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Bulletin des grands singes d’Afrique Les dernières nouvelles du Programme du WWF pour les grands singes d'Afrique © WWF / PJ Stephenson Numéro 1 – janvier 2005

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Bulletin des grands singes d’Afrique

Les dernières nouvelles du Programme du WWF pour les grands singes d'Afrique

© WWF / PJ Stephenson

Numéro 1 – janvier 2005

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Photographie de couverture : équipe du projet de la Wildlife Conservation Society en train de marquer un nid de gorilles de Cross River dans le sanctuaire de gorilles dont la création est suggérée à Kagwene, Mbulu Hills, Cameroun (cf. récit en page 7). Ce Bulletin des grands singes d’Afrique a été édité par PJ Stephenson. Le contenu a été compilé par PJ Stephenson et Alison Wilson. Le Bulletin des grands singes d’Afrique diffuse des informations récentes sur les activités de conservation financées par le Programme du WWF pour les grands singes d’Afrique. Il s’adresse au personnel et aux partenaires du WWF, à savoir les gouvernements des États de l’aire de répartition, les organisations non gouvernementales nationales et internationales et les donateurs. Ce bulletin est publié au moins une fois par an. Version originale publié en janvier 2005 par le WWF - Fonds Mondial pour la Nature, CH-1196, Gland, Suisse. Version française publiée en avril 2005. Traduction : Héloïse E. Gori Cabakovic Toute reproduction partielle ou complète de la présente publication doit en mentionner le titre et indiquer que l’éditeur susmentionné est le détenteur des droits d’auteur s’y rapportant. Aucune photographie de la présente publication ne peut être reproduite sur Internet sans l’autorisation préalable du WWF. Le contenu et les désignations géographiques figurant dans le présent rapport n’impliquent aucune prise de position de la part du WWF quant au statut juridique de quelque pays, territoire ou zone que ce soit ni quant à la délimitation de ses frontières ou limites géographiques. © texte 2005 WWF Tous droits réservés En 2002, le WWF a lancé un nouveau Programme pour les grands singes d’Afrique afin de faire face aux menaces qui pèsent sur les chimpanzés, les bonobos et les gorilles occidentaux et orientaux. Se basant sur plus de 40 ans d’expérience dans la conservation des grands singes, la nouvelle initiative du WWF a pour objectif de proposer des interventions stratégiques sur le terrain en vue de contribuer à assurer la survie de ces espèces menacées. Le but à long terme du Programme pour les grands singes d’Afrique est : La conservation de populations viables de toutes les espèces et sous-espèces de grands singes d’Afrique. Le travail du WWF est articulé autour de six objectifs : Objectif 1 (Protection et gestion) : Conserver des populations viables de grands singes d’Afrique grâce à une protection et une gestion plus efficaces. Objectif 2 (Soutien communautaire) : Accroître le soutien des communautés en faveur de la conservation des grands singes par le biais d’incitations et de mesures d’atténuation des conflits homme/singe. Objectif 3 (Politique) : Élaborer des politiques adéquates de conservation, des stratégies et des lois visant à mettre un terme au braconnage et aux pratiques d’exploitation forestière non durables. Objectif 4 (Renforcement des capacités) : Renforcer la capacité des États de l’aire de répartition à conserver et gérer les populations de grands singes. Objectif 5 (Commerce) : Freiner le commerce illicite national et international de grands singes et de produits dérivés des grands singes. Objectif 6 (Sensibilisation) : Sensibiliser à la conservation des grands singes d’Afrique. Pour plus de plus amples informations sur le Programme du WWF pour les grands singes d’Afrique, veuillez consulter notre site Web http://www.panda.org/africa/apes ou contacter : Dr Peter J. Stephenson Programme pour les grands singes d’Afrique WWF International, Avenue du Mont Blanc, CH 1196 Gland, Suisse Tél. : +41 22 364 9111 [email protected]

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SOMMAIRE 1 ÉDITORIAL 1 Il y a encore tant à faire pour les

grands singes d’Afrique ! 2 NOUVELLES DU TERRAIN 2 Tristes nouvelles pour le bonobo 3 Renforcement des activités pour

protéger le gorille de Grauer 5 Le nombre de gorilles de montagne

croît contre toute attente 7 Une initiative d’équipe pour sauver le

singe le plus rare d’Afrique 9 AU-DELÀ DU PROGRAMME POUR

LES GRANDS SINGES D’AFRIQUE 9 CITES 2004 – chemin parcouru en

matière de protection des grands singes et de lutte contre la viande de brousse

10 REMERCIEMENTS ÉDITORIAL Il y a encore tant à faire pour les grands singes d’Afrique ! Depuis la création du WWF en 1961, l’organisation mondiale de conservation œuvre en faveur de la protection des grands singes. En tant qu’espèce phare, les gorilles, chimpanzés, bonobos et orangs-outans donnent une impulsion majeure aux activités de conservation dans les écosystèmes forestiers qui les abritent. En 2002, le WWF a lancé un nouveau Programme pour les grands singes d’Afrique. Se basant sur plus de 40 ans d’expérience d’activités de conservation en matière de forêt tropicale et de grands singes, le nouveau programme ambitionne de répondre aux enjeux de la conservation des grands singes au XXIe siècle. Malgré 20 ans d’efforts des États de l’aire de répartition de l’espèce, du WWF et d’autres agences de conservation, l’avenir est encore bien incertain pour les singes d’Afrique. Chassés pour leur viande et pour être vendus, menacés par la fragmentation et la disparition de leur habitat, touchés par les maladies telles qu’Ébola et objet de conflits homme/singe, les singes sont toujours menacés et de nombreux scientifiques prévoient qu’ils disparaîtront pour de bon d’ici 20 à 50 ans. Le Programme du WWF pour les grands singes d’Afrique a pour but de soutenir les interventions stratégiques sur le terrain qui

