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QUESTIONS INTERNATIONALES 29/31 QUAI VOLTAIRE 75344 PARIS CEDEX 07 - 01 40 15 70 00 MARS/AVRIL 11 Bimestriel Surface approx. (cm²) : 2645 Page 1/10 SORBONNE2 7487357200506/GNN/OTO/2 Eléments de recherche : - PUPS ou PRESSES DE L'UNIVERSITE DE PARIS SORBONNE - A LA MER COMME AU CIEL : Livre d'Olivier Chapuis Regards sur le monde Les Etats insulaires du Pacifique Sud, entre unité et diversité Jean-Michel Dasque * Au-delà de l'image d'un univers paradisiaque, le Pacifique Sud comprend des archipels dont la taille, la structure géophysique, les caractéristiques humaines et le statut juridique sont très différents. Il abrite aussi des nations qui, malgré leurs diversités, possèdent des traits sociologiques et culturels communs. Disposant d'atouts, notamment d'abondantes ressources naturelles, les Etats et territoires de cette région sont pourtant confrontés à d'importants problèmes politiques, économiques et environnementaux. Sur le plan diplomatique, ils ont créé des organes de coopération régionale et reçoivent * jean-Michei Dasque une a ^ e relativement substantielle a été ambassadeur de France aes institutions multilatérales ainsi ÛUe en Papouasie Nouvelle Guinée ' , ii est président de i institut du Pacifique de divers Etats étrangers, en particulier et auteur de Geopo/mqued™ fo / > Austra l ie et fo fo Nouvelle-Zélande ! . international Ellipses Paris 2009 La plupart des Etats insulaires du Pacifique Sud se caractérisent par une superficie et une population réduites, quelques milliers voire quelques centaines d'habitants Aucun d'entre eux ne représente une puissance politique, économique ou militaire véritable ni ne joue de rôle signifi- catif sur la scène internationale Peu d'ouvrages et d'articles leur ont été consacres, du moins en France - J -M G Le Clezio appelle d'ailleurs l'Oceanie « le continent invisible » Ce désintérêt ne paraît pas totalementjustifie Le Pacifique Sud peut avoir une importance straté- gique de premier plan, comme l'ont démontre les événements de la Seconde Guerre mondiale En outre, certains de ces territoires abritent des richesses naturelles considérables - agricoles, minières ou en hydrocarbures Les mers du Sud recèlent un potentiel halieutique qui doit être préserve ainsi que des ressources minérales mal connues et inexploitées, mais sur lesquelles de nombreux espoirs sont fondes Surtout, cette zone est une reserve de biodiversite extraordinaire Les naturalistes y découvrent sans cesse de nouvelles espèces végétales et animales, alors même que l'inventaire de sa faune et de sa flore n'a jamais été réalisé Sur un autre plan, les peuples océaniens suscitent l'admiration par la diversité et la richesse de leurs langues et de leurs cultures, le terme s'entendant ici dans son sens anthropologique ' L Australie et la Nouvelle Zelande font indéniablement partie du Pacifique Sud mais en raison des spécificités historiques de leur peuplement et celles de leur développement elles n entreront pas dans le champ de cette étude

Les Etats insulaires du Pacifique Sud, entre unité et ... · aboutissant a un accord unanim e Cett méthod entraîne des discussions interminables qui se ... condamne les essais

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Eléments de recherche : - PUPS ou PRESSES DE L'UNIVERSITE DE PARIS SORBONNE - A LA MER COMME AU CIEL : Livre d'Olivier Chapuis

Regards sur le monde

Les Etats insulairesdu Pacifique Sud,entre unité et diversité

Jean-Michel Dasque *

Au-delà de l'image d'un univers paradisiaque, le Pacifique Sudcomprend des archipels dont la taille, la structure géophysique,les caractéristiques humaines et le statut juridique sont trèsdifférents. Il abrite aussi des nations qui, malgré leurs diversités,possèdent des traits sociologiques et culturels communs.Disposant d'atouts, notamment d'abondantes ressources naturelles,les Etats et territoires de cette région sont pourtant confrontésà d'importants problèmes politiques, économiques etenvironnementaux. Sur le plan diplomatique, ils ont créé des

organes de coopération régionale et reçoivent* jean-Michei Dasque une a^e relativement substantiellea été ambassadeur de France aes institutions multilatérales ainsi ÛUeen Papouasie Nouvelle Guinée ' ,ii est président de i institut du Pacifique de divers Etats étrangers, en particulieret auteur de Geopo/mqued™ fo / >Australie et fo fo Nouvelle-Zélande !.international Ellipses Paris 2009

La plupart des Etats insulaires du PacifiqueSud se caractérisent par une superficie et unepopulation réduites, quelques milliers voirequelques centaines d'habitants Aucun d'entre euxne représente une puissance politique, économiqueou militaire véritable ni ne joue de rôle signifi-catif sur la scène internationale Peu d'ouvrageset d'articles leur ont été consacres, du moins enFrance - J -M G Le Clezio appelle d'ailleursl'Oceanie « le continent invisible »

