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P R E S S E Cie MaMuse et Cie de l’Inutile présentent LES AMOURS INUTILES d’après 4 nouvelles de Guy Maupassant

Les AMOUrs INUTILes - Théâtre du Grand Rond gnie MaMuse remettent le couvert autour de Maupassant, pour une création signée, parlée, et surtout jouée par tous – six comédiens

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  • p r e s s e

    Cie MaMuse et Cie de l’Inutile présentent

    Les AMOUrs INUTILes d’après 4 nouvelles de Guy Maupassant

  • @ T O U L O U S E - M A I 2 0 1 4

  • L A D E P E C H E - F E V R I E R 2 0 1 3

  • L E B R I G A D I E R - F E V R I E R 2 0 1 4

  • Centre culturel Alban-MinvilleGéométrie variable : Publié le 11 Avril 2014

    Du théâtre bilingue. Veut-on dire : surtitré ? Traduit par des interprètes en bord de scène ? Pas du tout. Il est vrai que l’expression a de quoi surprendre : seule la langue des signes permet cette situation inédite d’un spectacle offrant un réel bilinguisme sur le plateau, et non pas une commune VOST. La compagnie de l’Inutile (dirigée par Eric Vanelle) et la compa-gnie MaMuse remettent le couvert autour de Maupassant, pour une création signée, parlée, et surtout jouée par tous – six comédiens contre trois à l’origine –, sans que jamais l’une des deux langues ne se résume à une traduction de l’autre. Une re-création, en fait. Mais pas tout à fait non plus.

    Tout commençait il y a une paie par une première adaptation théâtrale de nou-velles célèbres (Les Beautés inutiles, avec Boule de Suif entre autres) ; s’ensuivait une deuxième adaptation dans le même esprit (Les Amours inutiles) que le metteur en scène recréa il y a peu dans la perspec-tive d’une version en LSF, avec Delphine Saint-Raymond, Lucie Lataste et Martin Cros – gros travail, on s’en doute (ou pas, d’ailleurs, tant les spécificités de la langue des signes restent méconnues), que cette entreprise de traduction de Maupassant ! Une fois les trois comédiens signants en pleine possession des quatre nouvelles – Le Moyen de Roger, Le Lit 29, L’Inutile Beauté et La Serre – une fois la mise en scène retravaillée pour intégrer le signe,

    sa puissante expressivité, les trois comédiens de la version pour entendants (Corinne Mariotto, Laetitia Bos et Eric Vanelle) ont rejoint le chantier afin de fusionner en un assemblage bilingue. On te voit déjà cligner de l’œil, lecteur : alors quoi, on colle les deux et puis ça tient ? Nenni.

    Le piège était de taille, le spectacle n’y tombe jamais, ou peu s’en faut : le strict parallèle, la simple juxtaposition, auraient donné une mise en scène bien pauvre et nié l’intérêt principal du dispositif, le dialogue entre les langues autour de ce trait d’union qu’est le théâtre. L’écueil devient finalement un atout. On sent ici l’approche du scientifique, partant méthodique-ment à l’affût de toutes les configurations possibles à partir de ce cocktail assez complexe : trois comédiens signants (dont une entendante), trois comédiens entendants parlants (capables de donner du leur pour brouiller les pistes linguistiques) […]

    La force burlesque de ce spectacle tient finalement moins à la mise en scène de Maupassant (déjà efficace, voir l’article sur la version d’origine) qu’à la mise en scène du bilinguisme lui-même. Les comédiens jouent des deux langues tant que de leurs personnages. Afin de bien comprendre, il faut avoir à l’esprit la configuration de ces quatre nouvelles : elles focalisent toutes sur la relation amoureuse ou conjugale, mettant en lumière le couple, la présence d’un narrateur s’ajoutant pour créer un trio. Un trio ici dupliqué.

    Sans surprise, les passages les plus réussis sont ceux où l’on quitte le principe du reflet pour briser les couples et triangles. Tel instant où les personnages incarnés par les comédiens signants jouent avec ceux incarnés par les comédiens parlants ; tel autre où les deux hommes entrent en communication, les deux personnages féminins itou, créant un surplus de sens, une minuscule mais malicieuse brèche dans le quatrième mur. Parfois, le jeu en LSF précède le jeu parlé ; parfois, les comé-diens signants sont seuls sur scène et les voix « off » des autres viennent se superposer à leur jeu (un clin d’œil au principe de traduction ?). Les décalages – la LSF étant sensiblement plus étirée dans son expression – sont assumés et permettent d’ailleurs au spectateur de profiter de tous les comédiens. […]

