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Les Catholiques dans l'Espagne Franquiste by Guy HermetReview by: Emile PoulatArchives de sciences sociales des religions, 27e Année, No. 54.2 (Oct. - Dec., 1982), pp. 211-212Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30128989 .

Accessed: 10/06/2014 11:12

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54.324 HAINARD (Jacques), KAEHR (Roland), 6d.

Naitre, vivre et mourir. Actualit6 de Van Gennep. Neuchitel, Mus6e d'ethnographie, 1981, 189 p., ill.

S'il 6tait besoin de d6montrer l'actualit6 de la notion de rite de passage, il suffirait de prendre connaissance de la double initiative r6cente du Mus~e d'ethnographie et de l'Ins- titut d'ethnologie de la ville de Neuchitel en Suisse. Ces institutions ont organis6 en 1981 une exposition intitulke ( Naitre, vivre et mourir; actualit6 de Van Gennep >>, et un colloque sur la notion de rite de passage. En attendant la publication des actes du colloque, on pourra utilement lire le recueil d'articles qui accompagnait l'exposition. Outre une pr6- sentation de la vie et de l'ceuvre de Van Gennep - qui occupa de 1912 B 1915 une chaire d'ethnographie B Neuchitel -, on trouvera dans ce recueil des 6tudes concer- nant les rites de la naissance, du mariage, de la mort, de la < premiere fois >, dans des populations aussi diverses que les W6minou du Dahomey, les Tschokwe de l'Angola, les paysans andins, les Kayapo du Brisil, la soci6t6 rurale de l'Afghanistan du nord, la soci6t6 traditionnelle frangaise, les Tin dama de Nouvelle-Guin6e. De fagon, non pas arbi- traire mais plut6t subjective, on aimerait appeler particulibrement l'attention du lecteur 6ventuel sur la saisissante 6tude de F. Lupu intitul6e < les Passages h la mort chez les Tin dama du Sepik (Nouvelle-Guin6e) >, et sur les problbmes pos6s par P. Centlivres et P. Rossel qui invitent A r6fl6chir sur la soci6t6 qui est la n8tre et

_ reconnaitre ce qui est

rite de passage sous des formes apparemment vid6es de tout caractbre sacr6, au point qu'on peut parfois parler de < contre-rites > ou de (<rites de refus >> : mais sous ce d6guisement on discerne encore la structure et les fonc- tions du rite.

Nicole Belmont.

54.325 HERMET (Guy). Les Catholiques dans r'Espagne Franquiste. Paris, Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques, 2 vol., I : Les Acteurs du jeu politique, 1980, 372 p.; II : Chronique d'une dictature, 1981, 452 p.

On se r6jouira de voir publi6e cette magis- trale these d'Etat en science politique, avec une rare 616gance typographique, six cartes, un index des noms pour chacun des volumes, seulement appauvrie, h61as, de la riche et commode bibliographie qui la terminait selon les normes universitaires. Elle m'apporte une satisfaction tris personnelle : l'adh6sion expli-

BULLETIN DES OUVRAGES

cite de son auteur aux id6es et au module triangulaire que je d6fendais en 1977 dans Eglise contre bourgeoisie (Arch., 45, no 467), corrobor6 par son extension au cas espagnol que j'avais d61aiss6 et de li au domaine latino- am6ricain. Ce n'est heureusement pas sa seule qualit6, et le lecteur lui en trouvera vite beaucoup d'autres. A commencer par celle-ci : cette 6tude n'a jusqu'ici aucun 6quivalent en France, en Espagne ou ailleurs, alors que ne manquent pas les travaux sur la p6riode ant6- rieure. Elle satisfera les sp6cialistes par l'am- pleur et l'exactitude de son information, toujours pr6cise. Les autres y trouveront une pr6sentation d'une exceptionnelle clart6, des vues g6n6rales et des interpr6tations aussi sores que nuanc6es : ils ne pourront lui reprocher que l'absence d'un troisibme tome, un Who's Who?, qui leur efit permis de mieux situer tant de personnages dont les noms d6filent trop rapidement, par n6cessit6. Toute revue de d6tail serait v6tilleuse, et mieux vaut aller droit aux problbmes. On s'6tonnerait pourtant que je n'en signale pas un : Sodalitium pianum, le fameux rdseau secret int6griste international (Arch., 28, no 248), traduit par <<Confr6rie du Pin > quand il s'agit de < Sodalit6 piane >, par allu- sion au pape Pie V son patron.

