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1 Les Biscuits ASBL TRIMESTRIEL N°29 1 e trimestre 2016 Périodique trimestriel LES BISCUITS ASBL Éditeur Responsable : Damien STULEMEIJER - rue des Échevins 46, 1050 Ixelles N° d’agrément : P910665 - Bureau de dépôt : 1050 Ixelles Flagey

Les Biscuits ASBL Trimestriel n°29 mars 2016

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Les Biscuits ASBL

TRIMESTRIEL N°29 – 1e trimestre 2016

Périodique trimestriel – LES BISCUITS ASBL Éditeur Responsable : Damien STULEMEIJER - rue des Échevins 46, 1050 Ixelles

N° d’agrément : P910665 - Bureau de dépôt : 1050 Ixelles Flagey

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Changement de décor

Après plus de 10 belles années de distributions passées dans le cadre de l’Opération Thermos, d’abord Gare Centrale et depuis la saison dernière au métro Botanique, nos chemins se séparent. Notre mission d’écoute cadrant de moins en moins dans leur organisation, nous avons décidé de rassembler les bonnes énergies et avons rejoint l’ASBL l’Appel du Cœur,

active depuis maintenant un an à la Gare du Nord. Nous y terminerons la saison ‘hiver’, jusque fin avril. Une équipe hyper dynamique et soudée, et en plus de cela très accueillante, avec laquelle nous pourrons œuvrer dans un même but. Nous les remercions une fois de plus pour leur magnifique accueil et leur motivation à toute épreuve ! Les premières distributions s’annoncent déjà riches en synergies. Eux distribuent soupe,

sandwichs, café et desserts. Nous distribuons nos traditionnels colis à la

fin du repas et nous joignons à eux pour une maraude dans la gare.

Qui dit changement de lieu, dit inévitablement changement d’ambiance. Le public est nombreux : plus de 150 colis à distribuer par soirée. Des habitués nous ont suivi bien sûr, mais

c’est le moment de tisser de nouveaux liens.

Quelques premières impressions en vrac : un hall méga éclairé qui nous

change du couloir étroit et menaçant du Botanique. On se sent moins isolés, marginalisés, confinés dans une voix de

garage. Ce n’est peut-être qu’une impression car dès que les tables de distribution s’installent, les navetteurs et autres passants semblent avoir disparu du champ visuel. Seuls quelques danseurs de hip-hop ne démordent pas

de leur lieu de rendez-vous et nous procurent un petit spectacle gratuit et un fond musical pour rythmer nos

distributions. De jeunes Afghans installés sur les bancs semblent attendre notre arrivée, depuis ... toujours. Petit à petit, notre public des Biscuits prend sa

place, s’assoit sur les bancs, s’installe aux mange-debout.

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Une vrai performance car ici, les publics semblent peu se mélanger. Il y a beaucoup de réfugiés dans le hall. À l’extérieur de la gare, des familles

Rom sont installées le long du mur. Une rangée interminable de cartons et de couvertures d’où s’extraient de nombreuses têtes, beaucoup d’enfants aussi. Plus loin, toujours à l’extérieur, un groupe d’Africains, tous debout, en attente dirait-on. Mais de quoi dans ce froid et cette entrée lugubre ? Pour prolonger la maraude, on descend d’un étage et on

rencontre encore une nouvelle population de sans-abri, marocains pour la plupart.

Cette première maraude m’a semblé interminable ... Ici, j’ai l’impression de sonder une nouvelle partie de l’iceberg de la pauvreté à Bruxelles. J’ai peur de me noyer dans l’eau glacée, hantée par ces visages en détresse tellement nombreux. On remonte dans le hall central, qui tout a coup me

paraît si familier, chaleureux. Et nos amis de l’Appel du Cœur – qui n’ont pas volé leur nom – nous entraînent dans leur traditionnelle ronde de fin de distribution, où tout le monde se met en cercle, se tient par le bras et se remercie d’être là. J’avais bien besoin de ce geste réconfortant pour clôturer la soirée. Me revoilà d’aplomb pour attaquer la prochaine distribution, dans deux semaines.

BIENVENUE à nos nouveaux bénévoles de ces derniers mois, qui font partie de cette aventure avec nous à la Gare du Nord : Virginie, Katia, Valérie, Roxana, Minh et Serge.