    N’oublions pas d’évoquer le plus important, le plus goûteux : le langage commun reste ici, et avec une évidence qui fait plaisir à constater, le théâtre lui-même. L’interprétation de Delphine de Saint-Raymond, en particulier, est saisie par les spectateurs entendants comme un trésor burlesque, délicieux complément, voire surenchère, à la présence pourtant as-sez piégeuse de Corinne Mariotto – contrairement à ce que l’on pouvait craindre, le charisme de la seconde n’éclipse pas la première, les deux comédiennes occupent le plateau chacune à leur manière, chacune dans sa langue, mais avec une intensité égale. C’est là la grande réussite de ce plateau bilingue. Il eût pu être simplement partagé, donner à voir une plate cohabitation : l’interaction est totale, jubilatoire. C’est bien là un seul et même spectacle porté par six comédiens.

    Manon Ona

    L E C L O U D A N S L A P L A N C H E - A V R I L 2 0 1 4

  • Les Amours inutiles de Guy De MaupassantMise en scène de Eric VanelleAvec Laëtitia Bos, Corinne Mariotto, Eric Vanelle

    L’amour vu par la plume de Maupassant, mis en scène avec humour et tendresse par un trio remarquable. Guy De Maupassant (1850-1893) est un écrivain magnifique qui laisse dans l’Histoire une œuvre littéraire conséquente. La marque de Maupassant fut ses grands romans, mais surtout le nombre impressionnant de ses nouvelles. Il est un écrivain qui observe les hommes, la vie et nous transmet de manière poétique des tranches de vie de personnages réalistes et attachants. Ce n’est pas la première fois que les nouvelles de Maupassant sont mises en scène. Aujourd’hui, deux compagnies de théâtre (la cie MaMuse et la cie de l’Inutile) s’associent pour nous offrir un spectacle remarquable. Les Amours inutiles reprend quatre nouvelles de Maupassant (Le Moyen de Roger, L’Inutile Beauté, Le Lit 29 et La Serre) sur le thème du couple et de l’amour.

    Les comédiens sont sincères et s’amusent, ils nous transmettent leur bonheur, leur plaisir de jouer et d’incarner ces histoires poétiques. Leur interprétation est à la fois drôle et pleine d’émotions. Ils nous font passer du rire aux larmes. S’adressant directement au public, à la manière des conteurs, ils nous prennent comme témoin ou nous font réfléchir. Le passage de Corinne Mariotto sur sa vision de Dieu est magistrale, de l’humour mais avec en fond une véritable ré-flexion sur notre vie d’homme et notre place dans ce monde.

    Ces trois comédiens s’écoutent, jouent ensemble, ils sont complices et c’est un véritable bonheur de les voir évoluer ensemble sur scène, s’adorer, se tester, se détester, se déchirer et puis se retrouver. Ils forment tous les trois un drôle de couple.

    La mise en scène d’Eric Vanelle est impeccable, simple et efficace. Elle est juste, minutieuse intelligente et toujours changeante. On ne s’ennuie pas une seule seconde. Même les changements, faits à vue, sont impeccables. Corinne Mariotto est drôle et superbe. Dès les premiers instants du spectacle, elle nous amène à rire avec elle. Elle explore plusieurs facettes de ses personnages et change de registre avec aisance. Quant à Laëtitia Bos, c’est une comédienne-danseuse au physique atypique et marquant. Mais plus que son physique, c’est sa palette de jeu, sa prestance qui nous frappe. Il est difficile de vivre intensément sur scène lors de courts passages et de passer de l’un à l’autre en changeant de personnages tout en restant sincère dans son jeu et dans ses émotions. Il semblerait que cela ne soit pas un souci pour Laëtitia. Elle danse, elle est espiègle, elle nous émeut, elle est forte et fragile à la fois. Elle est géniale !

    Dans Bla musique est géniale aussi ! Beaucoup de Tom Waits mais pas que. Des chansons et des musiques qui ponctuent la scène ou permet-tent les changements d’histoire. Elles sont choisies avec goût et ser-vent à chaque moment dans la mise en scène.

    Le décor est à l’image du spectacle tout entier, simple mais efficace et diablement intelligent. Trois grosses caisses de bois qui se transforment au grès des histoires et une sorte de cabine sur roulettes qui permet les changement de costumes et les ef-fets visuels.

    Bref, un spectacle génial à voir absolument. Les Amours inutiles ou, au regard de l’œuvre de Maupassant, des tranches de vie et des histoires d’amours entre les hommes et les femmes. Les Amours inutiles, pas si inutiles que cela car... nous avons tous besoin d’amour !

