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LES ANIMAUX TOTÉMIQUES DU LANGUEDOC-ROUSSILLON : Un « animal totémique » est un animal qui constitue un totem (= un ancêtre mythique). I : DANS LE GARD Saint-Ambroix et son « vòla-biòu » Village de plus de 3000 habitants, son animal emblématique est un bœuf qui a la particularité de voler. Au Moyen-âge, il se nommait « Caït ». La légende raconte qu’une année, tout le vin de la vendange, très abondante, se mit à moisir. Pour s'en débarrasser, le consul de S t Ambroix eut une idée inspirée de la mythologie (Pégase, le cheval ailé) : il promit aux habitants de faire voler un bœuf à S t Ambroix pour attirer les foules. Des milliers de curieux accoururent dans la cité où les S ts Ambroisiens se firent cabaretiers (= personnes qui vendaient du vin et donnaient à manger contre de l’argent). Rapidement ils finirent tout le vin... même s’il était un peu moisi ! En fin de journée, le bœuf s'envola au-dessus des toits des maisons. Aujourd'hui, les 13 et 14 juillet, toute la bourgade revêt des costumes médiévaux, des tables sont dressées, où le vin du pays coule à flot tandis que se produisent troubadours, jongleurs et saltimbanques. Puis à la fin de la fête, le bœuf part en procession à travers la ville jusqu'à son envol. II : DANS L’ HERAULT 1 : Agde et son cheval marin Malgré sa conception relativement récente, cet animal totémique est lui aussi le fruit d'une légende, créée de toute pièce. Lors de l'Antiquité, Agathée était reine d'Agde. Elle était tellement belle que Dionysos en tomba amoureux. Mais ce dernier l'abandonna au lendemain de la nuit de noces. Agathée eut du mal à s'en remettre et sombra dans un profond chagrin. Mais soudainement, la mer Méditerranée se mit à trembler et les vagues libèrent un cheval marin. Agathée, alertée par les citadins, voyant un collier d'or pendant au cou de l'animal, comprit que l'animal était une offre de Dionysos. Agathée enfourcha alors le cheval marin qui la conduisit sur une île lointaine où elle découvrit la vigne. Selon Dionysos, le raisin pouvait être transformé en un breuvage qui donnerait la joie de vivre aux Agathois. Dans le cadre du Projet Pédagogique 2013-2014 : « Mythes et héros »

LES ANIMAUX TOTÉMIQUES DU LANGUEDOC-ROUSSILLON · 2019. 4. 12. · LES ANIMAUX TOTÉMIQUES DU LANGUEDOC-ROUSSILLON : Un « animal totémique » est un animal qui constitue un totem

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LES ANIMAUX TOTÉMIQUES

DU LANGUEDOC-ROUSSILLON :

Un « animal totémique » est un animal qui constitue un totem (= un ancêtre mythique).

I : DANS LE GARD

Saint-Ambroix et son « vòla-biòu »

Village de plus de 3000 habitants, son animal emblématique est un

bœuf qui a la particularité de voler. Au Moyen-âge, il se nommait

« Caït ».

La légende raconte qu’une année, tout le vin de la vendange, très

abondante, se mit à moisir. Pour s'en débarrasser, le consul de St Ambroix

eut une idée inspirée de la

mythologie (Pégase, le cheval ailé) : il promit aux habitants de faire voler

un bœuf à St Ambroix

pour attirer les foules.

Des milliers de curieux accoururent dans la cité où les Sts

Ambroisiens se firent cabaretiers (= personnes qui vendaient du vin et

donnaient à manger contre de l’argent). Rapidement ils finirent tout le vin... même s’il était un

peu moisi ! En fin de journée, le bœuf s'envola au-dessus des toits des maisons.

Aujourd'hui, les 13 et 14 juillet, toute la bourgade revêt des costumes

médiévaux, des tables sont dressées, où le vin du pays coule à flot tandis que se produisent

troubadours, jongleurs et saltimbanques. Puis à la fin de la fête, le bœuf part en

procession à travers la ville jusqu'à son envol.

II : DANS L’ HERAULT

1 : Agde et son cheval marin Malgré sa conception relativement récente, cet animal totémique

est lui aussi le fruit d'une légende, créée de toute pièce.

