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Préparé par: HAISSEN Issam OULIDI JAWHARI Zineb TBER Salma Encadré par : Mr. BOUAYAD Abdelghani salmouni MASTER Economie et Management Internationaux 2014 Les entreprises marocaines face aux défis du libre-échange

Les Entreprises Marocaines Face Aux Défis Du Libre Échange

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les entreprise marocains face au libre échnge

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Page 1: Les Entreprises Marocaines Face Aux Défis Du Libre Échange

F

P r é p a r é p a r :

H A I S S E N I s s a m

O U L I D I J A W H A R I

Z i n e b

T B E R S a l m a

E n c a d r é p a r :

M r . B O U A Y A D

A b d e l g h a n i

salmouni

MASTER

Economie et Management Internationaux

2014

Les entreprises marocaines face

aux défis du libre-échange

Page 2: Les Entreprises Marocaines Face Aux Défis Du Libre Échange

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Liste des abréviations

ADPIC : Accords internationaux sur la protection des droits intellectuels

AELE : Association européenne pour le libre-échange

ALE : Accords de libre-échange

AMDI : Association Marocaine de Développement des Investissements.

AMITH : Association Marocaine de l’Industrie du Textile et de l’Habillement.

APPI : Les Accords de protection et de promotion des investissements

CNDI : Les conventions de non-double imposition

HOS : Heksher, Ohlin et Samuelson

MICNT : Ministère de l’Industrie, du Commerce, et des Nouvelles Technologies

PAS : Plan d’Ajustement Structurel

PED : Pays en voie de développement

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Plan

Introduction

Axe 1 : Le libre-échange au Maroc : Cadrage théorique et historique :

1.1 Libre-échange : cadrage conceptuel et apports théoriques

1.2 Insertion du Maroc dans l’économie mondiale

Axe 2 : Les enjeux du libre échange pour l’entreprise marocaine :

1.3 Etat des lieux du libre-échange au Maroc

1.4 Opportunités et Menaces du Libre-échange pour l’entreprise

marocaine

Axe 3 : Stratégies à mettre en œuvre face aux défis du Libre-échange

1.5 Par le Maroc

1.6 Par l’entreprise marocaine

Etude de cas : Secteur du Textile Versus. Secteur de l’aéronautique

Conclusion

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Introduction

Le monde est aujourd’hui assimilé à un village planétaire, et ce n’est pas sans

conséquence aucune. Avec la libéralisation des échanges qu’il préconise, le

phénomène de mondialisation a réussi, depuis plusieurs siècles, à mettre en

concurrence de plus en plus accrue les Etats ainsi que les petites, moyennes et grandes

entreprises du monde entier, qui doivent se battre pour survivre dans ce contexte

marqué par la déréglementation des marchés financiers, l’élimination des barrières

douanière (tarifaires et non tarifaires), et par conséquent une concurrence rude, voire

déloyale.

Ne faisant pas l’exception, le Maroc - après son indépendance – a vu dans

l’ouverture le seul moyen de booster sa performance économique, et d’atteindre le

développement rêvé. Ce choix, bien qu’indispensable, est unanimement considéré

comme une sorte de désinvolture. Pour cause, le pays n’a mené aucune étude sérieuse

pour mesurer l’impact de cette libéralisation sur son économie, et n’a pas instauré

suffisamment de mesures pour soutenir l’entreprise marocaine, notamment la PME

qui constituait alors 90% du tissu économique et qui était mise à rude épreuve, étant

mal armée pour affronter la concurrence des entreprises étrangères.

Aujourd’hui, l’économie marocaine est très ouverte sur son environnement

extérieur et son taux d’ouverture dépasse les 60% du PIB. Bien que ce taux soit

important, le bilan de cette ouverture laisse entrevoir un déficit structurel de la

balance commerciale du pays (entre 1960 et 2012, soit 52 ans, elle a connu une chute

de 1730%)1 encouragé par un taux de couverture qui peine à dépasser le cap des 50%

(46,7% en 2013)2. En effet, tandis que les exportations du pays ont encore du mal à

s’imposer sur le marché extérieur malgré la performance de certains secteurs comme

l’automobile, l’aéronautique ou encore l’électronique, les importations quant à elles

poursuivent un trend haussier soutenu par la dépendance du royaume vis-à-vis des ses

principaux partenaires, notamment l’Union Européenne, l’Asie et les Etats-Unis,

1 Source : Banque mondiale, Perspectives Monde, Statistiques par pays, Université de Sherbrooke.

2 Office des changes, “ indicateurs des échanges extérieurs”, Juillet-Août 2014.

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principalement pour les produits à forte valeur ajoutée (produits bruts, énergie et

céréales).

Dans ce contexte, nous pouvons dire que l’entreprise marocaine se trouve au

cœur d’un tissu économique encore vulnérable, ce qui nous interpelle sur la question

suivante :

« Le libre-échange constitue-t-il une opportunité ou une menace pour l’entreprise

marocaine ? »

Pour répondre à cette problématique, notre travail se penchera tout d’abord sur

l’environnement dans lequel opère l’entreprise marocaine, et ce depuis l’insertion du

Maroc dans l’économie mondial, chose qui sera suivie par un état des lieux des accords

de libre-échange signés par le pays. Dans un deuxième axe, nous nous arrêterons sur

les enjeux du libre-échange pour l’entreprise marocaine, en mettant en lumière à la

fois les opportunités et les menaces que peut engendrer ce dernier. L’axe qui suivra

portera sur les stratégies qui sont et doivent être mises en œuvre pour que l’entreprise

marocaine puisse profiter de cette mondialisation. Enfin, et afin de nous rapprocher de

la réalité, une étude de cas s’articulera autour de deux contre-exemples, l’un ayant

pleinement profité de l’ouverture – le secteur de l’aéronautique- et l’autre ayant

souffert de celle-ci, ce sera le secteur du textile.

Page 6: Les Entreprises Marocaines Face Aux Défis Du Libre Échange

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AXE 1 : Le libre échange au Maroc Cadrage théorique et historique

Pour comprendre un phénomène et étudier son impact, il est toujours très utile

d’étudier son origine, sa naissance. Le commerce est - avec la guerre et la diplomatie-

l’un des trois principaux modes par lesquels les Etats entrent en relation. En fait, afin

de préserver ou établir des relations purement commerciales, les Etats peuvent entrer

en guerre ou chercher à maintenir la paix, au détriment ou au profit des entreprises.

