dans l'Union Européenne.

Pour les Moldaves, être Européen n'indique pas une appartenance géographique,politique ou géopolitique, mais constitue avant tout un indice de modernité, de civilisa-tion et de bien-être. Tout ce qui est neuf, tout ce qui est bon, est européen - quand on dit"qualité européenne", on a tout dit. Un Moldave qui a fait une "euro-remont" ou une"euro-réparation" - c'est-à-dire des travaux selon les standards européens, avec des

châssis isolants, du carrelage et autresmerveille - est entré dans le mondecivilisé et est envié de tous.

Cependant, le fait que lesMoldaves soient devenus "Européens"

hier - c'est du moins ainsi que certains,comme cet homme mentionné plushaut, retraité d'une petite localité duNord, ont perçu l'événement - ne cons-titue pas, pour de nombreux habitants,un prétexte à faire la fête. Un sondagede l'Institut de politiques publiquespublié récemment montrait que l'opi-nion moldave est divisée selon unemathématique rigoureuse: 50% consi-dère que l'annulation des visas estimportante et 50% pense que cela nel'est pas. Ne jetez pas aussitôt l'anathè-

me et ne criez pas: "Russophones et anti-européens!" Car les choses sont plus compli-quées et, comme toujours, elles sont liées à l'économie. Or l'économie l'emporte sur l'i-déologie, que celle-ci soit pro-européenne ou russophile.

"En Russie, la chasse aux Moldaves a commencé"

Or, la situation des Moldaves en Russie s'est brusquement détériorée après le som-met de Vilnius de l'automne 2013. "Je ne sais plus ce que l'on a signé ni comment à

Vilnius, tout ce que je sais de cette histoire de Vilnius, c'est que les Ukrainiens n'ont pas

voulu signer, les Russes ont commencé la chasse aux Moldaves, c'est alors que tout a

commencé", raconte Andrei M., un Moldave qui a travaillé jusqu'à récemment dans lebâtiment à Saint-Pétersbourg, où il gagnait 1000 dollars par mois, et que les Russes ont"fait fuir", comme il dit lui-même, à la fin de l'année.

De nombreux Moldaves se trouvent dans cette situation, semble-t-il. "Rien que dans

notre village, il y en a dix environ. C'est comme cela que se vengent les Russes, ce sont

des animaux. Avec "ceux du Caucase", les Russes sont en conflit ethnique et ils n'ont pas

procédé de la même manière. Ils ne veulent pas tous les forcer à partir, parce qu'ils ont

besoin que quelqu'un travaille chez eux, mais c'est un travail horrible", témoigne SergiuT., un jeune de Chisinau. "Nous sommes trop petits pour garder notre neutralité, mais

nous sommes aussi trop pauvres. Si nous étions riches, nous pourrions être au centre de

Pour le Moldave ordinaire, pauvre et sans

Environ 720 000 Moldaves sur4 millions se trouvaient à l'étrangerfin 2010, dont 285 000 avaient étéabsents pendant plus de 12 mois.L'argent envoyé au pays représente,de manière constante, plus de 20%du PIB et, dans les bonnes périodes,jusqu'à 36% (les sommes envoyéespar les Roumains de l'étrangerreprésentent environ 6% du PIB dela Roumanie). Plus de 60% de ceuxqui sont partis à l'étranger travaillenten Russie et 20% seulement enItalie, tandis que les autres, dansdes pourcentages moindres, se trou-vent au Portugal, en France, enTurquie ou en Israël.

Généralement, les personnes quiont des revenus et un niveau dequalification faibles se tournent versla Russie, alors que ceux qui ontdes qualifications supérieures et desrevenus au-dessus de la moyennetendent à partir vers les États memb-res de l'Union européenne. Aurions-nous affaire à des incultes quiaiment les Russes? Non, l'explica-tion est plutôt économique: le départen Russie suppose un investisse-ment bien plus faible que l'émigra-tion vers l'UE. Par conséquent, nepeut se permettre de partir vers l'UEqui le souhaite. La Russie est unesolution bien moins chère, plus àportée de main et à peu près aussiattractive financièrement que l'UE (lesalaire moyen des Moldaves qui tra-vaillent en Russie est approximative-ment de 900 dollars), sans parler dela connaissance de la langue, quifacilite énormément la recherched'un nouvel emploi.

Émigrer en Russie:une solution

Schengen : tout le monde n'a pas sauté de joie

Moldavie

L'ancien président communiste Vladimir Voroninequi, avec sa famille, a amassé une fortune

considérable pendant ses mandats, incite toujours ses concitoyens à regarder

vers Moscou et à se méfier de l'UE.

emploi, la libre circulation est un luxe qu'il ne peut pas se permettre

L'enclave sécessionniste de la Transnistrie vit toujours àl'heure soviétique… mais ses habitants sont de plus en

plus nombreux à solliciter un passeport moldave pourpouvoir voyager librement en Europe.

Suppression des visas

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ActualitéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Les NOUVELLES de ROUMANIE Actualité

à bord du train Chisinau-Bucarest

La Roumanie et la Moldavie ontdécidé de créer une chambre de com-merce et d'industrie bilatérale afin depromouvoir les échanges écono-miques mutuels, également vers l'ex-térieur, échanger les expériences, s'é-pauler et faire profiter la Moldavie quivient de signer un accord d'associa-tion avec l'UE, de l'acquis des entre-prises roumaines dans ce domaine.

En route pour la clinique, le nez cassé

Ovidiu, lui, n'a pas sommeil. Sans doute le stress. Gardedu corps du président moldave, il s'est fait casser le nez deuxans auparavant dans l'exercice de ses fonctions. "Je ne m'étais

pas rendu compte que c'était grave, mais des médecins m'ont

dit qu'il fallait que je me le fasse remettre en place. Je n'ai pas

vraiment confiance en la médecine moldave. Le niveau est

vraiment meilleur en Roumanie". Malgré les vingt-six ans ducolosse, sa mère Valentina a tenu à l'accompagner. Un peugêné, il ajoute en souriant: "Elle est inquiète pour moi, je suis

fils unique donc je suis toujours son petit bébé!". Bien que letrajet dure un peu plus de treize heures, le wagon-bar restevide. Anna-Maria, une jeune Moldave, explique que cela nefait pas partie de la tradition. "Les voyageurs se préparent en

général un repas copieux qu'il dégustent dans leur comparti-

ment". L'ambiance n'est pas vraiment à l'échange entre les pas-sagers. Il reste sept heures de trajet avant l'arrivée à Bucarest.Plus personne ne sort désormais de sa cabine. Et jusqu'au ter-minus, le lieu prend des allures de train fantôme.

Mathilde Sallé de Chou et Mélanie Longuet

(Newsroum.fr, blog des étudiants en journalisme du Celsa)

Voyage dans le passé

l'Europe sans visa et en véloLes capitales moldave et roumaine sont distantes de 435 kilomètres.

L'équivalent d'un petit Paris-Lyon, sauf qu'ici, il faut treize heures de train.

Embarquement dans la machine à remonter le temps avec Mathilde Sallé de Chou,

étudiant partie à la découverte des pays de l'Est, pour le CELSA.

C'est un voyage dans le temps plus que dans l'espace. Avec ses wagons de fer-raille bleus et jaunes, le train reliant Chisinau à Bucarest est un parfait héri-tage de la période soviétique. Avant de monter, le premier contact humain

n'est pas très chaleureux. Dans leur bel uniforme, deux "hôtesses des rails" aux alluresde pilotes Air France - pantalon noir et chemise blanche impeccables, écussons et épau-lettes dorées - contrôlent les billets. Regard méfiant et visage fermé confirme l'impres-sion d'un voyage dans le passé. A l'intérieur, la chaleur est écrasante et la poussièreétouffante. Un long couloir dessert une quinzaine de compartiments couchette, videspour la plupart. Malgré l'atmosphère rustique, la volonté de créer un endroit conforta-ble se ressent. Lourds rideaux brillants aux fenêtres, nappe satinée et pot de fleurs enplastique sur la tablette dépliée au centre. Le kitsch dans toute sa splendeur.

Iurie et Pavel sont chargés comme des mules. Tous deux travaillent dans une socié-té d'export et s'apprêtent à traverser une partie de l'Europe à bicyclette. L'excitation selit sur leurs visages. Pavel a 31 ans et c'est la première fois qu'il quitte sa ville natale,Tiraspol, capitale de la Transnistrie. Il n'est pas inquiet. "Je voyage avec le meilleur des

routards! Iurie, c'est comme un maître pour moi" explique-t-il avec un sourire. Lesdeux cyclistes n'ont en effet pas grand chose en commun. On se demande si Pavel,jeune, inexpérimenté et frêle parviendra à suivre son acolyte de trente ans plus âgé etbien plus charpenté.

Nouveau pays, nouvelles roues

Pour les deux hommes, c'est un voyage particulier qui débute dans le wagon numé-ro deux. Le 27 février, le Parlement européen a en effet signé un accord autorisant la

libre circulation des Mol-daves au sein de l'espaceSchengen. "Nous avons reçu

notre nouveau passeport il y

a moins d'un mois, raconteIurie. C'est une chance énor-

me pour nous. Avant il fallait

faire une montagne de pape-

rasse pour obtenir nos visas,

et cela nous coûtait une for-

tune".

La discussion est inter-rompue par le cahotement dutrain qui finit par stopper sacourse. C'est le premier

contrôle douanier. Tout est passé au crible. Passeports, bagages, cabine et même les pas-sagers, à qui un médecin vient demander si tout va bien. Une intervention étrange quilaisse perplexes les novices. Après de nombreux allers-retours, les douaniers descen-dent et le train reprend sa course. Dix minutes plus tard, le train s'arrête à nouveau, sansexplication. Des bruits mécaniques résonnent dans les compartiments et le train… s'é-lève dans les airs ! Étonnant pour qui ne sait pas qu'il faut changer ses roues.

Et pour cause. En Moldavie les voies sont plus larges qu'en Roumanie et pour yremédier, il faut changer les essieux. A l'arrêt, la chaleur est insoutenable. Abrutis, lespassagers restent allongés sur leurs couchettes. Et s'arment de patience. Le train neredémarre que quatre heures plus tard.

Moldavie

Chambre de commerce bilatérale Moldavie - Roumanie

A la découverte de

Iurie et Pavel sont prêts pour leur roadtrip à vélo à travers l'Europe.

La Moldavie a enregistré 37 900naissances en 2013, soit une baissede 4 %, et un taux de fécondité de10,6 pour 10 000, plus important à lacampagne qu'à la ville. L'âge moyendes mères à la première naissanceest de 24 ans (23 ans à la campagne,25,5 ans en ville). 75 % des enfantsnaissent avant que les 30 ans de leurmère . Le nombre de divorces,10 800, a augmenté de 1,3 %.

Plus de 700 nouveaux cas deSIDA ont été répertoriés l'an passé enMoldavie, dont plus de 100 àChisinau, 99 à Tiraspol (Transnistrie),60 à Balti, 50 à Slobozia, 25 à Benderet 300 parmi la population rurale. Laprévalence dans le pays est de 17,8cas pour 100 000 personnes, ce quicorrespondrait à 11 500 nouveaux casannuels en France. La Moldaviecompte 8600 personnes infectées parle VIH, et a enregistré 1750 décèsdepuis l'apparition de ce fléau.

Depuis le 28 avril, les citoyens mol-

daves peuvent entrer en Roumanie

sans visa. Ils ne se font pas prier,

créant de longues files d'attente.

Reportage à Ungheni, le point de pas-

sage qui relie Bucarest et Chisinau où

Mélanie Longuet, jeune étudiante en

journalisme au CESLA, découvre la

réalité de l'Europe à deux vitesses.

En arrivant au poste frontièred'Ungheni, à la frontière mol-davo-roumaine, la file d'atten-

te des voitures paraît interminable. Cejeudi, une centaine de véhicules se succè-dent ainsi dans une ligne bien organisée.Avec la chaleur, la plupart des automobi-listes ont ouvert leurs portières et beau-coup ont même quitté leur voiture. La fileavance de quelques dizaines de mètrestoutes les 15 minutes, laissant devinerune attente de plus d'une heure.

Banale, l'attente à la douane entre lesdeux pays a empiré ces dernières semai-nes. Grâce à la signature des accords d'as-sociation avec l'UE, les citoyens molda-ves peuvent se rendre dans les 28 Étatsmembres sans visa depuis le 28 avril. Lafrontière avec la Roumanie est donc par-ticulièrement fréquentée depuis.

Au point de passage, un officier de lapolice des frontières relativise. "Il y a eu

5 à 10 % d'augmentation, et il y a du

monde parce que les gens partent tra-

vailler en Allemagne ou en Italie".

L'homme se veut rassurant et se montreappliqué: "de toute façon, on est prêt

pour accueillir les voyageurs".

Des citoyens à

la double nationalité

Nicolaï fait partie de ces travailleurs.Il ne se rend ni en Italie ni en Allemagne,mais à Iasi, une ville universitaire aunord-est de la Roumanie. Il est accompa-gné par sa femme, Dima, et deuxemployés. Il gère une société de nettoya-ge. Pour lui c'est "facile" d'entrer enRoumanie. "J'ai aussi un passeport rou-

main", précise-t-il.A quelques dizaines de mètres des

points de contrôle, Maria attend son pas-sage. Faisant les cent pas sur la route, elleexplique qu'elle se rend en Roumanie"une à deux fois par mois". "Mais

aujourd'hui, c'est la première fois que je

vois autant de voitures", explique-t-elleen désignant la file d'attente du doigt.Maria blâme les douaniers: "je crois

qu'ils travaillent lentement". Ce jeudi,elle fait la queue pour aller "chercher les

passeports de mes filles", explique-t-elle.Cette situation, de nombreux

Moldaves la vivent. L'Etat roumain mèneune politique de "passeportisation" àdestination de ses voisins moldaves. Lacondition pour bénéficier de la doublenationalité? Avoir au moins un grandparent ayant eu, par le passé, la nationali-té roumaine. "Dans les années 1930, mes

grands-parents vivaient en Moldavie, qui

faisait partie de la "Grande Roumanie".

Grâce à ça, je peux avoir la double natio-

nalité", explique-t-elle. La procédurepeut néanmoins durer. "Il m'a fallu deux

ans pour avoir mon passeport roumain",

précise Maria. Elle a dû retourner plu-sieurs fois en Roumanie pour amenertous les documents. "Il faut des preuves

de domicile, de déplacements…"

"C’est injuste de ne pas

pouvoir se déplacer sans visa"

Un peu plus loin, Magdalena attendelle aussi de passer la frontière. Après unséjour à Chisinau, elle retourne àBucarest. Cette danseuse professionnellea parcouru l'Europe dès qu'elle a eu sonpasseport roumain. "Je trouvais ça injus-

te qu'on ne puisse pas se déplacer dans

l'Europe sans visa. Après avoir eu mon

passeport, ça a été une grande révéla-

tion". Elle explique que depuis 2009, laprocédure pour avoir un passeport rou-main est beaucoup plus rapide. "Ça pou-

vait prendre plusieurs années, les gens

faisaient la queue pour avoir ce papier et

ensuite pouvoir rentrer dans l'UE".

Notre voiture passe enfin la douane.Les officiers cherchent surtout des ciga-rettes, qui coûtent deux fois moins cheren Moldavie qu'en Roumanie. La policene contrôle qu'une valise, au hasard,avant de nous laisser passer sans un mot.Il nous aura fallu une heure trente pourpasser cette frontière. Et derrière nous lafile d'attente s'agrandit encore.

Mélanie Longuet

(Newsroum.fr)

Une jeune étudiante française découvre l'Europe à deux vitesses

L'interminable attente à la frontière moldavo-roumaine

Naissances en baisse

700 nouveaux cas de SIDA annuels

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ActualitéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Actualité

A Bucarest, les filles de l'association Verb aimeraient voir leur pays natal, la

Moldavie, s'unir à leur pays d'accueil, la Roumanie. Ensemble, elles partagent un loge-

ment et luttent contre les préjugés des Roumains envers les Moldaves. Mélanie Longuet

et Souan léger les ont rencontrées.

Elles sont dix filles. Dix étudiantes moldaves vivant à Bucarest et rassembléesautour d'un même rêve: réunir la Moldavie et la Roumanie. Nicoleta, 24 ans, est àla tête de ce petit groupe de militantes. Proche de l'association Actiunea 2012 -

mouvement pro-réunification entre les deux pays-, elle a décidé de créer sa propre formation,Verb (Vocea Etnicilor Români din Basarabia, La voix des ethnies roumaines de Bessarabie),afin de rassembler les jeunes moldaves installés dans la capitale roumaine. Depuis leur localsitué au sud de Bucarest, la troupe organise des actions ambitieuses. En 2013, elles ont fait latournée des écoles roumaines - 200 au total - pour sensibiliser les collégiens et lycéens à lacause unioniste. "Nous leur expliquons que les Moldaves sont des Roumains comme les aut-

res, que nous partageons la même langue, la même culture, la même histoire, et que nous

serons plus forts ensemble", énumère Nicoleta qui a obtenu toutes les autorisations nécessai-res pour délivrer ce discours politique en milieu scolaire. "De la propagande? Non, de l'infor-

mation! Car finalement les Roumains savent peu de choses de la Moldavie", assure-t-elle. Mais l'association assure aussi l'intégration de jeunes moldaves débarquant à Bucarest.

"Beaucoup sont choqués et déçus lorsqu'ils arrivent ici car la ville ne correspond pas à l'ima-

ge idyllique qu'ils en avaient. Sans parler de la séparation avec la famille et les amis. Notre

but est donc de leur permettre de bien s'intégrer et de ne pas s'isoler", explique la jeunefemme. Leur groupe vient grossir les rangs du mouvement unioniste - mouvement compor-tant par ailleurs une mouvance radicale et ultra-nationaliste - qui s'affiche sur les murs de laville à grands renforts de graffitis proclamant "Basarabia e România" (La Bessarabie est laRoumanie).

"Je veux revenir et changer les choses là-bas"

Elena, 18 ans et membre de Verb, a souffert lors de son arrivée à Bucarest: "Je n'avais que

14 ans lorsque mes parents ont décidé de m'envoyer à Bucarest, car la qualité de l'éducation

y est bien meilleure. Au début, les professeurs avaient des préjugés, mais ils ont disparu au fil

du temps", se souvient-elle. Très engagée, la jeune fille considère que l'intégration de son paysnatal à l'Union Européenne est nécessaire, mais pas suffisante, et se dit convaincue que l'uni-fication est déjà en cours de réalisation. Quel que soit le scénario à venir, Elena souhaiteretourner dans sa région une fois diplômée: "Rentrer à la maison, c'est comme un voyage dans

le temps: tout s'est arrêté et l'économie n'offre pas d'opportunités. Mais je veux revenir et

changer les choses là-bas", assure l'étudiante.La plupart des militantes sont hébergées dans des logements alloués par l'Etat roumain.

Marina, 20 ans, et Claudia, 21 ans, occupent une chambre dans une résidence étudiante quiaccueille principalement des jeunes moldaves et se trouve à une heure et demie de transportdu centre-ville. "Les étudiants moldaves n'ont pas à payer de loyer, nous sommes hébergés

gratuitement. Nous sommes aussi nombreux à recevoir une bourse mensuelle de 60 €, détailleMarina, le gouvernement nous aide car nous sommes le trait d'union entre les deux pays".

Le frère de TraianBasescu inculpé

pas juste un rêve, c'est une nécessité !"

Dans l'ombre des lits superposés, des icônes, des photo-graphies de famille, et des souvenirs de Moldavie, sont coin-cés entre les lattes de bois. A leur étage, elles sont soixante-dixà partager les sanitaires et la cuisine commune. "Au début, c'é-

tait très difficile de supporter la vie en collectivité. J'avais

besoin d'espace, d'intimité, mais je me suis adaptée et j'ai

même appris à méditer avec des gens autour de moi !", se féli-cite Claudia.

Dans quelques mois, les deux amies quitteront provisoire-

ment Bucarest pour Lyon, en France. Mais le retour au pays etle chemin vers l'unification entre la Moldavie et la Roumanierestent leurs premières préoccupations. Pour Marina, le douten'est pas permis: "Je veux emmagasiner un maximum de

connaissances et d'expériences pour pouvoir revenir et chan-

ger les mentalités. L'unification n'est pas juste un rêve, c'est

une nécessité".

Mélanie Longuet et Souen Léger

(Newsroum.fr, blog des étudiants en journalisme du Celsa)

Mircea Basescu, le frère duPrésident Basescu, a été incul-pé après la diffusion sur unechaine de télévision de grandeaudience d'un enregistremententre lui et le fils de SanduAnghel, alias Bercea Mondialu',un criminel qui purge depuisnovembre 2013 une peine de10 ans de prison pour avoir poi-gnardé l'un de ses petits-fils. Unsténogramme révèle qu'il auraitreçu un pot-de-vin de 350 000euros d'un membre de la famillede Sandu Anghel, promettantd'user de son influence familialeafin d'acheter les juges

Ils sont une cinquantaine, tousadhérents du Parti nationallibéral (PNL) et volontaires.

Dimanche, ils seront répartis dans tousles bureaux de vote de Bucarest. Leurmission? Veiller au bon déroulementdes élections européennes, aux côtésdes présidents, vice-présidents etmembres des autres partis. Charges àeux d'identifier les votants et de comp-ter les bulletins, la mairie ne s'occu-pant que de l'aspect technique desélections.

Ce soir, c'est Laurent Zaïna qui lesconseille. Juge au Conseil d'honneur duPNL du 6e arrondissement de Bucarest, ilreprend chaque étape point par point pourêtre compris de tous. Quitte à enfoncerdes portes ouvertes. "Une personne ne

peut pas signer pour quelqu'un d'autre,

sinon c'est de la fraude", explique-t-il.Il raconte également comment les

technologies peuvent aider les fraudeurs."Il faut être très attentif aux bruits dans

l'isoloir. Certains prennent en photo leur

bulletin, sur lequel ils ont tamponné le

candidat qu'ils ont choisi. Ensuite, ils les

montrent et se font payer. C'est de l'achat

de vote".

"Vous, vous avez 300 ans

de démocratie derrière vous"

Des recommandations qui donnentl'impression que la Roumanie n'en estqu'à ses débuts avec la démocratie.

Pourtant, pour Laurent Zaïna, laRoumanie n'a pas à rougir. "La fraude est

un problème encore aujourd'hui, c'est sûr.

Mais ça reste minoritaire lors des scru-

tins, entre 2% et 3% des votants". Pourexpliquer la différence entre son pays etla France, sa réponse est simple: " Vous,

en France, vous avez 300 ans de démo-

cratie derrière vous, c'est plus facile"…

forçant un peu la note en faisant com-mencer cette période à la fin du règne deLouis XIV, et omettant d'en extraire lespériodes de l'empire, de la restauration,de Napoléon III et de Pétain… soit lamoitié à retirer. Sans oublier que les fem-mes françaises n'ont le droit de vote quedepuis moins de 70 ans !

Pour l'ancien avocat, normal doncqu'il y ait beaucoup de questions ce soir.Les volontaires l'interrompent souvent."Pour un bulletin non utilisé, on met une

croix aussi?" "Non, on tire deux traits et

on écrit annulé". Un autre adhérent sedemande: "s'il y a écrit quelque chose sur

le bulletin, que fait-on?" "Tant qu'il y a

le tampon du bureau dessus, il est vala-

ble".

Une heure plus tard, les partici-pants repartent avec un petit guide pra-tique pour ne rien oublier le jour J. Ilcontient un résumé de la réunion etquelques textes de loi. Mais pas lespensées du Petit père des peuples."Comme disait Staline, le plus impor-

tant, ce n'est pas celui qui vote mais

celui qui compte les votes", rappelleLaurent Zaïna. De quoi justifier sonaction, en une seule phrase lourde desens.

Pauline Dufour et Jean Comte

(Newsroum.fr, blog des étudiants

en journalisme du Celsa)

*Grande école rattachée à l'universitéParis-Sorbonne (Paris IV), le CELSA mènedes recherches et dispense des formations pro-fessionnalisantes de haut niveau en journalis-me, communication, marketing, publicité,médias et ressources humaines.

Pour la cinquième année consécutive, larédaction éphémère du Celsa a posé sesmicros, caméras et ordinateurs hors de France.Après la Bosnie, l'Estonie, la Tunisie etChypre, cette année, c'est en Roumanie queles 22 étudiants du master 2 journalisme duCelsa se sont installés du 17 au 28 mai 2014,avec comme objectif: faire entrevoir par lesarticles qu'ils ont ramené les différents visagesde la Roumanie aujourd'hui, loin des clichés etdes amalgames.

"Comme disait Staline, le plus important,

ce n'est pas celui qui vote mais celui qui compte les votes"

Nicoleta est la présidente de l'association Verb (Vocea Etnicilor

Români din Basarabia).

"L'unification n'est

La cause sacrée de Moldavie

dix étudiantes moldaves à Bucarest

Le PNL forme ses militants à la lutte contre la fraude électoraleDans la perspective des élections européennes, le Parti national libéral a organisé des réunions pour apprendre à ses

équipes comment détecter la fraude. Des soirées qui ont donné parfois l'impression aux étudiants du CELSA* de repartir

à l'époque communiste.

Politique

Les Nouvelles de Roumanie disposent d'un site internet www.lesnouvellesderoumanie.eu sur lequel vous pouvez consultersans exception tous les numéros parus depuis le premier (septembre 2000), sauf ceux datant de moins d'un an, réservés aux abon-nés, dont les internautes peuvent cependant retrouver la présentation.

Les articles parus dans nos colonnes peuvent être repris librement, sous réserve d'être ni dénaturés, ni utilisés dans un senspartisan ou à des fins commerciales, et en précisant bien leur source.

Nous voulons ainsi répondre aux sollicitations de lecteurs, d'associations, de comités de jumelage, de chercheurs, d'étudiants,etc., qui souhaitent se servir de cette base de données pour leurs travaux, leurs bulletins, etc, et que nous mettons volontiers àleur disposition.

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ActualitéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Les NOUVELLES de ROUMANIE Actualité

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BUCAREST

ORADEA

SATU MAREl

TIMISOARA

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lIASI

BRASOV

CONSTANTA

TARGUMURES

BRAILAl

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SUCEAVA

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PITESTI

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TARGOVISTEl

VASLUIBACAU

CRAIOVA

TULCEA

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l

GIURGIU l

Politique

L'Europe fait figure deL'Union Européenne est-elle encore une plus-value ? Vue de Paris, elle est sou-

vent montrée du doigt comme la source des problèmes, mais, plus on avance vers

l'est, plus la perspective change. A 2500 km, à Bucarest, l'UE est plus que jamais

valorisée. Et selon un cliché qui a cours en Europe de l'Ouest, les Européens de

l'Est ne peuvent que se réjouir de leur intégration dans le club sélect des riches :

ils sont pauvres mais ils profitent des fonds structurels à hauteur de dizaines de

milliards d'euros que Bruxelles met à leur disposition.

Est-ce vrai ? Prenons l'exemple de la Roumanie. Ce pays devait dépenser surle budget 2007-2013 environ 32 milliards d'euros que la Commission euro-péenne lui avait réservés. Mais, en l'absence de projets pour attirer la manne

européenne, Bucarest n'a dépensé que 20 % de ces fonds. En fait, la Roumanie a cotiséplus que ce qu'elle a obtenu du budget européen, devenant ainsi un contributeur net del'UE. Mais, paradoxalement, les Roumains restent fidèles à l'UE. Leur admiration pourla construction européenne n'est pas une question d'argent. Un quart de siècle après lachute de la dictature communiste, ils demeurent très méfiants envers une classe poli-tique réputée pour sa corruption. Si le pays a retrouvé une certaine discipline, c'est grâceà son adhésion à l'UE qui a déclenché une longue série de réformes dans le domaine trèssensible de la justice.

298 condamnations en 2011, 743 en 2012 et plus d'un millier en 2013

Ces dernières années, les procureurs roumains ont entamé une opération "mains

propres" qui a bouleversé l'échiquier politique du pays. Des personnalités politiques depremier plan se sont retrouvées derrière les barreaux, et le rythme des arrestations necesse de s'accélérer. Les prisons roumaines accueillent de plus en plus de ministres, dedéputés, de préfets, de présidents de conseils régionaux, de maires, et même l'ancienpremier ministre socialiste Adrian Nastase, en poste entre 2000 et 2004. Les chiffres duparquet national anticorruption (DNA) parlent d'eux-mêmes: 298 condamnations en2011, 743 en 2012 et plus d'un millier en 2013.