*

« Notre monde intellectuel est fait de catégories,

Il est bordé de frontières arbitraires et artificielles. Il faut construire des ponts,

mais pour cela il faut une connaissance, une vision plus grande de l’homme et de sa destinée. »

Yehudi Menuhin

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Notre « au revoir » à Elisabeth

Un petit hommage à toi, Elisabeth. Tu étais devenue, probablement bien malgré toi, une habituée de nos distributions. Derrière ton

apparence que je jugeais sévère, se cachait un cœur en or. J’aurais voulu mieux te connaître. Repose en paix.

Yseult

_ _ _

Chère Elisabeth, Je t’ai connue au Bota. Vêtue d’une doudoune et munie de grandes lunettes vintage, tu m’es apparue comme une vedette hollywoodienne ringarde. Discrète néanmoins, tu ne poussais pas des coudes. Mais ton look te

faisait remarquer.

Je t’ai revue et vraiment approchée place du Marché aux grains, en attendant l’ouverture de HOBO, un vendredi d’été, où tu accompagnais M., une autre régulière.

Et là, nous avons parlé. Tu connaissais et tu me racontais l’histoire de tous tes égaux. J’ai perçu ta chaleur humaine.

Je t’ai revue encore, quelques matins de semaine, où vers 11 heures, j’allais faire promener ma chienne sur la pelouse de la Place Brugmann. Ta petite silhouette fluette, un peu courbée, était reconnaissable entre toutes. Tu passais par cet endroit, pour aller tenir compagnie à une amie en traitement en dialyse, à Cavell. Toi aussi, tu étais bénévole pour faire du

bien. Et là encore, tu me parlais des ‘nôtres’ du Bota et d’ailleurs.

Et prônant le respect, tu m’appelais « Madame Danièle ». Je t’entends encore m’appeler ainsi chaque fois que je te rencontrais.

Aujourd’hui, je sais que je ne te rencontrerai plus, chère Elisabeth, que dis-je, « Madame Elisabeth ». Et tu me manques,

Affectueusement, Danièle

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Par le passé, j'avais déjà eu l'occasion de saluer Elisabeth mais sans vraiment la connaître. C'était une dame observatrice de son

environnement, introvertie, timide, j'oserais même dire un peu peureuse. Elle faisait partie de ces gens qu'il fallait ‘aller chercher’. Du moins c'est comme cela que je la percevais. Il faut dire que sa petite taille et sa silhouette fluette ne l'imposaient pas naturellement au milieu de tous nos amis. Son éducation a certainement joué, elle qui avait passé toute sa

scolarité chez les sœurs, dans la Flandres de l'après-guerre.

C'est l'année passée lorsque je me suis rendu à Blankenberge que j'ai vraiment créé un contact avec elle. À la base j'allais pour quelqu'un d'autre et je ne savais pas qu’Elisabeth serait présente. Ce jour-là elle s'est mise à me parler, me raconter son histoire. Sans doute se sentait-elle en confiance dans cette habitation privée, au chaud, loin du courant

d'air glacial du métro Botanique et du brouhaha des distributions. Je l'ai écoutée pendant deux, peut-être trois heures, me raconter sa vie comme si nous nous connaissions depuis longtemps.

Avec le temps, au gré des distributions, j'ai construit mon contact avec elle. Combien de fois ne m'a-t-elle pas expliqué, que pour elle venir ‘ici’ (ndlr : aux distributions de colis alimentaires) était une épreuve. Je la comprends. Fondamentalement, aucun de nos amis n'aime se retrouver

à une distribution de colis, la fierté en prend un coup. Nous sommes là pour leur dire qu'ils ne doivent pas avoir honte, qu'il y des gens qui pensent à eux, que leur sort ne nous laisse pas indifférent.

À chaque fois que je la quittais, je lui tenais à peu près ce propos : « Au revoir Elisabeth, j'espère vous revoir la prochaine fois ! ». Je vouvoyais Elisabeth et réciproquement. Je ne sais pas pourquoi, c'était ainsi. Je savais aussi que mon affirmation allait susciter une réponse sans

équivoque de sa part: « Mon Dieu, j'espère que non ! » me répondait-elle en agrippant gentiment mon bras tout en me regardant avec ses yeux apeurés, partiellement cachés derrière ses grandes lunettes fumées. Cela ne voulait pas dire qu'elle n'était pas contente de me voir, de nous voir, que du contraire. Mais cela la ramenait à la réalité des personnes, qui comme elle, n'ont malheureusement pas d'autres choix

que de recourir aux associations et aux distributions alimentaires pour pouvoir simplement ‘survivre’. J'avais ma réponse toute prête à sa

négation. Je me demande dans quelle mesure elle ne l'attendait pas d'ailleurs … mais peu importe, à chaque fois, avec le plus beau sourire possible, je la tenais à mon tour par le bras tout en la fixant droit dans les yeux et lui répondais ceci : « Vous savez Elisabeth, moi je suis toujours content de vous voir ! » Son regard apeuré laissait

immédiatement la place à un large sourire et ses yeux se remplissaient de joie, sans qu'elle ne prononce le moindre mot.