Lors de l'Antiquité, Agathée était reine d'Agde. Elle était tellement

belle que Dionysos en tomba amoureux. Mais ce dernier l'abandonna au

lendemain de la nuit de noces. Agathée eut du mal à s'en remettre et

sombra dans un profond chagrin.

Mais soudainement, la mer Méditerranée se mit à trembler et les

vagues libèrent un cheval marin. Agathée, alertée par les citadins, voyant

un collier d'or pendant au cou de l'animal, comprit que l'animal était une

offre de Dionysos. Agathée enfourcha alors le cheval marin qui la conduisit sur une île

lointaine où elle découvrit la vigne. Selon Dionysos, le raisin pouvait être transformé en un

breuvage qui donnerait la joie de vivre aux Agathois.

Dans le cadre du Projet Pédagogique 2013-2014 :

« Mythes et héros »

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2 : Bessan et son âne Il existe deux légendes qui expliquent les

origines de cet âne.

La plus ancienne fait référence à une

foire aux ânes qui se tenait régulièrement à Bessan, au

lieu-dit « chemin des ânes ». Le plus bel âne était élu par

les maquignons (= marchands d’animaux) et portait alors le

nom « d'ase designat » (=âne élu). L'âne élu était alors

particulièrement choyé et bien nourri, et participait à des

défilés dans les rues, au son du hautbois.

Une légende plus récente (datée

probablement du début du XXe siècle) fait écho à la

légende de l'âne de Gignac où un âne a réussi à repousser l'assaut de pillards étrangers. La

légende propre à Bessan ajoute que l'animal a été capturé par les assaillants, puis son corps

jeté dans l'Hérault. L'âne flotta alors jusqu'aux abords de Bessan où il fut repêché et soigné. Et

il devint ainsi l'emblème du village.

3 : Béziers et son chameau L'origine du chameau de Béziers est

directement liée à la légende de saint

Aphrodisie.

Aphrodisie, venu à Béziers au IIIe

siècle de notre ère, est considéré comme étant

le premier évêque de la cité. Originaire

d’Égypte, il était parvenu jusqu'à Béziers à dos

de chameau. À la suite du martyre

d'Aphrodisie, le chameau fut confié à un pieux

seigneur de la ville afin qu'il en prît soin.

Quand Aphrodisie fut reconnu comme saint,

les responsables municipaux considérèrent comme un honneur de prendre à la charge de la

commune tous les frais de l'entretien de l'animal. On lui offrit même un toit pour se loger dans

une rue nommée aujourd'hui « rue du Chameau », dans le centre historique de Béziers. Les

habitants de la ville firent construire, après la mort de l'animal, une machine en bois qui le

représentait et qui devait être conduite chaque année, le 28 avril, en triomphe, vers l'église de

son saint patron, l'église « Saint-Aphrodisie ».

En 1830, le chameau, considéré comme un symbole de la féodalité, fut à nouveau

détruit, ses flancs lacérés de coups de sabre. La foule dispersa ses lambeaux de toile. Un

antiquaire pensa à sauver la tête de bois du pauvre animal.

Un nouveau chameau fut à nouveau brûlé lors des événements de 1848.

Enfin, en 1895, il renaît de ses cendres lors de la cavalcade historique qui parcourt

depuis les rues de la ville.

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4 : Cournonterral et son loup à trois têtes Au XIIIe siècle, les Cornalencs sont

affamés par les périodes de disettes et les

contraintes infligées par leur seigneur. L’esprit de

révolte plane et gronde, mais la désunion règne

dans le village. Le seigneur, afin de renflouer sa

cassette, détruit le four communal, contraignant les

villageois à payer pour l’utilisation du four banal.

Ce qu’ignore le seigneur, c’est qu’une bête

sommeille dans son antre; infernale, terrifiante, au

poil hirsute, aux dents aiguisées, à la gueule

sanglante et fumante, une espèce de loup à trois

têtes : TRIBVS LVPIS. De nuit la Bête passe devant le four détruit, se dirige vers le château

où dort sereinement le seigneur. Des hurlements venus d’outre tombe le réveillent, lui glacent

le sang. Affolé, il passe sa tête par la lucarne et là, une foule, torches et armes en mains,

scande la révolte. En tête la bête se dresse sur ses pattes arrières; l’une de ses têtes est à

hauteur de lucarne, la gueule ouverte rageuse. Le seigneur terrifié se barricade dans l’enceinte

du château. Le siège dure toute la nuit. C’est au petit jour qu’il rend les armes. Lecture lui est

faite de l’édit du roi Philippe le Bel lui intimant de reconstruire le four rapidement.

