Les Actes de Langage

  • Upload
    davos86

  • View
    227

  • Download
    3

Embed Size (px)

Citation preview

::ll: ;:j

JoHN R. sERLE est frrofesseur d9 philosophie a l'University of Caiifornia" Berkeley.

Table,'rttI

Publi en anglais en i969 par Carnbrige University Fress sous le titre sPn,crr crs. T'raduction franaise par F{lne Pauchardit

1

v_, indpendant non seulement des contraintes ( dominante sociale) qui expliquent de faon causale l'nonciation de cet nonc (le facteur 3), mais aussi de la valeur que l'nonc est susceptible de prendre dans et par l'nonciation (le facteur z). En utilisant la terminologie mise la rnode par les logiciens nopositivistes, la thorie saussurienne revient dire qu'il est l fois lgitime et indispensable de distinguer le rapport smantique existant ente un nonc et son sens, et'la valeur pragmatique que peut lui confrer son nonciation mrne'parler des diffrentes causalits qui sont I'origine de l'non-- Sns ciation. Que I'on puisse traiter sparment la signification d'un nonc - qui la de son nonciation serait fixe par une institution sociale - et valeur voyons peu de linnous dpendrait de la psychologie individuelle .qgi -, luistes qui aient mis ce dogme en doutg Ou plutt, ceux qui s'opposent 's5f le cas de F. Brunot sur ce point Saussure ne le font gnralement qu'en reftisant toute existence relle et, moins nettemegt, de Ch. Bally I'un des deux termes de I'opposition, mais sans nier la validit thorique de I'opposition elle-mme. Pour Brunot il est impossible de dterminer le sens d'un nonc, car on peut, en I'emplovant dans les conditions aPPropries, lui faire dire les choses les plus diverses : les possibilits infinies qui s'ouvrent au moment de l'nonciation (Brunot parlerait plutt'de l'usage) interdisent, ou rendent vaine, la caractrisation smantique de l'nonc.

De Saussure la pbilosophie

fu

langage

Mais si, contrairement Saussure, Brunot ne croit pas la langue capable at exemple les oprations intellectuelles lies l'exercice du langage), mais alors on chappe difcilement l'accusation d'tre partiel, ou, ce qui est plus gt^ve, de dformer la alit en la compartimentant - car rien n'assure que les phnomnes isols peuvent tre compris s'ils sont tudis de faon autonome. Pour viter ce dilemme, Saussure demande au linguiste de construire un . objet qui ne soit pas une simple rgion dlimite l'intrieur du donn, une partie de la matire, mais qui en soit vritablement abstrait (et non pas extrait), qui reprsente un aspect privilgi, et non pas un secteur privilgi, des phnomnes, fnaugurant ainsi en linguistique le renversement copernicien qui, selon Kant, ouvre une discipline la voie royale de la science, Saussure demande au linguiste de choisir dlibrment, vant toute recherche, le point de vue selon lequel il interrogera les phnomnes. et qui lui permettra de construire I'objet scientifique proprement di1 2. A ce point de vue deux conditions seulement sont imposes, qui dterminent de faon nce-siire et suffisante sa validit. L'obiet constitu partir de lui doit tre par l qu'il forme un syqtme ferm, Ia fois un (( tout en soi D - entendons et un < principe de classifiction t, susceptible rgi par des lois internes d'introduire de l'ordre dans la confusion du donn. On sait qucet objet de la linguistique, Saussure le nomme < la langue r. A peu prs tous les linguistes serient d'accord aujourd'hui surla ncesprovisoirement au donn. Mais les difficults commensit d'chapper cent lorsqu'il s'agit de dfinir la langue. Saussure l'oppose d'une part la 1&.qlt o t"ttgrg. ), et d'autre part, c'est ce point qui va nous retenir, , 'ce qu'il appelle la < patole D. Cette dernire distinction est elle-mme prsenttoiis forme de deux oppositions, que Saussure prend pour quivalentes, l'opposition entre l'aspect social et I'aspect indiuiduel, et l'opposition entre l'aspect actif et l'aspect passif dw langage. La langue, en effet, est dfinie \d'abord comme une institution, comme un ensemble de conventions dont I'arbitraire mme dcle le catactte social. Mais en mme temps il est donn pour caractristique de la langue d'tre la relation passive existant, abstraction faite de toute activit linguistique, entre un certain nombre de sons (les signifiants) et un certain nombre d'ides (les signifis). Corrlativement la parole apparalt la fois comme une activit et comme le propre de I'individu. C'est une activit car elle n'est rien d'autre que I'utilisation de la

De Saussure la philosopbie du

langage

-t

I

iL

I I

,':!r

langue par les sujets parlants, la mise en ceuvre de ces relations entle concePts et sons qui constituent la substance mme de la langue. C'est en ce ses- que la langu est compare une partition musicale, et la parole l! excution > de ceite parririo; par des artistes. De cette conception premire dcoule l,ide que la paroie est individuelle, puisque c'est aux individus que revient l'< excution,r de la langue. Mais que faut-il entendre prcisment par l? Si Saussure a voulu dire simplcment que ce sont les individus qui parlent, I'affirmation est peu contestable, Pas assez contestable sans doute pour tre bien intressante : on femarquefa tout au plus que dans certaines socits la parole peut tre une activit collective oir le groupe, en tnt que gfoupc, r"frmeies pfopres cfoyances, et qu'il n'est pas prouv que cette fonction du langage, assez eflace de nos jours (en apparence au moins), soit purement ma.ginati et quasi pathologique. Si, maintenant, Saussure a voulu dire que l,utilisation do langrge dpend de la simple initiative individuelle, et que, parmi toutes nos activits, elle constitue cotnme un lot de libert indpendu.,t de la pression sociale, il s'agit d'une thse pour le moins hasardeuse. On ne.voii ps poufquoi l'acte de parole auraitla chance d'chapper plus qu'un autre aux contraintes du milieu. Saussure semble avoir t d'ailleurs

iarfaitement conscient de ces contraintes, ons le Cours tle Lingai$ite Gnrale tel qu'il a t publi, mais seulement 3. dans cE qu'on a pu reconstituer de son enseignement oral -D'aprs certaines noies cl'tudiants, en effet, Saussure aurait insist sur le fait que la

bien que cela n'apparaisse

pas

parole est lafgement rgie par des facteurs sociaux et qu'elle appanient la pourquoi, malgr < sphre ,ociole u du langage. on doit donc se demander parole, dans le texte ( canonique t u Cours, est considre comme ceio, lu. Lorsque ie demande Eit-ce qt,il fera beau( l'effet interrogatif cie ma parole serait entifement dductible partir du ( contenu ,> des mots employs, sans qu'il soit ncessaire de faire intervenir autre chose que les mcanismes iinguistiques les plus habituels, ceux, par exemple, en vertu desquels, lorsque i'emploie -hi,,tuon, lemotcralon, 1" ttr. trouve parler de tel ou tel obiet qui possde les caractres spcifis dans la dfinition cle ce mot. Il nous faut pat consquent cherchei si I'on peut irnaginer une dfinition de l'expressiorr .Erl-ra qrr, qtli soit comparable la dfinition des mots du lexique ou des morpten-., grailrnaticaux cornmolcs adjectifs numfaux, la ngation, le mode subjonctif... etc., une dfinition, donc, qui n'indique pas, rnais qui pcrmette' de comprendre aprs coup, les modifications que l'emploi du terme dfini introcluit dans la situation de discours.Considrons les deux Phrases :

j r. J'aimerais

savoir s'il fera beau demain z. Est-ce qu'il fera beau demain?.

et2

8 Dans un cas seulement Benveniste reconnat I'cxistcncc de la petlormativit bicn que l'nonc utilis ne soit pas du type sui-rfrentiel. C'.est lorsque les citconstances de l'noociation apportent clairement I'indication sui-tfrentiellc, par excmplc, lorsque lc prsident d'uae assemble, padant s qualit, annonce La sance cil lt/t)erte. La situati objectifs, mais comme ls moyens conventionnels d'obtenir dans le discours certains effets dtermins. Contrairement la doctrine saussurienne, la valeur du mot ou de la phrase 'comrne. dans l'activit linguistique ne pourrait plus tre considre la

consquence d'un sens pralable, nregistr, indpendamment de tout emploi, dans ce trsor que constitue la langue 12. On ne.peut plusadm-cttre la dichotomie entre une langue qui fixerait les significations et une parole qui communiquerait ensuite ces significations de faon rpondre aux divers besoins des sujets pa{iants. Nous avons montr au contraire que certains des effets de la parole sur la situation de discours (ceux que Austin appelle illocutionnaires) sont rgis par des conventions, et que ces conventions relatives I'emploi constituent dans "une large mesure la ralit smantique des lments de la langue. Si nous maintenons, pour dsigner cette ralit, le terme de < signification r, il faudra assimiler, partiellement au moins, la signification que possdent, dans la langue, les mots et les phrases, avec les fgies qui fixent conventionnellement leur-ffel dans'le discours. ll ne s'agit pas de diluer la signication dans I'emploi r3,,comme tnte"de le faire Brunot, il ne s'agit pas de nier que l'emploi se fonde toujours sur une connaissance pralable de la langue; nous voulons seulement 'fif apparatre que la signification enregistre par la langue comporte, comme partie intgrante, certaines conventions qui fixent, arbitrairement, les effets de I'emploi sur la situation de discours.

LOCUTIONNAIRE ET ILLOCUTIONNAIRE'La distinctin austinienne de I'illocutionnaire et du perlocutionnaire nous a permis d'introduire dans'la langue certains effets de discours sans pour autant forcer le linguiste prendre en considration toutes les intentions possibles des locuteurs : nous pouvons ainsi imposer notre domaine d'investigation une limite suprieure relativement prcise. C'est la notion

quelles

un mot donne lieu explicitent ce qui, pour les'sujets

est I'essentiel, le noyau smantique de ce mot"

il

Padants,les

faut conclure que

ristiques smantiques fondamentales, la fonction accomplie par leur orrciation. La langue elle-mme (cette personnification ne nous semble

fois en 1958, est antrieure I'article sur les perfotmatifs, et a t ctite une poqueo la philosophie analytique anglaise tait presque inconnue en Francc. 24

rr

Problmes de lingriiliqae gxrale,

pp. 277-8t. Cette tude, publie pout la premire

tz On sait que Saussure ne parle pas de sens ou de signification, mais de rr signifi r, Malheuteusement il ne fait pas gtand usage, en f4it, de cette distinction. t3 Cf. la critique prsente par Seade contre ie slogan des wittgensteiniens r Meaningis Use

r (p. tSZ).

