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CHAPITRE III Les concours publics à l’agriculture en 2016 Commission des comptes de l’agriculture de la Nation 6 juillet 2017 1 - Les aides aux revenus et aux marchés augmentent sensiblement 82 1-1 - Hausse des aides directes 82 1-2 - Des interventions européennes en hausse pour soutenir les marchés 83 1-3 - Forte hausse des aides relatives aux aléas de production 83 1-4 - Augmentation des allègements de charges fiscales, sociales et financières 84 2 - Des dépenses de développement rural (2 e Pilier) en retrait en début de programmation 85 21 - Des soutiens à l’installation et à la modernisation en repli en début de programmation 85 22 - Augmentation de l’indemnité compensatoire de handicaps naturels 85 23 - Les paiements agro-environnementaux tardent à se mettre en place 85 24 - Des soutiens à l’aménagement rural timides en début de programmation 86 3 - Hausse des aides relatives à la sécurité des végétaux et des animaux 86 Méthodologie des concours publics à l’agriculture 89 La nomenclature des concours publics à l’agriculture par domaines et ensembles d’actions 90 79 AGRESTE Les Dossiers N° 40 - SEPTEMBRE 2017

Les concours publics à l’agriculture en 2016agreste.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/dossier40_concours.pdf · 1-4 - Augmentation des allègements de charges fiscales, sociales et financières

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CHAPITRE III

Les concours publics à l’agriculture en 2016Commission des comptes de l’agriculture de la Nation

6 juillet 2017

1 - Les aides aux revenus et aux marchés augmentent sensiblement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 821-1 - Hausse des aides directes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 821-2 - Des interventions européennes en hausse pour soutenir les marchés . . . . . . . . 831-3 - Forte hausse des aides relatives aux aléas de production . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 831-4 - Augmentation des allègements de charges fiscales, sociales et financières . . . . . 84

2 - Des dépenses de développement rural (2e Pilier) en retrait en début de programmation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 852 .1 - Des soutiens à l’installation et à la modernisation en repli en début de

programmation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 852 .2 - Augmentation de l’indemnité compensatoire de handicaps naturels . . . . . . . . . . . . 852 .3 - Les paiements agro-environnementaux tardent à se mettre en place . . . . . . . . . . 852 .4 - Des soutiens à l’aménagement rural timides en début de programmation . . . . 86

3 - Hausse des aides relatives à la sécurité des végétaux et des animaux . . . . . . . . . . . . . . . 86

Méthodologie des concours publics à l’agriculture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89

La nomenclature des concours publics à l’agriculture par domaines et ensembles d’actions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90

79AGRESTE Les Dossiers N° 40 - SEPTEMBRE 2017

AGRESTE Les Dossiers N° 40 - SEPTEMBRE 201780

Les concours publics à l’agriculture en 2016

L’année 2016 est la première année pleine de mise en œuvre de la réforme de la Politique Agricole Commune (PAC), adoptée en 2013. Le cadre général retenu en France réoriente les aides en faveur de l’élevage et de l’emploi, sans déséquilibrer les filières et les exploitations des différents secteurs. La convergence progressive, la montée en charge du paiement redistributif, le renforcement du dispositif d’aides couplées et le transfert du premier vers le second pilier au bénéfice de l'ICHN, induisent des évolutions sensibles de la structure des aides.

La mise en œuvre du plan anti-apurement ainsi que les nouvelles modalités de la PAC ayant demandé du temps, les aides n'ont pas pu être payées selon le calendrier habituel. Dans ce contexte, des avances de trésorerie remboursables ont été versées en 2015 et 2016. En 2016, le solde de la plupart des aides pour la campagne 2015 a pu être versé, à l'exception des aides agro-environnementales et des aides pour l'agriculture biologique. Ces effets de calendrier budgétaire entraînent une hausse des montants des aides du 1er pilier versées en 2016.

Par ailleurs des crises économiques (lait et viandes bovines en 2015 en particulier), climatiques (sécheresse 2015 et intempéries 2016 en zone céréalière) ou encore sanitaires (influenza aviaire début 2016) ont nécessité des efforts financiers adaptés conséquents. Enfin, après la concentration des versements en 2015 pour les dernières opérations du règlement de développement rural (RDR) 2007-2013, le début de la nouvelle programmation en matière de développement rural se traduit par une mise en place progressive des nouveaux dispositifs.

Au total ce sont 13,4 milliards d’euros qui soutiennent la production agricole en 2016.