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La dernière fois que j'ai revu Elisabeth c'était à la première distribution de l'année, le 1e janvier. Je lui avais alors souhaité une bonne année et

je me rappelle encore lui avoir dit tout l'inverse de ce que je lui disais habituellement au moment de la quitter: « J'espère ne plus vous voir aux distributions cette année, Elisabeth ! », suivi d'un clin d'œil complice, comme pour lui jeter un sort, un sort positif et tenter comme toujours de l'encourager, de lui apporter ce je ne sais quoi qui pourrait lui mettre un

peu de baume au cœur. Bien mal m'en a pris. Je ne reverrai jamais Elisabeth, la dame au chignon qui me rappelait ma grand-mère, et je peux vous dire qu'au moment où je rédige ce mot à sa mémoire, j'ai du m'arrêter plusieurs fois d'écrire et retirer mes lunettes pour sécher mes yeux.

Ce qui me manque le plus c'est de ne pas avoir pu lui dire « au revoir ».

Vous savez, cet « au revoir » aux accents si particuliers, celui que l'on dit à une personne à laquelle on tient lorsque l'on sait que c'est probablement la dernière fois qu'on le lui dira. Cet « au revoir » qui permet de résumer en peu de temps, en peu de mots tout ce qui n'a pas été dit et qui doit l'être. « Au revoir Elisabeth et reposez en paix, vous l'avez bien mérité ».

Christophe

* Encore un noël d’exception

Elle paraît déjà loin, cette journée du 25 décembre ! C’est une tradition, Les Biscuits offrent depuis le commencement de leurs activités (qui nous

ramène à 2001 déjà) un repas de fête à 150 sans-abri. Une date symbolique de retrouvailles familiales. Une date qui finit de vous achever quand vous vous sentez seul sur terre, sans rien et sans personne à qui souhaiter un « joyeux noël ».

Comme chaque année, les bénévoles des Biscuits se sont activés pour préparer un repas gastronomique, servi le soir au métro Botanique. Merci encore à Sibelga de nous avoir prêté sa cuisine ultra professionnelle.

Merci aux bénévoles - vieux de la vieille, fidèles aux rendez-vous ou nouvelles recrues - d’avoir sacrifié leur congé à travailler, avec le sourire. Merci à nos talentueux cuisiniers SP et Alessandro, merci à André pour son épluchage de patates minutieux et surtout merci à notre mère noël,

Sophie, qui s’est une fois de plus démenée pour orchestrer cette journée.

Nous remercions également nos sponsors, car sans soutien financier ou

matières premières, pas de fête : Netika, le Carrefour d Auderghem, le Cora, Nestlé, Danone et Mars. Merci à eux de nous faire confiance d’année en année. Et pour finir, merci aux tricoteuses, Ginette, Gaby et Josée, qui auront une fois de plus passé plusieurs soirées de l’année à produire avec amour de magnifiques écharpes et bonnets tricotés main. La magie de noël était une fois de plus au rendez-vous !

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Objectif : 0% de sans-abri

L’enjeu est de dépasser la logique dominante de l’urgence sociale et d’accorder à chacun des différents niveaux d’intervention la même attention, en ce compris sur le plan financier. Une opinion d'Ariane Dierickx (directrice générale de L'Ilot ASBL) et de Pierre Ryckmans (médecin, infirmier de rue ASBL).

Dans un récent communiqué de presse, le ministre-Président de la Région de Bruxelles-Capitale annonce l’augmentation significative du nombre de places d’accueil pour les personnes sans abri. Faut-il s’en réjouir ? Cette réponse apportée par le politique correspond-elle, comme Rudi Vervoort l’affirme, à une demande de « l’ensemble du secteur associatif » ?

