Upload
others
View
0
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
BelgeoRevue belge de géographie 2 | 2019La région, vous dîtes? Le kaléidoscope régional del’Union européenne
Les eurorégions dans la presse en ligne : procédésdiscursifs d’attribution de reconnaissance socialeEuroregions in the online press: discursive processes of attribution of socialrecognition
Marie-Hélène Hermand
Édition électroniqueURL : http://journals.openedition.org/belgeo/30574DOI : 10.4000/belgeo.30574ISSN : 2294-9135
Éditeur :National Committee of Geography of Belgium, Société Royale Belge de Géographie
Référence électroniqueMarie-Hélène Hermand, « Les eurorégions dans la presse en ligne : procédés discursifs d’attribution dereconnaissance sociale », Belgeo [En ligne], 2 | 2019, mis en ligne le 05 janvier 2019, consulté le 07juillet 2020. URL : http://journals.openedition.org/belgeo/30574 ; DOI : https://doi.org/10.4000/belgeo.30574
Ce document a été généré automatiquement le 7 juillet 2020.
Belgeo est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution 4.0International.
Les eurorégions dans la presse enligne : procédés discursifsd’attribution de reconnaissancesocialeEuroregions in the online press: discursive processes of attribution of social
recognition
Marie-Hélène Hermand
Les eurorégions au cœur de l’évolution durégionalisme
1 L’objectif de cet article est de comprendre comment les eurorégions gagnent de la
visibilité dans le discours de presse. L’analyse de la couverture médiatique des
eurorégions intéresse les géographes car elle éclaire la manière dont la presse parle
d’entités géographiques complexes inscrites au cœur de la dynamique de l’évolution
des régions et du régionalisme en Europe. Sanguin (2007) définit les eurorégions
comme des « entités territoriales transfrontalières dont l’objectif est de créer un espace
transfrontalier intégré à travers des politiques spécifiques d’aménagement du
territoire » et identifie plusieurs vagues de développement qui, d’Ouest en Est,
aboutissent à couvrir d’eurorégions l’actuelle Union européenne (UE). Une première
vague concerne les expérimentations visant le développement économique urbain de
l’espace régional de Bâle et de ses influentes industries pharmaceutique et textile
(Regio Basiliensis fondée en 1963 et connue aujourd’hui sous le nom TriRhena). Une
deuxième vague concerne l’extension au cœur du noyau historique de l’UE dans les
zones frontalières du Benelux, de l’Allemagne et de la France (Meuse-Rhin créée en
1976, Rhein-Waal en 1978, Pamina en 1988, Saarlorlux en 1995). Une troisième vague
concerne les zones frontalières entre l’ancienne UE à 15 et les nouveaux pays entrés en
2004 dans l’UE (Pomerania en 1991, Pro Europa Viadrina et Egrensis en 1993) et une
Les eurorégions dans la presse en ligne : procédés discursifs d’attribution d...
Belgeo, 2 | 2019
1
quatrième vague concerne des pays de l’ancien empire soviétique (Eurorégion
trinationale Danube-Kries-Mures-Tisza). Depuis le milieu des années 2000, le nombre
d’eurorégions continue de croître (Pyrénées-Méditerranée en 2004, Bánát Triplex
Confinium en 2009, Aquitaine-Euskadi en 2011…) pour dépasser actuellement la
centaine (Perrin, 2014).
2 Outre cette prolifération d’eurorégions dans l’espace européen, il convient de rappeler
que le cheminement temporel de leur mise en place ouvre la perspective d’un
glissement progressif des centres névralgiques en Europe (Alliès, 2011, p. 253). Souvent
autoproclamées et dotées d’une forte valeur symbolique, les eurorégions ont d’abord eu
pour mission de « cicatriser l’histoire » (Rougemont, 1972) de part et d’autre des
frontières lors de la réconciliation après la Seconde Guerre mondiale. En 1980, les
accords entre régions frontalières sont légitimés et facilités par l’adoption de la
convention-cadre européenne sur la coopération transfrontalière (dite Charte de
Madrid). Les années 1990 marquent ensuite une étape d’encouragement de la politique
de coopération transfrontalière et la multiplication des eurorégions. La Commission
européenne finance des projets transfrontaliers au moyen du programme INTERREG
(créé en 1990) tandis que le Conseil de l’Europe souligne, dans la Déclaration de Vienne
(1993), l’importance de la coopération transfrontalière pour la stabilité démocratique
de l’espace européen. Les eurorégions profitent aussi du contexte lié à la création du
Comité européen des régions (1994) né dans la foulée du Traité de Maastricht pour se
développer au sein de l’UE et installer progressivement des représentations à Bruxelles.
Les dispositifs transfrontaliers sont enfin élargis aux pays d’Europe centrale et
orientale lors de la politique de voisinage lancée en 2003 par l’UE. Les eurorégions
s’inscrivent ainsi dans les logiques de régionalisation observées à la fois en Europe de
l’Ouest (Cole, Palmer, 2009) et de l’Est (Wassenberg, 2010).
3 Le droit, par voie conventionnelle ou institutionnelle, contribue également à leur
formalisation. Plusieurs outils juridiques, qui ont fait l’objet d’un guide pratique publié
par la Mission opérationnelle transfrontalière (2013), visent à structurer et à consolider
les coopérations transfrontalières. On citera le Groupement local de coopération
transfrontalière (GLCT) qui formalise des accords bilatéraux de coopération
transfrontalière entre collectivités territoriales et organismes publics locaux (p.ex.