25

trC

ftI fm

LES ACTES DE LNGAGEim

De'WI

Saussure

la pltilosopbie du

laagage

dans le domaine du rprhensible : soit r, par excmple, la proposition exprimant que Jacques a battu sa grand-mre. Il serait absurde de substituer ,, rrm la phrase considrc, Il a nange ra sLilPe sant rechigner. En d'autres tefmes, la proposition introduite par nnte doit < aller dans le mme sens rr que la prop,osition qui la prcde. Mais-que dit-on au iirste-en disar,tlue d"o* piopositions vont dans le mme sens ? Dans le cas en discussion, cela signifie quc jD et 4/ me sefvent appuyer la mme conclusion, que ces ptopoiitionr i'inscrivent dans la rnme afgumentation. Ce qui doit donc

)rItr

/q

itr

Il csl t'cnn puirque rd voitare esl en ltat. Une fois dlimites ces conditions d'emploi de puisqae et de parce qae, 1l reste essayer de dctire les -.,.-morphmes. Or une description semble justement suggre par les cond! i

i

?uisqrc'

ffi,

1

t It

,df; hli

t, / 'l

'

tr" .o*nr,rn p et q, c'est leur force illocutionnaire, c'est l'acte cle langage auquel elles collabofent. une description smantique de une est dnc contrinte, si elle doit tIe tant soit per,r fidle, de prendre enconsidration ces actes, Reconnaissons cependant que I'exemple de rtnrc est assez difirent des prcdents. Nous n'avons pas donn en effet cc mot une dfinition illocutionnaire analogue celle proposc pour la question, l,ordre ou la prsupposition. Pour dfinir nne nots n'avons pas cherch quelles modifications son emploi introduit dans la situation de discours : nous ne voyons Pas en effet. qu'un tel pouvoir lui soit conventionnellement attach rs. Nous avons fait seulement femIquer que rnnte vhicule un jugement implicite sur les actes illocutionnaires accomplis I'aide des noncs qui l'entourent : ce titte nne ne Peut tre dcrit dans une linguistique de type saussufien opposant tadicalement la langue et I'action d'utiliser la langue, et interdisant au Iinguiste de prendre en considration cette action. Comme dernire illustration de la rnme thse, nous considreronsu colltfire.de ce qui se passe pout rttrue un nrorphrne dont l'emploi u+.acte iilocutionnaife, nous voulons parier de la conititue en:propfe .rro

'1HI

ffir'l

f \

sente q comme la cause de p, et en revanche, dans p pai tque q, q est prsent 1 I comnle la preuve de 1. Dans le prerrlier cas, le locuteur annonce que le fait exprtm par 4 explique p, et, dans le second, que ce fait permet de conclure , y'. Pour rsumer, patce-!!!!-exprimerait ia relation de causaliti(entendue def

faon trs

$fi T{t

fll

!i

$i !if'&r l$'

ffiil!.

iI

L;

ffi

,!'

il't1l))

f.l,

lTr

f,II

l

fl

conionction

Ii'r-

t'II

\

l I

franaisJp r.tisqag\que nous essaierons de dcrirc par opposition " porrr,Sytt La diffience'nrre les deux termes est trs facile sentir. Si jux-expiiquer un fait, par cxemple quc mon ami Pierre soit venu me voir, j'intrduirai l'aide de parce que la proposition exprimant la cause de ce fait. Il est aenu parce qa'il dsirait me aoir. Mais si je veux iustifier une affirmation en alguani une aurre affirmiion, incontest$I'fn moi, et qui constitue, me semble-t-il-une preuve de la premire, i'utilise plutt

trouve malheureusement que cette dfinition, qui est purement locutionnaire, laisse de ct certains faits, notre avis, eisentiels. Car, en disantp puique q, je n'entends pas informer mon auditeut que p peut se dduire de qrt. Sinon on ne conrprcndrait gure ce fait, linguistiquement incontestable, qu'il est impossible de transformer ngativement ou interrogativement une phrase contenant puisque, otr de l'intgrer, titrc de subordonne, dans un nonc plus complexe. On ne dit pas en effet et, ce qui est plus intressant, on n'est jamais tent de dire Est-ce qae pierre est uear puisque n aoilarc est en bas ? Ni, non plus, 1/ e.rtfaax que Piene soit aenu paisqae sa aoilue... Et, pas davantage : Je nis heureux qae Jacques soit / puisqae sa uoiare...'20. ce qui est important pour notre dmonstration, c'est que les mnes transformations sont tout fait possibles pour les phrases const(uites avec parce rlue (cf. Ett-ce que Pierre est uenu parce r1u'i/ dtiirait ue uoir /). Si donc la diffrence entre pace qtte et paisque rsidait seulement dans la nature de la relation exprime (causalit ou dductibilit), on ne voit gure pourquoi les transformations possibles dans .un cas ne le seraient pas dans l'autre. Pourquoi la dductibilit e laisserait-elle moins nier, par exernple que la causalit ? Pourquoi pourrait-on demander si un fait est dtermin par un autre, et non ps si une proposition est impliquese

Il

large),"r

'

l(

Par une autre? La seule tponse qui nor"rs a sernbl possible exige un recours I'ide d'acte illocutionnaire. En disantlluisqrc g je n'exprime pas I'ide quep se dduit de 4, rnais je dduis efictivementp de q. Je n,affirme pas la possi-

Plus exactement ce pouvoir n'e stattach mntc que dc faon indirecte, dans.la mesure oi mme appofre un ptsuppos ( savoir le caractre paradoxal de la.proposition introduite par ne1, et t^ta"sfimc dbnc h situation rcspctive des interlocuteurs selon les lois gnrales de Ia prsupposition.

rB

19 On.put monttcr, en utilisant la terminologie prscnte tout l,hure, que cette dductibilit est en fait prsuppose par l'nonc p ptiiqrc q. zo _ Plus exactement, ce qui est impossible, c'est de fairc porter la ngation, l'interrogation ou ia subordination sur le rpport < exprim > pai ptque. Miis on peut dire I/ cst fatx qte Pierre soil t'eur, ptris4rrc n t'oilc,,.1')7

tv

ffi:l tr

LES ACTES DE LNGAGEcritre de la ngation tous les noncs de la langue, or, ,'f.r."vrait que la plupart d'entre eux exigent la distinction du pos et du prsuppos, dislinction qui se rvle ainsi d'une porte extrmement gnrale. Comment, maintenant,- caractriser smantiquemcnt cette distinction? Quel est le trait commun toutes les informations prsupposes, qui les distingue de

De Sausture la pltilosopltie

dl

langage

qui est pos? Aucune rponse ne nous semble possible, qui ne fasse pas inteivenir la notion d'illocutionnaire. certes on peut essayef de recourir la notion d'vidence pout dcrite la nuance particulire aPpofte une information par le fait qu'elle est prsuppose. Mais iI faut voir que prsupposer u1e colnaillance ne ,"-ri.ttip^r alfrner qu'elle va de soi, la dclarer vidente. car l'vidence .r, qo"riion n'est pas dclare ou affirme - ce qui lui donnerait un cafctre explicite et la poserait donc en obiet possible de discussion. L'vidence, uns le cas de la prsupposition, est jote. En disant C'est Pierre Eti est uena, on fait comme s'il tait impossible de mettre en doute qu'une pefsonne, et une seulement, soit venue, on fait :oPme si la seule informa"tion noov.lle apporte par I'nonc - la seule donc qui soit discutable concernatllldtit de la personne venue. Mais que peut vouloir dire jower une uidence ?,Comment est-il possible de prsentef url ceftai contenu inteliectul comme indubitable, ce qui'est, flous l'avons vu, tout. autfe chose que de dire qu'on Ie croit tel? La solution est peut-tIe, une fois de pius, de considrei les effets de la parole suf la situation respective des inr.rlo..rr...rs. Caf c'est dans le jeu du discours que I'vide.'ce peut tre joue. Une tude psychologique de la stratgie du dialogue, tude qui pourrait tre conrme par des indices linguistiques fotmels, montfe que i,.ut,rrl" attitude tout fait diffrente de contester ce.que I'interlocuteur a ot:e., ce'qu"il a prsuppos. Dans le premier caslairitique peut tester di"logu" : on refusi ce'qui a't"dit, mis on reconnat intrieure "., de le dire. Dans le second au co&traire la-contestation"prend l,autre le droit un cractre ncssairement aggressif et vise' disqual-ifier I'intedocuteur. S,iI en est ainsi, en'introduisant'certains:Plsupposs dans mes patoles, je mets fnon auditeur dans l'alternative d'avoir ou bien accepter une ceftaine base de'discussion.l-roie;s par moi, ou bien'de refusel la discussion elleme. On gomprend mieux alors le type d'vidence attache aux prce

de la converstion, ils s'incorporent l'intrt que les interlocuteurs peuvent avoir pour cette conversation. Leur poids propre, c'est le poids du dialogue dont ils constituent la condition. Leur ncessit, c'est la ncessit, implicite, de continuer parler 10. Si nous nous sommes permis; dans ce qui devrait tre une introduction Searle, de faire intervenir cette notion de prsupposition, dont ii ne fait pas lui-mme un usge systmatique, c'est qu'elle montre le rle que peuvent jouer, en linguistique, les principes gnraux de la philosophie du langage 17. Pour trouver une description smantique satisfaisante d'un phnomne comme la prsupposition, phnomne qui est reprable selon des critres syntaxiques prcis, il nous a t ncessaire de la relier aux rgles qui dfinissent conventionnellement le jeu du langage, et de dcrire la prsupposition par rappoft aux manceuvres dont elle fournit le thme : sa ralit, comme celle d'une rgle des checs, consiste seulement rendre

possible un jeu. Un second type d'exemple sera fourni par des recherches linguistiqucs

l,

de dtail, qui ne concernent plus un phnomne gn&al comme la prsupposition, mais un morphme dtermin. Ici encore la description smantique exige que l'on se situe dans l'activit de discours. Supposons que l'on veuille dcrire la valeur du mot mnte dans des phrases du type : p el

1 et 4r sont des propositions. Soit par exemple l'nonc : Jacques il a nme mang ra rla/e ran.t recbigner. On pourrait tenter une dfinition et ( mon fils mange unepommeD,

analytiques ou synthtiques. Je les ai choisis pour montrer que,notre connaissance des conditions d'adquation appliquer aux critres d'analyticit est de natufe projectiue. Le terme a analytique rr ne dsigne pas et une classe fetme d'afitrmations; il ne prsente pas une liste, mais il a la proprit de-pro. c'est l une ca(acttistique des termes gnraux I'appliquer de nouveatlx jection; c'est--clire que nous Pouvons toujours exemPles3.

parce que je ne les ai iamais rencontrs sur une liste d'affirmations

incapables d'identifier comme tels les cas lillites d'un concept si auparavant nous n'avions pas bien saisi ce concept. En hsitant appliquer le concept aert un verre de Chartreuse, nous prouvons que nous maltrisons ce concept de faon tout aussi certaine qu'en l'appliquant sans hsiter une pelouse plantureuse, ou en refusant de I'appliquer de la neige. Moi non plus, je ne suis pas certain qu'il faille considrer < tout ce qui est vert est tendu r comme analytique, et ceci montre (sans constituer une dmonstration) que je comprencls moi-mrnc fort bien le concept d'analyticit.

4 V. Quine, op. cit. p. 32. 1 II ne s'agit pas seulement du fait qu'il

3 Sur I'importance de cette proptit de proiection, voit P. Gricc et P. F. Sttawson, < In defense of a dogrha 4 PhilotEhical Retiew (avril 1965)'42

puisse ne pas tre rai, comme le montrent Grice et Strawson (op. cit. p. ry3), mais plutt gue l'interprtation que I'on pourrait en donner n'est pas vidente.

