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1 les Coursives d’Empalot Journal distribué gratuitement. Ne pas jeter sur la voie publique. Vie d’un quartier dans la ville Numéro 178– novembre 2019 Violences faites aux femmes Empalot et ses festivals Chouf Tolosa

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les Coursives d’Empalot

Journal distribué gratuitement. Ne pas jeter sur la voie publique.

Vie d’un quartier dans la ville

Numéro 178– novembre 2019

Violences faites aux femmes

Empalot et ses festivals

Chouf Tolosa

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Le Coup de Gueule

L.Yasmine

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L’éditoLes violences conjugales comme toutes les violences sont intentionnelles et elles représentent une atteinte au droit fondamental des personnes à vivre en sécurité, et une atteinte à leur dignité. Elles entraînent aussi une atteinte à leur intégrité physique et psychique et sont à l’origine d’importantes conséquences psychotraumatiques. Elles peuvent mettre en péril la vie, la santé, l’intégration scolaire, professionnelle et sociale des victimes et de leurs enfants. Elles aggravent ou génèrent des situations de précarité, de pauvreté, voire de marginalisation. Elles sont un problème socio-politique et de santé publique et il était plus que normal de l’aborder à la veille de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, le 25 novembre prochain.

Bonne lecture

À découvrir

Slimane Azem, une légende de l’exil

Projection et rencontre à la Médiathèque d’Empalot, avec la famille Azem, autour d’un documentaire qui fait le portrait de Slimane Azem, célèbre représentant de la chanson algérienne. Ce portrait est envisa-gé comme une plongée dans l’univers poé-tique de cet artiste adulé par les siens. Ce reportage apporte un éclairage sur cette communauté kabyle qui constitue un des fondements de l’identité nationale algé-rienne. Cette rencontre se fait dans le cadre de l’exposition Ô Blédi ! Ô Toulouse ! qui se tient à la Médiathèque José Cabanis jusqu’au 12 janvier.

Jeudi 7 novembre à 18 h à la Médiathèque d’Empalot - 40 Avenue Jean Moulin, 31400 Toulouse

https://tactikollectif.org

Le sommaireles brèves 4le thème du mois 6Violences faites aux femmesParoles de... 10le thème du mois 12Les initiatives... 13Empalot et ses festivalsune fenêtre sur... 14Chouf Tolosal’agenda 15

La citation

“Je croyais que la violence était dans les cris, les coups, la guerre et le sang. Et maintenant je sais que la violence est aussi dans le silence, qu’elle est parfois invisible à l’oeil nu. La violence est ce qui nous échappe, elle se tait, ne se montre pas, la violence est ce qui ne trouve pas d’explication, ce qui à jamais restera opaque..” Delphine de Vigan

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les brèves

Verti’Lignes

Toute l’équipe de la Brique rouge nous a pro-posé une balade dans le quartier dans le cadre du projet paysages urbains. Ce moment fut ac-compagné par Philipe Chavanes du cabinet d’urbanisme Germ et Jam qui a parlé de ver-ticalité et densité en s’appuyant sur le quartier d’Empalot. La Balade était ponctuée d’acro-baties et d’un final à la Brique Rouge où l’on

a pu apprécier l’exposition participative « Ver-ti’Lignes », réalisée par des habitants de Ran-gueil et d’Empalot qui donnent leurs visions, leurs regards de leur quartier. Des photos d’ha-bitants mais également des archives munici-pales donnant un regard pointu sur ce qui nous entoure, une rencontre unique et éclectique.

Les pochoirs s’exposent

C’est une très belle exposition que le Centre Social d’Empalot nous a proposé le mois der-nier. Le hall de la Maison Jean Moulin ac-cueillait quelques œuvres au pochoir de l’artiste KPL. Un mélange d’oeuvres inspi-

rées de Basquiat et un hommage au quar-tier d’Empalot via un de ses habitants emblé-matiques : Bébel ! Tout comme à la Brique Rouge, cette exposition était accompagnée par des photos historiques du quartier.