Ces actions énergiques du DNA ne sont pas passées inaperçues dans les chancelle-ries occidentales. "C'est impressionnant de voir les résultats de la justice roumaine, a

affirmé l'ambassadeur britannique Martin

Harris. Le principe qui veut que personne ne

soit au-dessus de la loi a été imposé par les

institutions chargées de la justice". PhilippeGustin, l'ambassadeur de France à Bucarest,qui vient de quitter ses fonctions, s'est aussiexprimé sur la question. "C'est un signal posi-

tif qui est donné dans un pays où malheureu-

sement la corruption est présente, a-t-il décla-ré. Cela veut dire qu'on ne peut pas faire n'im-

porte quoi. L'exemple doit venir d'en haut". Etl'ambassade des Etats-Unis a médaillé le 10avril la procureure en chef du DNA, LauraCodruta Kovesi, et la journaliste Ondine

Ghergut, dont les investigations ont conduit à l'arrestation de plusieurs politiques.

La résistance et la solidarité de Victor Ponta avec les corrompus

Les réactions des ambassades occidentales à Bucarest sont censées renforcer ledispositif de la justice roumaine menacée par l'actuel premier ministre socialiste VictorPonta. A la tête du gouvernement depuis deux ans, il s'est systématiquement solidariséavec les hommes politiques condamnés pour corruption.

à l'UE a permis de mettre de l'ordre dans le pays

l

l

D'après un sondage, 80 % desRoumains estiment justifiées que lespersonnes convaincues de corrup-tion soient condamnées et effectuentleur peine, 62 % pensant que celle-ciest plus élevée dans leur paysqu'ailleurs. 50 % font confiance à laDNA (Direction Nationale Anti-corrup-tion) pour lutter contre ce fléau, laplaçant en tête devant le SRI (servi-ces secrets, 46 %), la police (44 %),la Justice (39 %) et l'UE (37 %). Leprésident est considéré comme étantle plus impliqué dans cette lutte(29 %), devant le gouvernement(27 %) et le parlement (23 %).

Pour les Roumainsles corrompus doivent aller en prison

Le parquet anticorruption deRoumanie a demandé début mai l'ar-restation d'un député de l'oppositionde droite accusé d'avoir tenté d'ache-ter des voix avec 70 tonnes de pou-let. "Au cours de l'année 2012, Florin

Popescu a utilisé son influence en

tant que président d'une filiale dépar-

tementale d'un parti politique pour

demander au directeur d'une société

commerciale 60 à 70 tonnes de pou-

let d'une valeur de 90 000 euros

pour les distribuer aux citoyens à des

fins électorales", a précisé le parquetdans un communiqué. "On m'accuse

d'avoir sollicité des produits agrico-

les. Mais ce n'était pas de la

drogue", a déclaré le député à la sor-tie des auditions.

Les procureurs ont demandé sonarrestation mais celle-ci n'intervien-dra que si les députés acceptent delever son immunité.

Poulets contre suffrages

Pour les Roumains, l'appartenance

Il a plusieurs fois tenté d'alléger la législation et de dimi-nuer les pouvoirs du parquet anticorruption, mais les pressionsvenues de Bruxelles et de Washingtonl'en ont empêché. C'est pourquoi laCommission européenne, souvent blâ-mée à Paris, fait figure de championnede la justice en Roumanie. Le sentimentpro-européen de la grande majorité desRoumains est conforté par l'idée quel'appartenance à l'UE a permis de mettrede l'ordre dans le pays. Ce qui n'est pasrien dans un pays considéré jusqu'à il y apeu comme le mouton noir de l'Europe.

Outre le parquet anticorruption, laRoumanie s'est dotée en 2007 d'uneinstitution qui fait froid dans le dos auxhommes politiques: l'Agence nationalepour l'intégrité (ANI), chargée de surveiller le patrimoine desfonctionnaires de l'administration centrale et locale. Tous lesans, en mai, ces derniers sont tenus de faire une déclaration deleur patrimoine que l'ANI rend publique. Cette obligation s'im-pose au chef de l'Etat et à ses conseillers, aux parlementaires,au chef du gouvernement, aux ministres et à leur appareil

d'Etat, aux chefs des services de renseignement, aux mairesainsi qu'aux conseillers régionaux et locaux.

Bref, l'ensemble de l'administrationcentrale et locale doit passer cet examende transparence imposé par la loi. "Nous

avons beaucoup travaillé pour mettre en

place ce mécanisme, d'autant qu'il

n'existait aucun modèle ailleurs, affirmele directeur de l'ANI, Horia Georgescu,un juriste de 37 ans. Notre agence est le

fruit du travail collectif d'une équipe de

jeunes spécialistes. Nous n'avons cessé

de subir des pressions. Certains hommes

politiques nous critiquent sans arrêt,

notre budget a été diminué, et nos

inspecteurs sont parfois menacés. Mais

nous ne céderons pas".

Le fléau de la corruption est loin d'avoir été éradiqué enRoumanie. L'ANI et le DNA ont encore du pain sur la planche.Mais le " nettoyage " a été lancé par une jeune génération quirêve d'une autre Roumanie. A Bucarest, l'UE trouve un nou-veau souffle.

Mirel Bran (Le Monde)

Le nombre de magistrats suspectés

de fraudes, pots de vin, corruption n'a

cessé d'augmenter ces dernières

années, leur mise en cause, condamna-

tion et incarcération prenant même la

forme d'un feuilleton, à la suite des

investigations menées par la DNA

(Direction Nationale Anti-corruption).

Les peines qu'ils reçoivent ne sont pas

anodines, de 2 à 7 ans.

Verre à moitié-vide ou à moi-tié plein? Si, d'un côté onn’est affligé par l'étendue du

mal, de l'autre, il faut considérer qu'ilexistait, mais caché, et qu'enfin les auto-rités se décident à sévir, alors que laJustice est déconsidérée auprès desRoumains qui ne lui font pas confiance.

Les poursuites engagées sont l'occa-sion de mettre à jour des pratiques gravesou cocasses pour acheter les délibérationset sentences: dessous de tables de centai-ne de milliers d'euros versés à de vérita-bles chaines de corruption par desréseaux mafieux pour obtenir des peinesclémentes… jusqu'à des thuyas, horlogesà coucou, bouteilles de whisky, gigots

d'agneau ou truites... et des parpaings! Ce cette délinquance a commencé en

2001, quand la première arrestation d'unmagistrat a déclenché un véritable trem-blement de terre dans les palais de justi-ce. Le procureur de la DNA Daniel Moraravait décidé de mettre sous les verrous lejuge Viorel Burzo, chef de la sectionpénale de la Cour d'appel de Cluj pourtrafic d'influence et dessous de table.Tout le Parquet prit peur alors. Dans unlivre de mémoires, le procureur rapportecomment fut vécu l'évènement : "Arrivé

le matin, le juge est ressorti entre les poli-

ciers, direction la prison. Pendant

quelques jours, un silence de mort s'est

abattu sur le palais. Un magistrat, par-

tant du bureau en pressant le pas pour

être sûr de rentrer chez lui, fut interpellé

par un collègue - Où vas-tu comme çà ? -

Je rentre à la maison…- Si tôt ? - Euh,

ben (et la gorge nouée, baissant la

voix)… pourquoi, t'as appris quelque

chose sur moi ?"

Viorel Burzo sera libéré sous condi-tion en 2003. Il avait été dénoncé parGabor Lajos, un bulibasa (chef tsigane)de Cluj qui lui avait versé 5000 marks, en

vain, pour obtenir une peine plus doucedans une affaire où il était impliqué.

A l'époque, l'association desMagistrats de Roumanie se déchainacontre le procureur Morar, le poursuivantde sa vindicte afin d'empêcher, sansrésultat, sa nomination à la Cour constitu-tionnelle, en 2013.

Viorica Costiniu (photo), la prési-dente d'honneur de cette association qui atenté de lui barrer le chemin n'est autreque l'épouse du juge auprès de la coursuprême Florin Costiniu, condamné àquatre ans de prison avec sursis dans leretentissant dossier du sénateur Voicu,portant sur 200 000 euros de pôts de vin.

championne de la justice en Roumanie

Sale temps pour les juges compromis

Le magnat Nelu Iordache, actionnaire de Blue Air, doit aujourd'hui rendre

des comptes à la Justice.

La DNA a fait condamner à sept ans de prisonCatalin Voicu, sénateur de Bacau.

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ActualitéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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ActualitéLes NOUVELLES de ROUMANIE

C'est sûrement l'un des plus vieux dossiers de corruption roumain, celui quiconcerne la privatisation de l'Institut de recherche alimentaire (ICA) orches-trée par le milliardaire Dan Voiculescu. Le jugement a été repoussé car de

nouveaux juges devraient être nommés. Le 1er juillet, la Cour d'appel de Bucarest pren-dra sa décision quant à la nomination de leurs successeurs dans ce dossier. L'un desmagistrats actuels, Stan Mustata, est en arrestation préventive pour corruption, et l'aut-re, Florica Duta, va prendre "opportunément" sa retrai-te. Ces nominations pourraient retarder de nouveau lejugement et donc la sentence, car le dossier est extrême-ment complexe et chaque juge devra l'étudier avecattention. Pourtant, cela fait six ans que l'affaire est encours de jugement, et elle a déjà été repoussée dix fois.

Les conséquences de ces ajournements sont lour-desz: certains des faits dont est accusé Dan Voiculescu,ancien informateur de la Securitate, surnommé Felix,notamment d'avoir utilisé son influence politique pourl'obtention des avantages dans le processus de privatisa-tion, sont déjà prescrits. L'ancien sénateur du Parti conservateur, ennemi acharné deTraian Basescu à la tête d'un empire de presse qui a orchestré les tentatives de destitu-tion, a été condamné l'année dernière en première instance à cinq ans de prison fermepour une fraude s'élevant à 60 millions d'euros. C'est ce verdict qui a été attaqué enrecours et qui attend d'être jugé. L'objectif de Voiculescu et de ses avocats, en passe deréussir, est de gagner du temps jusqu'au 31 décembre prochain, date à laquelle toutes lesaffaires dans lesquelles il est impliqué seront définitivement prescrites.

Le patron de presse peut se montrer d'autant plus optimiste que l'élection possible,qu'il espère, de son allié Victor Ponta à la tête de l'Etat, en novembre prochain, devraitl'y aider et la campagne électorale qui va commencer lui accorder une sorte d'immunitécar il lui serait facile de crier à l'acharnement politique en cas de décision défavorable.

Si Adrian Nastase est bien unripou, c'est aussi un bon père defamille et un détenu modèle. Ainsi ena jugé le tribunal de Bucarest pourmotiver sa décision de ne pas alour-dir d'un an de prison pour d'autresdossiers où l'ancien Premier ministreest impliqué, la peine de quatre ansferme qu'il est en train de purger. Lesjuges ont ajouté qu'il n'a jamaisessayé de se soustraire à sa con-damnation…. omettant de rappelerl'épisode de sa "tentative" de suicidepour échapper à l'incarcération et auxpoliciers venus l'arrêter. Le détenupourrait être libéré d'ici trois mois, etde toutes façon à la fin de l'année, sison ancien protégé, Victor Ponta, estélu président en novembre prochain.Condamné à deux reprises pour untotal de 5 ans, Adrian Nastase apassé un an derrière les barreauxjusqu'à maintenant.

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BUCAREST

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SLOBOZIA

Politique Son procès à nouveau renvoyé

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ALBA IULIA

Annulation des dettes pour la Défense

“Ripou”… mais bon père de famille

Victor Ponta a annoncé dans le cadre d'une réuniongouvernementale qu'il souhaitait tirer un trait surles dettes des sociétés de l'industrie de la Défense.

"J'ai l'intention, et ce par le biais de mesures autorisées par la

législation européenne, de soutenir l'industrie de la Défense et

ainsi annuler des dettes historiques qui, on le sait, ne seront

jamais réglées", a notamment déclaré le Premier ministre.

L'idée n'est pas récente et les dettes représenteraient un mon-tant d'environ 1 milliard de lei (220 millions d'euros).

Les compagnies en question sont les suivantes: Romarm,Uzina Mecanica Orastie, Santierul Naval Mangalia, AvioaneCraiova, IAR Brasov, IOR Bucuresti, Romaero et ConstructiiAeronautice. Toutes sont subordonnées au ministère del'Economie.

Politique

Sans surprise, la Chambre desdéputés a rejeté le 11 juin le projetde loi sur l'union civile initié par ledéputé vert Remus Cernea (PACS àla française). 298 votes ont été enre-gistrés "contre", quatre "pour", ettrois députés se sont abstenus.Avant le vote, son initiateur a priéses collègues parlementaires dereconnaître les droits des citoyens,et non pas "de les piétiner". Il a éga-lement ajouté qu'il présenterait denouveau son projet sous peu, enespérant "qu'entre temps, les menta-

lités se seront ouvertes". Au sein del'Union européenne, 17 pays sur 28permettent l'union de deux person-nes du même sexe.

PACS massivement rejeté La procureure en chef de la DNA (Direction nationale, Anti-corruption),

Laura Codruta Kovezi, s'est fâchée tout rouge contre le fonctionnement del'appareil judiciaire du judet de Cluj, soupçonné d'entraver le cours de la jus-

tice, saisissant le Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM). En cause le procès enta-mé depuis 2006 contre Marius Oprisan, président du judet de Vrancea (Focsani) et quin'a toujours pas abouti. Ce baron, considéré comme l'un des plus corrompus et combi-

nards du pays, est accusé avec cinq complices d'avoirdétourné plus de 2,2 millions d'euros au préjudice de l'Etatet de ses administrés. Des crédits avaient été attribués pourgoudronner des routes départementales qui l'étaient déjà ouen refaire, sans qu'aucun suivi des fonds et des travaux nesoient effectués sérieusement, affectés à des firmes tenuespar des proches. Par ailleurs, l'élu avait fait bénéficier safamille en 2004 d'une subvention pour la construction d'uncomplexe touristique sur 8 hectares d'un terrain lui apparte-nant et utiliser des équipements pour un usage personnel.

En plus de 8 ans de procédures, les procès ont été délocalisés plusieurs fois, entreCluj, Focsani et la Haute cour de justice de Bucarest, et repoussés à une audience ulté-rieure à plus de 80 reprises à des termes allant de un à trois mois. Les juges ont mis qua-tre ans pour entendre les témoignages des 72 témoins cités par le ministère public.

Combinard et corrompu, Marius Oprisan ne manque pas de ressources, ni de complicités

L'agence d'évaluation financiè-re Standard & Poor's a relevéd'un cran la note de la

Roumanie, qu'elle place désormais dansla catégorie des emprunteurs fiables, enraison de "l'amélioration rapide" de sacompétitivité internationale.

La note long terme du pays passeainsi de "BB+" à "BBB-". Elle est dotéed'une perspective stable, qui impliqueque l'agence n'envisage pas de la modifierà court ou moyen terme.

"Cette réévaluation reflète les pro-

grès rapides de la Roumanie vers une

réduction de sa dette extérieure et notre

impression que les progrès vers une

consolidation des comptes de l'Etat et les

efforts pour soutenir la stabilité du sec-

teur bancaire vont se poursuivre",

explique l'agence dans un communiqué."Nous croyons que le PIB de la

Roumanie va continuer à croître, de 3%

en moyenne sur la période 2014-2017",

ajoute S&P. "C'est moins rapide qu'avant

la crise financière de 2009 mais plus

rapide qu'aucun de ses pairs dans la

région. Cela met en évidence le retour à

des fondamentaux relativement sains

même si le revenu par habitant en 2014

est à peu près équivalent au pic atteint en

2008". Après des années de croissance àdeux chiffres, la Roumanie avait plongédans la récession en 2009 et 2010. Sauvéepar une aide d'urgence de 20 milliardsd'euros du Fonds monétaire international(FMI) et de l'UE, assortie de mesuresd'austérité draconiennes pour enrayer lecreusement du déficit budgétaire, le paysle plus pauvre de l'UE, avait renoué avecla croissance dès 2011. En 2013, laRoumanie a enregistré une des plus fortescroissances de l'UE, +3,5%.

La Roumanie mieux notée

Prescription à venir

pour le milliardaire Voiculescu ?

En parallèle au scrutin européen, lesRoumains ont aussi voté pour cinqdéputés et trois sénateurs, ces postes

ayant été laissés vacants dans certaines circons-criptions pour différentes raisons. L'ancien joueurde tennis Ilie Nastase, se présentant sous le dra-peau du Parti social-démocrate (PSD), a remportéle siège de sénateur dans le collège 8 du secteur 4

de Bucarest. Il a déclaré vouloir "faire en politique

ce qu'il a toujours fait au tennis". Et a égalementévoqué sa volonté de réformer la législationconcernant la sponsorisation du sport. Par ailleursl'ancien ministre franco-roumain de l'Education,Daniel Funeriu a échoué dans sa tentative de deconquérir le siège de député vacant à Timisoara, saville d'attache, terminant troisième.

L'ancien tennisman Ilie Nastase entre au Sénat

Elena Udrea a élue présidente du PMP (Parti du Changement Populaire) par 742 voix sur950, lors du congrès de cette nouvelle formation, créée dans la perspective des prochai-nes présidentielles pour permettre à la mouvance proche de Traian Basescu de garder la

main sur le pouvoir ou jouer un rôle central dans la succession. Son concurrent, l'ancien ministre del'Education nationale, Ionel Funeriu a obtenu 209 voix. A l'issue du congrès, Elena Udrea annoncéque Cristian Diaconescu, le candidat indépendant aux dernières européennes qui a créé la surpriseen obtenant 7 % des suffrages, représenterait son parti à l'élection de novembre prochain.

Elena Udrea présidente du PMP

Si l'Etat roumain éprouve des difficultés à accéder aux fonds européens, les acteurs économiques étrangers, notammentd'Europe de l'Ouest, n'ont eu aucun mal à profiter de l'ouverture économique de la Roumanie. Aujourd'hui, les étrangers,souvent Italiens, détiennent 30 % des terres agricoles. Parmi les vingt entreprises les plus profitables de Roumanie, seu-

les cinq appartiennent à des nationaux: deux à l'Etat (dont Romgaz, le principal producteur de gaz du pays) et trois à des entrepre-neurs privés. Parmi les quinze entreprises restantes, quatorze dépendent d'une multinationale originaire de l'UE, dans les secteursles plus stratégiques: Petrom est une filiale de l'autrichien OMV, le britannique Vodafone et le français Orange se partagent le mar-ché des télécoms, les Allemands, Italiens, Français, Autrichiens, Grecs et Néerlandais, la banque et les assurances. Ce schéma seretrouve dans l'industrie automobile (rachat de Dacia par Renault), ou la fourniture de gaz et d'électricité (GDF Suez, Enel).

Les firmes européennes se partagent le gâteau roumain

Economie

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ActualitéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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ActualitéLes NOUVELLES de ROUMANIE

Comme il l'avait évoqué en février 2012, Bosch a investi 77 millions d'eurosdans une nouvelle usine en Roumanie. Cette nouvelle unité produira des com-posants électroniques pour les systèmes d'assistance à la conduite de l'équipe-

mentier, ainsi que des pièces du module d'assistance électrique eBike Drive pour les vélosà assistance électrique. L'Allemand a bénéficié d'une aide de l'Etat roumain (environ25 millions d'euros) pour ce projet. Ce nouveau site devrait employer 750 personnes d'icila fin de l'année. Il se tient sur un terrain d'une vingtaine d'hectares à Jucu, au nord de lagrande ville de Cluj, déjà impliquée dans le secteur automobile, avec notamment l'ultra-moderne usine de fabrication de batteries du local Rombat.

Bosch arrive sur place comme un sauveur, puisque la zone avait été sinistrée en 2011,lorsque le Finlandais Nokia avait fermé un site ici-même, licenciant près de 2000 person-nes. D'ailleurs, pour éviter que ce type de désagrément ne se reproduise, le contrat signéentre Bosch et les autorités locales prévoit des compensations pour les employés si legroupe quittait le site de manière anticipée. Bosch compte déjà trois usines en Roumanieà Blaj (centre), un centre de communications à Timisoara (ouest) et une société de distri-bution à Bucarest, et emploie à ce jour pas moins de 1700 personnes sur place.

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La grève des postiers a porté ses fruits

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Images d’actualité

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Bosch sauve la mise de JucuEconomie

PLOIESTI l

La Poste roumaine a annoncéqu'elle allait procéder à des inves-tissements suite à la vague demanifestations du mois dernier.Les manifestations venaient àpeine de se terminer que la Posteroumaine, sérieusement bousculéepar une vague de mécontente-ment, vient de démarrer des pro-cédures d'acquisitions de maté-riels. Il s'agirait plus précisémentd'acquisitions dont le montant s'é-lève à 1,75 million d'euros. Pourrappel, les manifestations et grè-ves à l'échelle du pays avaient prisfin suite à la signature d'un accordentre le syndicat des travailleursde la Poste et la direction de l'insti-tution, accord qui prévoit notam-ment des augmentations salaria-les. Il implique aussi des acquisi-tions d'équipements, de sacs etd'uniformes pour les postiers, ainsique d'autres mesures devant per-mettre l'amélioration des condi-tions de travail pour les 27 000employés de la Poste roumaine.

La chaine allemande de magasinsde bricolage OBI (530 magasinsdans le monde dont 330 en

Allemagne, 38 000 employés, chiffre d'af-faire de 5 milliards d'euros) a annoncé sondépart de Roumanie, le marché n'étant pasporteur à la suite de la baisse du pouvoird'achat de la population et du taux de cons-truction de maisons en berne.

Il s'agit d'un nouveau remodelage dusecteur, après la cession des 15 magasinsde Bricostore du groupe français Bressonau britannique Kingfischer, en avril 2013,et des 27 grandes surfaces de l'allemandPraktiker au turc Omer Susly, en février.

Obi avait ouvert son premier magasinen 2008, à Oradea, suivi de créations àBucarest (2), Arad, Pitesti, Ploiesti et Sibiu.

Son chiffre d'affaires avait augmentéde manière constante jusqu'en 2008, pas-sant de 4 millions d'euros à 40 millions,mais depuis 2010, la société, qui compte636 employés, enregistrait des pertesannuelles de l'ordre de 15 millions d'euros,qui ne cessaient de s’alourdir.

Les seuls survivants de l'époque d'ordes débuts de ce secteur d'activité enRoumanie sont: Ambient, bauMax,Dedeman, Hornbach, Mr. Bricolage etLeroy Merlin.

OBI prépare son départ

Le cimentier suisse Holcim et le français Lafarge ont décidé de fusionner, deve-nant ainsi le n°1 mondial du secteur. Holcim est présent en Roumanie où ildétient deux fabriques à Câmpulung et Alesd, une station de broyage et un ter-

minal de ciment à Turda, ainsi qu'une vingtaine d'autres établissements dans le pays.Lafarge y est moins impliqué, se limitant à une activité de vente, de fabrication de bétonet d'agrégat. Holcim intervient dans 70 pays avec 71 000 employés, Lafarge dans 64,comptant 65 000 employés. Le siège social de la nouvelle entité se trouvera à Zurich.

Holcim et Lafarge fusionnent

Même si la Roumanie ne s’est pas qualifiée depuis 1998, les Roumains suivent le mondial du Brésil sur des écrans géants.

Le prix de l’essence ne cessant d’augmenter, des citadins se reconvertissent au vélo.

Les bruits de bottes à l’est ont déclenché des manoeuvres militaires en Moldavie et Roumanie,

les habitants de plusieurs villes étant réveillés par celui des chenilles de chars rejoignant leurs positions.

Si le véhicule tous terrains et low-cost ARO n'est plus fabriqué enRoumanie depuis 2003, date à

laquelle la firme a été privatisée et venduepour 180 000 dollars à l'américain Crosslander pour 180 000 dollars et un engage-ment d'en investir 2 millions pour lamoderniser… qui n'a jamais été tenu, il encircule encore un nombre conséquent sur

les routes roumaines. 26 000 véhicules sonttoujours immatriculés et la productioncontinue en Tchécoslovaquie sous lamarque Auto Max Czech, ancien représen-tant d'ARO dans le pays.

ARO avait commencé sa production en1957 et a fabriqué au total 380 000 véhicu-les, dont 90 % ont été exportés dans110 pays.

A six mois des élections, le par-lement a voté une disposition per-mettant d'accorder des bons-vacances aux fonctionnaires d'unevaleur maximum correspondant àun peu plus de six mois de SMIC(1200 euros). Les bénéficiairesdoivent les utiliser dans des éta-blissements touristiques agréés etne peuvent recevoir en complé-ment les primes de vacances habi-tuelles ou autres dispositions.

Primes électoralesde vacances

ARO tant bien que mal

D’abondantesprécipitationsont provoquéd’importantesindondations

en Roumanieet dans les

pays voisins.

Opération “Mains propres”menée

par la DNA et l’ANI:Mircea Basescu

frère du Président arrêtéainsi que la juge à la

Haute Cour de JusticeGabriela Barsan...

dont le mari est juge à la Cour Européenne

des Droits de l’Homme.

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Dans le judet d'Olt (Slatina), Giuliano, 9 ans et Claudiu, 7 ans, font chaquejour deux heures de musculation dans l'espoir de devenir bodybuildeurs.Poussés par leur père, les deux petits garçons affichent aujourd'hui une

musculature effrayante… et dangereuse pour leur développement ! Pompes, abdos, gainage… Hauts comme

trois pommes, les deux garçons soulèventchaque jour des haltères de quatre kilos, rappor-te le Dailymail. Résultat: ils affichent aujourd'-hui une musculature proche de celle d'un adultebodybuildé. Une pratique extrêmement dange-reuse pour le développement de Giuliano etClaudiu. Et pour cause : avant l'âge de 20 ans ettout particulièrement chez les jeunes enfants, lamusculation est réputée pour endommager les oset perturber la croissance.

Pour Lulian Stroe, leur père, Giuliano etClaudiu feront un jour fortune grâce à leur corps.La famille vient d'ailleurs tout juste de rentrer enRoumanie après quelques semaines passées enItalie, où Lulian Stroe a essayé de faire connaît-re ses fils. Voici 4 ans, Giuliano était entré dans

le livre des records à l'âge de 5 ans pour avoir marché sur les mains sur une distance de10 mètres et il avait été surnommé "Le petit Hercule".

Pour Ileana Stroe, la mère des deux garçons : "Ils ont un talent naturel pour cela.

On ne les force pas, c'est ce que Dieu a prévu pour eu". Et d'ajouter : "Mon mari va

bientôt se rendre à l'étranger afin de gagner de l'argent, (...) et nous allons utiliser cet

argent pour nos fils". En effet, Lulian Stroe prévoit de se rendre en Grande-Bretagneafin de trouver un emploi et financer l'entrainement de ses deux garçons. Les servicesde la protection de l'enfance du judet d'Olt ont entrepris une enquête sociale.

FOCSANI

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Le milliardaire Ion Niculae a obte-nu le divorce d'avec sa femme,Domnita, après 31 ans de mariage. Ildevra lui verser 10 millions d'euros,mais la décision des juges doit enco-re être confirmée, soit 1% de sa fortu-ne estimée à 1,2 milliard de dollars,qui en fait l'homme le plus riche deRoumanie et le met à la 1372èmeplace du classement Forbes 2014,concernant les personnes ayant unefortune supérieure à un milliard de

dollars dans lemonde.

Ion Niculaevit avec samaitresse àlaquelle il atransféré unepartie de ses

biens pour qu'ils ne reviennent pas àsa femme. Il est le propriétaire dugroupe agricole InterAgro, qui comp-rend 50 000 hectares de terrain et del'équipe de football Astra Giurgiu quivient de remporter la coupe deRoumanie de Football. Il est actuelle-ment mis en examen pour corruption.

Divorce de milliardaire

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Bodybuilders à 9 et 7 ansEvénements

SLATINAl

"Dans une optique très optimiste, le Pacs pourrait être voté dans 5 ans"

Ils cultivent la discrétion à Bucarest. Ici, pas de"Marais" à la roumaine comme à Paris. Seuls deuxbars-boites sont connus pour être des lieux gays dans

la capitale roumaine. La majorité des homosexuels préfèrenttaire leur orientation sexuelle.