5 : Mèze et son bœuf L'histoire remonte en l’an 59 de notre ère. Durant cette

période de la Haute Antiquité, une pauvre famille, venue des

environs de Béziers, vint s’établir sur les bords de l’étang de

Thau et se mit à défricher les terres à un endroit appelé « Las

Morgas » (= les morgues, en occitan). Cette famille vivait de la

pêche dans l'étang mais aussi de l'agriculture, aidée dans son

travail par une paire de bœufs.

Mais hélas, le premier bœuf mourut suivi du second.

On décida de conserver la peau de ce dernier, étant sans doute

le plus beau, étalée sur un mannequin de bois. On le promena

chaque année pour les grandes occasions.

Plus tard quand cette peau fut trop usée, on construisit

un bœuf sur une charpente de bois, beaucoup plus grand que la

taille normale d'un bovidé et recouvert d’une toile de jute brune. Ainsi, dans l'animal totem,

huit hommes peuvent se loger pour le mouvoir. L’un d’eux est chargé d’actionner la tête et les

mâchoires de la bête au moyen d’une petite baguette de bois. Un autre jeune homme tient

entre ses mains un baril recouvert d’une peau d’âne tendue, traversée en son centre par une

corde. En faisant glisser cette corde entre l’index et le pouce, cela produit alors un

mugissement analogue à celui du bœuf.

À l’extérieur, le guide, armé d’un long aiguillon, commande l'animal. La course de

l'animal totémique dans les rues de Mèze est imprévisible. À tout moment, il peut courir et

peut même foncer sur ceux qui se mettent en travers de son passage !

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6 : Montagnac et sa chèvre Vers 1200, la femme du consul de Montagnac,

Anne, souffre d'un mal étrange qu'aucun médecin n'arrive à

diagnostiquer et à guérir. Arrive alors, dans le village, un

homme vêtu de haillons et accompagné d'une

jolie chèvre blanche.

L'homme intrigue les habitants par son allure

décontractée et une apparente joie de vivre. Les habitants ne tardent pas à lui demander

l'origine de cette bonne humeur. L'homme raconta alors qu'il avait un secret pour rester

éternellement en bonne santé : le lait de sa chèvre est magique et guérit de toutes les maladies.

Le consul demande à voir l'animal et promet une forte récompense au vagabond si

celui-ci parvient à guérir sa femme.

L'homme céda la chèvre au consul à condition qu'elle soit nourrie uniquement de

sarments et de raisins pour conserver les pouvoirs miraculeux de son lait !

7 : Puisserguier et son pélican Selon la légende, lors de la croisade des

Albigeois contre les Cathares, au XIIIe siècle, la cité de

Puisserguier fut frappée par une terrible famine. Un

pélican, à la recherche de sa nichée, survola les lieux.

Des enfants du village, affamés, tentaient de

pêcher quelques poissons dans un étang près du

village. C'est alors que le pélican dévia de sa route pour porter secours aux enfants. Grâce à

son bec, il plongea plusieurs fois dans l'étang pour y puiser de nombreux poissons en assez

grande quantité pour satisfaire les besoins des habitants.

Cet événement se poursuivit plusieurs jours de suite et le pélican fut adopté par les

habitants de Puisserguier et présenté au seigneur du lieu, qui lui fit grand honneur d'avoir

sauvé ses sujets de la famine.

8 : Pézenas et son poulain

La légende raconte que, en 1226, le roi Louis VIII, venu

asservir le Languedoc, séjourna à Pézenas. Lors des fêtes

données en son honneur, sa jument favorite tomba malade. A

regret, il la confia aux consuls de la ville pour en prendre soin.

A son retour de la guerre des albigeois, le roi, très

étonné, aperçut auprès de sa jument "Lo Polin" qu'elle avait

mis bas et que la ville lui présenta, orné de rubans et de

feuillages. Pour conserver et perpétuer cet événement, sous

l'injonction du roi, la ville fit construire un poulain en bois dont

le destin serait de participer à toutes les fêtes publiques.