contribuent à la conservation de toutes les sous-espèces : gorille de Cross River (Gorilla gorilla diehli), gorille de plaine occidental (Gorilla gorilla gorilla), gorille de plaine oriental ou gorille de Grauer (Gorilla beringei graueri), gorille de montagne (Gorilla beringei beringei), bonobo (Pan paniscus), chimpanzé oriental (Pan troglodytes schweinfurthii), chimpanzé central (Pan troglodytes troglodytes), chimpanzé du Nigeria (Pan troglodytes vellerosus), et chimpanzé occidental (Pan troglodytes verus). Le nouveau programme est d’actualité. La conservation des grands singes d’Afrique n’a jamais connu un tel essor. Les articles de cette première édition du Bulletin des grands singes d’Afrique montrent que les populations de singes d’Afrique connaissent des sorts mitigés. Même si les nouvelles des gorilles de montagne et de Grauer sont plutôt encourageantes, leur situation continue d’être fragile et de nécessiter notre attention. Les mauvaises nouvelles concernant les bonobos démontrent qu’aucune espèce de singe n’est entièrement hors de danger. Ce bulletin se concentre sur les activités financées directement par le Programme du WWF pour les grands singes d’Afrique. Néanmoins, il convient de noter que de nombreux autres projets du WWF dans les forêts d’Afrique contribuent également à conserver les grands singes et leur habitat. Dans son effort de conservation – qu’il soit directement financé par le Programme pour les grands singes d’Afrique ou non – le WWF continue de travailler en étroite collaboration avec les gouvernements nationaux, les ministères et départements concernés, ainsi qu’avec les communautés locales qui côtoient les singes. En outre, de nombreuses autres organisations internationales et nationales mènent des projets en faveur des singes et de leurs habitats, soutenus à leur tour par de nombreux donateurs. Nombre de ces agences travaillent sur les mêmes sites que le WWF. Si nous nous efforçons de répertorier les partenaires avec lesquels nous travaillons directement, il n’est pas toujours possible d’indiquer toutes les agences protégeant une certaine espèce ou son habitat. Néanmoins, nous saluons le travail et la présence de ces autres partenaires et espérons qu’ensemble, unis autour d’une même cause, nous pourrons faire la différence et empêcher l’extinction des grands singes d’Afrique.

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Pour conclure – « qu’en est-il des orangs-outans ? » me direz-vous. Et bien, ce bulletin cible les grands singes d’Afrique, mais les programmes du WWF en Indonésie et en Malaisie continuent d’œuvrer pour la conservation du « vieil homme de la jungle ». Vous trouverez des informations sur le travail du WWF en faveur de l’orang-outan sur : http://www.panda.org/species/orangutan PJ Stephenson, Gland, Suisse 14 janvier 2005 NOUVELLES DU TERRAIN Tristes nouvelles pour le bonobo Les bonobos ou chimpanzés pygmées – sans doute nos plus proches parents – ont été chassés tant et si bien que la survie de l’espèce pourrait bien être compromise. Le bonobo vit en République démocratique du Congo (RDC), au coeur de la forêt du Bassin du Congo. Sa population est moins étendue et moins étudiée que celle de son cousin le chimpanzé. Selon les estimations des scientifiques, la population de bonobos compterait quelque 50 000 individus. Cependant, les résultats provisoires de la première étude systématique menée sur un bastion de bonobos connu, indiquent que leur nombre aurait été surestimé.

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Salonga, un site du patrimoine mondial de 36 000 km2 (environs la moitié des Pays-Bas), est le seul parc national situé dans l’aire de répartition du bonobo. Il a été créé en 1970 spécialement pour la sauvegarde du bonobo. En 2002-2003, un recensement a été effectué dans le parc national de Salonga par l’Institut congolais de conservation de la nature (ICCN) et la Wildlife Conservation Society, avec la participation du Programme du WWF pour les grands singes d’Afrique et d’autres donateurs tel que le US Fish & Wildlife Service. Le recensement faisait partie du programme CITES1 de Suivi de l’abattage illicite d’éléphants (Monitoring the Illegal Killing of

1 Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction

Elephants – MIKE), portant sur les éléphants comme sur les singes. Les premières données recueillies sur près d’un tiers du parc attestent d’une très faible population de bonobos. Aucun bonobo n’a été aperçu et la découverte de nids et d’excréments n’a été enregistrée que sur un quart de la surface recensée, à des densités moindres que celles observées auparavant dans des sites voisins. En revanche, on a recueilli de nombreuses preuves d’empiètement humain et de braconnage dans le parc. Les résultats complets de l’étude seront publiés début 2005 avec le rapport global MIKE sur l’Afrique centrale. Durant les longues années de guerre civile en RDC, il était devenu quasiment impossible pour l’ICCN de surveiller efficacement les parcs nationaux du pays. La recrudescence du braconnage par les milices armées et les communautés locales était inévitable. Néanmoins, la faune sauvage située en dehors des aires protégées a sans doute été davantage touchée par la chasse illicite. © Zoological Society of Milwaukee