A 25 ans, Alex n'est pas à l'ai-se avec son identité. "C'est une

honte d'être gay ici. Je reste disc-

ret sur la question. Les gens sont

mauvais et fous. Je ne veux pas

avoir affaire à eux", confie lejeune homme, qui travaille dans letourisme et dit craindre "les homo-

phobes".

Sur la question, le pays faitpreuve de puritanisme. Selon unsondage de 2011, près des troisquarts des Roumains déclarent nepas vouloir d'un homosexuel ausein de leur famille, et la moitién'en veut pas davantage sur sonlieu de travail.

Des chiffres à nuancer pour-tant, car les mentalités évoluent.Ioan, 24 ans, vit sa sexualité augrand jour malgré les violences qu'il a déjà subies. "Bucarest

est quand même une ville plus gay-friendly que le reste du

pays. Je ne dis pas à tout le monde que je suis gay, mais si on

me pose la question, je ne le nie pas". Consultant financier, ila fait une partie de ses études à Londres. "La Roumanie s'ouv-

re sur la question. Mais nous sommes encore loin de l'Europe

de l'Ouest", confie-t-il.

La drague en ligne comme alternative

Pour Daniela Prisacariu, de l'association LGBT roumaineAccept, il est plus facile d'être lesbienne que gay enRoumanie. "Ici, il y a une culture de la masculinité. Les homo-

sexuels hommes prennent des risques en abordant des

inconnus dans la rue. C'est plus facile de faire des rencontres

via des sites internet spécialisés qui sont très populaires",

explique la militante. "Si une fille en aborde une autre, celle-

ci l'ignorera ou rira si elle n'est pas intéressée", poursuit-elle.L'association Accept organise la Gay Pride roumaine

depuis 2005. Une marche qui a réuni en 2013, 400 personnes.Certaines y viennent masquées par peur des représailles oud'être reconnues dans la rue. "Mais ils sont de moins en moins

nombreux à venir incognito", confie Daniela Prisacariu. Lesclichés restent pourtant fortement ancrés. "Les journalistes

vont filmer uniquement les drag-queens* alors qu'il y en a

deux ou trois dans tout le cortège ", confie-t-elle.Accept revendique l'égalité des droits. "Ce qui implique

bien sûr le Pacs et le mariage". Deux avancées que l'associa-tion n'attend pas avant plusieurs années. "Dans une optique

très optimiste, je dirais que le Pacs pourrait être voté dans

cinq ans", affirme DanielaPrisacariu.

Une prudence partagée par ledéputé écologiste pro-gay RemusCernea, qui a présenté un projetd'union civile au parlement en2013. Un texte qui a récolté seule-ment deux voix en sa faveur lorsdu vote. "Globalement, il y a un

fort niveau d'intolérance dans

notre pays", analyse le député.Pour Accept, l'égalité des

droits passe par l'éducation,notamment des jeunes. Car l'arse-nal législatif - la dépénalisation,en 2001, et les lois anti-discrimi-nations - existent déjà. "Il faut que

les homosexuels sachent qu'ils ont

des droits. Que les personnes qui

les discriminent prennent des

risques", déclare Daniela Prisacariu.

Conchita Wurst invitée à la Gay pride

Sous Ceausescu et dans les dix années qui ont suivi sachute, de nombreux homosexuels ont été envoyés en prisonsur ce seul motif. "Lors de la Gay Pride, certains opposants

très conservateurs organisent la "Marche de la normalité"

simultanément. Ils n'hésitent pas à brandir des portraits de Ion

Antonescu, qui a déporté juifs et homosexuels durant la guer-

re, en même temps que des icônes orthodoxes", confie RemusCernea, qui a participé à huit défilés de la Gay Pride roumai-ne. Sa dernière édition a eu lieu le 7 juin, à Bucarest.

Le député y avait invité la gagnante autrichienne del'Eurovision, Conchita Wurst, qui n'a pu se déplacer.Paradoxalement, la Roumanie lui avait accordé son troisièmemeilleur score lors du show télévisé.

Etienne Schoeffel

(Newsroum.fr, blog des étudiants en journalisme du Celsa)

* Les drag queens sont des hommes qui s'habillent en

femme (travesti), souvent de façon exagérée, loufoque ou en

imitant des femmes célèbres, pour amuser ou à titre d'anima-

tion et de spectacle incluant du chant, de la danse, du lip-sync,

du stand-up. A contrario des drag kings qui sont des femmes

s'habillant en hommes.

Bucarest : Pour vivre gay, vivons cachés

Le Prince Charles a reçu le titrede Docteur Honoris Causa de la partde l'Université de Bucarest. A l'occa-sion de la remise de son titre, il anotamment rappelé son attachementau maintien des valeurs culturelle etarchitecturale en matière de tradi-tions rurales roumaines. Il s'agit dela première distinction de ce type quele Prince Charles reçoit de la partd'une institution d'enseignementsupérieur.

Asuite de révélations parues dans la presse roumaine, Ikea a finalemententrepris des investigations internes pour savoir dans quelle mesure, lafirme avait été engagée dans des pratiques de surfacturation en complicité

avec le régime de Ceausescu et la Securitate pour les contrats qu'elle avait avec laRoumanie portant sur la fourniture de meubles. Ces malversations étaient conduites,côté roumain, par le chef des services d'espionnage, le général Aristotel Stamatoiu, quidisposait d'un compte IKEA à la Banque de commerce extérieure de l'Allemagne del'Est. L'opération portait le nom de code "Scandinavia" et était supervisée par le majorde la Securitate Constantin Anghelache, actuel président exécutif du FC DinamoBucarest. Le géant suédois est déjà sérieusement mis en cause pour avoir utilisé à boncompte et à bon prix la main d'œuvre des prisonniers des goulags est-européens pour,fabriquer ses meubles.

En jouant à la chasse au trésor, 3gamins de 11-12 ans d'OcolisuMic (Deva), ne pouvaient pas

mieux tomber: ils ont découvert 140Kosoni, des pièces d'or datant de l'époquedu roi Dace Koson, successeur deBurebista, après son assassinat. Ellesétaient enfouies dans la terre et contenuesdans des bouteilles en plastique, cachéessans-doute en ces lieux par des pilleurs desites archéologiques, dans cette région

proche des Monts Orestie qui en est riche.Un koson se négociant à 1100 €, le mon-tant de la découverte dépasse 150 000 €.Les enfants ont porté leur trésor à la mai-rie, mais en ont perdu une partie sur lechemin. Le maire a récupéré les piècesmanquantes en envoyant un employémunicipal partir à leur recherche avec undétecteur de métaux. Ils recevront chacunune prime de 2200 € et ont déjà décidé deson usage: s'acheter une bicyclette !

Le Prince Charlesdocteur HonorisCausa

Ikea encore sur la sellette

Chasse au trésor

Evénements

Dépénalisée en 2001, l'homosexualité reste un sujet tabou en Roumanie. Dans un pays où la religion orthodoxe est très

influente, la plupart des gays préfèrent vivre cachés, comme l'ont constaté les étudiants du CELSA en reportage sur place.

Même si les mentalités tendent à évoluer.

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Un hacker de Sambateni (commune de Paulis, judet d'Arad) a été inculpépour avoir pénétré dans les boîtes mail de personnalités célèbres, dont unmembre de la famille des anciens présidents Bush. Le département de la

Justice a indiqué que Marcel Lehel Lazar, 42 ans, également connu sous son pseudony-me de "Guccifer", a été inculpé pour fraude en ligne, accès non autorisé à des ordina-teurs sécurisés, vol d'identité aggravé, harcèlement en ligne et obstruction à la justice.

L'homme purge déjà une peine de sept ans de prison en Roumanie où il a été arrê-té en janvier et condamné pour avoir piraté les comptes mails de nombreuses personna-lités roumaines dont celui du directeur du Service de renseignement intérieur, un ancienministre et plusieurs hauts conseillers. Cette mise en examen aux Etats-Unis intervientun an après l'ouverture d'une enquête après la découverte d'une brèche dans les boîtesmail de plusieurs membres de la famille Bush.

Selon le site d'enquête The Smoking Gun à l'époque, le pirate informatique avaitpublié des photos personnelles et des correspondances privées appartenant aux anciensprésidents et à leurs proches. Le hacker avait notamment intercepté des imagesenvoyées par George W. Bush à sa sœur, représentant plusieurs des tableaux qu'il avaitpeints, dont un auto-portrait de lui en train de prendre sa douche… "à poil".

Ovidiu Magureanu est un collec-tionneur automobile roumain. Il pos-sède une automobile très particuliè-re, une Renault 20 TS construite parDacia et connue en Roumanie sousle nom de Dacia 2000. Très particu-lière en raison de son ancien pro-priétaire, qui n'était autre queCeausescu. Ce dernier l'utilisaitcomme véhicule personnel alors qu'ilétait au pouvoir. La Dacia 2000 a étéprésentée en 1981, mais elle n'étaitpas prévue pour être vendue auxcivils en Roumanie. On ignore donccombien d'exemplaires ont été cons-truits de cette auto sans doute réser-vée aux cadres dirigeants et autresproches du "conducator". En tantque véhicule haut de gamme de l'é-poque, cette Dacia 2000 était équi-pée d'une boîte automatique, desvitres électriques, de l'air conditionnéet même d'un régulateur de vitesse.

Ovidiu Magureanu a trouvé cette

Dacia très spéciale assez facile-ment, en cherchant sur internet. Il l'aalors immédiatement acheté, cons-cient de faire une bonne affaire enterme de valeur résiduelle. A noterque l'auto est motorisée par un blocessence de 2,2 litres de cylindréedéveloppant 115 chevaux. De quoiatteindre une vitesse de pointe de175 kilomètres / heure, un chiffrehonorable pour l'époque.

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Conducteur…et conducator

Un hacker d'Arad pirate

des emails des Bush

Les deux pilotes de l'avion, Pascal Fauret et BrunoOdo, âgés de 53 ans, Alain Castany, 67 ans, qui seprésente comme membre d'équipage, et Nicolas

Pisapia, 38 ans, le passager, ont été arrêtés le 23 mars 2013 àbord d'un Falcon 50 chargé de 26 bagages remplis de 700 kilosde cocaïne, pour une valeur totale estimée à 20 millions d'eu-ros. L'appareil s'apprêtait à décoller de l'aéroport de PuntaCana à destination de Saint-Tropez et avait déjà fait la navetteplusieurs fois. L'opération spectaculaire, menée devant lescaméras par la DNCD, l'agence antidrogue dominicaine, avaitégalement conduit à l'interpella-tion de 43 membres, civils etmilitaires, de la sécurité et de ladouane aéroportuaire.

Si les charges pesant surNicolas Pisapia, client du vol etpropriétaire des valises, sontaccablantes, l'éventuelle compli-cité des deux pilotes et du troi-sième membre d'équipage a étévigoureusement contestée enFrance, notamment par leSyndicat national des pilotes deligne qui parlent d'une mise enscène des autorités douanièreslocales visant à se donner le beaurôle, en se lavant par un joli coupde filet des accusations de laisser-faire et corruption pesant surelles. Cet aller-retour transatlantique étant enregistré commeun vol commercial, l'équipage était légalement exonéré detoute responsabilité concernant le contenu des bagages. Il a étéfinalement remis en liberté le mardi 17 juin, ainsi que NicolasPisapia, le terme de la durée légale de détention - un an - ayantété dépassé. Mais les quatre hommes ne peuvent pas quitter lepays, les autorités de Saint Domingue indiquant qu'ils serontjugés. Quand aux 43 Dominicains impliqués dans l'affaire, 27ont bénéficié d'un non-lieu et 10 ont été libérés dans l'attentedu procès.

La jet set de Bucarest

Alertée par des dénonciations anonymes, la justice fran-çaise avait commencé à s'intéresser aux voyages transatlan-tiques du Falcon 50 dès janvier 2013, soit deux mois avantl'interpellation de ses occupants par les autorités dominicaines.

Nicolas Pisapia n'avait pas vraiment le profil d'un busi-nessman capable de s'offrir un tel voyage en Falcon. Marié à

une Roumaine employée comme réceptionniste dans une cli-nique et qui gagne 300 euros par mois selon la presse roumai-ne, ce jeune papa est surtout présenté comme l'ami etl'"homme à tout faire" d'un homme d'affaires français installéen Roumanie. Un Toulonnais comme lui, un certain FrankColin dont la vie ressemble à un roman. Et qui, depuis sonmariage en 2009 avec la belle Maria Marinescu, une créatricede mode très en vue à Bucarest, s'affiche dans tous les maga-zines people de Roumanie.

Frank Colin, 40 ans, a débarqué à Paris à la fin des années1990 dans les valises d'un autreenfant de Toulon, Jean Roch, quiouvre alors dans la capitale leBash, puis le VIP Room, sur lesChamps-Élysées. "Il assurait la

sécurité", se souvient un témoinqui décrit "un charmant garçon,

toujours poli, jamais vu avec de

la drogue". Selon ce proche,Colin a ensuite joué les gardesdu corps pour le fils d'un pontede L'Oréal installé en Suisse,avant que les deux ne s'associenten Roumanie dans les affaires."Il a alors changé de vie. Il a su

acheter des terrains au bon

moment, juste avant le boom

des centres commerciaux en Roumanie, se reconvertissant

dans l'immobilier!". Une réussite rapide et un goût pour lemonde de la nuit bucarestois qui lui permettent d'intégrer lajet-set locale.

Des pistes qui mènent en Roumanie

Franck Colin, est soupçonné d'avoir organisé les voyagessuspects de son ami Nicolas Pisapia. Dans un coffre bancaireà son nom qu'il s'apprêtait à vider voici un an, les enquêteursfrançais avaient trouvé 70 000 euros en billets portant des tra-ces de cocaïne. Personnage haut en couleurs, le Toulonnais arédigé un testament depuis la prison des Baumettes où il estincarcéré actuellement, demandant que ses tatouages soientprélevés, encadrés et confiés à son fils après son suicide. Maisil est apparu trop fantasque aux yeux de la justice française,qui le soupçonne de n'être qu'un homme de paille au serviced'une tête de réseau, jusqu'ici introuvable. Différentes pistesont été explorées, en Belgique, en Suisse, en Espagne ou enco-re en Roumanie.

Faits divers

Un car roumainavec 25 touris-tes belges d'An-

vers et de Campine, a étéaccidenté, mi-mai, à la sortiede Poiana Brasov, alors qu'ilentamait la descente de lastation en direction deRasnov, pour se rendre auchâteau de Peles à Sinaia. Leconducteur, un Roumain âgéde 67 ans, a perdu le contrô-le du véhicule dans un vira-ge, à la suite d'une défaillance des freins. Le car est sorti de la route, terminant sa cour-se une quinzaine de mètres en contrebas, sans toutefois se renverser. Tous les passagersont été conduits pour des examens à l'hôpital, une dizaine d'entre eux étant blessés auniveau de l'abdomen et du thorax, dont 3 assez grièvement. Un hélicoptère est interve-nu pour l'évacuation de celui qui était le plus sérieusement touché.

Un train de passagers est entréen collision avec un convoi demarchandises mardi 20 mai à

80 km au sud de Moscou, provoquant lamort de cinq personnes et faisant 45 bles-sés, dont au moins 18 grièvement. Le trainde passagers, parti de Moscou à destina-tion de la Moldavie, transportait 394 per-sonnes. La collision a eu lieu avec deswagons d'un convoi de conteneurs, dont16 ont déraillé en raison de la rupture d'unrail. Ce convoi venait en sens inverse de

Roumanie et transportait des pièces déta-chées du constructeur français Renaultpour ses usines d'assemblage locales. Undes wagons du train de passagers a étéécrasé par un conteneur du train de mar-chandises. Des blessés ont été évacuésvers les hôpitaux en hélicoptère. Plus de300 personnes ont participé aux secours.Le gouvernement moldave a frété un avionpour permettre aux parents des victimesmoldaves, des travailleurs ayant un emploien Russie, de se rendre à leur chevet.

Collision entre un train moldave et roumain près de Moscou

Un car de touristes belges se renverse

700 kg de drogue saisis à Punta Cana, le milieu interlope franco-roumain sur la sellette

Faits divers

Air Cocaïne faisait aussi escale en RoumanieLe sort des quatre Français, dont un marié à une Roumaine, Nicolas Pisapia, maintenus en détention provisoire depuis

leur arrestation, il y a plus d'un an, à bord d'un Falcon bourré de cocaïne en République dominicaine et libérés sous condi-

tion tout dernièrement, a défrayé la chronique des deux côtés de l'Atlantique et jusque sur les rives de la mer Noire.

L'appareil appartient à une société de location dont le principal actionnaire est l'homme d'affaires Alain Afflelou, qui a été

mis hors de cause.

Franck Colin et la belle Maria Marinescu, créatrice de mode très en vue, font partie de la "jet set" de Bucarest.

Ici, lors de leur mariage en 2009.

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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TIMISOARA

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l BUZAU

SUCEAVA

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PITESTI

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28 507 couples roumains ont divorcé en 2013, soit environ 3000 de moins qu'en2012, les divorces survenant en moyenne 13,6 ans après le mariage, dont unsur cinq se termine devant le juge. Les causes invoquées pour se séparer sont,

dans l'ordre croissant : les violences physiques (2,3 %), l'alcoolisme (2,5 %), l'infidélité(3,3 %), les trois combinés et d'autres raisons (23,9 %), l'incompatibilité d'humeur et ledivorce à l'amiable (65 %). Pour autant, cette baisse du nombre de divorces n'a rien àvoir avec une meilleure entente au sein des couples. Plus prosaïquement, ceux-ci hési-tent davantage à se séparer quand la situation économique est morose. Les sociologuesont calculé qu'une hausse du chômage de un point entraîne une baisse du nombre dedivorces de 1,7 %. Moins le bâtiment va… mieux les mariages se portent !

Quatre tonnes d'esturgeons etplus de cent kilos de caviar ont étéconfisqués mi-mai lors d'une vasteopération de lutte contre le bracon-nage qui s'est soldée par des dizai-nes de perquisitions, notammentdans des restaurants du parcHerastrau et du vieux Bucarest.

Les établissements visés sontsoupçonnés d'avoir acquis des espè-ces de poisson protégées auprès debraconniers qui opèrent dans leDanube et en mer Noire. Des perqui-sitions ont également eu lieu danssix départements. Au total, plus de400 policiers ont été mobilisés. LaRoumanie et la Bulgarie accueillentles derniers esturgeons sauvagesd'Europe dans leur frontière commu-ne qu'est le Danube.

La pêche de ces poissons estinterdite depuis 2006 en Roumaniemais les braconniers, attirés par leurprix élevé et de ses œufs, le caviar,restent très nombreux. S'il est difficilede connaître la population actuelled'esturgeons sauvages du Danube,les organisations de protection del'environnement estiment qu'ils sonten voie de disparition.

l

l

Pas de doute, pour les grands chefs roumains, le rêveserait de décrocher un jour une de ses étoiles que leMichelin n'a jamais décernée à une table roumaine.

Pour la plupart, d'ailleurs, leurs convives n'ont jamais entenduparler du réputé guide qui fait la pluie et le beau temps dans lemonde entier. D'ailleurs, ils s'en fichent pas mal. Ce qui comp-te pour eux ce sont des assiettes bien garnies et non des œuv-res d'art aux portions minuscules qui les laissent sur leur faimet coûtent la prunelle des yeux. Toutest bien là ! Il s'agit avant tout d'unequestion de culture. Pour autant,derrière les fourneaux, les grandsnoms de la gastronomie que des res-taurants huppés ont fait venir pourleur clientèle fortunée ne désespè-rent pas d'assister à une "révolution

culturelle".

Des fraises congelées à Noël

Samuel Le Torriellec a officié à"La Tour d'Argent", au "Fouquet's",

chez "Prunier", au "Café Vendôme ", à l'"Hôtel Meurice", aurestaurant "La Marée", qui figurent tous au Michelin, Gault

& Millau et Bottin Gourmand. Aujourd'hui, il dirige la cui-sine du Loft, restaurant de Bucarest, fréquenté par les million-naires du pays et les riches étrangers.

Le jeune chef estime que si, techniquement, la cuisine rou-maine est prête à franchir le pas, elle est entravée par plusieursobstacles. Le manque de considération des Roumains pour lesmétiers de la table et aussi leur absence de discernement enmatière de dégustation et de présentation, les empêchent deconsidérer la gastronomie comme un art. "Ce qui compte avant

tout… c'est de se remplir le ventre" déplore-t-il, ajoutant qu'ilest difficile de trouver des bons ingrédients tout au long del'année et qu'on n'hésite pas à servir des fraises congelées àNoël. Le Breton se montre toutefois optimiste : "On a encore

besoin de 2 à 5 ans de préparation".

"Ce qui nous manque… ce sont des autoroutes !"

La Canadien Henrik Sebok, depuis 12 ans chef à l'hôtel"Howard Johnson Grand Plaza" de la capitale est plusdirect. "Ce qui nous manque… ce sont nos autoroutes ! Quand

les Roumains pourront aller d'Arad à Constantsa sans risquer

de casser leur voiture, ils regarderont les restaurants autre-

ment !". Le chef ne blague pas, rappelant que le Michelin étaità l'origine un guide pour les automobilistes, leur indiquant seu-lement comme un plus, les bonnes étapes.

Pour lui, plusieurs chefs bucarestois ont déjà le niveau,deux ou trois ayant même le potentiel d'une étoile Michelin,mais, à ses yeux, ils manquent sur place des bons ingrédients,fruits, légumes locaux, qui ne sont pas de qualité supérieure etqu'il faut faire venir de l'étranger. Le Canadien avance que leguide Michelin a un œil sur la Roumanie, laquelle pourraitemprunter le chemin de la Tchécoslovaquie ou la Hongrie dansle domaine de la reconnaissance. Avec un bémol : des chefs se

jalousent trop souvent plutôt que des'entraider et les patrons de restau-rant pensent avant tout au profit etnon au prestige.

Après avoir exercé ses talentspendant cinq ans à bord du plusgrand et luxueux yacht du monde"The World", le Hollandais PaulOppenkamp tient la table de "The

Artist", un restaurant couru etcoquet du vieux Bucarest qu'il aouvert en compagnie de sa femme,une Roumaine. Son établissementest considéré comme la meilleure

adresse de la capitale par le guide Trip advisor, sans que l'onsoit assommé par l'addition, ce qui explique que les étrangerssoient nombreux à le fréquenter. Pour lui, pas de doute… lesredoutés inspecteurs du Michelin débarqueront en Roumaniequand ils auront repéré quatre-cinq chefs "tenant la route". "Ils

ne se déplaceront pas pour un seul !" affirme-t-il.

"Dans 5 ans, Michelin aura révisé ses préjugés"

Depuis sept ans dans le pays, Bernd Kirsch y a introduit lacuisine moléculaire… une notion qui passe encore bien au-dessus de la tête des Roumains. Il est actuellement chef à l'hô-tel "Radisson Blue" de Bucarest, un cinq étoiles où la clien-tèle n'est pas regardante sur la note. "Il faut du temps pour

changer les mentalités ; la Roumanie est tout juste sortie du

communisme… les gens ne sont pas encore prêts à dépenser

pour un repas et les investisseurs à se lancer dans ce type d'a-

venture" considère-t-il, ajoutant "mais dans cinq ans bien des

choses auront évolué et Michelin aura révisé ses préjugés".

Un avis rejoint par Andrei Tamas, chef roumain que l'am-bassade de France a choisi pour accueillir à sa table ses impor-tants visiteurs, diplomates, hommes politiques, ministres, pré-sidents, chefs de gouvernement, personnalités des arts et de laculture : "Nous rêvons tous d'une étoile Michelin mais nous

n'avons pas encore la tradition pour çà. Je suis sûr que quand

les Roumains auront pris l'habitude d'aller au moins une fois

par semaine au restaurant, les choses changeront".

l

CHISINAU

FOCSANI

l

T. SEVERINl

TG. JIUl

Vie quotidienne

mieux les mariages se portent !

Caviar : coup de filetdans des restaurantsde Bucarest

Quand est-ce qu'on "bouffera" bien en Roumanie ?

Patience… c'est pour bientôt ! Parole de chef !

Année noire pour le nombre de nouveaux nés

La Roumanie a enregistré l'an passémoins de 180 000 nouveaux nés. Il s'agitdu chiffre le plus bas enregistré au coursdes 70 dernières années. Du jamais été vudepuis la Seconde Guerre mondiale.Depuis 1990, la baisse de la populations'expliquait généralement par l'émigrationroumaine vers l'étranger, celle-ci concer-nant en particulier les 20-45 ans. Cettefois-ci, il semblerait que la faible natalitésoit la première explication: l'an passé, ladifférence négative entre nouveaux nés etpersonnes décédées a été supérieure aunombre de Roumains partis à l'étranger.

Au moins 1100 € de dettes

Selon un sondage organisé par iVox enRoumanie, et coordonné par l'anthropolo-gue Vintila Mihailescu, deux Roumainssur trois sont endettés, et dans la moitiédes cas, les dettes dépassent 5000 lei(1100 euros). Deux tiers d'entre eux ontcontracté des dettes auprès de banques, et20% auprès de leurs proches. Toujoursselon ce sondage, la moitié des Roumainsinterrogés se sont déclarés pessimistesquant à leur situation matérielle, indiffé-remment de la génération à laquelle ilsappartiennent.

Gaz et électricité domestiques "pas chers"

Exprimés en euros, les prix moyensles plus bas de l'électricité domestiquedans l'UE ont été relevés en Bulgarie(8,8 euros pour 100 kWh), en Roumanie(12,8 €) ainsi qu'en Hongrie (13,3 €), et

les plus élevés au Danemark (29,4 €), enAllemagne (29,2 €), à Chypre (24,8 €) eten Irlande (24,1 €). Le prix moyen de l'é-lectricité dans l'UE est de 20,1 euros pour100 kWh. Il est de 15,9 € en France, mal-gré une hausse de 10 %, l'an passé. Lesprix du gaz, eux, ont évolué entre une bais-se de 15% en Hongrie et une hausse de10% en Roumanie en 2013. La France sesitue à +6,9%, entre l'Irlande (+7,4%) etl'Allemagne (+6,3%). Expri-més en euros,les prix moyens du gaz domestique audeuxième semestre 2013 ont été les plusbas en Roumanie (3,1 € pour 100 kWh),en Hongrie (4,2 €), en Croatie (4,7 €) etles plus hauts en Suède (12,2 €), auDanemark (11,1 €), en Italie (9,5 €) et auPortugal (9,3 €). Le prix en France est de7,3 € pour 100 kWh à peine au-dessus duprix moyen du gaz dans l'UE estimé à7,1 €. Tous ces coûts sont à pondérer enprenant en compte le niveau de vie.

Dacia n'est pas prophète en Roumanie

Les automobilistes roumains préfèrentun modèle de voiture étranger d'occasion,principalement allemand (Volkswagen,Opel, Audi et BMW), plutôt qu'une Dacianeuve. Ainsi, l'an passé, 220 000 véhicu-les d'occasion ont été immatriculés enRoumanie contre 57 710 neufs. Cette ten-dance est confirmée sur les cinq dernièresannées, certains automobilistes acquérantmême des modèles étrangers haut degamme de plus de dix ans dont le prix enRoumanie est d'environ 5000 €. En 2013,Dacia a vendu 47 000 voitures enAllemagne, son second marché européenaprès la France et seulement 25 000 enRoumanie, dont 10 000 berlines Logan.

Vie quotidienne

Un rien provocateur ce titre ! Et pourtant, il est emprunté à une enquête du quotidien Adevarul auprès des chefs étran-

gers qui officient dans le pays. Il s'agit donc là de gastronomie - comme l'entendent les Français - et non de cuisine fami-

liale qui laisse en général de bons souvenirs, met même souvent en appétit les touristes étrangers, à cette nuance près… que,

d'un bout à l'autre du pays, la table ne varie guère.

La Roumanie comptait5,37 millions de retraités au débutde l'année, dont le montant moyendes pensions variait entre 154 euros(Giurgiu) et 242 euros (Bucarest),soit une moyenne de 190 euros.

La population active était de9,91 millions de personnes, dont718 000 chômeurs.

5 millions de retraitéset 10 millions d'actifs

Moins le bâtiment va…

A savoir

Samuel Le Torriellec règne sur la cuisine du "Loft", restaurant pour millionnaires de la capitale.