Nous saluons le fait que des budgets plus importants sont dégagés pour venir en aide aux personnes les plus démunies et les plus précarisées de notre société. De ce point de vue, il faut voir comme un progrès le fait que ces moyens dépassent enfin la simple logique hivernale et permettent d’accueillir les personnes tout au long de l’année. Le secteur associatif le dit depuis de très nombreuses années : le sans-abrisme n’est pas une problématique saisonnière; les personnes qui vivent en rue

souffrent autant de la chaleur que du froid et leurs difficultés ne s’arrêtent pas du jour au lendemain lorsque le thermomètre remonte.

On pourrait donc être tenté de voir le doublement du nombre de places gérées toute l’année par le principal opérateur de l’urgence sociale (220

au lieu de 110 pour le Samu social) comme une véritable avancée. Et ce serait une avancée, si cette décision s’inscrivait dans une approche globale et coordonnée, impliquant l’ensemble des acteurs de terrain

autour d’une vision partagée, mais aussi et surtout, une approche ambitieuse et reliée à une vision : celle d’une fin possible au sans-abrisme. Pour mettre fin au sans-abrisme, il faut s’en donner les moyens et oser agir à différents niveaux, chacun de ceux-ci méritant la même attention et des moyens équivalents, proportionnés aux besoins.

1. La meilleure et la moins chère des politiques contre le sans-abrisme

est celle qui permet de ne pas tomber à la rue. Une politique de prévention implique un accès prioritaire aux logements sociaux et publics pour les catégories les plus vulnérables de la population (donc, si

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on veut éviter un effet de concurrence entre publics fragilisés, un engagement de toutes les communes à poursuivre la construction de

logements publics ou à loyers conventionnés), un renforcement des services de guidance à domicile capables d’accompagner les personnes dans leurs difficultés quotidiennes, une politique coordonnée de lutte contre les expulsions veillant aux intérêts des propriétaires autant qu’à ceux des locataires mais aussi un programme de réinsertion ambitieux

incluant la recherche d’un logement pour les personnes sortant de prison ou d’institution. Admettons aussi qu’une politique de prévention efficace, c’est une politique qui cesse de s’attaquer de façon systématique aux plus fragiles et, en la matière, celle menée depuis quelque temps par le niveau fédéral est particulièrement inquiétante.

2. La solidarité réelle vise des solutions de réinsertion durable des

personnes vivant à la rue. Ceci suppose l’offre de solutions structurelles qui dépassent la prise en charge d’un jour/une nuit et les services de première nécessité (repas, douches, soins, etc.). Pour cela, il est impératif d’accorder des moyens plus importants à des projets visant la réinsertion par le logement (recherche active de logements passant notamment par des collaborations avec le secteur privé, remises en logement, etc.) ou la stabilisation en logement

(accompagnement à domicile, suivis psychosociaux actifs, thérapies occupationnelles, etc.), de diversifier l’offre de logements pour répondre aux besoins variés et spécifiques des personnes (logements solidaires, occupations négociées, etc.), et de soutenir les Agences immobilières

sociales et de faire en sorte que leur action soit prioritairement orientée vers les plus démunis.

3. Personne ne devrait avoir à dormir en rue. Pour éliminer cette

ignominie, il faut, lorsqu’aucune autre solution n’a pu être trouvée, permettre aux personnes de rejoindre des centres d’urgence dont la vocation doit strictement être limitée au dépannage . Cette approche implique de redéfinir la notion d’urgence sociale pour en faire une solution ponctuelle de dernier recours, de limiter le dispositif hivernal à une dimension humanitaire de mise à l’abri et à l’offre d’un repos de

qualité, et de maintenir des abris de nuit reposant sur l’anonymat, l’inconditionnalité et la gratuité.

4. Les réalités du sans-abrisme sont diverses, les solutions doivent l’être aussi. Ceci implique une approche intégrée, basée sur une diversification des services proposés aux personnes sans abri, plutôt qu’une vision linéaire où l’accueil d’urgence est la principale porte d’entrée. Chaque personne ou famille sans abri doit pouvoir s’adresser

librement, facilement et directement au service qui lui semble le plus adéquat au vu de sa situation ou de ses besoins. Services ambulatoires et résidentiels, opérateurs généralistes et spécialisés, centres d’urgence de jour et de nuit, solutions d’un jour répondant à des besoins de

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première nécessité et projets visant le long terme composent un ensemble cohérent de compétences et de modes d’intervention qui se

complètent plutôt qu’ils ne s’excluent.

