Les critères de la bonne gouvernance

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  • 7/29/2019 Les critres de la bonne gouvernance

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    O p t i m u m , L a r e v u e d e g e s t i o n d u s e c t e u r p u b l i c v o l . 3 0 , n o 2 43

    Les pouvoirs et les responsabilits associs la

    fonction de prsidente dun organisme parlementaire

    indpendant et le rle jou, dans le pass, par les

    titulaires du poste quon mavait confi dans lvolution

    de lorganisme sont deux choses que jai apprises

    lorsquon ma nomme prsidente de la Commission

    de la fonction publique (CFP), en 1994. Javais dj

    dcid de suivre la voie trace par John Carson, qui

    avait assum la direction de la Commission du Service

    civil comme on appelait alors la CFP entre 1965 et

    1976, une priode agite, marque par la prise de

    conscience de la dualit linguistique canadienne ainsi

    que lmergence de lide dgalit entre les sexes.Rappelons que la Commission royale denqute sur le

    bilinguisme et le biculturalisme a t tablie en 1963 et

    que cest en 1969 que la CFP a publi son rapport sur

    la situation des femmes travaillant au sein de la

    fonction publique fdrale. Cest aussi durant cette

    priode quon a commenc avoir recours la

    ngociation collective dans la fonction publique ainsi

    qu procder des examens de la gestion et de la

    gestion du personnel.

    John Carson a profit de son mandat pour faire

    voluer les opinions au sujet de la fonction publique, enen assumant la direction de faon claire durant une

    priode difficile. Cest pourquoi je suis particulirement

    honore davoir t choisie, cette anne, pour donner la

    confrence John Carson. Je suis aussi heureuse davoir

    ainsi loccasion de faire part de mes rflexions sur

    certains enjeux qui sont apparus au cours de mes cinq

    annes la prsidence de la CFP et qui me proccupent

    aujourdhui. Ces enjeux concernent la saine conduite des

    affaires publiques au Canada.

    On a longtemps considr la CFP comme un bureau

    du personnel, dont le rle se limitait veiller ce que les

    fonctionnaires soient recruts et promus selon leur

    mrite. Sous la prsidence de John Carson, la CFP a

    particip une rvolution au sein de la fonction

    publique, en faisant comprendre aux gens quil fallait

    que la fonction publique fdrale soit reprsentative de

    la population quelle sert. Il a observ et compris

    limportance de la langue et de lquilibre entre les sexes

    et a contribu changer pour toujours lide que nous

    avons de la fonction publique.La priode durant laquelle jai t prsidente de la CFP

    (de 1994 1999) a aussi t agite, mais pour des raisons

    Les critres de la bonne gouvernance

    Ruth Hubbard La Confrence J.J. Carson 1999

    Ruth Hubbard est conseillre principale au Bureau du Conseil priv.De mai 1994 juin 1999, elle a t prsidente de la Commission de lafonction publique, o elle a pris en main le dossier du renouvellementet du perfectionnement des fonctionnaires. Sous sa direction, le systmede dotation a t modifi et de nouvelles politiques dapprentissage, derecours et de recrutement ont t labores.

    MmeHubbard, qui a entrepris sa carrire de fonctionnaire en 1963, aassum plusieurs postes comportant de plus en plus de dfis StatistiqueCanada et au Secrtariat du Conseil du Trsor. partir de 1988, elle arempli les fonctions de sous-ministre dans plusieurs ministres,notamment Approvisionnements et Services Canada, Emploi et

    Immigration Canada, Revenu Canada Douanes et Accise, de mmequ la Monnaie royale canadienne.

    MmeHubbard dtient une matrise en analyse mathmatique delUniversit Ohio State et un baccalaurat en mathmatiques, en chimieet en espagnol de lUniversit Queens. Elle a aussi suivi le programmede perfectionnement des cadres offert par lUniversit Harvard.

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    L e s c r i t r e s d e l a b o n n e g o u v e r n a n c e

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    bien diffrentes. La mondialisation tant de linformation

    que des marchs tait en voie de se raliser une premire

    dans lhistoire de lhumanit , tandis que le monde

    devenait plus interconnect et plus complexe que

    jamais, se transformant un rythme jamais vu. Plus prs de

    nous, le Canada tait aux prises avec un dficit

    considrable et, comme dautres pays, faisait face un

    mcontentement de plus en plus grand de la population

    lgard du gouvernement. Tout coup, le mtier de

    fonctionnaire consciencieusement appris amorait une

    importante mutation, qui ne pouvait pas se limiter une

    simple orientation vers les rsultats.

    Ce que jai pu constater au cours de cette priode,

    cest que la CFP nest pas quun bureau qui assume un

    certain nombre de fonctions lies la gestion des

    ressources humaines dans le contexte de la fonction

    publique fonctions par ailleurs importantes , mais

    quelle est aussi une organisation qui doit avoir une

    comprhension des choses et mener ses activits un

    niveau global et qui fait partie des institutions qui ont un

    rle jouer dans la saine conduite des affaires publiques

    au Canada. John Carson savait que la langue et lquilibre

    entre les sexes taient des lments importants du

    contexte dans lequel il dirigeait son organisation, et quil

    devait donc en tenir compte. De mme, dans ses rapports

    annuels de 1995-1996 et 1996-1997, la CFP posait certainesquestions fondamentales au sujet de la fonction publique

    et de ses valeurs traditionnelles, des questions que

    personne dautre ne posait, mais qui devaient tre poses.

    Pour que le Canada puisse continuer de prosprer

    malgr certaines contraintes auxquelles il doit faire face,

    nous devons revoir notre conception de la conduite des

    affaires publiques. Nous devons en arriver un

    nouveau consensus national sur ce que le Canada

    reprsente et sa place dans le monde, et entretenir ce

    consensus, tout en sachant quil voluera avec le temps.

    Un tel consensus nous permettrait de faire des choixcollectifs ainsi que dexaminer ensemble et dorienter

    les consquences de certains choix privs sur la socit,

    la collectivit et lensemble de lhumanit. Cela exige

    toutefois une saine conduite des affaires publiques, ce

    qui signifie que nous devons penser diffremment.

    Et je pense que la cl de cette nouvelle vision

    rside dans lart de la rforme (ce que le

    professeur Yehezkel Dror dsigne par le terme

    reformcraft ).

    Pourquoi sintressermaintenant la question de labonne gouvernance?Pourquoi nous proccuper maintenant de la question de

    la bonne gouvernance? Dabord, une saine conduite des

    affaires publiques est cruciale dans la priode de

    bouleversements actuelle (priode qui risque de se

    poursuivre dans un avenir prvisible). Le monde actuel

    se caractrise par son agitation, sa complexit, son

    interconnexion et sa vitesse de transformation. Notre

    poque se caractrise en outre par la diversification des

    choix qui soffrent lhumanit (surtout grce la

    science et la technologie), les changements dans les

    valeurs de la socit, laugmentation des niveaux de

    scolarit, la progression des attentes et un meilleur

    accs linformation (fiable ou non). En outre, nous

    sommes de plus en plus confronts linimaginable

    (certains diront linconcevable). Et, pour la premire

    fois dans lhistoire, un second facteur entre en jeu

    pour rendre encore plus complexe la situation : la

    mondialisation ou, plus prcisment, la mondialisation

    asymtrique, cest--dire la mondialisation de

    linformation et des marchs, mais pas de la dmocratie.

    Au Canada, ce nouveau contexte a de nombreux

    effets proccupants : la ncessit de faire face

    linimaginable; la multiplication de nouveaux problmes

    pour lesquels il nexiste pas de solutions vritablement

    satisfaisantes; le risque que le Canada perde de son

    importance sur la scne internationale; la perte de

    lgitimit de lappareil gouvernemental au Canada,

    comportant non pas un risque daffrontement, mais un

    risque bien rel de mise lcart des pouvoirs publics, ce

    qui voudrait dire quon prendrait, sans lintervention desgouvernements, des dcisions qui exigeraient quon fasse

    des choix de socit concernant limportance relative de

    valeurs opposes dans de nombreux domaines des

    dcisions qui auraient des consquences long terme qui

    pourraient ne pas correspondre ce quon veut pour le

    Canada ou ce dont notre pays a besoin, qui pourraient

    ne pas tre le rsultat de choix clairs et pour lesquelles

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    L e s c r i t r e s d e l a b o n n e g o u v e r n a n c e

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    les dcideurs pourraient ne pas tre tenus de rendre des

    comptes la socit canadienne.

