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La métropole en réseau, l’enjeu du développement LES ATELIERS DU TERRITOIRE

LES ATELIERS DU TERRITOIRE - premier cahier

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La CCI de Montpellier défend le projet de création d’une Métropole en réseau pour les entreprises, les collectivités et les habitants de notre région.

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La métropoleen réseau, l’enjeudu développement

LES ATELIERS DU TERRITOIRE

a métropole en réseau, l’enjeu du développement

La CCI de Montpellier défend le projet de création d’une

Métropole en réseau pour les entreprises, les collectivités

et les habitants de notre région.

sommairep.2 Edito

Pourquoi il faut créer une véritable Métropole en réseau

p.3 Avant-proposPenser le développement économique et prendre position

p.4 Introduction - Métropolisation et globalisation : quelle place pour Montpellier ?

p.6 Partie 1 - Etat des lieux : des points forts, oui mais…D’incontestables atouts

Une croissance démographique puissante et atypique

De plain-pied dans l’économie des services et du savoir

Une forte volonté d’ouverture

Un important réseau d’infrastructures

Un vécu et des modes de vie métropolitains

Interview de Frank Lasch

De sérieux handicaps structurels

Un réseau d’infrastructures encore inachevé

Interview de Nello Chauvetière

Un chapelet de villes moyennes avec une capitale récente

Un découpage politico-administratif inadapté

Interview de Maître André Bonnary

De faibles avancées dans la coopération intercommunale

Un réseau de TPE et de PME… mais pas de sièges sociaux importants

De grandes faiblesses à compenser… dans une ville où il fait bon vivre

p.30 Partie 2 - Montpellier face à ses enjeuxPar la Métropole, renforcer le développement économique

Développer les réseaux pour les entreprises

Devenir visible par une taille suffisante

Entrer pleinement dans le concert des métropoles européennes

Disposer des indispensables réseaux de transport

Université, recherche, entreprise : structurer les coopérations

Interviews de Dominique Deville de Perière et de Catherine Dardé

Acquérir une dimension internationale

S’appuyer sur la réforme des collectivités territoriales

Se penser Métropole avant tout le monde

La Métropole dans la réforme de l’État

Interview de Maître Jean-Marc Maillot

Métropole ou pôle métropolitain : deux voies

Être ou pas un pôle métropolitain ?

Interviews de Jean-Louis Bouscaren et de Jean-Paul Volle

p.52 Conclusion - Sans Métropole, pas de croissance forte Le cercle vertueux peut s’arrêter

Le cœur de la région doit continuer de battre

Deux risques menacent

L’engagement de la CCI de Montpellier

L’avenir du territoire est en jeu

p.56 ANNEXES Réforme de la taxe professionnelle et enjeu métropolitainLe SRADDT : une approche déjà régionale de la Métropole en réseauMétropole ? Tabous et usages du motPoids des populations et possibilités de métropolisationLe développement urbain et économique de Montpellier en quelques chiffresMétropole : sa nouvelle définition légaleRemerciementsBibliographie

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EDITORIAL

Comment le développement économique de Montpellier et de sa région peut-il poursuivre sa

trajectoire ? A cette question majeure, la Chambre de Commerce et d’Industrie apporte une réponse

claire : seule la création d’une véritable Métropole en réseau pourra assurer une croissance forte

et durable.

Cette orientation stratégique est la conclusion de l’étude conduite depuis plusieurs mois, appuyée

sur des entretiens avec de nombreuses personnalités, complétée par l’analyse géo-économique

de la situation actuelle de Montpellier.

L’état des lieux est clair. L’agglomération de Montpellier dispose d’incontestables atouts : une

croissance démographique puissante, sa place dans l’économie des services et du savoir, sa forte

volonté d’ouverture, son important réseau d’infrastructures et, dans les pratiques de ses habitants,

un vécu et un mode de vie « métropolitain ».

Mais les cartes que Montpellier a su jouer ces dernières années sont insuffisantes : de sérieux

handicaps structurels freinent son expansion. Pour devenir une métropole véritable, Montpellier

et sa région doivent compenser de grandes faiblesses : un réseau d’infrastructures inachevé, une

structure urbaine régionale avec un chapelet de villes moyennes et une capitale régionale récente,

un découpage politico-administatif inadapté, de faibles avancées dans la coopération intercommunale,

un réseau de TPE et de PME mais peu de sièges sociaux importants.

Après avoir brillamment émergé, Montpellier doit maintenant se donner tous les moyens de

poursuivre son parcours. A l’heure de la globalisation, les métropoles, parce qu’elles concentrent

les services et les savoirs de haut niveau, sont les plus solides moteurs du développement. Pour

se hisser parmi les grandes, Montpellier doit progresser sur plusieurs fronts : développer les réseaux

pour les entreprises, devenir visible internationalement par une taille suffisante, entrer pleinement

dans le concert des métropoles européennes, disposer des indispensables réseaux de transport,

structurer les coopérations stratégiques (université / recherche / entreprises), acquérir une dimension

internationale.

Cet ensemble d’objectifs va trouver un nouveau cadre avec la création prochaine de « métropoles »

prévue dans la loi sur la réforme territoriale. Montpellier qui, par une réelle anticipation, a été

Métropole avant tout le monde, doit examiner les deux voies que le législateur prévoit : la

Métropole (500 000 habitants minimum) et le « Pôle métropolitain » (350 000 habitants minimum),

aux contours plus modestes, mais au potentiel permettant de viser cette étape décisive.

La contribution de la Chambre de Commerce et d’Industrie à ce débat de haute importance n’est

donc pas de circonstance. D’autant plus que, comme le démontre l’étude, il y a une « fenêtre de

tir » à ne pas rater, une urgence à traiter. En effet, si Montpellier et son territoire ne passent pas à

la vitesse supérieure : la région peut éclater vers Marseille et Toulouse, les moteurs de la croissance

peuvent être freinés. Dans la concurrence aigüe que se livrent les métropoles, Montpellier doit

donc trouver toute sa place.

La Chambre de Commerce et d’Industrie est optimiste sur le devenir de son territoire. Elle considère

qu’elle est pleinement légitime à poser fortement la problématique du développement économique

de l’aire montpelliéraine. D’abord en établissant un diagnostic fouillé, rendu public et soumis

au débat. Mais, aussi et surtout, en s’engageant résolument dans la voie qui apparaît comme

incontestablement la plus solide : la création d’une véritable métropole en réseau allant de Sète

à Alès, en passant bien sûr par Montpellier et Nîmes. Comme l’analyse ici présentée le démontre,

le succès passe par le déploiement de toutes les formes de rassemblement et de coopération et

par l’affirmation d’une volonté politique commune. Pour sa part, la Chambre de Commerce et

d’Industrie Territoriale de Montpellier y est prête.

Rudy IOVINOPrésident de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Montpellier

Pourquoi il faut créer une véritable Métropole en réseau

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La Chambre de Commerce et d’Industrie de Montpellier a souhaité remplir pleinement le rôle qui

lui est historiquement dévolu par la Loi : donner des avis en matière de développement économique

et donc d’aménagement du territoire.

Elle a souhaité que ces avis soient porteurs de sens et contribuent activement au débat sur les

grands enjeux de son territoire. Aussi, elle a décidé de réunir un groupe d’élus dans des « Ateliers

du territoire » où sont reçus des invités, experts dans une thématique, susceptibles d’apporter

des éclairages différents sur les problématiques abordées.

Ces visions complémentaires, voire contradictoires, alimentent le débat au sein de la Commission

Aménagement du Territoire qui est chargée de définir les positions de la CCI sur les sujets définis.

Pour 2010, la Chambre de Commerce et d’Industrie a souhaité aborder le thème de la métropo-

lisation : à ses yeux, il constitue l’un des enjeux majeurs du développement économique de son

territoire et, au-delà, de tout le Languedoc-Roussillon. Après avoir entendu de nombreux témoignages,

elle a décidé de formuler l’ensemble des arguments qui ont été portés à sa connaissance et qui

lui ont permis d’étayer sa position.

Ce premier Cahier des « Ateliers du territoire » est une prise de position sur l’enjeu que représente

la métropolisation pour l’avenir économique de ce territoire, y compris, à long terme, dans

l’hypothèse de la création d’une grande région, plus vaste que le Languedoc-Roussillon actuel.

Ce travail constitue à la fois un document de référence et un point d’appui dans la stratégie de

la Chambre de Commerce et d’Industrie et dans sa contribution au développement économique.

D’autres cahiers suivront sur des sujets d’une importance tout aussi grande : le thème de l’eau

dans le développement économique local a déjà été abordé en atelier. Dans notre monde

méditerranéen, l’eau est au cœur de toutes les préoccupations. Trop abondante ou trop peu

disponible, elle conditionne notre développement démographique et notre expansion économique.

La nomination récente de Montpellier comme « Pôle mondial de l’eau » confirme que ce sujet

est devenu central.

Par le présent cahier nous espérons vous convaincre du bien fondé de notre position sur la

métropolisation et vous donnons rendez-vous pour le second cahier, qui sera donc consacré à

l’eau dans le développement économique local.

Jean-Yves LABATTUTVice-Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Montpellier

Penser le développement économique et prendre position

AVANT-PROPOS

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Les mots de métropole et de métropolisation sont peu à peu devenusdes mots banalisés, banalisés lors d’usages multiples et variés. Lamétropole est d’abord, dans l’acception commune, la grande, voire latrès grande ville, mais il convient d’admettre qu’elle est aussi la villerayonnante, quelle que soit sa taille. On parle des grandes métropolesmondiales, des villes multimillionnaires, des « villes monde ». Lamétropolisation suggère une urbanisation intense, un continuum de villesdense et indifférencié. Une ville devenue tentaculaire, monstrueuseet incontrôlable. Certes, ces métropoles-là existent. Certes, la métropolisation est la diffusion du

fait urbain dans son environnement, mais la métropole c’est aussi la ville mère qui diffuse sa dynamique

sur un territoire qui la dépasse, le cœur battant d’un espace vaste avec lequel elle partage son développement,

son rayonnement, sa croissance.

La diffusion du fait urbain est avant tout la diffusion d’un genre de vie. Dans les années cinquante ou

soixante, vivre à Paris ou en province, c’était appartenir à des univers totalement différents. Aujourd’hui,

nous partageons les mêmes modes de vie ou presque, à travers l’ensemble du territoire français. Nous

consommons les mêmes produits, regardons les mêmes films, organisons notre temps à peu près de la

même façon. Et tout cela à peu près en même temps.

étropolisation et globalisation :

quelle place pourMontpellier ?

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INTRODUCTION

échanges – espaces –identité La métropolisation est une accélèration de ce

phénomène : les échanges de tous ordres y sont

maximalisés. La mobilité y est importante, les

paysages sont de plus en plus indifférenciés, une

identité nouvelle se fonde peu à peu faisant référence

à la « ville mère ». Même si paradoxalement, pour

certains, l’espace métropolitain n’est que très rarement

celui de la ville centre. Cette référence identitaire à

la ville mère laisse la place à de micro-identités qui

témoignent de la diversité et de la complexité du

territoire métropolitain.

concentrationLa métropolisation est fortement associée à l’évolution

de l’économie capitaliste et libérale qui concentre

hommes et activités, construit ses références sur

l’échange et la consommation de masse. Les flux se

sont imposés comme logique dominante, organisatrice

des espaces, qu’ils soient matériels, de production

ou de consommation, d’hommes, ou plus immatériels.

Ce processus, diffusé à l’échelle monde, est dit de

« globalisation » : il fait reposer les règles de la nouvelle

économie sur les réseaux qui structurent les échanges

de capitaux, de marchandises, d’hommes, mais aussi

les échanges plus virtuels qui « commandent » les

évolutions du système global. La ville en est le

support, elle-même organisée selon un système

hiérarchisé : de la « ville monde » à la ville régionale,

dont la métropole de même nom demeure un horizon

de conquête.

questionsDans cette économie mondiale recomposée, quelle

place pour Montpellier et le Languedoc-Roussillon ?

S’interroger sur la place d’un espace régional - le

Languedoc-Roussillon - et de sa capitale - Montpellier -

comme métropole active n’est-ce pas introduire un

questionnement démesuré ? Il est pourtant essentiel

que l’interrogation soit traitée, tant la ressource

urbaine régionale dépend de la place que la métro-

pole sera en mesure de conquérir dans les différents

espaces urbains qui en définissent les horizons.

Montpellier a-t-elle une chance d’apparaître dans la

liste des métropoles européennes quand la ville se

situe au seuil de 250 000 habitants et que son aire

urbaine ne franchit que difficilement celui des

500 000 ? Quelle place pour le Languedoc-Roussillon,

malgré une croissance démographique vive qui lui

permettra d’atteindre les 3 millions d’habitants en

moins de cinq ans, dans un ensemble de régions de

taille significativement supérieure, irrigué par des

métropoles très souvent millionnaires ? C’est bien

de l’avenir de notre région dont il va s’agir ici, de son

développement et de son rayonnement, aujourd’hui

et demain.

Deux modèles peuvent être évoqués : celui de la

métropole rayonnante dans un espace régional qui lui

ressemble, celui de l’intégration interrégionale du

Languedoc-Roussillon dans un ensemble méditer-

ranéen dominé par Marseille (pourquoi pas demain

Barcelone ?) que d’aucuns jugent seul capable de se

situer dans l’ordre économique européen en

construction.

Le législateur s’est emparé de cette idée de métropole

et la réforme des collectivités territoriales la met au

cœur des grands bouleversements envisagés. Tentative

pour ordonner et organiser des phénomènes déjà

existants ? Ou simple aménagement technique de

mutualisation pour des économies de moyens ? Vision

prospective d’un monde en mouvement et recherche

d’adaptation ou réponse tardive à des processus

largement émergents ?

Montpellier n’est-elle pas en position de « rotule

géographique », au cœur d’un vaste espace métro-

politain à l’échelle européenne (Barcelone/Lyon et

Marseille/Toulouse), capable de construire une autre

façon de penser le monde ? N’est-elle pas aussi, par sa

dynamique et son attractivité, capable de trouver des

réponses localisées à la montée de la globalisation ?

Son parcours atypique, longtemps ignoré du pouvoir

central, ne lui permet-il pas de s’affirmer par l’inno-

vation et la recherche, là où d’autres métropoles ne

jouent que de continuité ? Voilà les questions que

ce document entend traiter.

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LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT

PARTIE 1

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Montpellier n’est certes pas à classer parmi les grandes métropoles, mais elle ne manque pas d’atouts pour

que sa reconnaissance dans cette catégorie de villes lui soit accordée. Le seuil considéré comme critique

de 800 000 habitants dans l’aire urbaine pourrait même être atteint assez rapidement, compte tenu de la

croissance urbaine et de l’extension du champ géographique de celle-ci. Par contre, la visibilité de Montpellier

au niveau international, voire européen, reste encore limitée à certains domaines, ce qui ne manque pas

de la pénaliser et de freiner sa dynamique.

Dans un système national fortement marqué par le centralisme étatique, l’absence d’élus politiques « de

poids » issus de la région aux plus hauts niveaux de l’Etat, et ce depuis plusieurs décennies, a certainement

desservi la région et sa capitale. Montpellier a, de ce fait, eu certainement plus de difficultés que d’autres

villes de niveau comparable, à se faire entendre, à capter le financement de ses grands équipements, à

peser sur des décisions stratégiques.

petite capitaleMontpellier reste finalement de création récente et sa dynamique contemporaine, en rupture avec un siècle

de stagnation (« la belle endormie » au cœur de sa province), l’a projetée dans un univers urbain qui lui

était étranger. La petite capitale provinciale s’est glissée rapidement dans le statut des métropoles que

l’histoire avait établies sans disposer des avantages que leur attribuait leur rayonnement sur leur territoire.

Il lui a fallu s’imposer en région et construire peu à peu un espace de référence, à l’échelle de ses ambitions.

L’épaisseur du temps et celle de l’espace lui ont longtemps manqué pour pouvoir s’afficher parmi les métro-

poles. Mais, par sa dynamique contemporaine, elle est légitime pour affirmer sa place en France et en Europe.

Confirmer une place dans l’ordre des métropoles européennes exige toutefois que la ville et son territoire

d’influence soient mis en cohérence. Car Montpellier souffre d’un territoire trop partagé, fractionné en unités

de gestion autonomes, encore mal irrigué par le système de transport. Le tissu économique, émietté, est

encore à l’image d’une capitale régionale ; il manque de dimension et reste trop peu structuré en réseaux

performants. Dans une économie mondiale où la concentration est le maître mot, Montpellier et son territoire

font certes figure d’espace en devenir, mais de territoire métropolitain encore embryonnaire. C’est enfin à

l’échelle de l’espace vécu par les habitants que se dessinent les contours de la métropole, dans la distribution

des centralités, des aires de drainage des consommations populaires, des grands équipements qui contribuent

à son rayonnement.

tat des lieux : des points forts, oui mais…

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LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT

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Nul ne peut nier que la métropolisation de la région montpelliéraineest en cours : elle s’affirme. On peut le déplorer en pensant qu’elle conduira inévitablement

à une urbanisation dense sur de grands territoires au détriment de l’environnement, de la qualité de vie et

des identités locales. On peut regretter la lenteur du phénomène, encore trop peu perceptible au niveau

national, surtout international, alors que la métropole a tout à gagner à confirmer sa puissance d’attraction.

On peut penser que trop de forces centrifuges gênent la concentration des hommes, des activités et des

idées sur laquelle reposent ailleurs l’économie et la croissance.

La région montpelliéraine possède quelques uns des fondamentaux qui peuvent la conduire à devenir dans

un avenir proche l’une des grandes métropoles européennes : croissance démographique, économie des

services et du savoir, ouverture, infrastructures, vécu métropolitain.

incontestables atoutsp

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Une croissance démographiquepuissante et atypique

Montpellier et son aire figurent en tête du palmarès des espaces urbainsles plus dynamiques au plan démographique. Soutenue depuis le début des années

soixante, la croissance ne se dément pas. Arriveraient dans le département de l’Hérault 1 500 personnes

par mois dont 800 s’installeraient dans le périmètre de l’agglomération de Montpellier. Au plus bas des

phases de croissance démographique répertoriées par l’INSEE, plus de 20 personnes par jour arriveraient

dans l’aire urbaine, dont une douzaine dans sa communauté d’agglomération.

La croissance de Montpellier démarre au début des années soixante avec l’arrivée des rapatriés d’Afrique

du Nord, notamment d’Algérie, qui s’y implantent très nombreux, à la recherche d’un environnement proche

de celui qu’ils viennent de quitter ou de retour vers leurs origines.

La croissance a d’abord été celle de la ville et de sa première couronne (Castelnau-le-Lez, Juvignac, Lattes,

St-Jean-de-Védas). L’ensemble double de population en moins de dix ans. Dans les années quatre-vingts se

constitue une seconde couronne qui conduira à l’installation des néo-résidents sur le littoral (Palavas, Carnon,

La Grande-Motte) et en proche garrigue (St-Gély-du-Fesc, Grabels, Montferrier, Prades-le-Lez, Clapiers…).

Dès le début des années 2000, la dynamique démographique touche des zones plus éloignées, mais devenues

de plus en plus accessibles, grâce aux nouvelles infrastructures : ouverture de l’A750 vers le Cœur d’Hérault

en 1997, mise en place progressive de la Liaison Inter-cantonale d’Evitement Nord (le LIEN). La croissance

de la première et de la seconde couronne se ralentit, au profit d’un étalement urbain de plus en plus large,

phénomène caractéristique de la périurbanisation, engendré par la valeur de la rente foncière, qui détermine

le prix du sol, et par le coût relativement élevé des transports vers les lieux de travail.

ville-centreDepuis peu, le retour au centre se concrétise, les

programmes immobiliers du projet urbain de la ville

et des communes de la première couronne valorisent

des espaces de centralité qui renouvellent la pensée

métropolitaine. Pour éviter que les populations les

moins fortunées, les ménages les plus jeunes et les

plus fragilisée économiquement, donc les plus dépen-

dants du coût du foncier et de l’immobilier, ne fuient

vers les périphéries lointaines, la communauté

d’agglomération met en œuvre des programmes

résidentiels jouant sur la mixité, la primo-accession,

le logement social. La dimension métropolitaine exige

que soit remis en question l’étalement périurbain et les

déséquilibres sociaux. La commune et l’agglomération

relancent le programme de logements sociaux dans

la ville.

attractivitéContrairement aux opinions habituelles d’une région

ouverte aux migrations de retraités plus que d’actifs,

la population qui arrive sur le bassin d’emploi de

Montpellier est une population jeune et active. Elle

est attirée par une ville et une aire urbaine qui

créent des emplois et pas seulement des emplois

liés à l’économie résidentielle.