Ce désintérêt ne paraît pas totalementjustifieLe Pacifique Sud peut avoir une importance straté-gique de premier plan, comme l'ont démontreles événements de la Seconde Guerre mondialeEn outre, certains de ces territoires abritent desrichesses naturelles considérables - agricoles,minières ou en hydrocarbures Les mers du Sud

recèlent un potentiel halieutique qui doit êtrepréserve ainsi que des ressources minérales malconnues et inexploitées, mais sur lesquelles denombreux espoirs sont fondes Surtout, cette zoneest une reserve de biodiversite extraordinaire Lesnaturalistes y découvrent sans cesse de nouvellesespèces végétales et animales, alors même quel'inventaire de sa faune et de sa flore n'a jamaisété réalisé Sur un autre plan, les peuples océanienssuscitent l'admiration par la diversité et la richessede leurs langues et de leurs cultures, le termes'entendant ici dans son sens anthropologique

' L Australie et la Nouvelle Zelande font indéniablement partie duPacifique Sud mais en raison des spécificités historiques de leurpeuplement et celles de leur développement elles n entreront pasdans le champ de cette étude

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Les États insulaires du Pacifique Sud135 E 150 E 165 E

Communauté du Pacifique jÉ^ Forum des î les du Pacifique |FIP)

Disparités et proximités

Un vaste ensemble disparateLe Pacifique Sud comprend les espaces

situés à l'est de la ligne Wallace2 qui s'étendentjusqu'au large des côtes américaines. Il recouvre33 millions de kilomètres carrés pour seulement568000 kilomètres carrés de terres émergées(988000 km2 si l'on inclut l'Inan Jaya/Papouasieoccidentale). Ces dernières sont divisées en troisgroupes d'îles : la Mélanésie (comprenant les Fidji,la Nouvelle-Calédonie, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, les îles Salomon et Vanuatu) ; la Polynésie(regroupant notamment les îles Cook, la Polynésiefrançaise, les Samoa, les Tonga, Tuvalu. . . ) ;et la Micronésie (incluant Guam, Kiribati, lesMariannes, les îles Marshall, les États fédérésde Micronésie, les Palau...). Au total, l'Océameinsulaire compte une population de 9,7 millionsd'habitants (un peu plus de 12 millions avec PlrianJaya), dont 74 % en Mélanésie, 20 % en Polynésieet 6 % en Micronésie.

Le Pacifique Sud se caractérise par une trèsgrande hétérogénéité. La surface et la population

des Etats indépendants varient ainsi de 462 840 km2

et 6,5 millions d'habitants pour la Papouasie-Nouvelle-Guinée à 21 km2 et 10000 habitantspour Nauru.

La structure géophysique et géologique desterritoires est extrêmement variée. Des atolls coral-liens de faible relief alternent avec des archipelsvolcaniques. La plupart de ces îles étant situées surla « ceinture de feu » du Pacifique, elles se carac-térisent par une intense activité volcanique et uneforte instabilité tellurique. Sur le plan du climat,elles appartiennent à la zone intertropicale et sontsujettes à des cyclones fréquents liés au phénomèneElNino3 .

Les densités de population sont très inégales.Elles varient de 17 habitants par kilomètre carrédans les îles Salomon à 485 habitants à Nauruet 380 à Tuvalu. Depuis Jules Dumont d'Urville( 1790-1842), les anthropologues font la distinction

2 La ligne Wallace désigne la frontière biogeographique entre larégion indo-malaise et l'Australasie1 Le phénomène El Nino est un dérèglement atmosphérique quiaffecte la régularité des moussons et modifie les courants marins duPacifique Depuis les années 1980, il a connu un regain d'activité

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entre trois groupements humains Les Mélanésienssont arrives 50 000 ou 60 000 ans avant notre èreen provenance des îles de la Sonde et peuplent lesgrandes îles occidentales Ils représentent actuelle-ment 90 % de la population océanienne Originairesdu sud de la Chine et de Taiwan, les Polynésiensont débarque sur les côtes de Nouvelle-Bretagneet de Nouvelle-Irlande 2500 ans avant notre èreIls ont ensuite continue leur progression vers l'est,atteignant Tahiti au début de l'ère chrétienne LesMicronesiens sont assez proches par leurs traitsmorphologiques et leur culture des Polynésiens,mais ils s'en distinguent par de fréquents mélangesavec les populations asiatiques De nombreuxgroupes d'origine étrangère sont égalementprésents, comme des Européens et des Asiatiques(Chinois, Vietnamiens, Indonésiens, Philippins,Indiens) venus pendant la période coloniale ouparfois plus récemment

Sur le plan linguistique, l'Oceame se carac-térise par une très grande diversité puisqu'on yparle 1200 langues différentes, lesquelles peuventtoutefois être regroupées en deux grandes famillesLa totalité des Polynésiens et des Micronesiensainsi qu'une fraction importante des Mélanésiensparlent des langues appartenant a la famille austro-nesienne, qui comprend aussi le malais, le tagaloget certains dialectes malgaches La majorité destribus de Papouasie-Nouvelle-Gumee, notammentcelles vivant dans les Highlands, s'expriment enlangues papoues

Du point de vue de leur statut juridique,les îles du Pacifique offrent tous les cas de figurepossibles On y trouve des Etats indépendants etsouverains disposant d'un siège a l'ONU (Fidji,Papouasie-Nouvelle-Gumee, îles Salomon, Tonga,Vanuatu ), des Etats ayant une souverainetélimitée (îles Marshall, Etats fédères de Micronesie,Palau), des Etats dotes d'un statut de libre associa-tion (îles Cook, Niue et Tokelau), des territoiresautonomes, enfin des îles administrées directementpar une métropole

Des caractéristiques communes

Par-delà leur hétérogénéité, les peuples duPacifique ont des caractéristiques communes