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LES MONSTRES LEGENDAIRES D’OCCITANIE :

1 : Le Drac à Beaucaire Ce dragon hantait les bords du Rhône en se nourrissant de filles et de

garçons qu’il attirait au fond de l’eau avec son chant.

Un jour, s’approcha une jeune fille qui venait d’avoir un enfant toute

seule et qui lavait des vêtements. Fascinée par le chant du monstre, elle laissa

tomber son battoir et elle tomba dans l’eau en voulant le récupérer. Le Drac

l’amena jusqu’à sa femme qui venait d’avoir un bébé et lui demanda de s’en

occuper.

Pendant 7 ans elle s’occupa de Dracounet avant d’être libérée. Mais un

jour de la Foire de la Madeleine, le Drac vint faire son marché en prenant une

apparence humaine. La lavandière le reconnut et le cria à tout le monde.

Furieux d’être démasqué, le Drac creva les yeux de la pauvre d’un coup de griffes. Ce

fut la dernière manifestation du monstre qui jamais ne réapparut ni mangea personne.

2 : La Tarasque à Tarascon Sorte de dragon à six pattes courtes comme celles

d'un ours, elle a un torse comme celui d'un bœuf, recouvert

d'une carapace de tortue et muni d'une queue écailleuse se

terminant par un dard de scorpion.

Sa tête a été décrite comme étant celle d'un lion aux

oreilles de cheval avec un visage de vieil homme.

La Tarasque vivait sur le rocher où a été construit le

château de Tarascon. Elle guettait les voyageurs passant

le Rhône pour s'en repaître, semant la terreur sur son

passage.

3 : La Bête du Vaccarès

La légende raconte qu’au début

du XVe siècle, sur la route de Fielouse

entre les Étangs du Redon et celui du

Fournelet, une chasse étrange aurait

permis la rencontre entre un gardian et

un demi Dieu.

Celui-ci, semblable au dieu

grec Pan, est un petit homme au bassin,

aux jambes et aux cornes de bouc. Il

protège l’étang du Vaccarès et il

envoute les gardians passant par là.

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4 : Le Babau à Rivesaltes

Selon la légende, dans la nuit de 2 février 1290, un monstre

sanguinaire surgit des berges de l'Agly et s'approcha des murailles de

Rivesaltes.

Voyant une brèche, il s'y faufila. Il se trouva alors à l'intérieur

de la cité. L'histoire raconte qu'un véritable carnage eu lieu : 6 enfants

furent dévorés, dont le plus âgé n'avait que 7 ans. A partir de ce jour le

"forat d'al fourn" (trou du four) entre dans la légende en même temps

que le Babau.

Le lendemain on annula la procession de la St Blaise et on

boucha en toute urgence le trou. Mais, dans la nuit, le mur fut à nouveau troué et des traces du

monstre apparurent sur le sable de la berge. Les veilleurs jurèrent qu'ils avaient entendu dans

la nuit des sifflements et vu les yeux de la bête. D'après leurs descriptions la bête avait des

yeux qui lançaient des flammes rouges ! Quand le Maire leur demanda une description plus

précise, ils ne purent dire que « ba…ba ... un » (il a … il a … un) et les habitants lui

donnèrent alors le nom de « babau » (prononcez « babaw »)

Le lendemain soir, le seigneur de Fraisse resta éveillé. Alors que le Babau

s'engouffrait à nouveau de la ville, il put le blesser mortellement. L'animal prit la fuite et

s'échoua près d'Ortolanes, où il mourut. Les habitants de Rivesaltes, soulagés, prélevèrent la

journée suivante une côte de la sinistre bête en guise de relique.

5 : La bête du Gévaudan

De 1764 à 1767, une bête sèma la terreur près de

Langogne, en Gévaudan. Près de cent personnes furent tuées,

dont de nombreux enfants.

Selon les témoins, l’animal responsable de ces

atrocités ressemblait à un loup, mais en beaucoup plus gros et

nettement plus effrayant. On le décrivait grand, avec une

grosse tête, une queue touffue, des flancs rouges et une raie

noire sur le dos. Mi-loup, mi- ours, il ne ressemblait à aucun

animal familier.

Plus personne ne sortait de chez lui sans un couteau

ou une fourche. Mais personne ne semblait pouvoir venir à

bout de ce massacre; ni les villageois et leurs nombreuses battues, ni les soldats du Roi, ni

même les chasseurs de loups venus des quatre coins du pays.