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Sok-yong HWANG, Toutes les choses de notre vie, P. Picquier, 2016À 14 ans Gros-Yeux se voit contraint de s’instal-ler avec sa mère sur l’Île aux Fleurs, une immense décharge à ciel ouvert de Séoul. Il y découvre toute une communauté orga-

nisée et hiérarchisée, travaillant au tri des or-

dures et vivant à l’écart du reste de la société, au milieu de la puanteur et des immondices. Les enfants, débrouillards, sont organisés en bande, et côtoient les esprits des anciens pay-sans qui habitaient le site. Un très beau ro-man, qui explore avec beaucoup d’huma-nité les réalités sociales et politiques de la Corée du Sud des années 70, ainsi que l’en-vers du développement économique et de la société de consommation. (Coup de coeur du club lecteurs adultes d’Empalot 2019).

Le coup de de la Médiathèque

Empalot au musée

C’est à l’initiative de Karavan et de la régie de quartier d’Empalot, en partenariat avec le musée st Raymond, que des habitant-e-s ont pu faire une visite privée et guidée du musée avec Laure Barthet, directrice et conservateur du Patrimoine du Musée Saint-Raymond. Les habitant-e-s ont profité des collections expo-

sées sur deux étages et au cœur d’un véritable site archéologique situé au sous-sol du mu-sée des Antiques de Toulouse. Une sélection des œuvres incontournables a été mise en par-cours avec une pertinence qui s’est montré à la hauteur de la curiosité des visiteurs du jour.

Attention travauxLa rue Henry Sel-lier est ac-tuellement f e r m é e j u s q u ’ a u 22 no-

vembre pour travaux, une déviation a été mise en place rue Mombiola afin d’atteindre

le coeur du quartier et les commerces de proximité. Seuls les riverains du bâtiment dit la «banane» du 42 au 50 rue Henry Sel-lier ont accès au parking de leur domicile.Les travaux concernent des aménage-ments et restructurations pour les futurs logements qui seront construits sur l’an-cienne place commerciale ainsi que la mise en place du réseau de chaleur Dalkia.

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Violences

Violences faites aux femmesDire enfin stop!

Féminicide, un terme de plus en plus employé dans les médias ces temps-ci, mais un mot qui a du mal à s’imposer dans l’espace public. Pourquoi tant de défiance vis-à-vis de ce mot récent qui désigne un acte criminel commis depuis des siècles ? Alors que vient de s’ouvrir le premier Grenelle des violences conjugales dont Marlène Schiappa assure qu’il ne sera pas juste un “Grenelle des bons sentiments.” Plus d’un milliard d’euros sera investi pour l’égalité entre les femmes et les hommes en 2020, a affirmé la secrétaire d’Etat à l’Egalité entre les femmes et les hommes. Cette somme englobe la lutte contre les violences faites aux femmes, mais aussi toutes les politiques menées en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes.La première occurence du terme féminicide remonte au XIXè siècle, on doit l’utilisation du terme à la sociologue sud-africaine Diana Russell, qui le prononce pour la première fois en 1976, et qui lui consacrera un ouvrage publié en 1992 intitulé « Feminicide, the Politics of women killing ». Elle y répertoriera les différentes formes de féminicide à travers le monde.

En moyenne, le nombre de femmes âgées

de 18 à 75 ans qui au cours d’une année sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles commises par leur ancien ou actuel partenaire intime, est estimé en France à 219 000 femmes. L’auteur de ces violences est le mari, concubin, pacsé, petit-ami ; ancien ou actuel ; cohabitant ou non. 3 femmes victimes sur 4 déclarent avoir subi des faits répétés ; 8 femmes victimes sur 10 déclarent avoir également été soumises à des atteintes psychologiques ou des agressions verbales. La violence conjugale est, dans une relation privée ou privilégiée, une atteinte volontaire à l’intégrité de l’autre, une emprise, un conditionnement dont il est difficile de sortir lorsqu’on en est une des victimes. Pour dénoncer les violences qui s’exercent à l’encontre des femmes et en particulier les violences conjugales, une coordination d’associations issues du mouvement féministe a vu le jour à la fin des années 70 pour devenir la Fédération Nationale Solidarité Femmes (FNSF) et créer des lieux d’accueil et d’hébergement, l’Apiaf en fait partie. Le 3919 « Violences Femmes info » est, depuis le 1er janvier 2014, le numéro national de référence d’écoute téléphonique et d’orientation à destination des femmes victimes de violences, de toutes les violences, de leur entourage et des professionnels concernés. Anonyme, accessible, gratuit depuis un poste fixe ou mobile, ce numéro national garantit une écoute, une information et, en fonction des demandes, une orientation adaptée vers les dispositifs locaux d’accompagnement et de prise en charge.

