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EHESS Les Églises électroniques A Igreja electronica e seu impacto na America latina by Hugo Assmann; Buying Time. The Foundations of the Electronic Church by Peter Elvy; Televangelism. The Marketing of Popular Religion by Razelle Frankl; Religion and Television by Stuart Gerbner; Larry Gross; Stewart Hoover; Michael Morgan; Nancy Signorielli; Harry E. Cotugno; Robert Wuthnow; Prophecy and Politics. Militant Evangelists on the Road to Nuclear War by Gra ... Review by: Jacques Gutwirth Archives de sciences sociales des religions, 33e Année, No. 66.2 (Oct. - Dec., 1988), pp. 201-214 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/30125588 . Accessed: 17/06/2014 07:44 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Archives de sciences sociales des religions. http://www.jstor.org This content downloaded from 195.78.109.49 on Tue, 17 Jun 2014 07:44:38 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Les Églises électroniques

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Les Églises électroniquesA Igreja electronica e seu impacto na America latina by Hugo Assmann; Buying Time. TheFoundations of the Electronic Church by Peter Elvy; Televangelism. The Marketing of PopularReligion by Razelle Frankl; Religion and Television by Stuart Gerbner; Larry Gross; StewartHoover; Michael Morgan; Nancy Signorielli; Harry E. Cotugno; Robert Wuthnow; Prophecy andPolitics. Militant Evangelists on the Road to Nuclear War by Gra ...Review by: Jacques GutwirthArchives de sciences sociales des religions, 33e Année, No. 66.2 (Oct. - Dec., 1988), pp. 201-214Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30125588 .

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Arch. Sc. soc. des Rel., 1988, 66/2 (octobre-d6cembre), 201-214 Jacques GUTWIRTH

LES EGLISES ELECTRONIQUES

A propos de:

A Igreja electronica e seu impacto na America latina, Petropolis (Br6sil), Vozes e Associaqgo Mundial de Communicaqio Cristi, 1986, 215 p.

Hugo ASSMANN

Buying Time. The Foundations ofthe Electro- nic Church, Great Wackering (Essex), Grande-Bretagne, 1986, 159 p.

Peter ELVY,

Televangelism. The Marketing of Po- pular Religion, Carbondale and Ewardsville, Southern Illinois University Press, 1987, 204 p.

Razelle FRANKL

Religion and Television, Philadelphie, The Annenberg School of Communications, 1984, 2 tomes, 149 p. + 40 tableaux + 108 p. (multigraphi6).

Stuart GERBNER, Larry GROSS, Stewart HOOVER, Michael MORGAN, Nancy SIGNORIELLI, and Harry E. COTUGNO, the Gallup Organization, Robert WU- THNOW,

Prophecy and Politics. Militant Evan- gelists on the Road to Nuclear War, Westport (Conn.), Lawrence Hill, 1986, 210 p.

Grace HALSELL,

Oral Roberts. An American Life, Bloomington, Indiana University Press, 1985, 622 p.

David Edwin HARREL Jr.

"Perspectives on the Electronic Church", in Samuel S. HILL (ed.), Varieties of Southern Religious Experience, Baton Rouge and London, Loui- siana State University Press, 1988, p. 172-191.

William MARTIN,

Salvation for Sale An Insider's View ofPat Robertson, Buffalo (NY), Prometheus Books, 1988, 396 p.

Gerard Thomas STRAUB,

Un thbmefascinant

Dbs les ann~es 1976-80, lors de s6jours de recherche aux Etats-Unis (Gut- wirth, 1987, 1-voir Biblio.) j'avais entrevu avec curiosit6 le ph6nomtne des pr6dicateurs 6vang61iques A la radio et A la t616vision, ce que l'on appelle aujourd'hui couramment 1'<< 6glise 61ectronique >.

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A l'6poque, journaux et revues apportaient nombre d'informations sur ce theme. Cependant la litt~rature en sciences sociales demeurait peu loquace. En 1979, le directeur de la National Religious Broadcasting (N.R.B.), institution qui englobe une grande majorit6 des pr~dicateurs audio-visuels, avait publi6 un ouvrage informatif utile, mais quelque peu glorificateur (Armstrong, 1979). Le premier ouvrage sociologique sur le sujet date, sauf erreur, de 1981 (Jeffrey et Hadden). Moi-meme j'avais pergu que ce ph~nombne audio-visuel religieux jouait un rdle important dans les recompositions religieuses et sociales aux Etats- Unis et j'ai tent6 r~cemment d'en faire une breve analyse (non fond~e sur les ouvrages r~cents ici examin6s - Gutwirth, 1987, 2). Il m'6tait d~ji apparu qu'il fallait aller plus loin et essayer, par exemple, en tant qu'ethnologue, une recherche sur << le terrain > pour mieux saisir ce fait. Cependant celui-ci est multiple, g6ographiquement dissimin ; comment done s'y prendre ?

Heureusement, depuis 1984 divers livres, dont la plupart examines ici, sont parus. Il est vrai que, i partir de 1980, Jerry Falwell, un des << prdicateurs 6lectroniques > les plus connus, avait beaucoup fait parler de lui en politique, en cr~ant sa << Majorit6 morale >. Puis Pat Robertson, autre << tl6vang6liste > connu, avait manifests des ambitions politiques, ne visant rien de moins que la Maison Blanche ; d'ailleurs en 1988 il s'est pr~sent6, avec un relatif succbs, aux primaires r~publicaines, pour obtenir l'investiture de ce parti. D'autre part, d~s 1979, j'avais pu constater que des scandales financiers, fiscaux, sexuels ou autres, 6clabous- saient quelques << stars > de ce << show-business > particulier qui disparaissaient alors quelque temps, pour renaitre rapidement de leurs cendres.

Les ouvrages abord6s ici sont trbs divers par leurs perspectives : en gros ils sont l'oeuvre de sociologues et de journalistes, mais pas uniquement. Les thbmes sont disparates : ils vont de la grande enqu~te par questionnaire (Gerbner) t la biographie de Oral Roberts, un des pr~dicateurs-vedette (Harrel Jr.), en passant par le r~cit autobiographique d'un ancien participant, producteur d'6missions t6lvis~es (Straub), avec enfin l'examen des implications internationales du ph~nombne (Assmann, Halsey), sans oublier le reportage descriptif (Elvy) et l'6tude historique et sociologique (Frankl, Martin).