1. Le libre échange : cadrage conceptuel et apports théoriques : Le libre-échange est une doctrine économique qui préconise la libre circulation

des marchandises, celle-ci peut s’étendre aux services, aux capitaux et à la main-

d’œuvre. Pour cela, les libre-échangistes préconisent la suppression de toutes les

entraves aux échanges entre les nations.

Les premiers défenseurs de l’abaissement des droits de douane furent des

économistes français du XVIII siècle : les physiocrates. Le contrôleur des finances de

Louis XVI, Turgot (1727-1781) supprima les taxes sur les céréales à l’entrée de chaque

province française pour assurer la libre circulation des grains.

1.1. Les explications traditionnelles de l’échange international .

1.1.1. La théorie des avantages absolus d’Adam Smith.

Dans son ouvrage « Recherches sur la nature et les causes de la richesse des

nations » (1776), Adam Smith reprend l’analyse des physiocrates sur les bienfaits du

libre-échange. Il élabore la théorie des avantages absolus.

Chaque pays doit se spécialiser dans les biens et les services qu’il parvient à

produire à un coût de production inférieur à celui du reste du monde. Chaque pays

doit en contrepartie délaisser la production de biens et de services pour lesquelles il

est le moins efficace. Il doit alors importer ces produits du reste du monde.

Exemple contemporain : Prenons le cas de la France et de l’Arabie Saoudite

pour deux produits : les voitures et le pétrole.

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La France a un avantage absolu pour les voitures et doit se spécialiser dans cette

production. Elle doit délaisser la production de pétrole et l’acheter à l’extérieur.

L’Arabie Saoudite doit se spécialiser, à l’inverse, dans la production de pétrole et importer

ses voitures.

D’un point de vue économique, les deux pays ont intérêt à se spécialiser et à

commercer. Il n’y a aucun perdant à l’échange.

1.1.2. La théorie des avantages comparatifs de David Ricardo (1772 -

1823)

Dans son ouvrage, « Des principes de l’économie politique et de l’impôt » (1817),

Ricardo apporte un complément à la théorie d’Adam Smith. Il existe un cas particulier

non étudié par son prédécesseur : quand un pays n’a aucun avantage absolu sur ses

partenaires commerciaux. Il ne peut donc se spécialiser dans une production pour

échanger commercialement avec les autres.

Ricardo élabore la théorie des avantages comparatifs pour remédier à la faille

théorique de Smith. Chaque pays doit se spécialiser dans la production dans laquelle

son coût de production est le plus faible au détriment de ses autres productions. Là où

le pays est le moins mauvais, à défaut d’être le meilleur, il se spécialise.

Ricardo a pris l’exemple désormais fameux de la production de draps et de vin

dans deux pays différents : le Royaume-Uni et le Portugal. On considère que le coût du

travail par ouvrier est identique dans les deux pays.

La supériorité du Portugal découle d’une meilleure productivité du travail dans les

deux domaines d’activité. Toutefois, en calculant les écarts de prix entre les deux

produits, Ricardo remarque que le Portugal a un avantage plus grand pour le vin

que pour les draps. On parle d’avantages comparatifs. Dans cette situation, le

Portugal a intérêt à se spécialiser dans le vin et à importer ses draps.

Symétriquement, l’infériorité du Royaume-Uni est moindre pour les draps que pour

le vin. Le Royaume-Uni doit donc abandonner la production de vin et se spécialiser

dans la production de draps. En théorie, les deux pays ont intérêt à commercer en

se spécialisant, car ils en tireront tous deux un bénéfice supplémentaire.

Page 8: Les Entreprises Marocaines Face Aux Défis Du Libre Échange

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Ricardo est donc favorable au libre-échange, quelles que soient les situations des

deux partenaires commerciaux. Pour lui, le commerce international est un moyen de

dynamiser la croissance économique et d’éviter « l’état stationnaire » (taux de

croissance égal à 0 %)

1.1.3. Le théorème HOS.

Il s’agit d’un théorème élaboré dans la seconde moitié du XX siècle par trois

économistes (Heckscher, Ohlin et Samuelson) et qui se situe dans le prolongement

théorique de la pensée Ricardienne. Ces économistes expliquent les avantages

comparatifs par les différences de dotation en facteurs de production3. Ils prennent

comme hypothèse le caractère substituable des deux facteurs de production capital et

travail.

La dotation des pays en développement comprend une abondance de ressources

minérales, une main d’œuvre peu qualifiée et nombreuse et un faible capital technique.

La dotation des pays développés comprend une main-d’œuvre qualifiée, beaucoup de

capital technique et peu de ressources minérales.

Le théorème HOS s’énonce ainsi : chaque pays a un avantage comparatif dans

l’activité qui utilise intensément le facteur de production dont il est le mieux pourvu.

Pour les libéraux, la théorie du libre-échange, démontrée par Smith et Ricardo,

est favorable à la croissance économique mondiale et tous les pays y gagnent quel que

soit leur niveau de développement.

1.2. Les analyses récentes de l’échange international :

La théorie traditionnelle de Ricardo a été souvent critiquée pour les échanges actuels.

Ainsi, le développement des échanges intra-firmes (entre filiales, entre filiales et

maison-mère) montre qu’une partie des échanges, en échappant aux règles du

marché, ne peuvent s’expliquer par la théorie des avantages comparés.

3 Mémoire de Master, « Zones de libre-échange et développement : Cas du Maroc », Faculté des

sciences juridiques économiques et sociale de SOUISSI, 2009, p. 29.

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Mais c’est surtout l’accroissement des échanges de produits similaires entre les

pays qui remet en question l’analyse traditionnelle. Le développement du commerce

intra-branche entre pays voisins ne peut s’expliquer ni par des productivités du travail

différentes (optique de Ricardo), ni par des dotations en facteurs de productions

inégales (optique HOS). Certains économistes ont alors mis en avant les conditions

relatives à la demande pour expliquer l’échange. Les consommateurs souhaitent

acheter des produits semblables mais non identiques, se différenciant par leurs

caractéristiques. La différenciation des produits est aussi une préoccupation des

entreprises qui cherchent ainsi à retrouver un certain pouvoir de monopole

(concurrence monopolistique).