ToulouseFin septembre et début octobre, les rues du centre de Toulouse ont vu émerger des affiches aux slogans coup de poing,

manifestation « stop aux féminicides» 2019

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placardées par des militant-e-s féministes. pour interpeller les badauds sur les violences faites aux femmes et notamment aux 124 victimes tombées depuis le début de l’année sous les coups de leurs conjoints. Briser le silence, organiser la lutte. C’est au siège de l’association Apiaf*, que le préfet de la région Occitanie et de Haute-Garonne, Étienne Guyot, et huit autres associations se sont retrouvés pour lancer le Grenelle consacré à la lutte contre les violences conjugales. Les associations ont d’ailleurs fait remonter au préfet leurs doléances et leurs préoccupations à propos de l’efficacité des actions mises en place par le service public jusqu’à présent.

En 2019, selon un décompte tenu par un collectif depuis le mois de janvier, 15 femmes auraient succombé sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint en Occitanie. Le préfet a notamment rappelé « qu’il y a des outils qui existent et qu’il faut mieux les utiliser... Mon rôle, en tant que chef des services de l’État dans le département et en tant que préfet

de région, c’est de mobiliser les services de l’État sur toute la chaîne de traitement de ce fléau. C’est aussi de demander à chaque fois que l’on aille jusqu’au bout des processus pour qu’on accélère les choses afin de mieux prendre en compte la détresse de ces femmes.»

Les députés ont adopté mi-octobre à la quasi-unanimité, la proposition de loi LR sur les violences faites aux femmes qui prévoit la mise en place du bracelet anti-rapprochement, des ordonnances de protection plus efficaces, et entend aussi donner un nouveau souffle au téléphone « grave danger ». Ce texte intervient en plein Grenelle des violences conjugales, alors que 121 féminicides ont été enregistrés en 2018 selon le ministère de l’Intérieur, et déjà autant cette année d’après les associations.

*Apiaf (Association Pour l’Initiative Autonome des Femmes). L’Apiaf s’adresse à toutes les femmes qui traversent des difficultés. À l’Apiaf, elles peuvent rencontrer d’autres femmes et des professionnelles qui les aident à répondre à leurs interrogations. L’Apiaf développe son action dans le domaine politique et public pour amener à une prise de conscience collective et individuelle concernant les inégalités et les discriminations faites aux femmes, afin de faire évoluer les lois et les politiques publiques.www.solidaritefemmes.org/stop-violences-femmes.gouv.fr/

Suite Page 12 Septembre 2019 grenelle préfet- Apiaf

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la déclarationles témoignages

Témoignages sur le thème du mois : «Violences faites aux femmes»

Jacqueline G.P. 59 ans

J’ai presque 60 ans et dans ma vie, je n’ai jamais ressenti autant d’agressivité, de la vio-lence à l’état pur, à peine contenue qui ne demande qu’à exploser à la première étin-celle, au premier mot, au premier geste mal interprété, à la première revendica-tion… Tout cela m’attriste, mais ce qui me touche le plus ce sont les violences faites aux enfants et aux femmes. Pour ne par-ler que des femmes, pourquoi sous prétexte d’être une femme, doit-on subir le harcèle-ment de rue, les gestes ou les propos obs-cènes, pourquoi en tant que femme, ne se sent-on pas en sécurité le soir dans la rue ? Sur les réseaux sociaux, les femmes sont agressées plus violemment que les hommes par de si courageux anonymes. Pourquoi tant de femmes sont battues ou tuées par leurs compagnons…J’avoue que ça me met très en colère, j’ai du mal à rester zen devant tant d’ignominies, tant d’ injustices qui durent depuis des siècles…Beaucoup de femmes se battent pour la cause des femmes et il faut leur rendre hommage mais trop de mères n’apprennent pas à leur fils le respect des femmes, de toutes les femmes pas seulement le respect de leur mère.