4t

W,i:

LES CTES DE LNGGEsivement. Parmi les termes de caractrisation soumis la critique, < analytique l et ( synonyme D sorlt ceux qui ont t de loin les plus discuts et je commencerai moi-mme par l'examen de ces deux termes; toutefois, I'argumentation, prsente Eous I'une ou I'autre forme, s'appliquerait tout aussi . bien aux autres termes. On a souvent insinu que notre analyse du concept d'anallticit n'est pas adquate, et qu'en consquence, nous mnquons de critres adquats pour dcider si une affirmation est analytique ou non. On ajoute qu'en raison de ce manque d'analyse et de critres adquats, rious ne comprenons mme pas ce tefme de faon correcte, et que la notion d'analycit ellemme en devient impropre, incomplte, incohrente, non iustifie empiri savoir que : nous n'avons ni analyse, quemerit, etc, Ce type d'argument ni critre pout dfinir un concept donc, que nous ne comptenons pas C correctement, et que, tant que nous n'aurons pas fourni d'analyse, ni donn de critres pour dfinir C, C sen considr d'une certaine manire ou se rencontte frquemment dns les certains gards, comme illgitime travaux de philosophie depuis la guerre, et cela vut la peine de l'examiner plus fond. En premier lieu, cela ne suffit pas d'affirmer que nous manquorrs tout bonnement de critres pour dfinir l'analyticit ou la synonymie. Au sens plutt curieux oir l'on emploie le mot ( critfe > dans toutes ces discussions, la dfinition que nous donnons poru ces tefmes fournit bien une espce de critre. La synonymie est dfinie de la faon suivante : deux mots sont synonymes si, et seulement si, ils ont la mme signification; I'analyticit est dfinie comme suit : une affirmation est dite analytique si, et seulemett si, elle est vfie soit en veftu de sa signification, soit par dfinition. A quelqu'un qui n'aurait aucune ide de la signification de ces mots et qui se poserait des questions ce sujet, c'est exactement ce genre de dfinition que l'on donnerait. Bien entendu, pour des raisons pdagogiques, il faudrait y ajouter quelques exemples, afin que notfe tudint maltrise les techniques d'utilisation de ces mots. Cependant, nous avons'donn l un critre tout fait limpide : pour savoir si deux mots sont syfronymes, il faut se demander s'ils veulent dire la mme chose. Pour savoir si une afrmation est analytique il faut se demander si elle est waie par dfinition ou en vertu de sa signification, Mais, objectera-t-on encore, ces dfinitions ne sont pas valables parce qu'elles reposerrt sur la notion de signification; or, la notion de signification, tout comme les notions de synonymie et d'anallticit, reste encore non4o

IvItl:odes et objet

dfinie, et toujours d6nir. On voudrait pouvoir disposer d'un critre de extensionnel, formel ou behaviouriste nture tout fait diffrente -; pf exemple : I'application automatique d'un cerun procd quelconque, tai.n nombre d'oprations suf les phrases, ou l'obsetvation du compoftement des locuteurs, qui permettrait de dcider si oui ou non, une affirmation est analytique. On ne peut se contentet d'une simple pafaphfase qui utiliserait d.es notions tout aussi confuses que celles qu'on veut dfinir. Ce que I'on rclame, c,est un test obiectif d'analyticit et de synonymie; ct iest en l,absence d'un tel test pour ces concepts qu'on les juge dfectueux. Au cours de ces dernires annes, plusieurs tentatives ont t faites pour rpondre de telles objections. Je n'essaierai pas de le faire ici, mais je dmontrerai que ces obiections reposent sur certaines hypothses gnrales injustifies ayant trait aux relations qui existent entre notfe comprhension d'une notion et notfe capacit fournir des crjtres d'un certain type,ncessaires son aPPlication.

Posons, pouf commencer, un critre qui rponde aux exigences formules plus harrt, et voyons exactement ce qui le rend inadquat. Supposez qo. ioo, prenions pour dfinir l'analyticit le critre suivant : une afrmation est analytique ii, et seolement si, le premier mot de la phtase utilisc pour cette afrmation commence par la lettfe ( A n Ce clitfe posscle ioute I'objectivit formelle requise pat les dtracteurs de la notion d'analyticit; cependant, il est videmment absurde, toutes les parties en cause dans ? cette disiussion le reconnatraient. Mais pourquoi exactement est-il absurde que nous savons que la Nous savons tous que ce critre est absufde parce premire lettre du premier mot d'une phrase utilise un moment cionn poo. por", une affiimation, n'a rien voir avec I'analyticit de cette afflrL"tio.r; si l,on exige que nous donnions d'autres raisons, nous pourrions

fournir alors une infinit d'exemples d'affirmations analytiques qui

ne

commencent pas paf la lettre >, et une infinit d'exemples d'affirmations non analytiqoie, qoi, elles, commencent par la lettre < '4 I' Nous pourrions

fait mme puriuivre et mettfe en vidence ce rsultat absurde auquel : une-mme affirmation peut tre 1a fois anaiyaboutiile ctitre propos tique et non un^lytique lorsqu'elle se trouve prsente dans des phrases il diffrentes (s,il s'agit'de langoes diffrentes par exemple). En dfinitive, mme qu'aucun des critres de type extensionnel est clair qo" ." criire), de

propossjusqu,prsentpourdfinirl,analyticit,nepourratreaccept. ttt^i, orr. q".ttio" ," por" prsent : si no-us savons que le critre proposest inadquat et-si'nor]s

,o-.,

capables de iustifier cette amrmation, d'or

4r

ffiiLES CTES DE LANGGEcas des explications, et tout concept non explicable en extension est dfectueux. Je pense quant moi, que cet argument tombe de lui-mme' ca! orl ne pourrait pas savoir qu'un critre extensionnel donn est inapplicable si sens, que a la mme signification qu'une autre occurrence de ce mot. Il est effectivement possible de iustier ces intuitions, mais on retombe immanquablement sut d'autres intuitions.

Mtltodes et objet

vue, on pourra se demander quelle diffrence il y a entre considrer un objet comme un exemple de communication linguistique et ne pas le considrer sous cet angle? Car cette diffrence est dcisive : lorsque'je considre qu'un bruit ou une inscription sur une feuille de papier constitue, en tant que message, un exemple de communication linguistique, je dois admettre, entre utres choses, que ce bruit ou cette inscription ont t produits par un tre og par des tres qui me ressemblent plus ou moins, et p{oduits avec certaineg'intentions.. Si je considre le bruit ou l'inscription comme un phnomne'naturel, comme l'est le vent dans les arbres ou une tache sur le papier, je l'exclus de la ciasse'd.es communications linguistiques, mme si le bruit ou I'inscription ne peuvent se distinguer de mots pads ou crits. Bien plus, il me faut admettre non seulement que le bruit ou I'inscription

,'r.4 pouRQUor

TUDTER LEs crES DE LANGAGE?

Dans la section prcdente, j'ai mis I'hypothse selon laquell"-P@une- forlqe-jg c.glnpq+gqg. t]1. rjgiefar 4es_ rSles. une langue c'est adopter ung for4ne de comportement #gie P?! 4q t*le!. j-n'aifl'fessay de prouver cette hypothse, ou plutt, j'en ai propos une preuve en expliquant qu'il est possible de possder ce type de coonarssance auquel renvoient les caractrisations linguistiques donnes plus haut comme exemple. En un sefls, tout ce livre pourrait s'interprter comme une tentative v-isant explorer, extirper quelques-unes 'des consquences qu'irnplique cette hypothse, pour pouvoir ensuite la tester' Cette procdure n'a rien de circulaire, car je me sers de l'hypothse dg laqgage-cornprls* ,:o,rr*e .oqp ort:.-.rri int. nt i-onl.l rg i P", ." -quer la possibilit des caractrisations ling,uistiques, et non de fournir

sont le produit d'un comportement intentionnel mais que ces jntentions sont d'une nature tout fait spciale, pafticulire aux actes de langage. Ilserait trs possible par exemple, de comrnuniquer en disposant les meubles d'une pice de certaines faons. La raction que I'on pourrait avoir devant l'un de ces arrangements serait, supposer qu'on le < comprenne ), de nature tout fait diffrente de la raction que j'ai devant la disposition des meubles dans la pice o je me trouve, par exemple et cel, mme si dans I'un et l'autre cas il m'est toujours possible d'interprter la disposition des meubles comme rsultat d'un comportement intentionnel. Certains types d'intentions seulement s'appliquent de faon adquate au comportement que j'appelle acte de langage. (Ces intentions seront tudies au chapitre z.)

1egl..r-;ffi8@-iil

uve pour parler une langue, c'est raliser des actes de langage, {gsctes

,

po-ser des afrmations, donner des ordres, poser des questioris, faire des promesses, et insi.de suite, et, d4nsgn domaine pius abstrait, rf.rer, prediq,rer;GeGrngmg ces actcs sont en des actes gnralrendus possibles par l'vidence de certaines rgles rgissant I'emploi

mme :

.o*. :

IiT

des lments linguistiques, et c'est conformment ces rgles qu'ilsralisent.

se

On pourrait reprocher cette approche de n'envisager que le point d'insertion d'une thorie du langage et d'une thorie de l'action. Je rpondrais cela gue,-si ma conception du langage est juste, une thorie du langage fait pattie d'urie thorie de I'action, tout simplement parce que parle,:est un forme de comportement rgi par des rgies. S'il est rgi par des rgles

on ff-p-hrase ni mme une occurrence de symbole, de mot ou de phtase, "J mais bie-nl production-u I'mission du symbole, du mot, ou de la phrasc I ! ^ul iV, ! ---r:---,.--*-i / %I mornent otr'se r6;tise I'acte de langagt. Considrer l'occurrence comrrlc -t"rrt ot *tr"g.,-C;.st li.nsidrer cmme occurrence produite ou mise. J ;1/ ,-

La raison pour laquelle cctte tude est centre sur les actes de langage tout simplement la suivante : toute comrunication de nature linguistique implique des actes de nature linguistique. L'unit de communication lin. guistique t'.t!-paq - comme on le suppose gnralement - le symbole,est

iil,t

le

*ot

Plus prcisraent

-la

un

acte

et les actes , . C'est leur fonction que I'on reconnalt les expressions rfrentielles, et non pas toujours leur forqne grammaticale superficielle ou la manire dont elles remplissent leur fonction. Nous pourrions peut-tre rendre un peu plus claires ces remarques64

ici de rendre un

reprsentait une affirmation d'identit, alors, considrant la forme ngative : de demander : quel est < je"n ,r'est pas un homme rl, cela aurait un sens l'homme que Jean n'est pas' ce qui est absutde' No.r, po,r.rions encre faire une distinction entre ces expressions, qui font ,&r.rr." des individus ou des objets- particuliers, et celles qui

font rfrence ce que

les philosophes ont appel des universaux; distinguer)),

,ior6 t"lfu, qo" o I" nombre trois D, , dans < je prometsde venir

l.

Aprs avoir dcompos les actes illocutionnaires (un grand nombre d'entre eux) selon les lments reprsents par des lettres dans la notation ( F (RP) D, nous proposons maintenant d'analyser sparment la force illocutionnaire (F), la rfrence (R) et la prdication (P). Je discuterai ces trois points aux chapittes t, 4 et t respectivement. Il est impottant de mettre I'accent sur la porte limite d'une telle entreptise. Nous n'envisagerons que des actes illocutionnaires trs simples, de ceux o,ui impliquent une rfrence un objet unique (habituellement par I'nonc d'un groupenominal au singulier), et une prdication au moyen d'expressions simples. Je ne considrerai pas les modes plus complexes d'expression du sujet, ni les expressions prdicatives relationnelles, ni les propositions molculaires. Tant que nous n'aurons pas mis au clair les cas les plus simples, il est fort peu probable que nous puissions venir bout de cas pluscomplexes.

football ou jouer aux checs sont des activits constitues par l'application des rgles ces ieux (ou au tnoins, d'une grande partic de ces rgles) 10. Les rgles normatives ont Pour fonction de rgir une activit prexistante, une activit dont l'existence est logiquement indpendante des rgles. Les rgles constitutives fondent (et rgissent galement) une activit dont I'existence dpend logiquement de ces rgles' Les rgles no1ll]lliy-gs se prsentent typiquement sous la formc de ton.n.,.ei-imp5ll:Lives ou peuvent tre paraphrases sous cette forme; par -lemple : < Iorsque vous coupez quelque chose, tenez le couteau de la main droite l, ou bien : < A un dlner, les ofciers doivent porter une cravate. r Cettaines tgles constitutives prendront une forme tout faitdiffrente, par exemple : < un roi est chec et mat lorsqu'il se trouve attaqu de faon telle qu'il ne peut ni se dfendre, ni fuir )), ({ un joueur marque un touch terre lorsqu'en cours de jeu il prend possession du ballon dans

I'en-but de I'adversaite u. Comme les tgles habituellement donnes en exemple sont des rgles normatives impratives, les rgles constitutives non-impratives donnes ici risquent de surprendre, Peut-tre mnle avons-nous quelque difficult les coocevoir comme des rgles. Il est noter qu'elles ont un caractre quasi tautologique, car il semble que l'apport de la ' rgle ' soit seulement une partie de Ia dfinition de :

: maiuscule, I'expression

d'une forme de penser (mais c'est une erreur) que la ngation

prdicative.

o Tous lcs actes illocutionnaires ne rentletaient pas dans ce modle' Pat exemple : i Allez Maochesterl D ou r bas Csar l seraient quant cux, de la forme F (z) o rr u est employ'comme apprciation et non comme spcication.