    On observe au Canada des signes inquitants dun

    profond mcontentement de nos concitoyens. On dirait

    que nos dirigeants ne sont plus capables de sadresser

    la population dans une langue quelle peut comprendre,

    et la mondialisation na rien fait pour arranger les choses

    ce chapitre. Une saine conduite des affaires publiques

    exige le consentement des administrs. Or, il est la fois

    beaucoup plus difficile et plus important dobtenir ce

    consentement aujourdhui quau cours des annes 1960

    et 1970. En 1999, Ekos Research Associates sest servi de

    diffrentes mthodes pour grouper des opinions

    tmoignant des caractristiques et des perceptions

    courantes des Canadiens, tablissant ainsi un cadre

    danalyse de certaines des principales divergences

    dopinions de ces derniers concernant le rle du

    gouvernement. Cette tude a permis de rpartir les

    Canadiens en cinq groupes et a rvl que 60 p. 100

    dentre eux se sentaient apparemment alins,

    dconnects ou inquiets de leur avenir et espraient de

    laide de la part de leurs gouvernements1. Ce qui est

    proccupant au sujet de ces rsultats, cest ce quils nous

    apprennent au sujet des difficults quil faudra surmonter

    pour assurer une meilleure conduite des affaires

    publiques au Canada. Pour sassurer lappui dun plus

    grand nombre de citoyens, il faudra avoir recours des

    mesures diversifies, et cela prendra du temps. Il faut

    donc se mettre au travail sans tarder.

    Peut-tre plus inquitante encore est cette tendance

    que semblent avoir de plus en plus les Canadiens (les

    gens daffaires et les dirigeants politiques aussi bien que

    les simples citoyens), lorsquils font face la tche

    apparemment impossible damliorer la conduite des

    affaires publiques au pays par les moyens traditionnels,

    de contourner les difficults. La conduite des affaires

    publiques au Canada est devenue comme un rocher dansune rivire, autour duquel leau coule de plus en plus

    vite. Le rocher reste en place, mais il perd graduellement

    de son importance. Ce nest rien dautre quun rocher

    dans un courant de plus en plus puissant. Cependant, il

    faut utiliser le rocher pour aller dans la bonne direction

    dans une socit dmocratique. Nous navons donc

    dautre choix que de mettre en place un systme de

    conduite des affaires publiques adapt au monde dans

    lequel nous vivons, si nous voulons exercer un contrle

    sur lvolution de notre propre socit, plutt que de

    laisser ce contrle quelques personnes (aussi bien

    intentionnes quelles puissent tre) ou de sen remettre

    la somme des dcisions prises par chacun (ce qui

    revient nexercer aucun contrle).

    DfinitionJutilise les expressions gouvernance ou conduite

    des affaires publiques dans le sens trs large, quoique

    gnralement accept, de la capacit dune socit de

    se diriger elle-mme. Selon moi, cette dfinition

    englobe les ides de mouvement (volution dans

    le temps) et de diffrence socitale2. Je ne suis pas

    la seule penser que la bonne gouvernance est

    essentielle, comme vous en conviendrez si vous

    connaissez les principes que dfendent des

    organisations comme les Nations Unies, lOCDE et la

    Banque mondiale, lorsquelles insistent sur limportance

    des valeurs et du consentement ainsi que dune assise

    dmocratique (mme si le mot dmocratie est utilis

    dans un sens large). Il convient de signaler que je parle

    dune dmocratie reprsentative librale , cest--dire

    le modle particulier de dmocratie qui prvaut dans

    les pays industrialiss comme le Canada. Cest donc

    dans ce contexte quil faut considrer mes rflexions sur

    les caractristiques de la bonne gouvernance3.

    La bonne gouvernance est le rsultat de rapports

    complexes. On pourrait la comparer un tabouret trois

    pieds : les trois pieds (le secteur priv, le secteur public

    et la socit civile) devant tre sains et en tension

    constructive, la gouvernance assurant lquilibre entre

    ces trois lments, au fur et mesure des

    transformations. De fait, comme vous le verrez, cette

    ide de trois secteurs sains se respectant mutuellementsera prsente plus loin comme un lment du premier

    des critres de succs exposs, un critre selon moi

    indissociable dune dmocratie durable. Je tiens toutefois

    prciser que je ne dis pas que le pouvoir coercitif (dans

    le meilleur sens du terme) quexerce le secteur public

    lgard des autres secteurs (et des membres de la socit

    en gnral) devrait tre exerc par dautres.

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    L e s c r i t r e s d e l a b o n n e g o u v e r n a n c e

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    Le statu quo nest pas unesolution, il faut penserdiffremmenttant tabli que nous avons besoin dune bonne

    conduite des affaires publiques pour nous diriger, quel

    sera le plan daction? Je crois quil est avant tout essentiel

    de penser autrement. Albert Einstein disait que les

    problmes qui ont leur origine dans notre faon de

    penser ne peuvent tre rsolus quen changeant cette

    faon de penser. Ainsi, la faon dont nous avons appris

    penser ne nous permet peut-tre pas de comprendre et

    dexprimer les ides relatives la bonne gouvernance

    dans le contexte actuel et dans lavenir. De plus, le fait

    que nous soyons de plus en plus souvent confronts

    linimaginable exige une transformation radicale de nos

    concepts cognitifs et de nos schmas de pense. Ce nest

    pas tonnant que nous ayons du mal bien comprendre

    cette notion particulire, malgr son importance et mme

    si nous sommes en train de faire de la gouvernance la

    nouvelle expression la mode. Je me suis donc tourne

    vers la science, tout dabord vers la pense systmique,

    puis vers les modes de pense holistiques plus rcents

    qui ont caractris lenvironnementalisme et le

    fminisme, une faon de penser selon laquelle la

    comprhension des choses ainsi que la connaissance et

    lapprentissage constituent le seul avantage durable.

    Avant de dcrire les effets dune faon de penser

    diffrente sur les systmes de conduite des affaires

    publiques, je dois prciser trois choses. En premier lieu,

    mes propos concernent essentiellement les fonctions de

    conduite des affaires publiques de niveau lev (ce qui

    concerne la situation globale). Les autres fonctions de la

    conduite des affaires publiques sont aussi trs

    importantes, mais il nen sera pas question dans le

    prsent article. En deuxime lieu, je suppose que mes

    critres de succs sappliquent aux problmes de tous

    niveaux (du plus haut au plus bas niveau), de laphilosophie politique (qui va plus loin que lidologie

    politique, qui se proccupe des questions pratico-

    pratiques et des personnes, mais pas de la nature des

    choses) jusqu la prestation des services, en passant par

    les conflits de valeurs et ltablissement des politiques. En

    troisime lieu, jenglobe dans le mot dirigeants toutes

    les personnes (quel que soit leur travail ) qui dirigent

    par leurs actions, ce qui comprend toutes les personnes

    investies dun pouvoir, mais aussi beaucoup dautres.

    Lart de la rforme , cestpenser diffremmentSelon moi, lart de la rforme (cest--dire une faon

    diffrente denvisager la conduite des affaires publiques)

    englobe sept critres de succs qui dcoulent de la

    ncessit damliorer les choses au chapitre des valeurs,

    du consentement, du facteur humain et du potentiel de

    gestion, en sappuyant sur une assise dmocratique. Jai

    aussi circonscrit trois moyens daction quil faudrait

    commencer utiliser ds maintenant.

    Les sept critres de succs de lart de la rforme sont

    les suivants :

    Assurer et protger la dmocratie.

    Sappuyer sur les valeurs.

    Faire preuve dune ouverture sur le monde.

    Assurer une participation claire.

    Sappuyer sur le consentement de la population.

    Tenir compte explicitement du facteur humain.

    Apprendre et favoriser lapprentissage.

    Les trois moyens daction associs ces critres sont

    les suivants :

    Analyse du contexte.

    Innovation institutionnelle fonde sur les rseaux.

    Intervention de la classe politique pour aider

    comprendre.

    On trouvera dans les pages qui suivent une brve

    description de chacun de ces lments, de mme

    quun certain nombre dexemples et de questions pour

    le Canada.

    Assurer et protger ladmocratieMon premier critre concerne lassise dmocratique (du

    type dmocratie reprsentative librale). Jentends par l

    quil faut prendre les moyens pour permettre et garantir

    un quilibre constant entre le march, ltat et la socit

    civile, de faon assurer ltablissement et le maintien

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    dun gouvernement juste et honnte. Cest la base sur

    laquelle sappuient les autres critres de succs. Je ne

    mtendrai pas sur ce critre, faute de temps et despace,

    mais je souligne quun de ses lments revt de plus en

    plus dimportance dans beaucoup de dmocraties (et pas

    uniquement dans les dmocraties reprsentatives

    librales) : le contexte dans lequel les trois secteurs

    mentionns prcdemment peuvent se dvelopper.

    Les facteurs permettant de mesurer ce premier

    critre sont, notamment, le degr et ltendue de la

    reconnaissance mutuelle explicite des trois secteurs, la

    nature et lutilisation du processus de changement de

    leadership ainsi que lexistence et le respect de la

    primaut du droit (y compris une ferme volont

    dliminer la corruption).

    Pour le Canada, on pourrait essentiellement se

    demander si les trois secteurs sont effectivement considrs

    comme tant sains et sils se respectent mutuellement.

    Sappuyer sur les valeursPour la premire fois dans lhistoire de lhumanit, nous

    avons les moyens de nous dtruire et mme de dtruire

    toute la plante. Il est donc plus urgent que jamais de

    renforcer nos valeurs. La conduite des affaires publiques

    dans un pays dmocratique a toujours t associe

    lapparition de priorits relatives pour des valeurs

    opposes, mais au Canada, cette fonction sest surtout

    exerce de faon cloisonne, implicite, en tenant pour

    acquis le consentement des intresss. Cela doit changer.