Marie Thérèse Martinelli.

Marche mondiale des Femmes-Occitanie

Le féminisme n’a jamais tué personne, le machisme tue tous les jours. Les chiffres sont alarmants. En moyenne, le nombre de femmes âgées de 18 à 75 ans qui au cours d’une année sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles commises par leur ancien ou actuel partenaire intime, est estimé à 219 000 femmes.De plus, chaque année en France, plus de cent femmes sont tuées par leur conjoint, leur mari ou leur ex-compagnon. Ce rythme s’accélère de manière inquiétante depuis le début de l’année 2019, 101 femmes ont été tuées c’est-à-dire une femme tous les deux jours. C’est un véritable féminicide. Marlène Schiappa nous enfume avec son Grenelle. Ce sont les moyens qui manquent, en prévention pour qu’une éducation non sexiste soit réellement promue dans la sphère éducative afin de ne pas trans-mettre les valeurs de domination masculine et de soumission féminine ; pour que la forma-tion des structures de l’État, de la police, la gen-darmerie, la justice, prennent en compte les questions de genre et de domination masculine afin d’accueillir les femmes victimes avec empa-thie, écoute et compréhension de la souffrance qu’elles endurent. Il faut agir aussi de manière

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Témoignages de femmes de l’Apiaf

lus à Étienne Guyot, préfet de la région

Occitanie et de Haute-Garonne, lors du

lancement du Grenelle consacré à la lutte

contre les violences conjugales.

... Pendant des années, j’étais plongée dans un univers malveillant. Mon mari me criait dessus sans cesse, il fouillait mon sac à main, il prenait mes papiers, il m’empechait de sortir. Quand j’arrivais à aller voir des amis il me traçait par le téléphone en appelant par derrière les amis que j’allais voir. Je devais me battre au quotidien pour antici-per les réponses de monsieur. C’était épui-sant. Partir c’était une angoisse en plus...

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... On est enfermée, on veut protéger nos proches...et après, quand on part, on te demande, « Mais pourquoi tu n’es pas partie avant ? » tu te sens bête. Ce n’est pas facile de parler des violences qu’on subit, de porter plainte contre le père de ses enfants … Ils ne comprennent pas que c’était une histoire d’amour, qu’il y a pas que du mauvais, c’est ça qui est compliqué...

...Tu te bats, mais tu te dis que c’est pour rien si la justice ne suit pas...

... Il faudrait aussi que les policiers soient formés à nous écouter pour nous comprendre… Il pourrait y avoir une ligne téléphonique spécifique pour les femmes quand on appelle la police. Et quand on porte plainte, il faut qu on soit protégées et qu’ils soient punis...

... Moi, je ne voulais pas porter plainte...je voulais juste la paix. J’avais peur. Peur de lui, peur de le trahir, la honte… Arrêtons de demander aux femmes de porter plainte et demandons-nous pourquoi elles ne le font pas...

efficace, en aval, pour que les hommes violents soient écartés de leur famille, réellement hors d’état de nuire à leur femme et leurs enfants. Les associations qui accueillent les femmes en danger ont besoin de plus de moyens, de logements, de parcours d’insertion et de for-mation, des accompagnements juridiques, psy-chologiques. Le travail d’utilité public rempli par ces associations doit être reconnu car elles remplacent un service public que l’état devrait accomplir. Nous voulons des actes concrets, un budget à la hauteur de la situation inquiétante que nous vivons, les mots, les manipulations de communication du Gouvernement ne font rien avancer. Nous voulons des résultats, des choses concrètes.

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Paroles de ...

Ouardia Aït-Aliet Sophie BaudouAssociation Apiaf

Qu’est-ce que l’Apiaf ? Sophie : L’Apiaf est une association qui existe depuis 1981, qui avait pour but de lutter, avec les femmes, pour leurs droits, et qui a été montée à l’époque par des militantes des droits des femmes et du travail social. L’Apiaf a beaucoup lutté pour que la question des violences faites aux femmes et particulièrement des violences conjugales entrent dans le champ des politiques publiques et de l’institutionnel aussi. Pendant des années, il y a eu la structuration d’un réseau national d’associations, 67 aujourd’hui en France qui font partie de la fédération nationale solidarité femmes qui fut créée en 1987. Durant ces années, les militantes de l’Apiaf se sont professionnalisées. Aujourd’hui à Toulouse, ce sont 17 salariées, de formations différentes, intervenants sur le champ de la prise en charge de femmes victimes de violences conjugales et du terrain militant féministe pour faire avancer la question des droits des femmes.