En v~rit6, l'ethnologue que je suis se frotte les mains devant cette diversit6. Chacun de ces ouvrages correspond en quelque sorte d un entretien avec un ( informateur privil6gi6 >,, qui apporte un certain type d'informations, qu'il faut 6videmment jauger, recouper avec les dires des autres informateurs, et enfin avec sa propre connaissance du sujet. Ainsi donc, tout un corpus d'informations, d'enseignements sur cet 6tonnant ph~nombne prend de la consistance. En m~me temps je reste frustr6. Que sait-on en d6finitive sur le public, ou peut-etre les publics et leurs attitudes ? D'autre part, il y a certainement des collaborations entre ceux que Elvy appelle les << cardinaux > de l'6glise l61ectronique, et enfin nombre d'6l1ments de leur idbologie et de leurs pratiques, sont similaires. Mais n'y a-t-il pas en r~alit6 des pr6dicateurs et des publics divers, et en d6finitive des &glises &lectroniques, sans exclure la r~alit6 d'un ph~nombne conjoint, celui que repr~sente la N.R.B. (mais qui n'inclut pas, par exemple, un pr6dicateur impor- tant, Robert Schuller).

Surgissent aussi, t la lecture de ces travaux, des questions 6pist6mologiques. En effet, quelques-uns des livres examines sont pol~miques; d'autres se veulent < objectifs >, sans dissimuler pour autant certains engagements (plut6t < contre a) ; enfin, au moins un des auteurs, i force d'etre compr~hensif, apparait comme complaisant pour son sujet, Oral Roberts. Comme ethnologue, je me placerai

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IGLISES ELECTRONIQUES

dans une perspective de terrain: lorsque nous enquatons, ne sommes-nous pas confront6s au m~me probl~me dans nos entretiens avec des informateurs ? Ce qui pose le problkme du statut 6pist~mologique de mon propre regard, qui lui aussi n'est pas innocent... Mais 1 j'aborde un theme hors-sujet; je laisse au lecteur le soin de saisir ma perspective; je ne cache pas certaines options critiques, mais j'ai aussi la volont6 - trbs ethnologique - de pr6senter des dossiers nuanc6s et autant que possible objectifs.

L're de la post-imprimerie >

Commengons donc 1'<( enquate a de terrain avec le livre de Peter Elvy, qui est peut-6tre le plus proche de notre propre regard ethnologique : I'A. est 1'<< Autre a> 6tranger; pasteur et journaliste britannique, il a le regard du Huron sur l'Am~ri- que, sur le monde audio-visuel, et plus ponctuellement sur celui de l'audio-visuel religieux.

D'embl~e il nous dit que la parole et la communication sont entrts dans une are nouvelle, l'bre de la < post-imprimerie ; les Etats-Unis sont a l'avant-garde de cette 6volution, avec d'innombrables stations de radio et 1 181 6metteurs de t616lvision qui servent 84 millions de < m6nages t616visuels a. Le quatrisme r6seau majeur national de radio-t616vision est religieux (c'est celui de Pat Robertson, C.B.N., Christian Broadcasting Network). Des pr6dicateurs < superstars a in- fluencent la politique du pays. Plusieurs d'entre eux dirigent d'importants < empi- res a ou < entreprises a qui comptent de vastes et souvent luxueux temples (celui de Jimmy Swaggart a Baton Rouge en Louisiane dispose de 7 000 places), des universit6s bien 6quip6es (Robertson, Falwell, Roberts), des hopitaux (Roberts), des parcs d'amusement, style Disneyland (Heritage Park avec Jim Bakker), et bien sor des studios audio-visuels sophistiqu6s.

Comme les autres auteurs, Elvy sait que l'6glise l61ectronique est massivement fondamentaliste et a l'6cart des grandes confessions 6tablies qui disposent pourtant aussi d'6missions de radio et de t6lvision. Elvy va done jeter un regard du c6t6 de celles-ci, notamment au "475 Riverside Drive" a New York oiI siege, dans un vaste immeuble oecum~nique (protestant), William Fore, responsable des < communications a pour le Conseil national des Eglises. Selon celui-ci, les 6missions religieuses des Eglises 6tablies ont fonctionn6 convenablement, comme programmes d'< int6ret public a, sur les grandes chaines commerciales (N.B.C., C.B.S.), tant que ne survint, en 1960, la < d6rkglementation a de l'audio-visuel. La F.C.C., Federal Communication Commission (6quivalent de notre C.N.C.L.) 6valua dcs lors les 6missions d'<< int~ret public a (part de leur cahier des charges) sans distinguer entre 6missions paybes par des clients et celles, gratuites, 6manant d'<< autorit~s spirituelles a. L'argent, la loi du march6 joua d~sormais beaucoup plus (Frankl confirme cette analyse). Les pr6dicateurs fondamentalistes qui pratiquaient la radio et la t616vision payantes depuis le d6but de leurs activit6s, avec l'aide des contributions de leurs auditeurs, et qui avaient aussi su mettre en place leurs propres r6seaux d'6metteurs, gagnbrent une pr6pond6rance 6crasante qui d6sespbre les leaders des Eglises 6tablies. En fait, celles-ci, install6es routi- nibrement dans leur < cr6neau >> non soumis a la sanction des fiddles, se sont mal adapt6es a l'outil audio-visuel. Or, comme le montre Razelle Frankl, les pr6dica- teurs l61ectroniques ne sont pas n6s ex nihilo; ils sont issus d'une dynamique revivaliste < spectaculaire >> d6ji ancienne qui, bien avant l'av~nement de l'audio-

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visuel, a su capter les foules qui fr6quentaient r6gulibrement les cultes des 6glises locales de l'establishment. Ni Elvy, ni ses interlocuteurs du Conseil des Eglises ne paraissent s'en apercevoir.

Elvy montre en quelques pages savoureuses le d6roulement d'une Conven- tion nationale annuelle (elles ont lieu depuis 1944) de la National Religious Broadcasting A Washington. Au Sheraton Hotel, dans un quartier chic de la capitale, les < cardinaux >> (terme de l'A.) de l'6glise 6lectronique tiennent leurs assises, mais on ne les apergoit que peu en public. La convention est egalement une grande foire commerciale de l'audio-visuel (religieux, en principe). Les reunions publiques permettent d'entendre des pr~dicateurs de renom tandis que sur 300 emplacements lou~s on n~gocie des heures d'6mission, des programmes, mais aussi des materiels techniques sophistiqu~s. Comme A une <<foire du Livre >>, Monsieur DeLorean, ex-industriel de l'automobile, condamn6 il y a quelques ann~es pour trafic de drogue, mais d~douan6 en tant que chr~tien born again (n6 A nouveau), signe des exemplaires de son autobiographie 6difiante... Dans les < suites a de l'h6tel les < cardinaux >>, A la fois rivaux et allies peuvent se rencontrer entre eux, loin de la foule. Ailleurs, dans les salles de reunion se drroulent d'innombrables < stminaires a, par exemple un < Atelier hispanique a, ou une session sur la musique Gospel. Et enfin il y a les seances plknibres avec les interventions des vedettes et la presence d'invitrs de marque : srnateurs conserva- teurs, le vice-president des Etats-Unis ; le president Reagan lui-mime est venu A plusieurs reprises. La politique est d'ailleurs omniprrsente. En cette annre oif I'A. assista A la convention (1985 probablement, mais l'A. ne le precise pas), le champion de la cause 6vang6lico-politique est Jimmy Swaggart, qui aborde dans une intervention le problkme de l'avortement (honni), de la pribre dans les 6coles (exigre). La politique internationale est aussi prrsente: l'aide aux Contras du Nicaragua est un theme recurrent sur les stands du march6-exposition. L'A. montre aussi, A cette convention - et cela se rrpbte depuis plusieurs annres - l'alliance qui s'est noube, au fil des annres, entre prrdicateurs l61ectroniques et lobby pro-isra6lien. Pour ces derniers, il s'agit de gagner autant que possible des allis ; pour les premiers, il y a - du moins est-ce la raison thbologique 6voqure - l'imminence de la < fin des temps >> dont le rrtablissement d'un Etat juif est le signe pr~monitoire (selon les prophrties nbo-testamentaires). D'oii annuellement un National Prayer Breakfast (petit drjeuner de pribre) en l'honneur d'Israel.