81AGRESTE Les Dossiers N° 40 - SEPTEMBRE 2017

1- Les aides aux revenus et aux marchésaugmentent sensiblement

Graphique 1 : Répartition et évolution des aides de marché

et des aides aux revenus agricoles.

Source : MAA/SSP .

En 2016, les aides de marché et les aides aux revenus agricoles (1er pilier, allègements de charges fiscales et sociales, soutien aux filières et au marché) augmentent de 10 %, à 11,735 milliards €. Cette évolution provient de la hausse des paiements du 1er pilier liée au calendrier des versements, de la hausse des aides consécutives aux crises de 2015 et 2016 et de la hausse des allégements de charges fiscales, sociales et financières.

1-1- Hausse des aides directes

Le cadre :

La réforme de la Politique agricole commune pour la période 2014-2020, continue à se déployer progressivement.

Le régime du paiement unique en vigueur jusqu'en 2014 a laissé la place à un paiement de base, complété d'un paiement vert soumis au respect de critères environnementaux. Les écarts initiaux entre les montants unitaires de ces paiements se réduiront progressivement chaque année pour se rapprocher du paiement moyen (convergence interne).

Le paiement de base est également majoré forfaitairement pour les 52 premiers hectares (paiement redistributif), pour soutenir les exploitations plus intensives en emploi, ainsi que pour les jeunes agriculteurs (sur les 34 premiers

hectares). En 2016, ce paiement redistributif passe de 25€/ha à 50€/ha.

La France a également renforcé ses aides couplées en leur allouant 15 % de l'enveloppe du 1er pilier. Les aides « historiques » aux vaches allaitantes, ovins, caprins, veaux (sous la mère et bio) et au lait de montagne ont été renforcées et complétées par une aide aux vaches laitières ; de nouvelles aides en faveur des protéines végétales (production de légumineuses fourragères par les éleveurs, soja, semences fourragères) sont venues également compléter les aides anté-rieures (protéagineux et luzerne déshydratée). Enfin, en plus du blé dur de qualité, de nouvelles productions végétales sont aidées : pruneaux, fruits et tomates transformés, pomme de terre féculière, houblon, chanvre.

Le nouveau cadre financier européen 2014/2020 pour la PAC conduit à une diminution de l’ordre de 3 % du budget disponible pour les aides directes, sur budget communautaire exclusivement.

Les paiements 2015 et 2016 :

La mise en œuvre du plan anti-apurement ainsi que les nouvelles modalités de la PAC ayant demandé du temps, les aides n'ont pas pu être instruites et payées selon le calendrier habituel.

En 2015, au titre de la campagne 2015, seules les aides bovines des DOM et les aides ovines et caprines ont été payées. Des avances de trésorerie remboursables (ATR), au titre des paiements découplés (paiement de base, paiement vert et majorations), des aides bovines et de l'ICHN, ont été versées aux exploitants fin 2015, pour un montant total de 6,770 milliards, dont près de 6 milliards pouvaient être rattachés au 1er pilier.

En 2016, les soldes de la campagne 2015 ont été versés pour les aides qui avaient fait l'objet d'une ATR, soit environ 777,8 millions, ainsi que les aides couplées végétales au titre de 2015 : 104,6 millions pour les protéines végétales, et 162,4 millions pour les autres aides végétales dont 127,3 millions pour les producteurs de bananes et 24,8 millions pour les autres aides couplées.

Pour la campagne 2016, comme pour la campagne précédente, une avance de trésorerie remboursable a été versée aux exploitants au cours du dernier trimestre 2016, pour un montant total de 6,650 milliards, dont 5,780 milliards rattachés au 1er pilier. Les 130 millions des aides ovines et caprines de la campagne 2016 ont également été versées fin 2016.

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millions d'euros

allègements decharges

aléasclimatiques

aides de marché

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Les évolutions 2015/2016 traduisent donc les effets de ces calendriers de paiement et du changement de programmation. Le paiement redistributif augmente pour atteindre 657 millions, en lien avec la hausse de l'enveloppe 1er pilier qui lui est consacré (10 % après 5% en 0215).

L'enveloppe allouée au paiement de base baisse corrélativement mais le paiement de base reste stable à 3,076 milliards, avec le paiement du solde de 2015. Les montants versés au titre du paiement vert augmentent par rapport à 2015 puisque 2016 cumule également le solde de la 1ère campagne et le montant correspondant de l'ATR de la campagne 2016.