Ouardia : Un exemple, nous recevons en moyenne, sans hébergement, un millier de femmes par an. Et avec hébergement une centaine de plus. Autour de 1200 femmes dont un millier d’enfants concernés. Ce sont donc des femmes seules ou avec enfants.

S : Nous sommes donc un centre d’hébergement pour femmes seules ou avec enfants. Nous gérons ce centre, nous sommes un accueil de jour, nous accompagnons des

femmes que nous n’hébergeons pas, mais qui sont pour une grande majorité victimes de violences conjugales. Nous faisons également des actions de préventions dans les collèges et les lycées. Des actions de formation auprès des professionnels, des actions de sensibilisations dans l’espace public autour de différents événements. Nous faisons également beaucoup d’actions collectives qu’on propose aux femmes de façon à ne pas être que dans des réponses individuelles de situations violentes.

O : Qu’elles se sentent comme sujet de l’histoire et pas comme objet de l’action sociale. Ce que nous avons toujours développé, c’est un partenariat, on travaille énormément en partenariat. On a à la fois un partenariat du travail social, institutionnel, avec les assistantes sociales du Conseil Départemental, des associations diverses et variées relevant de la sphère féministe, mais également des associations des quartiers populaires sur la question notamment des femmes migrantes et des violences qu’elles subissent à la fois au niveau de leur titre de séjour et de leur vie de couple.

Début septembre, le préfet de la région Occitanie et de Haute-Garonne, Étienne Guyot, a rencontré diverses associations dont la vôtre dans le cadre d’un grenelle consacré à la lutte contre les violences conjugales. Qu’en est-il ressorti ?O : Pour l’instant pas grand-chose, si ce n’est que quelques réunions dans lesquelles nous

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participons, mais en terme d’actions suite à cette mobilisation qui a été effectivement importante puisque le préfet est venu ouvrir le grenelle dans les locaux de l’association, pour le moment, nous n’avons aucune mesure conséquente. Mais je pense que les mesures vont être annoncées le 25 novembre ( Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes). Mais nous savons déjà que les moyens financiers n’existent pas.

Pourquoi l’importance d’un tel grenelle ?S : Là où nous sommes vigilantes c’est qu’il y a une volonté politique d’affichage surtout et nous attendons donc de voir comment cette volonté politique va être suivie dans les faits de moyens et d’actes. Parce que nous disons que ce n’est pas que le grenelle, mais les effets MeToo, les effets des féminicides, le fait que cela soit aussi beaucoup médiatisé, cela fait un peu avancer les choses au niveau du débat public et de la prise de conscience dans le débat public de l’ampleur des violences conjugales. Pour donner un exemple sur les moyens, il y a eu un premier appel à projet avec 1 million d’euros à l’échelle nationale et quand on fait le calcul pour être concret, pour la Haute-Garonne ça représente moins de 7000 euros et ça pour donner un ordre de grandeur, ça représente à peine le financement de la moitié d’une place d’hébergement à l’année pour une femme victime de violences conjugales, autant dire que c’est rien.

Le mardi 15 octobre les députés ont adopté une batterie de mesures contre les féminicides notamment la mise en place du bracelet anti-rapprochement, des ordonnances de protection plus efficaces avec la priorité à la victime pour le logement familial, et entendent aussi donner un nouveau souffle au téléphone « grave danger ». Est-ce là aussi suffisant ?

O: Suffisant non, mais nécessaire oui. Le bracelet par exemple était une revendication de la fédération, que le bracelet soit généralisé sur tous les auteurs. Ce n’est pas suffisant, ce qui est important, c’est de prendre en compte l’ensemble des services de l’État et de tous les acteurs qui ont à faire avec ces femmes. Il faut à la fois protéger les femmes par des mesures très concrètes telles que mettre un bracelet à l’auteur dès qu’il est reconnu comme étant coupable, et en même temps, pour donner un exemple, il est vital de faire une formation à tous les acteurs sur « qu’est ce que ce sont ces violences que subissent ces femmes et comment les accueillir ? ». Ce ne sont pas des mesurettes dissociées des unes des autres qui peuvent résoudre le problème. Le problème est profondément politique et social et donc c’est une réponse globale qu’il faut donner et cela demande encore une fois des moyens.