La reunion est d'ailleurs r~ussie; des < vedettes >> - Jimmy Swaggart, Oral Roberts -sont 1 et Pat Robertson fait un discours trbs politique, comme d'ail- leurs Jeane Fitzpatrick, ex-ambassadrice des Etats-Unis auprbs des Nations- Unies. La description est piquante. L'alliance privilrgire entre lobby pro-isra6lien et pr~dicateurs 6lectroniques est un thbme qui revient dans d'autres ouvrages (Straub et surtout Halsell).

L'A. montre aussi que les t6lvang6listes ont abord6 sans h~siter l'bre de la t6lvision par satellite, des chaines ciblkes, etc. Divers d'entre eux, qui aiment se

rnfrrer au < bon vieux temps >> d'une Ambrique plus saine et < traditionnelle >, n'ignorent certainement pas que la modernit6 en matibre de communication empache de revenir A cette 6poque < dorre >.

Elvy indique que les prrdicateurs 6vitent les polkmiques avec les catholiques, ce qui ne les empiche pas de pratiquer un intense pros6lytisme parmi les millions d'amdricains ou d'immigrants d'origine hispanique, en principe d'origine catho- lique.

II soulive un problkme politique de taille : selon le bulletin, Pro Mundi Vita, publi6 A Bruxelles en 1985 (no 100/1), un rapport Rockfeller des annres 1969-70

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IGLISES EILECTRONIQUES

considbre que l'lglise catholique d'Am6rique du sud (marqu6e par la thbologie de la Liberation) a cess6 d'etre une alli~e de confiance pour les Etats-Unis, d'oii, depuis, un gigantesque d6veloppement des activit6s religieuses l61ectroniques (et autres) protestantes en Amirique latine (voir plus loin Assman).

Elvy est certainement critique pour les pr6dicateurs l61ectroniques hors confessions &tablies mais il tente d'y voir clair sans pol6mique. II a r6alis6 un < reportage a bien fait et fort utile pour une premiere approche.

Religion populaire?

Avec Razelle Frankl, on entre de plain-pied dans une bonne sociologie de

l'6glise l61ectronique t616visuelle. Les lois de la these de doctorat paraissent les seuls inconv6nients majeurs de ce livre un peu laborieux. Les r6f6rences A 1'<< institutionalisation >> et A la < routinisation >> du R6veil - Max Weber obli- ge - ne me paraissent pas apporter grand chose A l'analyse.

Frankl considbre que la religion l61ectronique - et avec elle toute une litt6rature, une musique, etc. - relkvent de la culture populaire. L'auditoire, selon les enqu~tes de Hadden, Swann (1981) et Gerbner (1984) confirment que le public est plut6t de condition modeste. On peut en effet faire l'hypothise que certaines vedettes, notamment celles qui pratiquent des < miracles a (Robertson, Roberts, Swaggart), focalisent un culte religieux < populaire a. Mais est-ce certain pour Falwell, Billy Graham ou Schuller? Celui-ci, install6 A Los Angeles et qui pr6conise une foi garantissant la r6ussite et le bonheur A la mode californienne, a- t-il le meme public qu'un Swaggart populiste plut6t proche d'une Louisiane profonde, oi il est install6 ?

A travers trois bons chapitres historiques, << Charles Finney et l'6thos du Revivalisme ; "Moody et l'organisation du Revivalisme urbain" ; "Billy Sunday : homme d'affaires pour le Seigneur" a, l'A. montre comment d~s le XIX" si~cle des pr6dicateurs habiles mettent petit A petit en place A travers le pays des campagnes d'6vangl61isation et des modes de r6union religieuse qui sont A l'origine des pratiques des leaders de la religion l61ectronique. Ces devanciers jouaient d6jA sur leur charisme personnel, sur leurs dons d'organisateurs, plut6t que sur une sage carribre dans une grande confession (dans lesquelles, comme aujourd'hui les pr6dicateurs l61ectroniques, ils 6taient pourtant ordonn6s pasteurs). Ces pr6curseurs savaient se faire des fiddles et ils obtenaient habilement des ressources en s'assu- rant par exemple l'appui financier d'hommes d'affaires en quote de respectabi- lit6. Les pr6dicateurs l61ectroniques font toujours de meme. Enfin ils mirent d6jh en place une religion sans grandes rationalisations thdologiques, avec seulement quelques principes de base, bien visibles - l'inerrance biblique, le salut garanti par le repentir. Une r6union de Moody A la fin du XIXC sikcle ressemble A une r6union de Billy Graham A Bercy en 1986. Quant A Billy Sunday (1862-1935), il voyage entour6 d'une 6quipe comp~tente et il vit dans le plus grand confort: aucun des t616vangl61istes actuels n'est un ascbte, tant s'en faut.

Le livre analyse fort bien l'agencement des diverses 6missions des pr6dica- teurs actuels. L'A. montre le r61e des appels financiers dans des processus d'interactivit6 avec le public, notamment avec l'envoi de mouchoirs ou autres objets oints - chez Oral Roberts notamment - ce qui confirme, au moins pour celui-ci, I'hypoth6se de la religion populaire. Frankl note les traits communs

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organisationnels entre les divers pr6dicateurs mais aussi leurs diff6rences, du sp6cialiste de la gu~rison miraculeuse, tel Oral Roberts, au pr~dicateur ultra- politis6, type Falwell, avec l'entre-deux, Robertson, qui joue et sur le miracle et sur la politique, conservatrice chez tous sans exception.

