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Les Défis de l'Aménagement du Territoire en Guadeloupe : entre Mitage et Reconquête des Centres Bourg

Extrait du Les notes économiques du LEAD et du Crédit Agricole Mutuel de Guadeloupe

http://www.lead-eco.com/spip.php?article72

Les Défis de l'Aménagement

du Territoire en Guadeloupe :

entre Mitage et Reconquête

des Centres Bourg- Les numéros - Numéros - Vol.1, N°1 | Premier semestre 2010 -

Date de mise en ligne : vendredi 3 février 2012

Les notes économiques du LEAD et du Crédit Agricole Mutuel de Guadeloupe

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Les Défis de l'Aménagement du Territoire en Guadeloupe : entre Mitage et Reconquête des Centres Bourg

Auteur : Frantz COGNET

Confronté à une longue histoire « destructrice » et à la recherche d'une reconnaissance sociale, l'homo erectusguadeloupéen, dans sa grande majorité, aspire depuis une vingtaine d'années à posséder sa belle (grande) maisonindividuelle. Cette caricature à laquelle on pourrait aussi ajouter sa « grosse voiture » peut sembler réductrice, maiselle résume à elle seule la révolution à laquelle nous devrons faire face dans les 15-20 prochaines années. Àl'horizon 2030, nous serons plus de 550 000 habitants (prévision INSEE) sur un territoire de près de 1704km2 (densité de 256 h/km2 en 2009). Habiter de nos jours dans un immeuble, qui plus est, en centre ville et sedéplacer en transport collectif peut être assimilé à un échec social ou à une forme de « renoncement social » aumodèle décrit plus haut. Ce modèle, loin d'être une tare dans des territoires comparables à la France, auxEtats-Unis ou même encore plus proche de nous, à la Guyane française, doit tout de même nous amener à nousquestionner quant à sa pérennité sur une île exigüe, non-extensible et où se posent déjà de graves problèmesd'aménagement du territoire : Une énorme demande en logements face à des bourgs, des centres ville qui sedésertifient, le tout sur fond de précarité d'une large part de la population (70% de la population guadeloupéenne estéligible au logement social) et enfin un foncier inaccessible au citoyen lambda. Nous voici donc face à un véritabledéfi de société que les derniers évènements qu'a connus la Guadeloupe n'ont pas manqué de mettre en exergue.Loin de sombrer dans un pessimisme inéluctable, la Guadeloupe possède tout de même de solides atouts et desniches à explorer afin de bâtir un véritable projet économique et urbain de territoire.

Ce projet qui devra tout d'abord s'appuyer sur l'arrêt du mitage du territoire, véritable fléau urbain de notre île, enpartant parallèlement, à la reconquête des centres bourg et centre-ville où il existe, outre des difficultésopérationnelles, des capacités insoupçonnées d'aménagement.

Le mitage se caractérise par l'atomisation de l'habitat hors des zones aménagées. Ce phénomène a rendu diffus,peu lisible les équipements et aménagements tout en affaiblissant les ressources de nos collectivités. Il résulte de lavolonté de nos populations, même pour les foyers modestes, d'accéder au rêve : la maison individuelle ; celle-ci seconstruit au fil des ressources des ménages, au gré des « coups de main » et souvent sur un foncier où règnel'indivision. Le mitage n'a pas permis, durant La reconquête des bourgs et centre-ville de longues années, auxcollectivités d'intégrer ce type d'habitat dans l'assiette fiscale des communes. Il est aussi dévoreur d'espaces, créedes ruptures sur l'homogénéité des terres agricoles et ne permet pas une modernisation satisfaisante desinfrastructures telles que l'électrification, l'assainissement et la voirie. La faiblesse des moyens des transportscollectifs dans ces zones encourage aussi le « tout voiture ». Mettre fin à cette dérive, c'est redonner auxcollectivités, en partie, la maîtrise de leur aménagement, mais c'est aussi les exposer à l'incompréhension de leursadministrés qui exercent sur eux, à l'approche d'échéances, des pressions non négligeables. Mettre fin à ces formesd'individualisme, c'est le travail pédagogique que les experts, élus et autres responsables doivent se fixer commeprincipal objectif. La relève des défis comme le tri sélectif des déchets et la modernisation des infrastructures, passepar l'arrêt définitif du mitage. Les collectivités possèdent un outil, appelé le PLU (Plan Local d'Urbanisme), quiremplace le POS (Plan d'Occupation des Sols) et qui doit permettre aux élus d'harmoniser le développement de leurterritoire et de mettre fin au développement anarchique de leur commune. Le PLU, dans son élaboration, est soumisà une enquête publique. Ce dispositif, pourtant très courant, est très souvent négligé par les différentes parties ; il estcependant l'occasion pour les élus et les techniciens d'échanger avec les administrés et de développer une forme dedialogue pédagogique permettant de les associer à son élaboration (démocratie participative).