Accord de Karlsruhe en 1996, Accord de Bruxelles, 2002), le Groupement européen de la
coopération transfrontalière (GECT) créé en 20061 pour offrir une structure pérenne et
autonome dotée d’une forte visibilité européenne, ou encore le Groupement
eurorégional de coopération (GEC), créé en 20132, qui présente une structure très
similaire à celle du GECT. La carte des GECT mise à jour en 2018 permet de se
représenter la portée géographique de cette gouvernance transfrontalière en
construction (figure 1).
Les eurorégions dans la presse en ligne : procédés discursifs d’attribution d...
Belgeo, 2 | 2019
2
Figure 1. Les GECT créés en Europe, 2018.
Source : http://www.espaces-transfrontaliers.org/ressources/cartes/maps/show/les-gect-crees-en-europe/ (consulté le 21/12/2018)
4 Les eurorégions renvoient enfin à des structures de droit public (accords
interétatiques) ou de droit privé (associations à but non lucratif, fondations)3 chargées
de répondre à des enjeux transfrontaliers dans de nombreux domaines tels que la
santé, l’éducation et la recherche, les transports, l’environnement, la culture ou les
technologies. Cette situation évolutive à tous les niveaux (géographique, historique,
juridique) aboutit à une grande diversité d’associations territoriales et à des degrés
variables de formalisation institutionnelle qui rendent le thème eurorégional
particulièrement complexe à vulgariser.
L’émergence de la couverture médiatique deseurorégions sur le web
5 L’analyse du discours de presse dédié aux eurorégions a pour objectif d’alimenter les
réflexions engagées sur la production sémantique de lieux transfrontaliers (Hamez et
al., 2013 ; Reitel, Moullé, 2015). Par discours de presse, nous entendons les discours
d’information qui constituent des « lieux de passage » (Beacco, Moirand, 1995, p. 50) à
la croisée des discours institutionnels et économiques et qui cherchent à « être le plus
crédible possible tout en attirant le plus grand nombre possible de récepteurs »
(Charaudeau, 1997, p. 72).
6 La manière dont les eurorégions sont relayées dans la presse renvoie à la question de la
distinction centre-périphérie dans le sens où les eurorégions cherchent à conquérir une
« centralité visible » (Sanguin, 2007) alors qu’elles sont composées de régions
frontalières éloignées des centres de décision nationaux. Comprendre cette quête de
visibilité constitue un enjeu de taille pour des chercheurs en géographie et en
Les eurorégions dans la presse en ligne : procédés discursifs d’attribution d...
Belgeo, 2 | 2019
3
communication. En effet, les eurorégions concernent une population évaluée, selon les
études, entre 40 % et 60 % des personnes qui résident au sein de l’UE (Morata, 2010). Et
force est de constater qu’elles sont mal connues des citoyens : selon l’Eurobaromètre de
2015, 31 % seulement des personnes vivant dans des régions frontalières connaissent
les activités de coopération transfrontalière financées par l’UE dans leur région4.
7 Nous aborderons la question de la médiatisation eurorégionale par le biais de la presse
en ligne car, en tant que « medium qui ne laisse pas indifférents les acteurs décidés à
promouvoir l’idée européenne » (Utard, 2014), le web constitue un observatoire très
vivant des contenus véhiculés dans la presse au sujet des eurorégions. Nous faisons
l’hypothèse générale que le discours de presse est susceptible de contribuer à la
diffusion du référent « eurorégion » auprès des publics médiatiques. Pour envisager
cette hypothèse, nous avons extrait 177 articles de presse de notre corpus de thèse
dédiée à l’analyse des différents types de discours en ligne (institutionnels,
économiques, médiatiques, associatifs) consacrés aux eurorégions (Hermand, 2017).
Tous différents, ces articles de presse publiés entre 1996 et 2014 forment un corpus
multilingue (français, italien, espagnol, anglais, allemand, néerlandais) (figure 2).
Dispersés dans 160 titres disponibles en ligne, ils émanent essentiellement et à parts
presqu’égales d’organes de presse nationale et régionale, la presse européenne et les
titres transfrontaliers constituant des sources moins fournies (figure 3). Chaque article
inséré dans le corpus contient au moins une occurrence du nom commun eurorégion ou
de ses traductions (p. ex. euregio, euroregione, eurorregión) ou une dénomination propre
eurorégionale (p. ex. Pyrénées-Méditerranée) (figure 4). Les eurorégions mentionnées
dans le corpus médiatique peuvent être en activité (p. ex. Aquitaine-Euskadi rebaptisée
en 2016 Nouvelle Aquitaine-Euskadi-Navarre) ou dissoutes (p.ex. Transmanche), dotées (p.
ex. Lille-Courtrai-Tournai) ou non (p.ex. Alpes-Méditerranée) d’un statut de GECT.
8 Le nombre d’articles dédiés aux eurorégions augmente par à-coups correspondant aux
périodes d’élargissement de l’UE (2004) et d’octroi par le Parlement européen de fonds
visant à promouvoir la politique régionale (2009)5. Mais c’est surtout avec le
développement remarquable du statut de GECT (à partir de 20126) qu’augmente le
nombre d’articles sur le thème eurorégional (figure 5). Les eurorégions font enfin
l’objet d’une publicisation éparse : les articles qui leur sont consacrés figurent dans une
très grande variété de rubriques de presse dont l’intitulé peut être générique (p. ex.
Actualités) ou très spécifique (p.ex. Limbourg Locales, Chiemgau) (figure 6).
Les eurorégions dans la presse en ligne : procédés discursifs d’attribution d...
Belgeo, 2 | 2019
4
Figure 2. Répartition des articles dédiés aux eurorégions en fonction des langues.
Figure 3. Répartition des articles dédiés aux eurorégions en fonction des types de presse.
Les eurorégions dans la presse en ligne : procédés discursifs d’attribution d...