Excellent livre, sans aucun doute objectif, informatif, scientifique autant qu'on puisse l'&tre en la matibre. Enfin l'ethnologue appr6cie l'amorce d'6tudes diff6renci6es quant aux divers pr6dicateurs et leurs publics.

Aspects internationaux : l'Amdrique latine

Hugo Assmann est lui un < informateur a d'un autre genre : c'est un homme qui ne cache pas son engagement; il est catholique br~silien, thdologien (de la Lib6ration) ; enfin il est aussi sociologue et sp6cialiste de la communication. Ces diverses qualifications marquent l'organisation du livre.

L'A. apporte d'abord au public de langue portugaise (et done aussi espagnole) des informations solides sur l'6glise l61ectronique amdricaine. Mais, il veut surtout pr6senter un dossier, certes encore lacunaire - les recherches commencent A peine - sur leur r6le au Br6sil et dans le reste de l'Am6rique latine. Il montre que les pr6dicateurs audio-visuels ont des 6mules br6siliens. Les uns jouent sur le miracle et lejeane, tels ceux de l'Eglise pentec6tiste o Dieu est amour (ph6no- mbne inconnu chez les t6lvangl61istes ambricains); d'autres, comme ceux de 1'<< Eglise universelle du rtgne de Dieu >, sont sp6cialis6s dans le combat contre les religions afro-br6siliennes (macumba, candombl6, umbanda), et pratiquent (de manibre spectaculaire !) l'exorcisme des < diables a de ces religions. Certaines de ces Eglises ont b6n6fici6, notamment pour obtenir des 6metteurs-radio, de la complaisance de la dictature militaire. Pour avoir assist& r6cemment (avril-mai 1988) A quelques r6unions et 6missions de pr6dicateurs br6siliens, je puis confir- mer qu'elles sont fort actives et disposent d'un public nombreux et attentif, qui ( cherche > recettes, consolations et miracles pour ses difficult6s et des conditions de vie m6diocres, Assmann qui d6teste ce type d'interaction religieuse, la comprend cependant : il y a, dit-il, des < miracles >, des soulagements, mais ce qui manque ce sont les ( solutions a aux multiples problhmes qu'affronte le peuple.

Assmann transpose A la communication la notion marxiste de < f6tichisme de la marchandise a ; il voit dans l'audio-visuel religieux une forme particulibre- ment accentu6e de f6tichisation, de ( manipulation a entre r~alit6 et apparence (l'image). Un exemple en ce domaine : le pr6dicateur l61ectronique qui demande au t616lspectateur de o toucher a de sa main l'6cran pour faire passer sa supplique... L'Eglise catholique n'est pas A l'abri de ce problkme de f6tichisation. Le Vatican aurait fait savoir que les b6n6dictions et o indulgences a transmises par l'audio- visuel en direct sont seules valables... Quant A l'action manipulatrice des o radia- listes >, les pr6dicateurs radiophoniques, particulibrement actifs au Br6sil - oii ce type de communication verbale compense un analphab6tisme populaire encore trbs important - elle joue au maximum sur une o parole imag6e >,.

Aprbs ces analyses du sp6cialiste de la communication, suivent celles du thbologien. Aussi, selon Assmann, les pr6dicateurs l61ectroniques r6ifient la Bible devenue un objet qu'ils brandissent A tout propos ; la d6votion va A un symbole brandi, mais vide; I'incitation A la lecture rbelle liant les r6alit6s et le texte est, chez eux, totalement absente.

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EGLISES IELECTRONIQUES

Ce livre rapide, polkmique et intelligent, est une sorte de fourre-tout passion- nant, melant un dl61uge d'informations et de r6flexions toniques.

Assmann, comme Elvy, 6voque le r6le international de la < religion 6lectro- nique a. II montre les o alliances a entre pouvoir conservateur br~silien et pr~di- cateurs 6lectroniques ambricains et/ou br~siliens, mais ce theme important n'est ici qu'effleur6 (il y a des recherches sud-amdricaines en cours). Je pense aussi que les pr~dicateurs &lectroniques br~siliens sont plut6t des entrepreneurs de moyen- ne dimension, utilisant encore des moyens artisanaux, dont l'activit6 reste tr~s articul~e avec des reunions rassemblant le public de fiddles. A la difference de ce qui se passe aux Etats-Unis, l'articulation entre assembl6es religieuses et religion 6lectronique reste l'essentiel du ph~nombne.

Sociologie de l'auditoire

Avec Gerbner (1984), le type d'o informateur a change du tout au tout. Sous les auspices et avec l'appui financier de certains ministbres t616vangl61istes, par exemple celui de Swaggart, et d'Eglises 6tablies, y compris une institution catho- lique, la < Conference catholique amdricaine a, des chercheurs de la prestigieuse Annenberg School of Communications a Philadelphie, ont mis en place une enquite importante et sophistiqu6e pour connaitre les t616spectateurs du reli- gieux et leurs vedettes. Outre une recherche sur les programmes et leur contenu, une classique enquete par questionnaire t6lphonique a 6t6 r~alis~e. Le critbre- guide de ce travail, ce sont des comparaisons entre programmes o profanes a et 6missions religieuses, et entre leurs t616spectateurs respectifs. Sociologiquement, l'auditoire religieux est plus Age, plus frminin, plus < non blanc a, a education et a revenu plus bas, politiquement plus conservateur que l'auditoire < profane a. Un chiffre de t6l1spectateurs r~guliers, tous programmes religieux confondus, est obtenu: 13,300 000 t~l16spectateurs, soit 6,2 % du total des o foyers t616visuels > am~ricains. Selon l'enquate, le t61lspectateur religieux n'abandonne pas pour autant son 6glise et les dons financiers aux t616vang6listes ne r~duisent pas la << dime a au temple local. Le conflit entre t6l1vang6listes et Eglises 6tablies serait quasiment inexistant; n6anmoins la puissance des < ministeres t6l1visuels> (celui des vedettes >) est 6vidente: pendant le week-end deux tiers des pro- grammes sont de leur fait, et en semaine ils ont l'exclusivit ~! Les r6sultats de l'enquate sont parfois 6tranges. Parmi les thbmes abord~s dans les emissions, la gu~rison miraculeuse (healing), n'est mentionn6e qu'a 7 % par les t616vangl61istes interrog~s (0 % pour ceux des Eglises 6tablies) contre par exemple 30 % pour le thbme o Israel >, 1 % seulement des o acteurs >, t616visuels admettent pratiquer la gubrison ou sont montr~s la r6alisant. Les t6lvang6listes ainsi reports sont pour le moins peu repr6sentatifs car Oral Roberts, Pat Robertson et Jimmy Swaggart, pour ne citer que ces trois o vedettes >>, pratiquent couramment le < ministbre > miraculeux.