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

Santé

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TULCEABRAILA

SUCEAVA

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lSIGHISOARA

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La carte vitale

La Carte Nationale de Santé roumaine (CNS), qui équivaut à la Carte Vitale enFrance, aurait dû pouvoir être utilisée en Roumanie depuis 2011. Mais lesautorités ne sont pas arrivées à mettre en place le système de fonctionnement

de cette carte, jusqu'à présent. Ce n'est quedepuis mai qu'est entrée en vigueur la déci-sion du gouvernement concernant les règlesde sa distribution. La CNS atteste que sontitulaire (qui doit être âgé de plus de 18 ans)est assuré dans le système roumain d'assu-rances de santé et qu'il peut ainsi bénéficierde soins médicaux fournis sur le territoireroumain. Pour mémoire, lorsqu'un Roumainva à l'étranger, il faut qu'il se munisse de laCarte Européenne d'Assurance Maladie pour être couvert lors de ses déplacements.

La CNS, qui est distribuée par la poste avec accusé de réception, contient les infor-mations suivantes:

- les données d'identification de l'assuré, y compris son code numérique (CNP) ;- un code d'identification dans le système d'assurances sociales de santé ;- un numéro d'identification de la carte nationale d'assurances de santé.L'introduction de cette carte devrait avoir au moins deux bénéfices très importants:

la réduction de la bureaucratie car elle permettra au bénéficiaire de faire sur le champ lapreuve de sa qualité d'assuré, et un accroissement de la qualité des actes médicaux.

Pour l'instant, les textes ne sont pas plus explicites concernant les modalités concrè-tes d'utilisation de la carte.

Les enquêteurs roumains ont misà jour un réseau de 3 médecins, 2pharmaciens et quatre intermédiairesde la réputée clinique privée Fundenide Bucarest qui avaient monté unsystème d'escroquerie à la Sécuritésociale portant sur plus d'un millierde fausses ordonnances, soit-disantdélivrées à des malades du cancer,qu'ils se faisaient rembourser. Lepréjudice se monte à 3,5 millionsd'euros mais touche aussi lespatients concernés qui n'ont jamaiseu accès aux médicaments qui leuravaient été fictivement prescrits etn'ont bénéficié d'aucun traitementsérieux. Des praticiens d'Ilfov, Sibiuet Craiova, au total une quarantained'escrocs, sont aussi impliqués.

Fausses ordonnancespour vrais malades

La Roumanie est le premier pays européen touché par les maladies hépatiques

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La Roumanie est le pays européen le plus touché parles différents formes d'hépatite virale (virus B, C etD) et le 4ème au monde, proportionnellement. Les

autorités sanitaires nationales estiment que 600 000 Roumainssont affectés par le virus C et un million par le virus B, 80 %d'entre eux ignorant leur état. Le taux de mortalité dû aux mal-adies hépatiques y est de 44,5 décès pour 100 000 personnes(9000 décès par an), la moyenne européenne étant de 15 décès.

En France, 370 000 personnes seraient porteuses d'anti-corps "anti-VHC", témoins biologiques d'un contact avec cevirus transmissible par le sang. Une fois introduit dans l'orga-nisme, il peut y déclencher une infection chronique pouvantévoluer vers une cirrhose puis un cancer du foie. On dénomb-re chaque année en France environ 2600 décès prématurés dusà une infection par le VHC.

En Roumanie, la maladie se traite de façon classique, avecde l'interféron et de la ribavirine, une thérapie que l'on estimeaujourd'hui dépassée, entrainant de nombreuses réactionssecondaires nocives. Les chances de guérison sont inférieuresà 50 %. En outre, pour y avoir accès, les malades doiventpatienter jusqu'à trois ans sur des listes d'attente.

Près de 90 000 € pour un seul traitement

Aujourd'hui, le Sovaldi, "médicament miracle", est com-mercialisé en France à hauteur d'environ 60 000 euros le trai-tement de douze semaines. Auquel il faut ajouter une autrespécialité pharmaceutique onéreuse. Soit près de 90 000 €

pour un seul traitement. Cette situation commence à bouleverser les budgets des

pharmacies hospitalières et conduit immanquablement à uneforme de rationnement. Aux Etats-Unis le coût est, selon ladurée, compris entre 84 000 et 168 000 dollars.

L'impact attendu sur l'équilibre financier des systèmes de

santé commence à alimenter différentes controverses. Desassociations de défense de patients dénoncent ici la cupidité dela firme pharmaceutique qui l'a mise au point. Il semble que leRoyaume-Uni soit parvenu à négocier des prix plus bas, del'ordre de 35 000livres (42 000 euros) les douze semaines.

Des médecins élaborent des modèles mathématiques pourpréciser quant les bénéfices attendus de ce nouveau traitementpeuvent être économiquement supérieurs à son prix actuel. Ilfaut alors comparer le surcoût majeur induit aux dépenses ulté-rieures qu'il permettrait de prévenir, qu'il s'agisse de prise encharge des cirrhoses hépatiques ou des transplantations de foie(estimées à 60 000 euros l'unité).

Solution à la hongroise

Il n'en reste pas moins que ce sont là des équations à demultiples inconnues et qu'en toute hypothèse les coûts actuelsdu médicament interdisent de proposer ce traitement efficace àtoutes celles et ceux dont l'état de santé le justifierait. Ce quiest bien sûr le cas en Roumanie.

Mais les gastro-entérologues roumains font la différenceentre les différentes formes d'hépatite. Certaines, peu agressi-ves, peuvent se traiter avec les thérapies habituelles, prolongéeéventuellement par l'interféron et la ribavirine. C'est seulementsi ces traitements ne fonctionnent pas que l'on pourrait passerà la trithérapie estiment-ils, ce qui limiterait le coût, comme lefait déjà la Hongrie.

En outre, la Roumanie pourrait négocier le prix du médi-cament auprès du laboratoire avec ses 1,6 millions de person-nes concernées par les maladies hépatiques au lieu de 600 000en Allemagne. Sinon, les malades roumains devront attendreque le brevet de la firme américaine tombe dans le domainepublic, comme pour le Viagra, soit une quinzaine d'années, outrouver le moyen de se faire soigner à l'étranger.

l

l

VASLUI

R. VALCEA

roumaine opérationnelle

Santé

Près d'une trentaine d'intervenantsde l'hôpital de chirurgie plastique etgrands brûlés de Bucarest ont étéinculpés pour faux diagnostics, trom-peries, pôts de vins et escroqueriesauprès de la caisse d'assurance mal-adie. Parmi eux le directeur de l'hôpi-tal et sept chirurgiens. Baptisés "lamafia du silicone" par la presse, lessuspects se partageaient les clientes,appâtées par des publicités sur inter-net ou par le bouche à oreille. Lesopérations étaient tarifées entre 450et 3400 euros et déclarées sousd'autres formes d'intervention pourpouvoir être remboursées. Elles met-taient aussi en danger la santé desclientes, des implants mammairesétant pratiqués alors que des écho-graphies avaient révélé l'existenced'un terrain cancéreux.

La "mafia du silicone"

démantelée

La fondation Romania Angel atiré la sonnette d'alarme fin-mai, lors d'une conférence de

presse, indiquant que le nombre de cas deVIH/Sida augmentait de façon ''alarman-

te” en Roumanie. L'ONG a cité lesconclusions d'une étude réalisée entre2011 et 2014 ainsi que des chiffres de lacommission nationale anti-Sida, les

résultats des deux enquêtes se rejoignant."Nous assistons actuellement en

Roumanie à une épidémie de VIH parmi

les utilisateurs de drogues injectables", adéclaré l'une des responsables de la fon-dation.

Selon les chiffres officiels, 797 nou-veaux cas de VIH/Sida ont été recensésen 2013, dont 233, soit 29,2% du total,

parmi les toxicomanes. En 2010, seuls3% des nouveaux cas recensés étaient liésà la consommation de drogues.

Fin 2013, la Roumanie enregistrait19 261 cas de VIH/Sida, dont près de lamoitié concernait des enfants contaminéssous le régime communiste par des serin-gues non stérilisées ou des transfusionsde sang non testées.

Le sofosbuvir, remède miracle…

mais hors de portée par son prixUn nouveau traitement de l'hépatite C, une trithérapie utilisant le sofosbuvir, un nouvel antiviral capable de faire

disparaître le virus en quelques semaines de l'organisme infecté, commercialisé depuis trois ans aux USA et le début de

l'année en France, assure une guérison semble-t-il définitive des patients dans 90 à 100 % des cas, si bien que l'on parle de

l'éradications possible de cette maladie qui touche 150 millions de personnes à travers le monde, selon l'OMS. Problème :

le coût du traitement qui se monte à 90 000 euros par personne.

Augmentation inquiétante du nombre de contaminations VIH

Selon Victor Olsavszky, représentant de l'Organisation mondiale de la santé(OMS) en Roumanie, le nombre d'enfants vaccinés est à la baisse. Le taux devaccination en Roumanie était initialement de 95%, il a chuté à 92%, et pour

certains vaccins il atteindrait à peine 85%. "Nous avons remarqué une baisse des vacci-

nations pour la rougeole et la rubéole, c'est pourquoi des épidémies ont eu lieu, a expli-qué le représentant de l'OMS. La dernière en date fut en 2012 lorsque 103 femmes

enceintes ont été affectées par la rubéole."

Vaccinations en baisse

Depuis 1990, le système desanté roumain a perdu environ25 % de ses assistants médi-

caux, alors que le nombre de patients aug-mentait de 12 % et que 25 000 diplôméssortiront cette année des établissements deformation, au lieu de 15 000, voici deux

ans. Depuis 2007, 100 000 d'entre eux sontpartis travaillés à l'étranger, dont 40 000venant du secteur public. En 1990, le payscomptait 125 000 assistants médicaux, en2012, 95 000. Si le personnel formé nemanque pas, les créations de postes fontdéfaut.

100 000 assistants médicaux partis à l'étranger

Depuis le 1er juin, la Caisse nationale d'assurance maladie - CNAS - rembour-se les soins d'ordre psychologique. Une première en Roumanie. L'accordcadre englobe notamment les thérapies psychiatriques individuelles et fami-

liales ainsi que les psychothérapies de groupe. Les services seront fournis par des spé-cialistes exerçant dans une clinique ou par des médecins spécialistes ayant passé descontrats avec la CNAS. L'ensemble de ces soins inclut aussi, et là encore il s'agit d'unenouveauté, les enfants atteints d'autisme qui bénéficieront de certains services rembour-sés (diagnostic psychologique, conseil psychologique, psychothérapie et psychopédago-gie spéciale). A noter qu'on a fêté il y a peu en Roumanie les dix ans du droit légal àl'exercice du métier de psychologue en tant que profession libérale.

Les soins psychologiques désormais remboursés

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Société

L'animal peut en effet se retrouver dans les assiettesdans le village de Recea-Cristur, près de la ville de Clujsituée en Transylvanie, dans le nord-ouest du pays. C'estici que Hans Kilger, un investisseur allemand, a injecté 2,5millions d'euros afin de mettre en place une ferme pour l'é-levage des animaux. Les pâturages s'étendent sur 500 hec-tares où 278 bisons sont élevés pour la viande.L'entrepreneur voit loin et avance le chiffre de 2000 hec-tares de pâturages en 2017 pour 2 000 bisons, qui se retro-uveront au menu des restaurants d'Europe occidentale.

" La Roumanie est l'endroit idéal pour élever ces ani-

maux, assure Hans Kilger. Ce pays dispose de grandes

surfaces inhabitées qu'on ne trouve nulle part ailleurs en

Europe. Les bêtes restent dans la nature tout au long de

l'année".

Rewilding Europe a une tout autre logique. Elle asélectionné six aires naturelles en Europe - au Portugal, enItalie, en Croatie, en Slovaquie et deux en Roumanie - quiseront repeuplées avec des espèces menacées (vautours, lynxet chevaux sauvages) ou en cours de disparition.

5000 bisons en Europe

mais seulement 102 en Roumanie

En Roumanie, où le bison est considéré comme un animallégendaire et symbole du pouvoir au Moyen Age, le dernierspécimen avait été tué en 1762. Selon le Centre de conserva-tion du bison européen basé à Varsovie, on dénombre plus de5000 bisons en Europe, dont 3 400 vivent en liberté ou semi-

liberté. La Roumanie ne compte actuellement que 102 spéci-mens éparpillés dans quatre réserves naturelles protégées.

"Dans dix ans, nous espérons avoir plus de 500 bisons

dans les Carpates, affirme Adrian Hagatis, le responsable rou-main du projet. Les 17 bisons qu'on a transportés vont d'abord

rester dans un enclos de 15 hectares mais en octobre, on leur

ouvrira une aire de 140 hectares. Ils seront nourris dans un

premier temps, puis seront complètement relâchés dans la

nature en 2015".

La bête, très présente dans les contes roumains ou sur lesblasons, est enfin de retour dans son pays, où les grands espa-ces sauvages devraient lui donner le sentiment d'être chez elle.

Mirel Bran (Le Monde)

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

les Carpates après deux siècles d'absence

La Chambre des députés a reje-té le 3 juin, à une large majo-rité, le projet de loi concernant

l'exploitation du site de Rosia Montana.302 députés se sont prononcés contre ceprojet d'exploitation minière aurifèresitué dans les Apuseni. Seuls trois d'entre

eux se sont abstenus, et un seul a voté enfaveur des intentions d'extraction d'or dela société canadienne Gold Corporation.C'est un nouveau coup dur pour la Goldprésente sur place depuis près de 15 ans,qui fait suite à la décision de laCommission spéciale pour Rosia

Montana de rejeter le projet le 12 novem-bre dernier, au motif que celui-ci ne pré-sente pas suffisamment de garanties enmatière d'exploitation des ressourcesminérales. Suite au vote, de nombreuxdéputés ont salué le rôle important qu'ajoué l'implication de la société civile.

Rosia Montana : nouveau coup d’arrêt pour la Gold Corporation

Environnement

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Le bison regagne Sabina est épuisée et regarde d'un œil prudent son nouveau pays d'adoption.

Elle a parcouru 2 800 kilomètres dans la remorque d'un camion et traversé

l'Europe, de Suède jusqu'en Roumanie. Les dix derniers kilomètres du périple,

une route forestière défoncée et très étroite qui permet à l'engin de passer juste à

quelques centimètres de rochers, ont été les plus éprouvants. Mais, samedi 17 mai,

la voilà arrivée au terminus du voyage, à Armenis, un village des Carpates, dans

l'ouest de la Roumanie, aux côtés de seize autres bisons européens venus

d'Allemagne, de Suède, d'Italie et de Belgique.

Sabina pointe son museau hors du camion et réfléchit une bonne demi-heureavant de s'élancer dans la forêt et fouler le sol de son nouveau pays. "Quand

on parle de la nature, on entend beaucoup de choses sur la disparition des

espèces et des territoires vierges, affirme Magor Csibi, le directeur de l'antenne rou-maine du Fonds mondial pour la nature (WWF). Mais aujourd'hui, on peut dire le

contraire : une espèce disparue à l'état sauvage depuis plus de deux cent cinquante ans

revient sur ses terres. Nous avons l'habitude de protéger la nature des hommes mais

cette fois, nous protégeons la nature pour les hommes".

Le plus gros transport de bisons qu'on ait jamais fait en Europe

WWF Roumanie s'est associée avec la fondation néerlandaise Rewilding Europeafin de mettre en œuvre ce projet ambitieux. "C'est un moment historique car il s'agit

du plus gros transport de bisons qu'on ait jamais fait en Europe, explique FransSchepers, directeur de Rewilding Europe. Il y a de grandes étendues sauvages dans les

Carpates, l'endroit est idéal pour les relâcher dans

la nature. Les habitants d'Armenis se rendent

compte que les bisons seront aussi un moteur pour

le développement économique du village. Les bêtes

n'appartiennent pas à l'Etat mais à la communau-

té locale qui a mis à disposition les terrains".

Avec ses 260 000 hectares de forêts vierges, laRoumanie compte l'un des fonds cynégétiques lesplus riches en Europe. Plus de 6000 ours et 3000loups sillonnent toujours les sentiers des Carpates,mais le pays avait vu disparaître le bison sauvage.

Les autorités locales d'Armenis ont donc large-ment ouvert les bras aux jeunes responsables deRewilding Europe et du WWF. "C'est un projet

magnifique, s'enthousiasme le maire d'Armenis, Petru Vale. Ces animaux de légende

vont changer l'image de notre région et vont attirer des touristes".

"On devrait être fiers de l'héritage naturel européen", insiste Joep van deVlasakker, conseiller de Rewilding Europe, pointant le fait que le bison européen estplus massif que son cousin américain.

Ionut Vela, 21 ans, rêve de terminer rapidement ses études de garde forestier et d'a-ménager sa maison pour accueillir les touristes attendus de nombreux pays d'Europe.Deux chambres sont déjà prêtes et, cet été, il va en aménager deux autres. Sa voituretout-terrain achetée d'occasion avec l'aide de ses parents est en révision. Ionut veutqu'elle soit en parfait état de marche pour promener les futurs touristes.

Leur viande va-t-elle se retrouver dans les assiettes des restaurants?

Pour autant, une interrogation demeure dans cette région où le braconnage estencore une pratique courante : les bisons ne seront-ils pas en danger ? "Pas question,

s'insurge Ionut Vela. Ces bisons sont à nous. Je me suis déjà organisé avec mes amis

pour les surveiller et leur apporter à manger. C'est grâce à ces bisons que la vie de

notre village va changer. Ceux qui veulent les manger n'ont qu'à aller à Cluj".

La forêt aux pivoines de Plenita,dans le judet de Craiova, est une mer-veille de la nature où ces fleurs pous-sent à l'état sauvage sur un espaceprotégé de 60 hectares, classé d'inté-rêt national depuis 2000, surveillé etentretenu par un sylviculteur à laretraite, Alchiu Caraghiaur.

Chaque année au printemps,l'espace est ouvert un dimanche pourque les promeneurs viennent admirerles lieux. Au début, ils se contentaientd'en faire le tour, s'arrê-tant pour prendre desphotos. Mais depuisquelques années, l'évè-nement s'est transforméen "Fête de la pivoine",qui a réuni 10 000 per-sonnes, début mai.Familles, amis, collè-gues et voisins débar-quent en groupe pourpique-niquer, faire desgrillades, chanter, boire,danser, piétinant lesmassifs, repartant avec des brasséesde fleurs, au grand désespoir deCatalin Florescu, responsable del'Agence de la protection de l'environ-nement de Craiova et malgré les pan-neaux appelant à respecter les lieux età s'abstenir de les cueillir.

Mihai Calafeteanu, le maire de lacommune, ne s'en offusque pas outre-mesure: "Nous les Roumains, on est

comme çà. Et puis, en ramassant les

pivoines ou en s'installant dessus, les

semences se répandent et aident à

leur multiplication". Aucune verbalisa-tion n'a été effectuée, bien que desamendes d'un montant de 150 à 300euros soient prévues pour destructiondu milieu naturel.

Drôle de fête pour les pivoines

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Après une absence de près de 200 ans, le castor vient d'être ànouveau surpris dans le delta du Danube. C'est dans le cadred'une action mise en place par WWF et Rewilding Europe

qu'ont été observés plusieurs castors, notamment au sein du complexeSomova-Parches, à l'ouest de Tulcea. Le castor européen, désormaisespèce protégée, a disparu au début du 19ème siècle en Roumanie ainsique dans la majeure partie de l'Europe à cause de la pratique excessive dela chasse, qui a conduit à la modification de son habitat.

Un projet de réintroduction a été initié à Brasov en 1998 sur les coursdes rivières Olt, Mures et Ialomita. Mais depuis 2010, le castor auraitmigré sans intervention humaine aucune dans la partie supérieure duDelta. Ce phénomène s'inscrit dans une tendance plus générale de retour

de l'espèce sur le territoire européen. Le castor est notamment surnommé "l'ingénieur des écosystèmes", il aurait une influencepositive sur l'environnement, contribuant à enrichir la biodiversité des habitats où il évolue.

Le castor de retour dans le delta du Danube

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

Le monastère Timiseni de Sag

est devenu un somptueux complexe religieux

Longtemps délaissé, le petit monastère Timiseni deSag, à 12 kilomètres au sud de Timisoara, s'esttransformé en un complexe religieux somptueux,

après plus de dix ans de travaux, et est ouvert au public depuispeu. Il avait été fondé par le métropolite Vasile Lazarescu en1944, fonctionnant au départ seulement comme une annexe dumonastère Partos, des servicesreligieux étant assurés dans sapetite chapelle.

En 1959, à la suite du décret410, il avait perdu sa vocationreligieuse et abritait les tra-vailleurs forestiers du secteurpour finalement retrouver sa des-tination initiale en 1968, à l'é-poque de l'"ouverture" pratiquéepar Ceausescu. Une église y étaitmême adjointe. Mais il était viterentré dans une forme d'anony-mat, même si les Timisoreani s'y rendaient volontiers. Unelégende raconte que lorsque les communistes l'ont détourné desa mission religieuse pour y loger des travailleurs, des phéno-

mènes surnaturels s'y seraient produits, ce qui expliquerait leretour des religieux parce que plus personne ne voulait y res-ter. Quand ces derniers ont réintégré les lieux, ces manifesta-tions de l'Au-delà auraient cessé.

Depuis la "Révolution", la fréquentation du monastèreavait explosé, notamment le dimanche et lors de fêtes religieu-

ses et il était devenu trop exigu.La construction d'une secondeéglise a été entreprise en 2002,consacrée en 2013.

Elle a été édifiée dans lestyle propre aux églises duBanat, prenant la forme d'unvaisseau. Autour, un véritablecomplexe religieux a pris forme,avec des bâtiments administra-tifs, des cellules pour les moi-nes, des chambres pour les pèle-rins, un atelier de fabrication d'i-

cônes et de confection, une bibliothèque, un magasin d'exposi-tion-vente d'articles religieux, une salle de réunion pour 150personnes, un oratoire, une cuisine, etc…

Religion

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C'est à Cluj qu'on

respirerait le mieux…

En Europe, on respire mieux au nord qu'au sud et à l'est. L'association Respire apublié, jeudi 5 juin, en partenariat avec la revue "We demain", un classementde la pollution dans les 100 plus grandes villes du Vieux Continent.

L'association a utilisé la base de données Airbase de l'Agence européenne pour l'environ-nement qui recense les relevés de l'ensemble des stations européennes de mesure de la qua-lité de l'air. Le classement a été établi en additionnant le nombre de jours de dépassement,en 2011, des seuils sanitaires de trois polluants: les PM10 (particules de diamètre inférieurà 10 microns), le dioxyde d'azote et l'ozone. Figurant parmi les principaux agents nocifsdans l'air ambiant, ces trois polluants dangereux pour la santé, peuvent provoquer des trou-bles respiratoires, des maladies cardiovascu-laires, des cancers du poumon et entraînerdes décès précoces.

Bien que riche d'enseignements, la clas-sification obtenue appelle à la précaution.Ce classement reflète des conditions géogra-phiques très différentes - villes en altitude,villes situées dans une cuvette, etc. - maisaussi des dispositifs de mesure de la qualitéde l'air très inégaux en termes de fiabilité."La mesure imparfaite de la pollution est un

signe qui montre que l'Europe n'est pas assez volontariste sur ce sujet", souligne SébastienVray, président de Respire. Ainsi étonnamment, c'est Cluj-Napoca dans le nord-ouest de laRoumanie qui arrive en tête du palmarès. Mais, précise l'association, cette ville de 324 000habitants n'est pourvue que de deux capteurs, qui ne mesurent pas les particules fines,quand Berlin qui possède un réseau de 48 stations de mesure, n'arrive qu'à la 65e place.

Ces réserves posées, "la carte montre tout de même que les deux tiers des plus gran-

des villes européennes dépassent régulièrement, plus de 35 fois par an, les seuils réglemen-

taires, souligne Sébastien Vray. Imaginez ce que cela donnerait si l'ensemble des données

étaient parfaitement fiables".

Selon un rapport publié en 2013 par l'Agence européenne pour l'environnement, neufcitadins de l'UE sur dix respirent au moins un polluant atmosphérique parmi les plusnocifs, à des niveaux que l'OMS juge dangereux pour la santé.

Plus de 680 000 élèves du pri-maire et des collèges vont rece-voir des fournitures scolaires gra-tuites pour un montant de6-7 euros lors de la prochaine ren-trée, le ministère de l'Educationnationale ayant mis à dispositionun crédit de 4 millions d'euros.

Fournitures gratuites

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Chaque jour, 86 enfants de 5 à 14 ans deCoriesti, dans le judet de Vaslui, le plus pauv-re du pays, effectuent à pied entre 8 et 16 kilo-

mètres aller-retour pour se rendre à l'école du village.Qu'il pleuve, neige, gèle, vente, dès 6 heures le matin ilsen prennent le chemin, par groupes, alors qu'il fait nuit.L'hiver, il leur faut près de deux heures dans chaque sens.Les grands encadrent les plus petits, les tirant sur desluges confectionnées par les parents, dès que la couche deneige dépasse un mètre d'épaisseur.

Le retour, vers 15 heures, s'effectue de la même façon,les plus jeunes attendant leurs aînés dont les cours se ter-minent plus tard. Ils se trouvent ainsi un peu plus rassuréspendant la traversée de la forêt, car des hordes de sanglier,chassés par le grand froid, les ont déjà attaqués, provo-

quant la débandade générale. En 2007, le village avait reçu un minibus de ramassage, mais il est immobilisé, Coriesti n'ayant pasles moyens de le faire réparer. Des véhicules de remplacement mis en place n'ont pas duré longtemps, à cause de l'état de la route.Le judet de Vaslui a besoin de 36 minibus dans toute l'académie. Seulement cinq ont été livrés, en 2012. Les autorités ont lancérécemment un appel d'offres et les premiers véhicules devaient être attribués courant juin… pour la sortie des classes.

Attaqués par les sangliers sur le chemin de l'école

De plus en plus d'enseignantsrefusent de faire partie des jurysdu baccalauréat à cause des fai-bles rémunérations qu'ils reçoi-vent et qui s'élèvent à 19 lei/jour(4,3 €) et à 3 lei par copie corri-gée (0,7 €). "Comment être moti-

vé et ne pas se sentir humilié"

s'est indigné l'un de leurs syndi-cats, le FSLI.

Bac: indemnités de misère pour les professeurs

La Roumanie a décroché le titrede championne d'Europe paréquipes à l'épée dames en

dominant difficilement la Russie, champ-ionne du monde en titre, sur le score de38 touches à 34 lors de la sixième journéede l'Euro 2014 d'escrime à Strasbourg.Vice-championnes d'Europe l'année der-nière à Zagreb après une défaite en finaleface à l'Estonie, les Roumaines ont rem-porté leur cinquième titre européen à l'é-pée depuis 2006. Menée par Anna-MariaBranza, la vice-championne olympiquede 2008 et championne d'Europe 2013, laRoumanie a livré une rude bataille pourconquérir cette nouvelle médaille d'oravec une équipe composée de Simona

Pop, Simona Gherman et Maria Udrea.Si le score a été serré durant une

grande partie de la rencontre, ce sont lesRusses qui ont globalement fait la courseen tête pendant les sept premiers relais decette finale. Mais elles ne sont jamais par-venues à vraiment creuser l'écart.Lorsque Lyubov Shutova donna trois tou-ches d'avance à son équipe (15-18),Simona Gherman permit à la Roumaniede recoller rapidement (18-18).

Il était donc écrit que cette finale nedévoilerait son vainqueur que dans lesdeux derniers relais. Dans un duel de gau-chères face à la star roumaine Anna-Maria Branza, Yana Svereva a offert unepetite avance au meilleur moment à la

Russie (23-26).C'était pourtant le début de la fin

pour les tireurs russes. Branza a fait reve-nir son équipe à hauteur (26-26) avantque dans le dernier relais, SimonaGherman ne crucifie Lyubov Shutova etla Russie en inscrivant quatre touchessupplémentaires sans en prendre uneseule (30-26).

La messe était dite et malgré lesefforts de Shutova, les Roumaines nelâchaient pas le morceau pour remporterce nouveau titre européen (38-34). Lamédaille de bronze est revenue à l'Italiequi s'est offert la peau de l'Estonie,championne d'Europe en titre lors de lapetite finale pour la troisième place.