La croissance démographique est à la fois un signe

et un facteur de développement : elle est le fruit

d’une économie dynamique, créatrice d’emplois et

dont l’image auprès des cadres nationaux, voire inter-

nationaux, est positive. Ceux-ci n’hésitent donc pas

à venir s’y installer pour faire carrière ou construire

une étape de leur parcours professionnel. Elle génère

une économie résidentielle tout aussi dynamique

dont bénéficie l’ensemble du bassin de vie.

jeunesLa population de l’aire urbaine est beaucoup plus

jeune que le reste de la région : cela s’explique en

partie par la présence des étudiants, mais pas seu-

lement. Montpellier est une ville à la fois culturelle

et sportive où les événements sont nombreux et dont

l’image d’« entreprenante » a marqué les esprits.

Elle attire donc une population jeune dont les critères

de choix pour un lieu de vie sont souvent très diffé-

rents de ceux de leurs aînés.

Selon l’INSEE, ces tendances se confirmeraient

jusqu’en 2030 : une population toujours en forte

croissance, un solde migratoire particulièrement

élevé qui ne doit pas faire oublier un solde naturel

positif et une population jeune, même si cette

tendance s’essouffle un peu.

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LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT

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De plain-pied dans l’économie des services et du savoir

La croissance démographique, qui démarre dans les années soixante,est une opportunité pour Montpellier et son bassin de vie. Elle n’est pas la

seule. En 1965, l’américain IBM choisit Montpellier pour s’implanter dans le sud de la France avec un

nombre important de cadres. De son côté, l’université de Montpellier riche de ses 700 ans d’Histoire

accueille des étudiants de plus en plus nombreux, développe ses laboratoires de recherche, accroît son

rayonnement intellectuel.

projet globalLa conjoncture des années 1960 fait converger au

moins trois facteurs : l’arrivée des rapatriés d’Afrique

du Nord, le renouveau démographique lié au baby-

boom d’après-guerre, l’ouverture de l’université aux

couches populaires. S’y ajoute, ici comme ailleurs,

l’essor des régions, encore mal définies certes, mais

leur ville capitale s’affirme comme moteur de la

croissance.

Pour autant ces éléments disparates peuvent ne pas

donner corps à une dynamique pérenne. A Montpellier,

une stratégie politique spécifique va progressivement

placer la ville sur une trajectoire nouvelle. Elle repose

au début sur la valorisation des opportunités. Puis,

peu à peu, elle s’élabore avec plus de maîtrise par

la conduite d’un projet plus global concernant à la

fois au processus de développement économique et

à l’urbanisation du territoire. Le projet urbain prend

corps sur ces figures de la modernité.

Montpellier illustre parfaitement la théorie de

Schumpeter qui dit qu’un nouveau cycle économique

ne peut se construire que sur l’innovation, signe de

changement et de rupture. Le cas montpelliérain

correspond bien à la naissance d’un nouveau processus

économique qui repose sur de nouveaux « entrants »

(les TIC, la communication, la recherche appliquée ),

en totale rupture avec les vecteurs de l’économie

urbaine traditionnelle reposant sur la rente foncière,

le commerce de proximité, la petite fabrique.

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IBML’arrivée d’IBM met en lumière les atouts de Montpellier

pour accéder à ce nouveau statut économique : IBM

choisit Montpellier pour son université et pour la

qualité de son cadre de vie qui correspond bien aux

souhaits de ses cadres. L’économie qui se met en place,

dont IBM est l’un des fleurons, n’est pas dépendante

des grandes contraintes d’implantation des industries

traditionnelles (matières premières, infrastructures

de transport, grand bassin de main d’œuvre). Mais

elle ouvre des perspectives davantage à même de

trouver cours dans cet espace urbain en formation,

riche de ses universités et centres de recherche, d’une

main d’œuvre jeune, soucieuse de réaliser ses projets

de vie. Ces choix d’implantation sont planétaires, ils

reposent sur des critères nouveaux : la proximité des

savoirs et des capacités d’innovation (université,

laboratoires de recherche), le voisinage des réseaux

(transports, information, relation...) et la qualité du

cadre de vie.

La présence d’IBM « estampille » la région de

Montpellier comme un lieu où l’on peut trouver les

conditions optimales d’implantation quand on est

une entreprise de haute technologie, à forte valeur

ajoutée, nécessitant beaucoup de matière grise et

reposant sur l’innovation et la recherche. L’installation

de la multinationale ouvre la porte de l’économie

des services et du savoir.

Accueillir IBM à Montpellier n’était pas aussi aisé

que l’on pourrait l’imaginer. La ville n’a alors aucune

culture industrielle, aucune véritable usine. Elle vit

encore de la rente foncière et des salaires des

fonctionnaires des corps de l’Etat, de l’Université et

du CHU, grands pourvoyeurs d’emplois. Il a fallu alors

une certaine clairvoyance politique pour imaginer

tout ce que cette implantation offrait de perspectives

pour Montpellier : elle se met en concurrence avec

d’autres villes du Sud quand, jusqu’ici, Nîmes et

Béziers se posaient en rivales. Dans un premier

temps, il a fallu séduire l’investisseur et lui montrer

que son choix relevait aussi de potentialités liées à

l’environnement urbain.

Le pouvoir municipal va dès lors se tourner vers

l’idée d’un développement économique conséquent.

Le District, doté de compétences économiques, sera

l’outil de référence pour assurer ce choix. Le Polygone

sera l’expression première que la ville a changé et

entrepris une véritable mutation de ses logiques

économiques et sociales. Après les élections muni-

cipales de 1977 Montpellier s’engage dans la voie

de la nouvelle économie qui passe par le besoin de

« lisibilité », de communiquer sur ses acquis et ses

nouveaux savoir-faire. Elle se dit « entreprenante »,

« eurocité » et finalement « technopole » au milieu

des années 1980.

culture – sport – environnementMontpellier devient la ville préférée des cadres

avec une image très forte de ville de culture, grâce

à la construction de grandes infrastructures (Opéra

Berlioz, Zénith, musée Fabre…), au développement de

grandes structures comme l’orchestre de Montpellier,

au lancement de grandes expositions, de festivals…

Montpellier cultive son image jeune et dynamique :

elle est une ville sportive pour laquelle de grandes

infrastructures sont aussi mises en place : stade

Yves du Manoir, piscine olympique d’Antigone et

des clubs comme ceux de rugby ou de handball.

Montpellier soigne son environnement et son cadre

de vie : conquête de la rive gauche du Lez, souci de

l’environnement au sein des ZAC, outil principal

d’aménagement, réseau nature et cheminements doux,

plan vert au niveau de la communauté d’agglomération.

Elle recherche des « signatures » d’architectes

reconnus pour personnaliser les quartiers et les rendre

visibles au-delà des frontières : Bofill, Fassbinder,

Portzamparc, Chemetov…

imageMontpellier se donne à voir pour entrer dans le

monde de la grande ville, où l’activité économique est

urbaine et le développement, métropolitain. La ville

est peu à peu sortie de ses limites pour essaimer

les activités dans son environnement. Ainsi s’est

construite l’image de Montpellier devenue « grande

ville française », capable de trouver place au niveau

européen, de trouver sens dans les configurations

métropolitaines.

LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT

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Une forte volonté d’ouverture

En même temps que la ville entre dans un nouvel âge économique,elle s’ouvre au monde, tourne son regard vers des horizons lointains,se compare, s’inspire, se rapproche de grandes cités.

jumelageLes jumelages de Montpellier avec des villes

étrangères ont déjà commencé au début des années

60, mais ils vont s’intensifier. Les premiers jumelages

sont à forte connotation universitaire : Louisville aux

Etats-Unis et Heildelberg en Allemagne. Ils restent

très importants, car les échanges anciens ont permis

de tisser des liens très forts et très particuliers avec

ces villes.

Le rapprochement avec Barcelone, en 1969, marque

un changement notable dans le type d’échanges.

Barcelone et Montpellier, voisines, longtemps étrangères

malgré leur parcours historique partagé, se rejoignent

sur des problématiques communes, notamment

économiques, urbanistiques et environnementales.

Le jumelage le plus remarquable est sans doute

celui scellé avec Cheng Du, capitale de la province

chinoise du Sichuan. En 1981, la Chine n’est pas

encore le géant économique que nous connaissons

aujourd’hui. Elle sort de vingt ans d’un repli à la fois

social et économique. La Chine est encore cet

« autre côté » de la planète, mystérieux et fascinant

comme tous les orients, mais économiquement

faible dans les échanges internationaux. Il y a là

un pari sur l’ouverture de la Chine et sur la capacité

de Montpellier à prendre sa place dans le concert

des grandes villes, processus qui ne trouve pas de

correspondance dans les autres jumelages.

D’autres jumelages suivront, tournés vers la Méditer-

ranée et vers un des espaces de rayonnement possible

de la ville et de son territoire d’influence : Tibériade

en Israël, Fès au Maroc et Tlemcen en Algérie.

vitrinesEn fonction de leurs différentes compétences et de

leurs évolutions, l’ensemble des collectivités locales va

également jouer le jeu de l’ouverture internationale :

la Région crée des « Maisons de la Région », vitrines

des productions et des savoir-faire, dans différentes

villes du monde, grandes métropoles économiques,

points névralgiques des échanges : Shanghai, Milan,

Londres, New-York et multiplie la présence d’entre-

prises régionales dans les salons internationaux. Elle

met en place des structures, telles qu’Invest LR, pour

favoriser l’implantation en Languedoc-Roussillon

d’entreprises de taille et de notoriété nationales et

internationales.

Le Conseil Général de l’Hérault tisse des liens éco-

nomiques avec les grandes régions viticoles du

monde, tente d’ouvrir de nouveaux marchés pour

les productions agricoles, le vin notamment. Il tisse

également des liens de coopération nord/sud, dans le

Maghreb et en Amérique latine, en vue de soutenir

les développements locaux.

Les stratégies de développement à l’international

portées par l’agglomération de Montpellier dévoilent

également une volonté d’ancrer les entreprises de

pointe dans les échanges mondialisés. Elle a même

obtenu la reconnaissance internationale d’incubateur

de l’Award Randall M. Whalley pour son Business

International Center en 2007.

Aujourd’hui, elle ouvre une structure particulière

pour permettre à des entreprises internationales de

venir tester une implantation locale avant d’engager

des investissements lourds : le MIBI (Montpellier

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International Business Incubator). Cet immeuble de

bureaux d’un genre particulier donne la possibilité

à des entreprises, intéressées par une installation à

Montpellier, de tester leur marché en ayant à dispo-

sition un bureau et des services associés (secrétariat,

traduction, accompagnement…).

Cette dynamique prolonge les liens que les universités

avaient tissés au niveau mondial, avec l’Amérique

du Nord en particulier, tant sur le plan des langues

et des sciences humaines que sur ceux de l’agronomie,

de la chimie, de l’agro-alimentaire et des technologies

de pointe. L’ouverture à l’international, un des vecteurs

de l’économie moderne, est porteuse d’images

valorisantes et de rayonnement tant sur le plan

économique que sur celui de la culture et des savoirs.

Un important réseau d’infrastructures

Placée au cœur d’un important couloir historique de circulation deshommes et des marchandises, Montpellier bénéficie d’un réseaud’infrastructures bien développé.

railLongtemps simple halte sur le grand axe ferroviaire

traversant est/ouest entre Bordeaux et Nice, mais

finalement bien reliée à Paris après branchement

sur le Paris-Lyon-Marseille, la gare de Montpellier

s’est progressivement affirmée en relation avec la

dynamique de la ville. Montpellier est aujourd’hui

desservie par les TGV vers Paris et par la grande

diagonale qui relie la péninsule ibérique à l’Europe

du nord et de l’est, ligne qui peut représenter un

avenir certain en termes de développement écono-

mique dans le contexte européen. L’axe nord/sud

peut se révéler porteur de croissance à l’horizon

2020, surtout lorsque la liaison à grande vitesse

mettra Barcelone à moins de deux heures.

Par ailleurs, le contournement ferroviaire prochain de

Nîmes et de Montpellier permettra une desserte plus

rapide de ces villes par les trains à grande vitesse et

servira de support à la création de la gare nouvelle

au sud-est de l’agglomération.

Equipement structurant, la gare nouvelle s’annonce

complémentaire au projet urbain d’Odysseum, auquel

elle est associée sur le plan fonctionnel. Le quartier

d’affaires qui l’accompagnera devrait bénéficier de

la desserte rapide vers les grandes métropoles euro-

péennes, comme Barcelone, Paris, Lyon, Francfort. Il

doit devenir une plate-forme intermodale de niveau

européen reliée à l’aéroport distant de moins de

trois kilomètres et aux entrées d’autoroute à proximité

immédiate. La gare et son quartier d’affaires seront

également connectés par le réseau de tramway au

centre de la ville et aux grands espaces économiques

de l’agglomération.

La réalisation de la Ligne à Grande Vitesse (LGV)

permettra d’alléger le trafic sur le réseau actuel,

jusqu’ici saturé, et facilitera le développement d’une

desserte en TER cadencée vers les autres villes de

l’espace métropolitain entre Nîmes et Sète (Lunel,

Frontignan) et, au-delà, vers Agde et Béziers, Alès

et Avignon.

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LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT

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routesAu niveau routier, Montpellier est desservie par l’A9

et bénéficie de quatre entrées/sorties desservant

les grands points stratégiques de l’agglomération

d’un point de vue économique :

- Saint-Jean-de-Védas et Montpellier Ouest pour les

zones d’activités de La Lauze, Marcel Dassault et Garosud,

- Montpellier sud pour la desserte du centre-gare et

de Palavas,

- Montpellier est pour l’accès aux zones d’activités

du Millénaire, d’Eurêka et d’Odysseum et de La

Grande Motte,

- Vendargues qui dessert la zone d’activités de Saint-

Aunès et celle de Via Domitia en plein développement.

L’A75 sera terminée au printemps 2011. Elle permettra

une liaison rapide et alternative avec la région pari-

sienne et l’Europe du nord pour une part importante

du trafic de marchandises afin d’éviter un couloir

du Rhône largement saturé. Ce basculement est

freiné par la rampe du Pas de l’Escalette qui n’est pas

autorisée aux très gros camions. L’A75 est également

une autoroute d’altitude soumise aux aléas climatiques

d’hiver. Enfin, elle ne présente pas une alternative

valable pour le trafic à destination de l’Allemagne

et de l’Europe de l’est qui restent une destination

principale pour le trafic autoroutier de l’A9 qui transite

ensuite par la vallée du Rhône.

portLe développement de Montpellier peut et doit

s’appuyer sur le port de Sète, second port français de

la Méditerranée dont la Région a pris la responsabilité.

Il constitue un potentiel de développement écono-

mique important si l’on considère les opportunités

d’échanges commerciaux dans le bassin méditerranéen.

Le potentiel en matière de transport de passagers

et de croisière n’est pas non plus à négliger et doit

progresser en nombre et en qualité.

aéroportL’Aéroport Montpellier-Méditerranée est un atout

important pour le développement économique par

son ouverture à l’international. C’est la seule infra-

structure de transport qui puisse accompagner la

croissance métropolitaine dans laquelle Montpellier

et son bassin de vie sont engagés. Il n’est que le

10ème aéroport national. Mais il dispose de belles

marges de progression. Son développement reste

dépendant de la dynamique économique car plus de

50 % de son activité sont liés aux déplacements

d’affaires. L’ouverture de nouvelles lignes par la

Société Aéroportuaire crée autant d’opportunités de

prospection et de conquête de nouveaux marchés.

Cet aéroport a l’avantage d’être un aéroport urbain,

à moins de cinq kilomètres du centre-ville et de

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Un vécu et des modes de vie métropolitains

Au niveau local, le réseau de tramway est l’infrastructure qui marquede la façon la plus incontestable l’entrée de Montpellier dans le concertdes métropoles. Chaque nouvelle ligne ancre davantage les communes de l’agglomération dans un

espace métropolitain qui se projette au travers d’une unicité de plus en plus reconnue. La perception de

leur aire de vie par les habitants est radicalement modifiée par la possibilité de se déplacer rapidement, à

l’intérieur d’un espace qui joue de diversité et de similitudes, qui grandit, se diversifie, sans pour autant

perdre de sa cohérence.

Le tramway modifie fondamentalement les pratiques des habitants de l’agglomération et demain de

l’ensemble de l’aire métropolitaine. En effet, la mobilité est l’une des conditions d’existence d’un espace

métropolitain : il faut pouvoir se déplacer aisément et rapidement, notamment par les transports en commun,

pour effectuer les différents actes de la vie comme travailler, faire ses achats, se distraire, se rencontrer.

Le transport en commun est le garant de cette exigence. Il met à disposition des habitants de tout l’espace

métropolitain une offre en services et en équipements de plus en large.

L’interrogation récurrente des populations locales de savoir « quand le tramway ira jusqu’à la mer »

participe de cette construction métropolitaine, d’un vécu et d’une vision très pragmatiques, transcendant

les clivages administratifs et politiques.

En revanche, le développement à l’international,

indispensable pour l’aéroport, trouve écho dans le

besoin de Montpellier et de sa zone métropolitaine

d’élargir leur aire d’action : la volonté de l’une de

prendre sa place au sein d’une économie mondiale

et des grandes métropoles et celle de l’autre de se

développer sont totalement indissociables.

trois kilomètres de la future gare TGV, à proximité

des grands équipements ludiques et commerciaux.

L’aéroport souffre de l’amélioration de la desserte

en TGV qui constitue une concurrence importante

(Paris à un peu plus de trois heures). L’arrivée de la

ligne nouvelle et la mise en fonction de la nouvelle

gare feront du train une alternative particulière-

ment intéressante pour atteindre Paris et Barcelone.

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LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT

mobilitéL’Université de Lausanne publiait en 2002 « Vues

sur la ville ». Elle y faisait état « qu’en matière de

densification, on va vers un modèle polycentrique, en

réseau avec diversification des sous-centres desservis

par un réseau de transfert performant ». Le tramway

met désormais ce réseau en place sur le territoire

qu’il dessert.

L’agglomération de Montpellier et la TAM ont déjà

envisagé de poursuivre le réseau en place au-delà

de la troisième ligne, ligne qui s’étire déjà sur 22

kilomètres ! Le tramway deviendra train-tram

suppléant le TER là où il n’y a pas de desserte possible,

vers le Bassin de Thau, le littoral et en direction de

Sommières.

appropriationAujourd’hui, la dimension métropolitaine s’affirme

comme élément structurant du territoire de vie : on

habite dans la périphérie de Sète, mais on travaille

à Montpellier. On consomme à Balaruc-les-Bains ou

à Pérols en hypermarché, on parcourt le centre-ville

de Sète et de Montpellier. On va se promener en

garrigue, sur la Gardiole, au bord des étangs ou dans

les Cévennes. On va applaudir un spectacle dans les

arènes de Nîmes et un match de handball dans

l’Arena de Montpellier.

Cet espace semble à certains différencié. En fait,

c’est un espace entièrement approprié par les habi-

tants, grâce à des pratiques urbaines généralisées.

Ici, la confrontation entre rural et urbain n’a plus

lieu d’être.

L’agriculture est elle-même péri-urbaine. Elle bénéficie

des structures de soutien mises en place par les

collectivités et les établissements publics. Elle profite

du marché de proximité que constitue l’espace

métropolitain. Les espaces naturels sont également

intégrés. Les SCOT (Schémas de cohérence territoriale)

ont pris en compte la protection des espaces agricoles

et des espaces naturels car ils constituent l’échelle

la plus pertinente pour contrôler l’étalement urbain.

Réfléchir à une planification à l’échelle intercommunale

est l’un des moyens de protéger l’environnement : elle

permet par exemple de faire apparaître des espaces

continus en matière de biodiversité, suffisamment

vastes pour permettre un maintien des espèces,

tout en gardant leur cohérence aux grands paysages.

Les pratiques de cet espace sont bien métropolitaines

même si, trop souvent, le sentiment d’appartenance

reste encore flou, renforcé par les approches politiques

jouant sur des identités annoncées comme fondatrices

de lieux de vie. Sans doute parce que nous sommes

dans un espace en mutation, en création ou en recréa-

tion, ces discours peuvent trouver quelque écho.