Dans une seconde phase l'Institut Gallup a 6galement r~alis6 une enquite dont les r6sultats statistiques sont consign6s dans un second volume (Appendix). Une des questions pos~es concerne les programmes regard~s par les t6lspecta- teurs du religieux. Premiere constatation : les 6missions des Eglises 6tablies sont peu suivies ; parmi les Eglises protestantes, seuls les baptistes tirent leur ~pingle du jeu, avec 4 % de mentions ; les 6missions catholiques ne recueillent que 1% ! Billy Graham, qui n'a pourtant pas de programme r~gulier, est le t6lvang6liste le

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plus mentionn6 (16 %), mais les pourcentages pour Jimmy Swaggart (13 %), Oral Roberts (12 %), Pat Robertson (12 %), etc. ne sont pas trs l61oign6s; par contre le leader de la Majorit6 morale, Falwell, n'obtient que 6 %.

Malgr6 l'ampleur de la recherche, les r6sultats sont d~cevants et plut6t banaux; les indications sociologiques et statistiques quant aux t616spectateurs paraissent plausibles, sans plus. L'absence de conflit, dans l'esprit des t616specta- teurs, entre Eglises 6tablies et t616vangl61istes laisse reveur lorsqu'on constate la diff6rence consid6rable de contenu et d'impact des 6missions. II y a lA matiere A approfondissement; l'ethnologue se dit que l'informateur oecum6nique , et quantitatifa ses avantages et ses lacunes, tout comme 1'<< informateur a pol6miste, ou, par exemple le biographe indulgent.

Une biographie hagiographique?

Ainsi Harrel Jr., avec son ouvrage de 622 pages, consacr6es aux activit6s et A la biographie d~taill~e de Oral Roberts, nd en 1918, pr6dicateur sp6cialiste des gu6risons miraculeuses, qui dirige tout un ensemble d'activit6s ; studios et 6met- teurs audio-visuels, h6pital ultra-moderne avec plus de 600 lits, un h6pital et une universit6, le tout install6 A Tulsa, petite ville de l'Oklahoma. Harrel Jr. qui connait bien le mouvement charismatique protestant (Harrel Jr., 1975), a r~alis6 un travail gigantesque (utilisation d'archives, de cassettes, de t6moignages, d'en- tretiens, etc.) pour 6tablir une biographie quasiment exhaustive (y compris sur la vie familiale de son << hros >). Avec l'aval de Roberts, il a eu acc6s a des documents dont < mes autres << informateurs > ne disposent g6n~ralement pas.

Harrel Jr. montre comment, A partir de r6unions sous la tente, A la manibre du XIXJ sidcle, Roberts a construit petit A petit son systhme et 6tendu son influence. Ordonn6 pasteur d'une confession pentec6tiste, il est d'abord missionnaire itin6rant. Fin 1941, il devient pasteur d'une 6glise d'une petite ville, Fuquay Springs, en Caroline du Nord. Cela ne l'emp6che pas d'y r6aliser, sous sa propre responsabilit6, notamment financibre, des 6missions A la radio: 119 ames sau- vies... et comptabilis6es; Roberts continuera A comptabiliser ainsi par la suite saluts et gu6risons A son actif. En 1947, A la suite d'une vision - sa vie en est 6maill6e - il d6couvre sa principale vocation (la cure miraculeuse). Il reprend la route et les r6unions sous la tente. Une campagne en Australie se termine mal ; les attaques de la presse << communiste > et nombre d'incidents l'obligent A 6courter son s6jour. Cependant aux Etats-Unis il r6ussit bien. La description de l'une de ses r6unions (p. 100-101), montre l'exaltation qui y r6gne. Des malades et des invalides forment la queue devant Roberts qui commande: << Diable, Ote tes mains de la propri~t6 de Dieu >. Son ministbre de gu6rison se d~veloppe : nomm6 Healing Waters, eaux curatives, il est bas6 A Tulsa et un r6seau de stations de radio diffuse A partir de 1949 un programme quotidien d'une demi-heure sous ce titre. Le miracle peut en effet op6rer par la radio. Voici ce que dit Roberts (p. 118): (( Maintenant, voisins, tendez vos mains et posez-les sur votre poste de radio... Dieu m'a dit que son pouvoir curatif s'6prouverait dans ma main droite, etje pose ma main sur le micro et, ainsi, je la pose sur vous, A votre domicile >. Un des actes essentiels (<< f~tichiste > selon Assmann), de certaines 6glises 6lectroniques est ainsi mis en oeuvre. Pr6dicateur efficace, Roberts est aussi un dynamique entre- preneur. Les 6missions de radio sont compl6t6es par la production d'un mensuel; il envoie aussi des mouchoirs oints, 100 000 d6s 1949. A partir de 1954, Roberts

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commence des 6missions t616vis6es ; il comprend vite que celles-ci doivent rendre autant que possible l'atmosphbre des croisades sous la tente. Les critiques de tout bord fustigent le < charlatanisme a de cette religion miraculeuse. Roberts n'y est pas insensible. Pour < approfondir > son action, il fonde une universit6, tAche ambitieuse et complexe. II veut susciter un style universitaire chr6tien nouveau, assurer des enseignements et des formations diverses (pas seulement thdologi- ques et missionnaires). Il y aura notamment une emphase sur l'6ducation physique, avec une 6quipe de baskett r6put6e - bon moyen de propagande pour un large public. Billy Graham, qui pourtant n'est pas charismatique, se trouve aux c6t6s de Roberts en 1967 lors de la cons6cration des locaux de la ( premiere universit6 charismatique >,.

Le livre donne A voir mille d6tails int6ressants sur l'6volution du ministbre de Roberts. Il signale la fin des croisades sous la tente en 1968, au moment oi s'accentue le rl61e des 6missions t616vis6es, r6alis6es le plus souvent A Tulsa. Outre le courrier, le t616phone joue d6sormais un rble important dans la relation interactive avec le public. La fondation en 1978 d'un h6pital, la Cit6 de la Foi (130 lits en 1984) oP gubrison m6dicale et cure religieuse sont d6sormais alli6es, est aussi une < r6ponse > aux critiques incessantes contre les < miracles >> de Roberts. L'A. montre, en contant nombre d'incidents de parcours, comment l'empire de Roberts s'6tend avec les difficult6s financibres que cette expansion suscite et aussi les conflits idbologiques et personnels qui traversent son 6tat-major. On pergoit le goft de Roberts pour l'innovation technique dans l'audio-visuel, son ambition, son dynamisme combattif. Sa foi charismatique, conservatrice, mais non directe- ment politique est analys6e. Le r61e et les caractbres des personnalit6s qui l'entourent sont diss6qu6s.