Les sociétés océaniennes sont régies par lacoutume, un ensemble de principes et de normes

qui sert a organiser l'espace social et qui visea assurer la cohésion du groupe Aux Fidji et enNouvelle-Calédonie, des chambres spéciales ontété instituées a côte des assemblées élues, chargéesde veiller au respect des coutumes

Par ailleurs les solidarités familialeset tribales revêtent une grande importanceL'appartenance a un clan ou a un lignage détermineles unions matrimoniales, les relations d'affaires,la répartition des terres, les votes aux élections EnPapouasie-Nouvelle-Gumee, toute la vie civile estrégie par les wantoks, reseaux de parents ou d'amisqui fonctionnent comme un régime d'assurancesociale

La recherche du consensus est centrale dansla vie politique océanienne Une décision doit êtreprise a la suite d'un long processus de négociationaboutissant a un accord unanime Cette méthodeentraîne des discussions interminables qui sedéroulent habituellement dans le cadre familial ouclanique

Les peuples océaniens sont foncièrementreligieux Ils ont été en quasi totalité christianisesApproximativement, un tiers de la population estcatholique et les deux autres tiers se repartissantentre les différentes confessions protestantes (angli-cans, luthériens, presbytériens) Les sectes (adven-tistes du septième jour, mormons, pentecôtistes)font du prosélytisme et recrutent de nombreuxadeptes Dans tout le Pacifique, les Eglises jouentun rôle économique et social considérable Ellesadministrent des hôpitaux, des établissementsd'enseignement, des services sociaux et d'assis-tance Elles gèrent des activités commerciales,notamment l'exploitation de lignes aériennesDans un passe récent, elles sont intervenues dansla vie politique, et des religieux - comme le pèreJohn Momis en Papouasie-Nouvelle-Gumee et lepasteur Dmi a Vanuatu - ont joue des rôles fortimportants4

Autre trait commun, les peuples océaniensse sont violemment opposes au nucléaire Ils ontcondamne les essais français ainsi que le dépôt de

4 La mission envoyée en 1988 par le gouvernement français enNouvelle Caledonie pour rétablir I entente entre les communautéscomprenait un pasteur protestant un prêtre catholique et undignitaire du Grand Orient de France

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Les États indépendants du Pacifique Sud

État

Fidji (les)

Kiribati

Marshall (les îles)

Micronésie (la)

Nauru

Palau (les)

Papouasie-Nouvelle-Guinée(la)

Salomon (les îles)

Samoa (les)

Tonga (les)

Tuvalu

Vanuatu

Archipel

Mélanésie

Micronésie

Micronésie

Micronésie

Micronésie

Micronésie

Mélanésie

Mélanésie

Polynésie

Polynésie

Polynésie

Mélanésie

Capitale

Suva

Tarawa-Sud

Dalap-Uliga-Darnt

Palikir

Yaren

Ngerulmud

Port Moresby

Honiara

Apia

Nuku'alofa

Funafuti

Port-Vila

Régime

République

République

République

République fédérale

République

République(fédération de 16 Etats)

MonarchieconstitutionnelleMonarchieparlementaireDémocratieparlementaire

MonarchieconstitutionnelleMonarchieconstitutionnelle

République

Nombred'habitants*

844 000

97000

61000

110 000

10000

20000

6 577 000

511 000

179 000

104 000

10000

234 000

Surface(en km2)

18272

810

181

702

21

459

462 840

28896

2831

748

26

12189

* Estimations 2008Source Nations Unies, WorldStaintic^ Pocketbook, 2009 (consultable sut http //unstats un org/unsd/pocketbook/country_profiles pdf)

déchets radioactifs dans les eaux du Grand Océanpar les Japonais. Ils ont signé le traité de Rarotongale 6 août 1985 pour créer une zone exempte d'armesnucléaires dans le Pacifique Sud. La conventionde Waigani, entrée en vigueur le 1er octobre 2001,a pour objet d'interdire l'importation de déchetsradioactifs et de contrôler les mouvements trans-frontaliers de substances dangereuses. L'aversionde ces pays à l'égard des expériences atomiquesa été attisée par les gouvernements australien etnéo-zélandais ainsi que par la propagande desÉglises, des syndicats, des mouvements écolo-giques et des médias.

De multiples enjeux

Des États jeunes et divisés

Les États insulaires ont accédé à l'indépen-dance ou à l'autonomie relativement récemment,à la fin des années 1960 pour les premiers ou aucours des années 1970 et 1980 pour les autres.Leurs frontières ont été tracées en fonction despartages entre puissances coloniales et ne tiennentpas compte des réalités ethniques et culturelles.

C'est ainsi que, pour des raisons historiques, l'îlede Bougainville qui faisait partie de l'archipel desSalomon a été rattachée à la Papouasie-Nouvelle-Gumée. De même, en 1963, l'administration del'Irian Jaya, jusque-là colonie néerlandaise, a ététransférée par une résolution de l'ONU à l'Indo-nésie, qui l'a annexée en 1969 à la suite d'uneconsultation populaire dont la validité a été trèscontestée5.

Sauf dans certains micro-États polynésiens,les populations sont divisées en une multituded'ethnies - près de 2000 en Papouasie-Nouvelle-Guinée - parlant des langues ou des dialectesdifférents et entretenant souvent des relationsconflictuelles entre elles. La colonisation a accrula diversité anthropologique et rendu plus diffi-cile la solution des problèmes d'unité nationale.