5. La qualité doit rester au cœur de toute approche d’aide aux personnes. Concrètement, il faut privilégier des infrastructures d’accueil à taille humaine. Il faut que des services et projets spécifiques puissent coexister à côté des solutions généralistes. Et il faut

garantir la formation des équipes de terrain, formation indispensable pour leur permettre de faire face à la multiplicité grandissante des problématiques rencontrées dans ce secteur et à la diversité des profils des publics en difficulté.

L’enjeu aujourd’hui est de dépasser la logique dominante de l’urgence

sociale et d’accorder à chacun de ces différents niveaux la même

attention, en ce compris sur le plan financier. Or l’augmentation récente des moyens prévus pour le secteur est principalement orientée vers le renforcement du dispositif hivernal et de l’urgence sociale. Ces moyens visent l’aménagement d’un espace qui accueillera jusqu’à cinq cents personnes. Chaque matin, et à l’exception des plus fragiles d’entre elles, ces personnes seront invitées à quitter les lieux, pour revenir, la nuit tombée, réintégrer le bâtiment quitté le matin. Et ainsi de suite… jusqu’à

la fin de l’hiver.

Outre qu’elle ne règle pas le problème sur le long terme, cette solution répétée chaque année est un véritable gouffre financier. Dans une

politique ambitieuse de lutte durable contre le sans-abrisme respectueuse de la dignité des personnes, nul-le ne devrait rester dans un abri d’urgence lorsque l’urgence est dépassée, qu’il s’agisse de la nuit ou de l’hiver. Pour cela, il faut, sans exclure aucune approche, pas même

celle de l’urgence sociale, équilibrer les moyens financiers accordés aux différents types de solution et ne pas s’engouffrer dans une seule direction.

La fin du sans-abrisme est possible. C’est un choix de société qui doit être assumé collectivement, par l’ensemble des niveaux de pouvoir, en s’attaquant à ses causes, en traitant ses effets et en visant des solutions

structurelles. En faire une véritable priorité veut dire s’en donner

réellement les moyens.

Source : lalibre.be, contribution externe, 29/12/15

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Schaerbeek, un 2e frigo de rue ouvert aux plus démunis

L’espace de « frigo ouvert » destiné aux personnes précarisées est doublé à Schaerbeek. C’est la médiatique ASBL Corvia qui gère ce dispositif solidaire boulevard Lambermont.

C’est le coup classique quand on réveillonne entre amis : chacun cuisine sa part et, le lendemain, le frigo déborde de restes.

L’ASBL Corvia a donc profité de ces lendemains de fêtes pour doubler son espace de «frigo ouvert». L’objectif y est de récolter le surplus alimentaire, de particuliers ou professionnels de l’horeca, pour les offrir

anonymement aux personnes précarisées. Le dispositif est installé à Schaerbeek, boulevard Lambermont.

Des traiteurs L’idée remonte à l’hiver 2014. Son principe est simple : vous déposez vos restes dans le frigo et les personnes précarisées, SDF mais pas seulement, se servent en fonction de leurs besoins. Le concept fonctionne, si bien que le volume de ce frigo public est désormais doublé.

Le gestionnaire du dispositif explique à la RTBF que la plupart des

donateurs sont des riverains, dont certains traiteurs qui déposent là leurs surplus préparés. Mais des épiciers, des bouchers, des voisins ou des restaurateurs peuvent aussi contribuer au stock. L’homme doit ensuite vérifier l’état des dons, car la nourriture est fragile, on le sait. Il ne s’agit pas pour Corvia d’offrir des aliments périmés.

Pas d’alcool

Sur le site du projet, Corvia détaille les règles de fonctionnement de ses « frigos ouverts ». Sont acceptés la nourriture sèche, les briques de lait, de jus ou autre, les fruits et légumes, les boissons. C’est important: sont aussi listés les aliments forcément indésirables : bouteilles ouvertes, nourriture avariée, aliments à la date dépassée, alcool. « Une indication

de type ‘viande’, ‘poisson’ ou ‘volaille’ est en plus », signale encore

l’ASBL. « Toute personne qui en a besoin peut s’y servir », encourage Corvia. Avant de prévenir les égoïstes : « Ne soyez pas trop gourmand : il y a d’autres amateurs ».

Vous souhaitez déposer vos restes ? Le frigo ouvert est placé 444 boulevard Lambermont à 1030 Schaerbeek.

Source : lavenir.net, 4/01/16

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