    Le principe du renforcement des valeurs mamne

    aborder trois ides trs bien exprimes par le

    professeur Dror : la reconnaissance de limportance de la

    conduite des affaires publiques pour faonner le futur 4

    (une vision normative plutt que dterministe de lavenir);

    les choix de valeurs explicites, tenant compte du contexte

    global, dans tous les domaines (autrement dit, unchangement de valeurs aussi difficile et lent que ncessaire);

    et le renouvellement dune philosophie politique pluraliste,

    fonde sur les valeurs, pour orienter le plan daction.

    Je suis galement daccord avec le professeur Dror

    lorsquil affirme que pour que tout fonctionne bien dans

    un contexte mondial, il faut accepter que certaines valeurs

    soient communes toute lhumanit, au-del des frontires

    des tats-nations (la raison dhumanit supplantant, dans

    une certaine mesure, la raison dtat, comme mission du

    gouvernement). La conduite des affaires publiques des

    pays doit favoriser et respecter ces valeurs, quon pourrait

    un jour ou lautre faire appliquer lchelle internationale.

    Ce principe, qui dcoule de lide que lhumanit dans son

    ensemble a des besoins et des aspirations que la conduite

    des affaires publiques devrait favoriser, est troitement li

    au concept de philosophie politique. Ce principe est la

    base de la pense de spcialistes comme le

    professeur Dror et il est aussi dfendu par des leaders sur

    la scne internationale tels que Vaclav Havel.

    Cest pourquoi mon deuxime critre concerne le

    renforcement des valeurs et englobe ltablissement et

    lapplication dun ensemble de valeurs obligatoires. Quatre

    lments constituent la substance de ce critre : assurer la

    visibilit des conflits de valeurs et trouver un quilibre

    moyen terme dans tous les domaines; renforcer les valeurs

    morales en politique et au sein des gouvernements; dfinir

    et adapter une philosophie politique pluraliste; assurer la

    crdibilit des choix de valeurs.

    En premier lieu, donc, il faut disposer de moyens

    explicites bien compris, accessibles et efficaces de rendre

    visibles les principaux conflits de valeurs dans tous les

    secteurs et de faire des choix moyen terme en matire

    dtablissement de politiques, de manire assurer la

    crdibilit de ces choix auprs dune majorit de

    Canadiens. Cela englobe, selon moi, lide que nous

    devons repenser les valeurs dans un contexte

    dinnovation (afin dintgrer dans la rflexion tout un

    ventail dides nouvelles telles que la biothique) et que

    nous avons besoin de processus et de mcanismes

    appropris pour intgrer les fruits de cette rflexion dans

    la prise de dcisions. Une telle tche nincombe pas aux

    gouvernements. Les processus viss peuvent trs bien ne

    pas tre gouvernementaux (mais ils font, de fait, partie

    de la conduite des affaires publiques). Il est important debien comprendre que les choix de valeurs volueront

    avec le temps, mais quil nen faut pas moins les faire

    moyen terme (de trois cinq ans).

    En deuxime lieu, il est essentiel de raffermir les

    valeurs morales en politique et au sein des

    gouvernements, parce quil importe de se rappeler le

    caractre la fois hautement moral et crucial de la vie

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    L e s c r i t r e s d e l a b o n n e g o u v e r n a n c e

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    politique et des gouvernements, et aussi parce que,

    comme le dit le professeur Dror, il faut quil existe une

    base normative pour faire en sorte que la politique et la

    conduite des affaires publiques remplissent leurs

    fonctions, malgr les conditions difficiles, les incertitudes

    et les ralits inconcevables du vingt et unime sicle 5.

    De plus, comme dautres lon dj dit, on dirige avec des

    valeurs et un sens de la collectivit. Pour avoir un tel

    sens de la collectivit, il faut tre guid par des valeurs

    et des principes moraux. Le leadership doit sappuyer sur

    des convictions, sans quoi il quivaut suivre.

    En troisime lieu, il faut dfinir et adopter une

    philosophie politique pluraliste fonde sur les valeurs pour

    orienter la faon dont on faonnera lavenir (ce qui

    englobe ltablissement dun ensemble obligatoire de valeurs).

    En quatrime lieu, les choix de valeurs que nous

    faisons doivent tre acceptables et considrs comme

    tels par la plupart des Canadiens.

    Dans le cas de ce deuxime critre, nous pourrions

    mesurer trois lments : la mesure dans laquelle on a pu

    rendre les conflits de valeurs visibles et trouver un quilibre

    moyen terme; les progrs raliss quant ltablissement

    dune philosophie politique renouvele axe sur les

    valeurs; et ltendue et lutilisation des mcanismes destins

    permettre aux personnes qui veulent et qui peuvent

    contribuer ce travail mental complexe de le faire.

    Au Canada, cest dans le secteur social que nous

    avons essay le plus souvent et peut-tre depuis le plus

    longtemps de rendre les conflits de valeurs visibles.

    Nous avons utilis diffrents moyens avec un succs

    limit pour faire participer les Canadiens aux

    discussions, mais nous navons mme jamais envisag

    dtablir explicitement une nouvelle philosophie politique

    pour le pays ou de discuter de lide et dadopter lide

    quune des fonctions de la conduite des affaires

    publiques pourrait tre de faonner lavenir (malgr

    les risques que cela comporte).

    Faire preuve dune ouverturesur le monde

    Ce troisime critre a acquis plus dimportance et un

    caractre durgence dans le contexte actuel. Il doit tre

    examin avec la plus grande attention.

    En premier lieu, il faudrait tablir des critres clairs,

    connus de la population, ainsi quune stratgie propre

    donner forme un rgime mondial de gouvernance

    appropri (permettant notamment dassurer lquit pour

    tous) qui, long terme, servira les intrts de toute

    lhumanit aussi bien que des tats-nations eux-mmes.

    Je parle de rgime mondial de gouvernance appropri

    parce que je tiens ce quil soit bien clair que je ne

    prconise pas le remplacement du rgime de conduite

    des affaires publiques des tats-nations par un rgime

    supranational. Je considre toutefois ladjonction dun ou

    de plusieurs paliers transnationaux comme des mesures

    mondiales de gouvernance. Je suis par ailleurs ouverte

    lide de renforcer lquit mondiale, condition que

    cela ne se limite pas greffer tels quels des principes des

    dmocraties librales occidentales un chelon

    suprieur : la diversit des cultures et des ensembles de

    valeurs travers le monde pourrait rendre vaine une telle

    tentative. Je ne suis pas convaincue non plus,

    contrairement certains, que les dmocraties librales

    occidentales seraient prtes accepter lapplication du

    principe dune personne, une voix un chelon

    suprieur o elles seraient en minorit numrique. La

    notion mme dquit mondiale mriterait dtre

    examine plus fond, mais cela va au-del de lobjet du

    prsent article.

    En deuxime lieu, il devrait exister une grille

    explicite dexamen des consquences globales de

    lensemble des travaux excuts et des dcisions prises

    en rapport avec la conduite des affaires publiques tous

    les chelons des administrations concernes. Comme je

    lai mentionn prcdemment, il ne sert plus rien, tout

    simplement, de considrer les facteurs mondiaux

    sparment des facteurs internes, comme sils ntaient

    significatifs quaux chelons de conduite des affaires

    publiques nationaux et supranationaux. On est peut-tre

    de plus en plus conscient de cette ralit, mais il faudraque cette prise de conscience se traduise par une gestion

    systmatique vraiment efficace et constructive de

    linterdpendance des systmes de conduite des affaires

    publiques que cela suppose au sein des tats-nations.

    Les facteurs permettant de mesurer ce critre sont,

    notamment, lengagement public des leaders, ltendue

    des stratgies et des plans tablis ainsi que la qualit et

  • 7/29/2019 Les critres de la bonne gouvernance

    7/18

    L e s c r i t r e s d e l a b o n n e g o u v e r n a n c e

    O p t i m u m , L a r e v u e d e g e s t i o n d u s e c t e u r p u b l i c v o l . 3 0 , n o 2 49

    le rythme de la mise en uvre de ces stratgies et de

    ces plans.

    Il existe quelques bons exemples de la faon dont

    le Canada se sert de son influence pour promouvoir

    des intrts mondiaux (par exemple dans le cas du

    G-206 et, peut-tre, dans celui de la pche hauturire).

    Il y a aussi certains exemples (notamment dans le

    domaine de lenvironnement) de situations o on a

    tenu compte des consquences mondiales des

    dcisions. Au Canada, cependant, on ne semble pas

    encore comprendre ou reconnatre gnralement

    limportance stratgique dune ouverture sur le monde,

    non plus que la ncessit dappliquer systmatique-

    ment les principes qui en dcoulent.

    Mes questions pour le Canada seraient les mmes

    que pour le critre prcdent, savoir trouver la faon

    de dterminer quels sont les principaux obstacles qui

    nous empchent de progresser, puis de trouver des

    moyens de sattaquer ces obstacles.