Le premier volume pourrait Stre plac6 t

l'enseigne de la sociologie religieuse, en trois parties. Tout d'abord, un tableau religieux de l'Espagne, en particulier structure et milieu eccl6siastique, sentiments et comportements religieux de la population, confessions non catholiques, formes des ideologies politiques d'inspiration catholique. Puis viennent les acteurs collectifs : l'appareil, l'enseignement et la presse; les organisations de masse (de l'Action catholique au mouvement ouvrier catholique) et les corps d'6lite (dont le c6l1bre Opus Dei); les syndicats et les partis. Ici s'insbrent les cartes qui permettent une com- paraison entre comportement politique et religieux des Espagnols, suivies par une ana- lyse du facteur religieux dans le systhme franquiste.

< Toute l'Espagne court derriere l'Eglise : une moiti6 avec un cierge, I'autre avec un brton , dit un proverbe espagnol invoqu6 par G.H. Le catholicisme remplit ainsi tra- ditionnellement dans la soci~tU espagnole et son syst~me politique une fonction centrale, mais aussi beaucoup plus conflictuelle qu'on ne l'imagine souvent au dehors. Dis lors, faire l'histoire politique du catholicisme dans l'Es- pagne des annies 1936-1975, c'est presque 6quivalemment faire l'histoire politique du pays pris en main par Franco. Un problime prnjudiciel de pbriodisation se pose ici. G.H. en distingue quatre qui donnent son cadre A ce qu'il appelle modestement - en l'6tat des sources accessibles - une < chronique > :

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

Croisade et national-catholicisme (1936-1944), L'Action catholique au pouvoir (1945-1957), Le rbgne des technocrates, avec l'Opus Dei (1957-1969), le Franquisme sans l'Eglise (1969-1975). Mort de Franco, retour des Bourbons, transition douce par la monarchie du caudillisme h la d6mocratie. En conclusion, i'A. s'interroge sur <la dynamique religieuse d'un bouleversement politique >. C'6tait son r61e de politiste, mais comment ne pas obser- ver que, corr61ativement, sa thrse est ia longue observation de la dynamique poli- tique d'un bouleversement religieux? Du franquisme, 'Espagne et son Eglise sortent 6galement transformdes en profondeur, de manire irr6versibie et, paradoxalement ajoutera-t-on, sans cesser l'une et l'autre de rester elles-m6mes.

Avec justesse, G.H. souligne que ile subs- trat religieux de la guerre civile s'inscrit dans une tradition smculaire d'identification du catholicisme espagnol h la r6action antilib6- rale>>, que (le ralliement de l'Eglise e l'ordre liberal et bourgeois de la monarchie d'apres 1876 reste superficiel et comme mar- qu de mdouble jeu >, qu' ( . la veille de la proclamation de la Rdpublique (en 1931), l'anti-lib6ralisme politique reste le trait domi- nant du catholicisme espagnol) (II, p. 12-14; I, p. 13). Mais, B mon sens, ii erre quand ii caract6rise l'ouverture de ce catholicisme en termes de libe~ralisme e n tsmoigne ses pages consacraes au u catholicisme liberal: centristes et d~mocrates chr~tiens> (I, p. 121-44), ohi le mot ne cesse d'osciller d'un sens du mot h son contraire, oip ces centristes et d~mochrtiens apparaissent comme de purs intransigeants, oie les clivages et conflits entre catholiques ne se sont jamais produits sur cette base. En revanche, p. 139, il signale d'authentiques lib6raux catholiques, de la Derecha liberal republicana, trop m6connus par les historiens et plus nombreux depuis un si~cle qu'on ne l'dcrit habituellement l parce que rares sont ceux qui, comme ici, le proclament fibrement et ouvertement.