Quelques-uns de < mes informateurs a plus pol6miques jugeraient proba- blement que Harrel Jr. est bien admiratif; mais ne s'est-il pas engag6 implicitement A l'indulgence envers Roberts en obtenant sa bienveillance, ce qui lui a donn6 acc~s A ses archives et d'autres possibilit6s privil6gi6es de recherche ? D'autre part, tout bon biographe ne devient-il pas sensible aux qualit6s, aux nuances, aux malheurs de son < h6ros a ? Enfin, Harrell Jr. n'occulte nullement les attaques et les accusations dont celui-ci fait l'objet, les difficult6s auxquelles il se heurte.

En tout cas, ce travail gigantesque, A vis6es exhaustives, permet pr6cis6ment de bien comprendre - et A partir de lA, exercer son esprit critique - comment s'est d6velopp6, au cours des ann6es cruciales de la croissance de l'audio-visuel, ce ministbre, l'un des plus importants de l'6glise l61ectronique actuelle. Ce livre est bien un document incomparable. Harrel Jr. est un merveilleux < informateura !

Pat Robertson, candidat i la prdsidence des Etats-Unis

Le livre de Straub est lui aussi quelque peu monographique, consacr6 A une des vedettes majeures de l'audio-visuel religieux, Pat Robertson. Mais, comme l'indique son titre, il s'agit cette fois de < d6masquer a, de d6monter sinon le charlatanisme de Robertson, du moins son fanatisme r6actionnaire et son autocratisme. Straub est un << t~moin a un peu particulier. D'origine catholique et ancien s6minariste, il a 6t6 producteur d'6missions t616vis6es A C.B.S., une des grandes chaines < g~n6ralistes > ambricaines. Aprbs une longue quote spirituelle, il est converti < nd A nouveau a en 1974. S6duit par la rh6torique 6vangl61ique de Robertson, il quitte son travail A C.B.S. et devient producteur pour C.B.N.,

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(Christian Broadcasting Network), la chaine 6vang6lique, installke B Richmond, Virginie,avec 1 300 employrs et dirig~e par Pat Robertson. Son engagement a ses cbtrs dura cinq ans environ.

L'ouvrage est done et un r~cit autobiographique et un trmoignage d'expert sur le fonctionnement d'une chaine qui 6met quotidiennement, c'est la seule << entreprise > t6l1vang6liste qui y parvienne, en louant notamment des temps d'antenne i d'autres prrdicateurs < amis >. C'est aussi un remarquable trmoigna- ge sur l'homme Robertson, que l'A. a cotoy6 quotidiennement, sur l'atmosphere qui r~gne parmi son personnel, sur leurs comportements et rrflexions.

On est loin de l'exhaustivit6 minutieuse et o objective a de Harrell Jr., mais 1'<< informateur > Straub montre bien son ancien entourage et il connait les m~canismes d'adhrsion A l'6glise 6lectronique. Ainsi on o voit a (p. 9) une femme solitaire captivre par le prrdicateur qui lui < apporte >> le salut; son sofa, A domicile, est l'un des nombreux < bancs a de cette << glise a. L'A. montre et explique la manibre d'attirer le public, de susciter des adhesions, des conversions. (( La formule est simple, le style habile, l'exrcution professionnelle et les rrsultats ph~nom~naux. Pat [Robertson] joue sur les craintes, l'ali~nation, la colbre, I'indignation, les frustrations et les anxirtrs des t6lspectateurs ; puis il leur offre de l'espoir, du soulagement et un sens communautaire a (p. 23). L'6mission s'intitule d'ailleurs < 700 Club a, < club a auquel le t6l1spectateur adhere facile- ment par l'envoi de ses contributions financibres... Il recevra en retour un livre et des cassettes, des lettres < personnelles a (rralisres par traitement de texte). Ainsi se nouent les liens < communautaires a. Robertson joue aussi sur les sentiments de culpabilit6 et de prch6. II le fait non avec compassion pour le prcheur mais avec haine pour ses p~ch~s. L'A. a note que les plus d~test~s sont ceux, tel l'adultbre ou la pornographie, qui fascinent prrcisrment les producteurs des emissions. Selon les psychologues il s'agit de ph~nomanes de projection (p. 294).

Le canevas des 6missions est analys&. On y parle beaucoup de politique et leur dernire partie est consacr~e au healing, les cures miraculeuses. Selon Straub, Robertson ne les < fabrique > pas, mais il en voit l0 ofi elles ne sont qu'effet psychologique : ainsi le vieil homme cardiaque et impotent qui rrussit A marcher quelques pas A une reunion et qui est montr6 le lendemain A l'antenne comme un miraculk. Le vieillard mourra une dizaine de jours aprbs, mais de cela les t6lspectateurs ne seront pas informrs.

Comme ses confreres, Robertson est fascin6 par la technique; il fait, par exemple, acheter les cameras les plus sophistiqures ($ 100.000 l'une). Cependant le personnel qui realise les 6missions est lui mrdiocrement qualifi6. L'atmosphbre A C.B.N. est d6ltbre; l'espionnage rrciproque quant aux < faiblesses > (alcool, tabac, femmes) est permanent. Les congrdiements sont courants, pour les < fau- tes >, 6voqures mais aussi pour des raisons 6conomiques. L'ambition mrgaloma- niaque de Robertson suscite sans cesse des crises financibres, d'oi les renvois de personnel.

Un des pasteurs de l'entourage de Robertson a eu l'occasion de donner quelques conseils matrimoniaux - ineptes - A l'A. Or, c'est un ancien truand repenti et converti. La remarque de l'A. parait au premier abord personnelle et accessoire, mais le nombre d'anciens hors-la-loi repentis et convertis que l'on glorifie dans le milieu 6vang6lique fondamentaliste parait assez surprenant; outre DeLorean, dejA 6voqu6, on pourrait citer (parmi d'autres) d'anciens compli- ces de Nixon dans l'affaire du Watergate. Le fondamentalisme, notamment t6l1vang6lique, constitue, semble-t-il, une excellente voie de rrinsertion sociale...

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L'ambition de Robertson ' la pr~sidence des Etats-Unis est attest~e d~s 1979. Ses conceptions politiques internationales sont manich~ennes. La guerre nu- clkaire est inevitable ; se fondant sur les << proph~ties > dans Ezechiel et Rivdlations, Robertson affirme que l'Union sovietique envahira le Moyen Orient ; l'apocalypse nucleaire suivra. Robertson soutient d'ailleurs i fond l'Etat d'Israel et les autorites de ce pays lui accordent de nombreuses facilites lorsqu'il y realise des 6missions. Jimmy Swaggart, Jerry Falwell et nombre de televangelistes partagent les vues de Robertson sur un << Armageddon a nucleaire (v. plus loin). L'A. condamne le fanatisme dangereux de Robertson et ses pairs.