^ Une petite organisation, l'OPM fOi'gani^a^t Papua Merdeka),mené une lutte armée pour obtenir l'indépendance de l ' Ir ianJaya Mais faiblement année et ne jouissant pas d'une audienceinternationale, elle ne constitue pas une menace réelle pour lepouvoir indonésien En outre, la population mélanésienne risque dedevenir a terme minoritaire du fait de la politique de colonisation,la trammigrasi, appliquée par le gouvernement de Jakarta dans saprovince orientale

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En effet, la mise en place d'une économie moderne,le développement de l'extraction minière et l'exten-sion des plantations ont provoque un afflux de main-d'œuvre étrangère - Indiens aux Fidji, Wallisiensen Nouvelle-Calédonie -, sans parler de l'enca-drement européen Ainsi se sont constituées dessociétés plunethniques dont les différentes compo-santes coexistent souvent difficilement Les rivalitésethniques, combinées dans certains cas avec desluttes sociales et des heurts generationnels, ontdégénère plusieurs fois en affrontements violents

Les habitants de Bougamville ont malaccepte d'être intègres a la Papouasie-Nouvelle-Guinee, et des mouvements sécessionnistes sontapparus des l'indépendance La tension s'aggrava al'occasion d'un litige entre le gouvernement centralet le gouvernement provincial sur le partage desroyalties versées pour l'exploitation de la mined'or et de cuivre de Panguna Opposant l'arméerégulière aux indépendantistes, une guerre civileéclata en 1988, qui fit plus de 10000 morts et nes'acheva qu'en 1998 par un accord de paix conclusous les auspices de l'ONU et prévoyant l'orga-nisation d'un référendum sur le statut de l'île en2015 ou 2016

La coexistence mtercommunautaire poseégalement de sérieux problèmes aux Fidji LesIndiens, devenus majoritaires au début desannées 1970, y ont reclame l'égalité des droits

notamment en termes électoraux - et l'accès ala terre - reserve aux Mélanésiens En 1987, leurparti s'allia a un groupe de Mélanésiens hostilesau pouvoir en place et remporta les élections, cequi lui permit de former un gouvernement de coali-tion préside par Timoci Bavadra Mais ce dernierfut renverse par un coup d'Etat dirige par le lieute-nant-colonel Rabuka, un Mélanésien Les annéesqui suivirent furent marquées par des alternancesde gouvernements démocratiques et de régimesmilitaires, mais la dégradation du contexte politiqueet économique entraîna un exode massif des Indiens

Les îles Salomon ont également été le théâtrede troubles ethniques Apres la Seconde Guerremondiale, la capitale, Honiara, située sur l'île deGuadalcanal, a pu se développer en grande partiegrâce à l'arrivée de travailleurs originaires de l'îlevoisine de Malaita Les habitants de Guadalcanalreagirent a ce qu'ils assimilaient a une invasion etcontraignirent 2 500 Malaitans a rentrer chez eux

Ces derniers formèrent a leur tour une force d'auto-défense, et l'affrontement entre les deux groupesethniques déclencha une guerre civile a laquelle mitfin, en 2003, l'intervention d'une force multilaté-rale placée sous commandement australien

Les crises les plus graves ont éclate dans l'arcmélanésien, mais des soubresauts mineurs se sontproduits également dans plusieurs Etats polyné-siens, en particulier aux Tonga et aux Samoa

La fragmentation ethnique a pour consé-quence la faiblesse des institutions démocratiquesL'appartenance tribale l'emporte sur le lien civiqueet la conscience nationale peine a s'affirmer Lespartis politiques sont crées sur une base clanique,par un groupe d'individus unis par une solidarited'intérêts, ou encore autour d'une personnalitécharismatique, un big mon Mais ils sont presquetoujours dépourvus de fondement idéologique etn'offrent jamais un programme de gouvernementprécis Elus et militants passent d'une formationpolitique a une autre au gré des circonstances oumus par l'intérêt, notamment la promesse d'unportefeuille, ce qui explique la fréquence des crisesministérielles

Dans ce contexte, la corruption est devenueendémique et l'Union européenne a dû interromprecertains programmes d'aide, car une partie desfonds était détournée pour servir des intérêts privesLes hommes politiques considèrent leur fonctioncomme un bien patrimonial leur permettant des'enrichir et de distribuer des prébendes a leursparents, leurs amis et leurs obliges

La défaillance des structures administra-tives apparaît des lors patente Les puissancescoloniales avaient rarement prépare l'accession al'indépendance et les jeunes Etats ont recrute unnombre élevé de fonctionnaires fraîchement sortisdes écoles, lesquels n'avaient ni une formationadéquate ni P expérience nécessaire Les gouverne-ments ont donc continue a faire appel a des expertsétrangers, mais la présence de ces derniers est malacceptée par une partie de l'opinion

La fragilité de l'Etat, l'incapacité de l'appa-reil répressif, qu'il s'agisse de la police, de lajusticeou des institutions pénitentiaires, les difficultéséconomiques et une urbanisation mal maîtrisée ontfavorise le développement de la criminalité Desbandes de rascals (voyous) - des jeunes souvent

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récemment arrives des campagnes - se sontformées dans les grandes agglomérations Ellesecument les quartiers huppes pour commettre descambriolages, des braquages, des viols et même desmeurtres Port Moresby, la capitale de la Papouasie-Nouvelle-Gumee, passe pour être devenue une villeparticulièrement dangereuse