Finalement, après que plusieurs loups soient tués, les crimes s’arrêtèrent. La

bête de Gévaudan n’était donc peut-être qu’un loup...et pourtant, les loups n’attaquent pas

l’homme en général, et ne mutilent pas ainsi leurs proies!

Une thèse récente évoque les agissements d’un homme déguisé en loup, accompagné

d’un dresseur complice qui aurait lancé ses bêtes sur les habitants (des chiens dressés à tuer

par exemple).

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LEI BÈSTIAS TOTEMICAS

DE LENGADÒC-ROSSILHON :

Una « bèstia totemica » es una bèstia que constituís un totem (= un ancessor mitic).

I : DINS GARD

Saint-Ambroix e son « vòla-biòu »

Vilatge de mai de 3000 estatjants, sa bèstia emblematica es un

biòu qu’a la particularitat de volar. A l’Atge-Mejan, se sonava « Caït ».

La legenda cònta qu’una annada, tot lo vin de la vendémia, fòrça

abondanta, se metèt a mosir. Per se’n desbarrassar, lo cònsol de St

Ambroix aguèt una idèia inspirada de la mitologia (Pégase, lo chivau alat)

: prometèt ais estatjants de faire volar un biòu a St Ambroix per atrachar

lei gents.

De milièrs de curiós accorreguèron dins la ciutat onte lei Sants

Ambrosencs se faguèron cabaretièrs (= personas que vendián de vin e

donavan a manjar contra d’argent). Rapidament finiguèron tot lo vin …

meme s’èra un pauc mosit ! En fin de jornada, lo biòu s’envolèt au-dessús

dei teulissas deis ostaus.

Uèi, lei 13 e 14 de julh, tot lo vilatge revestís de tengudas medievalas, de taulas son

instaladas onte lo vin dau païs raja a flòt, mentre que se produsisson de trobadors, jonglaires e

saltimbancas. Puèi a la fin de la fèsta, lo biòu partís en procession au travers de la vila fins a

son envòl.

II : DINS ERAULT

1 : Agde e son chivau marin Malgrat sa concepcion relativament recenta, aquesta bèstia

totemica es tambén lo fruch d’una legenda, completament creada.

Pendent l’Antiquitat, Agathée èra rèina d’Agde. Èra talament

polida que Dionysos ne’n tombèt amorós. Mas aqueste l’abandonèt lo

lendeman de la nuòch dei nòças. Agathée aguèt de mau a se’n tornar

metre e tombèt dins un chagrin pregond.

Mais d’un còp, la mar Mediterranèa se metèt a tremblar e leis

èrsas liberèron un chivau marin. Agathée, alertada per lei ciutadans e

vesent un collar d’aur au còu de la bèstia, comprengèt que la bèstia èra un

present de Dionysos. Montèt alara sus aqueste chivau marin que la menèt sus una iscla

luenchenca onte descobriguèt la vinha. Segon Dionysos, lo rasim podiá èstre transformat en

un beuratge que donariá la jòia de viure ais Agatencs.

Dins l’ encastre dau Projècte Pedagogic 2013-2014 :

« Mitis e eròis »

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2 : Bessan e son ase Existisson doas legendas qu’explican leis

originas d’aqueu ase.

La mai anciana fai referéncia a una

fèria ais ases que se teniá regularament a Bessan, au

luòc-dich « Camin deis Ases ». L’ase mai bèu èra elegit

per lei maquinhons (=mercands de bèstias) e portava alara

lo nom « d'ase designat ». L’ase elegit èra alara

particularament poponat e ben noirrit, e participava a de

desfilats dins lei carrièras, au son dei grailes.

Una legenda mai recenta (datada

probablament de la debuta dau sègle XX) fasiá resson a

l’ase de Ginhac ont un ase aviá capitat de rebutar l’assaut de presadors estrangièrs. La legenda

pròpria a Bessan anjonh que la bèstia foguèt capturada per leis assaltadors, puèi son còrs jetat

dins l’ Erault. L’ase flotèt alara fins ais abòrds de Bessan onte foguèt repescat e sonhat.

Venguèt aital l’emblèma dau vilatge.