Mais le sentiment métropolitain prend puissance

lorsque l’on passe à une plus grande échelle. A

l’étranger, le Sétois, tout comme le Nîmois, devient

facilement Montpelliérain. Car il sait bien que c’est

seulement à l’échelle de la Métropole que son identité

peut être perçue. Il peut revendiquer ensuite avec

vigueur au niveau local sa micro-identité sans

éprouver une quelconque gêne, car, finalement,

comme le disait Georges Pérec « vivre » n’est ce pas

« passer d’un espace à un autre en essayant de ne

pas se cogner… » ?

16

Interview de Frank Lasch Docteur en Economie,Professeur associé en entrepreneuriat et Directeur de la Recherche - Groupe Sup de Co Montpellier

« La métropolisation : du global au local. Le phénomène de métropolisation est mondial,

mais il se différencie dans son ampleur selon les pays. Il s’agit d’une croissance et d’un rayonnement intensifiés

des grandes et moyennes villes (agglomérations) se traduisant par une dynamique spatiale qui conduit à

une réorganisation de l’espace autour d’une ville affectée par ce phénomène.

La recherche anglophone a produit de nombreux travaux analysant ce lien entre l’économie globale et le

développement des activités et de la compétitivité à un niveau régional et local. Elle décrit le passage d’une

économie « gérée » à une économie « entrepreneuriale » (Audretsch & Thurik, 2000) ou de savoirs dont un

des résultats est le renforcement des gouvernances et mesures des politiques économiques locales, l’accélération

de la concurrence et l’augmentation du niveau de compétitivité des entreprises et des régions. En parallèle de

l’Etat, acteur majeur de l’économie, se développe la mobilisation des moyens au niveau régional et local (‘bottom

up’). Elle y est souvent considérée plus facile et plus organisée, la convergence des intérêts plus évidente.

La métropolisation, étroitement liée au phénomène de globalisation, conduit à constater un grand paradoxe.

Dans une période où la globalisation a tendance à dominer l’activité économique et où les technologies de

l’information mettent en question l’importance d’une localisation, la recherche accorde de plus en plus

d’attention à la proximité et aux clusters d’entreprises (Audretsch, 1998). L’interaction de différents acteurs

au niveau local fait l’objet de travaux récents sur les différentes proximités (sociétale, culturelle, sectorielle,

géographique... (Jaouen & Torrès, 2008 ; Lasch, 2008). La concentration géographique d’entreprises appartenant

à des secteurs d’activités spécifiques est une des facettes de la redéfinition spatiale d’une agglomération

qui se développe dans un contexte de métropolisation et mène au constat que des avantages compétitifs

dans une économie mondialisée réside de plus en plus dans le local («…competitive advantages in a global

economy lie increasingly in ‘local things’ » Porter, 1998). La compétitivité économique est plus que jamais

celle d’un territoire avec la nécessité de se recentrer sur le local et de fédérer ses acteurs. Pour la gouvernance

locale, l’enjeu de manager l’économie et le territoire va continuer à se développer ; pour les entreprises, la

nécessité de capitaliser sur les avantages compétitifs locaux, de créer des synergies dans le tissu économique

et institutionnel local et d’augmenter sa performance grâce à l’innovation managériale.

Pour conclure, recentrons-nous sur notre territoire, l’une des régions disposant du plus fort taux de création

d’entreprises et de croissance démographique en France. Ce territoire est un haut lieu d’opportunités, un pôle

majeur pour certains secteurs (TIC, pharmaceutique, tourisme...) mais où sont souvent déplorés le manque d’un

tissu industriel, la « petitesse » de son stock d’entreprises et le taux de mortalité élevé des jeunes entreprises.

Sachant néanmoins que Montpellier fait référence au niveau Européen pour une métropole entrepreneuriale,

proactive et se trouve citée comme exemple par un programme Européen de recherche, de « smart practice »

pour sa politique et le succès du développement économique des dernières décennies (cf annexes p 62).

Le développement positif et le positionnement incontesté et réussi de Montpellier en tant que métropole

européenne, là n’est pas la vraie question pour l’avenir : il faut se demander si tous les atouts de notre territoire

sont adéquatement exploités pour maintenir sa place et pour augmenter sa compétitivité dans la lutte des

métropoles. Beaucoup de réflexions passeront par un management innovant de la proximité… ».

RéférencesAudretsch D.B. 1998. Agglomeration and the location of innovative activity. Oxford Review of Economic Policy, 14(2): 18-29.

Audretsch D.B. & Thurik R. 2000. Capitalism and democracy in the 21st Century: From the managed to the entrepreneurial economy.Journal of Evolutionary Economics, 10(1-2): 17-34.

Jaouen A. & Torrès O. 2008 (eds). Les très petites entreprises - un management de proximité. London, Hermès Lavoisier.

Lasch F. 2008. La proximité géographique comme facteur d’émergence et de survie des TPE à forte intensité de savoirs. In JaouenA. & Torrès O. (eds). Les très petites entreprises - un management de proximité : 333-363. London, Hermès Lavoisier.

Lasch F. 2006. Innovation policy and socio-economic context as success factors for RTD: the case of Montpellier, France.

*Porter M.E. 1998. Clusters and the new economics of competition. Harvard Business Review, November/December: 77-90.

Welter F. & Kolb S. 2007. How to make regions RTD success stories? Good practice models and regional RTD. CRIPREDE/Regionsof Knowledge 2 Intermediate Report. Siegen (Germany), Beiträge zur KMU-Forschung, n°2. 17

LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT

18

Montpellier a compris très vite que la nouvelle économie, celle des savoirs

et de la connaissance, offrait aux villes sans passé industriel la possibilité les nouveaux territoires de

l’économie. Elle possédait des atouts indéniables. Cependant, comparativement à d’autres grandes villes

au passé industriel vivace, aux sièges sociaux bien implantés, aux équipements conséquents, Montpellier

devait parcourir le chemin de la création de toute pièce. Elle devait se faire un nom à partir de son université,

s’afficher ville de la communication et du high tech, jouer sur son environnement de grande qualité et séduire :

être attractive pour devenir la place choisie par les sociétés pour y implanter leurs sièges sociaux, y créer

des entreprises innovantes ; être également choisie par les laboratoires de recherche, publics ou rattachés

à des firmes connues.

Elle s’y est largement employée jusqu’à devenir la 8ème ville de France en termes de population résidente.

Pourtant, comme l’ensemble de l’aire urbaine, elle souffre de handicaps structurels et de faiblesses qu’elle

se doit de dépasser.

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Un réseau d’infrastructures encore inachevé

Certes, le réseau de transport de l’espace métropolitain, centré surMontpellier est bien articulé sur la route, l’autoroute, la voie ferrée et le transport aérien.

Cependant, son degré de saturation interroge quant à ses capacités à supporter une charge supplémentaire

de trafic que la croissance démographique ne manquera de provoquer.

railLe réseau ferré actuel est saturé. Il ne présente aucune

possibilité d’alternative, ce qui a pour conséquence

fâcheuse le blocage intégral de toute la ligne au

moindre incident.

La ligne nouvelle à grande vitesse a donné lieu à un

solide débat public. Mais le plan de financement, bien

qu’en bonne voie n’était pas encore bouclé au seuil

de 2011. Les études qui ont été lancées devraient

permettre de respecter le planning établi.

Cet élément de ligne à grande vitesse est le chaînon

manquant, en France, d’un parcours ferré européen

entre Hambourg et Séville. Programmé une première

fois dans les années 1990, il n’avait pas vu le jour

faute sans doute d’une ambition suffisante pour

cette liaison.

La ligne actuellement programmée - une ligne mixte

voyageurs/marchandises - est aussi un pari sur

l’avenir. Elle ne prend tout son sens que dans la

perspective d’un transfert vers le rail depuis le port

de Barcelone des marchandises destinées aux

grands ports de l’Europe du Nord. Le gain de temps

est à ce niveau un facteur déterminant.

Si le pari est gagné, le Languedoc-Roussillon verra

se construire à sa porte une Métropole européenne

encore plus forte sur le plan économique, capable

de capter d’importants flux marchands. Le risque

serait-il qu’elle s’étale vers le Nord jusqu’à absorber

dans son orbite la Catalogne nord, au détriment de

l’influence de Montpellier ? La question mérite d’être

posée, ne serait-ce que pour stimuler les décideurs

régionaux dans leur regard vers Barcelone.

On ne peut envisager que le pari soit perdu, tant la

ligne mixte Montpellier Perpignan serait alors un

gouffre financier confortant les inquiétudes de ceux

qui avaient arrêté le projet dès la fin des années 1990.

Il est important que la région se place en position de

force dans la perspective de la réalisation de la ligne

nouvelle, notamment quant au rôle que vont jouer

les gares et les plateformes qui leur seront associées.

Comment les forces vives de la région valoriseront-

elles leurs capacités de faire de la ligne nouvelle un

axe économique majeur ?

Un vrai projet anime les collectivités autour de

Montpellier et de sa gare. Mais, qu’en est-il autour de

Nîmes dont la gare est projetée à Manduel ? A Béziers

ou Narbonne, les gares sont encore hypothétiques.

Elles ne verront le jour que si les collectivités locales

participent financièrement à très haut niveau : cet

investissement conséquent n’aura de sens que si un

projet urbain et économique fort permet un « retour

sur investissement » incontestable.

Cette ligne tant attendue devra également permettre

la libération de sillons sur la ligne historique pour

permettre enfin la mise en place d’un réseau TER

cadencé et performant, indispensable au dévelop-

pement métropolitain. Ce réseau, aujourd’hui insuf-

fisant, ne répond pas aux attentes des usagers : les

retards et les annulations trop souvent annoncés ne

favorisent pas l’utilisation du train pour les différents

déplacements.

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LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT

aéroportPour sa part, l’aéroport souffre d’être le dernier dans

la catégorie des aéroports nationaux. Les enjeux de

son développement ne sont pas forcément perçus

par l’Etat, principal actionnaire, de la même manière

que par les actionnaires locaux. Les priorités de

l’État s’établissent à une échelle nationale et tiennent

compte d’un ensemble de paramètres. Montpellier-

Méditerranée ne se trouve pas forcement favorisé

dans les engagements pris par l’État en matière

aéronautique au niveau national.

Montpellier-Méditerranée souffre également de la

présence relativement proche d’aéroports concurrents

sur un certain nombre de lignes. La question se pose

avec acuité de la concentration des investissements

sur un seul aéroport métropolitain de niveau interna-

tional et de son articulation aux autres systèmes de

transport en région afin de diminuer les temps de

parcours entre les villes et espaces urbains desservis.

Cet aéroport n’a pas la dimension qui devrait être la

sienne, compte tenu de son environnement écono-

mique, de sa vocation d’aéroport d’affaires et du

potentiel de développement économique que

représente le foncier de la plate-forme.

portLe port de Sète doit faire face à de très lourds

investissements pour tenir la place qu’il mériterait

dans le développement économique local et au sein

de l’espace méditerranéen. Face à Marseille, il est

impératif que Sète développe son trafic conteneurs,

ses plateformes portuaires et se mette à niveau

pour l’accueil des lignes passagers et de croisière.

La voie maritime offre de belles perspectives de

croissance, le port pouvant trouver place dans un

espace métropolitain aux infrastructures lourdes

bien distribuées. Il doit devenir un des outils de

développement de la métropole montpelliéraine.

routesMontpellier est sûrement l’une des rares villes de

cette taille à ne pas avoir de système de rocades :

l’autoroute A9, au droit de Montpellier, sert de rocade

de substitution, grâce à la gratuité obtenue par les élus

lors de son ouverture. Elle atteint des taux records

de saturation et de dangerosité, sans qu’aucun des

nombreux projets de doublement n’ait jusqu’à présent

été mis en œuvre. Le gouvernement vient seulement

de décider la mise en place d’un doublement court

entre les deux contournements prévus à l’est et à

l’ouest. Les procédures à reconduire ne devraient

pas permettre à ce projet, qui suscite encore des

débats, d’aboutir avant cinq ans.

La congestion récurrente de l’ensemble du réseau

routier pénalise de plus en plus les échanges au sein

de l’aire métropolitaine. Le développement écono-

mique en est affecté, car les entreprises locales ne

peuvent assurer à leurs clients la fiabilité des livraisons

et des rendez-vous. Les périodes estivales, que l’on

dit souvent « cauchemardesques » pour les touristes

en transit, comme pour tous les habitants de l’aire

urbaine confortent l’idée de saturation et justifient

pleinement les choix de la Communauté d’agglomé-

ration de construire un réseau de lignes de tramway

irriguant l’ensemble des territoires communautaires.

Les retards pris par les bretelles de contournement,

à l’ouest comme à l’est, contribuent à la paralysie

relative du trafic aux heures de pointe et lors des

grandes migrations estivales. Le schéma fonctionnel

demandera au moins une dizaine d’années avant

d’être réellement opérationnel. Au sud, le goulet de

l’A9 pénalise les échanges entre les villes de la région,

de Nîmes à Narbonne. La RN 113, axe historique, a

perdu sa vocation de réseau de desserte à longue

distance. Un véritable schéma de transport et

d’échanges à l’échelle de l’aire de métropolisation

devrait être élaboré, ne serait-ce que pour prendre

conscience des retards accumulés et de la nécessaire

recherche de réponses adaptées aux besoins de

mobilité.

—20

Interview de Nello Chauvetière Consultant, Ancien responsable du service de l'aménagement, des transports etde la prospective à la Direction Régionale de l'Equipement

« Pendant longtemps, le transport a été considéré comme une activité assurant le déplacement des biens et des personnes, réalisée par des entreprises spécialisées. La performance de ce secteur était évaluée à la croissance des trafics

et aux résultats des entreprises ou à leur contribution au PIB national. Aujourd'hui, le transport est un élément

des politiques d’aménagement du territoire par ses impacts positifs mais aussi négatifs. Le transport c'est

de la richesse économique : il favorise les échanges, le commerce, le tourisme, il donne accès aux territoires...

Mais il porte également atteinte à l’environnement par la pollution qu'il engendre, la destruction des

paysages, etc.… Le transport est ainsi au cœur de la problématique de la durabilité.

D’un point de vue économique, richesse et mobilité sont liées. Les spécialistes parlent de « couplage » :

activité transport et PIB sont fortement corrélés. La croissance du trafic est particulièrement forte autour

de Montpellier et de Nîmes : 1 % de croissance démographique génère mécaniquement 1 % de trafic

supplémentaire et donc une croissance économique.

La configuration même du Languedoc, un couloir maillé de villes relativement importantes et proches,

favorise la densité du trafic local : plus les villes sont importantes et plus elles sont proches, plus elles

génèrent du trafic entre elles. Ainsi les trafics autoroutiers, routiers, ferroviaires sont les plus élevés entre

Nîmes et Montpellier, Montpellier et Sète... Aujourd'hui, ici ou là, on peut parler de congestion.

Vu de Paris mais aussi au niveau régional, le territoire « métropolitain » entre Sète et Nîmes (et Alès) revêt

un enjeu particulier. Dans un contexte de concurrence entre les métropoles au niveau européen, ce territoire

doit se construire, s'affirmer. La métropolisation qui s'y développe, doit être maitrisée, organisée, pour éviter

les décisions contradictoires et coûteuses et leurs effets négatifs sur les populations et sur l'environnement.

L'organisation d'un système de transport efficace est un enjeu primordial pour une métropolisation réussie.

L’ensemble des trafics, locaux et de transit, voyageurs et marchandises, se superpose sur des infrastructures

polyvalentes dont les limites de capacité sont atteintes voire dépassées. Il faut trouver les réponses adaptées

à ces différentes problématiques.

Dans le domaine du transport, la métropolisation génère des problèmes spécifiques de congestion croissante.

Conserver un bon niveau de mobilité individuelle et un transport de marchandises efficace demande des

politiques volontaristes, notamment en direction des transports collectifs (tramway, TER, inter-cités). Ici, une

coordination des politiques de transport régionale (TER) départementales (autocars) et urbaines (autobus

et tramways) est indispensable pour constituer un réseau de transport « métropolitain » qui facilite la vie

des populations et donne une visibilité au territoire et au projet métropolitain.

Le système de rocades, indispensable à toute agglomération, est inexistant autour de Montpellier. La seule

rocade en cours est celle du nord, le LIEN. Ce projet a peu d'impact sur la gestion du trafic de l'agglomération.

Le « dédoublement » de l’A9 est donc indispensable pour organiser les circulations dans et autour de

l'agglomération. Les contournements est et ouest de Montpellier n'ont pas de sens si la « rocade sud » n'est

pas réalisée. Ce dédoublement bénéficie en outre aux trafics qui passent à Montpellier sans s'y arrêter.

Autoroute ou LGV, les grandes infrastructures relèvent de décisions nationales. Dans une situation de

concurrence inter-régionale exacerbée ce sont les relais politiques qui font la différence : dans une région

pénalisée par l'éloignement géographique de la capitale, les divergences entre les collectivités territoriales

doivent être « dépassées » si l'on veut favoriser la réalisation de ces projets indispensables. »

21

LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT

22

Un chapelet de villes moyennes et unecapitale récente

Le couloir languedocien offre la vision d’un espace historiquementstructuré par un chapelet de villes moyennes, longtemps concurrentes, mais ayant

organisé leur propre territoire selon un modèle qui centre sur leurs capacités les campagnes environnantes.

De la mer à la garrigue et à la moyenne montagne l’influence des villes du couloir reste majeure. Nîmes,

Montpellier, Béziers, Narbonne, Perpignan et Carcassonne pour le couloir audois agencent ainsi l’espace

régional et en constituent la trame économique. Cet alignement structurant est complété par la dispersion

secondaire d’un réseau dépendant de petites villes, elles-mêmes en charge des territoires ruraux qu’elles

animent. Plus que les siècles d’une histoire qui se forge dans la romanité, c’est le vignoble et le XIXème siècle

industriel pour quelques autres qui charpentent l’édifice urbain régional et lui assurent, un temps, prospérité.

assise historiqueToutes ces villes valorisent leur assise historique,

plus ou moins fantasmée, qui leur accorde une place,

une identité et une position locales. Cependant, aucune

de ces villes n’a réellement dominé le Languedoc-

Roussillon, du moins durablement. Pézenas, Nîmes,

Montpellier, mais aussi Agde ou Narbonne et pourquoi

pas Saint-Gilles, ont su affirmer leur place dans

l’Histoire. Seule Montpellier, une des dernières venues,

trouve place dans la durée et le maintien. Mais rien

ici de comparable à ces villes d’histoire, héritières des

fiefs médiévaux et des grandes provinces, dominant de

très vastes territoires, incontestables et incontestées

dans leur domination qu’elle soit économique, politique

ou intellectuelle. Toulouse, Lyon, Bordeaux n’ont

point de rivales en Languedoc-Roussillon, même si

Toulouse et Montpellier se partagent un temps les

deux Languedoc, le Haut et le Bas.

Au XIXème siècle, Béziers, riche de son vignoble,

et Nîmes, de son industrie, encadrent de leur

économies majeures Montpellier l’intellectuelle. La

gare de Montpellier ne sera finalement qu’une halte,

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Un découpage politico-administratif inadapté

L’organisation administrative de gestion des territoires est un frein àune vision globale du développement économique et de l’aménagementde l’espace. Les SCOT (schémas de cohérence territoriale), premiers exercices de solidarité, sont encore

peu actifs sinon pas approuvés ni même réalisés. Et les choix des périmètres d’action relèvent plus des

opportunités politiques que des réalités économiques. C’est de Marseille, de Lyon, de Toulouse ou, plus

exactement, pour l’essentiel de la région de Montpellier, que vient la dynamique et que les forces économiques

impulsent le développement. Reste à clairement définir les façons d’organiser le territoire pour que les

effets majeurs ne soient point dilués par le jeu des découpages plus ou moins artificiels.

alors que le Montpellier/Sète est une des premières

lignes de France ! C’est sous la forme de données

démographiques que les comparaisons s’étiolent :

Montpellier prend peu à peu le dessus sur ses voisines,

d’autant plus que la crise de la viticulture et des

industries traditionnelles affaiblit Béziers et Nîmes.

Si, au XIXème siècle, la « course » entre ces trois villes

tend à un certain équilibre, la suprématie montpel-

liéraine s’affirme avec la montée du tertiaire, de la

culture universitaire et hospitalière et du pouvoir

régional.