Expressiont, sigtifcalion el acles de largge

comme la vrification de I'hypothse selon laquelle

il

existe des rgles

"

l'.*.r. ', g6.1gqg d;une lang.re peut tre considrJfrffie faufir"ti"":!* - suivant des convention;, d'gne srie d'-e.nqembles d9 rgles constifgtives ry \ds-lacentet,".i t" p"r,, t.r actes de-tangage ont pour,calacJerrstlque i , d'tte accomplis pa.r l'nonc d'expressions qui obissent ces ensembles !..ide regle 6stiluiiver.ll',tn des buts du chapitre suivant est de donner o" fi;oioitiii "i ensembles de rgles constitutives qui permettront la ralisation de certains types d'actes de langage, et si ce que j'ai dit proposdes rgles constitutives est iuste, nous ne devrons pas nous tonner si cesi

Lorsque la rgle peut tre formule de faon naturelle sous cette forme, et lorsque le terme Y est un terme de spcification, il est probable que la rgle soit constitutive. Mais il faut ajouter deux remarques ceci. En premier lieu, puisque les rgles constitutives apparaissent l'intrieur de systmes de tgles, il se peut que ce soit au systme entier que convienne cette formulation, et non aux rgles particulires prises dans le systme. insi, bien que la rgle no r du basket-ball le jeu se joue avec cinq joueurs par camp prte pas cette formulation, on clira qu'agit conformne se meqt l'ensemble des rgles, ou au moins une grande partie d'entre elles, revient effectivement jouer au basket-ball. Et deuximement I'intrieur de ces systmes, le syntagme reprsent par le terme Y ne sera gnralement pas un simple label. Il notifiera un fait qui a des consquences. C'est ainsi que < hors-ieu ), ( marquer un but l, < touch terre r, < chec et mat )), ne sont pas de simples labels indiquant un tat de fait sp{cifi par le terme X, mais ces expressions impliquent qu'il y aura des consquences telles que des pnalits, des points mrqus, et galement une victoire ou une dfaite. J'ai dit que l'hypothse sur laquelle est fonde cet ouvrage est que pader u!g_!angge, clst accomplir des actes conformment des rgles. Cette I .hwoth-se tb prsentera sous la forme suivante : d'une paftIa structure Ir,.ri

'{l

I'existence de rgles constitutives peut tre clairci par la question suivante : quelle est la diffrence existnt entre promettre et, par exemple, pcher, qui puisse m'inciter dire que le premier acte peut tre ralis dans une langue uniquemcnt parce qu'il existe des rgles constitutives portant sur les lments de la langue utilise, tandis que dans le second cas, de telles rgles ne sont pas ncessaires ? Aprs tout, il s'agit dans les deux cas d'activits (de pratiques) humaines, dans les. deux cas le comportement implique un but atteindre, dans les deux cas I'erreur est possible. La diffrence repose essentiellement en ceci que dans le cas de la pche, la relation moyens-fins, c'est--dire la relation qui me permet d'atteindre mon but, se situe au niveau des faits physiques naturels : le fait que, par exemple, le poisson mord parfois I'hameon garni d'un vers, mais trs rarement' I'hameon nu, le fait que les hameons d'acier supportent le poids d'un poisson et qu'un hameon fait de beurre ne le supporterait pas.existe des techniques, des procds et mme des stratgies que les pcheurs habiles mettent en pratique, et tout ceci, en un certain sens, suppose indubitablement des rgles (normatives). Mais le fait que l'on puisse att:apff un poisson sous telle ou telle condition n'est pas une affaire de convention et n'a rien voir avec une convention quelle qu'elle soit. Cependant, dans le cas des actes du langage accomplis l'intrieur d'une

constitutives.sous-jacentes aux actes de langage. Si nous sommes incapables de donner pour ces rgles une formulation qui soit satisfaisante, notre chec pourrait tre considr comme un dmenti prtiel de cette hypothse. Le sens que j'entends donner ce fait que parler une langue suppose

Bien sr,

il

.t'

1

/

I

V

It

langue, c'est par'convention

rgles ne prennent pas toutes une forme imprative. Bien entendu, nous ferons en sorte qlle ces rgles se rpartissent selon des catgories tout fait diffrentes, aucune d'entre elles ne pouvant s'identier exactement ux rgles de politesse, On pourra galement considrer'cette tentative visant tablir les rgles suivant lesquelles s'accomplissent les actes de langage,76

technique, d'un procd ou d'un fait' naturel que I'emploi de telle expression sous certaines conditions revient fairc unc promesse. < Mais, pourrait-on nous feprocher, vous nous avez seulement .parl jusqu'ici de la diffrence entre 'des actes comme promettre et pcher, cela ne suffit pas claircir le sens des remarques que vous avez faites propos des rgles. I Je pense que cette objection est rellement fonde et je veux essayer maintenant d'expliquer plus fond ce que recouvre l'hypothse gnrale de cet ouvfage : parler une langue suppose que des actesde langage sont accomplis confonnment des systmes de rgles constitu-

-

et non en vertu d'une stratgie, d'unc

tives. Commenons par posr trois questions qui se rapportent cette remrque. En premire approximation nous pourrions. les poser sous la forme suivante : premirement, les langues (par opposition au langage)77

LES ACTES DE LANGAGEcomme une rgle constitutive. La rgle de l'chec et mat ou celle du touch terre doit 'finir ' l'cbec et nat aux checs ow le totch terre au football rugb1, dela mme faon que les rgles du footbali dfinissent < le football I naturelleorr" ies regles des chlcs dfinissent < les checs r. Ceci ne signifie en r.er.a un ieu ment pas" que la lgre modification d'une rgle de dtail diffrt; if y aura touiours, dans tout systme de rgles constitutives deslments plus ou moins rnarginaux.

Expre.r.riou.r, sigifcalion et acles de langage

Les rgls normatives ont comme forme caractristique . N" p.rr"rroir ni l,existenc, ni la nature des rgles constitutives, a de srieose^s rpercussions sur le plan phiiosophique' Ainsi, par exemple' certains philosophes' demanderont : ( comment se fait-il que faire une pro*"rrJprrisse crer une obligation? I On poserait une question-du mme t.dre en em^rrd"nt < Comment se fait-il que marfluer un touch terre puisse donner six points? > Telles qu'elles sont fofmules, la seule rponse qo'o, puisse donrier ces deux questions sera l'nonc d'une rgle de la fo.-. i X revient Y u, ceci n'implique naturellement pas qu'il soit impossible de posef, sous une autre formulation, des questions fondamentales sur cette lnstitution qu'est la promesse ou sur ce qu'est le football. Telle que j'ai essay de I'esquisser, 1a distinction (entre les deux sortes de rgles) reste encore assez vague. Je vais tenter de la prciser en commentant s deux formules que i'ai utilises pour caractriser les rgles constitutives : sbnt donc prononcs sans le phonme /g/, alors que le < longer I du milieu est prononc avec le /g/ dur. Tous les dialectes,anglais n'ont pas cette rgle, et je ne di\as qu'il n'y ait aucune exception nanmoins, c'est une rgle satisfaisante. Il me bemble vident gu'il s'agit-bien l d'une rgle, et qu'elle fait partie de celles que nous suivons sans ncessairernent savoir que nous le faisons (c'est--clire, sans tre ncessairement capable de les formuler). La porte de ces exemples quant l'tude ici mene est la suivante : il nous faut parfois supposer, afin d'expliquer un comportement humain de faon adquate, que celui-ci est ralis conformment une rgle, bien que le sujet lui-mme ne soit peut-tre pas capable de formuler la ?"gle, ni mme.conscient du fait qu'il agii ."l,on ."ti" rgle. Le fait que le sujet'sache faire'quelque chose ne peut s'expliquer de faon adquate que si I'on fait ,l'hypothse qu'il connalt (qu'il a acquis, intrioris, appris) une rgle,ayant un certain effet, bien qu'il puisse, d'une certaine faon qu'il importe de dterminer, ne pas savoir qu'il connat cette rgle ou qu'il agit en partie cause de cette rgle. Le comportement rgi par des rgles s'oppose au comportemerit simplement rgulier, particulirement en ccci qe nous recoirnaissons gnralement comme plus ou moins faux ou erronns les carts par tapport au schma tabli, et que, contrairement la simple rgularit, la rgle s'applique de nouveaux cas. Face un cas qu'il n'a jamais rencontr auparavant le sujet sait ce qu'il faut faire.8z

Expressions, signi/icaliou cl ltclci de lutgagc

2.6

LA SIGNIFICATIONraliss

Les actcs illocutionnaires ont pour caractristique d'tre

lorsqu'on met des sons ou lotsqu'on crit quelque chose' Quelle diffrence y -t-il entre uniqueltent mettre des sons, ou crire, et accomplir un acte illocutionnaire ? Premire diffrence : on dit Pour caractriser les sons ou les signes graphiques que I'on produit en accomplissant un acte illocutionnaire, qu'ils ont une signification; seconde diffrence, lie la premire : on dit pour caractriser l'emploi de ces sons ou de ces signes graphiques, qn'ils sont utiliss pour sigif er qrclqae cltose. Lorsqu'on parle, il est caractristique qu'on ait I'intention de signifier quelque chose par ce que l'on dit; et ce que I'on dit, la suite des sons que I'on mct, a pour caractristique d'tvoir une signification. Notons n passnt que, sur ce point encore, l'analogie Pose entre l'accomplissement d'actes de langage et les jeux, ne tient plus. Les pices d'un jeu comme les checs n'ont Pas pour caractristique d'avoir une signication, et dc plus, le dplacement d'une pice n'a pas Pour caractristique de signifier quoi que ce soit. Mais que reprsente le fait de signifier quelque chose pat des paroles,

et qu'est-ce poirr une chose qu'avoir une signication? Pour rpondrepremire de ces questions, je propose d'emprunter Paul Grice quelques trnes de ses ides, tout en les rvisant. Dans un article. intitul Meaning (Signi6cation) 13, Grice nalyse la notion de fictive du football. Mais de telles rgularits ne doivent pas pouvoir s'expliquer pour quiconque s'en tient en smantique, la doctrine du fait brut; et cela aussi bien si ces rgularits apparaissent sous forme de rapport naturel entre stimulus et rponse (si je produis la suite de bruits : < y a-t-il du sel ici ? l, et si il y a effectivement du sel, le sujet produit'le bruit : < oui r), ou bien sous forme de rapport entre nonc et situation (la suite de sons ( passezmoi le sel, s'il vous plalt > ne s'utilise en gnral que lors'il y a du sel en vue). Les rgularits perceptibles dans les faits bruts d'ordre linguistique (certains bruits produits par les hommes S'effectuent gnralement l'intrieur de certaines situations ou face certains stimuli) s'expliquent de faon vidente par le fait que lorsqu'on parle, on ad_opqe une forme de comporte-. lggnf,intentionoel-rgie par des rgles. Les rgles rendent colrrpte des rgularits exactement de la mme manire que les rgles de football rendent compte des rgularits que prsente une partie de football, et sans les rgles, il n'y a, semble-t-il aucun moyen de rendre compte de ces rgularits.