Équipe du projet ZSM étudiant l’habitat du bonobo dans le Parc national de Salonga

En 2004, en réponse aux résultats inquiétants de l’étude, le Programme du WWF pour les grands singes d’Afrique a mis en place un projet de surveillance et de protection des populations de bonobo ayant survécu dans le secteur nord du parc national de Salonga. L’initiative fournit une formation et de l'

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équipement au personnel du parc et aux chercheurs, et soutient les opérations de lutte contre le braconnage menées à pied et en bateau afin de stopper la chasse illicite des espèces de singes menacées. Le projet est exécuté par l’ICCN et la Zoological Society de Milwaukee en partenariat avec le Programme Salonga Landscape du WWF. Dans le cadre du Programme Salonga Landscape (financé entre autres par le projet USAID/CARPE Congo Basin Forest Partnership et l’Union européenne), le WWF contribue aussi à la réhabilitation du Parc national de Salonga et au développement de l’infrastructure et des systèmes de gestion, longtemps négligés. En 2005, le WWF affectera un conseiller au parc de Salonga qui aura pour tâche de dispenser des conseils techniques à l’équipe dirigeante de l’ICCN et aux gardes du parc. « La guerre a eu des conséquences terribles pour les populations et la faune sauvage dans le Bassin du Congo » déclare Lisa Steel, coordinatrice du Programme Salonga Landscape du WWF. « Toutefois, à l’heure de la reconstruction sociale et économique de la République démocratique du Congo, il est possible d’œuvrer pour que la conservation de la forêt profite à la fois à la faune et aux communautés locales. »

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© WWF-Canon / Martin Harvey

Une femelle bonobo avec son petit

On espère que le soutien apporté par le WWF et les autres agences de conservation et de recherche aux activités de reconstruction menées par l’ICCN dans le parc Salonga contribueront à sauver les bonobos qui ont survécu. Le WWF, de concert avec les parties prenantes concernées, s’efforcera par ailleurs d’identifier des blocs de forêt abritant les populations restantes de bonobos en vue d’établir de nouveau parcs nationaux pour protéger cette espèce menacée. Pour de plus amples informations, consulter : http://www.panda.org/news_facts/newsroom/other_news/news.cfm?uNewsID=17054 ou contacter Lisa Steel, Coordinator, WWF Salonga Landscape Programme ([email protected]) Renforcement des activités pour protéger le gorille de Grauer Les gorilles de Grauer sont une des espèces prioritaires de singe à protéger en RDC La RDC abrite plus d’espèces et sous-espèces de grands singes que tout autre partie du globe. Pourtant, dans ce vaste pays marqué par une forte instabilité, peu d’endroits garantissent une protection efficace de la faune sauvage. Par conséquent, les gorilles, chimpanzés et bonobos continuent d’être une proie de choix pour les chasseurs et leur habitat est menacé de destruction (cf. récit précédent sur les bonobos). Les biologistes redoutent l’extinction des grands singes en RDC, ainsi que sur le reste du continent, dans les prochaines 20 années. Le gorille de Grauer (Gorilla beringei graueri), également connu sous le nom de gorille de plaine oriental, ne vit que dans les forêts tropicales humides de la partie orientale de la RDC. Ici, la guerre civile et l’instabilité politique ont entraîné le délaissement du réseau de parcs nationaux congolais. Aujourd’hui, la situation sécuritaire dans la région demeure très précaire. Cependant, le retrait des troupes rwandaises de l’est de la RDC en 2002 a favorisé le retour timide des agents de protection de la nature, impatients de s’attaquer aux problèmes ayant affecté les aires protégées. En septembre 2002, un événement extraordinaire a réuni les agents de protection

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de la nature et les biologistes de tout le pays pour préparer le premier plan national pour la sauvegarde des grands singes en RDC – ce fût l’une des toutes premières réunions nationales à avoir lieu en RDC depuis la fin de la guerre. Près de 200 experts congolais se sont joints à des experts internationaux de la conservation et des ministres dans la capitale Kinshasa pour un atelier de travail de trois jours, organisé par le Programme régional d’Afrique centrale pour le développement de l’environnement (Central Africa Regional Programme for the Environment - CARPE), initiative financée par USAID et tenue sous couvert du Projet pour la survie des grands singes (Great Ape Survival Project – GRASP) conduit par le PNUE et l’UNESCO. Plusieurs organisations non gouvernementales dont le WWF et le Fond international pour la protection des animaux (International Fund for Animal Welfare – IFAW), ont contribué au financement de la réunion. L’atelier de travail a donné lieu à quelques recommandations clés: la nécessité de recenser les zones peu connues afin d’identifier les endroits où survivent les grands singes; de réhabiliter les aires protégées telles que les parcs nationaux de Maiko et de Kahuzi-Biega qui sont des sanctuaires vitaux pour le gorille de Grauer et le chimpanzé oriental; et de renforcer les lois existantes sur la protection des grands singes. Les participants ont également demandé à faire appliquer des plans de développement en faveur des communautés locales côtoyant les grands singes. Redémarrage des activités de conservation Les activités de conservation avaient tout d’abord été suspendues du fait des hostilités qui avaient éclaté entre factions armées en bordure et à l’intérieur du Parc national de Kahuzi-Biega et qui avaient entraîné la suspension des patrouilles anti-braconnage pendant plusieurs mois entre octobre 2002 et avril 2003. Tous les postes de gardes forestiers avaient été fermés et les gardes rappelés au siège. La seule stratégie du personnel du parc a consisté à attendre pour recommencer de travailler dès que les conditions sont redevenues favorables. En début mai 2003, plusieurs factions armées ont été repoussées de certaines parties du parc permettant la réouverture des postes de gardes forestiers. L’équipe du WWF a contacté la directrice générale de l’ICCN, Mme Eulalie Bashige