Championnes… sur le fil de l'épée

L'église catholique a béatifié à Iasi, le samedi 17 mai, Mgr Anton Durcovici, martyr du com-munisme. Prêtre depuis 1910, Anton Durcovici fut sacré évêque catholique latin de Iasi en1947, alors que finit de s'installer la dictature communiste sous contrôle de l'Armée rouge.

Il subit diverses menaces et vexations jusqu'au 26 juin 1949. "Ce jour-là, a rappelé le cardinal Amato,il devait conférer le sacrement de la confirmation à 650 jeunes d'une paroisse en banlieue de Bucarest.

Alors qu'il se rendait à pied à la paroisse, des agents de la Securitate l'ont forcé à monter dans une

voiture. Mgr Durcovici a ainsi disparu, englouti à jamais dans les prisons communistes, où il fut inter-

rogé et torturé pendant des semaines, jour et nuit sans interruption. Les traitements impitoyables, le

manque d'eau et de nourriture le réduisirent à l'état de squelette".

Béatification de Mgr Anton Durcovici

Sports

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

Si la Portugaise Helena Costa, 36 ans, qui entraîneraClermont Foot, en Ligue 2, la saison prochaine,deviendra la première femme à occuper le poste

d'entraîneur d'une équipe de football professionnel en France,sa nomination à la tête d'une équi-pe professionnelle masculine dansle sport de haut niveau n'est toute-fois pas une première en France.Elle intervient trois mois après quela Roumaine Elena Groposila a éténommée entraîneur de l'équipe dehandball masculine de Dijon, opé-rant en première division, à la mi-mars.

Aujourd'hui, âgée de 37 ans,possédant la double nationalitéfranco-roumaine, Elena Groposila a pris en charge l'équipemasculine de Dijon pour les 3 derniers mois de la saison carelle était le seul cadre du club ayant un diplôme d'entraîneurvalide, le titulaire, Denis Lathoud, ayant été limogé, à la suitedes mauvais résultats de ses joueurs. Son successeur pressen-ti, Ulrich Chaduteaud, n'ayant pas encore les qualificationsrequises, la Roumaine l'a remplacé au pied levé, lui laissant ladirection effective de l'équipe… l'assistant sur le banc de tou-che mais signant la feuille de match à sa place, évitant ainsi àDijon une amende de 10 000 euros et un retrait de 10 points.

Malheureusement cet arrangement "à la roumaine" n'auraservi à rien, le club terminant à la dernière place du champion-nat et étant rétrogradé en division inférieur.

Après avoir évolué dans son pays natal au Rapid Bucarestet en équipe nationale, ElenaGroposila, native de Botosani, avaitrejoint en 2001 la France et leCercle Dijon Bourgogne Handballoù elle était devenue rapidementcapitaine de l'équipe. Elle y a évoluéjusqu'en 2007, prenant sa retraite dejoueuse pour devenir co-entraîneurde ce même club, permettant en2012 à l'équipe féminine de conser-ver sa place parmi l'élite. Dès cetteépoque, la Roumaine avait manifes-

té son envie d'entraîner un jour une équipe masculine, cequ'aucune femme n'avait jamais réalisé jusqu'ici.

Evoquant son intérim, Elena Groposila a indiqué "que tout

s'était très bien passé, les joueurs me respectant parfaitement,

écoutant ce que j'avais à leur dire". La fonction qu'elle occu-pera la saison prochaine n'est pas encore définie, mais le clubayant l'ambition de revenir immédiatement au plus hautniveau, elle pourrait rester juridiquement entraîneur principal(puisqu'elle est la seule possédant tous les diplômes requis),tout en étant en réalité adjointe d'Ulrich Chaduteaud.

Première en France : une femme entraineur d'une équipe masculine pro de hand

Elena Groposila montre l'exemple

Le cycliste roumain Eduard Grosu a dominé le Carpathian Couriers Race, remportantcinq étapes sur six. Sur cette épreuve Espoirs, qui traversait la Hongrie, la Slovaquie,la République Tchèque et la Pologne, sa plus mauvaise place est 6e. Au classement

général, il échoue cependant à 4 secondes du vainqueur final, l'Autrichien Gregor Mühlberger, quia gagné le contre-la-montre. Et en prime, grâce à sa régularité il s'adjuge le classement par points.

Agé de 21 ans, Eduard Grosu court cette saison pour la formation Continentale italo-japonai-se Vini Fantini-Nippo. Il s'était déjà signalé mi-avril sur le Circuit des Ardennes où il a pris la 2eplace sur la dernière étape. Après trois mois de compétition, il est devenu la figure de proue ducyclisme en Roumanie, à la place de Andrei Nechita Cette discipline est le parent pauvre du sportroumain. Elle comptait en 2012 172 licenciés (selon le site Ciclism.ireporter.ro) et sept coureurs

"professionnels" cette année, la plupart membre de l'équipe Continentale Tusnad Cycling Team. Eduard Grosu totalise 18 titresnationaux dans différentes catégories d'âge et différentes disciplines (route, piste et cyclo-cross). Il est d'ailleurs le Champion deRoumanie Espoirs du contre-la-montre en titre. La saison dernière, il s'est également imposé dans une étape du Tour de Roumanie,sous le maillot de sa sélection nationale, et dans le GP Sannazzaro, en Lombardie, avec les Italiens d'Overall Cycling Team.

Eduard Grosu, nouvelle étoile du cyclisme roumain

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Le classement :

1. Steaua Bucarest 77 pts (Ligue des

champions)

2. Astra Ploiesti 72pts (Coupe

Europa)

3. Petrolul Ploiesti 62 pts (qualifica-

tion Coupe Europa)

4. Dinamo Bucarest 59 pts 5. CFR Cluj 51 pts6. FC Vaslui 58 pts 7. Panduri Târgu Jiu 50 pts8. FC Botosani 43 pts9. Ceahlul Piatra Neamt 41 pts10. Otelul Galati 41 pts11. Universitate Cluj 40 pts12. Vitorul Constantsa 40pts13. Gas Metan Medias 39 pts14. Concordia Chiagna 39 pts15. FC Brasov 51 pts (relégué en

Ligue 2)

16. Poli Timisoara (relégué Ligue 2)

17. Sagetea Navodari (relégué en

Ligue 2)

18. Corona Brasov (relégué Ligue 2)

Finale de la coupe de Roumanie

Astra Giurgiu 0 - Steaua Bucarest 0après prolongations (Astra vainqueuraux pénaltys 4-2, coupe Europa)

Ligue 2

Groupe A :

1. CSMS Iasi (promu en Ligue 1)2. Rapid Bucarest (promu en Ligue 1)Groupe B :

1. CS U Craiova (promu en Ligue 1)2. ASA Târgu Mures (promu Ligue 1)

Championnat de Moldavie

1.Sheriff Tiraspol 87 pts (Ligue des

champions)

2. FC Tiraspol 72 pts (Coupe Europa)

3. Veris Chisinau 71 pts (qualification

Coupe Europa)

4.Dacia Chisinau 61 pts5.Zimbru Chisinau 61 pts6.Viitorul Orhei 56 pts7. Costuleni 52 pts8. Dinamo Auto 31 pts9. Rapid Chisinau 20 pts10. Academia Utm Chisinau 19 pts11. Olimpia Balti 18 pts (relégué en

Ligue 2)

12. Speranta Crihana 12 pts (relégué

en Ligue 2)

Finale de la coupe de Moldavie

Zimbru Chisinau 3 - Sheriff Tiraspol 1(Zimbru, coupe Europa)

L'Algérie, premier adversaire de laBelgique au Mondial, a battu la Roumanie2-1 en match amical à Genève. Les butsont été inscrits par Bentaleb (22ème) etSoudani (66ème), la Roumanie ayant égali-sé par Chipciu (28ème).

Défaite face à l'Algérie

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25ème titre pour le Steaua

L'équipage féminin roumain 8 + 1 d'aviron a remporté la médaille d'ordes championnats d'Europe disputés début juin à Belgrade, devançantla Grande Bretagne et l'Allemagne. Le double féminin, formé de

Cristina Grigoras et Laura Oprea a terminé second, derrière la Grande Bretagne.

Médailles pour les filles en aviron

Dès la saison 2015-2016, le championnat professionnel de Ligue 1 nesera disputé que par 14 équipes, au lieu de 18 actuellement, 6 équi-pes étant rétrogradées à la fin de la saison 2014-2015 prochaine. La

Ligue 2 comportera deux séries de 12 équipes, seul le premier de chacune accé-dant au niveau supérieur. Les six derniers descendront d'un cran, les rescapés for-meront une Ligue 2 unique de 20 clubs.

Par la suite, les deux premiers de Ligue 2 accèderont directement à la Ligue1, le 3ème disputant des barrages avec le 12ème de celle-ci, dont les deux der-niers descendront aussi automatiquement. Un système de "play off" et "Play out"

sera mis en place en Ligue 1. Après avoir disputé dans une première phase leurs 26 matchs aller-retour, les

sept premiers se rencontreront entre-eux pour 12 matchs, soit 38 au total pour lasaison, idem pour les sept derniers, établissant ainsi le classement final. Cetteréforme a pour but de regrouper les valeurs de même niveau et redonner ainsi del'intérêt à la compétition.

Pas de 22e victoire en finale de laCoupe de Roumaine pour le Steaua. Leclub de Bucarest a en effet été battu, à lasurprise générale, par le FC Astra Giurgiuau terme d'une finale tendue (un cartonrouge pour chaque équipe) et sans but. Leschallengers, qui remportent là le premiertrophée majeur de leur histoire, se sontimposés aux tirs au but (0-0 ap, 4-2 tab)face aux champions de Roumanie. A noterque le Steaua Bucarest, qui disputait sa29e finale de Coupe, reste le club le plustitré de l'histoire de la compétition avec 21trophées… mais ne peut pas pasticher l'ex-pression française (22, vlà les flics !).

Les gymnastes roumaines ont remportémi-mai la médaille d'or par équipe deschampionnats européens de Sofia enBulgarie. Les jeunes athlètes entraînéespar Octavian Belu ont devancé les Britan-niques et les Russes sur le podium. LarisaIordache s'est fait remarquer aux épreuvesindividuelles. Elle a remporté 3 médailles,une de chaque couleur, en terminant pre-mière au sol, seconde à la poutre et troisiè-me au saut.

Gym: la Roumanie en or

Le Steaua de Bucarest a remporté son 25ème titre de champion de

Roumanie de football depuis 1951, se succédant à lui-même.

Révolution pour la Ligue 1 de football

22… Vlà Giurgiu !

Sports

Alin Petrache, 38 ans a été élu président du Comité Olympique Roumain avec 143 voix, devant Octavian Bellu, l'entraî-neur de l'équipe féminine de gymnastique (33 voix) et Elisabeta Lipa, l'ancienne championne olympique d'aviron (21voix). Président de la Fédération Roumaine de Rugby, Alin Petrache, ancien capitaine de l'équipe nationale, est aussi

député PSD (Ponta), depuis 2012. Il avait reçu en sous-main l'appui de la nouvelle secrétaire d'Etat aux sports, Gabriela Szabo, unrenfort non négligeable puisque qu'elle distribue les subventions aux fédérations. Lors du vote de l'assemblée générale, les 60 fédé-rations étaient réparties en quatre groupes, marquant leur hiérarchie sur le plan national, suite à leurs résultats: 17 fédérations quiavaient obtenu des résultats "remarquables" aux JO disposaient de 4 voix, 16 fédérations avec résultats "notables", 3 voix, 13 fédé-rations reconnues par le Comité Olympique international, 2 voix, 14 fédérations reconnues par le CO Roumain, 1 voix.

Alin Petrache nouveau président du Comité Olympique Roumain

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

A la russe

George Clooney, ne boira plus de Nespresso avec les Roumains…

Insolite

Peut-on imaginer un lettré roumain, un verre de tsui-ca aidant, plantant son couteau dans le ventre de soninterlocuteur parce qu'il lui soutenait que les talents

d'Eminescu était bien inférieurs à ceux de Rebreanu ? C'est cequi est arrivé en Russie, dans la région de Sverdlovsk ou deuxinstituteurs à la retraite, de 53 et 67 ans, se sont pris de querel-le dans un bistrot, le ton de la conversation, portant sur lesmérites respectifs de la prose et de la poésie, montant au fur età mesure que leur bouteille de vodka se vidait. Le débat a

dégénéré quand le plus jeune a osé affirmer que l'œuvre deDostoïevski l'emportait largement sur celle de Pouchkine.

Atteint au plus profond de ses convictions, son aîné s'estsaisi d'un couteau de cuisine traînant sur la table et l'a poignar-dé. Dégrisé devant la gravité de son geste, il s'est enfui pour secacher dans un village où la police l'a retrouvé.

Quand à sa victime, elle se remet lentement dans son litd'hôpital, en se plongeant dans la poésie russe, pour savoir quiavait finalement raison.

Bonnes vacances !

Un Roumain de 29 ans, récidiviste et sans emploi, a été condamné à huit mois de prison par un tribunal italien, pouravoir cambriolé la superbe villa de l'acteur George Clooney, au bord du lac de Côme, en Lombardie. Repéré par l'unedes employées de la propriété qui avait averti la police, le malfaiteur n'avait eu le temps que de dérober une bouteille

de vin. Après son arrestation, en état d'ébriété, il a tenu des propos incohérents, déclarant que c'était son anniversaire, qu'il voulaitde l'argent pour aller le fêter et qu'il était prêt à mettre le feu au lieu s'il ne trouvait rien.

D'après la presse italienne, au moment des faits, George Clooney était sorti en vespa boire un nespresso avec sa nouvelle copi-ne, Amal Alamuddin, une avocate londonienne d'origine libanaise, spécialisée dans les droits de l'Homme, pour lui demander samain et négocier le contrat de mariage qui devrait avoir lieu en septembre.

Pour la troisième fois, Tudor Toma, un affairis-te de Iasi, a été pris dans un contrôle routierprès de sa ville alors qu'il roulait au volant de

sa BMW sans permis (suspendu) et en état d'ébriété.L'automobiliste a essayé de s'en sortir en baragouinantfrançais, tentant de faire croire aux policiers qu'il étaitcitoyen canadien et n'était pas au courant de la règlemen-tation en Roumanie, ajoutant que chez lui et en France"on avait le droit de boire un coup avant de conduire".

Refusant la prise de sang, énervé parce que les poli-ciers ne se satisfaisaient visiblement pas de ses explica-tions, il a retrouvé subitement l'usage du roumain pourles " eng… ", ce qui ne leur a vraiment pas plus. Conduitau poste, il a écopé de 30 jours d'arrêts à effectuer chezlui, en attendant de passer en jugement.

Le français, mauvais alibi

Ilie Solomon, un ingénieur de Iasi aété condamné à quatorze mois deprison pour ne pas avoir rendu à sa

propriétaire un portefeuille contenant 700€ qu'elle avait laissé tomber dans la rue. Ilavait attendu qu'elle rentre dans un restau-rant pour le ramasser, s'était débarrassé desclés de voitures et papiers d'identité qu'ilcontenait, partant faire la fête avec des pro-stituées 3 jours durant et écumant les bars.Malheureusement pour lui, il a été identifiédans la rue par la victime quelques semai-nes plus tard, celle-ci l'ayant reconnu aprèsavoir visionné les caméras de surveillancedes lieux et appelant aussitôt la police.

Un défi a été lancé à Terradoc, producteur d'asperges vertes deLavernose-Lacasse en Haute Garonne: amener des asperges enRoumanie en moins de 3 semaines dans une 2 CV verte. Et qui plus est,

en profitant du trajet pour prendre contact avec d'autres producteurs locaux, sur laroute… Jacques, le fondateur du site asperges-vertes.com est le fils d'un des asso-ciés de Terradoc. Son amie Raluca, une Roumaine native de Constantsa, travailleavec lui, à Paris; elle est originaire de la ville d'où la commande est partie.

Ce défi, Terradoc le relève en sponsorisant le voyage. L'intérêt? Faire voyagerl'asperge verte de Lavernose-Lacasse. En effet, d'habitude l'asperge arrive enRoumanie par bateau, ou par avion du Chili et grâce à cette opération, elle pourraitvenir de France. A son arrivée au bord de la Mer Noire, le 13 juin, elle avait par-couru 4 000 km de routes, en passant par 7 pays, par l'Europe des Balkans, l'Europedu Sud via Monaco, l'Italie, la Slovénie, la Croatie… Les deux voyageurs ont crééun blog : 2 CV-verte.fr, où l'on trouve articles et photos de leur voyage.

Bien mal acquis…L'amour et les asperges

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

Dossier "Recevez avec confiance, Les évènements d'Ukraine inquiètent de plus en plus les Roumains et les Moldaves, ces derniers étant installés aux pre-

mières loges du conflit qui menace. Les occupations passées de ces pays par les Russes, puis les Soviétiques, n'ont guère lais-

sé que de mauvais souvenirs… dont l'installation d'un régime de terreur, puis totalitaire qui ne s'achèvera que fin 1989.

D'où l'appréhension actuelle qui règne aussi bien à Bucarest qu'à Chisinau, la Roumanie redoutant de se retrouver fronta-

lière avec son ancien maître si la situation dégénérait et la Moldavie d'éclater ou purement et simplement disparaître,

engloutie par son redoutable voisin. Le 23 août 1944, le jeune roi Michel lançait, avec appréhension, l'appel suivant à la

radio roumaine: "Recevez avec confiance, les soldats de l'armée soviétique. Les Nations unies ont garanti l'indépendance du

pays et la non ingérence dans nos affaires intérieures". Après s'être débarrassé par un coup d'état du maréchal-dictateur

Antonescu, lequel avait engagé le pays aux côtés des nazis, il vient de faire basculer la Roumanie dans le camp des Alliés.

les soldats de l'armée soviétique"…Le souverain n'a guère le choix des mots. Un million de soldats de l'Armée Rouge s'apprêtent à déferler sur son pays.

Les derniers ne repartiront qu'en 1958, malgré les promesses. Moscou installe un régime à sa botte et la Roumanie somb-

re dans près d'un demi-siècle de malheurs, résumé dans ce qui pourrait ressembler à une devise: "occupation, déportation,

collectivisation".

Dans ses deux numéros hors série "Les Années Rouges" (I - Les années de fer: "Ils ne sont jamais revenus"; II - Les

années de plomb: "Ils nous ont volé notre jeunesse", parution mars 2007, 125 pages), Les Nouvelles de Roumanie évoquaient

cette tragédie qui aboutira à la ruine du pays et de ses habitants, tant matérielle que morale. Quelques extraits en expli-

quent mieux les craintes que ressentent aujourd'hui les Roumains et ravivent leurs mauvais souvenirs alimentant une rus-

sophobie qui ne disparaît pas avec le temps comme le montre le dossier suivant.

Les Roumains n'ont pas toujours été russophobes.C'est même seulement en 1878 que "la cause russe

en Roumanie" a été perdue pour toujours. Les ten-sions sont apparues quand les Roumains se sont rendus comp-te que les "défenseurs de la cause orthodoxe" voulaient surtoutmettre la main sur leur pays, à la faveur de la guerre contre lesTurcs, qui les conduisit à l'indépendance.

Selon l'historien Neagu Djuvara, les relations russo-rou-maines ont même connu un épisode assez chaleureux entre1806 et 1812 pendant la guerre contre l'emprire ottoman, alorsque le territoires des deux principau-tés de Valachie et Moldavie étaienttransformées en champs de bataille.A l'époque, si dans les salons deBucarest et Iasi, les dames appre-naient la valse et les messieursdisputaient des parties de pharaon, lejeu de cartes à la mode, dans lescampagnes, les paysans étaientréduits à la plus extrême misère, lesvols et extorsions atteignant unniveau jamais connu jusqu'alors. LesRoumains accueillirent avec enthou-siasme leurs "libérateurs" russes.

Déjà, lors de la guerre entre 1768 et 1774, les boyardsmoldaves avaient embrassé avec ferveur la cause de la SainteRussie dans sa croisade contre les infidèles musulmans afin delibérer les peuples chrétiens asservis depuis des siècles. Unecohorte de prêtres et moines russes envoyés dans les princi-pautés, mais aussi en Transylvavie et jusque dans la pénisnulebalkanique s'en firent les propagandistes les plus efficaces,déclanchant une vague de sympathie enver la Russie "pravos-

lavnica" (orthodoxe). Des milliers de volontaires s'engagèrentdans l'armée russe. A la fin du conflit, on en comptait 12 000,soit 1 % de la population mâle.

Un général français choqué

par les brutalités de l'armée du tsar

Toutefois, les Roumains ne mirent pas longtemps à se ren-dre compte que leurs "libérateurs" n'étaient en rien des soldatsde la Chrétienté mais d'un empire encore plus vorace que l'oc-

cupant turc. Les boyards commencèrent à prendre leurs distan-ces et le comportement des troupes du tsar, lors d'un nouvelépisode guerrier et d'occupation, en 1789-1791, ruina unegrande partie de leur crédit.

Général dans l'armée russe à l'époque, le comte françaisLouis Langeron rapporte dans ses mémoires un épisode révè-lateur - un sur mille, précise-t-il - sur la brutalité de ses com-pagnons d'armes qui l'avait profondément choqué et s'étaitdéroulé en Moldavie:

"En colère parce qu'une tempête avait perturbé l'ordon-

nancement de son armée, le général

russe Kamenski a fait décapiter tous

les prisonniers tatars et attacher nu

à un poteau un suspect juif, arrosé

d'eau alors qu'il gelait à -10 °, le

laissant mourir. Il a fait brûler le

village voisin par la suite, se lan-

çant à la poursuite des paysans qui

s'enfuyaient dans la neige et la

glace, les laissant périr de froid et

de faim. Il confisqua ensuite tout le

bétail qui n'avait pas été tué et l'ex-

pédia chez lui". Louis Langeron s'in-digne aussi de l'attitude de ses collè-

gues officiers russes qui toléraient ces pratiques, voire lesencourageaient. Il témoigne de la terreur des Moldaves: "Dès

qu'ils voyaient un uniforme russe, ils étaient pétrifiés, incapa-

bles de sortir un mot. Parfois, ils se mettaient à prier, don-

naient de l'argent et attendaient, courbés, son bon vouloir".

Présent sur les lieux, un autre Français, le prince Joseph deLigne notait la curieuse situation dans laquelle se trouvaientles Roumains: "les Russes, venus soi-disant pour les libérer,

les soupçonnent avec raison de leur préférer leurs occupants

autrichiens et turcs !".

Napoléon en sauveur providentiel

Une éclaircie se fit cependant jour dans les relations, lorsde la guerre russo-turque de 1806-1812. Mais, échaudés, lesboyards se montrèrent méfiants souhaitant voir partir au plusvite les troupes du tsar. Ils avaient raison... Jamais les princi-pautés n'avaient été aussi près d'être purement et simplement

Le Roi Michel félicite les représentants soviétiques, le 23 février 1946, jour de célébration de l'Armée rouge.

La russophobie des Roumains s'est

"Pire que les Turcs"...

amplifiée depuis un siècle

c'est peu dire !annexées, en 1812, alors que des tractations étaient encours entre Russes et Turcs pour mettre un terme à leurconflit. C'est Napoléon et ses projets d'invasion de laRussie qui sauva la mise des Roumains. Nicolas II, nepouvant se disperser sur plusieurs fronts, signa une paixau rabais avec ses adversaires - le traité de Bucarest de1812 - se contentant de mettre la main sur la Bessarabie(aujourd'hui Moldavie et toujours au coeur des tensionsentre Russes et Roumains, 200 ans plus tard).

Le grand vizir turc, Ahmet Pacha et son Premierministre Moruzi, apposèrent leur signature le 28 mai 1812 aubas d'un traité particulièrement défavorable à l'empire otto-man. Trois semaines plus tard, Napoléon envahissait la Russie.On évoqua une trahison des émissaires turcs qui auraient étéachetés par le tsar. A leur retour à Istanbul, ils furent jugés.Ahmed Pacha fut destitué et exilé, Moruzi, décapité ainsi queson frère. Tout au long de leur occupation du territoire rou-main, les Russes se montrèrent encore plus accapareurs desrichesses du pays que les Turcs. Chargé de l'administration dela région de Craiova, le général Zass doubla les taxes sur lecommerce et repartit chez lui avec deux tonneaux remplis de60 000 ducats d'or. A Bucarest, les généraux Engelhart etIsaiev rançonnaient les marchands et le colonel Melentievtaxait pour son propre compte le trafic de contrebande.

Quand les troupes russes se retirèrent en 1812, elles lais-sèrent le pays dans état de chaos et un profond ressentimentdans la population qui redoutait par dessus tout de les voirrevenir.

La Roumanie amputée d'une partie

de son territoire sans avoir son mot à dire

Le coup de grâce à ce qui pouvait subsister des relationsapaisées entre les deux pays fut donné en 1878, à la suite de laguerre russo-turque qui aboutit à la reconnaissance de l'indé-pendance et de l'existence de la Roumanie. Les deux ancien-nes puissances tutélaires s'entendirent pour pactiser sur sondos, sans la convier un seul moment à participer aux négocia-tions. Par le traité de San Stefano (Turquie) du 19 février 1878,les Russes s'arrogèrent trois judets du sud de la Bessarabie, lesTurcs leur cédant en outre la Dobroudja, le delta du Danube, etles Iles des serpents… sans demander l'avis de leur propriétai-

re naturel, la Roumanie ! Le gouvernement roumain n'apprit lecontenu du troc que le 9 mars… à la lecture du journal de SaintPetersbourg.

L'indignation était d'autant plus à son comble à Bucarestque les troupes roumaines avaient sauvé l'armée du tsar de ladéfaite, en volant à son secours. Comble du cynisme… lesRusses s'octroyaient un droit de passage de deux ans sur le ter-ritoire roumain pour rapatrier leurs soldats engagés sur le frontbulgare, assorti d'une menace d'occuper le pays et de le désar-mer s'il s'y opposait. Il ne s'agissait pas simplement d'une inti-midation: les Roumains refusant de céder, Bucarest fut assié-gée et le roi Carol 1er obligé d'aller chercher refuge en Olténie.

La guerre était imminente et la paix ne fut sauvée que parl'intervention des grandes puissances européennes, irritées parl'expansion continue de la Russie vers le Bosphore et la merMéditerranée. La Roumanie dut accepter la cote mal tailléedécidée au Congrès de Berlin, convoqué dans l'urgence (juillet1878). Elle perdait la Bessarabie mais récupérait la Dobroudjaet le Delta.

Trahison et trésor national jamais rendu

La russophobie s'était installée en Roumanie, alimentéepar une "seconde trahison" et s'appuyant sur le nationalismenaissant d'une toute jeune nation: en 1917, pour cause de révo-lution, l'armée russe plia bagage sans crier gare, laissant lesRoumains, engagés dans le camp des Alliés, seuls face auxAllemands et Autrichiens qui occupèrent le pays et la capitale.Devant la menace de l'avancée ennemie, la Roumanie avaitpris la précaution de mettre son trésor et les réserves de labanque nationale à l'abri à Moscou. Un siècle plus tard, elle neles a toujours pas récupérés ! (lire la suite page 44)

Jour de deuil en Bessarabie le 28 juin 1940, après que les accords secretsRibbentrop-Molotov de l'été 39 aient décidé de l'annexion de la région à l'URSS.

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Connaissance et découverte

Dès que l'Armée Rouge avaitpénétré en Bucovine, denombreux roumains s'étaient

enfuis, souvent accompagnésd'Ukrainiens et d'Allemands qui yvivaient depuis plusieurs siècles.Abandonnant tous leurs biens, ils for-maient d'immenses cohortes cherchant àse réfugier en Roumanie. LesSoviétiques avaient donné l'ordre auxgarde-frontières de les abattre sans pitié.Leurs familles et celles des fugitifs quiavaient été tués, considérés comme traît-res, furent déportés en masse en Sibérieou au Kazakhstan, soit 13 000 personnes.Au début 1941, le NKVD tendit un piègeà ceux qui étaient restés pour mesurer leur loyalisme.

Ses agitateurs répandirent le bruit que la frontière avec laRoumanie serait ouverte l'espace d'une journée, le 1er avril,pour permettre à ceux qui le désiraient de rejoindre leur ancienpays. La rumeur se répandit à travers toute la vallée du Siretoccupée, soulevant un énorme espoir parmi la population quise prépara pour cet exode.