    Assurer une participationclaireLe quatrime critre, concernant la participation claire

    de la population, comprend deux volets : dune part,

    sassurer de lexistence de lieux ou espaces publics

    ainsi que de moyens efficaces et fiables dy accder et,

    dautre part, aider les gens comprendre leurs

    responsabilits en tant qutres humains et que citoyens

    autrement dit, les dirigeants devraient prendre tous les

    moyens quils peuvent pour faire lducation civique de

    la population. Dans un monde satur dinformation (dont

    le degr de fiabilit varie), qui se caractrise par

    lencombrement des espaces publics et la transformation

    radicale de nos modes de vie, nous devons repenser la

    faon daider les gens, y compris ceux des prochaines

    gnrations, apprendre quil existe des responsabilitslies lintrt commun et sentir le poids de ces

    responsabilits. Cette tche est aussi importante

    quurgente. Certains pensent que si les populations des

    socits dmocratiques participent aujourdhui beaucoup

    moins aux processus dmocratiques traditionnels , ce

    nest pas par manque dducation civique, mais plutt

    parce quune population bien informe, estimant quune

    rforme politique tarde depuis bien trop longtemps

    tre ralise, est peu intresse participer, tant que les

    institutions nauront pas rattrap leur retard. Je crois,

    quant moi, que les deux arguments se valent pour

    expliquer le manque dintrt de la population pour ses

    responsabilits civiques et quil faut sattaquer aux deux

    facteurs avec la mme urgence.

    Dans le contexte actuel dencombrement non

    planifi rsultant de la mondialisation asymtrique et de

    laffaiblissement des mcanismes traditionnels, il

    importe que les dirigeants prennent les moyens

    dassurer ltablissement, le soutien et la protection

    despaces publics, tous les chelons de la collectivit

    et du voisinage sociaux et au-del. Lexprience mene

    par le directeur du Walt Whitman Center for the Culture

    and Politics of Democracy de lUniversit Rutgers,

    Benjamin Barber, en rapport avec la revitalisation de

    centres commerciaux ayant fait faillite est un excellent

    exemple dun leader qui prend prcisment ce genre

    dinitiative lchelon dune collectivit. Il est

    apparemment frquent que des mails commerciaux

    linaires fassent faillite aux tats-Unis. ce quil

    semble, lide de M. Barber est fondamentalement de

    travailler avec les collectivits concernes la

    transformation de ces mails en lieux publics

    dimportance modeste (petites bibliothques locales,

    galeries dart, autres lieux dactivits pour la socit

    civile), afin de redonner aux gens des endroits o se

    runir en tant que citoyens (plutt quen tant

    qulecteurs ou que consommateurs). galement

    linitiative de Benjamin Barber, le Walt Whitman Center

    a cr un forum de discussion autorglement sur la

    gouvernance dans Internet, notamment pour

    dmontrer comment un tel projet peut tre men bien

    sans quon ait besoin des mthodes de contrle qui

    auraient autrefois caractris une telle entreprise.

    Le second volet de ce critre concerne laresponsabilit des leaders de prendre tous les moyens

    ncessaires pour amliorer lducation civique de la

    population cest--dire aider les gens comprendre

    leurs responsabilits en tant aussi bien que membres de

    lhumanit dans son ensemble que de citoyens dun pays

    particulier , galement en tenant compte de tous les

    aspects du problme.

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    L e s c r i t r e s d e l a b o n n e g o u v e r n a n c e

    O p t i m u m , L a r e v u e d e g e s t i o n d u s e c t e u r p u b l i c v o l . 3 0 , n o 250

    Jajoute toutefois quil existe une condition

    importante la ralisation de tous ces objectifs. On a des

    raisons de croire que les gens ne participent pas

    lexercice du pouvoir politique dans une dmocratie

    (mme si, ironiquement, un tel exercice pourrait donner

    des rsultats), lorsquils nont pas le sentiment davoir

    personnellement une capacit dagir, autrement dit tant

    quils nont pas limpression davoir la scurit physique,

    financire et sociale requise7. Il reste encore beaucoup

    de travail faire en ce qui concerne les conditions

    mentionnes prcdemment, conditions apparemment

    ncessaires, mais pas suffisantes, pour assurer la

    participation. Do limportance de sattaquer la

    question de la scurit de lensemble de la population, si

    on veut vraiment favoriser une plus grande participation.

    Les facteurs permettant de mesurer ce critre

    seraient, notamment, lexistence et le maintien de lieux

    publics accessibles ainsi que de formules efficaces

    dutilisation de ces lieux; ltendue des stratgies et des

    plans des leaders destins amliorer lducation

    civique de la population, le rythme et la qualit de leur

    mise en uvre de mme que le degr de sensibilisation

    des gens leurs responsabilits en tant que citoyens du

    monde et dun pays en particulier; le degr de

    connaissance des moyens de sengager (autrement dit,

    lutilisation des processus de participation); et le degr

    de connaissance et de comprhension des enjeux, dans

    une perspective dengagement.

    Au Canada, on a commenc rflchir des

    moyens damliorer les processus de participation, mais

    on ne peut pas vraiment dire que cette amorce de

    rflexion sest concentre sur une participation

    claire . Il existe de nombreux exemples de cration

    et de revitalisation de milieux publics au niveau des

    voisinages et des collectivits (nous connaissons la

    vitalit et le dynamisme du secteur bnvole, organis et

    non organis, au Canada). Linitiative

    Un Canadabranch est aussi un excellent moyen dtablir des

    milieux publics pour ceux qui choisissent de lutiliser

    cette fin. Cependant, on ne sait pas trs bien si

    nous travaillons vraiment ltablissement ou au

    rtablissement systmatique de milieux publics

    lchelon socital (cest--dire le Canada en entier), non

    plus que si nous employons bien la technologie cette

    fin. Lencombrement des milieux publics lchelle

    nationale sacclre et, comme Benjamin Barber8, je

    pense que cela menace la dmocratie. De plus, je me

    demande si, au Canada, nous pouvons tenir pour acquis

    la scurit de chaque citoyen, qui est la condition

    pralable une participation tendue de la population.

    Sappuyer sur leconsentement de lapopulationCe cinquime critre comprend trois volets :

    lengagement des citoyens (sentiment dappartenance); la

    transparence (obligation de rendre des comptes, mesure

    du rendement et rapports publics opportuns); et

    lobtention du consentement appropri des intresss.

    Ce critre soulve certaines questions intressantes,

    auxquelles personne nest apparemment capable de

    rpondre pour le moment9. Par exemple, la

    confidentialit fait traditionnellement partie intgrante

    des processus dcisionnels privs et publics. Dans quelle

    mesure sommes-nous prts faire des entorses cette

    rgle par souci de transparence? Est-il utile de rpartir la

    prise de dcisions, si cette rpartition ne saccompagne

    pas dun partage appropri de lobligation de rendre

    compte et de la responsabilit? Et qui peut dire ce que

    serait un partage appropri?

    Le consultant amricain bien connu dans le domaine

    de la pense systmique, Russell Ackoff, affirme quil est

    beaucoup plus grave de pcher par omission que de se

    tromper en faisant quelque chose. Il ajoute que les

    systmes comptables utiliss partout dans le monde

    servent reprer et signaler uniquement les erreurs,

    si bien que les omissions, plus graves, passent

    inaperues10. Il rappelle aussi la formule de

    Peter Drucker selon laquelle il vaut beaucoup mieux de

    mal faire la bonne chose (parce quil est toujourspossible de mieux la faire) que de bien faire la mauvaise

    chose (parce quelle nen devient que plus mauvaise)11.

    Devrions-nous faire quelque chose face ce

    dsquilibre? Et par o commencer?

    En ce qui concerne lobligation de rendre des

    comptes, il convient de signaler les passionnants travaux

    mens l Institut europen de ladministration publique,

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    L e s c r i t r e s d e l a b o n n e g o u v e r n a n c e

    O p t i m u m , L a r e v u e d e g e s t i o n d u s e c t e u r p u b l i c v o l . 3 0 , n o 2 51

    Maastricht12, par le directeur du programme de

    matrise, le professeur Les Metcalfe. Ce dernier tudie

    diffrents genres de rapports (entre administration et

    administrs, professionnel et clients, systme de

    conduite des affaires publique et citoyens) lis divers

    aspects de lobligation de rendre des comptes et de la

    structure de cots. Il sera intressant de voir si ces

    travaux feront progresser la rflexion au sujet de

    lobligation de rendre des comptes dune manire qui

    profitera tout le monde.

    Lobtention du consentement appropri signifie

    quil faut sassurer que tout le monde comprend bien la

    nature du ou des compromis qui rsulteront

    invitablement de latteinte de lquilibre entre les

    valeurs divergentes dans tous les domaines concerns. La

    socit doit voluer lentement, dans le respect de ses

    membres et avec compassion. Un des lments de

    lobtention du consentement appropri est le choix

    des bons mcanismes de prestation de services. Ackoff

    fait observer que les gens qui participent aux processus

    dlaboration dcouvrent en discutant ce quils veulent,

    alors quils ne savaient pas vouloir ces choses

    auparavant. Ce genre de dmarche semble toutefois

    difficile appliquer au Canada, notamment, je pense,

    parce que de la mfiance et des questions de pouvoir

    teintent invitablement les stratgies et les plans relatifs

    aux choix en question.