Belgeo, 2 | 2019
5
Figure 4. Nombre d’articles en fonction des eurorégions citées dans le corpus de presse dédié auxeurorégions.
Figure 5. Progression des nombres d’articles et d’occurrences de noms propres d’eurorégions parannée de publication.
Les eurorégions dans la presse en ligne : procédés discursifs d’attribution d...
Belgeo, 2 | 2019
6
Figure 6. Répartition des articles en fonction des intitulés (traduits par nos soins) des rubriques depresse.
La méthodologie
L’analyse du discours
9 L’analyse du discours, déjà mobilisée en géographie pour envisager des questions
européennes (Beauguitte, Richard, 2012 ; Dessouroux, 2003) ou frontalières
(Guenebeaud, 2015 ; Hermand, 2016), vise ici à identifier des procédés discursifs
récurrents utilisés par la presse pour parler des eurorégions. En partant du
positionnement complexe des eurorégions et des données descriptives de notre corpus,
nous posons trois questions pour estimer la capacité du discours médiatique à mieux
faire connaître les eurorégions : (I) la presse facilite-t-elle l’appréhension du thème
eurorégional ? ; (II) la presse favorise-t-elle la reconnaissance sociale de ce thème mal
connu ? ; (III) la presse garantit-elle la visibilité de ce thème émergent ?
10 Pour y répondre, la méthode utilisée combine une analyse qualitative du discours et des
résultats textométriques. Concernant l’analyse qualitative, nous mobilisons la théorie
du contrat d’information médiatique (Charaudeau, 1997) selon laquelle les discours de
presse visent à la fois à informer (« faire savoir ») et à capter (« faire ressentir ») des
publics. Concernant l’analyse quantitative, nous utilisons une plate-forme développée
pour l’analyse de discours multilingue qui articule l’analyseur morphosyntaxique
TreeTagger (fourni par l’université de Stuttgart) à une base de données (SQLite). Les
données textométriques sont convoquées, lorsque c’est possible, de manière à
alimenter des axes de recherche qualitative. L’analyse quantitative du lexique n’a pu
s’appliquer à l’ensemble du corpus de presse, le repérage manuel étant parfois imposé
par le fait que TreeTagger ne permet pas toujours la reconnaissance automatique
d’items utiles à l’analyse (p.ex. sigles, acronymes).
11 Enfin, nous nous limitons dans cet article à l’examen des contenus de presse favorables
aux eurorégions pour montrer comment se construit la valorisation de ces territoires
auprès des publics. Nous écartons les textes défavorables, par ailleurs en trop faible
nombre dans le corpus pour faire l’objet d’une analyse quantitative. Davantage
construits sur le mode allusif plutôt que sur le mode polémique, ils nécessitent une
analyse linguistique qualitative spécifique.
Les eurorégions dans la presse en ligne : procédés discursifs d’attribution d...
Belgeo, 2 | 2019
7
Les observables discursifs retenus pour l’analyse
12 Pour répondre à nos questions, trois observables discursifs sont analysés : l’eurolecte, le
discours rapporté et le lexique.
13 L’eurolecte désigne la langue technique forgée dans les textes institutionnels européens
depuis l’élaboration des grands traités (CECA, CEE, Euratom). Empreint de sigles et
d’acronymes, de technicismes et de mots abstraits pour les publics (p.ex. politique de
cohésion, convergence, subsidiarité), il concerne la pratique de communication tant à
l’intérieur des institutions européennes (réunions, conférences) qu’à l’extérieur (par le
biais des outils de communication et de traduction). Largement diffusé dans les
discours juridiques, techniques, académiques et médiatiques relatifs à l’UE et émis dans
les États membres de l’UE, l’eurolecte est aussi qualifié d’« eurojargon » par ses
détracteurs et fait l’objet de vives critiques (d’hommes politiques et même
d’eurodéputés), y compris au sein de la presse, en raison de son opacité qui décourage
les non-initiés de s’intéresser à l’Europe (Goffin, 2005). Déceler les manifestations de
l’eurolecte permet d’examiner le degré de technicité des articles et vise à estimer si le
langage utilisé dans la presse facilite ou entrave l’appréhension du thème eurorégional.
Parmi les principaux marqueurs de l’eurolecte, nous avons retenu pour l’analyse la
prolifération de sigles et d’acronymes, les emprunts d’une langue à l’autre et la
productivité néologique, c’est-à-dire la faculté à produire de nouveaux mots relatifs au
thème considéré.
14 Le discours rapporté désigne la présence de discours d’autrui dans le discours analysé :
il peut s’agir de discours cités (repérables par des guillemets), de discours narrativisés
(p.ex. actions ou événements relatés) ou encore de discours simplement évoqués
(Charaudeau, Maingueneau, 2002, p. 194). Identifier les voix convoquées dans la presse
pour incarner le thème eurorégional doit permettre d’estimer si elles confèrent de la
légitimité aux eurorégions. Cette reconnaissance sociale est en effet indispensable aux
eurorégions pour dépasser le simple stade de la visibilité obtenue par l’existence
d’articles de presse. Parmi les marqueurs du discours rapporté, nous avons retenu l’«
interview de témoignage » (Charaudeau, 1997, p. 203), genre discursif qui sert a e tablir
des faits, a donner une opinion permettant d’eclairer des faits, ou encore a e difier un
portrait de personnalite charge e de repre senter une communaute . Repérable
manuellement par des lectures approfondies du corpus, l’interview de témoignage est
particulièrement intéressante car elle est « censée conforter l’existence des faits et
déclencher l’émotion » (Ibid., p. 204).