S : Le téléphone « Grave Danger », sur le TGI de Toulouse il n’y en a que 3 qui sont déployés, le bracelet anti-rapprochement ça va aussi concerner aussi un petit nombre de situations et ce sont en fait des réponses à des situations qui sont extrêmes et qui font déjà consensus, c’est à dire que ce sont des situations pour lesquelles on a pas de problèmes contrairement aux situations auxquelles nous sommes souvent confrontées comme des intervenants sociaux, judiciaires, ou autre qui ne vont pas bien faire la distinction entre violences conjugales et conflits de couple, ça va concerner des femmes qui auront déjà porté plaintes. On sait aujourd’hui que c’est une minorité d’entre elles qui vont jusqu’à un dépôt de plainte pour assurer leurs protections. Au final ça ne va pas concerner plus de femmes aujourd’hui touchées par les violences conjugales.

O : Mais la réactivité de la justice est très importante...

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Violences

Le 25 NovembreLa journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes est célébrée le 25 novembre et soutenue par l’Organisation des Nations unies. La date du 25 novembre est récente et a pour source un événement particulier, l’assassinat le 25 novembre 1960 des sœurs Mirabal en République dominicaine. De nombreux événements seront d’ailleurs prévus dans le monde ce jour là. À Toulouse un collectif regroupant La maison des potes, le Club de Prévention, « l’ABP » et le CIDFF, Couleurs Citoyennes, Karavan, AIFOMEJ, Partage-Faourette, l’APIAF, l’Atelier du Scribe, le Collectif En Tout Genre et les Clubs de Prévention Faourette et Empalot organiseront du 23 novembre au 2 décembre des échanges, des débats, des projections .

Au programme : Exposition du 22 au 30 novembre 2019, à l’espace des Diversités, Mariposas, Papillons- Le non-dit, émerge de l’espoir. L’exposition retrace le quotidien et la souffrance des femmes républicaines espagnoles dans les prisons de Franco.Jeudi 28 novembre à 19h30 : Echange avec les travailleurs sociaux, les organisateurs et les partenaires, autour de la Mixité et égalité Filles/Garçons (Maison de quartier de Bagatelle).Vendredi 29 novembre: 09h00 : - Intervention de deux groupes de jeunes dans le lycée Rive Gauche Polyvalent; Projection-débat : mixité garçons/filles avec la participation des invité-e-s : 4 jeunes d’Algérie et 4 jeunes du Maroc.12h00 : Echange autour de l’économie solidaire à la Tougouna (Salon de thé Partage Bordelongue); 15h00 : Echange sur l’évolution des femmes /regards extérieurs à l’APIAF; 19h00 : Ciné-club à l’Espace des diversités, films sur l’action de la société civile d’Algérie et les initiatives citoyennes dans les pays du

Maghreb.Samedi 30 novembre : En matinée rencontre des jeunes par petit groupe dans les 4 clubs de préventions (Nord, Empalot, Papus, Bagatelle); 14h00 : Projection-débat autour du film « L’emprise » violence conjugale à l’Espace des Diversités; 19h00 : Rencontre autour du thème « Religion, traditions et avancées des droits des femmes » à la pizzeria Belfort place BelfortLundi 2 décembre : 09h00 : Intervention au lycée Joseph Gallieni ; 15h00 : Accueil - échanges à la Mairie de Toulouse; 17h30 : Réunion Bilan, puis soirée festive.Programme complet : www.karavan.orgEspace des Diversités et de la Laïcité – 38 Rue d’Aubuisson, 31000 Toulouse M° F-Verdier.