Structure des actes illocutionnaires

Le terrain est maintennt prt pour une analysc en bonne et due forme de I'acte illocutionnaire. J'ai choisi de m'ttaquer la promss'eren premier lieu car, pour un acte illocutionnaire, il est assez clair, et assez bien analysable; comme r.rn terrain nlontagneux, il prsentc des contours nets. Mais nous verrons qu'il n'est pas uniquement d'un intrt local, les leons que nous devons en tircr ont ue application gnrale. fin d'analyser l'cte illocutionnaire qu'est la promesse, je chercherai savoir quelles conditions sont ncessaires et suffisantes pour que I'acte de promesse soit acconpli effectivement"t-sans--ilfut dans I'emploi d'une phrase clonne. Jc tcherai de rpondre cette question en exposant des t.-_.---+1 ^ c-nditions sous Ia forrle cl'un ensemble de propositions tel que la conionction des membres de I'cnscrnble entrane une proposition tablissant que le locuteur a fait une prolnessc qui est effective et ians dfaut, et rciproquelnent. Chaque condition sera donc une condition ncessaire la ralisation d'un acte dc prolnesse effectif et sns dfaut, et l'ensemble de toutes ces conditions sera lui-mme une condition suffisante pour une telle ralisation. Il existe. pi.rsieurs types cle clfauts pouvant affecter les actes illocutionnires, mais ces dfauts ne suffisent pas tous vicier l'acte dans satotalit. Dans certains cas, il pourra fort bien se trouver qu'une condition,appartenant en propre la notion de I'acte en question, ne soit pas satisfaite pour un cas donn, et nanmoins, I'acte aura t accompli. Dans de

tels'cas, ie dis que I'acte est (dfectueuxD. Cette nofion de dfaut que j'introduis pour l'acte illocutionnaire est troitement lie Ia notion d' < insuccs r pose par Austin l. Les conditions ne sont pas toutes logiquement -indpendantes les unes des autres.

Il

est parfois utile d'tablir une

rr\'-

J. L. Austin, Hop lo Do Tltings witlt lYords (Oxford, r96z), spcialement lcs couts rr, rrr,

94

9t

LES CTES DE LNGAGEet non comme une menace ou comme un aveftissement. De plus, contrai-

Stractsre des acles illourtionnaires

rement au cas de I'invitation, il faut pour la promesse une circonstance quclconque, une situation {ui h provoque' Il scrnble que l'une des caractristiques essentielles. de ces circonstarices ou -{9 ces situations soit que celui qui I'on. ptomt quelque chose souhaite (a esoin, ou dsire) que cetti chose se ralis, et d'autre part celui qui promet a conscience de ce souhait (de ce bedoin ou de ce dsir). A mon avis les deux faces de cette ccndition sont ncessaites pour viter des contre-exemples assez vidents 6. tion, telle qu'elleOn peut cependant tr-ouyer des contre-eSemples aPParents cette condia t pose. Supposez que je dise un tirdiant Paresseux : < si vous ni rendez pas votre devoir temps, je vous promets que ie vous 'au-dessoris de la'moyenne r. Cet nonc est-il une promettrai une note messe.? Je penserais plutt que non; il seriit plus naturel de la" qualifier d'avertissement ou peut-tre rpine de mcnace. Mais pourquoi, dans-ce cas,

qu'il a.intrt sa ralisation, ou bien il prfre sa ralisation sa non ralisation, etc. et le locuteur doit se rendre compte, doit penser ou doit savoir, etc. que c'est le cas. Je pense qu'une formulation plus lgante et plus exacte de cette condition ncessiterait probablement l'introduction d'une terminologie techniquc ressortissant par cxernple au domaine de l'conomie.

j'Ti{

5, Il n'est pas aident,ni pour faon efectaer C.

L, porr A,

Erc

L

serait conduit de toate

I

! !

estG;;iEd'"-iloy".t'.*ffficxpression

J. ie.,re que si nous je promets D es5ialrn.i les I'utilisohs en ce sens, c'est parce que < Procds marqueurs de frce illocutionnaire, celui qui ntarquel'engagentef:du locuteur de la faon la plus forte. C'est pour cette raison que nous utllisons cette

ll l.

ltsqmcomplis^sons un acte de lungage

proprement-parler une promesse, mais dans leiluel nous voulons mettre l'accent sur la force de notre engagement. Pour illustrer ceci, considrez ce

-qui n'est pas

iI

t

!

Ctte condition est l'application d'une condition plus gnrale qui porte sur de nombreux types diffrents d'actes illocutionnaires et qui tablit que tout acte doit avoir un objet. Par exemple si je demande quelqu'un de faire une chose dont il est gs clair qu'il est di en train de I'accomplir ou sur Ie point de.la faire, tout fait inpendamment de ma requt, alrs m demande est sanp objet, donc dfectueuse. Dans une situation de discours prcise, les auditeurs, qui connaissent fus rgles de ralisation des actes illocutionnaires, supposent satisfaite cette condition. Imaginez par exernple qu'au milieu d'un cours, je dise l'un des membres de I'assistance : < S'il vous pllt, Smith coutez bien ce que je dis en ce moment,r. E , interprtant cet nonc, I'assista-nce devra supposer gue Snrith n'coutait pas ou qu'en

contre-esenrple notre analyse, quoiqu' un nive"o diffrent : on entend parfois ditc : < ie promeis I dans l cas d'une assttion e1r-rph.agglg. Supposez par exmple que ie vous accuse n'est-ce pas? r. vol et d'avoir voilf,^tg$i.^1ffivo"i "ig".t, ^vez Et vous rpondez : , Pttitosoiltical Rettiett',

vol' 69 (t96o)' pP' z2r-b'

rI]

'ttz

LES ACTES DU LANGAGE, nom propre d'un nom propre, savoir :Socrater,r,r,r.

La et rfrer Martin si par exemple, il pose une qLrestion se rapportant cette personne. Dans ce cas, la rfrence opre par l'auditeur vient en parasite sur celle du premier locuteur, car la seule description identifiante qu'il pourrait fournir serait ( la personne laquelle rf:ait mon interlocuteur par le norn de Martin ,r. Une telle expression n'est pas rellement une description identifiante, car le fait qu'elle permette ou non I'identification dpend du fait que le prernier locuteur dispose ou non d'une description identifiante qui ne nit pu de cette forme. Je reviendrai ce problme au chapitre 7 or j'essaierai d'appliquer aux noms propres les

llrl

iilr

r

iilrI

'il

li

j.G;imafio=n,qu'il

ne dtruit d'ailleurs pasibien qu'il soit faux; I'identification est obtenue par d'autres moyens. Il arrive souvent que cles descripteurs qui peuvent tre contests soient adjoints des expressions rfrentielles qui, sns eux' seraient satisfaisantes,

conclusions tires dans ce chapitre.

et ceci pour obten"ir un effet thtorique. Dans I'exemple ( notfe glorieux chef rr, i" tllot < glorieux I ne relve pas de I'acte de langage de rfrence sauf r;il y plusieurs chefs dont certains ne sont pas glorieux. dfinie

il

z. Mme lorsque l'auditeur demande effectivement une identification, est possible qu'il se contente d'un descripteur non-unique, sans que cela

errtrave la communication. Pour largir l'exemple propos, supposez que I'auditeur demande < mais qui est Martin ? I Une rponse non-identifiante comme : ), il est vrai galement qu'il a la possibilit de dire exacteffient quel est l'objet qu'il signifie. Mais ceci ne reprsente qu'une nouvelle formulation plutt approximative du principe d'idcnti6cation, car Ie principe d'identification tablit seulement que l'une des conditions ncessaircs une rfrenc d6nie est que le locuteur soit capable de fournir une description identifiante, et c'est prcisment cette description identifiante, qui permet de dire ce qui est ignif dans I'acte de rfrence. Et il n'est pas inutile de faire remarquer ici nouveau que le dire compote un cas limite : c'est Ie cas oir dire implique illlntrer; c'est--dire que le cas limite pour lequel est satisfait le principe d'identification, et donc, le principe d'cxprimabilit, est reprsent par la prsentation de l'objet auquel il est fait rfrence au moyen d'un simple lment deictique. Pour une tude systmatique du langage, comme pour toute tude systmatique quelle qu'elle soit, nous nous fixons comme but dc ramener le maximum de donnes un minimum de principes. Ayant donn les dfinitions de la rfrence effective et de la rfrence complte, ainsi que la dmonstration montrant que la cepacit faire urre rfrence compltc dpend cle la capacit fournir une description identifiantg il nous est maintenant possible de poser comme suit le principe d'identification (certaines reEtrictions ce principe apparatront plus loin). | 3 &. L'une des conditions ncessaires Ia ralisation d'un acte de

-

Je suppose ici, et tout au cours de I'expos, que les conditions de dpart ct d'arrive sont satisfaites' Le fait qu'un locuteur se trduve incapable de remplir I'un des conditions parcc que par cxemple, il a la mchoire paralysc, n'est pas pcrtinc-nt.

rr

4.

REsrRrcrroNs u pRrNcrpE D'rDENTrFrcATroN

Le principe d'identification met en valeur la relation'existant entre I'acte de rfrence d6nie et la capacit qu'a le locuteur de founrir uncr3t

r3z

LES ACTES DE LANGAGE une expression rfrentielle doit avoir une < signification )), un contcnrtdescriptif, pour que le locuteur puisse faire effectivetnent rfrence lorsqu'il l'nonce, car si l'nonc de cette expression ne- permet pas au locuteur de co'mmuniquer I'auditeur un fait, une proposition qui soit vraie, alors, il n'y a pas tftence complte. Ceci donnerait, formul la manire de Frege: la signification.est antrieure la tfrence, Ia rfrence n'est qu'en

a

rfrerce c012ite acte de langage

noltts propres sont cles ( luarques sans signi{ication 14 ), qu'ils rr dnotent > urais ne ( connotent D pas, doit tre considr cornme fondamentalement faux, La questiou sera dveloppe au chapitre 7.

6. Il est dangereux, sinon faux la base, de concevoir les faits que I'on doit connatre pour fake acte de rfrence, comme tant toujours des faitsse rapportant l'objet de la rfrence, cat cela laisse supposer que ce sont des faits ayant trait quelque objet identifi de faon iilpendante. Les propositions existentielles jouent'un rle dterminant dans la satisfaction du principe d'identification, car la possibilit de satisfaire ce principe en donnant I'iclentification une forme non-existentielle tele que : < I'homme qui itc. >, dpend de la vrit d'une proposition existentielle de forme < il existe un homme et un seul qui etc. u. On pourrait dire : la conception que nous avons d'un objet particulier est fonde sur une proposition existentielle vraie pour un objet unique. On s'engage sur la voie traditionnelle menant la notion de substnce ds l'instant o l'on considre que les faits doivent toujours d'une cettaine faon se rapporter aux objets, ds I'instant oir l'on ne peroit plus la primaut de la proposition existentielle. C'est dans cette optique que \flittgenstein pos dans Ie Tractalus cette distinction mtaphysique irrductible entre faits et objets, lorsqu'il a dit r5 que les objets pouvaient tre nomms

vertu de la signification.