La difficile intégration du PacifiqueSud dans l'économie mondiale

L'économie du Pacifique Sud repose princi-palement sur le secteur primaire Les Océaniensvivaient traditionnellement en pratiquant uneagriculture de subsistance, mais ils ont développerécemment des cultures commerciales café, cacao,coprah, canne a sucre, palmier a huile Les popula-tions de Polynésie et de Micronesie pratiquent lapêche côtiere Enfin, l'extraction minière - cuivre,nickel et or en Papouasie-Nouvelle-Gumee, or auxFidji, nickel en Nouvelle-Calédonie - est impor-tante dans les îles mélanésiennes Des ressourcesconsidérables de gaz et de pétrole ont été décou-vertes en Papouasie-Nouvelle-Gumee, ou un projet(Papua New Gumea Liquefied A'attirai Gas, dit« PNG LNG Project ») représentant un inves-tissement de 18 milliards de dollars est en coursd'exécution sous la direction d'Exxon Mobil tandisqu'un deuxième projet d'un montant de 7 milliardsest encore en phase préparatoire

L'industrie de transformation est en revanchepeu importante Elle se limite a quelques chantiersde radoub, a des entreprises dans le textile, enfina des PME dans les secteurs agroahmentaire etde la construction En définitive les économiesocéaniennes reposent principalement sur l'exporta-tion d'un petit nombre de produits de base dont lescours sont extrêmement fluctuants Elles sont parconséquent fortement dépendantes de la conjonc-ture des marches mondiaux

De sérieux obstacles s'opposent au décol-lage économique Les Etats insulaires souffrentde leur isolement, qui pesé lourdement sur le coûtdes transports et explique en partie la cherté de lavie Un autre obstacle a la croissance est la petitetaille de la plupart de ces Etats et l'etroitesse deleur marche intérieur, ce qui les empêche deréaliser des économies d'échelle de développerdes industries de substitution aux importations etde diversifier leur économie Le régime des terres,

qui sont le plus souvent la propriété collective etinaliénable des tribus, constitue en outre un blocageredhibitoire pour la mise en valeur du potentielagricole L'absence d'une main-d'œuvre formée,le cout élevé des services de base, en particulierde l'énergie, et l'insuffisance des infrastructures,notamment dans le domaine des transports et descommunications, représentent d'autres handicaps

Les Etats insulaires possèdent toutefois uncertain nombre d'atouts qu'ils n'ont pas toujourssu faire valoir Ils ont un potentiel touristique consi-dérable Malheureusement, seuls les territoires deMicronesie, surtout Guam ainsi que les Fidji, ontsu faire de l'industrie touristique une source derichesse Le développement de cette activité estfreine par l'eloignement, le coût élevé des trans-ports et des séjours et, enfin, l'insuffisance descapacités d'hébergement L'instabilité politique etl'insécurité qui caractérisent certains Etats ont puavoir un effet dissuasif sur les visiteurs potentiels

Dans un autre domaine, les Etats insulaires sesont vu garantir par le nouveau droit de la mer devastes zones économiques exclusives Mais, fautede posséder des flottes de haute mer, ils ne sontpas capables de tirer profit des ressources halieu-tiques que renferment les espaces entourant leurscôtes Le plus souvent, ils ont préfère accorderdes concessions a des sociétés étrangères, notam-ment japonaises, coréennes, américaines, qui leurversent des royalties L'aquaculture a cependant étédéveloppée a Tahiti, avec l'élevage des crustacéset la culture de l'huître perliere Des usines decongélation et de préparation de poisson ont enoutre été implantées par des sociétés comportantdes capitaux étrangers a Pago Pago (aux Samoa)et a Honiara (aux îles Salomon)

Enfin, il faut comptabiliser parmi les recettesinvisibles les transferts des travailleurs immigresa leurs familles En 2003, ces derniers représen-taient 44 % du PIB des Tonga et ils atteignaient500 dollars par ménage aux Samoa, soit le tiers durevenu annuel d'une famille6

6 Gilbert David, « Mondialisation et recompositions territorialeset identitaires en Oceanie insulaire » m Dominique GuillaudChristian Huetz de temps et Olivier Sevm (dir ) //es i eveesTe ri itou es et identités en crue dans le Pacifique insulaire Pressesde I Université de Pans Sorbonne Pans 2003

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Un environnement menacé

De sérieuses menaces pèsent sur l'environne-ment fragile du Pacifique Sud Les récifs corallienssubissent les effets des phénomènes naturels telsque les tempêtes, de la pollution par les engrais etpar les eaux usées, enfin de l'urbanisation et dudéveloppement du tourisme Les zones maréca-geuses où s'épanouissent les mangroves, qui jouentun rôle essentiel dans la protection de la biodiver-sité, sont asséchées et remblayées La pêche indus-trielle - à laquelle se livrent des sociétés étrangèresemployant des méthodes modernes telles que lesfilets dérivants - a pour effet d'épuiser les stockshalieutiques, et plusieurs espèces de mammifèresmarins et de poissons sont en voie de disparition

L'environnement terrestre est lui aussidégradé Les défnchages et les cultures sur brûlisont provoque une érosion massive et un appauvris-sement des sols La déforestation menée notam-ment par des entreprises malaises a eu des effetsencore plus dévastateurs Faute de mesures deprécaution, les entreprises minières produisent desdéchets toxiques qui sont souvent déverses dans lesrivières, les lagons ou les mers côtieres, anéantis-sant la flore et la faune