A partir de 1975, la hiérarchie qui est établie ne fera

que s’amplifier : Béziers a 84 000 habitants, Nîmes

128 000 et Montpellier (191 000) flirte avec le seuil

des 200 000.

capitale régionaleLorsque, au début des années 70, l’État découpe les

régions et désigne des capitales régionales, le choix

est cornélien entre Nîmes l’industrieuse et Montpellier

l’universitaire. Ce n’est pas l’écart de population,

mais l’université et le Centre Hospitalier Universitaire

qui font pencher la balance en faveur de Montpellier.

Il va falloir que Montpellier devienne incontesta-

blement, cette capitale régionale. Elle doit endosser

le rôle pour lequel elle vient d’être choisie.

Tout converge au début des années 1980 pour que

la nouvelle capitale régionale s’affirme pleinement

sur les plans économique, culturel et politique.

Mais la concurrence entre les villes demeure forte,

davantage au travers des représentations que dans la

réalité économique. La reconnaissance de Montpellier

capitale soulève encore des oppositions.

L’appartenance à des départements différents n’a-

t-elle pas favorisé la rivalité avec Nîmes ?

La croissance, l’attractivité et le rayonnement de

Montpellier ne vont cesser alors de s’accroître de

façon souvent dite « spectaculaire » quand Nîmes

reste plus conforme à la dynamique d’autres villes

moyennes. Ce n’est pas pour autant que la ville et

son bassin de vie manquent d’intérêt ou d’atouts. Ils

concentrent un potentiel de développement non

négligeable qui doit, à terme, servir de support pour

épauler le cœur métropolitain. La métropole en

réseau repose sur un développement partagé et

équilibré.

Quant à Béziers, fortement marquée par les crises

viticoles, elle a bien du mal à se relancer sur le plan

économique. Cependant son potentiel n’est point

négligeable, tant sur le plan des disponibilités

foncières que sur la convergence des axes autoroutiers

A9 et A75.

Le temps n’est plus aux concurrences « forcées »

par les représentations populaires, ni entre Nîmes

et Montpellier, ni entre Béziers et Narbonne, ni entre

Narbonne et Carcassonne. La distribution spatiale

en chapelet linéaire des villes régionales peut être

considérée comme un potentiel non négligeable dans

un monde de mobilités généralisées : les villes sont

faciles à joindre, leur aires d’urbanisation se prêtent

bien à des dessertes denses. Reste la correction du

modèle dominant de l’urbanisation périphérique

qui implique de repenser la relation urbanisation/

déplacements sur la base des modes de transport.

LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT

solidarités activesL’exemple du SCOT de Montpellier réduit aux seules

communes de l’agglomération, est significatif. Ses

qualités en termes de projet et de planification ne

peuvent être remises en cause. Sa cohérence interne

est d’autant plus solide qu’il répond à l’articulation

concomitante des autres outils de planification. Mais

il manque de pertinence territoriale : les communes

non intégrées par suite du découpage communautaire

ne sont pas affectées par son règlement. L’aéroport

Montpellier-Méditerranée n’est pas dans son périmètre

d’action, de même qu’une partie de la première

couronne périurbaine et la frange littorale en est

exclue à l’exception de Villeneuve-les-Maguelone.

On est très loin de la cohérence souhaitée sur le

périmètre de l’aire urbaine par exemple (93 communes

dont 31 seulement sont inscrites dans le périmètre

de SCOT). La question est, bien entendu, de savoir

si la cohérence naît des territoires ou des politiques

qui les confrontent, les manipulent, les construisent.

Disons que les cohérences qui prennent corps dans

la fonctionnalité des territoires et les unissent par

les échanges sont peu révélées par l’organisation

politique. Auraient-elles été oubliées au profit d’un

pragmatisme politique de façade qui négocie des

périmètres consensuels quand devraient s’afficher

des ensembles plus solidaires sur le plan économique

et social ?

Où se situent les visions d’avenir ? Dans des inter-

communalités peu communicantes entre elles et

surtout soucieuses de leur identité avouée ou dans

des territoires plus à même d’élaborer des projets

en phase avec l’idée du développement régional ?

Cet avenir est à écrire dans la diversité des points

de vue, des représentations, des positions politiques,

mais aussi dans le souci de l’efficacité, du dévelop-

pement et de la durabilité des actions d’aménagement.

Ce n’est pas la question de l’homogénéité qui est

posée, mais bien celle de la confrontation au sein

des solidarités actives et des projets. Les villes

centres ont à ce niveau un rôle déterminant à jouer.

L’organisation linéaire de l’héritage urbain régional

plaide largement en faveur d’un modèle qui dépasse

celui de centre/périphérie pour se construire sur les

chainages en réseau dont celui de la métropole à

partir de Montpellier représente une innovation

productrice de sens. 24

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L’exemple de LyonL’un des exemples d’intercommunalité les plus aboutis au niveau

national aujourd’hui semble être celui de la communauté urbaine

de Lyon, d’abord COURLY, ensuite Grand Lyon. Depuis 1969,

Lyon et les autres villes de son aire d’influence travaillent

ensemble à construire un espace communautaire rayonnant de

niveau au moins européen. La communauté urbaine s’est encore

agrandie en 2007 et le sera à nouveau en 2011. Ce mouvement

de convergence va dans le sens de l’histoire car Lyon entrera de

plain-pied dans les nouveaux cadres de la réforme territoriale

de l’État qui mettent en place les métropoles.

25

intercommunalitésinachevéesEn Languedoc-Roussillon les aires urbaines de

Nîmes et de Montpellier, riches de plus de 600 000

habitants, ne comprennent pas moins de 17 inter-

communalités dont certaines ne regroupent que

quelques communes. Certes, ce problème n’est pas

seulement local (un quart des intercommunalités

ont moins de 5 000 habitants en France), mais

l’espace interurbain ainsi référencé serait plus à

même d’exprimer la réalité d’un projet de territoire

générateur d’avantages si les découpages étaient

mieux régulés, moins construits sur des héritages

ou des oppositions de principe.

Il est certain que les bases de l’intercommunalité ont

largement évolué depuis la Loi Joxe de 1991 et que

les Lois Chevènement et Voynet ont été des étapes

décisives pour qualifier les gouvernances possibles.

Reste que le schéma est encore imparfait, inachevé

et qu’en Languedoc-Roussillon, le pas décisif vers

des intercommunalités à capacités économiques n’a

pas été franchi. Est-il seulement envisagé de faire

progresser ces intercommunalités inachevées ?

Il a fallu seulement quinze ans pour que la quasi-

totalité des communes françaises appartiennent à

une intercommunalité. La dernière étape devrait

être prochainement franchie sous l’impulsion du

législateur qui a souhaité convaincre plus que

contraindre.

LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT

Interview de Maître André Bonnary Notaire à Montpellier, animateur du groupe de travail sur la métropolisation au CercleMozart

« Notre groupe réfléchit depuis plusieurs mois sur le thème de la métro-polisation car pouvoir construire un grand projet de développemententre Toulouse et Marseille nous paraît un enjeu majeur pour l’avenirde notre région.La Région Languedoc-Roussillon est une construction, son nom le dit assez. Elle a peu à peu pris du corps.

Aujourd’hui il y a une réalité régionale, mais elle est fragile et son avenir n’est pas écrit.

Les structures intercommunales existantes ne sont pas suffisantes pour porter un projet d’envergure.

Il faut élargir de façon significative ce qui est aujourd’hui le périmètre de l’Agglomération de Montpellier

et construire un territoire de projets qui irait au moins de Sète à Nîmes.

Le pôle d’attraction est incontestablement Montpellier avec ses universités et ses grands équipements. Le

projet de Montpellier est clair, lisible par les décideurs économiques. Mais Montpellier n’est pas encore au

niveau de ses ambitions. La taille de la ville ne lui permet pas de rivaliser avec les capitales régionales

voisines ou avec les métropoles européennes.

Montpellier est la locomotive de cet espace, une ville forte à partir de laquelle il peut se développer. Chacun

doit trouver sa place dans cette construction métropolitaine. Il ne s’agit pas d’entrer en concurrence, encore

moins en compétition, mais bien en réseau dans l’intérêt bien compris de tous.

Aujourd’hui période de transition et de basculement : la réforme territoriale en cours doit ici être vue

comme une opportunité. Si Montpellier et son agglomération ne peuvent pour l’instant faire partie des

métropoles, il faut regarder avec intérêt ce que le projet de loi propose en tant que « Pôle métropolitain ».

Ces pôles métropolitains peuvent être porteurs d’un projet de métropole, d’une construction par étape car

même la communauté urbaine ne peut répondre entièrement à un objectif ambitieux.

Le pôle métropolitain peut passer par des phases de contractualisation qui, peu à peu, vont donner l’envie

de bâtir un avenir commun. C’est le moyen le plus efficace de passer au-dessus des oppositions. Il faut

entendre cette démarche comme une mutation et non comme une révolution. »

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Sète

Montpellier

Nîmes

0 5 10 km

N

4 Nord du Bassin de Thau

Vallée de l'Hérault

3 Bassin de Thau

5 Grand Pic Saint-Loup

6 Ceps & Sylves

7 Pays de Lunel

8 Pays de L'Or

9 Terre de Camargue

10 Petite Camargue

11 Rhôny, Vistre et Vidourle

12 Pays de Sommières

Les Communautés de Communes

1 Montpellier

2 Nîmes Métropole

Les Communautés d'Agglomération Les Communautés de Communespartielles

Leins Gardonnenque

Autour de Lédignan

© S.C. - Art-Dev - FRE 3027 - CNRS / 2010Sources : Préfectures Gard & Hérault, IGN / 2010

Intercommunalités entre Sète et Nîmes

27

De faibles avancées dans la coopérationintercommunale

Malgré certaines résistances, l’heure est donc à la recomposition desintercommunalités pour des territoires, soit plus pertinents, soit plus conséquents, permettant

d’envisager des équipements de niveau supérieur et de nouvelles économies d’échelle.

Pourtant, il n’est pas toujours évident que le regroupement d’EPCI (Etablissement Public de Coopération

Intercommunale) se fasse dans le sens d’une meilleure cohérence territoriale. Il peut également s’effectuer

pour renforcer une position déjà excentrique ou fortifier des oppositions. Agrandir l’intercommunalité en

associant des zones rurales à des zones périurbaines c’est, symboliquement, gommer l’influence de la

métropole, s’ancrer dans le rural et donc virtuellement s’éloigner des forces d’attraction de la ville centre.

dialogue ?Il existe au niveau local une « conférence inter-SCOT »,

réunie sous la présidence du Préfet de Région. Cette

conférence s’est donné pour mission de créer le dia-

logue entre les différents établissements publics

porteurs des SCOT de la Région, afin que l’on puisse

gommer les phénomènes de marges et de fron-

tières, pour que la réflexion soit ouverte et que le

regard des élus porte plus loin. Il n’existe rien de

comparable en matière d’intercommunalité et les

structures porteuses des SCOT ne sont pas toujours

les intercommunalités. Les coopérations ne peuvent

s’élaborer que sur la base d’une volonté réciproque.

Le dialogue n’est pas toujours facile, notamment

quand on se heurte à la difficulté des périmètres et

des compétences : la ligne 3 du tramway qui s’arrêtera

à Pérols paraît tout à fait incongrue au citoyen qui

ne comprend pas que cette ligne n’arrive pas jusqu’à

Palavas-les-Flots, Carnon et La Grande-Motte. Les

communautés d’agglomération sont bien des auto-

rités organisatrices de transport, sur leur périmètre

mais pas les communautés de communes. Pour

pouvoir étendre le réseau de transport au-delà de

son périmètre, l’Agglomération de Montpellier et la

Communauté de communes du pays de l’Or doivent

trouver un accord.

Si celui-ci n’a pas encore été trouvé en matière de

transport, il l’a été, en revanche, pour le raccordement

de certaines stations d’épuration de la communauté

de communes du Pays de l’Or à la station Maera de

l’Agglomération de Montpellier.

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LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT

Un réseau de TPE et de PME…mais peu de sièges sociaux importants

En termes strictement économiques, la faiblesse de notre région tientessentiellement en la quasi absence de sièges sociaux et la faiblessedes exportations.

valeurs ajoutéesCependant, il ne faut pas examiner les structures

économiques régionales seulement au fil de ces

critères et de leur interprétation. Les petites et même

très petites entreprises peuvent être performantes,

innovantes et produire de fortes valeurs ajoutées.

Tout au plus sont-elles souvent plus sensibles aux

effets de crise, notamment sur le plan de l’emploi et

des salaires. Mais, en contrepartie, elles disposent de

plus de souplesse pour se réorienter ou se réorganiser.

Souplesse et dynamisme font leur force, disponibilités

financières et temps de latence des investissements

en R&D insuffisants les placent souvent en situation

difficile. Elles ont aussi beaucoup plus de difficultés

pour accéder aux marchés extérieurs, nationaux et

internationaux parce qu’elles manquent de lisibilité

et ne disposent pas de capacités de production leur

permettant de traiter des marchés sur du moyen ou

long terme. Elles ont besoin d’aide pour prospecter

les marchés, pour établir des relations durables

avec leurs interlocuteurs.

freinEn région, pour beaucoup de secteurs d’activités, la

structure des entreprises est un frein important à

l’exportation car elle ne permet pas d’atteindre les

seuils critiques. La massification est nécessaire pour

que les coûts soient acceptables. Malgré le soutien des

collectivités, pour permettre aux petites entreprises

d’aborder de nouveaux marchés potentiels (missions,

salons, Maisons de la Région…), la phase suivante de

concrétisation des engagements est la plus difficile,

surtout lorsque l’on aborde des pays émergents

ou des ensembles territoriaux tels que l’Inde ou

la Chine.

Notre région se place au 19ème rang national pour

les exportations qui ont reculé de 14 % en 2009.

Elles représentaient alors 1,4 % des exportations

françaises. Rappelons que la région compte près de

4 % de la population nationale.

Le Languedoc-Roussillon est, avant tout, un exporta-

teur de produits agro-alimentaires (22 %), soit 3,1 %

des exportations françaises de ce secteur. Le vin est

particulièrement présent avec une progression de

5,1 % en 2009, principalement vers le marché chinois.

Mais plus de 60 % des exportations régionales sont

destinées au marché Européen.

solidaritéL’intention du législateur, en mettant en place les

communautés d’agglomération, était de créer de la

solidarité au sein d’un territoire comprenant une

ville de plus de 15 000 habitants et son aire urbaine

(plus de 50 000 habitants). Le département de

l’Hérault montre que les configurations peuvent

être de natures bien différentes et sans doute loin

de celles imaginées par les rédacteurs de la loi.

Exemple, l’Agglomération Hérault Méditerranée est

une agglomération bicéphale avec Agde et Pézenas ;

Montpellier Agglomération ne couvre que 31 communes

et est en retrait d’un littoral pourtant aménagé en

relation avec la capitale régionale. Demain la commu-

nauté de communes du Pays de l’Or sera sans doute

transformée en communauté d’agglomération grâce

à la population touristique de La Grande-Motte, de

Palavas-les-Flots et de Carnon (la population prise en

compte pour le calcul repose aux quatre-cinquièmes

sur la population estivale). Pour leur part, les commu-

nautés de communes ou d’agglomération centrées sur

Béziers, Sète, Lunel ne présentent pas des situations

entièrement satisfaisantes sur le plan économique.

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De grandes faiblesses à compenser…Si Montpellier a largement entamé sa phase de métropolisation, il reste

encore de grandes faiblesses à compenser avant qu’elle puisse se positionner de façon lisible au niveau des

métropoles mondiales ou du moins européennes. Montpellier a tout mis en œuvre pour devenir attractive

et séduire les entreprises. Cependant, malgré la dynamique économique, le chômage reste fort, les jeunes

diplômés ont du mal à intégrer le marché local et les salaires, notamment ceux des cadres, restent encore

inférieurs à ceux pratiqués dans les métropoles régionales reconnues.

L’attractivité de Montpellier et de sa zone d’influence est incontestable. Mais les prix du foncier et de

l’immobilier apparaissent désormais comme des freins à la croissance économique. Certes, sur la grille

nationale, Montpellier est dans la moyenne des grandes villes françaises. Mais les niveaux de salaire,

nettement inférieurs, en font une ville chère. Il y a là un risque de blocage et de découragement des inves-

tisseurs potentiels, des chefs d’entreprise et des cadres. L’argument du cadre de vie qui a parfaitement

fonctionné jusqu’à présent sera-t-il suffisant dans un temps de crise prononcée ?

… dans une ville où il fait bon vivreMontpellier a choisi de développer les conditions de son attractivitééconomique en créant les conditions d’un développement métropolitain construit sur la qualité de

vie et les ambiances au travail. La qualité de vie à Montpellier, au-delà de la mer et du soleil, c’est d’abord

le fait d’une ville dynamique qui se transforme et modernise en permanence ses référents culturels, sportifs,

sociaux… par une politique de grands équipements qui doivent satisfaire aux besoins du plus grand nombre.

Ne s’agit-il pas des facteurs clés des nouvelles conditions du développement économique ? Dans une

économie des savoirs, les conditions de vie et de travail sont une exigence fondamentale. Mais, en même

temps, ce sont des avantages très fragiles qu’il faut en permanence remettre en question et en perspective

par rapport à une offre devenue mondiale.

capitalisationL’absence de sièges sociaux importants est un point de

faiblesse difficile à surmonter : les grandes entreprises

marquent une ville, une région. Elles en donnent une

lecture mondiale et une place visible sur l’échiquier

du grand commerce. Ainsi Toulouse est la ville de

l’aéronautique, quels que soient les aléas du secteur

depuis 2001.

On pouvait lire dans le contrat Etat/Région en 2006 :

« Le principal handicap lié à l’histoire de cette région,

qui ne fut guère industrielle, lui permettant de s’adapter

sans subir le poids de la reconversion, est l’absence de

sièges sociaux de grandes entreprises, par conséquent

l’absence de capitalisation ». La récente crise financière

a souligné la faiblesse des fonds propres des entre-

prises et leur faible capitalisation monétaire.

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LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT

PARTIE 2

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L’économie mondiale est aujourd’hui une économie d’archipel, comme le souligne Pierre Veltz, délégué

ministériel pour le développement du cluster de Saclay. Organisé en réseaux entre des métropoles réparties

sur l’ensemble de la planète, le développement économique se produit là et nulle part ailleurs. Y être ou

pas, c’est la question fondamentale qui se pose à nous aujourd’hui. La question n’est pas seulement celle

d’un choix politique ou sociétal, c’est surtout celle des possibles.

La trajectoire sur laquelle s’inscrivent aujourd’hui Montpellier et son territoire de métropolisation les

autorise à penser qu’ils peuvent faire partie de ce réseau. A quelques nuances près, dans des créneaux qui

se révèlent porteurs de sens.

basculementMais la question qui se pose est à la fois économique et politique, puisque aujourd’hui l’État a entrepris

une grande réforme de fond des collectivités où les grands thèmes que nous avons développés jusqu’ici

ont été au cœur des débats et sous-tendent chaque proposition législative.

La Métropole devient un cadre nouveau dans un découpage politico-administratif renouvelé. Peu de villes,

peu d’ensembles urbains, pourront entrer dans ce club très fermé dont l’Etat a déjà identifié les conditions

d’accès. Face à des pays émergents où la concentration a été un phénomène massif, il était difficile pour le

législateur de ne pas réfléchir à la place que peuvent tenir nos pôles urbains, nos métropoles, françaises

et européennes. Et, de toute évidence, il était exclu de ne pas souhaiter les renforcer.

En deuxième lieu, la tendance est également au « macro » en termes de territoire et les régions françaises

ne sont pas à l’échelle de celles de nos voisins européens. Après la réforme des collectivités territoriales,

l’étape suivante ne sera-t-elle pas la fusion des régions en unités plus grandes, plus conformes à ce qui

serait un standard européen et mondial ? Quel avenir alors pour le Languedoc-Roussillon dont la naissance

n’a pas été des plus faciles ? Encore une fois, nulle évidence ici, alors que la question ne paraît pas se poser

autour des grandes villes comme Lyon, Bordeaux, Lille ou Toulouse. Position et destin bien singuliers,

encore et toujours, pour Montpellier et pour le Languedoc-Roussillon.

ontpellier face àses enjeux

31

LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT

32

attraction et diffusionSi l’on prend le cas de Montpellier, on peut se rendre

compte du phénomène : Montpellier reste la commune

la plus pourvoyeuse d’emplois, et celle qui reçoit donc

chaque jour le plus grand nombre de travailleurs

venant de communes environnantes. Mais on se

rend compte que, peu à peu, les villes de Castelnau-

le-Lez, Lattes, Saint-Jean-de-Védas ou Mauguio

s’affirment en tant que pôles secondaires d’emploi.