Il

suit ditectement du principe d'identification

iil

que toute expression rfrentielle doit, s'il y a rfretce complte, Permettre de communiquer un fait, une proposition vraie I'auditeur. (Et ceci, nous I'avons dj vu, rsulte du principe d'exprimabilit que nous avons expos au chapitte r.)

ili

j:I

iiil

illli

I

i,i

ilI

li!i

iililij: iir

4. Il nous faut distinguer - ce que n'a pas fait Frege - le sens cl'une expression rfrentielle, de la proposition communique au moyen de cette expression; le sens d'une telle expression est donn par lcs termes descriptifs gnraux que cette expression contient ou implique; rnais dans bien des cas le sens de I'expression ne suffit Pas par lui-mme communiquer une proposition, mais plutt c'est l'emploi de l'expression dart une cerlaine sihration qui permet de communiquer une proposition. Ainsi par exemple lorsque I'on dit : < l'homme r, le seul contenr.r descriptif port par /'expretiott est donn par le simple terme < homme D, mais pour qu'il v ait rfrence complte, il faut que le locuteut ait communiqu une proposition existentielle ou un fait vrai pour un objet unique, par exemPle : < iI y a un homne et un seul gauche du locuteur prs de la fentre qui soit dans le champ visuel du locuteur et de I'auditeur L En distinguant ains.i d'une part le sens d'une expression et d'autre part la proposition communique parI'nonc de cette expression, nous sommes en mesure de voir comment une mme e*pression, employe dafls deux occasions diffrentes avec le 'mme sens, peut renvoyer deux objets difftents. < L'homme D Peut tre utiliS' pour rfrer successivement des hommes diffrents, sans qu'il y ait pour cela homonymie. C'est une erreur de penser qu'il puisse exister une classe de notns propres de logique, c'estl-dire des expressions dont la signification'-ellemme est prcisment l'obiet auquel elles servent rfrer : ii est impossible qu'il existe des expressions de ce tyPe, car si l'nonc de ces expressions ne communiquait aucun contenu descriptif, il n'y aurait alors aucun moyen d'tablir une relation entre l'expression et l'objet. Comtnent se fait-il que cctte-exptession puisse ftfrtr cet objet? De la mme faon, dire que lest I I tI

indpendammet des faits, et que les faits taient des combinaisons d'objets. Ce chapitre vise entre autres montrer que l'existence d'un langage qui soit conforme cette thorie est impossible : les obiets ne Peuvent tre nomms indpendamment des faits. La noticn mtaphysiquc traditionnelle de sparation irrductible entre faits et obiets parat confuse. Auoir la notiou d'urr objet particulier c'est uniquement disposer d'r-rne proposition existentielle vraie pour un clbiet unique, c'est--dire, avoir connaissance d'un fait d'un certain type., 7. L'intiocluction de quantificateurs peut tre cause d'erreurs sur ce point, car il est tentant de eonsidrer que la variable lie d'une proposition de la forme (l r) (4") porte sur cles objets antrieurement identifis; il est tentant de supposer que ce qu'tablit une proposition existentielle, c'est .qu'un ou plusieurs des objets appartenant un ensemlie d'objets dej

;.

I

lI i

i

j

i

r4 . J. S. Mill, ,4 Slstent of Logic (London and Colchester, 194,livre I, chapitte z, pat gmphc 5. rt Cf. z.or, t.2oz,j.zo3,).zr,etc. L.\/ittgenstein,'Iractatuslogico-Pltilorophicnt(Londtcs, r96t).

iii'll,

rt8

r39

LES ACTES DE LANGGEgu'en prsence de son matre, cela ne voudra pas dire que s'il aboie, c'est gu'il rJre son matre (mme si ventuellement nous utilisons ses aboiements comme un moyen pour identifier son matre 13).

La

rfrence

colrilte acle de

latt3iage

rfrentielle. Une telle expression laisse encore possible la question < clc qtri (de quoi ou duquel) padez-vous ? r), ct c'est cette Question que la rfre nce d6nie est suppose rpondre.

il li

li

:lii1l

5. Les clescriptions identifiantes ne sont pas toutes d'gale utilit pour I'identification foutnir. Si je dis par exemple < le Snateur du Montana voudrait tre lu prsident >, l'expression rfrentielle contenue dans cette phrase sera peut-tre plus utile l'identification, que si j'avais dit < le seul homme du Montana avoir 8 432 cheveux sur la tte voudrait tre lu prsident D, mme si I'expression contenue dans cette seconde phrase satisfait aux exigences formelles du principe d'identification et que ce ne soit pas le cas pour la premire, tant donn qu'il y a deux snateurs du Montana. Comment expliquer ce fait ? La force propre au principe d'identification rside en partie dans le fait que, si un acte de rfrence, accompli par I'emploi d'une description dfinie, aboutit effectivement, c'est parceque l'expression utilise fournit les caractristiques de l'objet auquel il est fait rfrence; mais tant donn que llacte de. rfrenc_ d6nie a poqr but d'identifer plulQt que {e drire l'objet, l'expression utilise correspondra mieux ce but si les caractristiqui qu'elle fournit sont importantes du point de vue de l'identit de I'objet auquel s'applique la rfrence, et importantes la fois pour le locuteur et l'auditeur dans le contexte de la discussion; et les descriptions identifiantes n'ont pas toutes la mme utilit de ce point de vue. videmment, clans cette analyse, est important ce qui est considr comme tel, et I'on peut facilement imaginer des situations orh le nombre de cheveux d'un homme sera une caractristique d'importance dtenninante - si, par exemple, elle est considre par une tribu, comme ayant une signification religieuse. Dans une situation comme celle-l, on s'inforrnerait davantage du nombre de cheveux des gens que de leur profession, et dans les deui exemples clonns plus haut, l'expression rfrentielle contenue dans la seconde phrase setait plus utile que celle contenue dans la premire. Cependant, je voudrais niaintenant insister sur le point suivant : il est possible qu'une expression satisfasse aux exigences formelles du principe d'identification, c'est--dire qu'elle soit une description identiante, tout en n'tant d'aucune utilit en tant qu'expression

4.7 QUELQUES CONSQUENCES DU PRTNCIPED'IDENTIFIC ATIONDans les sections 4.4 et 4.i, j'ai essay d'tablir le principc d'identification et cle montrer les liens qui unissent l'axiome d'identification et l'axiome d'existence. Je propose maintenant de dvelopper certaines consquences du principe d'identification. J'essaierai pour cela de procder pat tape de faon que le raisonnement soit tout fait clair, toutcs les hvpothses exposes au grand jour, et toute efreur ventr.relle facilement identifiable. Prenons pout point de dpart l'axiome d'identification.

ii. irl Ili

r. Si un locuteur

rfre un objet, alors

il

identifie, ou est capable'

si on le lui demande, d'identifier cet obiet l'exclusion de tous les autres, I'intention de I'auditeur. De ce point, ainsi que de certaines considrations sur le langage, il s'en suit que : -

z. Si un locuteur rfre un obiet par l'nonc d'une expression, ctte expression doit, ou bien (a) contenir des termes descriptifs qui sont vrais pour cet objet uniquement, ou bien () prsenter I'objet au moyen d'lments dictiques, ou bien (a) contenir une combinaison de procds deictiques de prsentation et de termes descriptiis, de faon permettrc l'identification de cet objet et de lui seul. Ou encote,'si I'expression ne correspond aucun de ces trois cas, le locuteur doit tre prt, si on le lui demande, lui substituer une expression correspondant l'un des cas (principe d'identification).

3. Dans tous les cas, la rfrence e-xiste en vertu de faits concernant I'objet, qui sont connus du locuteur, faits qui ne valnt que Pour I'objet de la rfrence, et l'nonc drune exPression rfrentielle sert accomplirI'acte de rfrence'prce que, et uniquement Pour cette raison, elle indique 'es faits, elle les communique I'auditeur. C'est ce point que Frege cher-

La diffrence tient en partie au fait que, contrairemcnt I'intention par ce qu'il clit, de foumir une identification en merant I'auditeur reconnatre son internion (cf. la discussion sur Ia signification, section 2,6).au chien, le locuteur a

13 A quoi tient Ia diffrencc?

chait formuler, de faon uo peu approximative, lorsqu'.il afrmait que toute expression rfrentielle a forcment un sens. D'une certaine faon,

r36

ti7

ril

't

i

i I!

LES ACTE,S DE L.4,NGGE

fr,1I

commun toutes les expressions utilises pour faire une rfrencc identifiante unique. Le lecteur doit se rappeler que dans une langue naturelle comrne l'anglais, les rgles particulires s'attachent ou bien aux lmentsde la structure ptofonde de la phrase,. ou, plus vraisernblablement, un cettain produit des oprations cornbinatoires du composant smantique. Soit dit enpassant, la syntaxe fournit d'assez srieuses raisons de penser que, dans la structure profonde des phrases anglaises, les groupes nonrinaux n'ont pas des formes aussi diverses que la structurc superficielle pourrait le fake croire. En particulier, certaines recherches rcentes suggrent que tous les pronoms de l'anglais sont, si l'on considre la structure profonde des phrases, des formes de l'article dfini r8. Les rgles smantiques pour que I'emploi d'une expression R constirue une rfrence dfinie unique, sont les suivantes :Rgle r.'R n'appatalt que dans le contexte d'une phrase (ou d'un segment de discours similaire); dont l'nonc peut constituer l'accomplissement d'un acte illocutionnaire. (Cette rgle intgre les conditions z et 3.)Rgle z.' R n'est employe que s'il existe un objet Xtel que ou bien R contienne une description identifiantc de X, ou bien L soit capable de complter R par une telle description de X, et tel que, par i'emploi de ll, L-it f intention d'isoler ou d'identier X poat A. Il y a peut tre trop d'lments diffrents dans cete rgle, mais je pense qu'il vaut mieux n'en faire qu'une seule rgle car il ne doit exister qu'un seul et mme objet auquel s'applique l'expression R et que le locutcur ait l'intention d'isoler pour l'auditeur. Cette rgle, tire des conditions 4 er t, pose que I'axiome d'existence et le principe d'identification s'appliquent toute expression rfrentielle, et en mme temps, elle fait clairement appatatre que la rfrence est un acte intentionnel.

j La prdication

r1I

.t

I

. 'li

;i riI

,l:liI

rl

;i

I

'lr

t1 ltt

r,l

l:

il;iri

l,

il

it iiitrl

Dons .e chapitre nous essaierons cle complter notre caractrisation de I'acte illocutionnaire par l'analyse cle I'acte propositionnel de prdication. La prdicatior, tout comlne la rfrence, est un sujet (difficile) depuis longtemps dbattu cn philosophie, et, avant de donner une analyse de la prdication en tnt qu'acte de langage, j'examinerai certaines thories bien connues de la prdication ainsi que le problme de < I'engagement ontologique u (ontologicai cornmitent) qui s'y rattache. Je commencerai par exposer I'analyse de Frege sur ce point.

tlril

iilt

iilllrilliiil

t.r

coNcEpr El" oBJETr o'Apns

FREGE

illt

[]triiii llrlt

iiliiiill llill

!iil

rilt ii

'tl

ilitlJi

tiIirltli

llli

li l|hllliili,ii

Rgh 7 : noncer R revient identi-fier-ou.extraire X l'intentio n de A. N.s. Comme dans les autres systmes qui contiennent des rgles esse'tielles, ces rgles sont ordonnes : z ne s'applique que si la rgle r qui la prcde a pu jouer, et 3 ne s'applique qu'aprs r et z.