Robertson, avant meme d'etre candidat A la presidence, avait l'habitude des predications politiques emaillees de statistiques plus ou moins fiables. Cette technique, que pratiquent aussi d'autres predicateurs electroniques, vise i donner une caution o scientifique >> leurs propos.

Straub nous apprend aussi beaucoup sur lui-meme et son itineraire personnel et spirituel. Curieusement, il subsiste aussi chez lui une certaine admiration pour Robertson, ce qui donne d'ailleurs du prix i son temoignage, meme si celui-ci peut apparaitre unilateral.

Robertson n'a pas reussi i percer lors des primaires du parti republicain, mais ses resultats furent loin d'etre negligeables. Ses auditeurs constituent une force d'appoint pour le candidat du parti, George Bush, un aiguillon pour une politique droitiere. Le temoignage de Straub permet entre autres de voir comment << fonctionne a ce nouveau type d'homme politique, vedette audio-visuelle et religieuse.

Israil, enjeu prophitique et politique

Grace Halsell est encore une < informatrice > polemique, mais d'un autre type; militante pacifiste, elle denonce dans ce livre l'alliance entre, d'une part, I'extreme droite israelienne et certains sionistes americains et, d'autre part, les televangelistes les plus conservateurs, Swaggart, Robertson et Falwell. C'est de ce dernier qu'elle s'occupe essentiellement.

Cette denonciation manque de rigueur; les sources sont le plus souvent peu fiables et de seconde main. Cependant, le livre comporte deux apports int~res- sants, sur les pelerinages fondamentalistes en Israel et sur les origines chretiennes du sionisme.

Halsell 6voque, mais malheureusement de maniere trop lacunaire, deux < pelerinages >> organis~s parla Majorite morale de Falwell en Israel, en 1983 et en 1985, auxquelles elle a particip6 (non par conviction mais pour voir). A chaque fois plusieurs centaines de < p6lerins > (650 en 1983) parcourent la Terre sainte. Les organisateurs fondamentalistes et israeliens preferent essentiellement les diriger vers les realisations materielles, politiques et militaires de l'Etat, avec en prime une conference du ministre de la defense d'Israel devant les participants tous reunis. Entre pelerins (chretiens !), en general de classe moyenne, on elabore des << projets > pour la construction du troisieme Temple et la disparition des mosquees sur le rocher du d6me i Jerusalem.

L'A. tente d'expliquer cette alliance isradlo-fondamentaliste. Le conserva- tisme politique, I'esprit de guerre froide qui anime Falwell et Robertson se nourrit

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de << proph6ties >> bibliques. Au centre du dispositif prophdtique il y a la notion d'<< Armageddon >>, lieu mentionn6 dans Apocalypse, 16:16 et qui symbolise, i

leurs yeux la bataille finale que se livreront les forces du << mal >>, l'Union sovidtique, et celles du << bien >>, le monde libre chrdtien. Or, la victoire d'Israel lors de la guerre-6clair de 1967 a beaucoup aliment6 1'<< imaginaire > de ces fondamen- talistes. Elle prefigure la victoire surl'ennemi communiste. Vers les anndes 1980, la venue au pouvoir de la droite israblienne, avec Begin, renforce le r81e de ces iddologues qui melent d6lire prophdtique et calculs politiques de guerre froide. Ce que Halsell montre, rejoint en tout cas ce que disent aussi Elvy et Straub.

Halsell soulkve, regrettablement toujours avec peu de prdcision scientifique, la question des origines chrdtiennes - protestantes - du sionisme (elle les fait remonter i Cromwell). Au XIXe siicle de hauts fonctionnaires britanniques, influents en matibre de politique coloniale, s'intbressent i la Palestine (alors sous contr61e ottoman). Ils veulent y << protdger >> les Juifs - il y en aurait eu moins de dix mille en 1839. Cette << protection >> fleure &videmment des ambitions colonia- les. En tout cas, au cours de la plus grande partie du XIXe si~cle, les << sionistes >> sont surtout des chr6tiens britanniques. Ainsi la c61kbre ddclaration Balfour de 1917, qui sera, aprbs la Premiere Guerre mondiale, le fondement sioniste du << foyer >> juif en Palestine et aussi du Mandat britannique sur la Terre sainte, n'est pas tombde du ciel : encore une fois iddologie religieuse et visdes politiques 6taient 6troitement m8les.

En 1985, Benjamin Netanyahu, ambassadeur d'Israel aux Etats-Unis, s'adres- santaupublic delaN.RB.,lors d'un << petit d6jeuner >> pour Israel(voirElvy) confirme le rl61e historique des chrdtiens sionistes et il souligne celui d'ambricains 6minents ; le

pr6sident Wilson s'int6ressait lui aussi i la restauration d'un 6tat juif... Ainsi je me trouve encore une fois devant un << informateur >> aux connais-

sances, aux motivations et aux int6r~ts sp6cifiques. Ce qu'il dit recoupe en partie d'autres informations. Enfin, pour une 6valuation globale de l'6glise 6lectronique, les aspects politiques sont loin d'etre n6gligeables ; dans cette perspective, le rle du << mythe >> d'Israel n'est pas insignifiant. II faut ndanmoins situer cela dans un contexte plus global: l'6glise 6lectronique, on l'a vu, comporte encore bien d'autres aspects.

Une ivaluation sociologique

Avec la breve mais substantielle etude de William Martin, on obtient des informations et des analyses qui << d6dramatisent >> l'impact de l'6glise &lectro- nique.

Selon l'A. les mddias, par gofit du sensationalisme, les Eglise libdrales,

car elles ont peu de prddicateurs douds pour l'audio-visuel, et enfin les prddicateurs 6lectroniques eux-m~mes, pour se faire de la publicit6, exagbrent tous son importance.

Une etude Gallup de 1978 sur les auditeurs de la radio religieuse indique que 5 % de d'chantillon d'enquetds 6coutent celle-ci moins d'une heure par semaine et 5% plus de trois heures hebdomadaires. Au total 32,5 millions d'Am6ricains 6couteraient peu ou prou la radio religieuse. Ces chiffres sont plus 6levds que ceux pour les t6l1spectateurs en 1984 (voir Gerbner), mais d'une part, l'implication par le media radiophonique n'est pas identique, d'autre part, selon Martin, il y a

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largement d~crue des auditoires. Sociologiquement les profils sont proches de ceux obtenus en 1984 (Gerbner). La notion de < religion populaire > serait en gros pertinente. Cependant l'auditoire de Schuller, t6lvang6liste californien bien connu, sp~cialiste d'un christianisme euphorisant, plut6t que politique ou cha- rismatique, a un public plus diversifib. A la lumibre de ces enquates, les publics des divers pr~dicateurs 6lectroniques paraissent bien avoir des profils variables, ce que des etudes plus monographiques permettraient de pr~ciser: comment comparer en effet le << fiddle >> du non charismatique mais trbs politique Falwell A celui de Oral Roberts, sptcialiste du miracle curatif?