    Le plus rcent rapport du prsident du Conseil du

    Trsor sur le rendement intitul Une gestion axe sur les

    rsultats 1999 , tout comme la communication

    dinformation sur les rsultats et le rendement en Alberta,

    montrent que nous faisons certains progrs au Canada.

    Des progrs importants ont notamment t raliss sur le

    plan de lamlioration de lapproche consensuelle par

    tous les ordres de gouvernement, laccent tant mis sur

    le sentiment dappartenance, lobligation de rendre

    compte et lobtention du consentement appropri. Lesefforts continuent toutefois de se limiter, dans une large

    mesure, au niveau des services offerts, et on ne se

    proccupe pas beaucoup des autres aspects du dossier,

    o le problme est avant tout labsence dun dialogue

    public continu . Malgr tout, du point de vue de la

    rflexion relative de nouvelles institutions, il sagit

    dune amorce intressante, qui fournit quelques leons

    utiles apprises loccasion dimportants projets tels que

    le Rgime dassistance publique du Canada lis la

    prparation de lunion sociale.

    Les facteurs permettant de mesurer ce critre

    seraient, notamment, ltendue et les rsultats du

    sentiment dappartenance, le degr de transparence et,

    en ce qui concerne lobtention du consentement

    appropri, lengagement public des leaders, ltendue

    des stratgies et des plans ainsi que la qualit et le

    rythme de la mise en uvre des stratgies et des plans.

    Les questions gnrales qui se posent pour le

    Canada sont les mmes que pour les autres critres,

    savoir dterminer quels sont les principaux obstacles, et

    trouver les moyens de sy attaquer. En ce qui concerne

    plus particulirement le prsent critre, il faut essayer de

    dcouvrir comment les blocs dopinions devraient

    orienter ltablissement des stratgies et des plans

    destins obtenir le consentement de la population et

    comment on peut sengager de faon constructive

    lorsquon choisit le mcanisme de prestation de services

    qui convient (dissocier la question du pouvoir et la

    mfiance des autres aspects du dossier).

    Tenir compte explicitement du

    facteur humainOn dit que ce qui est le plus difficile pour un systme,cest davoir le courage de se regarder bien en face. La

    dngation est une faon dviter de faire face la

    ralit. Le rejet de la responsabilit sur les autres en est

    une autre. Jai choisi daborder la question du facteur

    humain sous trois angles diffrents. Le premier est li

    lopinion de certains spcialistes qui affirment que

    chaque personne a son schme explicite particulier

    (fond sur son histoire, sa culture, sa religion, ses

    expriences, etc.) de quelques valeurs dominantes,

    quelle utilise pour simplifier la ralit qui lentoure. Ledeuxime concerne les efforts mentaux considrables

    quexige la vie notre poque postmoderne, et notre

    capacit dy faire face. Le troisime aspect, enfin, est

    lide quil existe une faon particulire, indpendante

    du langage ou de la culture, de dfinir la complexit

    dun travail, et la thorie selon laquelle chaque

    personne possde un capital de capacit de

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    L e s c r i t r e s d e l a b o n n e g o u v e r n a n c e

    O p t i m u m , L a r e v u e d e g e s t i o n d u s e c t e u r p u b l i c v o l . 3 0 , n o 252

    traitement mental, qui tablit des limites quant ses

    moyens dexcuter des tches de telle ou telle

    complexit maintenant et dans lavenir.

    Mon sixime critre concerne donc le soutien, les

    moyens et les encouragements fournir aux leaders

    qui agissent en tenant compte des capacits et des

    comportements humains, qui acceptent et qui prennent

    les moyens de changer leurs faons de faire en

    fonction de lvolution des choses, qui font en sorte

    quon reconnaisse les russites et quon sy appuie,

    et prsentent les ides de telle manire que les

    gens puissent les comprendre et comprendre quelles

    les concernent.

    Les facteurs permettant de mesurer ce critre

    seraient, notamment, lengagement public des leaders, la

    mesure dans laquelle on tient compte explicitement des

    capacits et du comportement humains dans les

    stratgies et les interventions ainsi que la mesure dans

    laquelle on tient compte explicitement des blocs

    dopinions dans ces mmes stratgies et interventions.

    Les questions qui se posent pour le Canada sont les

    mmes que pour les autres critres, savoir notamment

    quil faut dterminer quels sont les principaux obstacles

    et trouver les moyens de sy attaquer.

    Apprendre et favoriserlapprentissageIl importe de renforcer notre potentiel de gestion, parce

    que dans le monde agit daujourdhui, il ne suffit pas de

    se concentrer sur les rsultats. Russell Ackoff affirme quil

    ne suffit pas, pour amliorer le rendement dun systme,

    den amliorer les lments. Ce qui compte avant tout,

    cest ladaptation de ces lments13. Cette mme ide se

    retrouve dans les travaux de Les Metcalfe14, qui a pouss

    plus loin les travaux innovateurs de Emery et Trist15, en

    les appliquant lUnion europenne. Llment essentielde ces travaux est quil faut apprendre grer les risques

    et les incertitudes dans un contexte dinterdpendance.

    Cest un mode de gestion diffrent, qui exige de

    nouvelles capacits. Cest ce que jappelle une gestion

    densemble . Lide selon laquelle lapprentissage serait

    lunique avantage durable est troitement lie ce qui

    prcde. Les leaders doivent savoir tirer profit de

    linnovation et de la crativit pour grer lincertitude,

    amliorer ladaptabilit et rduire les temps dexcution

    (cest--dire mettre en place les conditions dune saine

    gestion publique).

    Ce critre concerne un systme de conduite des

    affaires publiques fond sur lapprentissage et la

    crativit, qui permet et favorise lapprentissage tous

    les niveaux, de la personne la socit et au-del. Je

    crois que cela est essentiel dans le monde

    daujourdhui. De fait, il sera impossible dinfluer sur

    lvolution de lquilibre entre les trois secteurs (le

    secteur priv, le secteur public et la socit civile), si la

    socit et les systmes de conduite des affaires

    publiques eux-mmes nont pas la capacit explicite

    dapprendre. Cest pourquoi jestime que le prsent

    critre comprend deux volets.

    Le premier de ces volets concerne le fait que les

    leaders doivent permettre aux gens de comprendre ce

    quest lapprentissage, du point de vue de ce dont il faut

    tenir compte de faon explicite. mon avis, cela signifie

    dfinir des objets dapprentissage (afin quon puisse sen

    servir pour apprendre). Cela signifie faire des erreurs

    (nous apprenons davantage de ce qui ne fonctionne

    pas comme prvu que de ce qui fonctionne comme

    nous nous y attendions). Cela signifie observer

    (lapprentissage lui-mme) et utiliser les rsultats de cette

    observation pour amliorer les choses pour la prochaine

    fois. Cela signifie aussi mettre largement en commun

    lapprentissage. Cette dernire condition est essentielle.

    En exprimant cette ide autrement, il sagit de dire la

    vrit , une condition qui nest pas souvent remplie,

    cause de cette obsession gnralise, propre

    lOccident, de blmer.

    Le second volet concerne la responsabilit des

    leaders de faciliter lapprentissage et de montrer par leurs

    actions quils sont eux-mmes ouverts lapprentissage,

    ainsi que la mise en place dinstitutions et de processusaxs sur lapprentissage plutt que sur les reproches et

    peut-tre mme de lois axes sur lapprentissage (et je ne

    parle pas dune simple utilisation de la rglementation)

    et de nouveaux rles pour les reprsentants des

    membres dune socit dmocratique.

    Plusieurs facteurs pourraient permettre de mesurer

    ce critre. Le premier est lengagement public des

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    L e s c r i t r e s d e l a b o n n e g o u v e r n a n c e

    O p t i m u m , L a r e v u e d e g e s t i o n d u s e c t e u r p u b l i c v o l . 3 0 , n o 2 53

    leaders et linvestissement dans lapprentissage.

    Skandia Insurance de Sude nous a montr quil peut

    tre rentable pour des socits cotes en bourse

    de mesurer explicitement les investissements en

    capital intellectuel et den faire rapport, plutt que

    de se limiter au bilan traditionnel (mme si ce bilan

    reste important). Noublions pas que la Socit des

    comptables en management du Canada a acquis une

    rputation internationale pour ses recherches de

    mthodes permettant de faire rapport de ce genre

    dinvestissements. Chose intressante, certains pays,

    ma-t-on dit, publient des tableaux de rsultats

    relatifs au capital intellectuel. On pourrait aussi

    mesurer ltendue et les rsultats de lapprentissage

    explicite et systmatique, notamment les facteurs

    lis au fait de faire des erreurs et de dire la

    vrit, lapprentissage tous les niveaux ainsi

    que lapprentissage issu de nouveaux modles de

    conduite des affaires publiques, et la visibilit de cette

    forme dapprentissage.

    Au Canada, cest au chapitre de lapprentissage que

    les rsultats se rapprochent le plus du discours.