2. Insertion du Maroc dans l’économie mondiale : Le Maroc est l’un des pays précurseurs en Afrique et dans le monde arabe à

avoir opté pour la libéralisation de son économie et de ses échanges, et ce depuis le

début des années 80 dans le cadre du Programme d’Ajustement Structurel qui visait

une réduction substantielle des déficits macro-économiques tant intérieurs (Déficit

public et déficit épargne / investissement) qu’extérieurs (déficit du compte courant).

Cette politique s’est renforcée par l’adoption d’une nouvelle génération de réformes

volontaristes qui a porté principalement sur le désengagement progressif de l’Etat et

des entreprises publiques, l’élimination des mesures non tarifaires tant à l’importation

qu’à l’exportation, la simplification du système de taxation des importations et la

rationalisation du tarif douanier4. Ceci afin de maintenir la stabilisation de l’économie

et la restructuration du processus de production, tout en assurant une meilleure

allocation des ressources et en rétablissant les équilibres macro-économiques.

La stratégie d’ouverture et de libéralisation adoptée par le Maroc s’est traduite

également par son adhésion en 1987 au GATT puis à l’OMC en 1994 à Marrakech, ainsi

que la conclusion de l’accord d’association avec l’Union européenne, qui prévoit à

terme l’établissement d’une zone de libre-échange entre les deux partenaires ; la

conclusion d’une série d’accords de libre-échange avec ses principaux partenaires

commerciaux tels que l’Union Européenne, les pays arabes, les Etats-Unis d’Amérique

et la Turquie. De même, d’autres conventions et accords ont été aussi conclus avec

4 Ministère du commerce extérieur, Royaume du Maroc 2013.

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notamment les pays de l’Union du Maghreb Arabe et de l’Union Economique et

Monétaire Ouest Africaine. Ces accords émergent comme principal outil de la stratégie

d’ouverture visant à renforcer l’intégration du pays à l’économie mondiale et à son

environnement régional. La conclusion de ces accords se justifie alors par le besoin

d’adaptation aux nouvelles exigences du commerce mondial et par la nécessité de la

diversification des produits et des marchés à l’exportation.

2.1. Accord d'Association Maroc-Union européenne

Signé le 26 février 1996 et entré en vigueur le 1er mars 2000, l’accord

d’association entre le Maroc et l'Union européenne prévoit l'instauration progressive

d'une zone de libre-échange industrielle à l'horizon 20125 et une libéralisation

progressive des échanges agricoles.

Pour les produits industriels, l'accord prévoit un démantèlement progressif sur

12 ans pour les produits originaires de l'UE dans le cadre de 3 listes contre un accès

libre pour les produits industriels marocains.

Par ailleurs, des négociations bilatérales ont été menées en vue de l'adaptation

de l'accord d'association suite à l'élargissement de l'UE à dix nouveaux pays (ces

négociations ont été achevées le 16 avril 2004).

2.2. Accord de libre-échange avec les Etats-Unis

Le Maroc et les USA ont signé un ALE le 15 juin 2004. Cet accord est entré en

vigueur le 1er juillet 2005. Il s'agit d'un Accord global qui touche à tous les secteurs de

l'activité économique, allant du commerce des biens, au commerce des services, aux

ADPIC, jusqu’aux questions sociales et environnementales. A vocation exclusivement

économique et commerciale, cet accord a pour objectif d'organiser le développement

des échanges de biens et services entre les deux pays dans un cadre maîtrisé, au

regard des différences de développement socio-économique.6

5 http://www.lemoci.com/ UE-Maroc: accord commercial adopté par le Parlement européen,

16/02/2012. 6 www.mcinet.gov.ma (Ministère de l’Industrie, du commerce et de mise à niveau de l’économie)

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2.3. Accord de libre-échange Maroc-AELE :

Signé le 19 juin 1997 et mis en application le 1er mars 2000, l’accord

d’association avec l'Association européenne pour le libre-échange (AELE) prévoit pour

les produits industriels un démantèlement progressif sur 12 ans à l'image du schéma

de l'UE.

Pour les produits agricoles et contrairement à l'UE, l'AELE ne dispose pas d'une

politique agricole commune. Aussi, des concessions ont été échangées avec chacun

des pays membres.

2.4. Accord de libre-échange Maroc-Turquie :

Dans le cadre du processus d'intégration régionale euro-méditerranéenne, le

Maroc et la Turquie ont signé un ALE à Ankara, le 7 avril 2004. Il prévoit l'instauration

progressive d'une zone de libre-échange industrielle sur une période de 10 ans à

compter de la date d'entrée en vigueur avec un traitement asymétrique en faveur du

Maroc.

Les produits industriels d'origine marocaine bénéficieront de l'exonération

totale et ce, dès l'entrée en vigueur de l'accord. S'agissant des produits agricoles, il a

été procédé à un échange de concessions.

2.5. Zone de libre-échange arabe :

Le programme d'application de la convention de facilitation et de

développement des échanges commerciaux interarabes est entré en vigueur le 1er

janvier 1998. Il vise la mise en place progressive d'une zone de libre-échange entre les

pays membres de la Ligue arabe (sauf l'Algérie, Djibouti, les Comores et la

Mauritanie).7

Ce Programme prévoit un démantèlement progressif, pour arriver à

l'exonération totale le 1er janvier 2005. Cependant des difficultés d'application

demeurent.

7 http://www.invest.gov.ma

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2.6. Accord avec les pays arabes méditerranéens :

Le Maroc a signé le 25 février 2004, un ALE quadrilatérale avec l'Egypte, la

Tunisie et la Jordanie en application de la déclaration d'Agadir, signée le 8 mai 2001.

Cet accord vise la mise en place d'une zone de libre-échange quadripartite, tout en

restant ouverte à tous les pays arabes méditerranéens.

Il prévoit une exonération totale des droits de douanes dès la date d'entrée

en vigueur (1er janvier 2005) pour tous les produits industriels et agricoles à

l'exception de certains produits exclus pour des raisons de sécurité, santé et

d'environnement.