Baliruyha, et le directeur du Parc national de Kahuzi-Biega, M. Bernard Iyomi Iyatshi, afin d’établir les priorités de l’aide du WWF. Ces dernières comprenaient le ravitaillement en carburant, les rations alimentaires et les indemnités des gardes forestiers envoyés en mission anti-braconnage et la réparation des véhicules anti-braconnage. Cette aide a complété le travail en cours à Kahuzi-Biega de l’agence allemande de développement, GTZ, et de la Wildlife Conservation Society (WCS) américaine. L’aide du WWF en 2003 était la bienvenue non seulement parce qu’elle a complémenté les activités financées par d’autres partenaires de l’ICCN, mais aussi parce qu’elle a permis de relancer les patrouilles des gardes forestiers dans des zones qui n’avaient pas été patrouillées depuis au moins huit mois. Les patrouilles ont recueilli de nombreux pièges illégaux et ont nettoyé les camps établis dans la forêt par les braconniers et les militaires. Entre mai et juillet, les gardes forestiers ont arrêté 52 braconniers; ils ont saisi trois armes à feu et plus de 700 pièges et ont retrouvé deux chimpanzés vivants. Ils ont aussi recommencé à faire des repérages de gorille. Si des traces de braconnage de gorille ont été retrouvées, une des plus belles surprises a été de découvrir deux nouveaux groupes de gorilles (dénommés Langa et Mpungwe). Le Parc national de Kahuzi-Biega continue d’être assailli de problèmes : les pressions humaines observées dans le parc s’illustrent par le braconnage et le commerce de viande de brousse, la destruction de l’habitat du fait de l’empiétement des agriculteurs, la coupe de bois et l’exploitation minière du coltan. Cependant, la situation s’améliore peu à peu. Durant le premier semestre 2004, les patrouilles anti-braconnage de Kahuzi-Biega ont augmenté de 68% passant d’une moyenne de 238 à 477 patrouilles par mois. De nouveaux gardes ont été recrutés et formés, et des postes de gardes forestiers ont été remis en service. Le personnel de l’ICCN a démarré ses activités dans le secteur des plaines du parc pour la première fois depuis la guerre civile : dès juin 2004, il contrôlait 70% de la superficie du parc. Au premier semestre 2004, près de 90 exploitations minières avaient été identifiées, ainsi qu’environ 4 400 exploitants illégaux : parmi ces sites, une quinzaine a été fermée par les gardes. En outre, des réunions ont eu lieu avec les communautés locales pour discuter des problèmes et des relations entre les

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communautés et le parc. La précarité de la situation s’est avérée mi-2004. La station du parc à Tshivanga est passée aux mains de diverses milices rebelles du mois de mai au mois de juin. En juin, elle a été saccagée, l’infrastructure endommagée et le matériel volé. L’équipement comprenait ordinateurs, machines à écrire, téléphones, panneaux solaires, médicaments, fourniture et mobilier de bureau. En juillet, malgré les dégâts et la perte de matériel, et en dépit de l’insécurité qui règne dans la région et des exactions de l’armée rebelle, le personnel de l’ICCN a repris le travail dans tous les postes de gardes forestiers des diverses stations du parc. Les équipes assurent la surveillance régulière de plus de 80 gorilles de Grauer appartenant à sept groupes familiaux. Une nouvelle famille de gorilles de neuf individus avec un dos argenté a été observée dans les plaines du parc. En outre, pour la première fois depuis le début de la guerre il y a de cela plus de cinq ans, le commandant militaire de la région a ordonné à ses troupes de quitter la station du parc dont ils avaient le contrôle et a prié les autorités du parc de redémarrer leurs activités de conservation. Cette situation prouve que les autorités militaires congolaises peuvent soutenir la conservation de la faune sauvage dans les aires protégées. Il y a une raison supplémentaire d’espérer. Une étude sur les gorilles vivant dans la partie élevée du parc, menée en fin 2004 par l’ICCN avec le soutien de la WCS, a donné des résultats encourageants. Le recensement a révélé l’existence de 160 gorilles, 33 de plus que lors du dernier recensement mené en 2000. Lancement de recensements élargis Le WWF travaille également à améliorer notre connaissance sur l’état des gorilles de Grauer en dehors du parc de Kahuzi-Biega. En début 2004, deux réunions ont eu lieu entre le WWF, la WCS et l’ICCN pour élaborer un plan de travail portant sur le Massif d’Itombwe, situé au sud de Kahuzi-Biega près de la frontière avec le Burundi. Dans une étude menée au milieu des années 90, on estimait à plus de 1 000 la population de gorilles de Grauer vivant dans cette zone non protégée de forêt d’altitude pourtant riche en termes de biodiversité. La priorité actuelle consiste à compléter l’étude de faisabilité portant sur la