    Pourtant, il est facile de dcouvrir ce qui nous empche

    damliorer encore la situation. Beaucoup de choses ont

    t crites et dites au sujet de limportance de

    lapprentissage, tous les niveaux et sous toutes sortes

    de formes. Cependant, comme la plupart des autres

    pays de lOccident, nous avons une tendance blmer

    plutt que de favoriser lapprentissage, tendance qui

    imprgne nos vies et qui se manifeste dans

    linformation spectacle (qui englobe une bonne

    partie de ce quon nous prsente la tlvision). Cette

    tendance fait en sorte quil est extrmement risqu, aussi

    bien pour une personne que pour une entreprise, de

    privilgier le vritable apprentissage, qui occasionne des

    erreurs et exige quon dise la vrit (afin de mettre en

    commun les connaissances).Cest pourquoi beaucoup de fonctionnaires

    fdraux disent maintenant en priv quon les

    encourage innover et prendre des risques, mais

    condition de ne pas sy faire prendre. Il semble parfois

    que les comparutions devant les comits parlementaires

    soient davantage loccasion de marquer des points

    que de fournir des renseignements prcis. On dit parfois

    que les politiciens pensent quils doivent viter de dire

    les choses telles quelles sont (et mme induire la

    population en erreur), sils ne veulent pas tre mis

    publiquement au pilori (peut-tre une version moderne

    des combats quon prsentait dans les amphithtres de

    la Rome antique) par beaucoup de Canadiens

    ordinaires , ces mmes Canadiens ordinaires qui

    dplorent amrement le manque de franchise de la

    classe politique. Je confesse que je suis moi-mme tout

    fait une Canadienne ordinaire cet gard, prompte

    et volontiers prte blmer dans des cas en particulier,

    si ce nest dune faon gnrale.

    Le systme parlementaire canadien est de type

    antagoniste, mais il ne semble pas que nous voulions

    essayer de rivaliser sur le terrain de lapprentissage plutt

    que de sen tenir aux reproches (je crois pourtant quune

    telle rivalit relative lapprentissage pourrait donner de

    bons rsultats, au moins dans certains cas).

    Il y a tout de mme quelques lueurs despoir. Ainsi,

    il arrive parfois quun ministre Ottawa ou que le

    premier ministre dune province dise publiquement que

    telle ou telle chose tait une exprience qui na pas

    donn les rsultats attendus. Je sais quun ministre

    fdral nhsitait pas parler des checs de son ministre

    dans ses discours, la condition toutefois quil puisse

    annoncer un plus grand nombre de russites que

    dchecs dans un discours donn. Dintressants progrs

    ont aussi t raliss quant la diffusion de rsultats et

    de mesures du rendement, mme lorsque les rsultats en

    question ne sont pas trs bons. Ce sont l des raisons

    dtre modrment optimistes.

    Si on narrive pas trouver comment faire

    progresser systmatiquement une culture de

    lapprentissage et se dbarrasser de lhabitude de blmer,

    toutes les tentatives visant assurer une saine conduite

    des affaires publiques se solderont par des checs.

    Moyens daction dcoulant delart de la rformeSelon moi, trois moyens daction associs lart de la

    rforme, propres donner forme une gestion

    densemble , devraient tre mis en uvre ds

    maintenant. Je les ai choisis en fonction de leur utilit

  • 7/29/2019 Les critres de la bonne gouvernance

    12/18

    L e s c r i t r e s d e l a b o n n e g o u v e r n a n c e

    O p t i m u m , L a r e v u e d e g e s t i o n d u s e c t e u r p u b l i c v o l . 3 0 , n o 254

    pour nous faire progresser dans la voie de la bonne

    gouvernance. Chacun permet dintervenir dans des

    secteurs diffrents, mais dgale importance. Le premier

    de ces moyens, lanalyse du contexte (fonde sur la

    collecte dinformation), vise informer la fois les

    personnes tenues de nous rendre compte de leurs

    dcisions et la population canadienne en gnral. Le

    deuxime, linnovation institutionnelle fonde sur les

    rseaux, fait intervenir les notions dinnovation et de

    crativit. Le troisime de ces moyens concerne le fait

    que les politiques doivent poser les bonnes questions et

    dfinir correctement les enjeux, parce quil importe que

    nous comprenions les situations et que les politiques

    jouent un rle de tout premier plan dans notre systme

    de conduite des affaires publiques.

    Analyse du contexteLe premier de mes moyens daction est lanalyse du

    contexte. Jappelle les organisations concernes les

    entits chercheuses , une dsignation inspire de mon

    observation de ce qui se passe dans lUnion europenne,

    ainsi que dune formule utilise par le prsident dune

    importante socit de haute technologie amricaine

    durant un discours auquel jai assist il y a quelques

    annes. Ce dernier expliquait que son entreprise

    choisissait quelques-uns de ses clients (de taille

    diffrente et travaillant dans des secteurs diffrents)

    qui utilisaient des procds la fine pointe de la

    technologie. En examinant attentivement ces entreprises

    (par lentremise dune personne assez proche pour bien

    en comprendre les besoins), sa socit pouvait suivre au

    jour le jour lvolution des besoins pour de nouveaux

    produits et mettre ces produits sur le march avant la

    concurrence. Il appelait ces entreprises ses clients

    phares . Je men suis inspire pour crer lexpression

    entits chercheuses , que jutilise pour dsigner les

    organisations qui analysent les contextes, recueillent desrenseignements, dfinissent les enjeux et tablissent leurs

    rpercussions sociales, puis font part des rsultats de

    leurs analyses et de leurs observations la socit et

    ses leaders.

    Jai trouv deux exemples intressants d entits

    chercheuses : le Nuffield Trust, au Royaume-Uni16, et

    le Conseil scientifique de la politique gouvernementale

    des Pays-Bas17. Le premier un organisme tabli en

    1940 pour participer la conduite des affaires

    publiques, mais qui ne fait pas partie de ladministration

    gouvernementale intervient dans le secteur de la sant.

    Son rle consiste analyser les recherches fondes sur

    lexprience menes dans le secteur de la sant, cerner

    les nouveaux enjeux et communiquer linformation

    (pour linstant, au moyen de forums sur Internet et dun

    bulletin de trois pages au premier ministre, qui est rendu

    public). Lorganisme dploie des efforts considrables

    pour tablir les nouveaux enjeux politiques dintrt

    public qui se posent dans le secteur de la sant, au

    Royaume-Uni, soumettre les rsultats aux discussions au

    moyen dInternet, puis communiquer linformation. Ces

    temps-ci, lorganisme sintresse particulirement un

    dossier quil estime trs important, savoir ltat de

    sant relativement mauvais des travailleurs de la sant

    du Royaume-Uni par rapport celui de lensemble de la

    population du pays. Autre exemple dentit chercheuse,

    le Conseil scientifique de la politique gouvernementale

    des Pays-Bas, qui rend compte au premier ministre du

    pays, mais qui prsente ses rapports lautorit

    lgislative. Un de ses rapports les plus rcents, intitul

    Les gouvernements en perte de vitesse : examen des

    consquences administratives des technologies

    de linformation et des communications, traite des

    effets de la technologie et des communications sur

    les gouvernements.

    Les socits ont besoin de ce genre dorganismes

    dans lesquels elles peuvent avoir confiance. Ces

    organismes ont, quant eux, besoin dun soutien

    constant, dun accs aux leaders en temps utile ainsi

    que de moyens dtablir un dialogue avec les citoyens.

    Comme ils font partie du systme de conduite des

    affaires publiques, il peut aussi tre ncessaire

    quils conservent une certaine indpendance par

    rapport au gouvernement.Au Canada, il existe aussi des organisations comme

    les Rseaux canadiens de recherche en politiques

    publiques de Judith Maxwell qui pourraient devenir des

    entits chercheuses. Dailleurs, Mme Maxwell a dj

    exprim des ides allant dans ce sens. Nous devons tout

    de mme rflchir la forme que pourraient prendre ces

    entits au Canada, voir sil en existe dj (mme sous

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    L e s c r i t r e s d e l a b o n n e g o u v e r n a n c e

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    forme embryonnaire) et nous demander comment nous

    pourrions en assurer ltablissement et la croissance.

    Innovation institutionnelle fondesur les rseauxLe deuxime de mes moyens daction est linnovation

    institutionnelle fonde sur les rseaux. Il sagit en

    loccurrence dinstitutions qui soccupent de la

    conception, de ltablissement et du dveloppement des

    capacits des rseaux, plutt que de la direction directe

    des rseaux. Elles font appel aux spcialistes en la matire

    du monde entier pour les aider apporter rapidement des

    solutions acceptables, judicieuses et point nomm aux

    problmes auxquels elles font face. Lorganisme de

    dpistage des drogues de lUnion europenne (dont le

    sige est au Royaume-Uni)18 et la Commission dHelsinki

    pour la protection de lenvironnement marin de la mer

    Baltique19 sont deux exemples dinstitutions de ce genre.

    Lune et lautre soccupent de concevoir, dtablir et de

    dvelopper la capacit des rseaux, plutt que de les

    diriger elles-mmes.