EmpalotC’est à l’initiative de l’Aseer et du conseil citoyen d’Empalot en collaboration avec l’association Faire Face que des ateliers d’auto-défense vont être prodigués au premier semestre 2020. Alors il ne s’agit pas d’apprendre un art martial mais bien une méthode qui propose aux femmes une large palette d’outils et de stratégies verbales, mentales, émotionnelles ou physiques utiles pour se défendre. Et ce dans les espaces publics, privés ou professionnels.Renseignements : Faire Face: [email protected] Citoyen : [email protected]

Atelier Faire Face ©F.Esteban

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Les initiatives

Empalot et ses festivals

Deux voyages en coeur de quartier

LocombiaLancé à l’occasion de l’Année France-Co-lombie en 2017, et fort du succès de ses der-nières éditions, le Festival Locombia revient à Toulouse pour sa troisième édition au-tour des cultures colombiennes du 13 au 16 novembre 2019 ! Au travers d’expositions, d’ateliers, de projections et de concerts, toute l’équipe du festival vous invite à em-barquer dans cette aventure! Le festival sera bien présent également sur le quar-tier d’Empalot les mercredi 13 et jeudi 14 novembre à la Brique Rouge. Avec notam-ment le vernissage de l’exposition photo-graphique et sonore «MARCHE OU RÊVE» sur la route migratoire entre Panama et Co-lombie d’Anthony Jean et Hugo Pinsolle suivi d’un apéro-concert avec Dj No Break-fast aux jeunes de la MJC d’Empalot, puis un concert de cumbia par la Bruja. Le len-demain place à la projection du film colom-bien « Les oiseaux de passage » en partena-riat avec CinéLatina, l’entrée est libre. Programme complet du festival : https://www.facebook.com/LocombiaFestival/

BalkanicaAprès la Colombie place aux balkans avec l’association Rencont’roms qui cherche à créer des rencontres humaines et artis-tiques entre populations Roms et différents publics, à travers des actions culturelles, ar-tistiques, éducatives, visant à faire travailler différents publics. Mais Rencont’roms nous, c’est avant tout une association à but non lucratif, qui vit, qui avance, et qui se déve-loppe pour lutter contre les discrimina-tions, pour sensibiliser et déconstruire les préjugés et les clichés. C’est dans cette op-tique que l’association propose une nou-velle édition du festival « Balkanica – un voyage balkanique » .Pour cette 4e édition, Rencont’roms nous et la MJC Toulouse Em-palot vous invitent à une nouveau voyage dépaysant en vous proposant une program-mation éclectique sur deux jours avec des concerts, des rencontres dansées, des ate-liers stages, des expositions et du cinéma. C’est la Brique Rouge d’Empalot qui ac-cueillera ces deux journées de festivités. Programme complet du festival : https://rencontromsnous.com

Locombia et Balkanica à La Brique Rouge9 rue Maria Mombiola, 31400 Toulouse

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une fenêtre sur…

Chouf Tolosa

Un autre regard sur les quatiers toulousains

OriginesPartant du constat que l’image des quartiers populaires véhiculée par la presse en général est encore aujourd’hui trop souvent la même ; faite de clichés, de faits divers stigmatisants, et surtout en complet décalage avec les réalités vécues par beaucoup d’habitantes et habitants que Chouf Tolosa est né au début de l’été 2019 afin de redonner la parole à celles et ceux qui vivent dans les quartiers. Ce titre, déniché et validé par le comité de rédaction, est le fruit de longues heures d’échanges et de discus-sions. Il signe un projet né de la rencontre de l’association Tactikollectif et d’un journaliste indépendant ayant en partage cette volonté de rendre possible l’éclosion d’un média portant un récit de l’intérieur des quartiers populaires de Toulouse. Aujourd’hui de nombreuses associations ont apporté leurs soutiens.

RegardsChouf Tolosa est donc un webjournal tou-lousain gratuit qui propose le plus réguliè-rement possible un autre regard sur la ville, ses quartiers populaires et ses cités. Ou plu-tôt d’autres regards, au pluriel, comme il y en a tant, aiguisés aux quatre coins de la Reyne-

rie, des Izards, d’Empalot, de la Faourette, de Bagatelle, de Negreneys, de la Gloire…Le comité de rédaction réunit entre 4 et 10 personnes, sans limite d’âge, ve-nues de différents quartiers de Toulouse. Chouf Tolosa parle de politique, culture, sport, de questions sociales et économiques. Agrémenté de reportages, d’interviews, de portraits et de brèves. Du texte, du son et de l’image. Des séries : un sujet décliné en 4 ou 5 articles ; du débat : la rubrique « Ma cité va clasher ». Chouf Tolosa souhaite aussi propo-ser un « agenda des quartiers » et recenser les films et les ouvrages qui plaisent à la rédaction.