constitution d’une partie du Massif d’Itombwe en tant qu’aire protégée. La seule chance de survie du gorille de Grauer réside dans un soutien continu du Parc national de Kahuzi-Biega et une protection de portions plus larges de l’habitat de l’espèce. Pour de plus amples informations sur le Parc national de Kahuzi-Biega : - en anglais, consulter le site Web World Heritage Sites : http://www.worldheritagesite.org/sites/kahuzibiega.html - en français, consulter le site Web de l’ICCN : http://www.iccnrdc.cd/kahuzi-biega.htm Pour de plus amples informations sur le travail du WWF dans le Kahuzi-Biega, contacter : Bisidi Yalolo, WWF Project Manager, Parc national de Kahuzi-Biega ([email protected]) Pour un compte rendu plus détaillé sur l’atelier de travail de Kinshasa sur les grands singes : http://ld.panda.org/about_wwf/where_we_work/africa/news/news.cfm?uNewsID=2696 Le nombre de gorilles de montagne croît contre toute attente Les trente ans d’activités du WWF pour sauver le gorille de montagne et son habitat forestier perché dans les montagnes embrumées du coeur de l’Afrique marquent la plus grande longévité d’un programme du WWF portant sur une espèce phare. Les premières études sur les gorilles et les premières aides pour soutenir des aires protégées dans l’écorégion de l' Albertine Rift ont débuté dans les années 1970. En 1991, ces efforts ont donné naissance au Programme international de conservation des gorilles (PICG), une initiative conjointe de l’African Wildlife Foundation (AWF), Fauna and Flora International (FFI) et du WWF. Les activités du PICG couvrent le Rwanda, l’Ouganda et la RDC. L’habitat des gorilles de montagne est subdivisé en deux unités écologiques s’étendant sur 765 km2 dans le Massif volcanique des Virunga et la forêt impénétrable de Bwindi. L’unité la plus importante comporte trois aires protégées dans les Virunga : le Parc National des Volcans au Rwanda, le Parc National des Virunga en RDC et le Mgahinga Gorilla National Park en Ouganda. La deuxième unité, séparée,

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comprend le Parc national de la forêt impénétrable de Bwindi en Ouganda. Avec le temps, le PICG a assuré un soutien financier, technique et logistique à long terme aux autorités des aires protégées de trois pays : L’ICCN de la RDC, l’Office rwandais du tourisme et des parcs nationaux (ORTPN) et la Uganda Wildlife Authority (UWA). Tous les parcs nationaux abritant des gorilles de montagne sont situés au cœur de quelques-unes des zones les plus peuplées d’Afrique, théâtre de conflits politiques et sociaux durables ces dernières décennies. Face aux activités des braconniers armés, de la pression humaine croissante et même des éruptions volcaniques, le PICG s'efforce d'atteindre son but de conservation des gorilles de montagne et de leur habitat forestier en ciblant quatre objectifs stratégiques dans trois États : la gestion effective des forêts afromontanes par les trois autorités nationales, un cadre régional performant de conservation pour renforcer les liens avec les communautés locales et la mise en œuvre de politiques et de lois adéquates.

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© WWF-Canon / Martin Harvey

Un bébé gorille de montagne jouant sur le dos de sa mère, Parc national des Virunga

Succès récents Le plus grand succès du PICG est probablement sa contribution au maintien du nombre de gorilles de montagne en dépit des énormes difficultés. Ce succès a été confirmé en 2003, quand le PICG et ses partenaires ont profité d’une amélioration de la sécurité dans la région pour recenser, pour la première fois depuis 14 ans, la population de gorilles de montagne des trois parcs adjacents aux Virunga. Le recensement a été financé par le PICG, la Wildlife Conservation Society, le Dian Fossey Gorilla Fund, l’Institute of Tropical Forest Conservation, Berggorilla und

Regenwald Direkthilfe, le projet Mountain Gorilla Veterinary Project et l’Institut Max Planck d’anthropologie évolutionnaire. Le recensement a été effectué par plus d’une centaine de personnes comptant des membres du personnel des parcs et des ONG partenaires. Répartis en six équipes, les recenseurs ont traversé l’aire de répartition des gorilles des Virunga dans sa totalité. Chaque gorille faisant un nouveau nid chaque nuit, les équipes ont pu estimer le nombre d’individus et le nombre de groupes en comptant les nouveaux nids ainsi qu’en repérant de visu les individus. Les résultats encourageants du recensement estiment à 380 le nombre de gorilles des Virunga, divisés en 30 groupes sociaux. Il s’agit là d’une augmentation de 56 individus (17%) depuis le recensement de 1989. Cette croissance de la population est d’autant plus remarquable qu’elle a eu lieu pendant une période de grande instabilité politique, de conflit armé en plus du génocide rwandais de 1994. Couplé au recensement de 2002 à Bwindi qui estimait à environ 320 individus la population à Bwindi, le dernier recensement des Virunga indique que la population mondiale de gorilles de montagne s’élève aujourd’hui à 700 individus au moins. En route vers une coopération transfrontalière efficace Les efforts de longue date du PICG pour renforcer la coopération régionale pour la conservation des gorilles de montagne semblent également porter leurs fruits. En 2003, après 13 ans de collaboration informelle, le Directeur exécutif de l’ICCN, l’ORTPN et l’UWA ont signé un protocole d’accord les engageant à travailler ensemble sur une collaboration transfrontalière efficace pour la protection des gorilles de montagne et de leur habitat. Le PICG collabore avec les autorités des aires protégées des trois pays en organisant des sessions conjointes de formation et des ateliers de travail pratiques, ainsi que des réunions régionales régulières et des conférences pour encourager le dialogue. Le PICG travaille aussi avec les trois gouvernements régionaux pour développer des politiques encourageant l’écotourisme et la redistribution des bénéfices engendrés par les activités de conservation. Le mouvement graduel vers une stabilité politique qu’a connu l’an passé la région des