2.7. Accords avec les pays d’Afrique8 :

Le Maroc compte aujourd’hui de nombreux partenaires parmi les états

subsahariens. En effet, plusieurs accords ont été signés en 2014, notamment :

Les conventions de non-double imposition (CNDI) : 3 conventions bilatérales

(Egypte, Sénégal et Gabon) et 1 convention multilatérale (UMA) en vigueur ; 3

conventions signées en cours de ratification (Burkina Faso, Cameroun et Côte d’Ivoire);

5 conventions en cours de signature (Afrique du sud, Centrafrique, Guinée Conakry,

Seychelles et Soudan); et 5 conventions en cours de négociation

Les Accords de protection et de promotion des investissements (APPI) : Le

Maroc a signé 17 APPI en Afrique, dont 7 sont entrés en vigueur (Gabon, Gambie,

Egypte, Lybie, Mauritanie, Soudan et Tunisie) et 10 sont en attente de ratification ou

d’entrée en vigueur (Bénin, Côte d’Ivoire, Cameroun, Centrafrique, Cap vert, Ghana,

Guinée Conakry, Guinée Equatoriale, Sénégal et Tchad)

Accords de libre-échange (ALE) : le Maroc a un ALE avec 5 pays d’Afrique du Nord,

et 2 projets d’ALE importants en cours de négociation avec l’UEMOA et la CEMAC.

En plus des accords cités, l’on peut également citer les accords sectoriels avec la

RDC (agriculture), l’Angola (tourisme ; aéroportuaire), le Bénin (Conseil

d’affaires), le Gabon (santé, formation, …), le Sénégal (transport, mines, énergie,

..), ou encore la Côte d’Ivoire (Investissement, tourisme, pêche, …), etc.

8 www.casablancafinancecity.com/fr/content/le-maroc-en-afrique

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AXE 2 : Les enjeux du libre échange pour l’entreprise marocaine

1. Etat des lieux du libre-échange au Maroc : L’ampleur du déficit commercial du Maroc, est en croissance régulière depuis

2002 (à l’exception d’une légère stabilisation en 2009 et 2010). En 2013, il a atteint la

somme record de 196 milliards de dirhams9.

Cet état de fait est notamment palpable au niveau de trois groupes de produits

qui représentent 90% du déficit global de ces échanges, précise l’Office des changes «

2013 ». En tête du classement, on trouve :

Les biens d’équipement avec un déficit de 25,1MMDH en 2013;

Les semi-produits qui reculent de 24,6MMDH (+18,2%) ;

Les biens de consommation avec un déficit de 10,6 MMDH.

Globalement, il est déjà admis que ce qui pénalise le Maroc c’est que les

échanges commerciaux réalisés dans le cadre des accords de libre-échange demeurent

prédominés par les importations. Bien évidemment, l’ALE avec l’UE s’accapare la part

du lion avec plus de 23,6% des échanges commerciaux. Avec 2,4% du total des

transactions commerciales, l’ALE avec les États-Unis arrive deuxième. Quant aux

échanges générés par l’Accord d’Agadir, ces derniers ne représentent que 0,8% alors

que ceux entrant dans le cadre de l’Accord avec les pays membres de l’Association

européenne de libre-échange (AELE) ne dépassent pas 0,7% ;

1.1. L’ALE avec l’UE :

Les échanges commerciaux avec l’UE ont enregistré en 2013 un déficit de

55,1MMDH et un taux de couverture de 41,9%

En effet, les importations en provenance de l’UE, ont évolué de 5,3%, soit 94,9

MMDH ainsi que les exportations réalisées vers l’UE ont augmenté de 6,4% en 2013 à

39,8MMDH.

9 Office des changes dans l’édition définitive 2013 de son rapport annuel sur le commerce extérieur du

Maroc.

Page 14: Les Entreprises Marocaines Face Aux Défis Du Libre Échange

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1.2. L’ALE avec les États-Unis :

En 2013, les échanges commerciaux avec les États-Unis ont baissé de 24,7% à

13,5MMDH contre 18MMDH en 2012. Ces échanges ont généré en 2013 un déficit en

baisse de 44,6% (4,1MMDH contre 7,4MMDH). Quand au taux de couverture, il gagne

11,5 points et s’établit à 53,4% contre 41,9% en 2012. L’amélioration du déficit de ces

échanges est due principalement à la baisse des importations originaires des États-

Unis, réalisées dans le cadre de l’accord de libre-échange10

1.3. L'Accord d'Agadir,

Les échanges commerciaux réalisés dans le cadre de l’accord d’Agadir (l’Égypte,

la Tunisie et la Jordanie) réalisent une bonne performance en 2013 en se situant à

4,4MMDH contre 4,2MMDH un an auparavant, soit une augmentation de 3,9%.

1.4. L’ALE avec la Turquie :

En 2013, les échanges commerciaux du Maroc, effectués dans le cadre de cet

accord ont enregistré une hausse de 36,8% à 10,9MMDH contre 8MMDH un an

auparavant. «Cette évolution est imputable tant aux importations (+40,6%) qu’aux

exportations (+28,1%). Ces échanges font ressortir en 2013 un déficit de 4,7MMDH et

un taux de couverture des importations par les exportations de 39,6%

2. Opportunités et menaces du libre-échange pour l’entreprise

marocaine : L’approche libérale du commerce international prétend que chaque pays a

intérêt à se rallier au libre échange et en ressort toujours gagnant. Or la réalité

économique a souvent démenti cette vision idyllique. L’ouverture des frontières

représente à la fois des opportunités et des menaces pour les économies et, plus

particulièrement, pour l’économie marocaine.

2.1. Les opportunités du libre échange :

L’ouverture du Maroc à l’international peut générer des gains dépassant les

grains traditionnels en permettant d’exploiter les économies d’échelle, de profiter des

10

Selon l’Office des Changes

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nouvelles opportunités en termes de marchés, d’attraits de capitaux et technologies

étrangère.

Facteur de croissance :

L’ouverture des frontières offre de nouveaux débouchés aux entreprises

marocaines pouvant ainsi exporter davantage, accroître leur production et leurs

profits. L’essor des exportations accroît le PIB et le niveau des emplois ;

Facteur de développement économique :

La division internationale du travail accroît

l’efficacité des firmes, les poussent à améliorer leur

compétitivité face à une concurrence accrue. Elles

sont incitées à innover, à améliorer leur

productivité, à développer la recherche afin de

maintenir leur avantage concurrentiel. De plus, le

libre échange a permis le développement des pays

bénéficiant des avantages coûts comme le Maroc

Facteur de concurrence entre les pays :

La concurrence est devenue plus vive grâce à l’ouverture des frontières. Cette

pression concurrentielle favorise la baisse des prix, la diversification des produits de

consommation courante et profite ainsi aux consommateurs

2.2. Les menaces du libre échange :

La principale menace qu’apporte le libre-échange à la sphère économique

marocaine est qu’il ouvre les frontières à des produits étrangers dont les producteurs

disposent de technologies, de savoir-faire et de compagne marketing beaucoup plus

avancés que celles des producteurs locaux, il en découle :

la perte d’importantes parts de marché pour ces dernières,

l’industrialisation contribue à la destruction de l’environnement

la dégradation des termes de l’échange

l’exploitation massive des ressources internes naturelles et humaines des PED.