    Ainsi, le directeur de lorganisme de dpistage des

    drogues de lUnion europenne, plutt que de diriger

    son propre rseau de spcialistes, a tabli un rseau

    dont font partie les organismes de dpistage des

    drogues des pays de lUnion europenne et dautres

    pays comme les tats-Unis et le Canada. Lorsquil faut

    prendre des dcisions concernant des drogues, le

    directeur utilise des listes de travailleurs scientifiques,

    qui jouissent tous dun certain crdit sur le plan

    scientifique auprs des membres du rseau. Ainsi, la

    qualit, lopportunit et la fiabilit scientifique des

    interventions sont assures. De plus, comme il sagit

    dun rseau dorganismes de dpistage des drogues, qui

    ne peut tre considr comme tant en concurrence

    avec lun ou lautre des organismes concerns, ces

    derniers semblent tous accepter les travaux que ralisele rseau. Pour diriger une organisation de ce genre, il

    faut des comptences en gestion diffrentes de celles

    requises pour diriger mme efficacement une

    organisation dune faon plus traditionnelle.

    La Commission pour la protection de lenvironne-

    ment marin de la mer Baltique a, quant elle, t tablie

    pour soccuper des problmes lis lenvironnement de

    la mer Baltique. Tous les pays du littoral de la mer

    Baltique y sont reprsents. Chaque pays a le pouvoir

    dagir, mais la Commission, en tant quorganisme de

    gestion publique (et non pas que gouvernement), fournit

    moyens et soutien lensemble des pays membres, afin

    quils puissent, en tant que rseau, acqurir la capacit

    de sattaquer aux problmes qui relvent de la

    responsabilit de la Commission. On aurait pu, bien sr,

    tablir une structure plus traditionnelle pour remplir le

    mme mandat.

    De telles innovations de la part des institutions

    exigent une nouvelle mentalit; un nouveau potentiel

    de gestion, la permission dessayer de mettre

    systmatiquement en commun lapprentissage ainsi que

    le mandat ncessaire (autrement dit, le soutien requis).

    Au Canada, trois exemples intressants dinitiatives

    axes sur linnovation viennent lesprit. La premire est

    quipe Canada Inc., qui se caractrise par son intgration

    et son accessibilit. La deuxime est une initiative

    denvergure limite, mais non moins importante, dans le

    domaine de la cartographie (donnes gospatiales). La

    troisime est la proposition du Centre dtudes en

    gouvernance de lUniversit dOttawa concernant le

    projet huit municipalits/une ville , visant assurer

    une meilleure conduite des affaires publiques dans

    lagglomration dOttawa.

    Intervention de la classe politiquepour aider comprendreMon troisime moyen daction est lintervention des

    politiciens pour aider comprendre, en posant les

    questions pertinentes et en dfinissant correctement les

    enjeux. Dans notre monde agit, marqu par la

    mondialisation asymtrique, il semble que lessentiel soit

    de savoir et de comprendre, do limportance de poser

    les questions pertinentes et de bien circonscrire les

    enjeux (synthse et analyse). Et si nous voulonsreprendre en main le contrle de notre socit, nous

    avons besoin de politiciens capables de le faire. Nous

    avons aussi besoin dun vocabulaire commun, qui nous

    permettra de participer aux dbats en vue den arriver

    aux invitables compromis entre les valeurs divergentes.

    Nous lisons les politiciens pour quils jouent un

    important rle de mdiation dans latteinte de ces

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    compromis. Or, cest en posant des questions pertinentes

    et en dfinissant clairement les enjeux que nous

    pourrons tablir ce vocabulaire commun. Les politiques

    doivent utiliser ce vocabulaire dans lexercice du pouvoir

    dont nous les avons investis. Ils peuvent aussi (comme,

    en gnral, tous les leaders) nous aider comprendre les

    enjeux associs aux diffrents dossiers et domaines.

    Inversement, sils ne sont pas en mesure de sacquitter de

    cette responsabilit, les politiciens ne pourront pas servir

    comme il se doit les intrts de la socit canadienne

    face lincertitude.

    Il est important dexaminer lincidence de ce qui est

    propos sur nos institutions et nos processus politiques,

    sur la faon dont nous choisissons les politiciens ainsi

    que sur les moyens mis la disposition de ceux-ci et de

    leurs conseillers professionnels pour sacquitter de leurs

    fonctions. Pour que les politiciens puissent nous aider

    comprendre, il faut dabord quils comprennent eux-

    mmes. Cest l une question qui mrite quon lexamine

    dun peu plus prs.

    Dans certains cas, des ministres de pays membres

    de lUnion europenne se runissent pour conclure des

    accords dans leurs sphres de responsabilit communes,

    sachant que sils ne le font pas, les reprsentants (non

    lus) de lUnion, Bruxelles, le feront leur place. Ces

    derniers estiment quil leur appartient dassurer la

    mdiation entre les citoyens de leurs propres pays et les

    besoins de la collectivit de lUnion. Pour assumer ce

    rle, ils apprennent poser les questions pertinentes et

    dfinir clairement les enjeux. Ainsi, ils aident leurs

    citoyens comprendre et prendre des dcisions. Chez

    nous, le G-20 et Un Canada branch sont de bons

    exemples de ce genre dinitiatives. Malheureusement, les

    politiques de nombreux pays ont laiss chapper

    loccasion de mettre en pratique ce genre dhabilits aux

    pourparlers de lOrganisation mondiale du commerce

    qui ont eu lieu Seattle, en 1999. Au Canada, nousdevons nous demander comment nous pourrions

    appliquer ce genre de dmarche plus efficacement et

    plus souvent.

    Les facteurs permettant de mesurer ce critre

    concernant les trois moyens daction seraient,

    notamment, ltendue et lutilisation de ces moyens ainsi

    que la mesure dans laquelle leur utilisation donne les

    rsultats souhaits, cest--dire amliorer la prise de

    dcisions (qualit, opportunit, acceptabilit).

    Les questions qui se posent au Canada concernent

    la dcouverte des principaux obstacles lutilisation des

    moyens daction en question et la recherche de moyens

    pour sy attaquer.

    Il importe de rtablir sanstarder une saine conduite desaffaires publiques au CanadaOn ma affirm que tout rgime de saine conduite des

    affaires publiques devra tenir compte dun certain

    nombre de proccupations essentielles pour les

    Canadiens : la capacit (linfluence de ltat-nation), la

    comptence (de nous tous), lintgrit (de ceux que nous

    avons choisis pour nous diriger) de mme que

    linformation et la comprhension (afin de ne pas

    tre dphass par rapport ce qui se passe). Je crois

    que le rgime que je propose rpond toutes

    ces proccupations.

    Les lments de lart de la rforme sont varis et

    abstraits, et il faudra des annes, et plus probablement

    des dcennies, avant quon apporte toutes les

    amliorations requises. Qui plus est, les ides qui sont

    parfaitement senses aujourdhui ne le seront peut-tre

    plus demain. Le Canada ne sera pas en mesure, en

    agissant seul, damliorer les choses lchelle mondiale.

    Les concepts en cause se rattachent la philosophie, la

    science politique, la thorie de lorganisation de mme

    qu certains aspects des capacits et des comportements

    humains, et ils exigent quon y rflchisse en profondeur,

    notamment pour en comprendre les consquences dans

    la vie quotidienne. Certains et peut-tre mme

    beaucoup diront que tout cela est trop abstrait, trop

    peu raliste, que cest folie de perdre son temps

    rflchir ce genre de choses. Je crois malgr tout quenous avons le devoir dessayer. Comme les choses

    voluent, il y a aussi des consquences ne rien faire. Si

    nous essayons, nous chouerons peut-tre dans notre

    tentative damliorer la conduite des affaires publiques,

    mais ce qui est certain, cest que si nous nessayons pas,

    nous namliorerons rien. Je ne prescris pas les moyens

    prendre pour assurer une saine conduite des affaires

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    publiques. Jen serais dailleurs incapable. La tche est

    monumentale et elle exige la participation dun grand

    nombre de personnes, notamment de spcialistes et

    autres intervenants concerns.

    La bonne gouvernance, savoir une conduite de

    haute qualit des affaires publiques, est importante au

    Canada et partout ailleurs dans le monde. Dans le monde

    agit daujourdhui, face la mondialisation asymtrique,

    la saine gestion des affaires publiques au Canada au

    cours des vingt ou trente prochaines annes est une

    gestion dmocratique, axe sur lvolution et

    lapprentissage, pense et applique en tenant compte

    du facteur humain, et sappuyant sur une dmarche

    globale , fonde sur les valeurs et une ouverture

    mondiale (y compris les valeurs qui dpassent les

    frontires et rapprochent tous les tre humains).

    Le statu quo nest pas une solution. Il faut penser

    diffremment. Cest sur cette ide que sappuie lart de la

    rforme, qui nous fournit sept critres pour mesurer les

    progrs raliss ainsi que trois moyens daction mettre

    en uvre ds maintenant.

    Je crois que nous allons probablement survivre de

    toute faon, je veux dire mme sans lart de la rforme.

    Mais quel prix? Voulons-nous btir nous-mmes notre

    avenir (malgr les difficults et les risques que cela

    implique) ou voulons-nous que dautres, ailleurs, le

    fassent pour nous? Quel prix sommes-nous prts payer

    (en personnes qui se sentent marginalises au Canada et

    pour bien des gnrations encore et bien dautres cots,

    dont certains seraient irrversibles) parce que nous

    refusons dessayer?