Tels des pèlerins entamant leur

longue marche vers la terre promise

Au jour dit, 3000 habitants, venus des villages de Patrauti,Cupca, Corcesti, Suceveni, formèrent une longue colonne,menée par un vieillard arborant un drapeau blanc pour montrerses intentions pacifiques. Tels des pèlerins entamant leur lon-gue marche vers la terre promise, les villageois s'étaientconfectionnés des crois en bois de sapin et emportaient aveceux les précieuses icones de leurs églises. Mais, à PoianaVarnita, à deux pas de la Roumanie, au lieu-dit Fântâna Alba,les garde-frontières soviétiques les attendaient, leur intimantl'ordre de s'arrêter. Incrédule, ne voyant pas comment cesquelques hommes pouvaient arrêter la marche en avant de cet

impressionnant cortège, la foule continuaà avancer. Postés dans les fourrés, les sol-dats n'attendaient que ce moment pourouvrir le feu à la mitrailleuse. Des centai-nes de villageois, dont beaucoup de fem-mes, d'enfants, de vieux tombèrent sousles balles. Des cosaques, connus pour leurférocité et amenés spécialement sur leslieux, s'acharnèrent à achever les survi-vants à la baïonnette. Blessés et morts,entassés sur des charrettes furent traînéspar des chevaux jusqu'à cinq fosses com-munes qui avaient été creusées à l'avance,où les corps furent jetés pêle-mêle etrecouverts de terre. Trois jours après onvoyait encore celle-ci remuer alors qu'on

entendait les râles des agonisants. Les organisateurs du convoisubirent un traitement à part. Sauvagement torturés, ils furentconduits au cimetière juif et ensevelis vivants dans des fossessur lesquelles on jeta de la chaux vive.

Moscou ne s'est jamais excusé

et le sujet est devenu tabou

Le massacre de Fântâna Alba qui, au total, a fait 2000 vic-times, est resté un sujet tabou pendant toute l'époque commu-niste. L'URSS, puis la Russie ne se sont jamais excusés pourcette barbarie. Depuis 2000, l'Ukraine, à laquelle est rattachéela Bucovine du nord depuis la fin de la Seconde Guerre mon-diale, a autorisé l'organisation de "parastas" (commémorationdes morts) sur les lieux du massacre.

Peu de villageois ont survécu à ces atrocités et ont puraconter ce qui s'était passé. Gheorghe Mihaliuc, un instituteurà la retraite en a fait le récit dans son ouvrage Dincolo de

cuvintele rostite ("Au-delà des mots") et l'historien deSuceava, Mihai Aurelian, a retrouvé dans les archives desdocuments confirmant les dires des survivants.

Les Nouvelles de Roumanie N° 75 (Janv.-Févr. 2013)

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

"La cause russe est désormais

perdue à tout jamais"

Les Roumains ne tardèrent pas à voir lamain de leur voisin dans tous les malheursqui s'abattaient sur le pays : les révoltes despaysans et de la faim de 1888 et 1907, lestentatives d'assassinat de dirigeants commele Premier ministre Ion Bratianu et de sonfils, l'action sournoise d'agents d'influencepour infiltrer ou acheter la presse et lesmilieux politiques.

Staline porta un nouveau coup de poi-gnard, profitant de la défaite française dejuin 1940, pour s'emparer à nouveau de laBessarabie, y ajoutant la Bucovine, aprèss'être entendu sur le dépeçage de l'Europeavec Hitler. L'armée Rouge occupa tout le pays à la fin de laseconde guerre mondiale jusqu'en 1958. Les Roumains gar-dent vivace le souvenir des débuts de cette période terrible,marquée par des vols, viols, violences en tous genres, humilia-tions… avec, en prime, l'instauration du régime communiste.

Après la chute de Ceausescu, Ion Iliescu tenta de rétablirdes liens de fraternité avec l'URSS et fit le voyage à Moscou,

où jeune communiste il avait fait ses clas-ses, pour proposer la signature d'un traitéd'amitié qui, à sa grande confusion, ne futjamais ratifié par le parlement roumain.Même ses amis politiques avaient comprisque c'était pousser un peu loin et trop rapi-dement le bouchon d'une réconciliation quirisquait de choquer la population.

Depuis maintenant près d'un quart desiècle que la Roumanie a retrouvé sa liber-té, ce n'est toujours pas "l'amour fou" entreles deux pays. Moscou a réagi agressive-ment à l'entrée de Bucarest dans l'OTANpuis l'UE. La Roumanie voit d'un œilinquiet les manigances de Poutine enUkraine et redoute de se retrouver à nou-veau frontalière avec son ancien voisin.

Déjà, en 1878, le colonel Mansfield, représentant de la GrandeBretagne en Roumanie avait noté qu'à ce moment, le sentimentanti-russe avait atteint son apogée. Il ne devait cesser de s'am-plifier par la suite. Pour les Roumains, la Russie devenait"l'ennemi public n° 1", le journaliste Constantin Bacalbasaprophétisant dès cette époque: "la cause russe est désormais

perdue à tout jamais".

(suite de la page 43)

Cet épisode reste marqué dansla mémoire du directeur de lapetite école de Manastirea

Humorului, créateur du premier "cam-

ping à la ferme" de Roumanie. Vivreencore un demi-siècle sous le joug desRusses n'était pas envisageable. EnBucovine, et dans tout le nord du pays, lesouvenir est encore vivace aujourd'huides exactions de l'Armée Rouge à la findu second conflit mondial. Vols, viols,meurtres sans aucune motivation, étaientmonnaie courante. L'entrée des troupessoviétiques dans Suceava avait précipitéses habitants dans la panique.

Les grands parents de Léonardavaient aménagé une cache dans leurcave pour que leur fille ne soit pas violée.Les soldats faisaient main basse sur tousles objets leur semblant avoir de lavaleur, et se montraient particulièrementfriands des montres et montres à gousset.Son grand père en possédait justement

une. Un Russe lui arracha et, comme ilrésistait, le tira par la moustache, le pro-jetant la tête contre le mur. Le vieilhomme perdit connaissance.

Des enfants naturels

surnommés "le Soviétique"

Le jeu de mots du célèbre comiqueConstantin Tanase, dans un de ses specta-cles, résumait bien l'état d'esprit de lapopulation: ce n'était pas bien avec les"der die das" (les Allemands) mais c'étaitmille fois pire avec les "davai ceas"

("donne ta montre" - les Russes).Aujourd'hui encore à Manastirea

Humorului et dans les autres villages deBucovine, pas mal de gens portent le sur-nom "le Soviétique"… un enfant natureld’une femm violée par un soldat russe.

De manière plus organisée, l'Arméerouge se conduisit en armée d'occupationréquisitionnant biens et denrées en

dédommagement de la participation de laRoumanie à la guerre aux côtés desAllemands, bien qu'elle ait retourné sesarmes contre eux, fin août 1944. Le paysfut littéralement pillé et la populationparfois affamée. Les prisonniers rou-mains furent envoyés dans des camps enSibérie, subissant des conditions terri-bles, beaucoup ne revenant pas.

Il n'est donc pas étonnant que la "rus-

sophobie" soit toujours présente dans lesrégions frontalières, les plus exposées. Lapeur d'une invasion russe est souventévoquée par les anciens, sauf bien sûr parceux qui ont profité de l'ancien systèmeet sont regardés d'un mauvais œil. Lesévènements actuels d'Ukraine n'inquiè-tent cependant pas outre mesure. LaRoumanie fait maintenant partie del'OTAN et de l'UE, ce qui rassure. Oncraint davantage le FMI, et ces duresmesures qui pèsent sur le niveau de vie.N'empêche, le seul mot "russe" fait peur!

En Bucovine, le seul mot "russe" fait encore peur

Dix-huit mois après que la Roumanie ait retrouvé la liberté, fin 1989, Léonard, professeur de français en Bucovine,

tremblait encore devant la perspective d'un retour des communistes "à la soviétique" au pouvoir. La tentative de coup d'é-

tat contre Gorbatchev, en août 1991, par les "durs" du Kremlin, le conforta dans ses appréhensions. Il se tourna alors vers

ses nouveaux amis, leur demandant leur aide, prêt à se réfugier en France avec sa famille. Une voiture était prête.

Heureusement, l'affaire tourna à la déconfiture des putschistes.

2000 villageois de Bucovine du nord massacrés par la police de Staline

A Fântâna Alba, la barbarie du NKVD à l'œuvreDossier

En 1940, profitant de l'effondrement de la France, Staline envahissait la Bucovine du Nord, appartenant alors à la

Roumanie, après s'être partagé avec Hitler les dépouilles des pays situés entre l'Allemagne et l'URSS. Dans les mois sui-

vants, le NKVD, ancêtre du KGB, allait commettre un de ses nombreux crimes contre la population roumaine qui tentait

de fuir l'occupation soviétique. Attirés dans un piège, 2000 Roumains trouvèrent la mort à Fântâna Alba (La Fontaine

Blanche).

Pendant 33 ans, Michel Soulard a parcouru inlassablement la Roumanie, devenue sa seconde patrie, y résidant plusieursfois par an. Dans son dernier ouvrage, le quatrième sur la Roumanie il fait découvrir ses beautés et la vie de tous lesjours. Son coup de cœur n'est pas un guide touristique, mais une promenade, "une balade" dans ces lieux où il aime se

retrouver avec ceux qui lui sont chers, là-bas, "au-delà des Carpates" ! Pour commander Balade en Roumanie, adressez votre règlement (38 euros TTC, port compris)à Michel Soulard, 10 rue Jean

Jaurès, 86000 Poitiers, 00 33 (0)6 80 04 61 39 ou 00 33 (0)5 49 53 49 18, [email protected], site : www.michel-sou-

lard-roumanie . Il est possible de voir des extraits sur le Site:http://www.ecrituriales.com/catalogue/michel-soulard/

"Balade en Roumanie" par Michel SoulardLivres

Plusieurs milliers de villageois de FântânaAlba sont tombés dans le piège des

Soviétiques, croyant qu'ils pourraient regagner la Roumanie, même à pied.

La Bucovine a été partagée en deux en1944, le nord revenant à l'Ukraine, alors

soviétique, le sud restant roumain.

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

Voici exactement 70 ans, l'arrivée des troupessoviétiques en Roumanie - officiellement alliées,mais d'occupation dans les faits - marqua le début

d'une époque qui, en seulement trois ans, allait préparer le ter-rain pour l'installation de la "dictature du prolétariat". Surpris,paraît-il, par l'action du jeune souverain, lors du 23 août 1944,les Soviétiques, qui avaient déjà prévu l'occupation de laRoumanie par la force, continuèrent la mise en œuvre de leurplan initial, comme si aucun changement n'était intervenu. Lesmilitaires roumains se trouvant sur les lignes de front enBessarabie ou en Moldavie furent faits prisonniers non seule-ment après le 23 août 1944, mais aussi après la signature àMoscou de la convention d'armistice. Plus de 165 000 officierset soldats roumains, considérés comme fascistes, furent ainsienvoyés dans des camps de travaux forcés au Kazakhstan, enSibérie et, plus tard, à Vorkuta.

Au même moment sur le front de l'Ouest, d'autres unitésroumaines luttaient aux côtés de l'Armée rouge pour la "libé-

ration" de la Transylvanie du Nord, puis de la Hongrie, de laTchécoslovaquie et de l'Autriche.

Déportation en masse

des citoyens d'origine allemande

Entre 1944 et 1947, environ un million de militairessoviétiques occupèrent le sol roumain, alors que le régimecommuniste s'installait à la tête du pays. Dans certainescontrées de la Moldavie on construisit des voies ferrées à écar-tement élargi (1534 mm selon les normes soviétiques au lieude 1435mm comme en Roumanie et le reste de l'Europe), afinde faciliter le transport des marchandises - butin et dédomma-gements de guerre - et des convois de déportés que l'on emme-nait vers les "travaux de reconstruction" de l'URSS.

Les Saxons et des Souabes - minorités d'origine alleman-de, vivant en Roumanie depuis des siècles - furent les premiè-res victimes des Soviétiques dès le 23 août.

À la demande de la Commission alliée (soviétique) decontrôle de la Roumanie - organisme placé sous la tutelle deMoscou et qui fut l'autorité suprême en Roumanie jusqu'à lasignature du traité de paix, en 1947 - l'Etat roumain procéda,dans une première phase, au tri des membres de ces minoritésd'origine allemande, et à leur internement dans des camps.

Puis, le I6 janvier 1945, la présidence du Conseil desministres se vit dans l'obligation de déclarer: "Par ordre du

haut commandement soviétique sont réquisitionnées, afin d'ê-

tre conduites vers les endroits où un besoin de forces de tra-

vail est ressenti, les catégories suivantes de citoyens roumains

d'origine ethnique allemande: les hommes de 17 à 45 ans, les

femmes 18 à 30 ans, à l'exception de celles ayant des enfants

de moins d'un an".

En vertu de cette mesure, 80 000 personnes furent dépor-tées durant le seul mois de janvier 1945 vers le bassin minierdu Donbass (en Ukraine actuellement, où se déroulent lesprincipaux troubles) et d'autres régions de l'URSS. Plus de20% y moururent, Quant aux prisonniers, outre ceux qui furentemportés par les maladies, l'épuisement et la malnutrition, lesplus chanceux rentrèrent au bout de sept ans, alors que les aut-res passèrent jusqu'à douze ans dans les camps soviétiques.

Une forme brutale d'occupation

Les années antérieures à la signature du traité de paixentre la Roumanie et l'URSS se caractérisèrent par la multipli-cation des abus commis impunément par les troupes sovié-tiques: pillages, viols, brigandages, attaques à main armée,assassinats en pleine rue n'épargnaient ni la population civileni les représentants de l'Etat.

Ainsi, la mémoire collective n'a pu retenir de cette pério-de que l'image d'un "libérateur" se livrant à une forme bruta-le d'occupation, et lui a associé la formule à la fois amère etironique: "Davaï ceas, davaï palton" ("Donne la montre,donne le manteau"), qui rappelle l'injonction utilisée par lessoldats soviétiques pour s'approprier les biens des passants.

Tous ces méfaits ont été étudiés après 1990, sur la based'un impressionnant matériel d'archives. Par ailleurs, les servi-ces secrets soviétiques prenaient ostensiblement en filaturedes citoyens roumains, s'immisçaient dans les réunions poli-tiques, effectuaient des arrestations pour leur propre compte.

La Commission alliée (soviétique) de contrôle était deve-nue une sorte de super-gouvernement qui dictait sa volontéaux autorités roumaines, bien qu'officiellement le pays fûtallié et non occupé. Le prétexte sans cesse invoqué était l'ap-plication de la convention d'armistice et la récupération des"dédommagements de guerre" par le biais des célèbresSOVROM, entreprises mixtes roumano-soviétiques chargéesde produire et d'exporter gratuitement vers "la grande Patrie

des Soviets" des vivres et autres biens de consommation pro-duits en Roumanie.

Les Soviétiques réprimaient ou interdisaient tout ce qui neleur convenait pas, en expliquant aux représentants américainset britanniques présents dans la Commission - plutôt en tantqu'observateurs - qu'il s'agissait d'exigences se rattachant à lamise en œuvre de la convention, ou de mesures visant à effa-cer les effets de la dictature et de la guerre.

Ala sortie de la guerre 39-45,envoyés dans les campagnesen commandos pour

convaincre les paysans de céder sansautre manière leurs terres, lors de la col-lectivisation, les membres des "divisions

Vladimirescu" (du nom du héros de laRévolution de 1821), "Horia, Closca et

Crisan" (meneurs de la révolte des pay-sans des Apuseni, en 1821), avaient étérecrutés par les futurs dirigeants commu-nistes Ana Pauker et Vasile Luca, alorsréfugiés à Moscou, parmi les prisonniersde guerre et les déserteurs de l'Arméeroumaine du front de l'Est capturés parles Soviétiques pendant la SecondeGuerre mondiale.

Après la bataille de Stalingrad, en1943, Staline avait chargé Ana Pauker,pour les Roumains, et Erich Honecker,pour les Allemands, de les rééduquerselon les principes communistes, afin deconstituer l'ossature des futures "forces

de libération" de leurs pays respectifs. Al'époque, les communistes roumains n'é-taient qu'une poignée et ne pouvaient pré-tendre s'emparer du pouvoir sans aide

extérieure. Ces divisions rentrèrent enRoumanie dans les fourgons de l'ArméeRouge, en septembre 1944. Les commu-nistes formèrent 1100 de leurs membrescomme officiers, recrutés parmi des indi-vidus le plus souvent ignares et dépour-vus de sens moral.

Ils deviendront ultérieurement com-missaires politiques dans l'armée de laRépublique Populaire Roumaine, chargésde l'épuration et se singulariseront parleur bestialité, terrorisant la population etrecrutant les exécuteurs des basses œuv-res parmi la pègre. Certains accèderontmême au rang de généraux.

Place aux demi-analphabètes

détenus de droit commun ou

voyous

Dès l'entrée des chars russes dansBucarest, début septembre 1944, AnaPauker est à pied d'œuvre. Elle est l'unedes sept secrétaires du comité central duPCR (parti Communiste Roumain), deve-nu plus tard le PMR (Parti OuvrierRoumain) à la suite de sa fusion avec lePSDR (Parti Social Démocrate Rou-main). A ce titre, ces apparatchiks ont lamain haute sur l'appareil du Parti et tirentles ficelles du gouvernement de l'hommede paille que Moscou a installé au pou-voir le 6 mars 1945, le docteur PetruGroza.

Dès le lendemain, les communistesdéclenchent une répression à large échel-le. Plus de 70 000 fonctionnaires et cad-res sont licenciés, arrêtés, envoyés dansdes camps de travail. Trois semaines plustard, Ana Pauker réprimande son camara-de, Teohari Georgescu, le sinistre minist-re de l'Intérieur, estimant qu'il ne va pasassez vite en besogne.

Des demi-analphabètes, parfois desdétenus de droit commun ou des voyousles remplacent… s'ils peuvent se préva-loir d'une "origine saine", c'est à direappartenant à des familles sans biens, necomptant pas d'intellectuels, de profes-sions libérales et de prêtres dans leurrang. Pour mener à bien sa tâche, le Partiavait besoin d'exécutants dociles, ne seposant pas de questions.

Un décret gouvernemental légaliseral'affaire: il ne sera plus nécessaire d'avoirun minimum d'études pour exercer lesfonctions de préfet, maire, directeur deservices départementaux, inspecteur desfinances, etc…

La carte du Parti tient lieu de diplô-me. Ainsi, à Pâncota (Arad), c'est un tsi-gane analphabète, voleurs de chevaux,qui devient président de la CAP(Coopérative Agricole de Production), etpropulse sa sœur, chef-comptable… Lamairesse désignée par le Parti étaitconnue de tous pour être la prostituée dela commune.

Ballet russe vu par l'académicien PierreEmmanuel, en 1947:Staline applaudit sacréature roumaine AnaPauker, envoyée pourécraser le Roi Michel.

DossierEntre 1944 et 1947, un million de militaires

"Donne la montre,

soviétiques occupèrent le sol roumain

donne le manteau"

Des futurs généraux recrutés parmi les déserteurs et prisonniers des Russes

La carte du Parti tient lieu de diplôme

C'est ainsi que, peu à peu, on en arriva, le 6 mars 1945, àinstaller par la force le gouvernement pro-communiste dePetru Groza, à interdire la presse libre, à instaurer la terreur, àtruquer les élections de novembre 1946, à évincer la monar-chie et, en fin de compte, à imposer le parti unique et à insti-tutionnaliser le communisme.

La logique de la violence

pour s'assurer du pouvoir

Après la signature du traité de paix, à Paris, le 10 février1947, la Commission alliée (soviétique) de contrôle fut suppri-mée. Néanmoins, les troupes soviétiques, qui auraient dû seretirer par la même occasion, demeurèrent sur le territoire rou-main sous prétexte de maintenir un couloir vers l'Autriche.

Ce n'est que onze ans plus tard, en juin 1958, que l'Arméerouge allait quitter la Roumanie à la suite de l'accord passéentre Khrouchtchev et Emil Bodnaras, l'homme de confiancedes Soviétiques à Bucarest et haut dignitaire du régime com-muniste. Mais, pendant tout ce temps, les conseillers sovié-tiques prirent soin de mettre leur empreinte sur l'ensemble dela vie roumaine, de l'économie planifiée à l'agriculture, et duréalisme socialiste dans la culture à la Securitate.

Le parti communiste qui, en 1944, comptait moins demille membres, tenait ainsi là les principaux leviers quiallaient lui permettre de mettre en œuvre la logique de la vio-lence censée assurer la pérennité du système.

(Extraits Du passé faisons table rase, Histoire et mémoi-

re du communisme en Europe, sous la direction de Stéphane

Courtois, Robert Laffont, 2002)

Alors que, à la fin de la guerre, le Parti Communiste Roumain

comptait moins de mille membres, jusqu'à un million de soldats de

l'Armée rouge occuperont le pays, les derniers partant en 1958.

"Vivel'Armée

rougelibératrice"

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Connaissance et découverte

noyé en cherchant à s'enfuir. Le garçon ne sortait de sa cachet-te que la nuit, s'habillant en femme pour tromper les éventuelsdénonciateurs. Proches ou voisins… personne ne suspectait ladouble vie que menaient la mère et son fils, lequel s'occupaiten faisant du bricolage dans la maison. Enterré dans son trou,Ilie s'absorbait le jour en cousant, brodant, reprisant les chemi-ses, faisant du crochet… autant de tâches de femmes auxquel-les sa mère l'initia. Il se lança aussi dans la confection decostumes populaires, confiant que c'était son rayon de soleildans les ténèbres où il était confiné. Jamais d'ailleurs il ne s'endéfera, se refusant à les vendre "même pour des millions" etdemandera à en être revêtu pour son enterrement. Avec lesannées qui passèrent, le jeune homme désespérait, rêvant de lavie qu'il aurait pu avoir avec une femme, des enfants, se per-suadant que jamais plus il ne pourrait respirer à l'air libre…

Libéré, son père regagna la maison et trouva étrange lemanège de sa femme qui ne l'avait pas mis dans la confidence,emportant toujours quelque chose à manger avec elle. La sui-vant, il découvrit un beau jour le pôt aux roses et éclata en san-glots devant le gâchis de cette jeune vie, confiant à son fils quelui-même était mieux en prison.

Réapprendre à respirer

normalement pour rééduquer ses poumons

Le 26 septembre 1971, Ilie apprit qu'un décret avaitamnistié tous les résistants recherchés comme lui et décida deréapparaître au grand jour. Il sortit de sa taupière trop brusque-ment et eut beaucoup de mal à reprendre son souffle; les méde-cins lui dire que ses poumons avaient la consistance du papierà cigarette et qu'il devrait réapprendre à respirer normalement.Cela faisait 22 ans qu'ils n'avaient pas vu le soleil !

Tout le village s'étonna de le voir réapparaître. On avaitmême oublié jusqu'à son existence. Mais il ne confia à person-ne par quel calvaire il était passé, malgré la demande insistan-te des curieux. D'ailleurs, il était regardé de travers car on l'as-similait toujours à un brigand longtemps recherché, ayant undossier et matricule de prisonnier, et il eut beaucoup de mal àtrouver un emploi. La joie d'Ilie fut de courte durée. Quelquessemaines plus tard, la Securitate fit à nouveau irruption chez

lui, poursaisir sam a i s o n ,le seulbien quilui res-tait.

A 41 ans, il prit à nouveau le maquis mais revint au boutd'un mois et demi pour la trouver envahie par les parents et lesvoisins qui veillaient sa mère, décédée.

Le fugitif décida alors de rester, se rendant à la milice. Ilfut incarcéré et battu pendant plusieurs jours. Finalement, relâ-ché, il s'engagea comme simple ouvrier agricole à la CAP(Coopérative agricole). Il eut toutefois le bonheur de retrouverElena qui en était secrètement amoureuse depuis l'enfance.Elle avait 9 ans quand Ilie avait disparu ! Tous les deux semarièrent et ils eurent une fille, dix ans plus tard, en 1981.

Philosophie d'outre-tombe

Survint la "Révolution". Ilie put récupérer ses terres. Mais,à plus de 60 ans, usé, il n'avait guère la force de les cultiver etdut vivre avec la modeste pension de prisonnier politiquequ'on se décida finalement à lui accorder.

L'éternel fugitif garda une haine tenace des communistes,n'hésitant pas à déclarer qu'il aurait massacré ses bourreauxs'ils lui étaient tombés sous la main lorsqu'il retrouva une exis-tence normale. La "Révolution" fut pour lui une grande joie.Mais, quelques temps avant sa disparition, en 2008, il confiaitqu'il ne voyait pas grande différence entre "avant et après":

"les communistes se sont moqué du peuple, l'avilissant et l'ex-

ploitant, leurs successeurs ont fait pareil, le volant pour s'en-

richir". Loin du soleil, il s'était forgé une philosophie d'outre-tombe: l'homme ne pouvait que désespérer de l'homme.

*Entouré par sept collines, le village de Roma (Botosani) doitson nom à un architecte passionné d'histoire antique qui le débaptisaen 1926, alors qu'il s'appelait jusqu'ici Cotârgaci. Roma a été entouréde barbelés de 1950 à 1970 et en conserve encore les vestiges parendroits, des paysans s'en servant pour dissuader les voleurs ou lesrenards de venir chaparder dans leurs fermes.

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

Ilie Alexoaie est disparu en 2008, à l'âge de 79 ans, dans sa commune natale

de Roma (judet Botosani) - à quelques kilomètres de la frontière de l'ex-URSS -

au terme d'une existence extraordinaire et d'une jeunesse gâchée qui ont conduit

ce résistant solitaire au communisme à vivre pendant 22 années caché sous la

terre, s'enterrant vivant pour échapper aux geôles du régime, ne voyant jamais la

lumière du jour, seule sa mère étant dans la confidence.

En 1949, les communistes décidaient de collectiviser les terres des paysans.La famille Alexoaie se retrouva sans un pouce de terrain, comme tous leshabitants du village de Roma*, près de Botosani. La révolte fut générale,

ainsi que dans cinq autres communes du pays, rappelant la rascoala - l'insurrection dela faim - du début du siècle, décrite parRebreanu. Les communistes ont débarqué àRoma le 12 juin 1949, accompagnés desgendarmes et des "camarades" russes. Lesvillageois ont été convoqués sur la placecentrale pour apprendre que leurs fermes neleur appartenaient plus, étaient transférées àl'Etat, et qu'ils allaient devenir des ouvriersagricoles de la GAC (Coopérative agricolecollective).

Près de 500 d'entre eux ont pris alorsleurs fourches et leurs faux et se sont mis àcourser ces "activistes" et les forces de l'or-dre qui passèrent un sale quart d'heurequand ils leur mettaient la main dessus. Larévolte s'étendit aux villages voisins, si bien

que les nouvelles autorités durent envoyer l'armée et des tanks. Parmi les "révolution-

naires" se trouvait Dumitru Alexoaie et son fils Ilie, 19 ans, qui n'était pas le dernier àfaire le coup de poing pour défendre son père, expédiant au tapis plusieurs "camara-

des". A l'arrivée de la troupe, les villageois s'égayèrent dans les champs et les collines,se cachant où ils pouvaient, survivant pendant plusieurs semaines en se nourrissant deracines s'il le fallait. Beaucoup regagnèrent leur maison à la faveur de l'obscurité dèsque l'armée eut quitté les lieux, enjambant la fenêtre, comme le firent finalement lesAlexoaie, les derniers à abdiquer. Mais les sécuristes avaient investi le village qui futentouré de barbelés. Chaque villageois devenait un suspect et encore plus Ilie considé-ré comme un "élément dangereux, fauteur de troubles, terroriste menaçant la sécurité

de l'Etat". De guerre lasse, son père se rendit et fut immédiatement battu et emprison-né. Le silence s'abattit alors sur le village, ses habitants renonçant à leur lutte aprèsqu'on les ait menacés de s'en prendre à toute leur famille et aux enfants.

Seul villageois à échapper à la répression

Ilie, le seul villageois à échapper à la répression, pourtant affamé et dans un piteuxétat, refusa de le suivre et, recevant la bénédiction de sa mère, décida de se confection-ner une cachette sous la maison. Il creusa pendant des nuits, s'enfuyant avant l'aubedans la cabane qu'il avait aménagée, étayant son trou de taupe à mesure qu'il s'agran-dissait, confectionnant un siège et une table en terre, se fabriquant une natte en jonc surlaquelle il pouvait s'étendre.