Dans la balance entrants/sortants, elles sont de plus en

plus bénéficiaires et participent donc très étroitement

à la construction du socle métropolitain.

La métropole n’a pas pour finalité de stériliser son

environnement, bien au contraire. Elle perfuse et

percole sur les territoires qui l’environnent. La

métropole, la ville-mère, est donc tout à la fois pôle

d’attraction et source de diffusion. Un nouveau

maillage, prend corps qui accorde une place nouvelle

aux centres secondaires qui se structurent en

périphérie.

Le rôle d’une métropole n’est pas de tout concentrer,

mais, bien au contraire, de diffuser ses effets sur les

territoires qui fonctionnent en symbiose avec elle.

La ville-métropole reste le lieu de l’excellence et de

l’exceptionnel, des fonctions rares qui ne peuvent

s’exercer qu’en un lieu unique.

Le territoire de métropolisation est un territoire

maillé de villes-relais, de centres secondaires, autant

de points forts dans une armature qui ne cesse de

s’affirmer.

ar la Métropole en réseau, renforcerle développement économique

En tout premier lieu, la métropolisation en marche autour deMontpellier, interpelle la Chambre de Commerce et d’Industrie, carelle constitue une potentialité majeure de développement économique.Aujourd’hui, la croissance se produit au cœur des métropoles qui concentrent les savoirs, les savoir-faire,

les capitaux, les équipements et les hommes. Etre une métropole demain, c’est participer au développement

économique et à la croissance, intégrer la trajectoire d’un futur en mouvement. La concentration des

moyens est nécessaire, mais elle n’est qu’une étape, qu’un moment du phénomène. La diffusion des effets

métropolitains est un moment tout autant décisif qui interroge les formes possibles d’intégration territoriale.

Développer les réseaux pour les entreprises

L’économie globalisée a donc comme territoire de prédilection laMétropole au sens le plus large. La croissance se fera là. Elle est le nœud essentiel du

développement économique. Nous avons la chance d’avoir un territoire métropolitain qui est entré dans

la nouvelle économie : l’économie de la connaissance. Il peut se développer dans une crainte moindre

des délocalisations aux conséquences économiques et humaines catastrophiques. Les délocalisations

toujours possibles ne le sont pas dans la même mesure que pour dans une économie de production. Et si

délocalisation il y a, ce n’est pas dans les mêmes termes que le préjudice pourra se mesurer.

L’économie de la connaissance, l’économie résidentielle sont les « deux pieds » sur lesquels marche

l’économie métropolitaine. Elles rendent celle-ci moins fragile par temps de crise. C’est donc bien cette

structure-là qu’il faut conforter.

33

marchéNotre tissu de TPE et de PME, bien éloigné des grandes

firmes mondiales puissantes dont la métropole

espère tant les sièges sociaux, est en droit de se

poser pour lui-même les questions de son avenir

dans cette perspective nouvelle.

Pour chaque entreprise le territoire de métropoli-

sation constitue un marché déjà important et toujours

croissant. Il faut bien sûr savoir capter ce dynamique

marché de proximité. La création d’entreprises,

toujours soutenue en région et plus particulièrement

dans la circonscription de la CCI de Montpellier,

démontre la capacité des chefs d’entreprise à se saisir

de cette opportunité.

De même, l’économie résidentielle liée à la dynamique

démographique, mais également cette économie de

la connaissance en plein développement, sont

parfaitement lisibles dans la recomposition de la

structure des entreprises : la CCI de Montpellier était

jusqu’au début des années 2000 une Chambre très

« commerçante ». Cette composante dominait la

représentation consulaire. Aujourd’hui, la CCI est

devenue très largement « services », alors que ce

n’est pas vrai partout en région. Dans les autres

chambres, un équilibre relatif existe encore entre le

commerce, l’industrie et les services.

main d’œuvreLes entreprises de services, bien davantage que les

entreprises de production, peuvent trouver sur

place une main d’œuvre formée et adaptée grâce

certes à l’Université, mais également à une multitude

d’écoles et de centres de formation qui ont ciblé

cette demande en pleine évolution.

Pour nombre d’entreprises, la mise en réseau est de

plus en plus une nécessité : les filières s’organisent.

Les pôles de compétitivité en sont l’exemple manifeste.

Mais les réseaux existent également en dehors des

pôles, en complément, en parallèle ou en avant-garde.

La relative densité des entreprises par thématiques,

l’importance des soutiens institutionnels présents ici

pour la mise en place et le développement des réseaux,

sont des éléments forts de cette dynamique.

La petite taille des entreprises locales justifie encore

plus qu’ailleurs ce soutien de toutes les collectivités

et de toutes les institutions qui ont une compétence

économique sur ce dossier.

Le soutien de grandes entreprises publiques locales,

telles qu’elles sont réunies aujourd’hui par la Chambre

de Commerce et d’Industrie dans le réseau CONECTO

(groupement de grandes entreprises initié par la CCI

de Montpellier) peut être un avantage certain pour

permettre à des entreprises beaucoup plus petites

de dépasser ce handicap.

exportLa conquête de marchés à l’export entre totalement

dans ce cadre : nécessité de massifier pour atteindre

des coûts acceptables en matière de transport, de

prospection des marchés extérieurs. Plus encore

pour atteindre la visibilité sur des marchés très

courtisés tels que la Chine, l’Inde ou encore le Brésil.

Les échelles de grandeur n’ont ici aucune commune

mesure avec celle que nos entreprises ont l’habitude

d’appréhender. Le partage de connaissance et d’expé-

rience, le tutorat sont des opportunités à saisir.

Pour les TPE et PME, le développement à l’export

rejoint la problématique de l’ensemble de la métro-

pole : comment devenir visible. Il clair que si le défi

est relevé pour la métropole, un grand pas sera

franchi pour les entreprises.

LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT

34

Devenir visible par une taille suffisante

Le phénomène de métropolisation et les échanges, les synergies trèsnombreuses au sens de l’espace métropolitain ne se limitent pas àMontpellier et à son aire urbaine. D’ailleurs, elles ne lui permettraientpas d’atteindre une visibilité suffisante.

seuilLe seuil de pertinence d’un territoire métropolitain

pour commencer à attirer notamment des grandes

entreprises ou des sièges sociaux est de 800 000

habitants. Aujourd’hui, l’agglomération de Montpellier

compte à peine plus de 400 000 habitants. Mais, si

l’on prend en compte un territoire plus vaste où les

échanges sont incontestablement denses, on atteint

rapidement ce seuil.

Dans les limites du département de l’Hérault, avec,

non seulement la Communauté d’Agglomération de

Montpellier (412 070 habitants), mais également la

Communauté d’Agglomération du Bassin de Thau

(92 021 habitants) et la Communauté de Communes

du nord du Bassin de Thau (23 199 habitants), la

Communauté de Communes du Pays de l’Or (39 260

habitants) et celle du Pays de Lunel (46 553 habi-

tants) et enfin la Communauté de Communes Grand

Pic Saint Loup, (34 000 habitants) on atteint 647 103

habitants dans un périmètre d’une trentaine de

kilomètres autour de Montpellier. Mais, si l’on

considère un territoire métropolitain qui irait de

Sète à Alès en passant par Nîmes et Montpellier, on

atteint déjà le million d’habitants.

attractivitéLa croissance démographique de cette zone est

particulièrement forte. Cela dénote un phénomène

particulier, une attraction singulière qui est, bien

sûr, le fait de Montpellier, mais également de tout

ce qui peut être identifié comme étant de niveau

métropolitain sur le reste du territoire : l’aéroport

situé dans la Communauté de Communes du Pays

de l’Or, le port de Sète dans la Communauté d’Agglo-

mération du Bassin de Thau, le CHU de Nîmes ou

encore la ville-relais de Lunel.

Lan

gued

oc-R

oussillon : 2 500 000 habitants

Mid

i-Pyrénées : 2 800 000 habitants

P

rovence-Alpes-Côte-d’Azur : 4 800 000 habitants

Catalogne : 6 900 000 habitants

Rhône-Alpes : 6 000 000 habitants

Barcelone1 500 000 habitants

Toulouse600 000 habitants

Marseille900 000 habitants

Lyon1 200 000 habitants

Alès

Nîmes

Sète

Montpellier

800

000

habi

tant

s

A75

A9

A54

A51

A7

vers Paris

Arc Aquitain

Arc Latin

Couloir Rhodanien

2 heures

2 heures 30

Plus de 3 heures

Communauté de travail des Pyrénées

Temps de parcours autoroutier au départ de Montpellier

40 minutes

1 heure

1 heure 10

1 heure 20

Temps de parcours virtuel par LGV au départ de Montpellier

© S.C - M.T.E. - FRE 3027 - CNRS / 2008Source : d’après J.P. Volle© S.C - M.T.E. - FRE 3027 - CNRS / 2008Source : d’après J.P. Volle

Montpellier et les métropoles environnantes

35

Entrer pleinement dans le concert desmétropoles européennes

haut débitLes réseaux revêtent une importance fondamentale.

Si les réseaux haut débit sont, dans l’ensemble, plutôt

à la hauteur du développement souhaité, c’est que

la maîtrise de ce développement est en grande partie

liée à des responsabilités locales, les intercommu-

nalités, les Départements ou la Région. Montpellier

développe un réseau câblé depuis 1983. C'est dire

l’anticipation portée par la ville centre pour relever

les défis d’une économie des savoirs et de l’ouverture.

transports collectifsLe plus pénalisant reste le développement des

réseaux de transport. Là encore, au niveau local,

d’énormes efforts ont été réalisés. La constitution

de réseaux de transport urbain en site propre est en

plein développement à Montpellier et à Nîmes. Ils

sont fondamentaux dans d’une métropole organisée.

Le maillage entre les réseaux gérés par différentes

collectivités est, lui aussi, en train de se mettre en

place. Les collectivités organisatrices de transport

ont toutes engagé une réflexion approfondie sur le

moyen d’accroître le maillage et d’augmenter une

mobilité globale, notamment en faisant baisser les

tarifs. Les bas coûts sont en cours sur les réseaux

de cars dans l’Hérault et le Gard. Les réseaux bus et

tram se connectent aisément avec celui des TER.

L’augmentation du nombre des usagers est un pari,

non seulement sur les équilibres financiers, mais

aussi sur le développement d’un réseau global de

nouvelle génération, mieux maillé, mieux cadencé

et interconnecté.

C’est une attractivité montpelliéraine, confortée par

l’ensemble de son territoire de métropolisation dont

il faut parler. 50 % de l’économie régionale, les emplois

tertiaires supérieurs, les cadres et les chercheurs,

sont concentrés sur un territoire allant de Sète à

Alès en passant par Nîmes et Montpellier :

Le territoire de métropolisation théorique que nous

venons de dessiner replace très favorablement la

métropole montpelliéraine dans son environnement

national et déjà européen : Toulouse et son territoire

métropolitain ne représentent « que » 600 000

habitants, celui de Marseille 900 000, celui de Lyon

1 200 000, celui de Barcelone 1 500 000.

La remise en perspective est importante. Il y a ici

une réalité que l’on ne peut évacuer ou gommer.

Comment peut-on alors ne serait-ce qu’envisager

d’écarteler une région pour construire des régions

plus grandes en déstructurant l’existant et le potentiel

sous-jacent ?

EuropeLa visibilité de ce territoire est relativement faible au

niveau national, comparativement à sa dynamique

et aux jalons qu’il a posés depuis près de plus de

quarante ans dans sa marche vers la métropolisation.

Cette dynamique forte, ce profil de croissance

économique particulier précédant les positions prises

à Lisbonne par la Communauté Européenne n’est

peut être pas perçu comme tel au niveau national.

La visibilité que recherchent aujourd’hui la Région,

la Ville et une grande partie des intercommunalités

n’est-elle pas davantage tournée vers un niveau

international qu’un niveau national ? La première

visibilité aujourd’hui pertinente est le niveau européen.

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LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT

Université, recherche, entreprise : structurer les coopérations

Au cœur d’une économie de la connaissance se trouve encore et toujoursla notion de réseau et d’échange. Les savoirs circulent, se confortent, secomplètent. Le développement de synergies entre la recherche et lesentreprises est le pivot central de la compétitivité économique du territoire.

universitésLe Pôle de Recherche et d’Enseignement Supérieur -

Université Montpellier Sud de France (PRES) est un

établissement public de coopération scientifique

créé par décret le 9 juin 2009 autour de trois membres

fondateurs : l’université Montpellier I (médecine, droit

et sciences économiques), l’université Montpellier II

(sciences) et l’université Montpellier III (lettres et

sciences humaines). Quinze membres associés parti-

cipent à ce pôle (SupAgro, les universités de Nîmes

et Perpignan, le CHU, l’Ecole des Mines d’Alès ….). Les

collectivités territoriales sont également représentées.

Si les plus grosses universités sont montpelliéraines,

ce qui se passe sur le territoire ne peut être considéré

comme quantité négligeable. Il est essentiel que

les universités de Perpignan et Nîmes confortent

l’ensemble montpelliérain et les différents pôles de

recherche ne sont pas tous implantés à Montpellier :

l’Ecole des Mines d’Alès, par exemple, a acquis depuis

longtemps une réputation qui n’a rien à envier aux

laboratoires de recherche montpelliérains et son

rôle dans le rayonnement de la recherche régionale

ne saurait être négligé.

Ce développement se trouve cependant freiné par

l’absence d’infrastructures dont la maîtrise d’ouvrage

appartient à l’État : la réalisation rapide de la LGV

va permettre le dégagement de nouveaux sillons

pour développer les TER mais également permettre

cette liaison inter-cités, réclamée par tous de Barcelone

à Lyon. Le retard pris pour le dédoublement de

l’autoroute A9 bloque le bouclage d’un système de

rocades autour de Montpellier. La mobilité générale

au sein de l’aire urbaine en est considérablement

affectée et les échanges indispensables au sein de

ce territoire manquent de fluidité.

port et aéroportDeux infrastructures peuvent faire la différence au

niveau international : le port de Sète et l’aéroport

Montpellier Méditerranée. Il n’y a pas de métropole

internationale qui n’ait un grand aéroport et

beaucoup d’entre elles sont connectées à un port :

Londres, Shanghai, New York, Los Angeles… et, en

France, Paris-Le Havre, Marseille, Nantes, Bordeaux,

Lyon…

Il faut tirer tout le bénéfice possible de ces infra-

structures. Car, c’est certain, il n’y aura pas de métro-

pole de niveau européen sans au moins un aéroport

de bon niveau. Cette interconnexion est indispensable

pour asseoir tous les autres réseaux, notamment ceux

liés à la recherche et aux universités, aux affaires,

ainsi qu’au rayonnement culturel qui commence à

être l’un des identifiants forts de Montpellier.

Il faut à la fois pouvoir parcourir efficacement et

rapidement ce périmètre métropolitain, y accéder

aisément et s’ouvrir largement. Au sein même du

territoire les mises en réseaux, les synergies et les

coopérations restent essentielles.

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campusLa fusion des universités devrait logiquement inter-

venir en 2011. Le premier contrat avec l’État devrait

couvrir la période 2011-2014. Ce PRES a vocation à

coordonner l’ensemble des actions dans la perspective

de la fusion des universités et la mise en place du

projet CAMPUS, l’Université Montpellier Sud de France

ayant été retenue par l’État pour le financement du

programme immobilier.

Il s’agit de mettre en place les synergies nécessaires et

l’optimisation des ressources, afin que les universités

de la région deviennent, elles aussi, visibles au niveau

mondial. Aujourd’hui tous les classements s’établissent

sur la base des universités. Donc la région Languedoc-

Roussillon, comme d’autres régions françaises, voit

ses universités classées très loin en bas de tableau,

malgré leurs performances relatives. Mais elles ne

peuvent rivaliser avec les grandes universités, par

exemple américaines ou britanniques et maintenant

chinoises, qui sont très centralisées.

Le projet CAMPUS est une opération ambitieuse qui

doit permettre de dépasser les clivages entre les

universités et les différents instituts de recherche :

l’université française est une très vieille institution,

ce qui lui donne sa notoriété et sa qualité, mais elle

doit aussi faire face à une vision mondialisée et à

une coopération, tout comme à une compétition à

l’échelle de la planète.

Le projet CAMPUS repose sur une stratégie de déve-

loppement basée sur la construction et le renforcement

de six pôles d’excellence transdisciplinaires, en lien

étroit avec les acteurs du monde économique :

- agro-environnement,

- biologie santé,

- chimie,

- MPSS (mathématiques, informatique, physique,

structure et système),

- sciences de l’homme et de la société,

- eau.

Ce projet est doté d’une enveloppe de 325 millions

d’euros, dont 162,6 millions d’euros de la Région

Languedoc-Roussillon. Il porte sur 860 hectares, allant

des zones vertes du nord de Montpellier au cœur

historique. Il restructurera à la fois l’université et la

recherche régionale, mais également une bonne

partie de la ville elle-même.

Cette nouvelle gouvernance de l’université et de la

recherche que l’État a lancée a reçu un écho favorable

des présidents d’université en place et des collectivités

territoriales concernées. Certains s’interrogent

désormais sur une nouvelle gouvernance pour les

CHU régionaux : ceux de Montpellier et de Nîmes sont

distants d’à peine 50 kilomètres. Ils sont rattachés

à la même université, celui de Nîmes étant le plus

petit de France. Cette gouvernance commune ne

remettrait en cause ni les compétences, ni les orga-

nisations, mais participerait de la logique du PRES

et de CAMPUS.

pôles de compétitivitéLa coopération de l’université avec les entreprises

est un axe essentiel à développer. Déjà le Languedoc-

Roussillon compte huit pôles de compétitivité. Les

premiers ont été labellisés en 2006 et le dernier, le

pôle eau, a été décrété pôle mondial très récemment.

Ces pôles de compétitivité reposent à la fois sur

l’excellence des entreprises et sur l’innovation et les

savoir-faire développés par la recherche. Ces pôles

de compétitivité concernent la recherche médicale

(Orpheme), l’agronomie (q@li-med), les énergies

renouvelables (Derbi), les écotechnologies issues du

nucléaire (Trimatec), l’évaluation des risques et la

vulnérabilité des territoires (Risques), la mécanique

(Pôle mécanique d’Alès et des Cévennes), les sciences

du vivant (Holobiosud) et l’eau.

Par les coopérations qu’ils induisent et les synergies

qu’ils mettent en place, ces pôles de compétitivité

vont, non seulement favoriser le développement de

la connaissance et de l’économie liée, mais permettre

une visibilité mondiale des savoirs et des savoir-

faire sur ces thèmes particuliers.

Le pôle Eau est donc exemplaire, puisqu’il a été

labellisé pôle mondial par décision du CIADT (Comité

Interministériel d’Aménagement du Territoire), en

2010. Ce thème de recherche est très ancien. Il fédère

à la fois laboratoires de recherche, entreprises (66

réunies dans le réseau Swelia) et collectivités terri-

toriales. Tous les thèmes sont abordés : la recherche

et la mobilisation de la ressource, le traitement des

eaux et les économies, les risques liés aux inondations,

la recherche moléculaire…

Il est donc devenu essentiel que les coopérations

s’accélèrent, car l’économie de la connaissance est

bien celle sur laquelle sera basé le développement

économique mondial. Montpellier et la Région

Languedoc-Roussillon peuvent et doivent y tenir

leur place.

37

LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT

Interview de Dominique Deville de Perière Professeur des Universités - Praticien Hospitalier en Odontologie,Directeur de l'U.F.R. d'Odontologie de Montpellier (1999-2004),Présidente de Montpellier (2004-2009),Présidente du PRES Université Sud de France depuis décembre 2009

« La Région Languedoc-Roussillon doit faire face à la concurrence desdeux régions voisines, Midi-Pyrénées et Provence-Alpes-Côte-d’Azur.

Créer un grand campus universitaire et mettre en réseau non seulement les universités de Nîmes et

Perpignan mais aussi l’école des Mines d’Ales est pour moi vital. C’est dans cet objectif que le premier

projet de Pôle de Recherche et d’Enseignement Supérieur (PRES) avait été proposé en 2004.

La création des PRES puis l‘opération CAMPUS en 2008 et enfin la levée du grand emprunt représentent

la réponse de l’Etat à l’émiettement des universités sur le territoire et la création de grands campus

universitaires pour concurrencer les grandes universités européennes telles Oxford ou Cambridge et a

fortiori américaine telle Harvard. Mais nous devons le faire sans nous couper de nos voisines

Celles-ci participent au PRES avec l’Ecole de Chimie, Sup’Agro, l’Ecole des Mines, les instituts de recherche

et les collectivités en tant que membres associés avec voix délibérative au Conseil d’Administration.