    Jespre avoir russi jeter un nouvel clairage sur

    des enjeux importants pour le pays et la fonction

    publique canadienne et plus particulirement sur la

    question de la conduite des affaires publiques , en

    mappuyant sur le contexte institutionnel de la

    Commission de la fonction publique et en suivant la voie

    trace par John Carson.

    Notes

    1. Dans le cadre de sa recherche intitule RethinkingGovernment V (1999), Ekos Research Associates a tabli unetopologie de la population canadienne la fois clairante et

    alarmante. Ekos sest servi de diverses mthodes pour grouper lesopinions tmoignant des caractristiques et des opinionscourantes des Canadiens, tablissant ainsi un cadre danalyse decertaines des divergences fondamentales dopinions de cesderniers concernant le rle du gouvernement. Les rsultats de ceclassement sont prsents sous forme de graphique et analyss defaon sommaire dans le rapport de recherche. Les principauxpoints qui ressortent de cette analyse sont les suivants :

    Il existe dimportantes divergences dopinions entre les nantis(favoriss du point de vue conomique et de lducation) etles dmunis.

    Prs du quart des Canadiens sont inquiets etmcontents/dsengags (21 p. 100). Ils nont plus confiance dansles gouvernements. De plus, 13 p. 100 des personnes interrogesse sentaient rejetes et dconnectes/alines. Ce groupe sedistingue des autres par un soutien moindre lgard des valeurset un moins grand sentiment dappartenance leur monde, leurpays, leur province et leur origine ancestrale. On y trouve aussiune plus grande proportion de jeunes (de 16 24 ans).

    Plus du quart (28 p. 100) des personnes interroges voientdans le gouvernement une source de salut et font plus que les autresgroupes de laction politique, particulirement dans le domaine social.

    Une proportion importante de Canadiens semblent soitdsengags ou alins soit dconnects par rapport augouvernement, et il est trs probable quils aient perdu tout intrtdans la conduite des affaires publiques. Ils ont peur de la socit

    dominante canadienne et se sentent marginaliss par elle. Unpourcentage tout aussi important de citoyens continuent demettre tous leurs espoirs dans le gouvernement (ou le systme de

    conduite des affaires publiques), mais ils le font un peu contrecur et sans grande conviction. Quelles sont les chancesque nimporte quel systme de conduite des affaires publiques auCanada puisse continuer de rpondre leurs besoins dans labourrasque de changements laquelle tous les pays font face? Cestrois groupes reprsentent ensemble plus de 60 p. 100 desopinions exprimes. Ce serait une tche norme que dessayer delutter contre un tel courant dopinion.

    2. Je me fonde sur la dfinition propose par Steven Rosell, selonqui la gouvernance est le processus par lequel une organisationou une socit se dirige (S.A. Rosell, d., Gouverner dans une

    socit de linformation, Institut de recherche en politiquespubliques, Montral, 1992). Il est utile dajouter cette dfinitionde base les ides de mouvement (volution dans le temps) et dediffrence socitale. Comme lexplique Gilles Paquet, leprocessus est complexe et il change, mais il sarticule autour de ladynamique de la communication et du contrle (...) si bien queles modles de gouvernance varient (dune socit lautre) .(G. Paquet, Governance Through Social Learning, UniversitdOttawa, Ottawa, 1999.)

    3. Je me suis inspire ici dun excellent document de base sur ladmocratie : David Held, Models of Democracy, 2e dition,Stanford University Press, Standord (Californie), 1996. Lesdescriptions de lvolution des ides au sujet de la dmocratie etdes diffrents modles de dmocraties, qui y sont trs clairementexposes, mont t extrmement utiles.

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    4. Dans son ouvrage prcurseur, The Capacity to Govern: Report tothe Club of Rome, Barcelona, Circulo de Lectores, 1994. Droraffirme ce qui suit : Il est extrmement tonnant quon seproccupe actuellement aussi peu damliorer les moyens quontles gouvernements dinfluer sur les tendances futures, paropposition aux rformes axes sur les conomies, lefficience, lerapprochement des citoyens, la dmocratie participative et ainside suite. On crit abondamment sur les problmes auxquels nousfaisons face laube du vingt et unime sicle et on organise unefoule de confrences, de runions, de sminaires et autresactivits consacrs aux faons de sy attaquer. On discutebeaucoup de la ncessit de changer le systme mondial degouvernance, par exemple dans le contexte de lUnioneuropenne. Cependant, de trs rares exceptions prs, ilmanque un lment crucial, savoir comment donner aux tats-nations qui continuent de jouer des rles essentiels, notammentdans la dfinition dun systme de conduite des affaires publiquessupranational et mondial les moyens dexcuter les tchesnouvelles et exigeantes qui orienteront lvolution de leurssocits et de toute lhumanit, autrement dit qui faonnerontlavenir .

    5. Ibid.6. Le Groupe des 20 est un nouveau groupe de vingt pays et

    organisations internationales qui coordonnera les efforts dployspar les pays industriels et en dveloppement pour formuler etmettre en uvre des rformes financires globales. Les membresdu G-20 sont lArgentine, lAustralie, le Brsil, le Canada, la Chine,la France, lAllemagne, lInde, lItalie, le Mexique, la Russie,lArabie saoudite, lAfrique du Sud, la Core du Sud, la Turquie,la Grande-Bretagne, les tats-Unis, lUnion europenne, le Fondsmontaire international et la Banque mondiale (daprs TermiumPlus, le 21 fvrier 2000).

    7. On trouvera de solides arguments lappui de la ncessit dedonner en priorit des pouvoirs la population dans le documentaussi convaincant que facile lire publi en septembre 1999 parla Fondation du Commonwealth et CIVICUS sous le titre :

    Citizens and Governance: Civil Society in the New Millennium.On y dcrit les besoins et les attentes de citoyens ordinaires, decertains de leurs dirigeants et de citoyens occupant des postesdautorit au sein du Commonwealth, qui ont t invits donnerleur opinion au sujet de ce quest une bonne socit, des rlesque les citoyens, les institutions politiques et les autres secteurssont les mieux en mesure de jouer ainsi que de ce qui permettraitaux citoyens de jouer leurs rles le plus efficacement. Les attentesexprimes par les personnes interroges peuvent tre classes entrois catgories : les besoins fondamentaux, lassociation despersonnes et la participation. Chaque catgorie constitue unebase essentielle pour la suivante. On peut consulter le document

    ladresse suivante : www.commonwealthfoundation.com/information/infosheet23.html (consult le 25 avril 2000).

    8. Benjamin R. Barber, Democracy at Risk: American Culture in aGlobal Culture , World Policy JournalXV, 2 (t 1998).

    9. Ces questions ont t poses dans le cadre dune sance dediscussion sur la conduite des affaires publiques organise parlInstitut sur la gouvernance, qui a son sige Ottawa, la fin de1999, Hull (Qubec).

    10. Russell L. Ackoff, Recreating the Corporation: A Design ofOrganizations for the 21stCentury, New York, Oxford UniversityPress, 1999.

    11. Peter Drucker, tel que mentionn par Ackoff, ibid.12. LInstitut europen de ladministration publique, qui a son sige

    Maastricht, est une organisation internationale sans but lucratif, dontle financement est assur par les administrations nationales des paysmembres de lUnion europenne et de la Commission europenne.On peut obtenir plus de renseignements en consultant le site delInstitut (www.eipa.nl consult le 15 fvrier 2000) ou en luicrivant (adresse lectronique : eipa-nl.com).

    13. Ackoff,Recreating the Corporation, 1999.14. Les Metcalfe et Sue Richards, Improving Public Management,

    2e d., Maastricht (Pays-Bas), Institut europen de ladministrationpublique, 1990.

    15. Frederick Emery et E.L. Trist, The Causal Texture ofOrganizational Environments , Human Relations 18, 1 (1965),p. 21-32.

    16. The Nuffield Trust for Research and Policy Studies in Health,59 New Cavendish St., Londres (Royaume-Uni), W1M 7RD (siteWeb en voie dlaboration, fvrier 2000).

    17. On trouvera une histoire de cette intressante organisation dansla publication anniversaire du Conseil scientifique de la politiquegouvernementale (WRR 1999) intitule Wise before the Event.

    18. LAgence europenne pour lvaluation des mdicaments a tcre en 1993. Elle a son sige Londres. Cette organisation enrseau est le centre de coordination du systme europen.On trouvera de plus amples renseignements en consultant

    le site de lorganisation : www.eudra.org/emea.html (consultle 10 fvrier 2000).

    19. La Commission pour la protection de lenvironnement marin dela mer Baltique (la Commission dHelsinki) est lorganisme chargde faire appliquer la (nouvelle) Convention sur la protection dumilieu marin dans la zone de la mer Baltique signe en 1992 partous les pays du littoral de la mer Baltique et par la Communautconomique europenne. On trouvera plus de renseignementsen consultant le site de lorganisme : www.helcom.fi (au10 fvrier 2000, on ny trouvait quun organigramme).

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