La reconquête des bourgs et centre-ville pourrait constituer une réponse majeure au problème du mitage et à latrès forte demande de logements en offrant de nouvelles opportunités d'habitats ainsi qu'un développementéconomique tourné vers les services. Depuis plusieurs années tous les spécialistes s'accordent à dire que les

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centres bourgs doivent être reconquis, que ceux-ci se meurent et qu'ils représentent plusieurs hectares de terrains àconstruire. Le peu d'engouement qu'ont les guadeloupéens depuis plusieurs décennies pour leurs centres urbainsrésulte du fait qu'ils ont tout simplement perdu leur attractivité : les collectivités les ont délaissés, les commerces ontdonc périclité, les équipements ne sont plus à la hauteur de leurs attentes et les conditions d'habitat et de sécuritéinsuffisantes. Nos bourgs (y compris le centre ville de Pointe-à-Pitre) sont caractérisés par les fameuses « dentscreuses » et les bâtiments abandonnés du fait de l'indivision. Pour offrir à un opérateur la possibilité d'investir danssa commune, un maire est souvent démuni tant en terme législatif qu'en termes de moyens : il n'a souvent pas lesmoyens de faire valoir son droit de préemption et n'en possède guère plus pour régler les problèmes d'indivision. LesRHI (Résorption de l'Habitat Insalubre), dont les délais de réalisation sont souvent interminables du fait desprocédures longues et délicates et les OPAH (Opération Programmée d'Amélioration de l'Habitat), qui permettentd'aider à la rénovation de l'habitat dans les centres urbains, ne s'adressent qu'à des propriétaires dûment reconnus ;ces deux dispositifs d'aménagement illustrent de manière remarquable ces difficultés.

Il ne faudrait surtout pas que l'offre de logements dans les bourgs se cantonne à du logement social, d'une partparce que ce type d'opérations qui doit répondre à des réglementations d'urbanisme plus contraignantes est plusonéreuses et d'autre part parce que ça ferait que paupériser un peu plus les bourgs de la Guadeloupe. Il existepourtant des outils tels que le FRAFU (Fond Régional d'Aménagement du Foncier Urbain) qui subventionnent lessurcoûts des projets dans les centres bourg ; la mobilisation de ces fonds s'est malheureusement concentrée sur lesprojets actuels de rénovation urbaine des Abymes et de Pointe-à-Pitre. Les autres communes du département setrouvent donc privées de ces aides pour quelques années.

Les centres bourg pourraient, dans le futur, bénéficier de la convergence avec un autre défi qu'est le vieillissementde la population guadeloupéenne : en 2030, la Guadeloupe comptera plus de 33% de personnes âgées de plusde 60 ans contre à peine 18% aujourd'hui. Seuls les centres bourg qui, par la proximité avec les différentsservices, l'accès rapide aux soins et l'offre de divertissements et loisirs peuvent répondre aux exigences despopulations seniors. Ces bourgs devront alors lancer des travaux d'adaptation de tous les équipements et voiries à lamobilité réduite de cette nouvelle population. Inciter des opérateurs privés à intégrer dans le tissu urbain des bourgsdes logements intergénérationnels afin de créer de la mixité sociale et enfin former les populations riveraines auxnouveaux métiers de service.

Nombreuses sont les recommandations du Schéma d'Aménagement Régional de décembre 2008, qui convergentavec les points développés plus haut. Mettre fin au mitage des zones rurales en pérennisant et en consolidantl'existant ; reconquérir les bourgs des communes par la résorption des dents creuses, le règlement des problèmesd'indivisions et offrir des opportunités à de nouveaux acteurs.

Néanmoins, le SAR omet d'expliciter les deux leviers incontournables d'un aménagement du territoire : celui de lavolonté politique et celui des outils. À ce jour, il n'existe ni l'un ni l'autre. La volonté politique : les divergences entreles orientations précises du SAR opposables aux tiers et au PLU et la volonté du maire de garder le contrôle del'aménagement de sa commune montrent bien les limites d'un système qui perdurera tant que l'intercommunalité nesera pas généralisée en Guadeloupe et que les maires n'auront pas renoncé à certaines de leurs prérogatives. Ilsera alors difficile de définir une véritable orientation politique (l'échec de la session de présentation du SAR aucongrès de décembre 2008 en est une illustration). Par ailleurs, les outils manquent pour une politiqued'aménagement ambitieuse ; elle passe par la présence de véritables intercommunalités mobilisant un aménageurunique ayant les ressources opérationnelles requises. Intégrer au sein de cet aménageur une agence du littorale negérant pas uniquement la zone des « 50 pas » comme c'est le cas aujourd'hui. Un SAR ambitieux, une volontépolitique convergente et l'arrêt de la démultiplication des acteurs de l'aménagement du territoire, tel serait à mon avisl'une des clefs de la réussite d'un véritable Projet Guadeloupéen.

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