D’autres écoles et pôles de recherche viendront nous rejoindre après la fusion, comme l’École d’Architecture,

le Conservatoire National des Arts et Métiers ou Sup de Co.

La loi LRU a introduit 2 nouvelles missions pour les universités : l’insertion professionnelle et la coopération

internationale.

Au-delà des deux missions principales du PRES (préparer les conditions de la fusion et assurer la gouvernance

de l’opération campus), l’Université Montpellier Sud de France conduira un certain nombre d’actions, dont

la valorisation de la recherche.

Dans ce but, l’Université noue des contacts étroits avec les entreprises locales et regionales mais aussi

notamment au sein des Pôles de Compétitivité qui sont maintenant au nombre de 7.

Le dernier né, le Pôle mondial de l’Eau couvre l’ensemble des champs de la recherche en ce domaine et se

développe en association avec tous les professionnels du secteur, notamment ceux réunis au sein de

l’association SWELIA. Ce nouveau pôle de compétitivité à vocation mondiale est une chance pour Montpellier.

Dans le domaine de l’eau comme dans beaucoup d’autres, l’ouverture à l’international est une donnée

essentielle. L’université est désormais ouverte au monde : en ce qui nous concerne, elle travaille en

particulier avec les pays du sud où la demande de compétences et de coopérations est très forte.

L’Université est l’une des principales richesses de cette région. Elle est un atout considérable dans la constitution

d’un espace métropolitain fort. Elle a besoin de pouvoir s’appuyer sur toutes les forces vives de la région

pour se développer, se renouveler, se renforcer. Tout comme la région a besoin de l’université pour réussir

son pari de devenir une région qui compte. »

Présidente du PRES Université Sud de France depuis décembre 2009 :

Durant son mandat, fixé pour une durée de deux ans non renouvelable, elle devra mener deux missions

principales : réaliser la fusion des trois universités de Montpellier au 1er janvier 2012 et assurer la gouvernance

et le pilotage du plan immobilier de l'Opération Campus.

Le PRES a également pour missions d'assurer une meilleure lisibilité et de renforcer l'attractivité du site au

plan national et international et de renforcer les liens entre le PRES, les pôles de compétitivité et le tissu

économique local.

Chargée de Mission dans le département des organismes spécialisés en santé à la Direction générale pour

la recherche et l’Innovation.

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Interview de Catherine Dardé Directrice Générale Languedoc-Mutualité

« L’organisation du territoire est une donnée très importante enmatière de santé. C’est d’ailleurs ce à quoi réfléchit actuellementl’Agence Régionale de la Santé.

La loi Hôpital parle bien de santé et de territoire, même si la santé n’est pas une compétence décentralisée

mais reste bien une compétence de l’Etat sur l’ensemble du territoire national.

Le territoire régional est extrêmement complexe car les problématiques de la Lozère ou des hauts cantons ne

sont pas celles de Nîmes ou de Montpellier. L’organisation de la santé doit intégrer deux logiques apparemment

contradictoires : la proximité avec le malade et l’excellence en matière de soin.

L’offre de soin sur le territoire connaît comme partout ailleurs des difficultés en matière de proximité et

certains territoires sont réellement en difficulté par rapport à des prises en charge plus spécifiques. Cela a

des retentissements sur le maintien des personnes sur place et leur qualité de vie.

L’organisation de la santé doit se faire selon un modèle remontant : c'est-à-dire un maillage dense pour

tout ce qui concerne la proximité et un lieu de recours comme le CHU où se pratique l’excellence médicale.

Aller du plus courant vers le plus exceptionnel en termes d’offre de soin : la médecine généraliste au plus près

du malade mais pour une médecine sans prise en charge lourde ou technique, une médecine intermédiaire

dans les villes moyennes où l’on accède à une offre de soin plus pointue et plus technique tout en concevant

une relative proximité du malade avec sa famille et son environnement habituel, une offre de soin très

pointue, extrêmement technique, parfois unique sur le territoire au niveau des grande villes voire seulement

au niveau de Montpellier, voire en inter-régional. L’offre de soin régionale doit se penser en termes de

complémentarité et non de concurrence.

La métropolisation en matière de santé ne doit pas consister à tout rassembler dans la ville centre. Au

contraire, elle doit permettre à l’ensemble du territoire de profiter de l’excellence du pôle régional de

Montpellier et dans une complémentarité avec celui de Nîmes.

L’implication à titre expérimental des collectivités dans le maillage des services de santé aurait pu être une

bonne chose, mais cela n’a pas vraiment abouti. La vision des collectivités était pourtant complémentaire

de celle de l’Etat.

Un grand chantier reste devant nous, celui du vieillissement, car l’offre de soin et son organisation vont

avoir des incidences très importantes en matière d’aménagement du territoire et de vie sociale pour les

aînés. »

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LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT

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Acquérir une dimension internationale

Les coopérations dont nous venons de parler et qui s’accélèrent nesont que les exemples les plus prestigieux et les plus éclairants. Elles

sont imposées par le déploiement d’une économie mondialisée et d’un monde totalement ouvert aux

échanges de tous ordres.

Les pôles de recherche, les entreprises participant aux pôles de compétitivité sont déjà, et toujours plus,

livrés à une compétition et une concurrence internationales.

On ne peut devenir pôle mondial de l’eau sans tenir compte de ce qui se passe partout ailleurs dans le

monde. Les problématiques de l’eau concernent déjà l’ensemble de la planète. Le sujet est devenu brûlant

dans bien des pays et pas seulement sous l’angle de la catastrophe, sécheresse ou inondations. L’eau potable

est devenue une ressource précieuse en voie de raréfaction.

vitrineBien que l’économie résidentielle soit le socle de

l’économie locale, on ne peut négliger le développement

international. Il ne passera pas seulement par les

exportations dont nous avons déjà vu combien elles

étaient encore faibles au niveau régional. Les pôles

de compétitivité sont également de très importantes

vitrines pour les entreprises à l’international. Nos

savoir-faire intéressent. Et pas seulement ceux des

très grandes entreprises. N’oublions pas qu’en matière

de connaissance et d’innovation, les petites entreprises

jouent un rôle non négligeable. Les pôles de compéti-

tivité sont, pour elles, l’un des moyens de l’ouverture,

d’où l’importance des coopérations et de la mise

en réseau.

Dans son Schéma Régional d’Aménagement et de

Développement Durable du Territoire la Région

Languedoc-Roussillon met en avant le défi de

l’ouverture : vers les régions voisines notamment

et les coopérations qui s’opèrent naturellement aux

« frontières », mais également vers ce territoire

particulier qu’est la mer Méditerranée. Notre appar-

tenance à cette région du monde n’est pas neutre.

Les coopérations au nord existent, mais nous

sommes dans un espace identifié : la Communauté

Européenne. Vers le Sud et en particulier le Maghreb,

les coopérations sont nombreuses, en développement,

mais d’autres régions méditerranéennes restent en

marge de nos échanges.

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ouvertureL’ouverture vers le Sud, les Suds, est ancienne. Elle

va avec le développement de l’agronomie, certes

méditerranéenne, mais également d’une spéciali-

sation tropicale. Si Montpellier, qui n’est pas tournée

vers la mer, n’a pas participé de façon marquée ou

préférentielle à la découverte des nouveaux

mondes et à la colonisation, ses universitaires et

chercheurs trouvent dans ces ailleurs des territoires

de prédilection pour développer des connaissances

qui aujourd’hui forment un socle particulièrement

intéressant.

La notion de Métropole est fondamentalement

attachée à cette dimension internationale. Car il ne

saurait y avoir de métropole dans le repli sur soi.

Montpellier pourrait se contenter d’être une ville

attractive vivant sur le simple moteur de son cadre

de vie et de son image dynamique au risque que la

qualité de vie s’étiole rapidement, et que la dyna-

mique s’essouffle. La comparaison avec les autres

villes d’Europe ou du monde qui présentent les mêmes

atouts serait négative. La taille et le rayonnement

seraient réduits à sa seule dimension démographique,

sans parler des autres villes de la région. Montpellier

pourrait atteindre mécaniquement la taille critique

d’une agglomération à 800 000 habitants mais sans

qu’elle soit moteur d’une quelconque métropole. Le

géographe Jean-Paul Volle appelle cette métropole

sans influence, « la métropole végétative ».

Mais être Métropole, avoir une place au niveau

européen au moins, c’est également donner une

image qui ait un sens au-delà du local. L’ouverture,

c’est aussi l’attractivité. C’est donner à voir que la

métropole correspond aux critères actuels d’implan-

tation des entreprises, des laboratoires de recherches,

des cadres supérieurs. C’est avoir un sens pour

autre chose qu’elle-même.

L’ouverture est une posture générale de l’ensemble

des facteurs du développement économique et de

ses acteurs. Elle est la condition sans laquelle aucune

coopération n’est possible, aucune synergie, aucun

grand projet, aucune avancée notable.

Avec cet esprit d’ouverture il faut que l’ensemble des

acteurs accueille la réforme de l’État qui se prépare

avec la mise en place des métropoles et des pôles

métropolitains.

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LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT

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La réforme des collectivités territoriales est un changement de fondqui va remettre en cause les formes actuelles de gouvernance du territoire. L’apparition des conseillers

territoriaux, mais surtout de la métropole et du pôle métropolitain, marque une nouvelle étape possible

de l’histoire de l’organisation territoriale.

La Métropole est présentée comme le moyen de donner aux grandes villes françaises les moyens de la

compétitivité au niveau international. Le pôle métropolitain a été créé pour permettre à certaines inter-

communalités d’entrer dans une logique de métropole, alors qu’elles n’ont pas encore atteint les seuils

significatifs de population.

La convergence des réformes des collectivités, de la taxe professionnelle et des Chambres de Commerce et

d’Industrie va dans le sens de changement à la fois d’échelle et de nouveaux modes de gouvernances qui

devront s’appuyer sur des modes de financements renouvelés.

La réforme semble cependant arriver alors que le processus est largement entamé. Il n’est pas de grandes

villes françaises qui n’associent désormais leur nom au concept de métropole… même lorsqu’elles sont loin

de pouvoir prétendre à ce statut.

Il y a longtemps que Montpellier et son District, puis Montpellier et son Agglomération ont non seulement

intégré cette évolution nécessaire des réalités économiques, mais ont élaboré le discours associé. Elle a mis

en place l’ensemble des éléments qui doivent naturellement la conduire à devenir l’une des métropoles du

sud de la France. Montpellier a joué tôt la carte de la métropole. Mais peut-elle être une des « Métropoles »

définies par la nouvelle loi territoriale ? Ou bien, faute d’en faire partie, peut-elle tabler sur la création

d’un « pôle métropolitain » ?

appuyer sur la réforme des collectivités territoriales

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Se penser « Métropole » avant tout lemonde

Très tôt, Montpellier a souhaité affirmer sa vocation de Métropole, bien

avant qu’on en parle au niveau de l’État ou que les intercommunalités aient maillé le territoire comme c’est

le cas aujourd’hui. Ceci bien avant que le mot lui-même n’émerge dans les discours. Dès la fin des années

80, Montpellier met en avant ses universités, ses pôles de recherche et entre de plain-pied dans l’économie

de la connaissance : Montpellier est devenue la « surdouée ». Qui a oublié le bambin en couche-culotte qui

jouait du violon ?

marketingMontpellier entre très tôt dans le processus de mar-

keting des villes qui va s’amplifier en même temps

que le phénomène de métropolisation. Montpellier

va déployer sa communication en utilisant les différents

ressorts qui lui permettent d’être visible et attractive.

La « surdouée », c’est à la fois l’université, la recherche

et la culture. « L’entreprenante », c’est la dynamique

économique et l’attractivité, « l’Eurocité », c’est la ville

rayonnante, visible.

Montpellier s’engage résolument dans l’ère des pôles :

dès 1985, la Technopole est née. Ses différents pôles

vont préfigurer les pôles de compétitivité : Euro-

médecine, Agropolis, Antenna, Communicatique et

Héliopolis. Il s’agit à la fois de la création de parcs

d’activités dédiés et de pépinières d’entreprises

telles que Cap Alpha, mais également de la mise en

réseau des acteurs de chaque pôle. Dès 1988, le

congrès international des technopoles se tient à

Montpellier.

Montpellier s’affirme également Eurocité : l’objectif

alors n’est plus d’apparaître au niveau local. Le premier

niveau de pertinence est le niveau européen.

La nécessité, tout comme la volonté de devenir cette

ville qui compte au niveau de l’Europe, s’affirme

très fortement dans le discours.

Étrangement, lorsque le vocabulaire atteint progres-

sivement le dire des collectivités, que, l’une après

l’autre, les villes, grandes ou moins grandes, associent

à leur nom le mot de Métropole, Montpellier reste à

l’écart du mouvement. Elle ne se saisit pas de cette

dénomination ; elle ne brandit pas cette bannière.

Montpellier ne ressent probablement plus le même

besoin d’affirmation maintenant que les principaux

mécanismes sont en place. Pourtant, il est clair que

Montpellier ne pourra pas prétendre au statut de

Métropole, puisque son agglomération n’atteint pas

les 500 000 habitants et qu’elle devra se satisfaire

de son statut actuel pour un certain nombre d’années

encore. Il faut cependant en mesurer l’incidence.

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LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT

44

La Métropole dans la réforme de l’État

Le rapport Perben met l’accent, dès 2008, sur l’importance de la métro-polisation et la nécessité pour la France d’avoir de véritables métropoles à rayonnement au moins

européen. Il met en exergue une phrase de Pierre Maurois en décembre 2007 qui est un vrai sujet de réflexion

pour les législateurs mais également pour les acteurs économiques : « La France n’a pas suffisamment de

grandes villes et elle le paie très cher ».

La France est un vieux pays rural, dominé jusqu’à une époque récente par Paris où se concentraient toutes

les fonctions de niveau autre que local. Le « Paris et le désert français » de Jean-François Gravier en 1947

est un vrai cri d’alarme. Les huit métropoles d’équilibre, que l’Etat va soutenir au début des années 60 pour

rectifier le tir, vont mettre un certain temps à tenir une place face à Paris et à émerger au niveau européen.

fait urbainLe fait urbain est aujourd’hui primordial et l’État

considère qu’il faut asseoir les grandes villes françaises

en tant que métropoles pour ne pas se trouver

rapidement distancé par d’autres pays européens

et par les pays émergents où ce phénomène est

majeur dans le processus de développement.

La réforme que l’État a entreprise dans ce sens

s’inspire à la fois du rapport Perben dont le titre

« Les métropoles d’avenir » est sans équivoque et

du rapport Balladur, qui s’intéresse aux métropoles,

à la création de grandes régions et à l’organisation

complète du territoire par les intercommunalités.

Nous sommes ici dans un redécoupage politico-

administratif qui se doit de tenir compte des décou-

pages existants et ici des EPCI. Celui-ci met encore une

fois en évidence que le territoire de l’agglomération

de Montpellier ne correspond pas au phénomène de

métropolisation qui est constaté par ailleurs.

Le rapport Balladur fait une proposition en matière

de métropoles : elles seraient onze, car la population

des intercommunalités de base qui pourraient y

prétendre est celle de 1999 ! Il n’est tenu compte

d’aucun des éléments qui fondent aujourd’hui les

métropoles, même si le rapport Perben en fait lui

une analyse précise. Montpellier ne se trouve donc

pas dans ce paquet de villes, alors que Toulon et

Rennes y figurent.

Le découpage de l’agglomération de Montpellier avec

ses 31 communes, pénalise le territoire. Si l’on prenait

en compte l’aire urbaine, telle qu’elle apparaissait

comme référence des territoires de SCOT dans la loi

SRU ou les grands indicateurs qui définissent les aires

d’influence, il est bien évidemment que Montpellier

devrait faire partie des élues.

hors listeDe même, si l’on reprenait les principaux critères

qui définissent les métropoles et les territoires de

métropolisation, tels qu’ils sont mis en évidence

dans l’étude de C. Rozenblat et P. Cicille et repris par

le rapport Perben, Montpellier ne manquerait pas

de figurer dans cette liste.

Nous l’avons montré à plusieurs reprises : Montpellier

est bien une ville dont la visibilité européenne est

réelle. Montpellier peut et doit devenir une métropole,

non seulement pour ce qui se passe dans la ville et

sur son territoire, mais aussi pour avoir les moyens

de consolider ce que chacun peut constater.

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Interview de Maître Jean-Marc Maillot Avocat à la Cour, Maître de Conférences des Universités

« La réforme des collectivités est une réforme en profondeur. Elle estessentiellement incitative. Pourtant, ceux qui ne prendront pas le trainde cette réforme risquent fort d’être « hors jeu ».

La réforme va créer des différences gigantesques de niveaux et de compétences entre les différentes

collectivités. Le pouvoir sera entre les mains des intercommunalités.

Il y a un fossé entre le pouvoir de la métropole telle que prévue par les textes et les autres collectivités.

La notion de métropole est essentielle pour Montpellier et le Languedoc-Roussillon. Il faut aller dans cette

direction, quitte à passer par le niveau du Pôle Métropolitain en trouvant des alliés autour de l’Agglomération

de Montpellier.

Cette réforme s’inscrit dans la même démarche que celle poursuivie par les institutions communautaires, à

savoir un dépassement du cadre national au profit d’entités régionales fortes. Il s’agit d’une réorganisation

en profondeur de nos institutions.

Les Régions vont être élargies et devenir potentiellement transfrontalières comme celle de Lille. Le régiona-

lisme et le fédéralisme sont des mouvements en cours à l’échelle européenne. La puissance des Etats est

affaiblie dans cette nouvelle phase de construction de l’Europe, bien que leur rôle lui, ne soit pas remis en

cause.

En France, la régionalisation est chaperonnée par l’Etat qui veut la mettre lui-même en place, compte tenu

d’une longue histoire de centralisme étatique. Le rôle des Préfets, par exemple, n’a pas été remis en cause

par la décentralisation, au contraire, ils gardent un pouvoir décisionnel mais aussi d’impulsion qui reste

incontournable.

Le rôle de l’Etat reste législatif et règlementaire. Il organise ce que l’on pourrait appeler un « fédéralisme

administratif », mais cette expression ne doit pas être prise au sens juridique (elle n’aurait aucun sens)

mais plutôt pratique.

La prochaine étape des réformes sera le redimensionnement des Régions. »

Auteur notamment de : Institutions administratives, Hachette Supérieur

45

LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT

46

Métropole ou pôle métropolitain : deux voies

La Métropole sera un établissement de coopération intercommunaled’un seul tenant et sans enclave, porteur d’un projet d’aménagement et de développement

économique, écologique, éducatif, culturel et social capable d’améliorer la compétitivité et la cohésion de

son territoire. Cette intercommunalité devra regrouper plus de 500 000 habitants.

compétencesLes compétences de la Métropole seront proches de

celles de la Communauté Urbaine et soumises à un

intérêt métropolitain. Elles iront plus loin en ce qui

concerne la subsidiarité par rapport à la Région et

au Département.

La Métropole pourra, après négociation, exercer de

plein droit des compétences jusque-là détenues par

le Département ou la Région.

Pour le Département :

- Les transports scolaires,

- Les routes dites départementales,

- Les zones d’activités et la promotion à l’étranger

du territoire et des activités économiques.

Et par convention :

- L’action sociale,

- Les collèges,

- Le tourisme,

- L’action culturelle et patrimoniale,

- Les équipements et les infrastructures de sport.

Pour la Région :

- La promotion du territoire à l’étranger.

Et par convention :

- Les lycées.

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gestion globaleCes transferts donnent à la Métropole un très large

contrôle sur son territoire, une gestion globale bien

supérieure à celle de l’Agglomération ou de la Commu-

nauté Urbaine. Ils fournissent les outils nécessaires

au développement d’un vrai projet métropolitain.

Aujourd’hui, par sa taille, l’agglomération de

Montpellier ne peut pas prétendre à ce statut et

c’est regrettable. Cependant, Montpellier et son

District d’abord, l’Agglomération ensuite, ont montré

qu’il n’était pas nécessaire d’avoir des cadres admi-

nistratifs optimum pour aller de l’avant.

On peut regretter cependant que le seul critère retenu

par le législateur ait été la population de l’EPCI qui

n’est que l’un des aspects de la métropolisation. Le

seuil de population peut n’être que le reflet d’une

bonne coopération intercommunale locale, sans qu’un

quelconque processus réel de métropolisation soit

à l’œuvre.