3 : Béziers e son camèu L’origina dau camèu de Béziers es

directament ligada a la legenda de Sant

Aphrodisie.

Aphrodisie, vengut a Béziers au sègle

III de nòstra èra, es considerat coma lo primièr

avesque de la ciutat. Orginari d’ Egipta, èra

parvengut fins a Béziers sus l’esquina d’un

camèu. A la seguida de son martir, lo camèu

foguèt confiat a un senhor de la vila per que

prenguesse suenh d’èu. Quand Aphrodisie

foguèt reconeigut coma « sant », lei

responsables municipaus considerèron coma un onor de prene en carga lei còstis de l’entreten

de la bèstia. Li ofriguèron meme una teulissa per se logar dins una carrièra sonada uèi

« Carrièra dau Camèu », dins lo centre istoric de Béziers. Leis estatjants de la vila faguèron

bastir, après la mòrt de la bèstia, una maquina de fusta lo representant e que deviá èstre

menada cada annada, lo 28 d’abriu, en trimfe cap a la glèsia de son sant patron, la glèisa

« Sant-Aphrodisie ».

En 1830, lo camèu, considerat coma un simbòu de la feodalitat, foguèt un còp de mai

destrusit, sei flancs lacerats de còps de sabre. La fola dispersèt sei petaçs de tela. Un antiquari

pensèt a sauvar la tèsta de fusta de la paura bèstia.

Un novèu camèu foguèt encara butlat pendent leis eveniments de 1848.

Enfin, en 1895, renasquèt de sei cendres pendent la cavalcada istorica que percorrís

dempuèi lei carrièras de la vila.

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4 : Cournonterral e son lop a tres tèstas Au sègle XIII, lei Cornalencs èran afamats

per lei periòds de diseta e lei constrenchas

impausadas per lor senhor. L’ esperit de revòlta

planava e tarronava, mas la desunion reinava dins

lo vilatge. Lo senhor, afin de ganhar de sòus,

destrusiguèt lo forn comunau, oblitjant leis

estatjants a pagar per poder utilisar un forn. Mas çò

que sabiá pas lo senhor, es qu’una bèstia

penequejava dins sa cafaròta : infernala, esglasiada,

ambe lo pèu griule, ambe lei dents agusadas, ambe

un mòrre sanguinós e fumadís, una espècia de lop a

tres tèstas : TRIBVS LVPIS. De nuòch, la Bèstia passèt dabans lo forn destrusit, se dirijèt cap

au castèu onte dormissiá tranquilament lo senhor. De cridadissas vengudas d’oltra-clots lo

desrevelhèron, li glaçèron lo sang. Desvariat, passèt sa tèsta per lo fenestron e aquí, una fola,

entòrchas e armas a la man, cridava sa revòlta. En primièra posicion, la bèstia se quilhava sus

sei patas de darrièr ; una de sei tèstas èra a la nautor dau fenestron, lo morre dobert. Lo

senhor, esglasiat, s’embarrèt dins son castèu. Lo sèti durèt tota la nuòch. Foguèt a l’auba que

se rendèt. Lectura li foguèt facha de l’ Edit dau rei Philippe Le Bel li donant l’òrdre de tornar

bastir lo forn rapidament.

5 : Mèze e son buòu L' istòria remonta a l’an 59 de nòstra èra. Pendent

aqueu periòd de la Nauta Antiquitat, una paura familha,

venguda deis environas de Béziers, venguèt s’instalar sus leis

abòrds de l’estanh de Thau e se metèt a desbosigar lei tèrras a

un endrech sonat « Las Morgas ». Aquela familha viviá de la

pesca dins l’estanh, mas tambén de l’agricultura, ajudada dins

son trabalh per un parèu de buòus.

Mas, ailàs, lo primièr buòu morriguèt, seguit dau

segond. Se decidiguèt alara de conservar la pèu d’aqueste

darrièr, segurament lo mai bèu, ensolada sus un banaston de

fusta. Se lo passejèt cada annada per lei grandas escasenças.

Mai tard, quand la pèl foguèt tròp usada, se bastiguèt un

buòu sus un capusat de fusta, fòrça mai grand que la talha

normala d’un buòu e recobert d’una tela de juta bruna. Aital, dins la bèstia-totem, uòch òmes

pòdon s’i metre per lo bolegar. Un es encargat d’accionar la tèsta e la maissa de la bèstia amb

una broqueta de fusta. Un autre ten entre sei mans un barral cobert d’una pèl d’ase tibada,

traversada en son centre per una còrda. En fasent liscar aquela còrda entre lo guinhaire e lo

polgar, aquò produsís un bradalament que sembla a aqueu d’un buòu.