Page 16: Les Entreprises Marocaines Face Aux Défis Du Libre Échange

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Facteur de désindustrialisation et de chômage :

Face à la vivacité de la concurrence des pays émergents (Chine par exemple)

ayant des coûts du travail (salaires + cotisations sociales) très faibles en raison

d’absence de protection sociale et de normes sociales, pratiquant le dumping social et

le dumping monétaire, nos industries ont fermé ( textile, jouets, électroménager,

informatique…).

Et d’autres se sont délocalisées provoquant la désindustrialisation de certaines

régions ou encore la disparition des filières industrielles (le textile au Maroc dès la fin

des années 9O par exemple) et aggravant considérablement le chômage.

La limitation des recettes de l’Etat :

Cela veut dire que le revenu de l’Etat connaîtra une croissance moins élevée,

compte tenu du manque à gagner en matière de recettes douanières mais aussi de

l’augmentation insatisfaisante des autres produits d’impôts et taxes. Pour compenser

ce manque à gagner, l’Etat marocain sera obligé de trouver d’autres sources de

financement

Facteur de dégradation sociale :

Sans normes sociales mondiales minimales, le libre échange fausse la

concurrence et menace gravement les modèles sociaux des pays en développement

notamment le Maroc qui s’est concentré sur le développement économique au

détriment du développement social. Or, ce dernier constitue un véritable levier pour

un pays qui cherche à améliorer son bien être.

La menace de l’identité culturelle

Face à la fragilité des structures marocaines dans le domaine des médias et de la

culture, la supériorité américaine et européenne, technique et technologique, ne peut

que menacer la culture marocaine dans la diversité de son contenu (perdre ses

coutumes, cultures,…) et entrainer une perte de l’indépendance avec risque

d’acculturation.

Page 17: Les Entreprises Marocaines Face Aux Défis Du Libre Échange

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Axe 3 : Stratégies à mettre en œuvre face aux défis du libre-échange :

Conscient des menaces que peut engendrer l’ouverture, le Maroc prône la

nécessité d’une mise à niveau des secteurs clés de son économie. A côté, l’entreprise

est d’autant plus responsables de sa survie ou non, c’est pourquoi elle doiven identifier

et exploiter ses facteurs clés de succès, et développer ses avantages compétitifs.

1. Les stratégies et perspectives du Maroc :

Stratégies sectorielles

Depuis 2002, le Maroc poursuit ses réformes économiques en vue d’accroître son

intégration dans l’économie mondiale, l’objectif de sa politique commerciale étant de

contribuer à la réduction de la pauvreté et au développement humain durable. À ce

titre, elle se doit d’être en phase avec les autres politiques et actions nationales

comme l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH) lancée en 2005. La

croissance des exportations est perçue par les autorités marocaines comme l’un des

leviers les plus importants avec l’amélioration de la productivité et la promotion des

investissements pour la réalisation de ses objectifs économiques et sociaux.

La politique commerciale du Maroc doit être examinée dans sa relation avec les

programmes de développement sectoriels et trans-sectoriels comme le Plan

Émergence. Ce dernier a été adopté par le Gouvernement en 2007 et vise à

développer les filières de l’offshoring/nearshoring, l’agroalimentaire, les produits de la

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mer, le textile, l’automobile, l’aéronautique, l’électronique et l’artisanat industriel. Le

Pacte Émergence est un contrat-programme qui vise « à développer le tissu industriel

national. Pour ce faire, il fixe les orientations et le cadre de développement pour les

différents secteurs industriels. Il vise aussi à ‘contractualiser les engagements

réciproques de l’État et du secteur privé »11. Parmi les autres programmes de

développement économique, le projet « Inmaa » se concentre sur l’amélioration de la

productivité nationale. Il s’agit d’un programme corolaire du Pacte Émergence, lancé

par le Ministère de l'industrie, du commerce et des nouvelles technologies (MICNT)

pour promouvoir « l’excellence opérationnelle » dans les PME industrielles. En ce qui

concerne l’agriculture, il existe le Plan Maroc Vert, initié en 2008, qui consiste à

dynamiser le secteur agricole.

Ces dernières années, le Maroc a également introduit diverses mesures de

simplification des procédures douanières notamment un système de base automatisée

des douanes en réseau (BADR) depuis 2009. Ce système vise à faciliter les procédures

de dédouanement en les regroupant dans un point unique accessible sur internet. Ce

système a ainsi permis de relever le taux d’informatisation des procédures douanières

à plus de 90%12. D’autre part, les licences d’importation ne sont exigées que pour des

raisons de sécurité ou pour des produits couverts par des conventions internationales.

L'importation de certains produits reste toutefois soumise à une autorisation préalable

de l’agence compétente.

Afin d’atteindre et d’encadrer ces différentes initiatives, les autorités marocaines

ont adopté un ensemble de dispositions sectorielles regroupées dans la Loi de

Finances 2011, notamment la hausse des droits d’importation sur certains produits

agricoles et agroalimentaires comme le blé, et industriels comme le fer blanc, afin de

protéger les producteurs locaux. En parallèle, les droits d’importation de certains

intrants nécessaires à l’industrie nationale sont réduits notamment dans le secteur de

la chimie13. La promotion des exportations passe également par une série d’incitations

et d’avantages octroyés par les différents départements compétents. Il s’agit

notamment de dispositions fiscales en faveur de l´investissement et des exportations, 11

Challenge du 25 février au 3 mars 2011, page 43. 12

OMC, EPC 2009, p. 34 13

Challenge du 12 au 25 novembre 2010, pages 28-31.

Page 19: Les Entreprises Marocaines Face Aux Défis Du Libre Échange

19

de la création de zones franches d´exportation et de régimes économiques spéciaux en

douane, ou encore de la facilitation des changes.