Dans l'affirnation qui cst faite dans la phrase : < PauI est ivre r, y a-t-il quelque chose qui soit < .., cst ivre D, ce que Paul est < Paul ri? Cette question est-ellc mrne pcrtinente? Frege, qui supposait que cette question tait Pertinente, a donn la rponse suivante : de mme que < Paul D un sens et possde, en vertu de ce sens, un rfrent, savoir : Paul, de mme ( ... est ivre ,l a un sens, et possde en vertu de ce sens, un rfrent. Mais, quel est Ie rfrent de < .'.. est ivre r ? Frege rpond : ( un concept l. Ce qui amne immdiatment la question : ( qggl gencepg,r. LT6i's-que I'on serait tent de donner est : < lp concept zTrcsre rL Mais il est vident, Frege I'a d'ailleurs bien vu, que cette rponse ne tient pas, car si elle tient, < Paul est ivre > doit pou-

voir

se tracluire par < Paul le concept ivresse

r, ou doit au moins avoir la

mme valeur de vrit, et ceci, conformment l'une des formulations de

ii;i'llil.

ll]l liili

ill

iil.

Ili'

18r42

P. Postal, 'On so-callcd p/onouns

in English', (ronotyp) Quecn's

Col.legc, N.

\'.

r La thorie des conccpts de lirege ntre daos sa thorie gntale des fonctions. Dans la suite dc I'cxpos, llrcs rcmarques se linriteront la thorie des concepts, ie pense cepen(lxnt (ple les cr>nclusions pcuvcnt s'appliqucr de faon gnrale sa thoric des fonctions.r43

lli:i

lr:llrtr

llr lt;

!lit.,

.iJ:

6t1

il;i

rii

LES CTES DE LNGAGE idufs ou susccptibles d'tre identifis, possdent telle ou telle caractristique. Pour viter ces interprtations mtaphysiques trompeuses, on pourrait lirc les propositions de la folne 0 r) (") cl.e la faon suivante : < lc prdicat/s'applique au moins un objet >, au lieu cle l'habituel : t il y a un objet qui estrfr. 8. Pour toutes ces raisons, la rfrence n'a absolument aucune porte logiErc (daas l'une des acceptions du mot < logique >). A toute propositioncontenant une rfrence nous pouvons substituer une proposition existentielle qui ait les mmes conditions de vrit que la proposition primitive. C'est ce point qui nre parat la dcouverte essentielle sous-jacente la thorie des descriptions. Je ne dis pas par l naturellement que l'on puisse liminer tous les terlnes singuliers, ou qu'il n'y ait aucune diffrence entre la proposition primitive et sa formulation existentielle. Cela signifie seulelrent que les conditions pour que l'une soit vraie sont identiqLres aux conditions pour que l'autre soit vraie.

La

rf,irenee contnte acle de larytgc

4.8 RcLEs DE

RFRENcE

Nous sonrmes prsent en mesure d'tablir pour I'acte propositionnel de rfrence, une anaiyse parallle celle que nous avons donne pourl'acte illocutionnaire de promesse au chapitre 1. Je suivrai le nrme schrna d'analyse : je comrnenceraipar prsenter I'analyse en termes de conditions, et je tirerai ensuite cle ces conditions un ensemble de rgles gouvernant I'emploi clg l'expression rfrentielle. Il faut insister sur le fait que, l encore, c'est un modle idal que nous construisons, Soit une expression R cmploye par L en prsence de I dans une situation J,' admettons de plus que R est employe littralement; nous dirons alors que L accomplit effectivement et sas dfaut l'acte de langage de-rfrence identiante uniqtre si, et seulement si, les concliions r-7 sont

oa bien L est capable de cotnplter R par me devriplion idenrifante de x. cette condition englobe la fois I'axiorne d'exisrcnce et Ie principc d'identification, conformment l'analvsc qlre nous avons donnc clans les sections 4.4et 4.t. j. L a l'irtention ez rcnant R, d,inler ot d,itlentif* X aax j,ettx tle A. 6, L a l'intention, en nonanl R potr idetilifar X aux-1,crrx dc A, rlc parrcnir ce rsaltat efl atleflailt A recowtatre /'intcnliou qn'a L rl,ide ulifer x, ct L coltple,Pour qt/c cctte reconnaissa;tce ait lieu, srr la comaittance r1tr,a L des rg/cs gouaeruail R, t sar h fajt te A c$ cotttciett dc S. cette condition inspire par Grice nor.,i p".,.,r.t cle clisti'guer la rfrence un objet, d'autres moyens possibles pour attirer l'attention sur cct obiet' Je pourrais par exemple attirer I'attentiori de mo' aucliteur sur Lrn objet en le lui jetant la tte ou en le frappant avec. N{ais il n'y a pas l,dee

soit pas ralis efl-cctiveme't. que russisse rfrer effectivement quelq.,e chose mr:re si mon nonciation'est trs confuse, meis ii faut quc ce soit autre chose q',rnc suite de sons inarticuls : je dois au moins avoir |intention .l'accorr.,plir t,n acte illocutionnaire, quel qu'il soit 16. Il-existe un objet X tel qae, ou biet R conliettt unc descriptiort itluttifaute

Il

Il se que , se peutpcut je l'acte illocutionna.irc 'e

_ 7_.

x,

fait que mon auditeur ait reconnu mcs intentions.

en gnral, d'acte de rfrence, car I'effet recherch n'est pas obtenu-par le

7. .Les rghs snantiquer gouuefttaflt R sont te//es wrc Rest enp/01,c clrcctcnezt l'ixtrieur de T darc la situalion S, si, et sctlencrt ti /es coulitiotts r.6 sotttsatitfaites t7.

sltisfaites

:

Telle qu'elle est fornrule, cett a.alysc pourr gner lc lcctcur, arL moins pour la raison suivante : tant donn que j'ai anall,s la rfrencc en gnral; et par consquent, indpendamme't du fait q*;elle soit oprc 'l'aide de noms propres, de descriptions dfinies ou autrement, mon analyse a un caractre trs abstrait, c'est--dire qu'clles noncent ce qui est

r. Let coadilious nortnales de dpart et d'arriae sont raliset. z. f .'aorc fu R a liea ti /'intlrieur d'me pltrase (or d'un regneilt de discourtquiw/ent).est

I

I

1. L'nonc de T reprunle l'accontplissentent d'un acte dorl conne te/).

i//octrlionnaire. (ou

!

I{, Q.i rcptsente,.transpos dans I'acte- et . Clest cette irnpossibilit d'isoler la notion de concept qui a conduit Frege dclarer que les concepts sont incomplets et non-satufs. ' Cette urrlyr" permet de mieux voir la distinction nettement tablie entre les concepts et lei obiets. Pour Frege, un objet est tout ce quoi on Peut rtrer l'aide d'un syntagme nominal au singulier, que ce soit une proprit, une quali{rcation, un nombre ou utre chose. Tandis que la tfrence

I

..r, .o.r."it est uniquement I'attribution d'une proprit par I'emploi

d'un prdicat grammtical.

u' la conclusion (a), Frege utilise le mot ( concept D Pour signifier < proptit une proprit I' par consquent, < rire un concept > signifie

9

(Londtes' 1954)' Cf. M. Black: rFrcgc on functions t,Problcnt of Analsi: Cf. pat cxcmple, Gcach i oP. cit. Lit. Hum. Boatd, (Oxford, r915)' n"pitt notipoblic^u

ro

Gcach ct Black (ed.), 0p.

cil', rcspcctivcmcnt p. t r ct p. ,o. r41

r46

4.i

I-,e principe c{'idcntification .rJ0

a.6 4.7 4.s

Restrictions a,u principe d'identificatiort IJJ Quelques consquences du principe d'idcntificatiouJ4Rgies rie rfrence r4o

De Saussure la philosophie du langage

5

La prdication

I4jIrrege I4t LNGUE, PROLE, CTE DE LANGAGEActs off1e-au traclucJohn R' Searle" Slteech Ii tait fort tentant teuf des piges redoutable"s - rd"outabies et signicatifs. tre d'un certain cl'utiliser I'expression < Actcs d.snllele 'r, qui c""'-ence

J.I j,z j.t j.4 j.,

Concept et objr:t c{'aprs

Le nominalisnre et I'existence des universaux rro T-'engagement ontologiquet r tJ tr-es propositions et la thorie des tcrmes t6r Prdicats et universaux r68 5.6 La prdicatioq est-eile un acte de langage? r7r 5.7 R"gles de prdicatiorr rZJosuxrdn T:AR.TIE : QUELQUES PPLrcTroNs

l)s son titre, I'ouvrage

cle

;';il;;Ies

6

6.r .4.2 64

Trois erreurs de la philonpltie coemporaine t|r L'erreur de la. thse cle l'erreur naturalistef.nerreur sur les actels de langage ' r87 L'enetir sur l'assertio rg2

>

r8z

r^'i'- un contre se*:; con;idre'ie' et dissirnuler ce qui est r. fiir\-cilii"al dens l'"uvt[", -Cri{;fi1"plus J'"n..ig.r.*.n, poo, ta lingoistlgtg:-ar S"carie, q9.rilrant ""P1:,t-::"ttn' >

B-*riuatioa

8.1 "T-a drivation 8.1Ittdsx

pJa

ltartir

de t(

e$

tt

zzt

B"z Nature cles problmes soulevs 2i6Oblections et tponses aux obiections 24.l

laclbreoppositioncleSaussure,onperlTrettrauLnlinguistecl,essayercle situer ces nrtii,l, /angagie Par rapport la tradrtion saussurientre' de un des apports ., oirrr^.untests de saLussure au dveioppemenL de cette etla ttalire la lingnistiqu est l" distinctio* qu'il tablit entrc1,'abiel 1. I- matire de la linguisiique, c'csr ce qu'elle trouvec.rntne cionn, ,.i.n. sociolol'ensembie des vnem*nr,"- physioiogiques" psychologiques'" _ Iis l,utilisation du iangage pal ur'Ie co].lectivit : toutes'les condi . giq.,", consquencer*dJ l;actinit linguistique en fo^t partie'

'

tions et toutes les

2t

I

I I

lI I

n'est pas Ainsi conue, malheure'.riement, la matire de la linguistique la constituent -sont si susceptibl; d,une tucle directe. I-es phnomnes qui diversetsihtrognes,etlislesunsauxarrt(esciefaonsorrventsiiclre,

lr

i

'l'-1..II

tra'nsforme que le linguiste se irouverait rlevant une alternativc;, rapidement les inibrmations posen ditemme. ou. bien recueillir sans exclusive tolrtes renoncer l,espoir cle sibles concernnt cs phnomnes, mais alors iI faut dsordonn cle notatiorls eonstfuire ,rn. ..i"rr.i et se contenter d'un amas htroclites. Ou bien circonscrire cians cette tnatire un dornaine ilarticulier

lJ

t Cotrr de lingrtitlirye

gnrale,

intrr:duction, clupitres z ct 3'

;l

rl

,i:iin ii{,:r

t::

-

-

f

LES CTES DB LANGAGE sion , d'assigner arbitrairen-rent u oom propre qr-relconque < b l au rfrent du prdicat, et I'on peut ainsi, par substitution, rduire la phrase primitive une liste : < b a u, qui n'est pas elle-mn-re une phrase. ce stadeo il y a deux tctiques possibles :,i:

T

(a) le terme , etc.) n'a pas le mme sens suivant qu'il s'applique un prdicat ou une expression rfrentielle unique. Il s'en suit que la rduction une liste ne tient pas. (&) L'entit laquelle on rfre u moyen d'un prdicat est de nature trs particulire, si particulire que ds que nous essayons de rfrer cette

:I

rrP. 9.