15 L’observation du lexique est enfin concentrée sur les noms communs et les noms
propres en lien avec les univers lexicaux de la création et de la créativité7. Ces univers
sont retenus parce qu’ils sont saillants (c’est-à-dire qu’ils renvoient à des groupes
d’occurrences lexicales fréquentes dans le corpus) et parce qu’ils renvoient au modèle
du développement culturel qui s’impose aujourd’hui aux institutions internationales et
aux collectivités territoriales pour développer leur visibilité (Andonova, 2015 ; Poirson,
2014, p. 275). L’objectif consiste à analyser leurs occurrences contextualisées pour
déceler une dynamique d’aménagement symbolique des eurorégions dans la presse.
Les eurorégions dans la presse en ligne : procédés discursifs d’attribution d...
Belgeo, 2 | 2019
8
Procédés discursifs d’attribution de reconnaissancesociale aux eurorégions
Appréhension du thème eurorégional facilitée par un usage modéré
de l’eurolecte
16 Les sigles et acronymes sont peu nombreux dans notre corpus médiatique : « GECT »,
« GEC » et « Interreg » sont les principales constructions abrégées relevées
manuellement. Du point de vue de l’usage des sigles ou acronymes, l’héritage eurolectal
est si faible qu’il ne constitue pas une entrave à la lecture des articles.
17 Pour ce qui concerne les emprunts ou les calques d’une langue à l’autre, nous avons
repéré une mise en circulation du mot-valise eurorégion sous des formes variées
(tableau 1).
Tableau 1. Variété morphologique et nombre d’occurrences (fréquence absolue) du mot eurorégiondans le corpus médiatique eurorégional, en fonction des partitions linguistiques.
18 Les résultats montrent à la fois une absence d’harmonisation du mot-pivot central
eurorégion (avec ou sans majuscule, avec variantes morphologiques) et sa transposition
dans différentes langues. Comme l’avait déjà signalé Goffin (1994, p. 641) dans son
analyse de l’eurolecte, cette pratique de transposition renvoie à la capacité d’influence
majeure de certains moules linguistiques. Ainsi la circulation du moule linguistique
gréco-latin encourage les mécanismes transculturels : euro [du grec Εὐρώπη] – regio(n)
[du latin regio ] se transpose dans plusieurs langues européennes et favorise
l’appropriation du terme eurorégion. Cet euronyme bénéficie dès lors d’une
transparence sémantique accrue par ses déclinaisons dans chaque langue-culture. Dans
le sens où il continue d’assurer la circulation de termes à vocation européenne dans
différentes langues de l’UE, le discours médiatique dédié aux eurorégions prolonge
l’héritage eurolectal tout en permettant la reconnaissance du terme eurorégion dans
plusieurs communautés linguistiques.
19 Pour ce qui concerne la productivité néologique, l’influence du moule linguistique
allemand autorise des constructions inédites comprenant euro ou regio pour évoquer les
réalités eurorégionales. On constate d’abord un prolongement net de la tendance qui
consiste à multiplier les constructions avec l’affixe8 euro. Source d’enrichissement du
lexique politique et administratif mais aussi du vocabulaire courant et familier dédié à
l’Europe, le préfixe euro sert à construire le mot eurorégion (et ses traductions), renvoie
à la forme adjectivale eurorégional (et ses traductions) ou désigne une ville-frontière au
cœur des eurorégions (eurométropole, eurociudad). Dans d’autres constructions où euro
est un infixe, il s’agit de donner une indication géographique centrale (Kerneuropa) ou
d’exprimer une portée européenne (paneuropean). Le discours de presse dédié aux
Les eurorégions dans la presse en ligne : procédés discursifs d’attribution d...
Belgeo, 2 | 2019
9
eurorégions prolonge ainsi l’usage de l’affixe euro, qui constitue selon les analyses
eurolectales « un instrument de propagande politique et surtout économique, de
publicité à moindre coût mais à forte efficacité, car l’emploi de ce morphème à la mode
assure à un nom déposé une sonorité facile à retenir et la confiance du public »
(Corescu cité par Bozhinova, 2011, p. 180).
20 Si la confiance du public envers l’UE n’est plus au rendez-vous, euro est toujours utilisé
par les médias pour désigner de nouvelles institutions, entreprises, produits techniques
ou culturels issus de l’UE. Mais contrairement aux discours institutionnels qui
mobilisent des sigles dont la connaissance préalable s’impose pour saisir la référence
transfrontalière (euroMOT)9, les discours de presse créent des mots qui explicitent la
référence à l’eurorégion (euroregionenews, euroBIOrregión, traumacentrumeuregio).
21 L’affixe regio est lui aussi à l’origine de constructions néologiques eurorégionales.
Celles-ci sont surtout localisées dans la partition allemande, langue qui se prête à la
création lexicale par combinaisons de mots (tableau 2).
Tableau 2. Nombre de constructions comprenant l’affixe *regio*, en fonction des partitionslinguistiques.
22 Leur analyse en contexte permet surtout de préciser la portée de la référence
eurorégionale par rapport à celle de la région. Lorsque regio sert de préfixe, il est suivi
de mots évoquant la gouvernance (Regiomanagement/-minister/-Obmann/-direktion), la
culture (Regiotheater) ou la topographie dans des noms de subdivisions naturelles ou
administratives (Regio-Alpi/-Provinz/-Schleswig). Lorsque regio est un suffixe, il s’agit
principalement de désigner directement une eurorégion (euro-/euregio), de préciser un
point de vue ou un positionnement eurorégional par rapport aux entités régionales
(macro-/über-/twin-/trans-/supraregio) et à l’Europe (teil-/subregio) ou encore d’indiquer
une modalité d’échange entre régions frontalières (grenz-/inter-/intra-/Nachbar-/
Partnerregio).