L'antilib~ralisme reconnu masque encore autre chose, dans la longue durbe. L'Espagne a domin6 le Concile de Trente, mais sa Contre-R6forme, comme celle du Portugal et de l'Ambrique latine, a pris un cours parti- culier qui l'a isol6e du reste de l'Europe. Si elle n'a pas connu gallicanisme, jos6phisme, f6bronianisme, c'est que son droit reconnu de patronage eccl6siastique lui a permis d'exercer un r6galisme pacifique qui ne diff6- rait pas en nature des pr~tentions des autres souverains. Paradoxalement, il faudra atten- dre Franco pour que l'6piscopat espagnol fasse sa crise d'ultramontanisme. Et ici, on regrettera, dans le tome I, l'absence d'un chapitre consacr6 B cet acteur essentiel que

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fut Franco : quelle 6tait sa religion et quelle conception avait-il de son r6le de chef d'un Etat catholique, lui qui se disait <(fils soumis et d69u > de l'Eglise ?

G.H. a bien mis en relief les profonds clivages qui ont travaill6 le catholicisme espa- gnol, leurs enjeux, leurs cons6quences l'bvolution de 1'Action catholique, les cou- rants th6oriques et les sources r6gionales de la d6mocratie chrntienne, la naissance d'un mouvement ouvrier catholique, le pari techno- cratique et moderne de l'Opus Dei. L'attitude Sl'6gard d'une base ouvrinre qui ne se veut

pas t gauche seulement en paroles est ici un discriminant essentiel et sans doute le grand rl.ment nouveau. Les pages sur l'Opus Dei sont informees, nuancues, 6quilibr6es, beaucoup plus que tout ce qu'on peut lire Sce sujet, exception faite de Daniel Artigues

(Arch., 27, n0 91, et 33, n0 222), malgr6 une antipathie qui perce sous la modration du propos et qui, mon sens, 6crase la vUritable question pos6e par ce mouvement son &tonnant succ~s num~rique et sa large diffusion internationale dans une p~riode de reflux religieux. Comme on dit, l'Opus a su trouver un crneu, avec une spiritualita tra simple, et sans doute une formule : ni ((sainte mafia) ni complot intagriste n'en sont une explication valable, tout comme, en Italie, les cielini >, de Communione e Liberazione.

Une derni&re question l'6chec des forces catholiques m se constituer en alternative d6- mocratique au franquisme (II, p. 433). G.H. en apporte d'excellentes raisons. Mais il en oublie une, qui vaut aussi pour la France et le Portugal, et qu'il a lui-mnme donn6e plus haut (I, p. 129) l ol'chec des tentatives de formation d'un parti catholique men~es en Espagne depuis 1890 >>, alors que - comme pour lib6rali - c'est dans un tout autre sens du mot, lui aussi classique, qu'il peut 6voquer ce ( parti catholique qui n'a jamais cessd d'exister virtuellement en Espagne apr~s 1939>> (I, p. 161). Un potentiel de forces religieuses qui p~se lourd sur la vie publique sans r6ussir & se donner une expression poli- tique organis6e. Comme devant l'Opus Dei, mais pour les raisons inverses, on s'interroge... sans avoir 6puisC les r6flexions que suggbre ce presque millier de pages.

Emile Poulat.

54.326 HIEBEL (Jean-Luc). Assistance spirituelle et conflits armis. Droit humain. Genbve, Institut Henry-Dunant, 1980, XX-462 p. (Pr6f. de Jean Pictet).

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