"Quand je me glissais dedans, je me sentais transi jusqu'à la moelle… même les

morts ne ressentent pas çà" confia-t-il 22 ans plus tard, quand il en sortit définitive-ment. Le jeune homme tomba vite malade des poumons et en souffrit jusqu'à la fin desa vie. La Securitate chercha inlassablement Ilie pendant douze ans, perquisitionnantrégulièrement chez sa mère, laquelle soutenait, sans être crue, que son enfant s'était

La collectivisation des terres enRoumanie avait été décrétée parGheorghiu Dej, lors d'un plénum ducomité central du Parti desTravailleurs Roumains (Parti commu-niste), en mars 1949. Le dictateuravait annoncé qu'il était temps d'enta-mer "la transformation socialiste des

moyens de production agricole". Larévolte des villageois de Roma, enjuin 1949, était la troisième que lerégime devait affronter. Des troublesavaient déjà éclaté le 19 avril dans lacommune de Silistea Crucii (jud Dolj,Craiova), dans le sud du pays, suivispar un soulèvement des paysans deLunca (Bistritsa-Nasaud), les 3-4 mai,dans le nord. Au total, on enregistra11 révoltes dans 9 judets au cours del'année 1949 : Dolj, Bistritsa-Nasaud,Botosani, Timis, Bihor (Oradea),Sibiu, Arad, Suceava et Satu Mare.Elles furent parmi les premières for-mes de résistance au communisme.

Beaucoup de ces paysans révol-tés avaient pris les armes à l'appeldu Roi Ferdinand en 1916 pourdéfendre le pays envahi par lesAllemands et les Autrichiens. A lasuggestion du général Berthelot, lesouverain avait décidé de leur attri-buer des terres au lendemain de laPremière guerre mondiale, ainsiqu'aux vétérans de la guerre d'indé-pendance de 1877, pour les remer-cier de leur engagement au servicede la nation. Ils étaient ainsi devenusdes petits propriétaires. Ce n'est passans arrière-pensées que les com-munistes s'en étaient pris à eux enpriorité, les considérant comme les"soldats de l'ancien régime".

Un village transformé en goulag

Une des rares photos conservées d'IlieAlexoaie. Comme beaucoup de Roumains,il ne pouvait supporter une présence russe

signifiant: occupation, déportation, collectivisation.

Ilie Alexoaie a résisté au communisme,

La collectivisation en marche… avec Staline

Fugitif, vingt deux ans

Déportation de masse

La République Moldave a été encore plus touchée que la Roumanie par la répression communiste. Terre roumaine depuisdes siècles, dominée par les Russes à partir du début du 19ème siècle, à la suite d'une guerre contre les Turcs, l'ancien-ne Bessarabie n'a été réunie à la Roumanie contemporaine que pendant une brève période de 22 ans, entre les deux

conflits mondiaux. Fin juin 1940, l'URSS annexe la province et en fait une république satellite, à la suite du pacte germano-sovié-tique. Quatre vagues de répression s'abattent alors sur les habitants d'origine roumaine. Elles feront près d'un million de victimes,soit le quart de la population. De l'invasion, le 28 juin 1940 jusqu'au déclenchement de l'offensive d'Hitler contre l'URSS, le 21juin 1941, 300 000 personnes sont déportées vers Omsk, Irkoutsk, Krasnoïarsk et les camps de concentration sibériens.

Après l'entrée de l'Armée Rouge en Roumanie, en août 1944 et jusqu'à l'installation complète des communistes au pouvoir àBucarest, début 1948, 250 000 autres seront touchées par cette épuration, puis 35 000 à partir du 6 juillet 1949, sur ordre de Staline,et enfin 300 000, entre 1954 et 1964, sous Khrouchtchev. A ces victimes, il faut ajouter les morts dus à la famine entre 1946 et1947. Des prêtres, des hommes politiques, des intellectuels, des étudiants, mais aussi de simples citoyens ont été éliminés.

Un quart de la population moldave anéantie

Dossierenfoui dans sa cachette sous la terre

sans voir le soleil

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Un poème fatal

L'ex-gendarme sera assigné à résidence à Moldovita(Suceava), où il n'a ni famille, ni amis, et obligé de pointerchaque semaine à la police. Il vivra d'expédients, écrira despoèmes. Dans l'un d'eux, "Amour de liberté", il exprime sonespoir de voir un jour l'armée américaine délivrer la Roumaniedu communisme. Inconscience ou fuite en avant devant unevie gâchée, il le rangera avec ses papiers d'identité et se feraprendre lors d'un contrôle policier. Stefan Ghiorghita ne fitaucune difficulté pour confirmer qu'il en était l'auteur. Jugé enurgence dans les vingt-quatre heures, il sera à nouveaucondamné à huit ans de prison et ne sera relâché qu'en 1964,lors de l'amnistie générale. Il avait alors 60 ans.

Revenu à Moldovita, car il n'avait pas d'autres endroits oùaller, il s'y remariera. N'ayant pas de retraite, avant que, bienplus tard, ses années de service ne soient validées, lui assurantune très maigre pension, il travaillera à la journée commecharpentier. L'honnête gendarme y vivra jusqu'à sa mort, en1996, à l'âge de 92 ans.

*Les autorités communistes ont toujours affirmé que IuliuManiu était mort de vieillesse dans sa cellule de la prison deSighet. Cette version était admise jusqu'ici, en ajoutant quel'ancien président du Conseil était décédé à la suite de mauvaistraitements et de privations, mais des témoignages de co-déte-nus font apparaître une autre fin, celle de l'exécution. Cettethèse est encore peu connue en Roumanie et n'a pas été vali-dée par les historiens du communisme.

Les Nouvelles de Roumanie

Les années de Fer (Mars 2007)

… et en convois vers les camps ou le canal Danube-Mer Noire pour la population civile.

50

Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

Sous le Roi, à la fin des années 30, Stefan Ghiorghitaétait un jeune gendarme bien noté, ce qui lui avaitvalu d'être nommé chef de poste dans un village de

Bessarabie. Déjà, à l'époque, l'URSS avait des visées sur cetterégion que, plus tard, à la suite de la signature du pacteMolotov-Ribbentrop, elle allait annexer pour la transformer enRépublique soviétique de Moldavie. Staline y envoyait sesagents pour prendre la température et rapporter des informa-tions. Si l'un d'entre eux était démasqué, l'ordre était de l'abat-tre sur le champ, sans autre forme de procès.

Stefan Ghiorghita mit ainsi la main sur une espionne russeet annonça à ses subordonnés qu'il la conduisait dans la forêtpour l'exécuter, mais, en fait, il la laissa partir. Dénoncé, il fûtpuni et envoyé dans le village de Cîrlibaba, à l'ouest de laBucovine.

Survint la guerre, l'intervention destroupes allemandes, puis leur repli etl'avancée de l'Armée rouge à travers laRoumanie. Pendant l'hiver 1944, legendarme hébergea chez lui un soldatrusse auquel le lia une grande confian-ce. Ce dernier, appelé à suivre les trou-pes soviétiques, lui confia une montrede grande valeur, héritage de familleauquel il tenait particulièrement, car ilavait peur qu'elle lui soit volée pendantles opérations militaires. Il était conve-nu qu'il la récupérerait à la fin de laguerre ou, s'il était tué, que son hôtel'enverrait à sa famille. Très "gendar-

me", Stefan Ghiorghita formalisa cettedisposition dans un procès-verbal que les deux nouveaux amissignèrent.

Traqué comme un animal pendant deux ans

Les mois passèrent et leRoumain n'avait toujours pasde nouvelles du Russe. Maisles communistes avaient pris lepouvoir dans le pays et s'effor-çaient d'éliminer tous ceux quipouvaient les gêner. Ainsifirent-ils une descente au postede gendarmerie de Cîrlibaba ettrouvèrent dans un tiroir lamontre et le procès-verbal. "Tu

a assassiné ce soldat pour le

voler" lui lança-t-on… Uneaccusation en dépit du bon senscar les autorités savaient bien, elles, que le Russe avait été tuésur le front, mais qui leur permettait de se débarrasser d'un par-tisan du roi Michel, encore officiellement au pouvoir, en l'en-voyant devant le peloton d'exécution.

Stefan Ghiorghita ne dût son salut qu'à son évasion.Pendant deux ans, l'ex-gendarme vécut comme un animal tra-qué, se cachant dans les forêts et la montagne, dormant dansdes grottes ou à la belle étoile, se nourrissant de fruits, de légu-mes chapardés, de racines l'hiver, car il n'avait aucun endroitpour dormir et manger. Il fût finalement arrêté sur la dénoncia-tion d'un villageois qui avait comme arrière-pensée de lui ravirsa très belle femme, Veronica.

Le "fuyard" fut condamné à douze ans de prison, au coursd'un procès sans preuves et malgré la déposition de l'espionnerusse qu'il avait épargnée quelques années plus tôt et qui avaitfait le déplacement pour témoigner en sa faveur.

L'enfer, du Canal à Sighet

L'ancien gendarme avait 42 anset allait connaître un enfer. Il fit letour des prisons et des camps dedétentions les plus terribles. Le Delta,le Canal, Pitesti et son "école" de latorture, Aiud, Sighet… Dans cettedernière prison, devenue un mémo-rial des victimes du communisme, ilassista à des exécutions collectives,dont celle de l'ancien Président duConseil, Iuliu Maniu*, par uneeffroyable nuit de février 1952.

Les 300 prêtres et dignitairescatholiques, gréco-catholiques etorthodoxes emprisonnés dans cetendroit parce qu'ils avaient refusé

d'abjurer leur foi ou de se soumettre aux communistes, enton-nèrent d'impressionnants cantiques pour les morts, lorsqu'ilscomprirent que l'on venait d'exécuter un dirigeant historiquedu pays. Ils furent immédiatement mis dans des wagons à bes-

tiaux et expédiés dans leDelta. Le voyage dura cinqjours, par -30°; seuls quarantesurvécurent, les autres mou-rant de froid et de faim.

Maltraité, battu, affamé etconduit devant des tablesregorgeant de victuailles…dont l'accès était interdit pardes chiens loups tenus en lais-se, Stefan Ghiorghita ne seralibéré qu'en 1958, à 54 ans.Entre-temps, sa femme, conti-nuellement inquiétée, ne pou-vait pas correspondre avec lui

et sera forcée de divorcer; ses enfants seront interdits d'univer-sité, leur père étant considéré comme "ennemi de classe"… IonIliescu, tout juste revenu de Moscou, était chargé de conduirel'épuration parmi les étudiants.

Vingt ans de prison pour rien, sa femme obligéeDossier

La vie détruite de l'honnête

Les fleurs offertes aux soldats russes…

… se sont vite transformées en colonnes de déportation pour les soldats roumains.

de divorcer, ses enfants interdits d'université

gendarme Stefan Ghiorghita

L'installation du gouvernementde Petru Groza, le 6 mars1945, marque le début de la

communisation de la Roumanie qui vas'accélérer avec son successeur GheorgheGheorgiu Dej. Staline, pour contrer lePlan Marshall et la décision desAméricains de rester sur le sol européen,a décidé de soviétiser à pas forcés lespays satellites, d'y créer des sociétéssimilaires à l'URSS et d'y engager le pro-cessus de création de "l'Homme nou-

veau". Tous les aspects de la vie quoti-dienne sont concernés, au premier rangdesquels, l'école. Gheorghiu Dej lanceune réforme de l'enseignement en août1948, mais elle a été déjà précédée par lesmesures prises par Groza. Deux ansauparavant, celui-ci a mis fin au principed'autonomie des universités, les profes-seurs étant désormais nommés par le

ministère. Des écoles jusqu'auxfacultés, les enseignants trop popu-laires sont écartés, remplacés pard'autres aux ordres. Les manuels, leslivres sont expurgés ou leur nombreréduit, s'ils ne sont pas conformes àla nouvelle ligne politique.

Les lycées ne peuvent plus enseignerle latin et le grec, la philosophie, lalogique, la génétique. L'histoire devientl'illustration de la lutte du peuple et de ladécadence des rois. Le domaine d'ensei-gnement des écoles spécialisées estréduit. Il faut organiser des manifesta-tions à caractère artistique ou sportif oùon célèbre l'édification du socialisme etla lutte du peuple roumain contre lesenvahisseurs… à l'exclusion des Russes.

La réforme de 1948 complète cedispositif. Les écoles étrangères et reli-gieuses sont fermées. L'épuration prendune ampleur sans égal parmi les profes-seurs et les étudiants. Les vieux manuelsscolaires sont interdits et seuls sont auto-risés ceux qui incorporent les préceptesmarxistes-léninistes. La langue russedevient obligatoire, l'histoire du particommuniste bolchevique et de la géogra-

phie de l'URSS figurent au programmedes lycées.

La cybernétique et la génétique sontcondamnées comme étant des "sciencesbourgeoises, porteuses d'idéologie impé-rialiste". L'enseignement doit reposer"sur des bases démocratiques populaires

et sur le réalisme scientifique".

Recul de l'analphabétisme

Le seul aspect positif de cette réfor-me qui n'est qu'un instrument pour mieuxcontrôler les esprits et former descitoyens endoctrinés et soumis, destinés àdevenir des activistes consentants duParti, est le caractère obligatoire de l'en-seignement qui va faire bondir le nombred'élèves et reculer considérablement l'a-nalphabétisme. En 1963, le nombre d'élè-ves des écoles primaires sera 19 fois plusélevé qu'avant la Guerre, et ceux deslycées, 13 fois. 200 élèves sur 10 000habitants arrivaient au niveau du brevet,au lieu de 19, en 1939. En milieu rural, laproportion était de 427 sur 100 000, cont-re 7 ! A défaut d'être bien faites… lestêtes commençaient à être bien pleines.

1948: soviétisation de l'enseignement

Les sciences bourgeoises sont condamnées et l'enseignement du russe devient obligatoire

"L'Homme nouveau" apprend à défiler dès son plus jeune âge. Ici, le 1er mai 1960.

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Connaissance et découverte

On lui conseilla d'écrire une déclaration par laquelle ellereniait sa classe sociale d'origine et une lettre de récusation dela "clique Radescu" (Nicolae Radescu fur le dernier premierministre du gouvernement roumain démocratique avant l'arri-vée au pouvoir des communistes). Quand on lui demandacomment elle osait postuler pour un emploi au "deuxième

journal du Parti", avec un tel dossier, Annie répondit: "Je

meurs de faim". L'activiste répliqua sèchement : "C'est bien ce

que nous voulons!"

Celui-ci pensait certainement à cet épisode où, le 24février 1945, à l'issue d'une manifestation qui s'était dérouléeplace du Palais royal à Bucarest et alors qu'on avait tiré sur lafoule, le fils du général Radescu, président du conseil desministres d'alors, publia dans Scânteia une lettre ouverte adres-sée à son père.

Officier de la Securitate

après avoir mouchardé sa famille

Il écrivait notamment :"Je suis peiné de te le dire: c'est par

ta faute si on en est arrivé là. On a tiré sur le peuple. Je fai-

sais partie des centaines de milliers de citoyens qui manifes-

taient pacifiquement sur la place du Palais Royal. Autour de

moi, il y avait des prêtres, des savants, des travailleurs, des

femmes et des jeunes. C'était le peuple. Et c'est sous ton com-

mandement que des hommes lui ont tiré dessus. C'est la véri-

té. Quelques heures plus tard, j'ai été stupéfait et indigné - il

faut bien le dire - d'entendre à la radio cette déclaration dans

laquelle tu dénonçais une provocation des masses. C'est faux.

Tu es mon père et c'est pourquoi je t'écris ces mots le cœur

lourd. Pourtant, je dois le faire car je suis le fils de ce pays

avant d'être le tien".

Si cette lettre prend quelque liberté avec les faits en arran-geant les événements de la place du Palais royal, notammenten ce qui concerne le nombre des manifestants et sur la maniè-re dont les incidents se sont déroulés, elle eut toutefois unimpact émotionnel assez important, contribuant à la validationpublique de la version communiste de cet épisode. Scânteia

dénonçait déjà, sous la signature de Silviu Brucan, le "bour-

reau Radescu", organisateur "d'un massacre sanglant sur la

place du Palais". Dans ce même numéro, on annonçait déjà ladémission du "criminel Radescu". Plus tard, le généralRadescu s'enfuit du pays. Il mourut peu de temps après Staline,à New York. Son fils Nicu fit carrière comme officier de laSecuritate entre 1948 et 1951.

Fabriquer l'équivalent

roumain de Pavlik Morozov

Cette histoire est la variante roumaine de celle de PavlikMorozov, un fils dénonciateur de son père entré dans la mytho-logie soviétique. La propagande soviétique en fit d'ailleurs seschoux gras. Elle était destinée à la jeunesse pour lui rappelerque le devoir des enfants vis-à-vis de l'Etat passait avant celui

qu'ils devaient à leursparents. Un journaliste,Vitali Gubarev avaitenquêté à l'époque sur lecas Pavlik Morozov. Il enavait fait un livre, publié en 1952 en Roumanie aux EditionsTineretului. Quelques essais littéraires ont existé pour fabri-quer un personnage qui soit l'équivalent roumain de Pavlik.

Curieusement, même si Staline faisait appel à une rhéto-rique néo-traditionaliste dans laquelle les membres d'unemême famille devaient avoir entre eux une fonction discipli-naire, les dénonciations entre enfants et parents n'étaient pasencouragées ouvertement.

Même en Roumanie, il n'y avait pas de directives du PMR(Partidul Muncitorec Roman, ancien du nom du Parti commu-niste roumain) ou de l'UTM (Uniunea Tineretului Muncitoresc- Union des jeunes travailleurs) encourageant les enfants àdénoncer leurs parents. On leur demandait seulement d'êtrevigilants, de démasquer les ennemis de classe où qu'ils se trou-vaient et de convaincre les membres de leur famille de partici-per à la collectivisation et aux autres projets du régime.

Mais la dénonciation était un moyen implicite pour fran-chir les étapes d'une adhésion au PMR et à l'UTM. Sur leur CVet sur le formulaire d'adhésion, les candidats étaient tenus dementionner le passé de leurs parents, celui de leur famille etd'indiquer le patrimoine et les biens détenus.

Si une enquête de la Securitate faisait ressortir une omis-sion sur leur passé personnel ou sur celui de leur famille, cettefaute tombait sous coup de la loi et pouvait être sanctionnée envertu de certains articles du code pénal de 1948.

"Je veux combattre mon éducation bourgeoise"

Il est indéniable que, dans la seconde moitié des années40, les relations parents-enfants ont été soumises, par-delà lesrègles et les pratiques, à une certaine pression politique. Il endécoula diverses situations, chacune méritant une analyseséparée. Parmi celles-ci, deux cas sont à retenir.

Le premier d'entre eux a été étudié par Cristian Vasile, his-torien du communisme roumain. Une jeune fille, AnaCalmanovici qui, après maintes tentatives d'adhésion à l'UTM- ce qui pouvait ouvrir la voie vers des opportunités inaccessi-bles autrement - avait été écartée en raison du passé de sesparents, se résolut à faire une déclaration par laquelle elle pre-nait ses distances avec ses parents: "Je suis étudiante à

l'Institut Maxime Gorki et à la faculté de Pédagogie et de

psychologie. Mon père était négociant en vin et en bois à

Piatra Neamt jusqu'en 1947. Je suis issue d'un milieu petit-

bourgeois dans lequel j'ai subi les influences malfaisantes de

la mentalité bourgeoise. Je suis entrée à l'Institut Maxime

Gorki, attirée par l'éducation communiste que je pourrais y

recevoir. Si je me suis inscrite à la faculté de pédagogie et de

psychologie, c'est afin de mieux combattre mon éducation

bourgeoise". suite page 54)

Les NOUVELLES de ROUMANIE

5352

Annie Bentoiu décrit dans sonouvrage - Timpul ce ni s-a dat

(Le temps qui nous a été donné)- les épisodes et les événements qu'elle avécus personnellement au cours de la pério-de 1940/1950. Elle raconte notammentcomment sa famille, représentative de laclasse moyenne roumaine de l'entre-deuxguerres, connut de sérieuses difficultés dèsl'arrivée au pouvoir des communistes.

Le père d'Annie, Constantin Deculescu,qui exerçait des fonctions au Parti NationalPaysan et au gouvernement, s'est rapide-ment retrouvé en ligne de mire. Mais plusencore, son beau-père, Aurelian Bentoiu,avocat réputé et libéral, ex-sous-secrétaired'Etat et ministre de la justice, fut quant àlui arrêté en 1948. La rapidité des change-ments intervenus après 1944 impacta radi-calement le mode de vie de la famille entière et ce, de façoninattendue et douloureuse. Tout ce qui pouvait constituer unesource de prestige - brillante carrière professionnelle, parcours

politique respectable, affaires prospères - futconsidéré, après le renversement du systèmede valeurs par les révolutionnaires, commeun crime.

- Je meurs de faim.

- C'est bien ce que nous voulons!

Pour Annie Bentoiu, gagner sa vie fut,dès le départ, un problème et la consolida-tion du pouvoir communiste en 1947 n'ar-rangea pas les choses. Elle et son mari, lecompositeur Pascal Bentoiu, se mirent enquête d'un emploi. Ils cherchèrent long-temps. Sans succès. Les portes du marché dutravail leur étaient fermées et leurs candida-tures refusées en raison de leur dossier. Carsi l'on n'était pas "recommandé", on n'avaitaucun droit: pas de carte de rationnement,

pas de bois de chauffage, pas même un logement. Une fois, Annie eut même la naïveté de postuler à un poste

de dactylographe à "Romania Libera".

Les NOUVELLES de ROUMANIE Connaissance et découverte

Histoire Enfants dénonciateurs sous Staline,

Les régimes communistes encourageaient la délation de masse. Par la presse, le cinéma, l'école ou la littérature, ils inci-

taient chacun à dénoncer les "suspects", "espions" et autres "saboteurs", à surveiller ses proches et sa propre famille. Ils

n'hésitaient pas à intégrer dans ce mécanisme de terreur de masse les enfants, encouragés à dénoncer leurs parents. Ce sys-

tème particulièrement pernicieux, largement inspiré des méthodes soviétiques, a aussi fonctionné en Roumanie.

au service de la terreur de masse

"Je suis le fils de ce pays avant d'être le tien"

Pavel Trofimovitch Morozov (né le 14 novembre 1918 et mort le 3 septembre 1932 àGerasimovka en Russie), est un jeune pionnier de l'Union Soviétique particulièrement dévouéau communisme. Il était le premier enfant de paysans de la région des monts Oural, et chef

d'une troupe de pionniers de son village. Son père, Trofime Sergueïévitch Morozov, responsable du sovietlocal, était en relation avec des koulaks (paysans fortunés d'après le régime) à une époque ou la faminerégnait et ou les bolcheviks réquisitionnaient le grain. Pavel Morozov, sûr que son père dissimulait dugrain, le dénonça à la police secrète. Celui-ci fut donc arrêté et déporté. Mais des membres et relationsde la famille, et notamment son grand-père paternel, Sergueï, lui en voulurent et se vengèrent en tuant lejeune pionnier. Ils furent arrêtés, jugés et exécutés. Les autorités communistes firent de Pavel Morozov

(Pavlik) un martyr et un héros ; elles le proposèrent en exemple aux pionniers et à la jeunesse de l'URSS, lui dédiant des monu-ments, donnant son nom à des écoles, etc ... Une statue lui était élevée à Moscou et un chant (ci-dessous) exaltait son histoire.

Pavel Morozov: "héros" qui avait dénoncé son père

Dans l'Oural est une splendide forêt,A la beauté séculaire,D'une verdure éclatante toute l'année.Au dessus des sommetsPlanent des aigles,Plus haut que les aigles, un avion vole.Au pied de la montagne, il y a un kolkho-ze.Ici, notre camarade a grandi.On l'appelait Pavel Morozov.Notre camarade fut un héros.

Il n'a pas accepté que son pèreVole ce qui appartenait au peuple.Pendant une nuit obscure,Ils se sont vengés sur lui.Il l'on tué d'une balle en pleine poitrine.L'ennemi le prit en embuscadeSur une route déserte.Le Pionnier ne reverra pas son unité.Notre unité est formée d'aigles,Elle est forte de leur courage.Morozov est un exemple pour tous les

enfants.Nous sommes une troupe de héros,Morozov est cher à nos coeurs,Les Pionniers ne l'oublieront jamais.Dans l'Oural, dans la forêt,Le vent sèche la rosée.Le brave Pavlik ne retournera pas à sonunité.Il est mort en hérosSous la haute montagne.Et notre chant est pour lui.

“Chant sur un héroïque pionnier”

Nicu Radescu, fils dudernier Premier

ministre de la Roumanie démocratique, devenu

officier de la Securitatede 1948 à 1951.

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

55

Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

54

Lilly Marcou: "Staline me semblait

comme un père protecteur"

Le cas le plus connu reste celui de Lilly Marcou. Elle rési-de aujourd'hui en France où elle fut directeur de recherche auCNRS, historienne spécialiste du communisme. Née en 1936à Iasi, elle descend d'une famille victime du pogrom de juin1941. Son père fut un rescapé du trainde la mort Iasi-Calarasi.

La jeune fille fut victime du fas-cisme roumain, une expérience trau-matisante qui la mena tout droit vers lecommunisme et le stalinisme.

L'Armée rouge, Staline et lescommunistes roumains étaient pourelle une forme de protection contre leretour des persécutions. "Staline me

semblait comme un père protecteur,

m'ouvrant les portes d'un monde dans

lequel la peur n'existait plus".

Le père de Lilly Marcou, bienqu'ayant voté pour "l'avenir radieux"

en 1946, est rapidement gagné par ledoute et le mécontentement: le renfor-cement du pouvoir communiste entre1947 et 1951 l'a appauvri, les nationalisations l'ont dépouilléde son entreprise, le départ du roi et celui des leaders démo-cratiques l'ont bouleversé. Il est obligé à passer par une"reconversion professionnelle" destinée aux Juifs. La redistri-bution de l'espace locatif l'a contraint à partager sa maisonavec d'autres. Les mesures répressives prises contre les sionis-tes, sous l'effet de l'antisémitisme stalinien ressuscité, ont ledon de l'inquiéter. Et finalement, l'annonce de son intentiond'émigrer lui attira beaucoup d'ennuis de lapart des autorités.

"Un jour, tu auras honte

d'avoir adoré un criminel !"

Lilly Marcou voyait les choses différem-ment: elle trouvait une "justification de clas-se" à la politique de stabilisation monétaire etaux nationalisations, elle était heureuse quel'égalité entre personnes devienne une réalité.Le départ du roi la laissa indifférente. Elle nesavait rien ou ne voulait rien savoir des exac-tions staliniennes et, surtout, ne voulait pasémigrer. Elle rêvait de poursuivre ses étudesdans une université soviétique. Ainsi qu'ellel'écrit dans ses mémoires : "A cette époque,

les conflits pour raisons politiques entre

générations, surtout dans les familles bour-

geoises, étaient fréquents. Il y eut des cas de conflits ouverts

voire même de ruptures. Nombreux étaient les jeunes qui

délaissaient leurs parents pour le Parti, certains en arrivaientmême à les dénoncer comme "ennemis du peuple".

Constatant avec douleur les épanchements révolutionnai-res de sa fille et son amour aveugle pour Staline ("la fièvre

militante néo-religieuse" comme la dénomme précisémentLilly Marcou), son père ne put s'abstenir de lui dire: "Un jour,

tu auras honte d'avoir adoré un criminel. N'oublie pas ce que

je te dis en ce moment car le temps viendra où tu me donneras

raison".

Pourtant, il usa du plus grandtact avec elle (Lilly avait alors 17ans) quand il entendit à la BBC, lematin du 6 mars 1953, la nouvelle dela mort du tyran. Il se montra trèsprévenant : "Ma petite fille, soit forte

et courageuse. J'ai une mauvaise

nouvelle, très mauvaise nouvelle

pour toi, m'a-t-il dit. Staline est

mort". "Je suis tombé dans ses bras,

en pleurant pour chasser ma douleur

confie-t-elle. Le sol fuyait sous mes

pieds. Avec la disparition de Staline,

tout s'écroulait. Je me suis installée

pour longtemps dans le deuil et la

douleur. La ville et le pays tout

entiers se confondaient avec ce

deuil. A l'école, nous étions tous

troublés à des degrés divers. Je ne garde pas le souvenir d'a-

voir entraperçu chez mes camarades de classe un signe d'in-

différence, moins encore de satisfaction. Trichions-nous tous?