23 Enfin, là où l’eurolecte avait créé à l’aide du préfixe supra des dénominations de
nouvelles réalités nées au cours de la construction européenne (comme dans
supranationalité), ce que nous appelons par commodité « eurorégiolecte » crée des
dénominations de phénomènes remarquables de la construction eurorégionale à l’aide
du préfixe latin trans : celui-ci exprime l’idée de changement et de traversée et se
retrouve dans les adjectifs transfrontalier, transnational, transeuropéen, transrégional ou
transculturel déclinés dans les six langues du corpus.
Les eurorégions dans la presse en ligne : procédés discursifs d’attribution d...
Belgeo, 2 | 2019
10
Prise en compte d’identités plurielles favorisée par le discours
rapporté
24 Les locuteurs à l’origine des discours rapportés sous la forme d’interview de
témoignages sont surtout des dirigeants et des experts : leurs titres, systématiquement
déployés, confèrent une marque d’autorité et de prestige aux représentants
eurorégionaux (Director of the Archive in Lugano, Directeur UnionCamere Piemonte,
Geschäftsführerin der Metropolregion Nürnberg, Gouverneur van de Euregio...). Nous
développons ci-dessous un exemple dont l’analyse linguistique a été amorcée dans une
autre publication (Calabrese, Hermand, sous presse) car il montre bien comment une
symbolique eurorégionale positive se crée dans la presse autour d’identités territoriales
non finies. Il s’agit d’un entretien mené avec Antonio Gili, directeur des archives de
Lugano par le journal swissinfo, anciennement Radio Suisse Internationale et
aujourd’hui plateforme multilingue dédiée aux liens politiques, économiques et
culturels de la Suisse avec l’étranger. Ce texte prend place dans une composition
d’articles dédiés à la Regio Insubrica, eurorégion partagée entre la Suisse et l’Italie
(figure 7).
Figure 7. Regio Insubrica.
Source : https://www.regioinsubrica.org (consulté le 21/12/2018)
25 Dans une mise en scène caractéristique de l’interview de témoignage, le directeur des
archives endosse un rôle privilégié de témoin parce qu’il est lui-même concerné par
l’impossible délimitation et l’impossible formulation d’une seule identité. Avant
d’évoquer ses propres racines familiales trop emmêlées pour être départagées, il situe
son expérience transfrontalière comme un fait résultant de la dualité même du Tessin,
historiquement ballotté entre la Suisse et l’Italie et seul canton suisse
Les eurorégions dans la presse en ligne : procédés discursifs d’attribution d...
Belgeo, 2 | 2019
11
géographiquement situé entièrement au sud des Alpes. Son récit insiste ensuite sur la
difficulté de faire reconnaître des identités multiples en Europe à travers l’histoire :
tandis que le XIXe siècle autorise le frontalier à se définir culturellement binational,
une telle définition provoque, au cours de la transition vers le XXe siècle marquée par la
création des États-nations, une assimilation à des idées séparatistes ou fascistes. Au
XXIe siècle et dans le contexte de renforcement de l’intégration européenne, le témoin
interviewé juge cette fois inaudible et informulable l’obligation de choisir, pour se
définir, l’un des deux pays de rattachement politique et d’appartenance culturelle.
Toute question du journaliste qui implique de poser une option ferme est dès lors
rejetée car elle suppose d’y apporter une réponse forcément mensongère.
26 Au fil de l’entretien, le discours de la construction d’identités résolument plurielles
forge le paradigme d’une identité transfrontalière mouvante et dynamique, préféré à
celui d’une identité nationale fixe et rigide. Assumée par le témoin, la revendication
d’identités imbriquées est présentée comme une volonté de ne pas se limiter à une
position unique. En construisant une identité hybride composée d’identités non
exclusives les unes des autres, le discours du témoin fonctionne directement dans un
cadre européen. Le sentiment d’appartenance territoriale ainsi créé renvoie à une
entité géographique plus vaste et aux contours plus flous que ceux imposés par les
frontières nationales. Confortant l’idée d’une certaine appartenance territoriale
nouvelle parce que transfrontalière (Trillo-Santamaría, 2010), l’eurorégion apparaît dès
lors comme une « occasion de détermination identitaire » (Duchêne-Lacroix, 2007),
c’est-à-dire un lieu d’interactions qui amènent les individus à activer une identité au-
delà des représentations collectives normées.
27 Dans le témoignage considéré, on observe aussi l’argument de remplacement progressif
des axes diplomatiques de référence (Berne-Rome) par des axes de circulation mieux
adaptés aux échanges commerciaux (Lugano-Milan). Ce remplacement répond à la
question pratique du choix de nouveaux lieux décisionnels et de gestion administrative
et commerciale proches des frontières. Un tel argument, purement pragmatique,
permet de mettre en évidence les apports de la configuration eurorégionale en termes
de logistique et de relations professionnelles.
28 Cet exemple de discours rapporté n’est pas isolé dans le corpus : outre les discours
rapportés de témoins, d’autres discours rapportés sont issus de personnes notoires
dispersées dans différentes zones eurorégionales (bâloise, hambourgeoise,
limbourgeoise…). Nous avons par exemple observé les propos de sénateurs engagés
dans la réflexion collective sur les différentes expressions contemporaines du
fédéralisme européen : ils fournissent à leur tour des exemples-types de discours
relayés par la presse pour apporter de la reconnaissance aux eurorégions. Il n’est pas
étonnant que ces prises de parole éloignées d’un sentiment national exclusif et ces
revendications d’identités plurielles proviennent régulièrement de discours suisses et
allemands, marqués tous les deux par une tradition fédérale et, pour les seconds, par
une charge symbolique nationale historiquement négative. De tels exemples rappellent
aussi l’influence des États allemands qui, dans le milieu du XVIIIe siècle, ont déjà
constitué « de véritables petits laboratoires micro-étatiques, qui ont pu servir de
modèles et comme de lieux d’expérimentation » (Foucault, 2004, p. 325) d’une nouvelle
gouvernementalité européenne.