Enfin, le changement climatique provoqueune montée des eaux et menace d'engloutir certainsatolls situés au raz des flots et non protégés parune barrière corallienne Ce phénomène provoquel'apparition d'un genre nouveau de réfugies, lesréfugiés climatiques, qui émigrent vers les paysindustrialisés du pourtour du Pacifique

Une zone entre intégrationet marginalisation

Une intégration croissanteencouragée par les financementsinternationaux

L'Oceame insulaire a été l'un des premiersensembles dans le monde à expérimenter uneconcertation régionale

• Fondée en 1947, la Commission du PacifiqueSud, devenue en 1997 la Communauté duPacifique, comprend 22 États et territoiresauxquels il faut ajouter quatre des États fondateurs.

l'Australie, la France, la Nouvelle-Zélande et lesÉtats-Unis7. Elle a son siège à Nouméa, avec deuxantennes sous-régionales a Suva et a Pohnpei enMicronesie Institution essentiellement technique,ses travaux portent sur l'agriculture et la pêcheet secondairement sur la nutrition, le statut desfemmes, l'énergie et la récolte de statistiques

• Le Forum des îles du Pacifique a été crééen 1971 a l ' initiative de l'Australie et de laNouvelle-Zélande II regroupe 16 pays indépen-dants ou dotés du statut d'État librement associéLa Nouvelle-Calédonie et la Polynésie françaiseont été admises en 2005 comme membres associés,Walhs-et-Futuna ayant un statut d'observateurLe siège de son secrétariat est situe à Suva et sonbudget s'élève à 5,8 milliards de dollars Chaqueannée, à la suite du sommet du Forum des îles duPacifique, est désormais organisé un « dialoguepost-Forum » avec des Etats extérieurs à la régionles États-Unis, la France, le Japon, la Corée du Sud,la Chine, l'Inde, le Canada, le Royaume-Uni, etdernièrement avec l'Association des nations del'Asie du Sud-Est (ASEAN)

Le Forum traite principalement de thèmespolitiques II a manifesté jusqu'en 1996 une viveopposition aux essais nucléaires français a Mururoaet a servi de cadre pour l'élaboration du traité deRarotonga II a exprimé a plusieurs reprises sonsoutien au mouvement indépendantiste canaqueII a en outre condamné les coups d'État aux Fidjiet a suspendu le Ier mai 2009 la participation de cetEtat a l'organisation De manière plus concrète, il aparraine la mission d'assistance RAMSI (RégionalAssistance Mission to Salomon Islands), destinée arétablir l'ordre aux îles Salomon en 2003

Ces deux organisations sont dotées destructures administratives légères et ont despouvoirs limités. Selon la méthode océanienne,les décisions sont prises par consensus à la suitede longues délibérations Elles sont affaiblies parles divisions entre leurs membres, notamment entreMélanésiens et Polynésiens Enfin, elles fonction-nent en grande partie grâce aux contributionsde l'Australie et de la Nouvelle-Zélande et des

7 Les Pays-Bas s'en sont retires en 1963 et le Royaume-Unien 2005

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institutions ou gouvernements étrangers - France,Japon, Union européenne -, ce qui constitue unfacteur de dépendance Elles représentent toutefoisun cadre utile pour des échanges de vues sur lesproblèmes régionaux Un certain nombre de réali-sations concrètes telles que l'Agence des pêchesdu Forum, le Programme régional océanien pourl'environnement et l'Université du Pacifique Sudsituée a Suva sont à mettre a leur actif

La place des États du Pacifique Suddans les relations internationales

Bien que le Pacifique Sud n'occupe pas uneplace stratégique essentielle dans les affaires inter-nationales, il n'en a pas moins éveillé l'intérêt despuissances étrangères et, en tout premier lieu, despuissances régionales.

• L'Australie a des responsabilités historiquesdans le Pacifique Sud, car elle a administré soit àtitre de puissance coloniale soit a titre de manda-trice deux États de la région la Papouasie-Nouvelle-Gumee et Nauru Elle a joué en outreun rôle important pendant la guerre du Pacifiqueentre 1942 et 1945 Sa politique est dominée pardes intérêts stratégiques et elle entend avant toutassurer la sécurité d'espaces par lesquels transitentles voies aériennes et maritimes reliant ses côtesorientales à l'Asie orientale et aux Amériques

Dans cet esprit, le gouvernement de Canberraentend prévenir le déhtement ou l'effondrementdes micro-États insulaires et il est intervenu active-ment dans les crises qui les ont ébranlés II a prisune part prépondérante à l'opération RAMSI,mentionnée précédemment II a fourni l'essentieldes effectifs de la mission de maintien de la paixenvoyée à partir de 1999 à Timor en applicationde la résolution 1264 du Conseil de sécurité Surun autre plan, l'Australie accorde aux États duPacifique une assistance économique et financièredont le montant s'est élevé à 724 millions de dollarsen 2008, soit un tiers environ du montant total deson budget d'aide au développement

Le Commonwealth austra l ien, qu i estmembre de l'ANZUSx, a créé le Pacific PatrolBoatProgram (PPBP), qui a pour objet de promouvoirune gestion commune des capacités navales desÉtats du Pacifique Sud, et participe régulièrementaux sessions du Western Pacific Naval Symposium

(WPNS) chargé d'étudier les questions de sécuritémaritime dans le Pacifique occidental.