Si le législateur a verrouillé la liste actuelle des

métropoles par le biais de la taille, il a laissé des

ouvertures pour le futur. La réflexion s’est prolongée

avec les pôles métropolitains qui prennent en

compte l’association de plusieurs Intercommunalités

sous la forme d’un syndicat mixte, dans le but de

mener des actions et de développer des projets

d’échelle métropolitaine. Place à la créativité et à

l’innovation pour des territoires métropolitains

supposés en émergence.

Les compétences du pôle métropolitain sont poten-

tiellement voisines de celles de la Métropole. Mais

elles demandent une volonté commune de l’ensemble

des Intercommunalités concernées sur des sujets

particuliers. Le pôle métropolitain peut se construire

par étapes successives et par ajout des compétences

proposées. Il concerne des Intercommunalités qui,

en se regroupant, constituent un ensemble de

300 000 habitants dont l’une regroupe plus de

150 000 habitants.

opportunitéCette ouverture proposée peut être une opportunité

pour le territoire métropolitain de Montpellier où les

communautés de communes et d’agglomération ont,

malgré les ouvertures, un vrai travail de concertation

et de coopération à accomplir. En revanche, ne pas

saisir cette opportunité serait rater un tournant

capital de l’histoire. D’abord parce que le processus de

métropolisation se poursuivra, mais avec le handicap

de voir d’autres villes françaises désormais mieux

armées pour entrer dans la compétition. Ensuite

parce que les Préfets vont désormais jouer un rôle-

clef dans la recomposition d’entités plus homogènes

et plus conformes aux réalités des territoires... Mais

leurs moyens resteront limités car l’esprit de cette

loi est davantage de permettre et d’inciter que de

contraindre.

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4

LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT

48

Être ou pas un pôle métropolitain ?

La création de métropoles ou de pôles métropolitains n’est aujourd’huiassortie d’aucunes mesures particulières, notamment financières, comme cela avait

été le cas pour la constitution des communautés de communes et des communautés d’agglomération qui

avaient vu les subventions de l’État (dotation globale de fonctionnement) renforcées en cas de constitution

d’intercommunalité.

motivationDans le cadre de la nouvelle loi, rien de semblable.

Il faudra donc une motivation politique forte pour

que se constituent les pôles métropolitains. Les

métropoles sont dans le même cas, mais appartenir

à la liste des villes et des EPCI privilégiés qui pourront

accéder à de nouvelles compétences devrait être en

soi un aiguillon suffisant pour que la création des

métropoles se fasse sans surprise.

Pour les pôles métropolitains, ce sera sans doute

pour des intercommunalités voisines déjà habituées

à des collaborations sur des sujets particuliers une

bonne opportunité d’aller plus loin.

échelleCes pôles métropolitains sont également apparus

dans les débats parlementaires, comme le moyen

pour des villes secondaires d’être confortées et de

trouver de nouvelles dynamiques. Les seuils retenus

de population en sont la résultante.

Seule la Communauté d’Agglomération de Montpellier

peut prétendre devenir à elle seule un pôle métro-

politain. Mais il peut advenir qu’une Communauté

d’Agglomération comme Nîmes ou comme Perpignan

puisse, par association d’EPCI, devenir pôle métro-

politain. Il s’en suivrait un brouillage, car on retrouverait

dans le même type d’intercommunalité des villes

de niveau très différent.

Le pôle métropolitain qui ne serait basé que sur la

seule Communauté d’Agglomération de Montpellier ne

serait pas une avancée notable pour le développement

et le rayonnement d’une métropole en Languedoc-

Roussillon. Il y a un changement d’échelle nécessaire.

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Mais ne pas voir Montpellier et son agglomération

figurer au moins comme pôle métropolitain, ce serait

faire d’une certaine façon disparaître le Languedoc-

Roussillon des régions qui comptent. Ce serait

confirmer la carte de la DATAR sur les coopérations

métropolitaines où le Languedoc Roussillon apparaît

totalement absent. A nos portes des métropoles

comme Toulouse ou Marseille, seront-elles confortées

par des coopérations avec d’autres intercommunalités,

officialisées par le CIAT du 18 décembre 2003 ?

Le pôle métropolitain pourrait être une construction

par étapes qui mène progressivement à la constitution

d’une Métropole. Une crainte demeure : celle de la

lenteur qui ne permettrait pas à l’espace métropolitain

de relever les défis qui sont les siens. Jean-Paul

Volle, géographe travaillant sur ces problématiques

et co-auteur de « Montpellier, la ville inventée »,

répondait en septembre 2010 à La Gazette de

Montpellier que l’on avait dix ans pour changer

d’échelle, sinon « on aura laissé passer le train ».

Si l’on reste résolument optimiste, on peut garder

en mémoire qu’il n’a fallu qu’une dizaine d’années

pour que les Intercommunalités couvrent 97 % du

territoire français et à peine plus d’une année pour

que fusionnent les agglomérations Val de Seine et

Arc de Seine (plus de 300 000 habitants dans sept

communes).

archipelMais, au-delà des nouvelles opportunités offertes

par la loi, le territoire d’un pôle métropolitain ou

d’une communauté urbaine de 500 000 habitants

ne pourrait suffire durablement pour soutenir le

développement d’une grande métropole européenne,

alors même que beaucoup d’éléments sont déjà en

place, comme nous l’avons montré.

Nous sommes entrés dans une économie d’archipel,

archipel des grandes métropoles du monde qui

jouent en réseau, archipel au sein de chaque espace

de métropolisation où la ville-mère et les villes

secondaires jouent en complémentarité et en réso-

nance. Ce puzzle doit progressivement se mettre en

place, permettant à chacun de trouver sa juste place

pour qu’au final le dessin et… le dessein apparaissent

clairement : celui d’une métropole incontestable et

incontestée en Languedoc-Roussillon.

LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT

Interview de Jean-Louis Bouscaren Chef d’entreprise, Vice-Président du Conseil Economique Social RégionalPrésident de la Commission Aménagement du territoire du CESR,Président Régional de la Confédération Générale des Petites etMoyennes Entreprises (CGPME)

« La métropolisation est la condition de pérennité de la RégionLanguedoc-Roussillon. Aujourd’hui, on ne connaît pas le Languedoc-Roussillon mais on connaît

quand même Montpellier. Nous avons besoin d’une visibilité nationale et internationale.

La réforme des collectivités territoriales engagée ira à terme vers une reconfiguration des Régions. Pour

atteindre les standards européens, la tentation sera de faire des régions plus grandes. Sans une métropole

forte, le Languedoc-Roussillon risque l’éclatement. L’avenir se décidera alors ailleurs.

La démonstration du Schéma Régional d’Aménagement et de Développement Durable du Territoire

(SRADDT) d’une métropole en réseau pouvant se mettre en place entre Sète, Montpellier, Nîmes et Alès est

convaincante.

Cette métropole en réseau, avec déjà plus d’un million d’habitants, permettrait de faire contre poids à

Barcelone, Toulouse, Lyon ou Marseille. Le Languedoc-Roussillon n’est pas une région négligeable : il a une

croissance démographique et une économique forte, une université reconnue, des pôles de compétitivité…

Si Montpellier n’était pas déjà une métropole, aurait-on un grand centre de congrès ? Une Grande Salle,

une troisième ligne de tramway ? Des équipements qui rivalisent déjà avec ceux de Barcelone ou de Lyon ?

La métropole en réseau, c’est ambitionner plus ensemble. C’est un pari fort. Si Montpellier est le point

d’ancrage, il y a une place pour chacun dans ce schéma. Etre plus attractif ensemble, c’est attirer plus

d’entreprises et favoriser ainsi le développement économique de l’ensemble du territoire.

Bien sûr, cela va demander des choix stratégiques car il nous faut atteindre des tailles critiques : il ne peut

y avoir un aéroport tous les 45 kilomètres si l’on veut développer un grand aéroport international. Cette

concurrence locale dessert l’ensemble du territoire et fait le jeu des compagnies low cost.

Reste le problème de la gouvernance qui est aujourd’hui la question de fond. »

50

Interview de Jean-Paul Volle Professeur émérite de géographie à l’Université Paul Valéry,Montpellier III

« La métropolisation est un phénomène lié à l’urbanisation, qui conduità la concentration des hommes et des richesses selon des modalitésqui sont en rupture avec celles ayant donné naissance au périurbaindans la phase du capitalisme concurrentiel. Elle est fille de la mondialisation, de laglobalisation du système économique et social. Pour la qualifier, le critère de dimension est très important,mais il convient de prendre la mesure des capacités fonctionnelles de la métropole et des modes de vie quilui sont associés.

Localement, Montpellier est au cœur d’un espace que l’on peut définir selon l’étiquette « d’aire métropolitaine ».

En Languedoc-Roussillon, face à la rente viticole associée aux industries traditionnelles (charbon, textile,petite mécanique …) et devenue moteur de l’économie dans la première moitié du XXème siècle, les années 1960ouvrent la voie du renouveau dont Montpellier sera le point d’impulsion : l’université, IBM, les rapatriésd’Afrique du Nord seront les bases de la nouvelle économie tournée vers la connaissance, la consommationet les activités tertiaires. La périurbanisation accompagne ces processus et « casse » le modèle de la villeinsulaire au milieu de son environnement rural.

Au début des années 1970, Raymond Dugrand, professeur de géographie à l’Université Paul Valéry, dirigela publication d’une large étude sur l’urbanisation entre Sète et Nîmes, le long de l’axe de la RN 113, « Sète,Montpellier, Nîmes, une capitale linéaire ». C’est le signe de la vision prospective d’un espace qui bouleverseles héritages et d’une pensée qui inscrit l’urbanisation comme moteur du développement économique.Montpellier révèle cette trajectoire d’un devenir métropolitain qui doit être évoqué à partir du potentielde la ville centre certes, mais plus encore à l’échelle d’un ensemble cohérent de villes associées sous la formed’une métropole en réseau.

L’objectif d’aujourd’hui n’est pas de faire de Montpellier, cœur de l’aire métropolitaine, une métropole àdemi millionnaire, mais au contraire, de prendre appui sur l’organisation en réseau pour s’affranchir d’unnécessaire effet de masse d’une part, pour affirmer une économie au rayonnement et à l’attractivité partagésentre des villes contribuant ensemble à l’édifice métropolitain d’autre part. Le seuil souvent avancé de lamétropole millionnaire se reporte ici sur l’organisation de la métropole en réseau.

C’est la seule façon de s’arrimer à la mondialisation pour en maximiser les profits, de promouvoir une orga-nisation régionale qui valorise les capacités, capte et dynamise les investissements, diffuse la croissance.

La question est de savoir comment procéder pour atteindre une forme urbaine cohérente et profitable,capable d’imposer ses valeurs fondatrices et ses énergies vitales. Sans volonté politique, la croissancedémographique « naturelle », au fil de l’eau, du cœur métropolitain débouchera sur des conflits socio-spatiaux,sur des freins liés à une certaine passivité : la « métropole végétative » en est le modèle accompli, quiconforte ses assises sans gérer son développement. Elle peut déboucher sur l’éclatement de la Région, plussoumise à des flux exogènes qu’à des forces nées de solidarités endogènes.

L’hypothèse d’un deuxième modèle, celui de la « métropole territorialisée », repose sur l’idée d’un espacemétropolitain qui territorialise peu à peu les effets moteurs de la métropolisation, mais qui souffre du peude cohérence des politiques locales, de l’éclatement des structures de gestion. Les valeurs d’unité et decomplémentarité des actions manquent encore de pertinence pour s’affirmer comme principe moteur del’espace métropolitain.

On comprend mieux que la troisième version du modèle ouvre la voie à la « métropole gouvernée » ouplus exactement à la mise en œuvre d’une politique concertée, d’une gouvernance territoriale et économiquequi prenne appui sur la métropole en réseau pour en conforter les synergies et les systèmes relationnels.Les ingrédients sont en place (universités, innovation, mobilité et échanges, modes d’urbanisation,environnement…), le Schéma Régional d’Aménagement et de Développement Durable du Territoire en a décritles principes, dessiné les périmètres. La singularité régionale du réseau des villes, de leur proximité etcomplémentarités mérite d’être affirmée et confortée tant sur le plan des structures de gestion (communautésurbaines) que sur celui des influx économiques majeurs.

On mesure alors combien le modèle exige que soit résolue la question de la gouvernance. »

Co-auteur de « Montpellier, la ville inventée », éditions Parenthèses 2010 51

LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT

52

La Chambre de Commerce et d’Industrie, après avoir entendu de trèsnombreux acteurs locaux parmi ceux qui ont à réfléchir sur la notion de métropole, de

métropolisation, de réseaux, d’ouverture et de coopération, a souhaité se positionner sur un sujet fondamental

pour le développement économique non seulement de sa circonscription, mais de l’ensemble de la région.

ans Métropole en réseau, pas de croissance forte

Malgré tous les atouts que possèdent Montpellier, son agglomération et son territoire de métropolisation,

la visibilité et la puissance de l’ensemble sont aujourd’hui trop modestes pour que, demain, une Métropole

de taille européenne puisse émerger sans la convergence de toutes les énergies et de tous les moyens.

CONCLUSION

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Le cercle vertueux peut s’arrêter

Le développement économique futur passera par là. L’économie résidentielle,

qui domine aujourd’hui, est la résultante de toutes les actions et de tous les efforts menés depuis plus de

quarante ans pour faire de Montpellier une ville dynamique, culturelle, sportive …donc attractive. Mais le

cercle vertueux mis en marche peut s’arrêter si la concurrence impitoyable entre les différentes villes bascule

en faveur d’une autre métropole.

Il n’y aura pas de croissance forte qui ne soit impulsée par la métropole au reste de son territoire. Une

métropole qui fonctionne et atteint le seuil de visibilité lui permettant d’être perçue par les lieux de pouvoir

tels que les sièges sociaux des grandes entreprises est généreuse avec son environnement. Elle diffuse le

développement sur son territoire.

Une ville qui concentrerait les hommes et les richesses au détriment de son environnement n’est pas une

métropole, c’est une ville en perte de vitesse sur la défensive, en repli, qui n’a pas su, à un moment donné,

prendre le train de l’Histoire.

Au-delà de Montpellier, d’autres villes, d’autres territoires, détiennent, eux aussi, des clefs importantes pour

le développement de ces espaces métropolitains dont nous avons tous besoin. L’heure est aux coopérations.

Elles existent déjà dans la plupart des domaines. L’heure est à l’organisation et à la hiérarchisation des objectifs.

Le cœur de la région doit continuerde battre

Le Schéma Régional d’Aménagement et de Développement Durable duTerritoire, établi par le Conseil régional pour être le support stratégique de son action, n’a, certes, aucune

valeur réglementaire et ne peut s’imposer ni au SCOT (Schéma de Cohérence Territoriale), ni au PLU (Plan

Local d’Urbanisme). Mais il analyse avec justesse le phénomène.

Comme la Chambre de Commerce et d’Industrie, il dresse le constat qu’un phénomène particulier existe

autour de Montpellier, sur un territoire allant de Sète à Nîmes, voire à Alès, phénomène qui n’existe pas

ailleurs. Un système de flux, une concentration d’indicateurs économiques fortement positifs font de cet

espace le cœur battant de la région.

L’idée d’une métropole en réseau s’impose : elle permet d’atteindre les seuils de population indispensables,

elle concentre déjà les hommes et les richesses, elle est, déjà, Métropole. La nouvelle loi, implicitement,

suggère des fonctionnements de ce type.

La réforme des collectivités territoriales ne retient pas Montpellier parmi les métropoles parce que son

agglomération n’atteint pas le seuil des 500 000 habitants. Ce seul critère retenu ne rend pas justice à la

réalité du terrain et ne tient pas compte de ce qui constitue vraiment les métropoles. On peut le regretter.

Notamment quand on sait que l’aire urbaine compte plus de 530 000 habitants et est une réalité économique :

40 % des actifs ayant un emploi travaillent dans le pôle urbain ou les communes qu’il attire.

LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT

Deux risques menacent

Aujourd’hui, la Chambre de Commerce et d’Industrie s’inquiète de deuxrisques réels, au cas où Montpellier et son territoire ne pourraient paspasser à la vitesse supérieure. Le premier risque concerne l’éclatement possible de la région.Depuis longtemps déjà nous savons que les régions françaises ne sont pas à l’échelle des autres régions

européennes et l’État a toujours en perspective le regroupement des régions existantes afin qu’elles constituent

des régions d’échelle européenne. Quid de notre région dans ce cas ? Sans un pôle identifié et puissant,

son démantèlement est facilité.

Quelle place pour les villes et les territoires du Languedoc-Roussillon actuel dans des régions recomposées,

déjà dominées par une métropole existante, voire plusieurs métropoles ? On peut espérer que Montpellier

soit un pôle urbain important, bien que secondaire, dans sa nouvelle région de rattachement grâce à son

université, ses laboratoires de recherche et ses grands équipements. Mais quelle place auraient alors nos

villes intermédiaires ?

54

Le second risque est que, faute d’une véritable métropole, les moteurs de la

croissance soient bridés, l’élan de Montpellier freiné et, avec elle, celui de tout son territoire, comparativement

aux autres métropoles.

Demain, les métropoles seront les moteurs réels de l’économie française : elles bénéficient déjà de la

concentration des hommes et des richesses. Après la réforme de la taxe professionnelle et la mise en place

de la CET (Contribution Economique Territoriale), elles seront favorisées et stimulées. En effet, les grandes

entreprises que les métropoles rassemblent continueront à payer, à peu de choses près, les mêmes taxes.

La partie de l’impôt qui reposera sur les ménages la favorisera également puisque la métropole concentre

les hommes. Sans la métropole en réseau Montpellier se priverait ainsi des moyens de l’action et du

développement.

La Chambre de Commerce et d’Industrie reste résolument optimiste sur le devenir de son territoire qui est

au cœur de l’espace de métropolisation. Les processus sont parfois lents à démarrer avant de s’accélérer

et puis aboutir très vite. Il n’appartient pas à la Chambre de commerce et d’industrie de dire quelle forme

administrative la Métropole en réseau devra prendre.

L’impératif est de constituer le réseau de la métropole en accélérant, de manière volontaire et active, le

rapprochement entre intercommunalités. La Chambre appelle cette convergence de ses vœux.

La Chambre de commerce et d’industrie espère que, quels que soient les hommes, quelles que soient les

structures, la sagesse l’emportera, parce que l’intérêt général doit commander. Elle appuiera résolument

toutes les coopérations en matière économique qui pourront aller dans ce sens. Il y va de l’avenir de ce

territoire, de ses entreprises et des hommes et des femmes qui y vivent.

L’engagement de la CCI de Montpellier

La Chambre de Commerce et d’Industrie affirme que la métropoleen réseau est la voie vers un nouvelle aire de développement, unenouvelle ère de croissance. En s’appuyant sur sa légitimité de représentante des entreprises

et dans le cadre des compétences que lui donne la Loi, la C.C.I. s’engage donc avec force et détermination

vers cet objectif. Car la rencontre avec les acteurs, les chercheurs, les experts a montré la convergence des

réflexions de tous ces témoins dans le sens de cette métropole en réseau, basée sur la coopération, la

complémentarité et la synergie qui paraissent à tous éminemment nécessaires pour avancer.

55

annexesRéforme de la taxe professionnelle et enjeu métropolitain

Le SRADDT : une approche déjà régionale de la Métropole en réseau

Métropole ? Tabous et usages du mot

Poids des populations et possibilités de métropolisation

Le développement urbain et économique de Montpellier en quelques chiffres

Métropole : sa nouvelle définition légale

Remerciements

Bibliographie

56

La réforme de la taxe professionnelle, après la phase plutôt « transitoire »des budgets 2010, devient la règle pleine. Les nouveaux mécanismesde la Contribution Economique Territoriale vont s’appliquer en 2011,avec des évolutions tant pour ceux qui la perçoivent que pour ceuxqui la paient.

éforme de la taxeprofessionnelle etenjeu métropolitain

paramètre importantLa gestion de la fiscalité locale sur les entreprises

est un paramètre important de la vie politique,

économique et sociale. Rappelons que la taxe pro-

fessionnelle unifiée a été – jusqu’à cette réforme –

la ressource centrale des communautés d’agglomé-

ration et des communautés de communes, avec de

nombreux enjeux stratégiques et géopolitiques, à

Montpellier et ailleurs.