Les eurorégions dans la presse en ligne : procédés discursifs d’attribution d...
Belgeo, 2 | 2019
12
Visibilité eurorégionale garantie par la mise en scène de la créativité
29 Pour ce qui concerne les noms communs, les mots-pivots création et créativité sont
présents dans 32 % des articles du corpus. Préfixés (p. ex. cocréateurs, cocreazione), ils
annoncent un idéal de création en collaboration. Voisins de noms propres dont le
repérage automatique fait apparaître une remarquable diversité d’artistes en
eurorégions, ils soulignent l’engagement de metteurs en scène, comédiens, choristes,
photographes, poètes, écrivains, danseurs, musiciens, peintres et sculpteurs sur la
scène transfrontalière. Une scène de confrontation et de concurrence caractéristiques
du milieu artistique (Kris, Kurz, 2010, pp. 120-123) est ainsi créée pour forger l’image
d’eurorégions stimulantes dans une Europe en quête d’inspiration et de renouveau
(figure 8).
Figure 8. Brève extraite du corpus.
Source : La libre Belgique, 28/10/2002
30 Élargie à des professionnels de domaines mêlant création esthétique et maîtrise
technique (professionnels des industries créatives, designers), cette scène est marquée
par l’émulation pour construire une nouvelle Europe. Comme le montrent des brèves
chargées de préciser les rôles des uns et des autres au sein d’organigrammes
régulièrement remis à jour, le discours médiatique tend à forger l’image de zones
transfrontalières mouvantes et adaptables. Enfin, la publicité faite aux résidences de
jeunes artistes en eurorégions, à des fonds de financements ou à des expositions
temporaires est mise au service de la promotion de l’art contemporain et tout
particulièrement du design, vecteur caractéristique des industries créatives dont les
bénéfices sont davantage symboliques que fonctionnels (Bouquillion, Le Corf, 2010, p.
20).
Les eurorégions dans la presse en ligne : procédés discursifs d’attribution d...
Belgeo, 2 | 2019
13
31 D’autres manifestations de la créativité eurorégionale sont observables dans l’usage de
noms communs qui évoquent la création d’identités nouvelles. En témoigne la
fragmentation du concept d’ « européanité » – lequel désigne « le discours européen
sur l’Europe qui produit l’espace politique d’un vivre-ensemble fondé sur la
préservation de la paix » (Bélanger, 2015, p. 73) – en d’autres concepts (italicità,
méditerranéité) qui déclinent l’idée de création de nouvelles communautés de valeurs et
de sentiments capables d’intégrer des différences et des inégalités au-delà des
frontières nationales et dans un ensemble culturel recomposé.
Conclusion
32 Cette analyse avait pour objectif le décryptage du processus de valorisation des
eurorégions dans le discours de presse. Nous avons d’abord montré que la saillance du
thème eurorégional est assurée par la prolifération d’articles de presse en ligne depuis
le milieu des années 2000 et que sa prégnance est limitée par une importante
dispersion dans différents types de rubriques. En prenant appui sur la théorie du
contrat d’information médiatique, nous avons ensuite observé comment les
eurorégions se voient attribuer de la reconnaissance sociale dans le discours
médiatique.
33 L’analyse corrobore notre hypothèse selon laquelle les discours de presse peuvent
contribuer à médiatiser les entités transfrontalières auprès des publics médiatiques.
Nous avons d’abord vu que le public susceptible d’être intéressé par ces articles
constitue une cible plus large que celle habituellement visée par les articles, davantage
techniques, dédiés à l’UE. Si la difficulté première d’accéder au thème eurorégional
réside dans son éclatement, le jeu de constructions morphologiques et néologiques
montre que le discours médiatique tend à faciliter l’appréhension du thème
eurorégional : il s’inscrit dans le prolongement de la tradition eurolectale (circulation
de moules linguistiques déjà connus, productivité de néologismes explicites) sans
abuser des pratiques qui perdent le lectorat (siglaison, acronymie). Il affirme aussi la
portée multidimensionnelle (institutionnelle, administrative, économique, culturelle)
et les positions relatives (à l’Europe, aux régions) des eurorégions, ainsi que la
dynamique à l’œuvre (changement, traversée) à l’échelle transfrontalière.
34 Outre cet usage modéré de l’eurolecte, la parole donnée à des témoins ou à des
personnes notoires met en valeur des récits de vécus personnels transfrontaliers, des
identités multiples et des attachements plurinationaux adossés à des ressorts affectifs.
Des cautions rationnelles sont en outre apportées par une lecture pragmatique
(économique, voire commerciale) des espaces transfrontaliers plutôt que par un
argument politique ou diplomatique. Le discours de presse propose enfin une nouvelle
pratique sociale, transfrontalière, qui s’écarte de l’habitude consistant à faire référence
à un seul pays, à une seule culture ou à une seule langue. La présence d’identités
plurielles en Europe et non figées dans l’appartenance à un seul État apparaît à la fois
comme une prise de distance avec les normes nationales établies et comme une valeur
positive attribuée à des communautés de valeurs et de sentiments.
35 L’analyse a ainsi mis en avant comment le discours médiatique se met au service des
intérêts eurorégionaux, au risque de brouiller les frontières entre information et
communication. À cet égard, le « discours médiatique eurorégional » se situe entre
l’information et les relations publiques car il n’hésite pas à se faire le porte-voix d’une
Les eurorégions dans la presse en ligne : procédés discursifs d’attribution d...