Le niveau apparent élevé des aides animales en 2015 (1 047 millions) résulte du paiement simultané du solde de la prime au maintien du troupeau de vaches allaitantes (PMTVA) pour la campagne 2014 (210 millions), soit 1/3 du montant total au titre de la campagne 2014, et d'un montant affecté à l'aide aux bovins allaitants à partir de l'ATR 2015 qui représente déjà près de 90 % du montant total de l'aide pour la campagne 2015.

Au total, les versements au titre des aides directes du 1er pilier de la PAC augmentent de 5 %, passant de 6,743 milliards à 7,078 millliards.

1-2- Des interventions européennes enhausse pour soutenir les marchés

Dans le contexte de la crise du lait et de l'élevage, les aides européennes au stockage privé et public de lait écrémé en poudre, de beurre, de crème et de fromage ont représenté 3,91 millions. Des mesures exceptionnelles de soutien pour le lait et les viandes bovines ont été décidées au niveau européen à l'été 2016, que la France a mobilisé sous forme d'aide à la réduction de la production laitière (qui a été payée en 2017) ou d'allègements de charges (cf infra 1.4).

L’aide à la distillation des sous-produits dans le cadre de l’OCM vitivinicole reste stable, à 33,5 milllions. Les dépenses d'intervention communautaires augmentent ainsi légèrement pour atteindre 40 millions.

Les aides à la maîtrise de l’offre ont cessé en 2015 avec la fin des quotas laitiers.

Les aides à l’organisation des filières (358,9 millions) sont en baisse (-10%), les aides aux organisations de producteurs et aux filières passant de 163,7 millions à 123,7 millions. Les

aides POSEI (filière sucre et régime spécial d'approvisionnement) restent stables quant à elles, à près de 235 millions.

Les aides liées à la modernisation des exploitations dans le cadre des filières sont en léger recul et atteignent 216,5 millions en 2016. Ces soutiens essentiellement européens, qui s'inscrivent dans le cadre du programme national d’aides quinquennal de l’OCM viti-vinicole, sont principalement constitués du financement des investissements viti-vinicoles et du financement des dépenses de restructuration et de reconversion du vignoble, à hauteur de 206 millions.

A cela s’ajoutent environ 10 millions d'aides nationales au titre des programmes opérationnels de l’OCM fruits et légumes, qui financent les investissements d'infrastructure (serres horticoles et maraîchères) et la rénovation des vergers.

Le soutien aux filières pour les démarches d’expérimentation et d'innovation, pour l'appui technique ou l’amélioration génétique s’élève en 2016 à 22,4 millions, un montant du même ordre de grandeur que les années précédentes. Le programme apicole triennal français 2014/2016 émarge à hauteur de 3,3 millions en 2016, comme en 2015 ; il vise à améliorer les conditions de production et de commercialisation des produits de l’apiculture.

Le financement des actions de promotion et de qualité des produits enregistre une baisse de 16 %, et s'établit à 83 millions en 2016. Il est toujours essentiellement constitué des aides à la promotion du vin financées par l'Union européene.

1-3- Forte hausse des aides relatives auxaléas de production

Les aides liées à la gestion des aléas de production représentent 204,5 millions en 2016, soit une hausse de 43 % par rapport à 2015 :

- Les indemnisations versées au titre descalamités agricoles ont en effet atteint un niveauélevé en 2016, en lien avec la poursuite del'indemnisation des dégâts causés par lasécheresse de 2015 (100 millions versés en 2016).

- La prise en charge d'une partie des primesd'assurance récolte pour la campagne 2015,versée en 2016, a représenté 91 millions d'euros,un montant du même ordre de grandeur qu'en2015.

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1-4- Augmentation des allègements decharges fiscales, sociales et financières

Depuis la révision du périmètre des concours publics (voir encadré), les allègements de charges fiscales, sociales et financières sont désormais retracées de manière exhaustive). Ils sont pris en charge intégralement par l’Etat, et en particulier par d’autres ministères que le ministère en charge de l’agriculture.

Les allègements de nature fiscale, estimés à 1,842 milliard en 2016, sont en progression significative (+ 13 %). D'une part, avec le début de la hausse de la contribution climat énergie (1,98 €/hl sur les achats 2015), le coût du remboursement partiel de la taxe sur la consommation de gazole non routier, qui neutralise cette hausse, augmente de 50 millions, passant de 102 à 150 millions. Surtout, dans le cadre des mesures du pacte de consolidation et de refinancement des exploitations agricoles liées à la crise céréalière, des dégrèvements importants de taxe foncière ont été accordés et portent le total de ces allègements à 330,6 millions. Assis sur les salaires bruts inférieurs à 2,5 fois le SMIC, le crédit d’impôt pour la compétitivité des entreprises (CICE) reste stable en 2016, à presque 340 millions en 2016.