A l’exterior, lo guida, armat d’un long baston, comanda la bèstia. La corsa de la bèstia

totemica dins lei carrièras de Mèze es desprevesoira. A tot moment, pòt córrer e meme se

desbordelar sus aquelei que se meton en travers de sa rota !

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6 : Montagnac e sa cabra Vers 1200, la femna dau consul de Montagnac, Ana,

patissiá d’un mau estranh que ges de metge capitava pas a

diagnosticar ni a garrir. Arrivèt alara, dins lo vilatge, un

òme vestit d’ andalhs e acompanhat d’una cabra blanca.

L'òme entrigava leis estatjants per son anada

descontractada e son aparenta jòia de viure. Tardèron pas a

li demandar l’origina d’aquela bona umor. L’ òme contèt alara qu’aviá un secret per demorar

eternalament en bona santat : lo lach de sa cabra èra magic e garrissiá totei lei malautiás. Lo

consul demandèt alara de veire la bèstia e prometèt una fòrta recompensa au caminièr si

aqueste capitava de garrir sa femna.

L’òme donèt sa cabra au consul a la condicion que siague noirrida unicament de

gavèls e de rasims per conservar lei poders miraculós de son lach. Lo consul acceptèt e sa

femna foguèt garrida.

7 : Puisserguier e son pelecan Segon la legenda, pendent la crosada deis Albigés contra lei Catars, au sègle XIII, la

ciutat de Puisserguier foguèt tocada per una

tarribla famina. Un pelecan, a la recerca de sa

nisada, susvolèt lei luòcs. D’enfants dau vilatge,

afamats, ensajavan de pescar quauquei peis dins

un estanh près dau vilatge. Es alara que lo

pelecan desvièt de sa rota per portar secors ais

enfants. Gràcia a son bec, cabucèt mai d’un còp

dins l’estanh per i posar de nombrós peis per

satisfaire lei besonhs deis estatjants.

Aqueu eveniment se perseguiguèt mai d’un jorn e le pelecan foguèt adoptat per leis

estatjants de Puisserguier e presentat au senhor dau luòc que li faguèt grand onor d’aver

sauvat sei subjèctes de la famina.

8 : Pézenas e son polin

La legenda cònta que, en 1226, lo rei Louis VIII,

vengut asservir Lengadòc, sejornèt a Pézenas. Pendent de

fèstas donadas en son onor, son èga favorita tombèt malauta.

De racacòr, la confièt ai consuls de la vila per ne prene suenh.

A son retorn de la guèrra deis Albigés, lo rei, fòrça

estonat, veguèt auprèp de son èga "Lo Polin" qu' aviá agut e

que la vila li presentèt, ondrat de vetas e de fulham. Per

conservar e perpetuar aqueu eveniment, sota l’injonccion dau

rei, la vila faguèt bastir un polin de fusta de que la destinada

seriá de participar a totei lei fèstas publicas.

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LEI MOSTRES LEGENDARIS D’OCCITANIA :

1 : Lo Drac de Beaucaire

Aqueu dragon trevava lei bòrds dau Ròse en se noirrissent de dròllas e de

dròlles qu’atirava au fons de l’aiga ambe son cant.

Un jorn, s’aprochèt una joina que veniá d’aver un enfant tota soleta e que

lavava sei vestits. Enfachinada per lo cant dau mostre, daissèt tombar son bacèu e

tombèt dins l’aiga en volent lo recuperar. Lo Drac la menèt fins a sa femna que

veniá d’aver un nenet e li demandèt de se’n cargar.

Pendent 7 ans s’ocupèt de Draconet abans d’èstre liberada. Mas un jorn de

la Fièra de la Magdalena, lo Drac venguèt faire son mercat en prenent una

aparéncia umana . La bugadièra lo reconeiguèt e lo cridèt a tot lo mond.

Furiós d’èstre desmasquetat, lo Drac crevèt leis uòlhs de la paureta d’un còp d’arpas.