Martin analyse aussi les critiques envers l'6glise 6lectronique. Ainsi ses pr~dicateurs sont accuses de simplisme thbologique. Il est vrai que la radio et surtout la t6lvision ne sont pas, pour des emissions grand public, favorables A des messages complexes. Mais Martin, comme visiteur r~gulier de temple protestant ou d'6glise catholique, a constat6 que la thbologie des predications n'y est pas plus approfondie. Une autre critique - eccl~siologique - lui parait ~galement injus- tifide : celle selon laquelle l'6glise 6lectronique contribue au d~clin de la fr~quen- tation des cultes < lib~raux >. L'6tude de ce d~clin montre que ceux qui d~sertent sont jeunes, de niveau social et 6ducatif 6lev6 ; pr~cis~ment les personnes qui ne s'int~ressent pas beaucoup A l'6glise 6lectronique.

Les confessions 6tablies critiquent aussi les appels financiers pressants des pr~dicateurs 6lectroniques. Cependant, une enquate par questionnaire montre que le public religieux accorde surtout son soutien financier A des 6glises et A des missions, et seulement secondairement aux pr~dicateurs 6lectroniques. Comme Frankl, Martin pense que l'6glise 6lectronique r~pond A une demande populaire et que les auditeurs-t6lspectateurs int~ress~s pr~f~rent <<payer a pour faire survivre < leurs > emissions plut6t que d'6couter celles d'< int~ret public a - sans appels financiers - que produisent les confessions ~tablies sur les grandes chaines < profanes > (voir ce qu'en dit Elvy).

Martin, contrairement A Straub ou A Halsell, ne s'int~resse que peu au contenu du message thdologique de l'6glise 6lectronique, ou A son r61e politique. En creux son article est, parmi les travaux ici presents, un des moins critiques pour elle. En tout cas, il d~dramatise son r6le et ses effets. A la limite les pr~dicateurs 6lectroniques sont inoffensifs, du moins sur les plans 6voqu~s par I'A. Un article tout recent (Larry Martz) - il date du 11 juillet 1988 - indique que les t6lvang6listes sont aujourd'hui en difficult6, notamment A la suite des scandales rtcents qui ont touch6 divers d'entre eux, ce qui va dans le sens des vues d~dramatisantes, bien anthrieures de Martin. Cela dit, leur action A l'6tranger, la candidature de Robertson, leur pro-isradlianisme, et bien d'autres prises de position politiques (contre l'avortement, pour la pribre dans les 6coles publiques, etc.) ne peuvent faire sous-estimer leur influence, qui doit cependant etre situde dans le contexte du mouvement religieux et fondamentaliste dans son ensemble; il y a notamment le r6le des dynamiques baptistes du sud, confession qui a des attitudes et des vues fort proches de celles de Falwell ou de Robertson, qui d'ailleurs en sont issus.

Conclusion

Ainsi donc, alors que les recherches en sciences sociales sur les m~dias audio-visuels aux Etats-Unis sont fort d~velopp~es, celles sur l'~glise 6lectronique

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demeuraient, jusqu'il y a peu, rares. Cependant, et les livres pr6sent6s ici le montrent bien, l'6tude de ce ph6nombne n'est pas facile, notamment quant au nombre de t6l16spectateurs ou auditeurs, leur manibre de percevoir les 6missions, leur profil sociologique. Autre probl~me : on a abord6 le ph6nom~ne sous un angle d'atta- que trop g6n6ral. A ma connaissance, les premiers livres monographiques int6ressants sont ceux de Harrel Jr. sur Roberts et celui de Straub sur Robertson. II reste en tout cas beaucoup A faire en ce sens. La diversit6 des pr6dicateurs et, fort probablement du type d'interaction qu'ils ont avec un public donn6, me suggbre de parler, au pluriel, des 6glises l61ectroniques, pr6cis6ment pour faire progresser la recherche sur le ph6nombne dans son ensemble.

En faisant le tour des divers travaux 6voqu6s ici, j'ai certainement obtenu un vaste dossier, avec des informations importantes, diversifides. Qu'ils soient g6n6raux, statistiques, journalistiques, sociologiques, pol6miques, ils ont tous de l'int6ret. Mes < informateurs >> n'ont pas 6t6 consult6s en vain ; ils contribueront A de nouvelles recherches sur le theme. Ainsi plusieurs d'entre eux apportent de bons 6clairages sur le theme politico-religieux, notamment quant A l'attitude des 6glises l61ectroniques en politique 6trangbre, en Am6rique du sud ou au Moyen- Orient. Enfin, notre connaissance de la < gu6rison miraculeuse >> audio-visuelle, ou du fonctionnement interne d'une chaine religieuse, a progress6.

Au moment oix l'audio-visuel prend de plus en plus de place dans la vie des Ambricains du nord comme du sud et enfin en Europe, il est important d'en saisir les configurations avec les implications du type 6glise l61ectronique. N'a-t-il pas 6t6 question r6cemment de transmissions de programmes de Swaggart A TF1 ? Un scandale - la fr6quentation d'une prostitude - qui a terni l'image de ce grand pourfendeur de l'immoralisme, a mis - provisoirement ? - fin A cette tentative.

Avec ces divers ouvrages, celui qui tente de comprendre le d6veloppement 6ventuel des 6glises l61ectroniques en Europe, pourra prendre conscience des < apports >> religieux, culturels et politiques qu'il risque de repr6senter.

Jacques GUTWIRTH

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

ARMSTRONG (Ben). The Electric Church, 1979, Nashville, New York, Thomas Nelson Publishers, 191 p. (cf. J. S6guy in Arch., no 49-362).

GUTWIRTH (Jacques). Les Judeo-chretiens d'aujourd'hui, 1987, Paris, Cerf, p. 227-31. GUTWIRTH (Jacques). L'<< Eglise 6lectronique ambricaine >>, Etudes, 1987, 366, 6 (juin),

p. 823-33.

K. HADDEN (Jeffrey) et E. SWANN (Charles). Prime Time Preachers: The Rising Power of Televangelism, 1981, Reading (Mass.), Addison-Wesley Publ., 217 p.

HARREL Jr. (David Edwin).All Things are Possible. The Healing and Charismatic Revivals in Modem American, 1975, Bloomington, Indiana University Press, 304 p.

MARTZ (Larry) et al. '"TV Preachers on the Rocks", Newsweek, July 11, 1988, ("U.S. Affairs").

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