Les allègements de cotisations sociales employeurs restent stables, à près de 1,1 milliards : les baisses des allègements au titre du dispositif TO-DE sont compensées par la hausse des allègements liés à l'extension du taux réduit de cotisation famille aux salaires compris entre 1,6 et 3,5 SMIC à compter d'avril 2016 (ce taux avait été ramené de 5,25 % à 3,45 % en 2015 pour les salaires inférieurs à 1,6 SMIC).

Suite aux crises agricoles de 2015 et 2016, les allègements des cotisations individuelles des exploitants agricoles se sont fortement accrus, passant de 208 millions à 606 millions en raison de la suppression de l'assiette minimale maladie et surtout de la baisse de 7 points de la cotisation maladie pour tous les exploitants.

Les allègements de charges financières via les fonds d’allègement des charges (FAC) mis en place suite à la crise de l'élevage de 2015 et reconduits dans le contexte de crise céréalière de 2016 ont pris toute leur ampleur : la prise en charge d’intérêts d’emprunt (volet A), qui avait représenté presque 40 millions en 2015, dont 7,5 millions pour les éleveurs porcins, atteint 184 millions en 2016, dont 121 millions de crédits nationaux et 63 millions de crédits européens. Les paiements au titre des volets B et C, qui visent plutôt à couvrir les coûts de

restructuration de la dette ou de garantie, ont représenté 2,9 millions. Enfin, une aide exceptionnelle destiné à soutenir la trésorerie des exploitations laitières en difficulté a été mise en place et versée en toute fin d'année, pour 30,7 millions, financés sur crédits européens. Au total, les allègements de charges augmentent de 777 millions pour atteindre 3,775 milliards en 2016.

Les concours fiscaux et sociaux

Jusqu'en 2015, la plupart des dispositifs d’allègements fiscaux ou sociaux n'étaient pas comptabilisés dans les concours publics. Seules les mesures suivantes étaient retenues: - le remboursement partiel de la taxe

intérieure de consommation sur les produits énergétiques ;

- les allègements de cotisations sociales :• pour les employeurs de travailleurs occa-

sionnels demandeurs d’emploi (TO-DE)• pour les salariés au titre des « contrats

vendanges » jusqu’en 2014.

A compter du rapport de 2016, le périmètre est étendu à l’ensemble des aides fiscales qui comprennent : - le taux réduit de la taxe intérieure de

consommation sur le gazole (l’agriculture bénéficie de 42 % de l’effort public sur ce poste),

- les exonérations partielles ou totales de la taxe sur le foncier non bâti (jeunes agriculteurs, pertes de récolte ou de bétail, Corse, DOM, Natura 2000..),

- les déductions, crédits d’impôt ou reports d’impôts sur le revenu ou sur les sociétés (compétitivité des entreprises, agriculture biologique, jeunes agriculteurs, aléas, remplacement, investisse-ments …)

- les réductions de taux de TVA (intrants en agriculture biologique …)

Les déductions pour investissements, déductions pour aléas et abattements spécifiques aux jeunes agriculteurs ont pu être comptabilisées cette année, et les chiffres 2014 et 2015 ont été révisés en conséquence. La prise en compte des allègements de charges sociales élargit le champ à tous les dispositifs, qu’ils soient généraux (dits « Fillon ») ou spécifiques à l’agriculture, au bénéfice des exploitations en tant qu’employeurs ou à titre individuel. Certaines mesures plus récentes ont été introduites au titre du pacte de responsabilité, ou pour accompagner les exploitants impactés par les crises économiques.

AGRESTE Les Dossiers N° 40 - SEPTEMBRE 201784

2- Des dépenses de développement rural(2ème Pilier) en retrait en début deprogrammation

Les concours publics au développement rural en lien avec la production agricole avaient atteint 1,730 milliards en 2015, soutenus par les versements de fin de programmation et malgré le report à 2016 des versements relatifs aux engagements agro-environnementaux et climatiques. En 2016, ils reviendraient à 1,417 milliards.

Graphique 2 : Evolution des principaux soutiens au titre du développement rural.

Source : MAA/SSP.

2.1- Des soutiens à l’installation et à la modernisation en repli en début de programmation

Les aides à l’installation, à la cessation, à la modernisation des exploitations et à la maîtrise des pollutions diminuent fortement, passant de 588 millions en 2015 à 228 millions en 2016.