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Grands Lacs d’Afrique a renforcé le tourisme et l’investissement dans les activités de conservation, de même qu’il a encouragé les autorités à relancer le tourisme d’observation des gorilles dans le Parc national des Virunga en RDC. Entre-temps, les permis octroyés pour observer les gorilles en Ouganda et au Rwanda ont augmenté à $360 et $375 respectivement, contribuant ainsi à couvrir la quasi totalité des coûts d’exploitation des aires protégées. L’année passée, le PICG a assisté les trois autorités des aires protégées dans le déploiement de patrouilles communes couvrant tout le Massif des Virunga : cette surveillance accrue s’est révélée vitale pour la survie de plusieurs bébés gorilles. Aujourd’hui, le nombre d’entreprises locales viables d’apiculture et de myciculture a augmenté, et une nouvelle initiative d’encouragement du tourisme d’observation de l’espèce rare du singe doré (Cercopithecus mitis kandti) a été lancée dans le Parc National des Volcans.

© WWF-Canon / Martin Harvey

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Touristes et gardes forestiers observant un

gorille de montagne dans le Parc national des Virunga.

Restons vigilants Malgré quelques nouvelles positives, les menaces pesant sur les gorilles et d’autres espèces sauvages persistent. Près de 15 km2 ont récemment été déboisés par les agriculteurs locaux. dans le secteur de Mikeno, à l'intérieur du Parc national des Virunga en RDC. Le WWF s’est associé à d’autres agences pour construire un mur afin de prévenir d’autres intrusions mais la menace perdure. Une résurgence du trafic de bébés gorilles en novembre 2003 prouve par ailleurs que davantage d’efforts sont nécessaires pour assurer la survie des gorilles de montagne. « Le PICG se félicite des résultats du recensement des gorilles de montagne, indique

Eugene Rutagarama, Directeur du PICG. L’accroissement de la population de gorilles de montagne montre qu’à travers des efforts soutenus, les organes de conservation peuvent prévenir l’extinction des gorilles de montagne. Néanmoins, nous devons rester vigilants car les principaux problèmes – pression humaine et activités illicites apparentées – persistent. » Pour plus d’informations sur le PICG et ses activités, consulter le site Web du PICG www.mountaingorillas.org ou contacter : Eugene Rutagarama, Directeur, PICG ([email protected]) ou Marc Languy, Programme Coordinator, Programme du WWF pour l’Écorégion de l’Albertine Rift ([email protected]) Pour davantage de détails sur la réponse du WWF à la déforestation du secteur de Mikeno, consulter : http://panda.org/about_wwf/where_we_work/africa/where/eastern_africa/news/news.cfm?uNewsID=17357 Une initiative d’équipe pour sauver le singe le plus rare d’Afrique Le WWF s’est associé avec la Wildlife Conservation Society (WCS) et le Ministère de l’environnement et des forêts camerounais pour lancer une nouvelle initiative de conservation de l’espèce la plus rare de grand singe. Le gorille de Cross River (Gorilla gorilla diehli) est une race ou une sous-espèce unique du gorille occidental. Avec une population d’à peine quelque 300 individus, ce gorille est l’un des mammifères les plus rares au monde. Les gorilles de Cross River sont confinés dans une aire de répartition d’environ 200 km2 à l'intérieur d'une zone totalisant plus de 2 500 km² de hautes terres boisées à la frontière entre le Cameroun et le Nigeria (carte de leur aire de répartition sur http://www.berggorilla.de/). La population de gorilles occidentaux la plus proche se trouve à quelques centaines de kilomètres de là. La population peu nombreuse de gorilles de Cross River est fragmentée en une dizaine de sous-populations potenti-ellement isolées, dont certaines ne comptent pas plus d’une vingtaine d’individus. Nombre de ces petits groupes vivent dans des forêts

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non protégées et sont menacés par la pression humaine qui pèse sur leur habitat, les populations indigènes défrichant la terre pour l’agriculture et les pâturages. Du fait de la taille réduite et de la fragmentation de ces populations ainsi que de la menace sévère pesant sur leur habitat, des mesures urgentes de conservation doivent être prises pour assurer leur survie. Le WWF a financé diverses activités de recherche ainsi que des projets de terrain sur l’habitat des gorilles de Cross River, aussi bien au Cameroun qu’au Nigeria durant les vingt dernières années. Entre autres activités, l’organisation a participé au financement d’études sur les gorilles dans la Cameroun Takamanda Forest Reserve et a assuré un soutien technique et financier aux gestionnaires du Cross River National Park au Nigeria, coopérant avec diverses organisations gouvernementales et non gouvernementales. Nouveaux partenariats En 2004, le WWF a accordé son soutien à un nouveau projet pour sauver le gorille de Cross River. Le projet est exécuté en partenariat avec la WCS et les gouvernements camerounais et nigérian. La WCS mène des recherches sur les gorilles de Cross River depuis 1996 au Nigeria et depuis 2000 au Cameroun. Son programme actuel sur l’espèce couvre les deux pays; il combine recherche sur le terrain, éducation et sensibilisation à des activités de soutien et de renforcement des capacités en faveur des agences gouvernementales locales. Le programme accroît nos connaissances sur la biologie du gorille, concourt à une meilleure application des lois et encourage les communautés locales à soutenir les activités de conservation. Les enjeux de la conservation des gorilles de Cross River sont énormes et nécessitent une approche unifiée. Le partenariat entre le WWF et la WCS fait suite à deux ateliers de travail axés sur l’élaboration de stratégies pour la protection du gorille de Cross River qui ont eu lieu à Calabar, Nigeria, en 2001 et à Limbe, Cameroun, en 2003. Les atouts complémentaires de la WCS et du WWF couplés d’une collaboration avec les gouvernements permettront de faire en sorte

que la protection de cette espèce unique de singes devienne réalité. Les objectifs du projet sont les suivants : • Renforcer la protection et les mesures

d’exécution des lois pour toutes les populations de gorilles de Cross River;