Je ne le crois pas".

Convoquée à une réunion de "démasquage"

pour une mise en accusation

Le déclic qui changea la relation entre lajeune stalinienne et le communisme eut pourorigine son exclusion de l'UTM lorsque lesdirigeants de l'organisation apprirent le pro-jet de ses parents de vouloir quitter le pays.Les meilleures amies de Lilly - et d'autres -rédigèrent des rapports à charge. Elle racon-te que "traumatisée et déçue, ma seule réac-

tion fut de devenir indifférente". Elle sortit dela réunion de "démasquage" en claquant laporte et peu de temps après, toute la familleémigrait.

Si les relations au sein la famille Bentoiun'ont pas été altérées par des tensions de cettenature, il est clair que la carrière profession-nelle d'Annie et Pascal a été très affectée parle contenu très "sensible" de leur dossier.

A cela, s'ajoutait le quotidien des jeunesmarqué par des privations terribles et par

l'hyper-présence de la peur. Cette sensation qui, dans un étattotalitaire, ne disparait jamais mais au contraire ne fait ques'accentuer.

Synthèse réalisée par Yves Lelong

(suite de la page 53) Dumitru Farcasu sans son taragote

Devenue Française, l'historienne Lilly Marcou estnotamment l'auteur du remarquable ouvrage

"Le roi trahi", sur Carol II.

Débordant d'un amour aveugle pourStaline, la jeune Lilly Marcou

(ici à 20 ans), ouvrit les yeux lors-qu'elle fut "démasquée" par ses

meilleures copines.

Le célèbre joueur de taragote roumain - instrument à vent d'origine hon-groise que l'on trouve en Transylvanie essentiellement -, DumitruFarcasu, s'est fait voler son instrument en plein cœur de Bucarest. Alors

qu'il devait jouer à l'Athénée roumain dans le cadre du spectacle anniversaire enl'honneur des 50 ans sur scène de Gheorghe Zamfir, virtuose roumain de la flûtede pan, quelqu'un a subtilisé l'instrument dans l'autocar stationné devant la salle deconcert. Un accordéon avait là aussi disparu. Le dommage s'élevait à environ7000 €. Le voleur a revendu immédiatement le taragote… pour 20 €!

Mais la publicité donnée à cet évènement sur les ondes et Internet - le musi-cien, contraint à l'impossibilité d'exercer son art, a reçu des messages de sympathiede Norvège, France, USA, Chili, etc. - a sans-doute effrayé son acquéreur. Deuxjours plus tard, l'instrument était retrouvé abandonné dans un parc de la capitale. Lapolice l'a ramené directement au domicile de l'artiste à Cluj. Le voleur a été arrêté,puis relâché, Dimitru Farcas ayant retiré sa plainte

Cannes 2014 à oublierLe festival de Cannes 2014 ne reste-

ra pas dans les mémoires du cinéma rou-main, seule une mention ayant récompen-sé Trece si prin perete (Le passe

muraille) le film de 17 minutes de RaduJude (photo),c o n c o u r a n tdans la catégo-rie des courts-métrages pré-sentés à laQuinzaine desréal isateurs.Né à Bucaresten 1977, lejeune cinéasteest sorti diplômé en cinéma de l'universi-té en 2003. Il a travaillé ensuite commeassistant réalisateur sur des longs métra-ges tel que: Amen de Costa-Gavras,Vacuums de Luke Creswell et SteveMcNicholas, Furia de Radu Munteanainsi que La Mort de Dante Lazarescu

de Cristi Puiu.

Le fort 13 de Jilava ouvert aux élèves

A partir de la rentrée, dans le cadrede leur programme d'histoire contempo-raine, les élèves roumains devraient pou-voir découvrir le sinistre fort 13 de Jilava,où nombre de prisonniers politiques ontété détenus à l'époque du communismedans des conditions terrifiantes, maisaussi à l'époque de la Royauté.

Construite au 19ème siècle, cetteancienne fortification faisait autrefois

partie du système de défense entourantBucarest et n'a été transformée queplus tard en prison. Comme elle sesitue dans le périmètre de l'actuelleprison de Jilava, elle ne peut être visitéeque sous certaines conditions.

Des plaques à la mémoiredes juifs déportés dans les gares de Transylvanie

Onze plaques à la mémoire des Juifsdéportés en 1944 de Transylvanie, régiondu nord-ouest de la Roumanie cédée à laHongrie de Miklos Horthy en 1940, ontété érigées dans plusieurs gares roumai-nes. La Transylvanie, avait été le théâtreen 1944 de la déportation de 80 % desJuifs de cette région.

"En mai et juin 1944, 131 639 Juifs

- hommes, femmes et enfants - du nord de

la Transylvanie, placée sous l'occupation

fasciste du régime Horthy, ont été dépor-

tés par la gendarmerie hongroise et remis

aux autorités nazies. Quasiment tous ont

été exterminés", peut-on lire sur l'une deces plaques. "Que la mémoire de cette

tragédie reste vive, comme un avertisse-

ment pour les générations futures", pour-suit ce texte.

Les Juifs du nord de la Transylvanieont été rassemblés dans des ghettos à par-tir du 3 mai 1944, avant d'être embarquésdans des trains, moins de deux semainesplus tard. Chaque train transportait 3 000Juifs, entassés dans des wagons de mar-chandises, à raison de 70 à 80 par wagon,sous les coups et la brutalité des gendar-mes lors d'une opération minutieusement

préparée. Entre 280 000 et 380 000 Juifsroumains et ukrainiens sont par ailleursmorts sous le régime du maréchal pro-nazi roumain Ion Antonescu dans les ter-ritoires contrôlés par la Roumanie.

100 000 visiteurs à Bookfest

La 9ème édition du salon internatio-nal du Livre Bookfest de Bucarest, qui setient traditionnellement à Romexpo, dansle nord de la capitale, a accueilli près de100 000 visiteurs, entre le 28 mai et le 1erjuin, un record depuis la création de l'évè-nement, en 2006. Environ 250 000 livressont été vendus, les mémoires des starlet-tes étant en tête du hit parade, le dernierroman de Gabriela Adamesteanu sauvantla face de la vraie littérature.

Les sarmale appréciés

A l'initiative du parlement européen,Facebook a lancé un concours surInternet pour connaître les préférencesculinaires des Européens. C'est la "shops-

ka", salade bulgare, qui est arrivée entête, qui contient des tomates, concomb-re, poivrons gras, oignons, persil, froma-ge feta, arrosés d'huile de tournesol etvinaigre, qui remporte la palme, avec20 000 votes. La soupe froide de bettera-ves, spécialité de Lituanie, arrive enseconde position, 6000 votes. Les sarma-le roumains se classent 3ème, 5000 votes.

Musique

A savoir

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Connaissance et découverte

Serban Cantacuzino s'est investi avec passion pour redon-ner sa beauté d'antan à ce joyau architectural. "Quand j'ai

lancé le chantier je pensais qu'une couche de peinture, six

mois de travaux tout au plus, suf-

firaient pour pouvoir rouvrir le

bâtiment au public", raconte-t-il.Sept ans et près de 2 millions

d'euros plus tard, la rénovationn'est toujours pas achevée mêmesi plusieurs restaurants et la courintérieure ont été rouverts, atti-rant des milliers de touristes parjour. Un hôtel n'en finit pas d'yêtre aménagé.

"C'est un endroit unique,

avec beaucoup d'éléments très

intéressants comme ces balcons

ou cette allée" constituée depavés en bois, s'émerveilleDimitrios Rutis, un ingénieurgrec de 27 ans venu avec des amis prendre des photos.

"Comme un malade abandonné

sur la table d'opération"

A quelques centaines de mètres de là, un passage mar-chand rénové, Hanul cu Tei, abrite aujourd'hui cafés et maga-sins d'art. Et un autre khan, le Hanul Gabroveni, qui doit sonnom aux nombreux marchands originaires de la ville bulgarede Gabrovo qui y descendaient, reprend lui aussi des couleurs.Il était sur le point de s'effondrer lorsque la mairie de Bucarestet le ministère de la Culture ont décidé d'une intervention d'ur-gence pour le sauver.

"En entrant ici, en 2012, nous avons trouvé une énorme

quantité de détritus et de gravats. Les murs étaient très dégra-

dés, plusieurs voûtes ont dû être entièrement refaites", indique

l'un des architectes en charge du projet, Mihai Antoniu.Passage entre deux rues marchandes, Hanul Gabroveni avaitété érigé au début du XIXème siècle et reconstruit après le

"grand feu" qui a ravagéBucarest en 1847.

Durant des années, ce khanfut comme un "malade aban-

donné sur la table d'opération",

souligne Cezara Mucenic enrappelant que Ceausescu fit fer-mer les chantiers de restaurationpour se concentrer sur la cons-truction du nouveau centreadministratif de Bucarest.

Aujourd'hui, sa réhabilita-tion, qui s'accompagne de lacréation d'un Centre cultureleuropéen dans un bâtimentcontigu, a bénéficié de septmillions d'euros, dont 2,5

millions de fonds européens et de dons du gouvernement nor-végien. "Il s'agit d'un projet pionnier, d'une très grande com-

plexité, qui a visé la création d'une nouvelle structure d'ap-

pui", même si l'inclinaison des murs, de 30 cm par rapport à laverticale, a été gardée, précise Mihai Antoniu.

Dans quelques mois, les monumentales portes en boissculpté - des copies de celles d'origine perdues à jamais -seront rouvertes. Les touristes pourront alors découvrir lesmagasins qui proposaient des marchandises importées deLeipzig ou d'Istanbul ainsi que les caves qui jadis abritaienttonneaux de vin et victuailles diverses.

"Hanul Gabroveni deviendra sans doute un symbole de la

renaissance du centre historique de la ville", souligne Mihai

Antoniu. Pour ce jeune architecte, la rénovation des khanspermettra à Bucarest de retrouver "sa grandeur d'antan".

Mihaela Rodina (AFP)

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Les NOUVELLES de ROUMANIE

56Semblables aux caravansérails disséminés à travers l'Empire ottoman et au-

delà, les khans de Bucarest ont fleuri aux XVIIIème et XIXème sièclesdans cette ville charnière entre l'Orient et l'Occident, accueillant des voya-

geurs venus des provinces roumaines mais aussi de Serbie, de Bulgarie ou encored'Allemagne. Lieu d'échanges, les khans ont contribué au développement de la villecar "les marchands étrangers ou roumains qui revenaient de leurs voyages ont impor-

té des idées architecturales modernes, s'attachant à particulariser notamment les

façades", explique l'historienne de l'art Cezara Mucenic.Ces constructions fortifiées, comportant des enclos pour les chevaux et les bêtes

de somme, des magasins au rez-de-chaussée et des chambres au premier étage, se sontpetit à petit transformées en hôtels plus confortables.

Demeurés des repères de la ville, les khans ont cependant dû affronter pendantdes décennies l'incurie des autorités et ont échappé de justesse à la folie destructricede Nicolae Ceausescu. C'est le cas de Hanul lui Manuc, le plus beau khan deRoumanie selon les experts. Erigé au centre de Bucarest en 1808 par Manuc Bey, unhaut dignitaire ottoman d'origine arménienne, Hanul lui Manuc a failli être rasé surordre de Ceausescu, lors des travaux pour la construction du gigantesque Palais dupeuple, qui ont abouti dans les années 1980 à la démolition de l'un des plus beauxquartiers résidentiels de la capitale.

"L'architecte-en-chef de Bucarest de l'époque a eu l'inspiration de dire à

Ceausescu que le khan avait accueilli les premières réunions des ouvriers communis-

tes en 1920 et il a été épargné", se félicite son propriétaire actuel Serban Cantacuzino,descendant d'une grande famille princière roumaine, qui a récupéré le bâtiment de sesancêtres en justice après la chute du régime communiste.

Hanul lui Manuc avait été sauvé

Connaissance et découverte

Tourisme de justesse de la folie destructrice de Ceausescu

Bucarest renaissent de leurs cendresLes khans historiques de Jadis passages obligés pour les marchands descendant à Bucarest, les khans

aux allures orientales du centre historique de la capitale roumaine reprennent

vie après des décennies d'abandon, grâce à d'ambitieux projets de rénovation.

Le propriétaire actuel du khan "Hanul lui Manuc", Serban Cantacuzino, descendant d'une grande famille princière

roumaine, a récupéré le bâtiment de ses ancêtres en justice après la chute du régime communiste.

Pour ceux ou celles, touristes ou pas,qui souhaitent découvrir la capitale rou-maine autrement, l'offre touristique locales'est enrichie d'un nouveau concept :"Interesting Times bureau" est une agen-ce de tourisme alternative qui permet depasser une journée ou une demi-journéed'une manière originale. Elle proposedes tours sur l'art de la rue, un tour du"communisme", des ateliers de photogra-phie, le tout en plein cœur de la ville,ainsi que des sessions d'explorationsurbaines, la visite du delta de Vacarestiet des activités pour les enfants.

Parce que Bucarest est une sorte decanard boiteux de l'Europe: des chienserrants, un passé traumatisant, la Maisondu Peuple, et tous les clichés que l'onconnaît si bien à son sujet… InterestingTimes bureau a entrepris de montrer auxgens que Bucarest ne se résume pas àça; que la capitale jouit d'une vraie diver-sité culturelle et architecturale, de lieuxsecrets dont on peut tomber amoureux.Elle propose de sortir des sentiers battusen montrant l'aspect le plus "brut" de lacapitale, surtout que depuis quelquesannées, les touristes ne perçoivent plusBucarest comme une simple étape versla Transylvanie ou le delta du Danube,mais comme une destination à part entiè-re, loin des années 1990 où voir un tou-riste dans la rue constituait un événe-ment en soi. La capitale a un bus touris-tique, un vieux centre homogène, de plusen plus d'étrangers… et besoin de touris-tes. Ces découvertes se font à pied (3 à7 km), par petits groupes de 6 à 12 per-sonnes et coûtent entre 14 et 35 €.

[email protected], 126 Calea

Victoriei, 3rd Floor, IAA House, Bucarest,

0 722 629 540. Renseignements et

inscriptions: http://interestingtimes.ro.

Bucarest hors des sentiers battus

La bande dessinée roumaine doit beaucoup à Dodo Nita qui l'aressuscitée dès la chute du régime de Ceausescu, époque pen-dant laquelle elle était bannie. En créant des festivals, invitant

les plus grands auteurs de BD internationaux, provoquant des rencontresavec les jeunes dessinateurs roumains, le Craiovan, écrivant des ouvragesde vulgarisation, se déplaçant inlassablement en train à travers toutesl'Europe - grâce aux billets en partie gratuits auxquels ce cheminot avaitdroit - pour la faire reconnaître, a largement contribué à lui redonner uneâme. Mais aussi à l'ancrer dans l'univers de la BD franco-belge. Dodo, fran-

cophile, avait appris le français tout seul, quand il avait dix ans… en lisant clandestinement les albums de Tintin que lui passaientses voisins, des ingénieurs de Citroën venus mettre au point la fabrication des Oltcit, et le journal Pif, imprimé à un kilomètre dechez lui. A l'occasion de ses cinquante ans, ses amis dessinateurs n'ont pas oublié ce qu'ils lui devaient en lui offrant cette fresqueréalisée par Puiu Manu, le doyen de la BD roumaine (86 ans, à côté de Dodo, au centre, portant des lunettes) où figurent tous lesartistes ou amateurs de la bande dessinée, de Roumanie ou de l'étranger, qui l'ont aidé dans sa tâche, depuis 25 ans.

Dodo : cinquante ans dont plus de trente aux commandes de la BD roumaine

Prendre le volant à travers l'UE a un coût différent suivant les 28 pays que l'on ait appelé à traverser. Voici les prix moyens dusans plomb 95 pratiqués au 2 juin dernier, du moins élevé au plus élevé. Mieux vaut faire son plein en Bulgarie qu'en Italie etmême en Espagne qu'au Portugal.

1.Bulgarie (1,37 �), 2. Pologne (1,29), 3. Estonie (1,31), 4. République Tchèque (1,32), 5. Luxembourg (1,33), 6. Lettonie,Lituanie (1,34), 8. Autriche, Hongrie (1,37), 10. Roumanie (1,41), 11 Espagne, Chypre (1,43), 13. Croatie, Malte (1,44), 15.Slovaquie, Slovénie (1,48), 17. France (1,52), 18. Irlande (1,54), 19. Allemagne (1,56), 20. Portugal (1,57), 21. Belgique (1,59),Grande Bretagne, 23. Suède (1,62), 24. Finlande (1,63), 25. Grèce (1.68), 26. Danemark (1,69), 27. Pays Bas, Italie (1,74).

Mieux vaut faire son plein en Bulgarie qu'en Italie

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Infos pratiquesLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Vacances européennes

Réunion au sommet… les leadersdiscutent de leurs prochaines vacances.

François: j'embarque Julie sur monscooter et on va aux champignons enCorrèze.

Angela: je prends ma Mercedes et jefile en Grèce pour apprendre à cesmétéques à compter sans dépenser.

Vladimir: Je monte dans mon tank etje vais me bronzer en Crimée.

Prudence est bonneconseillère

Ion et Maria en voiture se disputentalors que s'annonce une série de virages.

-J'ai décidé de divorcer. Je dirais aujuge que tu n'es plus bon à rien, surtout aulit.

Ion ne répond pas et accélère.-Je veux la maison, la garde des

enfants, les économies sur nos livrets etune pension alimentaire de 5000 euros.

Ion, toujours calme et silencieux,acélère à nouveau.

-Bon, tu dis rien… mais toi t'as pasbesoin de quelque chose ?

Ion accélère à fond et prend les tour-nants sur les chapeaux de roue:

-Non, j'ai tout ce qu'il me faut.-Ah bon ? Qu'est-ce que t'as donc que

je n'ai pas ?-Un airbag !

Diagnostic

Après une série d'analyses et une lon-gue discussion, le docteur annonce àVadim Tudor qu'il souffre de xénophobieaigüe: Ah çà, j'en étais sûr… c'est encoreun Hongrois qui me l'a refilée !

Râleur

Bula qui ne trouve pas de boulot adécidé de se faire moine et se rend aumonastère du Silence. Le Père supérieurle reçoit:

-Tu peux rester chez nous, mais à uneseule condition… Tu ne parles que si jet'y autorise !

Un an passe et le Père lui adresseenfin la parole:

-Maintenant, tu as le droit à deuxmots.

-Lit dur !-Bien. Je vais le faire changer.Un an plus tard, Bula revient devant

lui:-Alors ?-Repas froid !-Bon, je m'en occupe.Une autre année passe :-Je renonce !-Bon débarras ! En trois ans, tu n'as

fait que de te plaindre et de réclamer !

String au pifomètre

La veille de l'anniversaire de Maria,Ion entre dans un magasin de frivolités :

-Bonjour, je voudrais offrir un stringà ma femme.

-Tout à fait Monsieur… Quelle taillefait-elle ?

-Ah ben çà… je ne sais pas. Du 84, jepense…

-Mais çà n'existe pas Monsieur ! -Non, non, çà doit bien être çà.

Quand je regarde le match à la télé, fauttoujours qu'elle se plante devant l'écran.Le poste fait 92 cm et j'ai calculé qu'il mereste 4 cm de chaque côté.

Politesses

Ion veut venir présenter ses homma-ges aux parents de Maria et téléphone àson futur beau-père pour se faire préciserle chemin :

-C'est au 12 place Unirii. Quand t'ar-rives en bas du bloc, tu fais le 52 avec toncoude à l'interphone, puis pour l'ascen-seur tu appuies sur le 5 avec ton coude.L'appartement est au bout du couloir, àgauche. Tu as juste à sonner avec toncoude. C'est simple comme bonjour !

-Bon, j'ai compris. Mais pourquoi

avec le coude ? Avec le doigt, çà ne suffitpas ?

-Tu ne vas pas venir les mains videsquand même !

***Si tout le monde est gentil avec toi,

attentionné, que tu manges et bois gratui-tement… ne crois pas que tu es arrivé auparadis, c'est que la campagne électoralea commencé.

Lors des récentes inondations dans lesud du pays, le vice premier ministrePSD Dragnea a donné l'ordre de sauve-garder en priorité les cimetières, préci-sant: “C'est là que se trouve la majorité

de nos électeurs”.

***Bula se fait enguirlander par sa mère:-Effronté, petit voyou… Tu ne m'é-

coutes jamais et faut toujours que turépondes. De ta faute, chaque fois que tufais une bêtise, il me pousse un cheveublanc !

-T'as dû être bien pire que moi!Regarde Mémé !

***Sur le front, Bula est convoqué par

son capitaine qui le charge d'aller annon-cer à Maria, la femme de son copainGheorghe, qu'il vient d'être tué, luidemandant de ne pas lui annoncer la nou-velle brutalement, mais avec doigté.

Arrivé au milieu de la nuit, Bulasonne à sa porte:

-Qu'est-ce qui t'arrives Bula de venirà cette heure ci ?

-Excuse-moi, je ne voulais pas tedéranger si tard… mais ton mari n'étaitpas encore mort.

BlaguesHumourCHANGE*

(en nouveaux lei, RON**)

Euro = 4,35 RON

(1 RON = 0,22 €)

Franc suisse = 3,64 RON

Dollar = 3,18 RON

Forint hongrois = 0,015 RON

(1 € = 306 forints)

*Au 23/06/2014 ** 1 RON = 10 000 anciens lei

Les NOUVELLES

de ROUMANIENuméro 84, juillet-août 2014

Lettre d'information bimestrielle surabonnement éditée par ADICA(Association pour le DéveloppementInternational, la Culture et l’Amitié)association loi 1901Siège social, rédaction : 8 Chemin de la Sécherie44 300 Nantes, FranceTel. : 02 40 49 79 94E-mail : [email protected]//lesnouvellesderoumanie.euDirecteur de la publicationHenri GilletRédactrice en chefDolores Sîrbu-Ghiran

Ont participé à ce numéro :Yves Lelong, Laurent CoudercJonas Mercier, Iulia BeurcqMirel Bran, Mihaela RodinaMarc Semo, Jean ComteJérôme Fenoglio, Victoria StoiciuIgor Dimitrov, Etienne SchoeffelMathilde Sallé de Chou, ValiMélanie Longuet, Souen LégerMateo, PatrageamAutres sources: agences de presse et presse roumaines, françaises, lepetitjournal.com, Le Courrier desBalkans, cafédesroumains.com, télé-visions roumaines, Roumanie.com,sites internet. Impression: Helio Graphic2 rue Gutenberg ZAC du Moulin des Landes44 981 Sainte-Luce sur Loire CedexNuméro de Commission paritaire:1117 G 80172; ISSN 1624-4699Dépôt légal: à parution

Prochain numéro: sept. 2014

ABONNEMENT

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Entreprises, administrations : 100 € TTC / an

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crit par les associations que dans un cadre strictement interne (Vous ne pouvez pasabonner un membre d'une autre association, même dans le cadre d'une fédération).

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-Je ne comprends pas les jeunes. Comment tu peux songer à émigrer et louper

tout ce cirque qu'ils nous servent à la télé ?

-Le changement de gouvernement, çà vous dérange ?

-Bien sûr... On ne sait même plus qui engueuler !

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Une grande amoureuse

au tempérament impétueux...

Les Roumaines ont souvent fait rêver les Français. Il a même existé unâge d'or des idylles, le prestige de l'uniforme des officiers français sepromenant dans les rues de Bucarest, au lendemain de la Première

Guerre Mondiale et de l'avènement de la Grande Roumanie, faisant se retournerles belles Roumaines sur leur passage. Le général Berthelot, célibataire endurcimais dont le cœur avait de nombreuses faiblesses, était loin d'être insensible à leurcharme, y trouvant des raisons de prolonger son séjour. L'attrait irrésistible des Roumaines n'auraitpas dû être une surprise pour les Français présents en Roumanie du temps des années folles (années1920), s'ils avaient pris la peine de se plonger dans le savoureux portrait qui en avait été dressé, dèsla Belle époque, lors d'une conférence, en 1905, à l'Ecole des Hautes Etudes de Paris. Son auteur,apparemment un connaisseur enthousiaste et soucieux de convaincre ses auditeurs de l'intérêt d'allersoutenir la jeune monarchie roumaine s'était exclamé: "La Roumaine, qui possède un tempérament

impétueux, est une grande amoureuse".

Jeune officier, étudiant le roumain à la prestigieuse école des Langues Orientales de Paris,Michel Roussin, en a retrouvé le texte dans lesarchives. L'ancien ministre de Jacques Chirac,avait séjourné à Bucarest dans les années 1970pour terminer sa thèse universitaire sur le général Berthelot… et, bien évi-demment, y était tombé éperdument amoureux d'une Roumaine!

"En un mot, la Roumaine est une raffinée!"

"Avec ses longs cheveux noirs, sa prunelle ardente, ses dents blanches etson tient mat, la Roumaine possède un attrait irrésistible. Elle a la grâce et labeauté de la Parisienne, avec en plus un je ne sais quoi d'exotique et de trou-blant… Il faut à son élégance toutes les créations de la mode parisienne, sonparfum est la dernière essence trouvée, ses dessous ne seraient pas reniés non

plus des coquettes mondaines. En un mot, c'est une raffinée ! De temps en temps, afin de rompre avec la conventionnelle toilettemoderne, elle revêt pour un bal ou une fête le costume national qui lui sied à merveille et dont la coupe simple, en faisant valoirses avantages plastiques, relève encore l'éclat de sa beauté, son prestige et sa grâce.

Sa Majesté la Reine Elisabeth (la femme de Carol 1er), ainsi que son Altesse Royale, la Princesse Marie (femme du futur RoiFerdinand), ont d'ailleurs donné l'exemple de cette patriotique coutume. On les vit, ainsi que leurs demoiselles d'honneur, démon-trer par l'exemple qu'en arborant comme un drapeau le costume national, la femme ne perdait rien de ses charmes, bien au contrai-re. Malgré tout, la perfection n'étant pas de ce monde, la Roumaine doit assurément avoir quelques petits défauts, mais il me fautavouer qu'à cet égard, ma perspicacité d'observation a été complètement obnubilée par sa beauté captivante. Je constaterai seule-ment, de quelque côté que vienne l'inconstance, que les divorces sont assez fréquents.

Intellectuelle de premier ordre, maîtresse de maison… mais pas femme d'intérieur

En Roumanie, on trouve rarement ce que l'on désigne chez nous sous le nom de "femme pôt au feu". En dehors de quelquespâtisseries ou confitures que la Roumaine aime à confectionner, elle ne prend que très peu part aux travaux domestiques. Par cont-re, c'est une excellent maîtresse de maison, sachant faire avec grâce et tact les honneurs de son salon et commander aux innom-brables Maria et Marouzia qui encombrent ordinairement sa demeure. La Roumanie possède un tabac doux et aromatique, laBectemis, et autrefois, l'usage de la cigarette était très fréquent chez les femmes. Aujourd'hui, c'est devenu l'apanage des vieillesdames et les jeunes Roumaines ne fument pas plus que les Françaises.

Enfin la Roumaine - de la "bonne société " et donc francophile, il s'entend dans ce portrait ! - est une intellectuelle de premierordre, non seulement elle ne dédaigne pas de s'instruire, mais encore elle est familière des études supérieures. Les lettres, le droit,la médecine, rien ne l'effraie, elle rivalise avec le sexe fort et souvent obtient d'éclatants succès. J'ai dit que notre première docto-resse en droit, en France, avait été une Roumaine. C'est également une Roumaine, Madame Vaschide, qui la première de son sexe,a mérité un diplôme à notre Ecole des Hautes Etudes, section historique, à la suite d'un travail fort apprécié et qui aura l'honneurde la bibliothèque sur l'Histoire de la conquête romaine de la Dacie. Enfin la femme Roumaine connaît à fond notre littérature, n'i-gnore rien des dernier romans parus, et les apprécie ou les critique avec beaucoup de finesse et de jugement. Tels sont les traitsprincipaux qui caractérisent la femme roumaine".

…Même à un siècle de distance, on comprend mieux pourquoi des Français choisissent toujours d'étudier le roumain !

Les NOUVELLES de ROUMANIE

Sylavia Sidney, comédienne

Elvire Popesco, comédienne

L’élégance en costume national pour la reine Marie

Hariclea Darclée, soprano