Cette baisse résulte principalement d’un effet budgétaire lié aux bonifications d’intérêt, consacrées principalement aux Jeunes Agriculteurs : le faible montant 2016 (moins de 2 millions d’euros) fait suite aux 263 millions payés en 2015 pour solder les prêts antérieurs à 2014 et payer par anticipation les bonifications de 2015 afin de mobiliser les crédits FEADER disponibles jusqu'au 31/12/2015.

La Dotation Jeunes Agriculteurs (DJA) atteint 63,3 millions en 2016, contre 67 millions en 2015. Le budget finançant les retraites anticipées se réduit à nouveau, passant de 35,2 millions à 28,5 millions.

Les aides à l’investissement, inscrites principalement dans le cadre du Plan de compétitivité et d’adaptation des exploitations agricoles (PCAE), constituent donc l'essentiel de ce poste et représentent un peu plus de 130 millions. Elles sont en repli par rapport à 2015, car les anciens dispositifs (Plan de Modernisation des Bâtiments d’Elevage (PMBE), Plan de Performance Energétique (PPE), Plan Végétal pour l’Environnement (PVE)) doivent encore trouver des relais dans le cadre de la nouvelle programmation.

Les investissements non productifs font l’objet d’une mesure spécifique dans le troisième programme de développement rural, mais restent très modestes (0,3 millions en 2016).

2.2- Augmentation de l'indemnité com-pensatoire de handicaps naturels

Le soutien à l’agriculture des zones défavorisées a été revalorisé et remanié pour la programmation 2014-2020.

Compte tenu des délais de mise en œuvre des modalités de la nouvelle PAC, l'indemnité compensatoire de handicaps naturels (ICHN) pour la campagne 2015 n’avait pas pu être versée en 2015 et avait été intégrée dans l'ATR, à hauteur de 792,3 millions pour la métropole.

En 2016, un solde de 103 millions pour 2015 a été versé, et une partie de l'ATR 2016, estimée à 868,4 millions (y compris la Corse cette fois), couvre l'ICHN 2016.

Le montant total attendu pour la campagne 2016 est supérieur à 2015 : le stabilisateur budgétaire devrait être moins élevé et les éleveurs laitiers spécialisés hors montagne deviennent éligibles. Les versements au titre de l'ICHN s'élèvent ainsi à 971,5 millions en 2016.

2.3- Les paiements agro-environnemen-taux tardent à se mettre en place

Les versements enregistrés en 2015 pour 238 millions étaient constitués des fins d'engagements de la programmation précédente. Dans le cadre des nouveaux programmes de développement rural régionaux, l'instruction des demandes d'aides à la conversion ou maintien à l'agriculture biologique et des nouvelles aides agro-environnementales, notamment liées aux mesures « systèmes », nécessitent du temps de mise en place et de contrôle.

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mesures agro-environnementales

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installation, aides à l'investissement

85AGRESTE Les Dossiers N° 40 - SEPTEMBRE 2017

En mai 2016, une ATR a finalement été mise en place au titre des MAEC et des aides à l'agriculture biologique de la campagne 2015, pour environ 200 millions. La finalisation de l'instruction des demandes devrait aboutir aux paiements des soldes courant 2017.

2.4- Des soutiens à l’aménagement rural timides en début de programmation

Avec 70,9 millions en 2015, les aménagements hydrauliques et fonciers avaient atteint un niveau élevé. Ces montants importants s'expliquaient par le solde des dernières opérations du RDR2 dont le paiement butoir était fixé au 31/12/2015. Ils concernaient principalement le financement d'ouvrages collectifs de gestion de l’eau d’irrigation ou les périmètres hydrographiques à la Réunion (53 millions). En début de programmation, quasiment aucun financement pour ce type d'ouvrage nature n'est enregistré.

Les autres dépenses d’aménagement sont consacrées à l’accès au foncier agricole ou à sa gestion et représentent un peu moins de 10 millions, y compris l'aide aux SAFER pour leurs actions en faveur de l'installation.

3- Hausse des aides relatives à la sécuritédes végétaux et des animaux

Les soutiens publics au titre de la lutte contre les maladies des végétaux et des animaux s'établissent à 230,3 millions en 2016, en forte hausse par rapport à 2015 (130,3 millions).

La montée en puissance des dispositifs de lutte contre certaines maladies animales se poursuit (plan national d'action de lutte contre la tuberculose bovine, lutte contre la brucellose, lutte contre les salmonelles) et les crédits consacrés à la gestion des maladies animales augmentent de 20 millions.