• La Nouvelle-Zélande est traditionnellementactive dans le « triangle polynésien ». Elle a concludes accords d'association avec les îles Cook etNiue, et de nombreux Polynésiens ont émigréen Nouvelle-Zélande - notamment à Aucklandou ils forment une communauté importante etrelativement soudée. Depuis plusieurs années, laNouvelle-Zélande intervient de plus en plus dansles États mélanésiens où elle seconde les efforts del'Australie pour tenter de stabiliser la région Ellea ainsi fourni le principal contingent de la forced'interposition envoyée par l'ONU à Bougamville,à la fin des années 1990. Le montant total de l'assis-tance de la Nouvelle-Zélande aux États océanienss'élevait en 2008 à 156 millions de dollars, ce quien fait le troisième contnbuteur pour l'aide aprèsl'Australie et les États-Unis9

• Après la fin de la guerre froide, les États-Unisse sont pratiquement retirés de Melanésie et dePolynésie et ont concentré leurs efforts sur lesarchipels de Micronesie qui conservent pour euxune grande valeur stratégique Ils exercent encoredes droits de souveraineté sur Guam, où ils ontimplanté une base militaire très importante Ils ontconclu des traités leur accordant des droits plus oumoins étendus avec les autres archipels microné-siens. Au sud de l'équateur, leur seule possessionest constituée par une partie de l'archipel samoan.Les États-Unis continuent néanmoins d'accueillirun nombre significatif d'étudiants océaniens dansleurs universités, notamment à l'East-West Centred'Hawai et de financer des programmes de dévelop-pement. En 2008, ils étaient le deuxième donneurd'aide après l'Australie, avec une enveloppe de188 millions de dollars

• Le Japon, qui entend accéder au statut depuissance globale, est un acteur important dans lePacifique Sud. Son action s'appuie sur un réseau

8 L'ANZUS (Australia New ïealand United States SecwinTieat\) est un traite d'alliance militaire signe le I " septembre 1951entre I Australie, la Nouvelle-Zélande et les Etats Unis Depuis1985, ces derniers considèrent que la Nouvelle-Zélande n'estplus couverte par cet accord a cause du refus du gouvernement deWellington d accueillir dans les ports néo-zélandais les navires apropulsion nucléaire ou équipes d armes atomiques9 Source Comite d'aide au développement de l'OCDE (sitev<wv, oecd org/cad/slats)

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diplomatique et consulaire étoffé et performantainsi que sur l'Institute for Pacific Studies, qui sertde heu de rencontres entre diplomates, chercheurset hommes d'affaires s'intéressant à l'Océanie S'iln'est pas membre des organisations régionales,il a des consultations régulières avec celles-ci etorganise tous les trois ans une rencontre, appeléePacific Alliance Leaders Meeting (PALM), àlaquelle participent les principaux leaders des Étatsde la région ' ° Tokyo accorde à ces derniers une aidequi, sans être négligeable, peut paraître relativementmodeste (73 millions de dollars en 2008 ' ') Mais ilenvisage d'accroître le montant de son enveloppe,qui devrait atteindre 530 millions de dollars pendantla période 2010-2012. L'Archipel est le premier ou lesecond partenaire commercial de la plupart des Étatsocéaniens et a investi dans divers secteurs écono-miques, notamment dans les mines et les pêcheries

• La Chine cherche a étendre son influencesur les petits États insulaires Cette politique estdictée par des motivations diverses se ménagerun accès aux sources de matières premières etd'énergie, obtenir des soutiens aux Nations Unies,remettre en question l'hégémonie exercée dans lePacifique par les États-Unis et leur allié austra-lien, enfin contrer les efforts de pénétration deTaiwan Le gouvernement de Pékin a ouvert desambassades dans plusieurs capitales de la régionainsi qu'un consulat général à Papeete II a multi-plié les échanges de visites à un haut niveau eta financé des projets de développement et desréalisations spectaculaires telles qu'un parle-ment et un lycée agricole à Vanuatu, le ministèredes Affaires étrangères en Papouasie-Nouvelle-Guinée, des complexes sportifs aux Fidji, auxSamoa et à Kmbati Pour renforcer son influence,la Chine s'appuie sur ses diasporas qui comptentquelque 80 000 membres, dont 50 % en Papouasie-Nouvelle-Gumée et aux Fidji Si les premiersarrivants avaient coupé les liens avec leur paysd'origine, les immigrés plus récents ont gardé desrelations économiques et politiques étroites avecla mère patrie Ils sont particulièrement actifs dansle commerce, l'artisanat et la petite industrie, maisleur poids économique leur a valu des cntiques decertaines franges de l'opinion locale. Cette vindictes'est traduite par les émeutes antichmoises quiont éclaté à Nuku'alofa aux Tonga et à Honiaraen 2006

• Taïwan essaie de son côté d'accroître saprésence dans le Pacifique Sud En employantdes méthodes parfois peu conformes aux normesdiplomatiques telles que la corruption de dirigeantspolitiques, le gouvernement de Taipeh a obtenu lareconnaissance de plusieurs micro-États tels queles îles Salomon, Kmbati, Nauru, les îles Marshall,les Palau, Tuvalu