Pour l’Agglomération de Montpellier, la TPU repré-

sentait, en 2008, 26,4 % des recettes réelles. Dans

un texte - critique sur le fond de la réforme - du 22

décembre 2009 du conseil de la Communauté

d’Agglomération de Montpellier, on lit qu’ « à partir de

2011, ce sont sept taxes et compensations assises sur

les entreprises et les ménages qui composeront le

produit de la Cotisation Economique Territoriale ».

recomposition desressourcesLe rapport de mai 2010 de l’inspection générale des

finances et de l’inspection générale de l’administration

sur « l’évaluation des effets de la réforme de la taxe

professionnelle sur la fiscalité des collectivités locales

et sur les entreprises » montre qu’à l’horizon 2011,

pour les EPCI (Etablissements Publics de Coopération

Intercommunale), la suppression de la TP se traduit

par « une recomposition de leurs ressources fiscales :

avec une montée en puissance de la taxe d’habitation

(qui, avec les taxes foncières, représentera 40 % des

ressources en 2015), une proportion élevée de CVAE

(Cotisation sur la Valeur Ajoutée des Entreprises) et

de CFE (Cotisation Foncière des Entreprises), avec près

de 50 % en 2015 et une dotation de compensation

importante (plus de 10 % en 2015). »

Ce rapport estime que « la dynamique des nouvelles

bases fiscales de CVAE et de CFE devrait être plus

forte que celle des bases de taxe professionnelle ».

Mais aussi « relativement plus dépendante de la

conjoncture économique. »

Une première appréciation de cette réforme de la

fiscalité locale interviendra donc avec les prochains

budgets des EPCI et de l’Etat qui doit garantir maintes

compensations et ce dans un contexte financier

tendu.

La pratique de cette réforme influera sur sa pérennité

(clause de revoyure) et sur la composition des

ressources des futures métropoles.

57

LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT

Le SRADDT (Schéma Régional d’Aménagement et de DéveloppementDurable du Territoire) du Languedoc-Roussillon a été adopté le 25septembre 2009 par le Conseil Régional. Il dresse les perspectives à horizon 2030, avec, comme base incontournable, la donnée démographique, qui

veut que « d’ici à 2030, la région pourrait accueillir entre 500 000 et 800 000 personnes supplémentaires,

selon l’INSEE ». D’où, dans ce schéma prospectif, le pari de l’accueil démographique et ceux de la mobilité

et de l’ouverture.

e SRADDT : une approche déjà régionalede la Métropoleen réseau

58

visibilitéCe document table sur l’affirmation d’une métropole

en réseau de Sète à Alès pour contribuer au « rayon-

nement international du Languedoc-Roussillon ».

Le SRADDT vise une spécialisation métropolitaine,

afin d’atteindre un niveau d’excellence dans ses

fonctions permettant « une visibilité nationale et

internationale. »

Les angles économiques de cette spécialisation

sont :

- Les activités à forte valeur ajoutée (science du

vivant et biodiversité, santé/pharmacie, télécoms),

- La recherche et l’enseignement supérieur, la culture,

- Les hubs de connexions,

- Le développement d’une fonction d’affaires.

partenariatPour son usage futur, le SRADDT précise qu’il

« constitue un document d’orientations, non prescriptif,

qui ne prend tout son sens que dans sa mise en

œuvre partenariale ». La Région se pose en chef de

file. Mais la rédaction nuancée de ce texte montre

qu’elle n’ignore pas la complexité, dans la recherche

du consensus, des actions à mener.

59

Le géographe Jean-Paul Volle disait récemment (juillet 2010) dans uneinterview au magazine Objectif LR : « Parler de métropole à Montpellierest un tabou ». Pourtant, ce vocable, chargé de valeur, est assez souventutilisé dans divers supports.> En 2001 est paru chez Arthéme Fayard un beau livre illustré sous le titre « Montpellier, métropole du

Sud ». Francis Zamponi, qui l’a rédigé, raconte qu’il s’agissait d’une commande de la mairie de Montpellier,

pour une histoire de la ville de sa fondation à nos jours et que le maire en assura lui même la correction.

On peut en déduire que le titre reçut sans doute son aval…

> Sur une requête sur internet Les Pages Jaunes associent le nom de Montpellier à la formule « métropole

du savoir et pôle économique d’avenir ».

> En 2007, le démographe Gérard Francois Dumont a publié dans la collection « Travaux » de la DATAR un

document faisant référence sur « les Métropoles régionales intermédiaires en France ; quelle attractivité ? »

Il en ressort que, sur la période 90-99, « la métropole la plus attractive à l’échelle de l’unité urbaine est

Montpellier. »

> L’hebdomadaire La Gazette de Montpellier rouvre le débat dans son édition du 26 août 2010 à partir

d’une étude de l’INSEE sur l’actualisation du recensement : « Agglo : 10 ans pour ne pas laisser passer le

train - l’Agglomération de Montpellier, qui ne cesse de grandir, s’interroge sur l’opportunité de devenir une

« métropole ». Et des responsables de l’Agglomération de reparler d’« élargir les frontières jusqu’à trente

kilomètres autour de Montpellier ».

étropole ? Tabous et usagesdu mot métropole

LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT

L’enjeu de MontpellierL’actuelle Communauté d’Agglomération de Montpellier est à 408 951 habitants. Pour sa part, l’INSEE donne

l’aire urbaine de Montpellier à 514 473 habitants (recensement 2007).

Mais ce concept démographique d’aire urbaine de l’INSEE ne correspond pas à une entité légale politico-

administrative locale, comme le sont les communautés d’agglomération et communautés de communes.

Montpellier est dans une position « intermédiaire ». Elle pourrait évoluer en Métropole, telle que la loi

territoriale le prévoit, si sa Communauté d’Agglomération concluait un accord de fusion volontaire et par

mouvement réciproque avec une ou plusieurs EPCI (Etablissements publics de coopération intercommunale)

voisins.

Depuis 1999 (loi Chevènement) et aussi depuis 2004 (amendement Blanc), autour de Montpellier d’autres

communautés se sont structurées par affinités revendiquées. Elles continuent à le faire (cf. la toute récente

démarche du Pays de l’Or vers une communauté d’agglomération).

La population sur ces territoires communautaires est à considérer, par rapport aux enjeux de seuil :

- Thau Agglo : 92 021 habitants dont 43 000 à Sète et 23 000 à Frontignan.

- Pays de Lunel : 42 674 habitants dont 24 000 à Lunel même.

- Pays de l’Or : 35 447 habitant dont 15 692 à Mauguio-Carnon et 8 300 à La Grande Motte, avec en

perspective une prise en compte de sa population estivale (à hauteur de 200 000).

- Pic Saint-Loup : 33 000 habitants en 2005 ; atteindrait 41 000 en 2015 si sa croissance se poursuit au

rythme récent.

La géographie compte aussi puisqu’une métropole ou un pôle métropolitain, pour se constituer, impliquent

des regroupements d’intercommunalités sur un territoire « d’un seul tenant et sans enclave ».

Pour atteindre les 500 000 habitants, seuil de la métropole, il faudrait donc additionner (ce n’est ici qu’une

réflexion quantitative… prospective) soit Thau Agglo (408 000 + 92 000 = 500 000 !), soit les trois autres

(408 000 + 130 000 = 538 000 !),

Un rapprochement Montpellier-Thau-Lunel, c’est un ensemble de 542 000 habitants…

A contrario, si l’on envisage - pure hypothèse - des tentatives de scénarios alternatifs entre les EPCI alentour,

la naissance d’un pôle métropolitain est impossible sans Montpellier : selon l’état actuel du projet de loi,

il faut au moins une base de 150 000 habitants. De plus, la somme des EPCI inventoriés ci-dessus, hors

agglomération de Montpellier, n’atteindrait que 202 000 habitants. Ce regroupement se situerait donc en

dessous des 300 000, seuil du pôle métropolitain.

Par contre, 408 000 (Agglomération de Montpellier) et 202 000 (toutes les autres intercomunalités)

rassemblerait 610 000 habitants ! Et donc une « grosse » métropole, celle du… Grand Montpellier.

oids des populationset possibilités demétropolisation

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En Languedoc-RoussillonEntre delta du Rhône et frontière espagnole, qui, en Languedoc-Roussillon, pourrait donner naissance à

une Métropole ? Ou même à un pôle métropolitain ?

La communauté d’agglomération de Perpignan est à 225 000, celle de Nîmes à 230 000, de Béziers à

104 000, du Grand Narbonne à 80 000.

En Languedoc-Roussillon, ne reste donc que Montpellier… comme potentialité de métropole.

En Provence-Alpes-Côte-d’Azur Hors Marseille, sur le littoral méditerranéen français, Nice est, depuis janvier 2009, une Communauté

Urbaine et se situe déjà à 500 000 habitants. L’INSEE voit la Communauté d’Agglomération de Nice grandir

vers les 525 000 habitants en 2014. La « métropolisation » niçoise est donc tout à fait possible.

L’Agglomération de Toulon Provence Méditerranée est à hauteur de 422 000 habitants.

En PACA, on aurait ainsi, sur les seuls critères démographiques (sans préjuger des décisions politiques),

trois « métropolisations » possibles (deux métropoles et un pôle métropolitain).

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LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT

Le développement urbain et économique deMontpellier en quelques chiffres*l’analyse du Dr Frank Lasch, Professeur associé et Directeur de la Recherche à Sup de Co Montpellier

Il résume comment une ville régionale de taille moyenne entourée de vigness’est transformée en « métropole entrepreneuriale » dans les domaines del’innovation, de la haute technologie et de la recherche.Montpellier et sa région- 3ème région de France en recherche et développement (par rapport à la population),

- 90 000 étudiants et 120 laboratoires de recherche, 4ème CHU de France,

- Agropolis : une des plus grandes communautés scientifiques mondiales en agriculture, alimentation, biodiversité,

environnement,

- 400 chercheurs en TIC, Technologie de l’Information et de la Communication,

- Présence des plus importants établissements scientifiques nationaux,

- Un des taux les plus élevés de création d’entreprises en France,

- Montpellier régulièrement classée dans le top 3 des villes en tourisme d’affaires,

- Régulièrement classée comme l’une des trois villes les plus attractives par sa qualité de vie.

Les étapes du changementEn trente ans, Montpellier est devenue une ville européenne de haute technologie, grâce à des facteurs socio-économiques :

la décentralisation, la démographie, l’économie.

- 1960 : expansion du secteur de la santé et de l’éducation, Montpellier capitale régionale

- 1965/1975 : développement des services et des nouvelles technologies

- 1975/1985 : changement de modèle d’entreprises, migration de population.

Autres déclencheurs du développement : une nouvelle population, une nouvelle gouvernance locale avec une stratégie

de développement de long terme.

Stratégie et positionnement- Exploiter le potentiel d’une ville universitaire traditionnelle de réputation internationale, maîtriser l’explosion

démographique et structurer spatialement & sectoriellement le développement économique,

- Transformer Montpellier en une ville moderne, avec activités de haute technologie, rivalisant avec les 50 premières

agglomérations européennes, et renforcer son attractivité,

- Renforcer sa qualité de vie pour attirer une population active hautement qualifiée.

Le projet de développementUrbanisme & développement urbain :

- Architectes de renommée internationale (Bofill, Fainsilber, Chemetov, Nouvel, etc.),

- En moyenne 2 000 appartements neufs par an,

- Aménagement innovant du territoire : différents acteurs de taille comme la SERM souvent citée en référence au niveau

national (innovation, volume de projets, etc.),

- Mixité de fonctions : administration & services publics, éducation & université, espace d’affaires, logement, commerces, etc…

- Loisirs, culture & sport, services publics,

- Environnement & transports publics.

Organisation du développement économique :

1985, Montpellier Méditerranée Technopole,

1999, Montpellier Agglomération,

2001, Invest in Montpellier.

Spécialisation autour de 5 thèmes et parcs technologiques (2005) :

Euromédecine, Agropolis, Informatique, Antenna, Héliopolis.

- 13 parcs d’activités, 6 couveuses et parcs technologiques : 1 400 entreprises (29 000 salariés).

- Depuis 1987, plus de 350 entreprises créées dans les couveuses Cap Alpha, Cap Gamma, Cap Omega (80,4 % taux de survie).

*Analyse présentée en 2007 dans le cadre d’un programme Européen de recherche (6th Framework Programme of the European Commission‘Coherent development of research and innovation policies - Regions of Knowledge 2/ CRIPREDE’ ; cf. Welter & Kolb, 2007).62

Communication massive sur l’Europole :

Une véritable force pour Montpellier.

- Accompagnement d’entreprises et campagnes de publicité,

- Association de qualité de vie, d’infrastructures & d’environnement comme arguments-clés.

Opportunités et risques, lumières et ombres de la métropole montpelliéraineLa nouveauté : point fort ou faible ? L’exemple du secteur TIC local.

Émergence des TIC en France (1993-2001)

- 85 000 nouvelles entreprises, créant 160 000 nouveaux emplois à leur démarrage. Malgré la crise, les TIC ont toujours

un impact considérable sur la création d’emplois et le nombre de ces nouvelles entreprises est en augmentation.

- Montpellier est l’une des régions françaises les plus dynamiques classée sixième (hors région parisienne).

- Stratégie de développement Europole réussie pour ce secteur !

Les chefs d’entreprises innovantes profitent des compétences et de l’économie locale de proximité, mais des faiblesses

sont certaines :

- La population des entreprises de TIC la plus jeune de France : en moyenne 4,4 ans (2001),

- Des entreprises de taille relativement petite (8,2 ; France : 10,6),

- Sous financement des entreprises TIC,

- 65 % des nouvelles entreprises dépendent de sociétés extérieures à Montpellier,

- Coexistence de quelques grandes entreprises (IBM, Dell), d’instituts de recherche de R&D énormes et d’un grand nombre

de petites entreprises TIC (principalement services informatiques),

Est-ce un véritable milieu innovant ?

Montpellier et sa stratégie de succès : une première conclusionRésultats de la "longue marche" et les facteurs-clés du succès : une transformation réussie en moins de trente ans

- Vision, ambition et stratégie du long terme basées sur une analyse pragmatique des opportunités, points forts et

potentiel dedéveloppement local (ex : « Montpellier Europole »),

- Stabilité politique locale depuis trente ans dans un contexte régional, national et économique instable,

- Un leader charismatique et des structures pour conduire le changement (ex : Montpellier Méditerranée Technopole,

Parcs d’entreprises et incubateurs du BIC, SERM, etc.),

- Intégration des communes avoisinantes dans le projet de développement territorial commun (District, Agglomération, etc.),

- Conditions de croissance exogènes et endogènes concordantes :

- Espace disponible à l’intérieur de l’agglomération (Antigone, une des premières exemples du potentiel de

développement vers l’est et en périphérie de Montpellier) et planification urbaine novatrice,

- Lois relativement souples en France (expropriation, grand pouvoir et larges compétences des gouvernances locales),

- Communication efficace pour attirer de nouveaux habitants et des entreprises,

- Accompagnement d’entreprises désireuses de s’implanter à Montpellier (infrastructure d’affaires, avantages

financiers, recherche de subventions de l‘État, utilisation des mesures de politique économique nationales, solutions

individuelles pour les entreprises).

Perspectives… Montpellier dans 10 ans, encore dans la course ?Des inconnues et des sources de difficultés :

- Changement de gouvernance locale,

- Important contrôle externe des entreprises montpelliéraines,

- Raréfaction du foncier constructible,

- Inconvénients de la croissance rapide de la population dans l’agglomération (« deséconomies d’agglomération ») :

explosion des prix de l'immobilier, du logement, de la construction, niveau de prix élevé à Montpellier,

- “Turnover” élevé de la population locale active,

- Population résidentielle extrêmement contrastée (polarisation en termes de revenus et qualification), catégories socio-

professionnelle de la classe moyenne relativement sous-représentées, peu d’emplois industriels, etc.,

- Impact des lois européennes : de plus en plus de mise en concurrence des structures, acteurs principaux du développement

urbain et de l’aménagement,

- Attitude individuelle envers les interventions des autorités en constante évolution : plus de contestation et procédures

légales (la planification urbaine prend plus de temps et coûte plus cher),

- “Les ombres du passé” : un potentiel industriel relativement faible (CSP intermédiaires, manque de PME, coexistence

entre multinationales & micro entreprises),

- Difficultés d'intégration et de mise en réseau de la plupart des chefs d’entreprise venant de l’extérieur et ne connaissant

pas la région de Montpellier et son contexte. 63

LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT

Le texte définitif de la loi de réforme territoriale, issu de la commissionmixte paritaire du Parlement, a été adopté le 17 novembre 2010 parl’Assemblée Nationale.C’est une étape importante. Cette reforme territoriale, objet de longs débats et toujours d’oppositions,vient ainsi de voir le législateur définir la métropole, notammentpar le choix de son seuil démographique, de ses objectifs et de sescompétences. Le texte de l’article 12 de cette loi, votée mais pas encore promulguéeau Journal Officiel fin novembre 2010 parce que soumise à recoursdevant le Conseil Constitutionnel, fige une définition :

étropole : sa nouvelle définition légale

« La métropole est un établissement public de coopération intercommunale regroupant plusieurs

communes d’un seul tenant et sans enclave et qui s’associent au sein d’un espace de solidarité pour

élaborer et conduire ensemble un projet d’aménagement et de développement économique,

écologique, éducatif, culturel et social de leur territoire afin d’en améliorer la compétitivité et la

cohésion. Peuvent obtenir le statut de métropole les établissements publics de coopération

intercommunale qui forment, à la date de sa création, un ensemble de plus de 500 000 habitants

et les communautés urbaines instituées par l’article 3 de la loi n° 66-1069 du 31 décembre 1966

relative aux communautés urbaines. Le présent article ne s’applique pas à la région d’Île-de-France. »

Métropole et pôle métropolitain y figurent dans la partie de la loi qui vise - et cela a un sens - à

« l’adaptation des structures à la diversité des territoires ».

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65

Remerciements àPierre BATOCHE

André BONNARY

Philippe BONON

Nello CHAUVETIERE

Catherine DARDÉ

Eric DE MARI

Dominique DEVILLE DE PERIERE

Frank LASCH

Jean-Marc MAILLOT

Christophe MORALES

Stéphane MUSCAT

Edouard PARANT

Nicolas ROUBIEU

Et tout particulièrement Jean-Paul VOLLE

Elus et membres des Ateliers duterritoire de la CCI de MontpellierJean-Louis BOUSCAREN

Patrick CECOTTI

Philippe GADELLE

Gil GRÉA

Jean-Yves LABATTUT

Jean-Pierre PARISI

Olivier PLANCHON

Richard THELENE

Directeur de publication Rudy IOVINO - Président de la CCI de Montpellier

Directeur de collection des cahiers« Les Ateliers du territoire » Jean-Yves LABATTUT - Vice-Président de la CCI

de Montpellier

Equipe rédactionnelle Christine PRADEL

Avec la collaboration de :

Florence GUTKNECHT

Jean-Pierre TROUSSET

Appui rédactionnel d’Alain DOUDIES Conseil

Coordination Direction de la Communication

Création graphique : Albane ROMAGNOLI

Impression : Imp’Act Imprimerie

LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT

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Bibliographie Céline Rozenblat et Patricia Cicille « Les villes européennes, analyse

comparative » DATAR, La Documentation Française, 2003

« Montpellier, la ville inventée » sous la direction de Jean-Paul Volle,

Laurent Viala, Emmanuel Negrier, Catherine Bernié-Boissard, Editions

Parenthèses, 2010

« Montpellier, la longue marche, 1970-2020 », Montpellier Agglomération,

Editions Empreinte,

Laurent Davezies « La République et ses territoires : la circulation

invisible des richesses » La République des Idées, Paris, 2008

« Territoires 2040 : Aménager le changement » DATAR

« Projection de population à l’horizon 2030 en Languedoc-Roussillon »

Repères Synthèse, INSEE, n°9, octobre 2007

Articles :

« Réforme des collectivités territoriales : le rendez vous manqué des

métropoles », Michel Destot, Député-maire de Grenoble

« Réforme territoriale : espoirs métropolitains »

Pouvoirs locaux, n°85, juin 2010

«La métropole : la mal pensée de la réforme territoriale »

Pouvoirs locaux, n°84, janvier 2010

Compte-rendu colloque :

« Métropoles et développement économique : une valeur sûre dans

le Big Bang territorial » Association des Chambres de Commerce et

d’Industrie Métropolitaines, avril 2010

A découvrir sur le même thème :

http://geoconfluences.ens-lsh.fr/doc/typespace/urb1/MetropRess.htm

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