Les indemnisations des producteurs en compensation de la destruction de leur production ou de l'abattage des animaux pour des raisons sanitaires ont également augmenté de 10 millions environ entre 2015 et 2016, + 8 millions au titre de la fièvre catarrhale ovine et +1,6 millions consécutifs aux dommages causés par Xylella fastidiosa sur les oliviers principalement.

Enfin, les indemnisations exceptionnelles des pertes de revenu des éleveurs et gaveurs de palmipèdes, consécutives aux mesures de

dépeuplement et de vide sanitaire décidées début 2016 pour lutter contre l'épizootie d'influenza aviaire H5N1, se sont élevées à 64 millions en 2016, dont 44 millions pour les éleveurs et 20 millions pour les accouveurs.

La subvention de l’État (MAA) pour couvrir le besoin au titre du Service Public de l’Equarrissage dans les DOM et des cas relevant de l’intérêt général en métropole se maintient à environ 4,4 millions. La taxe d'abattage qui finançait ce service jusqu'en octobre 2013 a été remplacée par des cotisations volontaires obligatoires, qui ne sont pas retracées ici.

AGRESTE Les Dossiers N° 40 - SEPTEMBRE 201786

Tableau 1 : Evolution des concours publics à l'agriculture sur budget national et communautaire*

*Les données 2014 et 2015 ont été révisées par rapport à la version publiée le 5 juillet 2016. Elles incluent les déductions pourinvestissements, déductions pour aléas et abattements spécifiques aux jeunes agriculteurs (environ 244 millions en 2014) qui avaientété précédemment exclues faute d'informations pour 2015. La ventilation de l'ATR 2015 entre ses composantes a également étérévisée sur la base des montants finaux payés au titre de la campagne.

Source : MAA/SSP.

CONCOURS PUBLICS 2014 2015 2016 évolution

(en millions d'euros) exécuté exécuté exécuté 2015/2014 en %

agriculture et développement rural 12 599,6 12 508,7 13 379,4 0,7%-

marchés et revenus agricoles 10 865,5 10 644,6 11 734,6 2,0%-

aides directes 7 334,0 6 743,3 7 078,0 8,1%-

régime de base et majorations 6 307,7 5 531,5 5 928,4 12,3%-

aides liées aux produits 1 026,3 1 211,8 1 149,6 18,1%+ -

aides de marché 777,3 795,8 720,6 2,4%+

interventions sur les marchés 38,6 37,3 40,0 3,4%-

organisation des filières 383,3 396,8 358,9 3,5%+ -

modernisation des filières 234,5 238,6 216,5 1,7%+ -

appui technique, génétique … 24,9 24,6 22,4 1,2%- -

promotion communication qualité 96,0 98,5 82,9 2,6%+ -

irrégularités, apurements, litiges 15,0 -36,0 -43,9

gestion des aléas de production 92,5 143,1 204,5 54,7%+

calamités 21,7 47,6 113,5 119,4%+

assurance récolte 70,8 95,5 91,0 34,9%+ -

allègements de charges 2 646,7 2 998,4 3 775,4 13,3%+

fiscales 1 607,3 1 628,2 1 842,2 1,3%+

sociales 1 027,0 1 313,0 1 705,0 27,8%+

financières (FAC, restructuration de dette, trésorerie...) 12,4 57,3 228,3 361,8%+

développement rural et environnement 1 599,5 1 729,1 1 417,2 8,1%+

Installation, Cessation, Aides à l'investissement 462,8 587,8 228,0 27,0%+ -

compensation de handicaps naturels (ICHN) 613,6 827,6 971,5 34,9%+

mesures agro-environnementales et climatiques (MAEC) 477,6 238,0 205,2 50,2%- -

Aménagements ruraux (hydraulique, foncier), emploi rural 40,1 70,9 8,1 76,8%+ -

activités hippiques 5,4 4,8 4,4 11,1%- -

sécurité sanitaire des végétaux et des animaux 134,6 135,0 227,6 0,3%+

service public de l'équarrissage 11,7 4,7 4,4 59,8%- -

lutte contre les maladies des végétaux et des animaux 122,9 130,3 223,2 6,0%+

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Tableau 2 : Concours publics à l'agriculture détaillés sur budget national et communautaire *

*Les données 2014 et 2015 ont été révisées par rapport à la version publiée le 5 juillet 2016. Elles incluent les déductions pour investissements, déductions pour aléas et abattements spécifiques aux jeunes agriculteurs (environ 244 millions en 2014) qui avaient été précédemment exclues faute d'informations pour 2015. La ventilation de l'ATR 2015 entre ses composantes a également été révisée sur la base des montants finaux payés au titre de la campagne.

