Les Agendas 21 depuis Rio - De l'écologie urbaine à la ville durable

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Conférence de Florence Rudolf, Sociologue, professeure des Universités à l'Institut national des sciences appliquées (INSA) de Strasbourg, et Professeure invitée à l’École d’architectureDans le cadre d cycle de conférences « les défis des villes à l’ère du développement durable », organisé en collaboration avec le Centre de recherche en aménagement et développement (CRAD)

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La modernisation cologique:des biens et services co linvention dune urbanit durableHDR de sociologie, PR2,Insa de Strasbourg, Architecture, Morphologie Urbaine et Projets (Amup, JE 2471) [email protected]

Florence RUDOLF

La modernisation cologique

La modernisation cologique est porte par un mouvement social qui questionne les rapports sociaux de nature . Les rapports sociaux de nature peuvent se lire partir de lobservation de notre relation la matire et aux choses, mais aussi au vivant et aux humains. Ce mouvement social dbouche sur une critique des impacts des tablissements humains sur ltat des ressources naturelles et des cosystmes.

Les rapports sociaux de nature

Pour rappel, la sociologie questionne les tablissements humains dans leurs singularits, mais aussi dans leurs similitudes. Elle analyse les rapports sociaux , cest--dire la part de libre arbitre dont disposent les individus par rapport des collectifs. Lanalyse des rapports sociaux de nature peut se dcliner travers les relations que nous entretenons la matire. Quelles sont nos manires de nous loger, de nous vtir, de manger, de cultiver, dlever des tres destins lalimentation, de produire, dinstruire, de transmettre notre culture, celles des autres, etc.? La question de la nature concerne donc lensemble de nos pratiques, de nos institutions et les objets dont nous nous entourons, avec lesquels nous faisons monde (mode de production et amnagement du territoire compris).

Malaise dans la civilisation

Ltude des modes de vie (manires dtre, de consommer et dtablir des relations avec la matire et nos semblables) des socits anciennement industrialises conduit lobservation suivante: ces dernires entretiennent des rapports de consommation, voire de prdation leur environnement. La dgradation des cosystmes et des ressources naturelles sert de point de dpart une rflexion critique de la modernit et du progrs. Cette critique sappuie sur des donnes tangibles, taye scientifiquement, ainsi que sur des donnes plus culturelles et subjectives, tayes sur des sentiments et des tats collectifs de dprime, notamment. Ces critiques peuvent servir des visions nostalgiques ou progressistes : des utopies tournes vers le pass ou vers le futur. Un des principaux dfis de ces imaginaires cest de servir le passage laction.

uvrer des transformations collectives!

Selon Max Weber, laction peut tre traditionnelle, affective et motionnelle ou rationnelleComment qualifier une action qui procde dune critique qui peut-tre motive par des motions? Il sagit dun processus de rationalisation adoss des motions, (des rapports aux valeurs selon Weber). Les motivations cologiques qui uvrent une transformation de lexistant (tradition ou premire modernit) peuvent tre plurielles. Les transformations quelles appuient peuvent recourir diffrents registres (thiques et moraux, conomiques, techniques et politiques, ), mais ne sauraient tre exclusivement individuelles. Cest des transformations sociales quil convient de pousser.

Eloge du recyclage et de la simplicit volontaire

La critique cologique du quotidien va impulser une rflexion sur les cycles de vie de la matire dans la socit de consommation.

Elle attire lattention sur le recyclage et le cycle de vie des matires comme alternative la production de dchets, aux dcharges et aux incinrateurs, mais elle rend galement attentif lavantage de lautolimitation volontaire (simplicit volontaire). Le recyclage cest bien, la sobrit cest mieux!Quelle sadresse des usagers ou des propritaires, la modernisation cologique ou rationalisation cologique insuffle des motifs thiques indits, voire dsuets. Elle remet en circulation des principes qui taient tombs en dsutude. Lpargne et la prcaution sont remises lordre du jour.

Promouvoir des matriaux nobles

Quest ce quun matriau noble ? Un matriau qui est bien support par les organismes humains, mais galement par les autres organismes vivants et les cosystmes. Mais il sagit aussi de produits et services dont la production devrait tre exemplaire en termes de bilans. Ce sont des matriaux dont la production ne prsente pas deffets pervers plus ou moins long terme.

Des matriaux et des services soutenables cologiquement et socialement doivent veiller aux dsquilibres cologiques et sociaux engendrs lors de leur extraction, production, transport, consommation finale, limination, etc. Ils ne doivent renforcer ni les ingalits environnementales ni les injustices sociales.

Affirmation dune nouvelle thique (1/2)

Lengagement dans une logique de lpargne et de la sobrit pousse des dclinaisons, dont nous navons pas encore fait le tour, loin sen faut!

Lconomie cologique rompt avec lconomie strictement montaire. Elle pousse la reconnaissance des services cologiques et sociaux (services apports apports par les cosystmes et par les rapports sociaux comme les services rendus par les femmes, mais qui nentrent pas dans la comptabilit). Cette approche uvre la promotion des analyses multifactorielles.Dvelopper une conomie dusagers plutt que de propritaires. Lutilisation ponctuelle de machines est moins gourmande en cycle de matire quune conomie de propritaires. Lautopartage se prsente comme une alternative lauto-immobile des propritaires dautos.