Foguèt la darrièra manifestacion dau mostre que jamai tornèt aparéisser ni manjar degun.

2 : La Tarasca de Tarascon

Espècia de dragon a sièis patas cortas coma aquelei

d’una orsa, a un pitre coma aqueu d’un buòu, recobert

d’una carapaça de tartuga e amb una coa escamaira

s’acabant per un fisson d’un escòrpi.

Sa tèsta foguèt descricha coma aquela d’un leon

ambe d’aurelhas de chivau e un visatge de vièlh.

La Tarasca viviá sus lo rocàs onte foguèt bastit lo

castèu de Tarascon. Espinchava lei viatjaires que passavan

lo Ròse per lei manjar, en semenant la terror sus son

passatge.

3 : La Bèstia dau Vaccarès

La legenda cònta qu’a la debuta

dau sègle XV, sus la rota de Fielouse

entre leis Estanhs dau Redon e aqueu dau

Fornelet, una caça estranha auriá permés

lo rescontre entre un gardian e un mièg-

Dieu.

Aqueste, semblable au dieu

gregau Pan, es un omenet amb un bassin,

de cambas e de banas de boc. Protegís

l’estanh dau Vaccarès e enmasca lei

gardians que passan per aquí.

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4 : Lo Babau de Rivesaltes

Segon la legenda, dins la nuòch dau 2 de febrièr de 1290, un

mostre sanguinaire sorgiguèt dei ribairés de l'Agly e s’aprochèt dei

muralhas de Rivesaltes.

Vegent una dobertura, s’i engulhèt. Se trobèt alara a l’interior de

la ciutat. L’istòria cònta que i aguèt un vertadièr chaple : 6 enfants

foguèron chapats, de que lo mai vièlh aviá 7 ans. A partir d’aqueste

jorn, lo "forat d'al fourn" (trauc dau forn) dintrèt dins la legenda en

meme temps que lo Babau.

Lo lendeman, la procession de la St Blaise foguèt anulada e se

tapèt en urgéncia lo trauc. Mas, dins la nuòch, la muralha foguèt encara traucada e de traças

dau mostre apareiguèron sus la sabla dau ribarés. Lei velhors jurèron qu’avián entendut dins

la nuòch de fiulaments e vist leis uòlhs de la bèstia. D’après lors descripcions, la bèstia aviá

d’uòlhs que lançavan de flambas rojas ! Quand lo Consòl lor demandèt una descripcion mai

precisa, poguèron solament dire « ba…ba ... un » (a … a … un) e leis estatjants li donèron

alara lo nom de « babau ».

Lo lendeman de ser, lo senhor de Fraisse demorèt desrevelhat. Mentre que lo Babau

s’engulhava un còp de mai dins la ciutat, posquèt lo nafrar mortalament. La bèstia s’enselvèt e

s’escalèt près d’ Ortolanes, onte moriguèt. Leis estatjants de Rivesaltes, solatjats, prelevèron

lo lendeman una còsta de la sinistra bèstia en guisa de relic.

5 : La bèstia dau Gévaudan

De 1764 a 1767, una bèstia semenèt la terror près de

Langogne, dins Gévaudan. Près de cent personas foguèron

tuadas, de que de nombrós enfants.

Segon lei testimònis, la bèstia responsabla d’aqueleis

atrocitats semblava a un lop, mas en fòrça mai gròs e

espaurugaire. Es descrich coma grand, amb una gròssa tèsta,

una coa ramuda, de flancs roges e una rega negra sus

l’esquina. Mièg-lop, mièja-orsa, semblava a ges de bèstia

familiara.

Degun sortissiá de son ostau sensa un cotèu o una

forca. Mas degun semblava poder venir a bot d’aqueu

chaple ; ni lei vilatgés e lors nombrosas batudas, ni lei sordats dau Rei, ni meme lei caçaires

de lops venguts de tot lo païs.

Fin finala, après que quauquei lops foguèron tuats, lei crimis s’arrestèron. La bèstia

dau Gévaudan èra benlèu un lop … e, pasmens, lei lops atacan pas l’òme en generau, e

tròncan pas lors predas aital !

Una tèsi recenta evòca leis actaments d’un òme vestit en lop, acompanhat d’un

amagestrador consent qu’auriá lançat sei bèstias sus leis estatjants (per exemple de chins

amagestrats a tuar).