Source : MAA/SSP.

Concours publics (en millions d'euros courants) 2014 2015 2016

Marchés et revenus agricoles 10 865,5 10 644,6 11 734,6

Paiements de base et majorations 6 307,7 5 531,5 5 928,4

Paiement unique / remboursement discipline financière à partir de 2015 6 307,7 226,0 83,8

Paiement de base - 3 077,4 3 075,7

Paiement redistributif (majoration 52 1ers ha) - 317,9 657,0

Paiement Jeunes Agriculteurs - 40,4 44,5

Paiement vert - 1 869,9 2 067,4

Aides liées aux produits 1 026,3 1 211,8 1 149,6

Aides végétales 152,7 156,8 162,4

Aides protéines végétales 37,2 7,7 104,6

Aides animales 836,4 1 047,3 882,6

Interventions sur les marchés 30,4 37,3 40,0

Restitutions à l'exportation 0,2

Retrait 0,2 3,2 2,5

Distillation sous-produits 29,5 33,0 33,5

Stockage 0,5 1,1 3,9

Maîtrise de l'offre (cessation laitière) 8,2 - -

Organisations des filières 383,3 396,8 358,9

POSEI, sucre DOM 247,8 233,1 235,2

Filières (OP, OCM, fruits et légumes) 135,5 163,7 123,7

Adaptation et modernisation des filières (aides individuelles) 234,5 238,6 216,5

Expérimentation, appui technique, génétique 24,9 24,6 22,4

Actions de promotion et qualité des produits 96,0 98,5 82,9

Irrégularités, apurements, litiges… 15,0 -36,0 -43,9

Gestion des aléas de production 92,5 143,1 204,5

Indemnités calamités agricoles 21,7 47,6 113,5

Aides à l'assurance récolte 70,8 95,5 91,0

Allègements de charges 2 646,7 2 998,4 3 775,4

Fiscales 1 607,3 1 628,2 1 842,2

TICPE et TICGN, taux réduit … 843,7 852,3 923,6

Taxe foncière / propriétés non bâties 202,1 195,1 330,6

Impôt sur le revenu/les bénéfices (CICE, CI Bio…)* 522,5 542,7 547,9

Autres mesures fiscales (dont réduction tx TVA …) 39,0 38,0 40,0

Sociales 1 027,0 1 313,0 1 705,0

Cotisations sociales employeurs 986,0 1 105,0 1 099,0

Cotisations sociales des exploitants 41,0 208,0 606,0

Financières (FAC, restructuration dettes, trésorerie, Agridiff…) 12,4 57,3 228,3

Développement rural et Environnement 1 599,5 1 729,1 1 417,2

Installation, Cessation, Aides à l'investissement (modernisation, prêts bonifiés, environnement) 462,8 587,8 228,0

Compensation de handicaps naturels (ICHN) 613,6 827,6 971,5

Mesures agro-environnementales et climatiques (MAEC), agri obiologie, agroforesterie et pastoralisme 477,6 238,0 205,2

Aménagements ruraux (hydraulique, foncier), emploi rural 40,1 70,9 8,1

Activités hippiques 5,4 4,8 4,4

Sécurité sanitaire des végétaux et des animaux 134,6 135,0 227,6

Service public de l'équarrissage 11,7 4,7 4,4

Lutte contre les maladies des végétaux et des animaux 122,9 130,3 223,2

Agriculture et développement rural 12 599,6 12 508,7 13 379,4

AGRESTE Les Dossiers N° 40 - SEPTEMBRE 201788

Méthodologie des concours publics à l'agriculture

Les concours publics à l’agriculture consolident les dépenses budgétaires en faveur du secteur agricole. A compter des dépenses relatives à 2015, le périmètre retenu est celui relatif au secteur agricole au sens strict. Ne sont ainsi plus prises en compte les dépenses spécifiques à la forêt, aux industries agroalimentaires, à l’enseignement agricole (technique ou supé-rieur), à la recherche ni au fonctionnement des services. L’aide alimentaire ne relève plus non plus de la thématique étudiée. Le financement de la pêche et de l’aquaculture n’appartenait déjà pas au champ étudié les années antérieures. Sont en revanche retenus les financements inscrits dans les comptes spéciaux du trésor gérés par le ministère en charge de l’agriculture (MAA), les dépenses des budgets d’autres ministères et des collectivités territoriales ou agences pour les actions concourant aux mêmes finalités que celles du ministère de l’agriculture, les dépenses du budget de l’Union Européenne dans le cadre de la Politique Agricole Commune (PAC), l’effort collectif en termes de fiscalité, de cotisations sociales ou de frais financiers. Ainsi les aides et les avantages fiscaux (comme par exemple les dégrèvements d’impôts fonciers) et les aides sociales sont retracés pour la première fois dans les concours publics à l’agriculture, selon toutefois la disponibilité des informations.