Cf, par exemple, R. Catnap : Foundatiqts of Logic and lv{ailtenalics (Chicago, r93 9)

iiilil.'|rii

t4g

LES ACTES DE LANGAGE Mais par un raisonnement semblable, de I'aftmatioo qu'aucun d'eux n'est il dcoule qu'il y a au moins une qualit qui leur fait dfaut tous deux. Les ralistes ont naturellement accumul les non-sens en parlant des universaux; les univetsaux se prtent d'ailleurs fort bien ce genre de discours (exemple : o sont-ils, les voit-on, combien psent-ils ? etc') si nous les ramenons nos exemples types d'existence, tirs de I'univers des objets matriels. Mais ce 'est pas parce qu'on peut les commentet de faon absurde, que ces dductions cessent d'tre des exemples de raisonnements valides effectus dans le langage otdinaire. Tant que Ie nominaliste afErme que I'existence d'entits particulires dpend de faits rels, et I'existence des universaux seulement de la signification des mots, il tout fait raison. Mais il tombe dans la confusion et l'etreut gratuite, si sa dcouvette I'amne nier des vrits aussi triviales que celles-ci : il existe une proprit qui est la proprit d'tte rouge, et, la proprit d'tte un centaure existe. Car l'assertion de ces propositions n'engage rien de plus que ne le fait I'assertion que certains prdicats ont urr sens, Pourquoi vouloir vitet cet engagemet ontologique, puisqu'il ne nous engge pas plus que nous ne le sommes dj lorsque nous tenons Pour une vrit vidente que, par exemple, I'expression ( est un centaue )) a un sens ? Il se peut tts bien naturellement que le nominaliste se soit laiss abuser par les fumes derrire lesqueiles se cachent ses oPPosatts platoniciens : il est peut-tre incapable de saisir ce que Frege voulait signifier lorsqu'il posait l'existence d'un < tiers ordre I d'entits, peut-tre fait-il objection aux thses platoniciennes qui nous enggent vis--vis de faits qui peuvent lui sembler douteux, telle par exemple, la thorie mathmatique selon laquelle il ne peut y avoit une suite infinie de nombres naturels s'il n'existe un nombre infini d'entits particulires. Mais le platonisme ne se prsente pas ncessairement sous ces formes, et le nominaliste a tort de le condamner lotsqu'il prend des formes o il est vrai d'une faon vidente et qui ne sont nullement inquitantes. On peut tablir le point suivant qui est de porte tout fait gnrale : si deux philosophes s'accordent sur la vrit d'une tautologie comme : ( tout ce qui a une couleur est soit rouge soit norr louge D, et Partir de cela l'un en conclut que la proprit d'tre touge existe et l'autre refuse de tirer cette conclusion, il ne s'agit pas l d'un dsaccord mais seulement d'un malentendu. Ou bien ils donnent la conclusion une signification diffrente, ils ne comprennent pas qui setait contraire l'hypothse ou bien - cesens la ptoposition primitive. Il n'y-a aucune autre possibilit. dans le mme

La prdicitioilMais s'ils reconnaissent tous deux que la premire propositio est une tautologie, alors il est impossible que la seconde donne lieu un engagenent auquel ne donnerait pas lieu la premire, et puisque les tautologies ne nous engagent jamais reconnatre un fait extra-linguistique, la seconde proPosition ne nous engage pas non plus vis--vis d'un fait. Les tautologiesn'entranent que des tautologies. On peut dire de faon gnrale que pour savoir quel engagement on est soumis quand on asserte l'existence d'une entit, il faut examiner la nature des arguments avancs pour prouver son existence. (Ceci n'est qu'un cas. particulier du principe l pour savoir ce que prouve une Preuve, regardez la preuve). Je pense que la vanit des discussions auxquelles ont donn liett ces problmes tient en grande Partie u fait que I'on a nglig ce principe, nous le verrons dans la section qui suit.

intelligent

,

.3 L'ENGAGEMENT ONTOLOGTQUE

Dans cette section, je voudrais examinet plus fond la notion d'engagement ontologique, du moins telle qu'elle a t prsente dans des travaux philosophiques rcents.

Certains philosophes, Quine en prticulier, ont t attirs par l'ide qu'il pourrait y avoit un critre d'engagement ontologique, un critre gui permettrait de savoir quelles sont les entits qu'une thorie nous engage admettre. Dans une de ses premires recherches Quine tablit ce critre par rfrence la quanti{ication des variables. < Postuler une entit c'est purement et simplement la considrer comme valeur d'une variable 12 L Ce point de vue a t exprim plus rcemment comme suit :

Pour autant quron accepte cette notation (de la quantiEcation),

les

objets dont on est cens admettre I'existence sont Prcisment les objets que I'on reconnat appartenir l'univers dans lequel les variables lies par la quantification doivent prendre leur valeur 13 rl.

Je trouve ce ctitte extrmement gnant; vrai dire, j'prouve cette mme gne devant la plupart des discussions rcentes concernant I'engage-

12 V. Quine, From a Logica! Poinl of Viev (Cambrdge, t96r), p. t3 7, \7. Quine, Vord and Object (Cambridge, 196o), p, z4z.

r.r2

rtt

LES CTF]S DE I,ANGAG nyrnie (quel que soit le sens c1r-re l'on ilonne ce mot)' Peri impotte qu'elle clise exacternent la n.rme chose que I'allrmation qu'elle paraphrase.

.Lt prirliritlir;ttrent, en donnant sirnlrlement une paraphrasc clu type c1c ceilc clonnic p;rr Q dans I'cxe'rple des n.rilles. Je vo,clrais drnontrer que si no's es-alorjs d'utiliser ie critre, I'engagement ont,rlogique clevierrt absolurncnt irsaisis-

: Cet reunlent est extrmenrent

gnant. D'aprs le critre clonn par Q,

tout se pxsse cornme si des aillrnrations adrnettaient comme praphrases ries aflirmations quivalentes mais formriles tlans une ootation cli{Irente, afllrmations qui, d'aprs le critre, aboutiraient des rsul-

quoi et, dans la mesure o') le ciitre s'appiiq'e, tre engegds

sable l ayant toute libert de fournir des paraphrases cians clivcrses notations comrre le fait Q dans l'exemple cles milles, rroris pol1l:ons dile n'inrpoltc vis__i

tts diilreflts mme si les engagements qu'elles comportent sont iclentiques. Considrez l'engagerllent contenu dans : < il existe au moins une chaise ir, c'est--dire t. (l t) (x est une chaisc). Prenez ensuite Lrne Paraphrase de fbrme : < la proprit d'tte une chaise s'applique au moins un objet r, c'est--dire t. (l P) (P : tre une chaise et P s'applique au

n'inrporte qr-roi. Je prouverai ceci en tl*ontrant que, d'aprs cc critre, il nor-rs est possible d'asserter I'cxistence de toutes les connaissances scientitquc-s tablies tout en n't:nt engags que vis--vis de l'existence cle ce cral,on r7. soit < K rl une abrviation reprsentant la conjonction des afllrmations

is

de

nroins nn objet). Selon le critre de Q, il semble que l'engagenent contenu dans r et e doive tre diffrent, mais puisque z n'est qu'une simplc paraphrase de r, on voit mal comolent I'engagement qu'ellescontiennent pourrait tre diffrent.

qui posent toutes ies connaissances scientifiques existantes Dlinissons un prdicat P de la faon suivante :P (x)

rs.

: tlf ::

c" crayon K

Drnonstration

Q : Il sr-rfrt pour rpondre, de se rfrer. la prernire rponse donne ci-dessus : I'engagement vis--vis d'entits abstraites que supposela seconcle des deux arnnations donnes plus haut, n'a aucun c!accaractre nrcssaire.Il n'y a aucun besoin de postulet un tel engagement

r.

ce cfyon

z.K J, :.4. .'.

.:

ce cfa)'on (axioruc)

ce cfayoll : ce P (ce crayoo)

(axione)

cralon K

pace que touie phrase du tvpe de z admet comme paraPhrase une phrase du type de r. Ceci ne revient-il pas simplement dire que I'engagement dans ce cas n'est qu'apparent et non pas rel? Ou bien, si A tient ce qu'il soit rel, n'est-ce pas prcisment un vantage du point de vue de I'explication, de pouvoir noris dbarrasser de cet engagement, sans quc cela nuise en rien la thorie ? Le critre donn montre que r ne colr-rporte pas i'engagement indsirable contenu dans z.

t...'lx(Px)

A r Q 'a pas rpondu

la question. 1l ne peut y avoit ucun engagement, impliqu dats z, qui ne Ie soit aussi clans r parce que ce sont exactment les mmes faits appartenant au monde rel qui rendent vrais r et z. L'engagerte nt dcsnt il s'agit estun eilSagett/r,ll vis--vis de I'existence de ces faits rels, quelle que soit Ia notation utilise pour les tablir.

Ainsi, en suivant ia rduction ontologique propose par.e, no's di'ronttons que, par rfrence au critre de I'engagement o'tologique do'n par o, i'unique engage'''nt requis pour assertcr I'ensemble d"i oltit, scientifiques tablies est un engagernent vis--vis de I'existencc - (renoncer arr:t universgux) ? Je pcux autorir.i 1, .oi,,, n-.,r..],i,r,, ,r. p'rs sutoliscr mcs cnl:rnLs ;\ r,-c irrsolcnts, lr-.ri. ioinmlnt m'y nrcnt)r.ri-jc 1.. ',,r,i des nonrbres ou des clas,.:s? r,'erirploi qrii cst lait de_( rccom3.trc u "utl.ir.. , n,est pis mcilleiir. si quelqu'un vous dclarc srieuscmt qu'il tcconn:iit l'existcnce J* .lr- i;;,1;;;.i;. ,".,. pcnsclcz vr:r.iscmbla'ol;nrent : ri cornrnelr pourrlit-il ne prs lc r"l-r-..r-ii,,ri,,gt"l -- \!J!'!'!r!con'rnre

Jr.rsqu' ptsent clonc, la question pose au clbut de cette cliscussion qu'est-ce clui est au prdicat " ,., est ivre ", ce que Parul est " Parrl "? r), nous rponrlons : . 'Iais notre conclusion est peut tre trop htir.e. L'chec clc la tentative de Frege visant tablir une s1'mtlie entre sujet et prdicrt rsulte pcut-tre du lait qu'il a voulu pousser trop loin cette sytntrie. Ii est per.rt-tre possiblc d'en clonner une riutre interpttation, mais de porte plus modeste. Strawson 21 a tent cle dcr:ire la proposition sujet-prclicat en tctnres plus neutres que ceu\ cle lirege, tout en se situant cians le mme cadre (mais je ne dis pas qu'il se soit inspir de Frege). Strarvson dit que sujet et prdicat identifient torls dcu:i dcs ntlitiol cl'adcpration que cloit sa"tisfaire toute anelyse rle la signifrcation {'un mot ct cette conrlition, I'analyse cn xctes de langage ne

ie rcmplit p:}s. 'Iotite a1al-yse cie le signi{ication cl'un mot (ou d'tin rnofphnie) doit tre corlpatililc ar.cc le fait que le n'rme mot (oll motphme)

peut consefyer la mme signification dans toutes les phrases grammaticalemcnt cliffrentes oir ii apprrat. Les transformations cl'orclre s)'ntalique clue pent subir unc Fi1frrsc nc r.notl