• Établir une aire transfrontalière dûment protégée dans le complexe forestier de Takamanda-Okwangwo, en améliorant notamment l’efficacité de la protection dans le secteur d’Okwangwo du Parc national de la rivière Cross au Nigeria, et en élevant le degré de protection dans la Takamanda Forest Reserve au Cameroun;

• Développer un plan d’utilisation des sols pour le complexe forestier de Takamanda-Mone-Mbulu au Cameroun avec, entre autres, la création d’une aire protégée dans la montagne de Kagwene et l’élaboration de dispositions visant à entretenir ou à recréer des corridors forestiers;

• Élaborer un plan de conservation pour la zone Afi-Mbe-Okwangwo au Nigeria, prévoyant une révision des options de gestion pour les montagnes de Mbe et le maintien de connections forestières entre les habitats des gorilles;

• Poursuivre les études pour déterminer l’écologie, la distribution et la biologie des gorilles, et assurer le suivi des populations existantes;

• Renforcer et étendre les programmes d’éducation et de sensibilisation à tous les niveaux, des communautés locales aux gouvernements.

• Soutenir les institutions camerounaises et nigérianes capables de contribuer à la conservation des gorilles de Cross River par le biais d’un soutien direct et de formations;

• Organiser un troisième atelier de travail transnational sur la conservation des gorilles de Cross River pour déterminer la meilleure façon d’établir une coopération transfrontalière efficace.

La première phase du soutien du WWF consistera à procurer les fonds nécessaires pour la réalisation des objectifs du côté camerounais et à compléter les fonds provenant de donateurs tels que le US Fish and Wildlife Service. En 2005, de concert avec la WCS et d’autres partenaires, le WWF explorera de nouvelles pistes de collaboration pour la conservation du gorille de Cross River au Nigeria.

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On espère que ce partenariat fructueux entre deux des organisations de conservation les plus expérimentées dans le monde contribuera à empêcher l’extinction du singe le plus rare d’Afrique. Pour de plus amples informations sur le projet, contacter : Jacqueline Sunderland-Groves, WCS Cross River Gorilla Research Project (Cameroun), Limbe, Cameroun (jsunderlandgroves@ wcs.org) ou Dr John Oates, Senior Technical Advisor, WCS Cross River Biodiversity Project ([email protected]) AU-DELÀ DU PROGRAMME POUR LES GRANDS SINGES D’AFRIQUE

CITES 2004 : avancement des travaux concernant les grands singes et la viande de brousse Le commerce international de spécimens vivants destinés au marché des animaux domestiques est l'une des principales menaces qui pèsent sur les grands singes. En Afrique, le commerce de la viande de brousse s’ajoute à cette menace puisque la viande de singe, largement consommée en Afrique centrale et en Afrique de l'Ouest, passe illégalement les frontières et vient même alimenter les assiettes des expatriés africains vivant en Europe et en Amérique du Nord. En octobre 2004, la treizième réunion de la Conférence des Parties (CoP) de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction), à Bangkok, Thaïlande, a adopté deux résolutions visant à écarter ces deux dangers et à aider les États de l’aire de répartition à mettre en oeuvre leurs stratégies nationales de conservation des grands singes. La résolution pour les grands singes La première résolution (Res. Conf. 13.4) sur la conservation et le commerce des grands singes a exhorté les Parties à renforcer les mesures de conservation des grands singes et à resserrer les contrôles du commerce illicite de singes vivants et de produits dérivés. La résolution a été élaborée par l’Irlande au nom de l’Union

européenne. Elle souligne le statut d’espèce menacée de toutes les espèces de grands singes, les nombreux risques qu’ils encourent et les efforts actuellement fournis pour les sauver, comme par exemple le projet international pour la survie des grands singes (GRASP) conduit par le PNUE et l’UNESCO et les plans nationaux pour la survie des grands singes. La résolution telle qu’adoptée a exhorté les Parties à prendre un certain nombre de mesures, dont les suivantes : • Interdire tout commerce international de

singes capturés dans la nature dans un but lucratif;

• Adopter les sanctions nécessaires pour éliminer le commerce des grands singes et de leurs parties et produits;

• Renforcer les mesures contre le braconnage et la contrebande;

• Promouvoir la protection et la restauration des habitats des grands singes, y compris par le biais d’une coopération transfrontalière.