Par ailleurs, le Maroc s’est lancé depuis quelques années dans la modernisation

de ses infrastructures de transport pour les mettre au diapason des pays développés.

Désormais, les acteurs économiques disposent des infrastructures de transport qui

leur manquaient pour être plus compétitifs et la carte marocaine des temps (délais) de

transport est train de rétrécir. Cet effort de modernisation concerne toutes les formes

de transport. Les axes autoroutiers continuent de s’étendre pour relier toutes les

régions du Maroc à un réseau national qui compte déjà parmi les meilleurs du

continent. Concernant le transport ferroviaire, l’Office National des Chemins de Fer

(ONCF) compte injecter 33 milliards de dirhams dans différents projets dont 20

milliards DH dans le seul projet du TGV qui permettra de relier Tanger à Casablanca en

deux heures et quinze minutes.

Les autres formes de transport ne sont pas en reste. En effet, la compagnie

nationale de transport aérien Royal Air Maroc continue la modernisation de sa flotte et

son ouverture internationale à travers la prise de participation dans plusieurs

compagnies aériennes en Afrique. Le transport maritime connaît lui aussi un essor sans

précédent avec l’ouverture du secteur à la concurrence internationale, la

modernisation des infrastructures portuaires et leur renforcement avec l’inauguration

de Tanger-Med.

Les réformes économiques et commerciales entreprises par le Maroc depuis

quelques années ont contribué à la diversification croissante et la bonne performance

globale de son économie. Toutefois, le recul de la demande étrangère, notamment de

l’Union européenne, pourrait freiner cet élan. De plus, le ralentissement de la

croissance dans de nombreux pays pourrait contribuer au retour d’un certain

protectionnisme. Dans ce contexte, le Maroc n’a cessé de prendre des mesures pour

faciliter le commerce mais reste fortement dépendent des mesures commerciales

mises en œuvre dans les autres pays. Il est cependant difficile d’identifier ces mesures

ainsi que de quantifier leur impact sur les entreprises.

Page 20: Les Entreprises Marocaines Face Aux Défis Du Libre Échange

20

2. Les stratégies de l’entreprise marocaine :

Quelque soit la position dans laquelle se trouve l'entreprise marocaine :

décroissante, constante ou encore croissante, la pression de la concurrence qu’impose

la mondialisation s'exerce, situation devant laquelle elle cherche au moins à stabiliser

sa part de marché.

Par ailleurs, les entreprises qui s'adaptent à ses changements et conçoivent des

stratégies flexibles verront dans ces tendances plutôt des opportunités que des

menaces, et trouveront certainement un moyen de profiter du changement.

Ces entreprises à caractère adaptatif doivent aussi être en mesure d’apprécier

avec justesse des besoins des clients sur n'importe quel territoire, tout en sachant que

ces besoins sont par nature changeants.

D’une autre part, la flexibilité des entreprises leur permettra de tirer avantage

des évolutions technologiques. Certes, la bonne appréciation des besoins de

l'utilisateur final reste un élément décisif de succès, mais la capacité de transformer

une bonne part du marché en nouveaux produits et services est tout aussi importante.

Cependant, il ne suffit pas qu'une entreprise soit présente sur le plan mondial

pour en dégager automatiquement un avantage concurrentiel, surtout que la

concurrence de plus en plus acharnée fera toujours des gagnants et des perdants.

Cette ouverture doit être confortée par une pensée statistique mondialisée, une vision

stratégique claire est synthétique encadrée par une capacité d’identifier puis exploiter

ses facteurs clés de succès.

En jouant sur la productivité, la maîtrise des risques, la gestion de la qualité,

l’optimisation des ressources et la gestion des coûts, la formation du capital humain et

gestion de compétence, la responsabilité sociale, la diversification des débouchés ;

l’entreprise marocaine pourra certainement s’imposer sur le marché mondial, ou du

moins réduire les effets négatifs que peut engendrer le libre-échange.

Page 21: Les Entreprises Marocaines Face Aux Défis Du Libre Échange

21

ETUDE DE CAS :

L’objectif de cette partie est de montrer comment le libre-échange peut être à la

fois une opportunité et une contrainte pour les entreprises marocaines, et ce à travers

deux secteurs qui ont été affectés distinctement par l’ouverture, le secteur du Textile

étant impacté négativement, et le secteur aéronautique positivement.

3. Le Secteur du Textile : Lorsqu’il s’agit d’aborder le revers de médaille de l’ouverture de l’économie

marocaine, l’exemple du secteur « Textile » reste le plus parlant. Bien qu’il soit

considéré comme l’un des plus grands employeurs à hauteur de 40% des emplois

industriels, avec une contribution importante au PIB (13%) et 27% de la production

orientée à l’export14, le 8ème secteur mondial du Maroc reste fortement sensible à la

demande européenne, ses performances font du surplace depuis les années 2000, et il

reste à la traîne face à ses concurrents étrangers, notamment chinois et turques15.

En fait, tandis que l’Union-Européenne s’accapare la part du lion des

exportations du secteur (93% en 2013)16, le Maroc n’occupe que 3%17 des importations

de cette première. Ces chiffres reflètent les deux grandes fragilités du secteur.

- Forte dépendance vis-à-vis du marché européen

L’industrie textile marocaine ne peut exister sans la demande européenne,

notamment française et espagnole, et reste très susceptible à la conjoncture de ces

deux pays. Selon une étude menée par le ministère de l’Emploi et de la formation

auprès de 715 unités membres de l’AMITH, la branche textile et habillement, pierre

saillante de l’industrie nationale, a connu la suppression de 48.000 emplois déclarés

durant l’année 2008, période qui renvoie à la crise financière internationale.

14

Selon l’Agence Marocaine de Développement des Investissements 15

Ils couvrent respectivement 42% et 12% du marché européen, selon le quotidien « L’économiste » N°3996, du 26 décembre 2012. 16

Selon les chiffres de l’AMITH. 17

FZT, « Exportations textiles : Guerre des chiffres », Quotidien « L’économiste », Edition N°3996, 26

décembre 2012.