    L A T H é A T R O T H è q U E - M A R S 2 0 1 2

  • L E C L O U D A N S L A P L A N C H E - M A R S 2 0 1 2

    Pour une petite goutte de poisonPublié le 25 Mars 2012

    Pas de panique. Si Les beautés inutiles parlaient bien d’amour et de beauté entre autres, si cinq ans plus tard Les amours inutiles n’en causent pas moins et présentent parmi d’autres nouvelles L’inutile beauté, il ne s’agit pas du tout du même spectacle. Trois points communs néanmoins : Maupassant bien sûr, qui semble ne jamais vouloir cesser d’être de bon goût, par delà les modes et les adaptations ; Eric Vanelle, qui une fois encore s’approprie par la mise en scène quatre nouvelles réalistes de l’auteur, tout en y mettant du sien côté jeu. Et enfin, Laetitia Bos (la Boule de suif des Beautés inutiles), qui revient incarner pétulence et sensualité dans cette création toute neuve dédiée aux amours heureuses et vénéneuses… Ce qui ne saurait fonctionner à deux et mérite bien la féminité charismatique d’une Corinne Mariotto. Bref, un triangle théâtral significatif, à retrouver début février au Grand Rond.

    D’un amour à l’autreQuatre nouvelles, et autant de fenêtres ouvertes sur le plus galvaudé des sentiments, qui mérite bien, tant il a de tentacules, plusieurs spectacles en un. Les hostilités débutent par les errements des premiers pas conjugaux. Dans Le moyen de Roger, il est l’heure des amours vraies mâtinées de petites vengeances – quand madame manque de tact et que monsieur puise du répondant dans une secrète revanche. La question de la trahison, avec une tonalité plus tragique, pèse aussi sur Irma et son capitaine Epivent dans Le lit 29. Un de ces textes fortement ancrés dans le contexte historique, où l’histoire des deux amants se met au service de la satire, de ce regard acide que Maupassant jette volontiers sur les soldats.Changement d’univers et de ton avec la fameuse nouvelle qui a inspiré le titre du premier spectacle, L’inutile beauté – moins connue, elle vaut le détour et surprend par sa modernité. Le spectacle y gagne une belle ode à la femme. Quant à La serre, n’en parlons point, on en perdrait la mignonne grivoiserie.

    Dans les rapports homme-femme, le dosage entre les textes est trouvé : chacun en prend pour son grade. D’aimable victime, l’homme devient fanfaron imbécile puis manipulateur à vomir, avant de nous laisser sur l’image fendarde d’un attendrissant pépère malmené par Madame. Laquelle glisse de figures de matrones en objets de désir, certes, mais le spectacle n’a pas l’indélicatesse d’en rester là et les deux nouvelles du milieu abordent le visage de la femme combative. Malmenée par une société patriarcale, cette féminité-là s’éveille à une colère très moderne, fustigeant notamment «cette abominable loi de la reproduction qui fait de la femme normale une simple machine à pondre des êtres». La mise en scène n’est pas pour rien dans cette impression d’un kaléidoscope de figures masculines et féminines. Clairement, il y a là un beau travail en matière d’adaptation.

    De triangle amoureux en triangle théâtral, on a décidément ici du beau trio. Chacun y met de son talent, et les personnalités de jeu se complètent sans jamais se faire de l’ombre. Tandis que Laetitia Bos, ondoyante, amène sa légèreté de danseuse et un jeu positivement relâché, Corinne Mariotto envahit tout bonnement le plateau, se taillant de ces chemins francs et nets qui sentent le métier. A vrai dire, imposer dans le cadre du duo une présence à ses côtés n’est pas une mince affaire. Eric Vanelle y parvient pourtant, depuis son fatal rôle de pivot, pris entre les étincelles de l’une et les feux de l’autre – la souplesse est de mise! Le tout dans un décor en mouvement, propre à répondre à l’exigence choisie : faire image. Chambre d’hôpital, maison close, lit conjugal : parfois on voit, on les y voit. Ce qui n’empêche pas une lecture plus distanciée, ponctuellement, comme ce délicieux et odieux moment de ponte, qui par une mécanique symbolique vous fait monter le féminisme au nez.

    Du texte, du comédien et de la mise en scène, tous trois marqués par des esthétiques et personnalités fortes : si on les goûte, nulle raison de ne pas y aller. On s’y déridera franc ou jaune, aux frais de thématiques largement représentées dans le monde actuel, ce qui ne fait jamais de mal.

    MOna