Belgeo, 2 | 2019
14
vision tantôt affective et tantôt réduite au volet économique sans vraiment expliquer le
projet politique ni les ressorts des configurations eurorégionales. Ces résultats méritent
un approfondissement au niveau des pratiques des journalistes travaillant pour la
presse régionale afin de préciser les relations qui s’établissent entre information et
relations publiques en eurorégions.
BIBLIOGRAPHIE
ALLIÈS P. (2011), « La notion d’Eurorégion et sa mise en œuvre dans l’Union européenne », in
PACHECO AMARAL C. (dir.), Autonomie régionale et relations internationales. Nouvelles dimensions de la
gouvernance multilatérale, Paris, L’Harmattan, pp. 245-255.
ANDONOVA Y. (2015), « Promesses et paradoxes de la référence créative », Les Enjeux de
l’Information et de la Communication, 16/3B, Grenoble, GRESEC, pp. 5-15.
BEACCO J.-C., MOIRAND S. (1995), « Autour des discours de transmission des connaissances »,
Langages, 29, 117, Paris, Armand Colin, pp. 32-53.
BEAUGUITTE L., RICHARD Y. (2012), « Analyse géographique d’un discours politique : L’exemple
des brochures L’Union européenne dans le monde (2000-2007) », Belgeo, 4, https://
journals.openedition.org/belgeo/8604.
BÉLANGER M.-È. (2015), Territoires européens : discours et pratiques de l’élargissement, Louvain-la-
Neuve, Academia-L’Harmattan, 282 p.
BOUQUILLION P., LE CORF J.-B. (2010), Les industries créatives et l’économie créative dans les rapports
officiels européens, Rapport pour le département des études, de la prospective et des statistiques
du ministère de la Culture et de la Communication, Paris, CEMTI. En ligne : http://
www.observatoire-omic.org/pdf/
1110743245Bouquillion_LeyCorf_Icrea_Europe_rapport_OMIC_1.pdf.
BOZHINOVA K. (2011), « La terminologie eurolectale en usage dans les relations européennes »,
Revue internationale d’études en langues modernes appliquées, 4, Cluj-Napoca, Risoprint, pp. 175-188.
CALABRESE L., HERMAND M.-H. (sous presse), « Les dénominations d’eurorégions : analyse de la
construction discursive d’un acteur social dans le discours médiatique », in AUBOUSSIER J.,
NOSSIK S. (dir.), Les acteurs du discours, Limoges, Lambert-Lucas.
CHARAUDEAU P. (1997), Le discours d’information médiatique. La construction du miroir social, Paris,
Nathan, 286 p.
CHARAUDEAU P., MAINGUENEAU D. (dir.) (2002), Dictionnaire d’analyse du discours, Paris, Seuil,
661 p.
COLE A., PALMER R. (2009), « Logiques de territorialité et de régionalisation en Europe de
l’Ouest », Revue d’études comparatives Est-Ouest, 39, 3, Vineuil, Necplus, pp. 19-36.
DE ROUGEMONT D. (1972), « Aspects culturels de la coopération dans les régions frontalières », in
Bulletin du Centre Européen de la Culture, L’Europe des Régions III, Confrontation des Régions Frontalières,
12, 6, pp. 66-79.
Les eurorégions dans la presse en ligne : procédés discursifs d’attribution d...
Belgeo, 2 | 2019
15
DESSOUROUX C. (2003), « La diversité des processus de privatisation de l’espace public dans les
villes européennes », Belgeo, 1, https://journals.openedition.org/belgeo/15293.
DUCHÊNE-LACROIX (2007), « La place de l’Europe dans l’identité socioterritoriale des Français de
Berlin », Revue des Sciences sociales, 37, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, pp. 68-77.
FOUCAULT M. (2004), Sécurité, Territoire, Population. Cours au Collège de France (1977-1978), in EWALD
F., FONTANA A. (dir.), Paris, Gallimard/Seuil/EHESS, 448 p.
GOFFIN R. (1994), « L’eurolecte : oui, jargon communautaire : non », Meta : journal des traducteurs,
39, 4, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, pp. 636-642.
GOFFIN R. (2005), « Quels corpus et quelles approches pour une description contrastive de
l’eurolecte ? », Actes des 7èmes Journées scientifiques du réseau de chercheurs en lexicologie, terminologie,
traduction, Bruxelles, Éditions des archives contemporaines.
GUENEBEAUD C. (2015), « Vivre en voisins à la frontière : Enjeux autour de la présence de
migrants sans-papiers dans la ville de Calais », Belgeo, 2, https://journals.openedition.org/
belgeo/15476.
HAMEZ G., AMILHAT SZARY A.-L., PARIS D., REITEL B. & WALTHER O. (2013), Modelling and
Benchmarking of Borders. Modèles de frontières, frontières modèles ?, Belgeo, 1, https://
journals.openedition.org/belgeo/10659.
HERMAND M.-H. (2017), Les eurorégions : éclosion de groupes d’intérêt transfrontaliers et transnationaux
en Europe. Analyse de la formation discursive multilingue et du scénario sémiotique sur le web, thèse de
doctorat, Université libre de Bruxelles, 425 p.
HERMAND M.-H. (2016), « La fabrique discursive des Eurorégions : créer un environnement
spatial par l’incitation », L’Espace géographique, 45, 2, Paris, Belin, pp. 97-111.
KRIS E., KURZ O. (2010), La Légende de l’artiste, Paris, Allia, 160 p.
MISSION OPÉRATIONNELLE TRANSFRONTALIÈRE (2013), Cadre juridique de la coopération
transfrontalière. Outils juridiques au service des projets transfrontaliers, Paris, MOT, 24 p.
MORATA F. (2010), « Euroregions i integració europea », Universitat Autònoma de Barcelona/
Universitat de Girona (dir.), Documents d’Anàlisi Geogràfica, 56, 1, Barcelone, UAG/UdG, pp. 41-56.