Le groupe n’étant pas fermé et se voulant même très ouvert, l’équipe souhaite s’enri-chir des bonnes volontés qui souhaitent ap-porter leur pierre à l’édifice. Une conférence de rédaction a lieu une fois par semaine en fin de journée, n’ hésitez pas à les rejoindre pour évoquer un sujet à traiter, proposer un article ou les rejoindre directement.

Site internet : https://chouftolosa.info/Renseignements :[email protected]

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l’agenda

Les Coursives d’Empalot est édité par l’association Karavan

Directrice de publication Bahia BenhamidSuperviseur Ahmed Lrhziel, F.Raczymow.Rédacteur Abdelkrim MakoufComité de rédaction S.Garros (Hasure) F.Benhocine(Karavan), F.Gourmala(ADS)Maquette et photos A.Makouf, UnsplashCouverture: Melanie Wasser - UnsplashDessin Page 2 : Yasmine.L Impression Imprimerie Graphitti 11/2019

Imprimé sur papier recycléPour écrire au journal, contacter l’association Karavan, 34 boulevard des Récollets, 31400 Toulouse.t. 05 62 26 56 33 – f. 09 85 81 60 21 [email protected] – Les Coursives sont téléchargeables sur www.karavan.org

Votre avis nous intéresse, pour apporter témoignages et remarques, n’hésitez pas à nous contacter.

Le journal gratuit du quartier vous donne rendez-vous tous les débuts de mois.Vous le trouverez chez les commerçants, dans les administrations d’Empalot et aussi sur internet à l’adresse www.karavan.org.Pour recevoir directement Les Coursives d’Empalot chez vous, merci d’adresser un chèque de 12 euros à l’association Karavan (pour les frais d’envoi de 10 numéros).

Du 14 au 23 novembre 20h30 ¡ Ay Carmela ! La pièce emprunte son titre à la célèbre chan-son des républicains espagnols et des brigades internationales, ¡ Ay Carmela !, connue aus-si sous le nom de El paso del Ebro. Paulino et Carmela, un couple d’artistes de variétés par-courent le pays pendant la guerre civile espa-gnole, à la recherche de petits contrats pour survivre. Cette pièce, de José Sanchis Sinister-ra, jouée par la Cie Le Bruit des Gens avec la mise en scène d’Olivier Jeannelle est propo-sée dans le cadre du projet RETIRADA(S) du Théâtre du Pavé. Théâtre du Pavé - 34 Rue Maran, 31400 Toulouse - Tel :05 62 26 43 66 Vendredi 29 novembre 2019 à 19h30 Ciné Club de la Diversité Dans le cadre du Ciné club de la Diversité, Ka-ravan vous propose une soirée avec la projec-tion de trois documentaires sur la société ci-vile et les initiatives citoyennes dans les pays du Maghreb, avec la participation au débat de 12 invitées d’Algérie et du Maroc dont 8 jeunes, impliqué-e-s dans la vie associative de leurs pays. Entrée libre. À l’Espace des diversi-tés et de la laïcité - 38 rue d’Aubuisson Tou-louse M°: F.Verdier - Rens 06 62 70 13 73 Le vendredi 15 nnovembre à 20h30 Bêtes Sauvages Théâtre immersif, dans le noir par la Cie théâtre Fébus proposé dans le cadre des « Ren-contres Ville & Handicap 2019 » organisées par la mairie de Toulouse et Toulouse Métropole. Avant le spectacle venez profiter des Ateliers « HandicAperçu » et de l’exposition photogra-phique Christelle Richard-Dauphinot « Toutes assise » présente jusqu’au 21 novembre. La Brique Rouge 9 rue Maria Mombiola 31400 Toulouse 05.36.25.20.61 Le thème du prochain numéro

Mieux manger dans les quartiers

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