La résolution a aussi recommandé au Secrétariat de la CITES de collaborer avec les Parties pour atteindre ces objectifs et d’assister les États de l’aire de répartition dans la mise en oeuvre de leurs plans nationaux. Elle a également appelé le Comité permanent de la CITES à examiner régulièrement l’application de la résolution et à envisager des mesures telles que des missions techniques et/ou politiques pour atteindre cet objectif. Ces divers points seront évoqués lors la prochaine réunion du Comité permanent qui devrait avoir lieu en juin 2005 et à laquelle le WWF participera. La résolution a exhorté les États de l’aire de répartition qui sont membres de la Convention à adhérer au GRASP, et a demandé des fonds internationaux et une assistance technique pour les aider à atteindre leurs objectifs de conservation des grands singes. Une partie du projet de résolution demandait de mettre un terme aux pratiques diplomatiques consistant à offrir des grands singes. Malgré une intervention du WWF en faveur de cette clause, plusieurs États de l’aire de répartition s’y sont opposés, invoquant leur droit souverain à disposer de leur faune nationale. Face à cette opposition, un groupe de travail auquel le WWF fait partie, a obtenu un compromis qui appelle les Parties à

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« limiter l'utilisation internationale des grands singes aux institutions zoologiques approuvées au plan national, à des centres éducatifs, à des centres de sauvetage et à des centres d'élevage en captivité conformes aux termes de la CITES ». Lors de la CoP, la Grande-Bretagne a alloué £20 000 à un projet pilote qui sera géré conjointement par le GRASP et le Secrétariat de la CITES pour lutter contre la contrebande de grands singes en Afrique centrale. La résolution prie aussi le Secrétariat de la CITES de collaborer avec le Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique (CBD) pour développer des mesures de conservation in situ des grands singes. La Résolution sur la viande de brousse La CITES a aussi adopté une résolution (Res. Conf. 13.11) encourageant les Parties à mettre fin au commerce illicite de viande de brousse. La résolution reflète les recommandations du groupe de travail CITES sur la viande de brousse (CITES BWG), établi en 2000 lors de la CoP11 en vue d’identifier des solutions à la crise de la viande de brousse en Afrique centrale qui menace un large éventail d’espèces dont les gorilles, les chimpanzés et les bonobos. Même si le commerce de viande d’animaux sauvages est principalement national et qu’il n’est donc pas directement du ressort de la CITES, le commerce transfrontalier de viande de brousse est significatif et tend même à augmenter. Le CITES BWG est composé de directeurs chargés de la protection de la faune des États d’Afrique centrale membres de la Convention (Cameroun, République centrafricaine, RDC, Guinée équatoriale, Gabon et République du Congo). Le CITES BWG, basé au siège régional de l’UICN à Yaoundé, Cameroun, est finance par les gouvernements américain et britannique. La Bushmeat Crisis Task Force reçoit quant à elle des fonds de la Fondation MacArthur. À ce jour, le groupe de travail a stimulé le développement de plans d’action au Cameroun, Congo et Gabon et a lancé plusieurs projets pilotes sur le terrain. À Bangkok, les Parties à la CITES ont adopté une résolution (Res. Conf. 13.11) qui prie toutes les Parties de contribuer à mettre un terme au commerce illicite de viande de brousse et d’aider les États africains à régler

des problèmes connexes tels que la pauvreté, la dégradation de l’habitat et l’utilisation des ressources naturelles. La résolution reconnaît aussi l’importance du rôle joué par le CITES BWG dans la région, notamment du fait de l’aide qu’il prodigue aux États de l’aire de répartition en faveur de l’adoption de plans d’action adéquats. La CoP a également approuvé une décision encourageant le CITES BWG à continuer son travail selon son organisation actuelle. À la CoP, la délégation du WWF a étroitement collaboré avec la présidence du groupe de travail afin de donner l’impulsion nécessaire pour régler cette question capitale. X Une décision connexe a été approuvée appelant le Secrétariat de la CITES à travailler plus étroitement avec d’autres organisations, telles que la CBD et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), afin de souligner le caractère non durable du commerce de la viande de brousse. La FAO a été invitée à organiser un atelier de travail international afin d'élaborer un plan d’action sous-régional pour lutter contre le commerce de la viande de brousse. Cette action vient compléter les efforts fournis actuellement par le WWF, la FAO et d’autres partenaires pour organiser de tels ateliers de travail en Afrique de l’Ouest. Pour de plus amples informations sur la CoP13 de la CITES, consulter : http://www.cites.org/ eng/cop/index.shtml REMERCIEMENTS Le Programme Afrique & Madagascar du WWF tient à remercier le WWF-Pays-Bas, le WWF-Suisse, le WWF-Allemagne, le WWF-États-Unis ainsi que Jennifer Ivey Bannock pour le soutien financier qu’ils accordent au Programme pour les grands singes depuis 1992. En outre, les bureaux du WWF au Danemark, en Suède, aux États-Unis et en Grande-Bretagne continuent de soutenir le Programme international pour la conservation du gorille, le projet du WWF le plus durable sur les grands singes d’Afrique. L’éditeur souhaite également remercier Alison Wilson, Joanna Benn, Cliona O'Brien et Sandrine Jimenez pour leurs contributions à cette publication ainsi que le Programme Espèces du WWF pour son soutien financier.

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Le WWF est l’une des organisations indépendantes de conservation les plus importantes et les plus expérimentées au monde. Elle compte aujourd’hui près de 5 millions d’adhérents et un réseau mondial actif dans plus de 90 pays. Le WWF a pour objectif de stopper la dégradation de l'environnement dans le monde et de construire un avenir où les êtres humains pourront vivre en harmonie avec la nature : – en préservant la diversité biologique du globe; – en garantissant une utilisation durable des ressources naturelles renouvelables; – en encourageant des mesures destinées à réduire la pollution et la surconsommation.