PERRIN T. (2014), « From euroregions to macroregions : a reasonable step? An appraisal from
Western Mediterranean », Closer to Brussels, Bruxelles, Malopolska Region Brussels Office,
pp. 6-11.
POIRSON M. (2014), « Capitalisme artiste et optimisation du capital attentionnel », in CITTON Y.
(dir.), L’économie de l’attention, Paris, La Découverte, pp. 267-285.
REITEL B., MOULLÉ F. (2015), « La resémantisation de la ligne frontière dans des régions
métropolitaines transfrontalières : le Jardin des 2 Rives à Strasbourg et la place Jacques Delors à
Lille », Belgeo, 2, https://journals.openedition.org/belgeo/16527?lang=de.
SANGUIN A.-L. (2007), « Les nouvelles perspectives frontalières de l’union européenne après
l’élargissement de 2004 », L’Espace Politique. Revue en ligne de géographie politique et de géopolitique, 1,
Reims, EA 2076 Habiter – Université de Reims Champagne-Ardenne.
TRILLO-SANTAMARÍA J.-M. (2010), « La région transfrontalière : des idées de Rougemont aux
processus actuels d’institutionnalisation », Revue Mosella, 23, 1/4, pp. 241-264.
Les eurorégions dans la presse en ligne : procédés discursifs d’attribution d...
Belgeo, 2 | 2019
16
UTARD J.-M. (2014), « La construction d’un ordre du discours européen sur Internet », in ALDRIN
P., HUBÉ N., OLLIVIER-YANIV C. & UTARD J.-M. (dir.), Les médiations de l’Europe politique,
Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, pp. 322-338.
WASSENBERG B. (2010), « Le voisinage de proximité : les eurorégions « géopolitiques » aux
frontières externes de l’UE (1993-2009) », Matériaux pour l’histoire de notre temps, 1, Nanterre, La
contemporaine, pp. 45-49.
NOTES
1. Règlement (CE) 1082/2006 modifié par Règlement (UE) 1302/2013 applicable à partir de
22/06/2014.
2. 1er protocole additionnel (1995), 2ème protocole additionnel (1998), 3ème protocole additionnel
(2009, en vigueur en 2013) a la Convention-cadre europe enne sur la coope ration transfrontaliere
des collectivite s ou autorite s territoriales relatif aux Groupements euroregionaux de coope ration
(GEC).
3. Lexique de l’Aménagement du territoire européen : http://www.ums-riate.fr/lexique/
modeleterme.php?id=21 (consulté le 21/12/2018).
4. Eurobaromètre du 15/12/2015 : https://ec.europa.eu/regional_policy/fr/newsroom/news/
2015/09/cross-border-cooperation-in-the-european-union-an-opportunity-for-europe-s-border-
regions (consulté le 21/12/2018).
5. http://ec.europa.eu/regional_policy/sources/docgener/presenta/international/
external_fr.pdf, voir p. 10-11, §.4. La nécessité de la coopération transfrontalière (consulte le18/12/2018).
6. Selon la liste des GECT datee du 4 fevrier 2014 et disponible dans le registre tenu par le Comitéeuropéen des régions, le statut de GECT s’est installé de manière remarquable a partir de 2012 (6
nouveaux GECT ont été créés en 2012 et 11 en 2013).
7. Selon les partitions linguistiques, les racines morphologiques qui font l’objet de requêtes
automatiques sont : *.créa.* (français), *.crea.* (italien, espagnol, anglais, néerlandais) et
*.schaff.*/*.krea.* (allemand).
8. Élément lexical qui s'ajoute à un mot ou à un radical pour en modifier le sens ou pour créer un
nouveau mot : il est appelé préfixe, infixe ou suffixe selon qu'il est placé au début, à l'intérieur ou
à la fin du mot.
9. MOT : mission opérationnelle transfrontalière.
RÉSUMÉS
Cet article analyse des discours de presse qui prolifèrent sur le web depuis le milieu des années
2000 au sujet des eurorégions et qui témoignent d’une volonté de médiatiser ces entités
transfrontalières. À partir d’un corpus numérique multilingue et en s’appuyant sur la théorie du
contrat d’information médiatique, trois observables discursifs sont analysés : l’héritage
eurolectal, le discours rapporté et le lexique saillant de la créativité. Les résultats montrent
comment s’opèrent la création d’une scène médiatique eurorégionale et la reconnaissance
Les eurorégions dans la presse en ligne : procédés discursifs d’attribution d...
Belgeo, 2 | 2019
17
d’identités complexes en quête de visibilité. Ces analyses aboutissent à préciser les modalités de
capture de l’attention des publics médiatiques sur le thème eurorégional.
This article analyzes media discourses that have proliferated on the web since the mid-2000s
about Euroregions and shows a determination to publicize these cross-border entities. Starting
from a multilingual digital corpus and relying on the theory of the media information contract,
three discursive observables are analyzed: the Eurolectal heritage, the reported discourse and
the salient lexicon of creativity. The results show how the creation of a Euroregional media scene
and of complex identities seeking visibility are taking place. These analyses lead to precise ways
of capturing media attention on the Euroregional theme.
INDEX
Mots-clés : eurorégions, discours médiatique, corpus numérique multilingue, médiatisation de
territoires transfrontaliers
Keywords : euroregions, media discourse, multilingual digital corpus, media coverage of cross-
border territories
AUTEUR
MARIE-HÉLÈNE HERMAND
Centre de recherche en information et communication (ReSIC), Université libre de Bruxelles,
Les eurorégions dans la presse en ligne : procédés discursifs d’attribution d...
Belgeo, 2 | 2019
18