Affirmation dune nouvelle thique (2/2)

lpargne et la sobrit, il convient dajouter le principe de prcaution. Ce dernier a t introduit en considration des pouvoirs technologiques dont lespce humaine sest dots et des risques de dgts irrversibles engendrs par des gestes et des interventions peu prcautionneuses. Le principe de prcaution stipule quil est prfrable, en situation dincertitude (association entre controverses scientifiques et menaces irrversibles), de privilgier la prcaution la logique du dveloppement. Le principe de prcaution ne correspond pas ncessairement une politique attentiste. Son application passe par linstauration de moratoires, lintensification de la recherche, voire llaboration de politiques audacieuses

De la cause cologique la soutenabilit

Llargissement de la cause cologique la cause sociale trouve une traduction dans la notion de soutenabilit. Les tablissements humains doivent aspirer la durabilit ou la soutenabilit. Exprim en ces termes, il ne fait pas lombre dun doute que lcologie politique et le dveloppement durable sinscrivent dans la modernit. Ils insufflent des visions qui poursuivent la qute dune rationalisation scientifique et technique orchestre dmocratiquement. Selon cette approche, les principaux griefs lencontre de la premire modernit tiennent plutt son univocit (rationalit instrumentale, au service de la puissance, et faible dmocratiquement) qu lidal des Lumires (association de progrs scientifique et technique et de progrs social).

Ethique et politique

Les appels la conscience et la responsabilit des citoyens, des citadins, des consommateurs, des entrepreneurs, etc., ne sauraient nous dispenser de politiques ambitieuses et courageuses. La rduction de la modernisation cologique et du dveloppement soutenable une thique individuelle et individualiste conduit une impasse. Lindividualisation des problmes cologiques et sociaux constitue un des principaux flaux de notre temps.

De la production de biens et de services

linvention dune urbanit soutenable

Les villes, volontiers prsentes comme des uvres humaines par excellence, nchappent pas aux principes noncs ci-dessus. Objets et sujets, elles forment une deuxime nature partir de laquelle il est possible dtudier les conditions de soutenabilit dune socit, dun territoire et dune civilisation. Ltude de la ville et des formes durbanit constitue sans doute laccs privilgi ltude de la soutenabilit. Lamnagement des villes reprsente, par consquent, un enjeu de taille de la perce de lcologie politique et du dveloppement soutenable.

Lapproche par le mtabolisme urbain

Comme pour les biens et les services, la transposition de la dmarche gestionnaire et comptable la ville, se traduit par la promotion du mtabolisme urbain. Le mtabolisme urbain invite procder une rationalisation multifactorielle et intgre de lensemble des activits humaines de manire limiter les pertes, le gaspillage et les sacrifices humains potentiels, sources de sentiment dinjustice et de ressentiments. Le mtabolisme urbain permet de calculer lempreinte cologique dune ville, un indicateur prcieux pour se faire une reprsentation de limpact dune conomie urbaine sur son hinterland . Combien de terres sont ncessaires la production de telle ou telle ville?

Limites de cette approche

Les villes sont des lieux de production de la culture. En paraphrasant Edgar Morin, on dira de la culture quelle est aux socits ce que le gnome est aux espces, lquipement de base, le potentiel partir duquel composer avec lenvironnement et lhistoricit. Sil est judicieux dans le cadre dune rflexion sur les rapports sociaux de nature de suivre le cycle des matires et de lnergie il convient de ne pas oublier linformation et la production symbolique de la socit ! Les villes ont un rle jouer dans les processus de transformation des mentalits en vue dune soutenabilit accrue de notre civilisation. Si les villes forment des cosystmes imparfaits, dans quelle mesure forment-elles des leviers pour une transformation culturelle susceptible de peser sur la civilisation moderne?

Les villes : actrices du dveloppement soutenable?

Nous identifions deux manires daborder ce dbat. La premire sorganise autour dune lecture matrielle, morphologique et dynamique des villes ; la seconde rflchit au poids des villes dans la production de modes de gouvernance dmocratiques. Larchitecture et lurbanisme sont des vecteurs puissants de nouveaux modes de vie. En retour, ladhsion de nouveaux modes de vie exerce une pression importante sur les politiques damnagement des villes et des territoires. Cette rvolution sera dautant plus complte quelle intgrera un autre rapport au travail et la distribution des services publics. La deuxime entre est relative la dmocratie urbaine. Les villes ne peuvent sengager dans ce combat quen sappuyant sur la dfense de la dmocratie locale.

Vers une conomie urbaine faible en carboneScnario 1: Attentisme intelligent selon deux variantes Ractif Adaptation au fil de leau sans anticipation. Offensif Anticipation et innovation (prix, informations). Scnario 2: Volontarisme selon deux variantes Scnario 3: La ville postcarbone selon deux variantes

Centralis Forme urbaine Ltat investit dans les infrastructures, nergie, logements. Dcentralis Cration de biorgions . Modes de vie

ConclusionMerci de votre attention Place la discussion!