Les dépenses relatives aux aides agricoles sont collectées au plus proche du bénéficiaire, soit auprès des opérateurs en charge des paiements. En conséquence, les flux internes entre le ministère et ces opérateurs sont éliminés.

Les concours publics à l’agriculture sont répartis selon un découpage fonctionnel de trois domaines, eux-mêmes subdivisés en ensembles et sous-ensembles d’actions concourant à une même politique. La présentation des concours publics à l’agriculture vise à rapprocher leur structure de celle du budget du ministère de l’agriculture en programmes et actions selon les principes de la LOLF. Elle reflète également la structuration de la PAC en deux piliers, les programmes eux-mêmes s’en rapprochant.

La période d’enregistrement des concours publics à l’agriculture est l’année budgétaire nationale (de janvier à décembre).

Les dépenses du budget de l’Etat sont celles exécutées ou programmées au cours de l’année ; elles sont issues de Chorus. On ne retient

cependant pas les dotations budgétaires aux organismes payeurs. Depuis 2007, le fonds européen agricole de garantie (FEAGA) finance les aides du premier pilier et le fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER) les soutiens au développement rural.

Les concours transitant par les organismes payeurs sont collectés en trois volets, partie nationale, dont les financeurs autres que le ministère de l’agriculture, et partie communautaire. Les concours du budget du ministère, faisant l’objet d’un financement ou d’un cofinancement par voie de fonds de concours du FEAGA et du FEADER, sont conventionnellement répartis ainsi : le montant du fonds de concours est déduit de l’exécution de la ligne budgétaire concernée.

Dans le cadre d’une procédure de contrôle, la Commission européenne applique des corrections financières traduisant des refus de financement des dépenses engagées par les Etats membres, lorsqu’elles n’ont pas été exécutées confor-mément aux règles communautaires. Chaque année, au moment du rapport définitif le montant de ce refus d’apurement communau-taire est comptabilisé sur le budget du ministère et constitue donc un concours public national supplémentaire qui s’ajoute aux autres concours financés sur des fonds nationaux. Parallèlement, les montants communautaires, mesurés à partir des sommes payées par les opérateurs et présentées à l’ASP, sont minorés du refus d’apurement puisque ce dernier n’est pas pris en charge par les fonds communautaires. Les refus d’apurement n’ont donc pas d’impact sur le niveau des concours publics mais affectent la répartition du financement entre budget national et budget communautaire.

Comme pour l'année 2015, la ventilation des dépenses entre dépenses nationales et dépenses communautaires n’est pas fournie cette année dans les tableaux détaillés compte tenu du caractère exceptionnel des modalités de paiement des aides directes en 2016 (avances remboursables).

Les dépenses financées par le compte d’affectation spéciale pour le développement agricole et rural (CAS DAR), qui est alimenté par la taxe sur le chiffre d'affaires des exploitants agricoles, n’ont jamais été comptabilisées dans les concours publics à l’agriculture.

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La nomenclature des concours publics à l’agriculture

par domaines et ensembles d’actions

1. Marchés et revenus agricoles

1.1. Aides directes

Paiements de base et majorations

Aides liées aux produits

1.2. Aides de marchés

Interventions sur les marchés et maîtrise de l’offre

Organisation collective des filières

Modernisation des exploitations engagées dans les filières

Appui technique, expérimentation, génétique ….

Promotion et qualité des produits

1.3 Irrégularités, apurements, litiges …

1.4. Gestion des aléas de production

1.5. Allègements de charges

2. Développement rural et Environnement

2.1. Installation, cessation, aides à l'investissement (modernisation, prêts bonifiés, environnement)

2.2. Compensation des handicaps naturels

2.3. Mesures et animation agro-environnementales

2.4. Aménagements ruraux (hydrauliques, fonciers), emploi rural

2.5. Activités hippiques

3. Sécurité sanitaire des végétaux et des animaux

3.1. Lutte contre les maladies des végétaux et des animaux

3.2. Service public de l’équarrissage

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