Page 22: Les Entreprises Marocaines Face Aux Défis Du Libre Échange

22

- Incapacité du secteur à s’imposer sur le marché mondial :

Le secteur du textile et de l’habillement fait du surplace ces dernières années. La

crise de 2007 a lourdement pesé sur la profession. Pis encore, à la lecture des

différentes statistiques, en remontant même au début des années 2000, on constate

aisément que le secteur peine à franchir un nouveau palier. Selon les chiffres de

l’Office des changes, les exportations marocaines de textile et habillement ont vacillé

entre 25 et 29 milliards de DH durant la période 2001-2012, sauf en 2006 au terme de

laquelle un pic de 30 milliards a été enregistré suite à un bon développement du

courant d’affaires avec l’Espagne et à l’entrée en vigueur de l’accord de libre-échange

avec les Etats-Unis qui a permis de réaliser un chiffre d’affaires de 383 MDH sur ce

marché. Toutefois, ceci n’a pas duré avec la montée en force des nouveaux

concurrents « Low-cost ». Aujourd’hui, les exportations du secteur s’établissent à

quelques 17,5 milliards de dirhams18, encore une preuve que l’offre des entreprises

marocaines satisfait de moins en moins ses clients étrangers.

- Quand les atouts se tournent en faiblesses :

Les années 1960 marquent le coup d’envoi du déploiement de l’industrie textile. En effet, la

promulgation du premier code des investissements industriels et l’institution d’une protection

douanière ont été à l’origine du démarrage réel de ce secteur et, 5 ans plus tard, la production

a été multipliée par plus de 5 fois couvrant 50 % des besoins nationaux. Dans les années 70, et

après avoir couvert la quasi-totalité des besoins locaux, l’industrie textile-habillement s’est

progressivement tournée vers le marché international. Cette ouverture s’est automatiquement

traduite par une forte croissance de l’activité de cette branche, confortée par la promulgation

du nouveau code des investissements et des exportations de 1983. Vers la fin de la décennie

suivante, les investissements européens de délocalisation se sont enchaînés et le taux de

couverture des importations textiles par les exportations a dépassé le cap des 100%.

Ministère de l’Emploi, de la Formation Professionnelle, du Développement Social et de la Solidarité, Direction de l’Enseignement Professionnel, « Portrait de secteur : Pour le secteur de Formation TEXTILE/HABILLEMENT, Février 2002.

Plusieurs facteurs ont joué en faveur de l’essor de l’industrie Textile marocaine,

tous mis en relief par un contexte de libéralisation des échanges, jusqu’à ce que la

donne s’inverse. Tout d’abord, la proximité géographique du Maroc au marché

européen a été un atout indiscutable. Or, le libre-échange prôné à travers le monde, a

aussi permis a des entreprises chinoises et turques notamment, bien qu’éloignée

géographiquement, de détrôner l’offre marocaine. D’autant plus que la main d’œuvre

habile, abondante et peu coûteuse dont se vantait le pays s’est avérée de faible

18

Ministère de l’économie et des finances, Note de conjoncture, N° 209, Juillet 2014.

Page 23: Les Entreprises Marocaines Face Aux Défis Du Libre Échange

23

qualification en allant de l’ouvrier et technicien jusqu’au cadre, et les retards de

livraison ont entaché la réputation des entreprises opérant dans ce secteur. Pour finir,

la structure souple et évolutive qui jadis caractérisait l’outil de production marocain ne

faisait plus le poids face à ses concurrents étrangers, à cause de bon nombre de

dysfonctionnements : absence d’équipement adapté à la production de tissus de

qualité, manque d’approvisionnement en coton surtout, manque de créativité et de

développement des produits finis, négligence du repassage/conditionnement mais

aussi, manque d’une gestion satisfaisante de la qualité.

Nous pouvons alors déduire que si l’industrie textile ne sait plus céder aux

caprices de ses clients, étrangers notamment, ce n’est pas la seule faute de

l’ouverture, mais s’est surtout la conséquence d’un manque d’adaptation et de

perfectionnement de la plate-forme textile dont seul le pays est responsable.

2. Le Secteur de l’aéronautique : Contrairement au Textile, le secteur aéronautique marocain a pu tirer son

épingle du jeu, dans le sillage de la dynamique du secteur aéronautique mondial. 100%

dédié à l’export, ce secteur emploie près de 10.000 personnes hautement qualifiées19,

avec des perspectives beaucoup plus ambitieuses.

Avec une croissance annuelle qui s’élève à plus de 20 % en moyenne, le secteur

suscite de plus en plus l’appétit des investissements étrangers, qui continuent de

converger. En effet, le nombre d’implantations s’est fortement accru ces dernières

années pour atteindre aujourd’hui près de 100 entreprises, le tissu d’acteurs étrangers

étant assez large (plus de 70 entreprises), bien établi autour du noyau d’origine (EADS,

Safran) et constitué en clusters (zone de Nouaceur). Par origine, les entreprises

françaises représentent 72% des investissements consentis dans le secteur suivies par

les entreprises nationales avec 21%. La part des entreprises américaines ne dépasse

pas 3%.

Les exportations du secteur sont concentrées sur trois principales activités

représentant 82% du chiffre d’affaires global à l’export du secteur. Il s’agit du câblage

19

Selon les chiffres de l’AMDI

Page 24: Les Entreprises Marocaines Face Aux Défis Du Libre Échange

24

(51% des exportations), du manufacturing (19% des exportations) et de la

maintenance (12% des exportations)20.

- Les atouts de la plate-forme la plus compétitive de l’Afrique :

Si la base aéronautique au Maroc est considérée aujourd’hui comme étant la

Supply-Chain la plus compétitive dans le prolongement naturel de l’Europe, c’est que

les entreprises marocaines du secteur ont été réactives à l’ouverture tout en étant à la

hauteur des attentes de leurs clients. En fait, dès qu’un géant mondial lance un appel

d’offre pour sous-traiter l’une des activités susmentionnées, le Maroc l’emporte avec

grâce, et ce pour des raisons multiples. Les entreprises marocaines opérant dans le

secteur ont aujourd’hui le luxe de ne pas avoir à chercher des clients grâce à la bonne

réputation qu’elles se sont forgées. Elles ont su s’imposer dans un marché mondial

caractérisé par une forte concurrence grâce à ce que nous pouvons appeler le

« Trépieds » : Le respect des délais de livraison qui sont généralement respectés à

100%, la qualité indiscutable, et les coûts maitrisés.

En parlant de coût, l’AMDI estime que les coûts totaux au Maroc sont inférieurs à

hauteur de 30% par rapport au sud de l’Europe, quant aux coûts de la main d’œuvre,

ils peuvent atteindre jusqu’à -50%.