• La Corée du Sud est assez présente dansle Pacifique Sud Elle s'efforce de prévenirune éventuelle pénétration de l'influence nord-coréenne et d'obtenir le soutien des petits Étatsinsulaires lors des votes dans les enceintes multi-latérales (Nations Unies, Agence internationale del'énergie atomique) Elle a ouvert des ambassadesà Port-Moresby et à Suva et met en œuvre desprogrammes d'assistance technique Elle possèdeen outre dans la région des intérêts non négli-geables, dans la pêche, l'exploitation des forêts etle secteur mimer12

• La France a conservé des possessions terri-toriales - la Nouvelle-Calédonie, la Polynésiefrançaise et les îles Walhs-et-Futuna - qui luiassurent une présence dans le Pacifique La signa-ture de l'accord de Nouméa en 1998 et l'octroi destatuts de large autonomie à la Nouvelle-Calédonieet à la Polynésie française ont modifié l'image dupays, accusé précédemment de mener une politiquecoloniale, et ont facilité son insertion dans l'envi-ronnement régional L'arrêt des essais nucléaires en1996 a suppnmé un sujet de contentieux important

Outre le soutien financier qu'elle accorde àses possessions, la France développe une coopéra-tion bilatérale avec les États océaniens qui se traduitnotamment par l'envoi de missions d'assistancetechnique En outre, le Fonds Pacifique, doté de2 millions d'euros, sert à financer des projets régio-naux L'armée française intervient dans le cadrede l'accord FRANZ (France, Australie, Nouvelle-Zélande) pour secounr les populations victimes de

10 L'Australie et la Nouvelle-Zélande y sont représentées11 II s'agit des paiements effectues et non des engagements dedépense (source Comite d'aide au développement de l'OCDE)12 La société Posco a notamment conclu un contrat avec la sociétéexploitant le nickel de Koniambo en Nouvelle Caledonie pour letraitement et l'achat du minerai

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catastrophes naturelles et participe a la formationde cadres militaires autochtones

Les Etats du Pacifique Sud reçoivent desgouvernements étrangers et des institutions inter-nationales une aide au développement substan-tielle, de l'ordre de 1,5 milliard de dollars Si l'onajoute à ce chiffre les contributions des organismesprivés (Églises, ONG), l'Océanie se classe commela région du monde bénéficiant de l'assistanceexténeure la plus élevée par habitant.

la simple rente de situation - et favoriserait unemeilleure insertion de leur pays dans la divisioninternationale du travail Les grands États mélané-siens qui possèdent des ressources appréciablespourront relever ce défi, à la condition que leursdirigeants soient animés d'une authentique volontéde réforme Les micro-États, et notamment lesîles polynésiennes, sont dans une situation plusprécaire "•

Pour en savoir plus

Pendant longtemps, les pays du PacifiqueSud ont pu assurer un certain degré de viabi-lité économique et la stabilité sociale grâce auxsubventions des puissances coloniales ou manda-taires jusqu'à l'indépendance, puis grâce auxaides extérieures, aux transferts des migrants etau développement de la bureaucratie d'État. Maisce système, le fameux « MIRAS » (migrations,remittances, aid, bureaucracy - migrations, trans-ferts financiers, aide internationale et bureaucratie)théorisé par deux économistes néo-zélandais,Geoffrey Bertram et Ray Watters 13, ne fonctionneplus L'assistance exténeure, tout en demeurantimportante, a tendance a diminuer en volume car,depuis la fin de la guerre froide, le Pacifique Suda perdu de son importance stratégique Les paysdéveloppés, fortement affectés par la crise de2008, freinent l'arrivée de nouveaux migrants,ce qui limite d'autant les transferts financiersLes administrations publiques, qui sont jugéesexcessivement lourdes et coûteuses compte tenudes faibles ressources budgétaires de la plupartdes Etats, ne créent plus d'emplois nouveauxLes gouvernements océaniens doivent désormaisélaborer un nouveau modèle de développement quiprivilégierait les fonctions de production - et non

• Eugène Berg, Un ambassadeur dans le Pacifique,Hermann, Pans, 2009

• François Doumenge,L'Homme dans le PacifiqueSud, Publications de laSociété des Oceanistes,n° 19,1966

• Jean-Pierre Doumenge,« Evolution géopolitique etstratégique du Pacifiqueinsulaire a I orée duxxie siècle , Geostrateg/ques,n° 4, avril 2001

• Jean-Pierre Doumenge,« Le monde pacifique dansla tourmente >, Geo, n° 287,janvier 2003 pp 96 99

• Bruno Gain, < Le PacifiqueSud a I heure du regionalisme un enjeu pour laFrance >, Défense n° 118,novembre décembre 2005,pp 1419

» Sarah Mohamed-Gaillard,L Archipel cfe la puissance ?La politique de la France dansle Pacifique Sud de 1946a 1998, PI E Peter Lang,Bruxelles, 2010

• Armand Hage, « Les EtatsUnis dans le PacifiqueGeoeconomie n° 27automne 2003, pp 107 120

" Christian Huetz de Lemps,« Tensions, affrontements etcrises dans les petits Etatsinsulaires du Pacifique »,Geoeconom/e n° 27,automne 2003, pp 63 81

• Luc Vacher, « Le rôle deI Australie dans I espaceAsie Pacifique », m PatrickGossaert (dir ), Les Enjeuxdu Pacifique, Ellipses, Paris,2009, pp 264279

13 Geoflrey I Bertram et Ray F Watters, «The MIRAB Economym South Pacific Microstates », The Pacific View Point, vol 26,n°3,1985,pp 497-519