Bien évidemment, l’importance accordée par ces entreprises à la qualification de

leur main d’œuvre n’est pas moindre. La méthode de gestion des ressources humaines

est très développée, et la formation occupe une place importante dans celle-ci.

En définitive, l’aéronautique a réussi là ou le textile a échoué.

20

Aéronautique, Présentation du secteur, www.invest.gov.ma.

Page 25: Les Entreprises Marocaines Face Aux Défis Du Libre Échange

25

CONCLUSION

Après des décennies de libre-échange, un constat s’invite de plus en plus dans

les débats : le libre-échange a remplacé la guerre armée par une guerre économique

mondiale.

De ce fait, on peut dire que l’ouverture n’est pas une alternative viable pour un

pays comme le nôtre qui a un besoin vital de l’établissement d’une stratégie plus

pertinente que celles déjà existantes, pour pouvoir développer ses secteurs productifs

et particulièrement, améliorer la compétitivité de ses entreprises qui doivent se

préparer, sans plus tarder, à faire face aux défis qui les attendent du fait de la

libéralisation des échanges et de la globalisation de l’économie. Autrement dit, la mise

en commun de nos richesses pour fonder une industrie conquérante, reconnue et

protégée du dumping écologique et social de nos concurrents.

Dans ces conditions, les autorités marocaines parlent de revenir sur les

conditions des différents accords. La tentation est de réintroduire des barrières pour

protéger les entreprises nationales, notamment la TPE et la PME. Or, si cela peut se

justifier dans le cadre de filières précises, pour lesquelles une exposition trop vive à la

concurrence internationale pourrait être tout à fait délétère, un retour général au

protectionnisme serait sans doute une grave erreur.

Page 26: Les Entreprises Marocaines Face Aux Défis Du Libre Échange

26

BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages et Mémoires:

EZZIDI Fatima Zahra, « L’action stratégique de l’entreprise dans l’ère de la mondialisation et la recherche de la compétitivité », Mémoire de Master, Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de Casablanca, Université Hassan II, 2012.

J.Jalila et al., « La compétitivité des entreprises marocaines face aux défis du libre-

échange », Mémoire de Master, Faculté des sciences juridiques, économiques et

sociale de Fès, 2012-2013.

STIGLITZ Joseph, « The price of inequality: how today’s divided society endangers our future », éditions « Norton », Juin 2012.

Articles ALMERAS Guillaume, « Le bilan des accords de libre-échange est-il si décevant pour le

Maroc », www.éconostrum.info, 12 février 2013.

BAAZI Jalal, « ALE, des chiffres pour confirmer les insuffisances », www.lesecho.ma, 08

octobre 2014.

BARMA Aboubakar Yakouba, « échanges extérieurs : bouffée d’oxygène pour la balance

commerciale », www.lesecho.ma, 05 octobre 2014.

FZT, « Exportations textiles : Guerre des chiffres », Quotidien « L’économiste », Edition

N°3996, 26 décembre 2012.

Revue « Challenge », Numéro du 25 février au 3 mars 2011 Revue « Challenge », Numéro du 12 au 25 novembre 2010

Publications et Sites webographiques : Ministère de l’économie et des finances, « Tableau de bord des indicateurs

macroéconomiques », Direction des études et des prévisions financières, 2013.

Ministère de l’économie et des finances, « Note de conjoncture », N°209, Juillet 2014.

www.douane.gov.ma

http://www.invest.gov.ma/

http://www.oc.gov.ma/portal/fr/content/statistiques-des-%C3%A9changes-ext%C3%A9rieurs www.mcinet.gov.ma

Page 27: Les Entreprises Marocaines Face Aux Défis Du Libre Échange

27

Table des matières:

Liste des abréviations ................................................................................................................... 2

Introduction .................................................................................................................................. 4

Axe 1 : Le libre-échange au Maroc : Cadrage théorique et historique : ..................................... 6

1. Le libre échange : cadrage conceptuel et apports théoriques : .................................. 6

1.1. Les explications traditionnelles de l’échange international .................................. 6

1.1.1. La théorie des avantages absolus d’Adam Smith . ............................................ 6

1.1.2. La Théorie des avantages comparatifs de David Ricardo. .............................. 7

1.1.3. Le théorème HOS. ..................................................................................................... 8

1.2.Les analyses récentes de l’échange international : ................................................................. 8

2. Insertion du Maroc dans l’économie mondiale : ..................................................... 9

2.1. Accord d'Association Maroc-Union européenne .................................................................. 10

2.2. Accord de libre-échange avec les Etats-Unis ........................................................................ 10

2.3. Accord de libre-échange Maroc-AELE : ................................................................................ 11

2.4. Accord de libre-échange Maroc-Turquie : ............................................................................ 11

2.5. Zone de libre-échange arabe : .............................................................................................. 11

2.6. Accord avec les pays arabes méditerranéens :..................................................................... 12

2.7. Accords avec les pays d’Afrique : ......................................................................................... 12

Axe 2 : Les enjeux du libre-échange pour l’entreprise marocaine :.......................................... 13

1. Etat des lieux du libre-échange au Maroc : ........................................................... 14

1.1. L’ALE avec l’UE : .................................................................................................................... 14

1.2. L’ALE avec les États-Unis : .................................................................................................... 14

1.3. L'Accord d'Agadir.................................................................................................................. 14

1.4. L’ALE avec la Turquie : .................................................................................................. 14

2. Opportunités et menaces du libre-échange pour l’entreprise marocaine : ............. 14

2.1. Les opportunités du libre échange : ..................................................................................... 14

2.2. Les menaces du libre échange : ............................................................................................ 15

Axe 3 : Stratégies à mettre en oeuvre face aux défis du libre-échange : ............................... 17

1. Les stratégies et perspectives du Maroc : ................................................................... 17

2. Les stratégies de l’entreprise marocaine : .................................................................. 20

ETUDE DE CAS : Secteur du Textile vs. Secteur de l’aéronautique : ...................................... 21

Page 28: Les Entreprises Marocaines Face Aux Défis Du Libre Échange

28

3. Le Secteur du Textile : ......................................................................................... 21

2. Le Secteur de l’aéronautique : ............................................................................ 23

Conclusion : ....................................................................................................................... 25

Bibliographie : .................................................................................................................. 26