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This article was downloaded by: [The Aga Khan University]On: 27 October 2014, At: 07:38Publisher: RoutledgeInforma Ltd Registered in England and Wales Registered Number:1072954 Registered office: Mortimer House, 37-41 Mortimer Street,London W1T 3JH, UK

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Les Expressions de l'oralitédans un conte des Mille etune nuitsRachid BazziPublished online: 09 Jun 2010.

To cite this article: Rachid Bazzi (2002) Les Expressions de l'oralité dansun conte des Mille et une nuits, Middle Eastern Literatures, 5:1, 5-13, DOI:10.1080/14751790220103747

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Middle Eastern Literatures, Vol. 5, No. 1, 2002

Les Expressions de l’oralite dans un conte des Milleet une nuits

RACHID BAZZI

Meme dans certaines societes a fortes traditions orales l’ecriture est en passe de devenirle moyen predominant pour la communication, la sauvegarde et l’etude des culturespopulaires. Il y a belle lurette qu’on ne s’etonne plus de voir un conteur se produireavec un support ecrit sous les yeux. Nous nous efforcerons dans les pages qui suiventd’ebaucher une approche propre a nous permettre d’interroger le conte deja mis enecrit pour en degager les differents indices qui peuvent relever encore de l’oralite. Letexte que nous utiliserons a titre d’illustration est celui de ¨A.t.taf’,1 un conte des Milleet une nuits. Cependant, le resume que nous lui proposons est etabli a partir de laversion qu’en a gardee le manuscrit n° 3654 de la Bibiliotheque nationale de France(version A), etant donne qu’elle est anterieure a celle des Nuits (version B) et qu’elle estde nature a nous ouvrir des perspectives plus achevees sur les composantes orales durecit.

Harun ar-RasÏ õ d quitte Bagdad escorte par sa suite et entreprend un voyage deplusieurs mois, durant lequel le paysage lui offre tour a tour et sur un rythme soutenudes signes de prosperite et des scenes de desolation extreme. Le khalife a beaus’enquerir a chaque fois du proprietaire des terres qu’il rencontre, les memes reponsesreviennent sans arret: les terres fertiles et prosperes appartiennent a GÏ a¨far, son vizir, etles autres au khalife lui-meme.

Excede par cette decouverte que la longueur du voyage ne fait que conforter de plusbelle, le khalife fait convoquer son vizir et le met en demeure de fournir une explicationconvaincante a cette difference aussi criante qui separe leurs proprietes respectives.Loin de se douter de la gravite de la situation, GÏ a¨far propose une explication ou il fait,et a mots decouverts de surcro õ t, le parallele entre l’integrite et la prosperite d’un cote,et l’oppression et la desolation de l’autre. Propos outrageants et dif� ciles a se faireadmettre par un khalife de l’envergure de Harun ar-RasÏ õ d. D’ailleurs, le vizir estcondamne seance tenante a la prison et sera meme sur le point d’etre execute quand lepoete Abu Nuwas (m. vers 200/815) intercede, deux vers a l’appui, en sa faveur. Lecondamne est gracie, mais le khalife exige et n’en demordra pas, son depart de Bagdad.Et c’est ainsi que GÏ a¨far en sera reduit a errer a l’aventure spolie et deguise en dervich,avec, comme seul soutien de la part de son maõ tre, une lettre ou il est signi� e que lesgouverneurs doivent lui offrir asile chaque fois qu’il en fait la demande.

Quand il arrive a Damas, il voit un mendiant s’offrir un copieux repas, et decide, lamort dans l’ame, d’en quemander une part. Sur ce, le mendiant lui conseille de serendre aupres de ¨A.t.taf dont la generosite et la compassion sont connues detout le monde. Instruit par cette decouverte, GÏ a¨far se dirige vers la tente somptueusedressee par ¨A.t.taf dans le but justement d’accueillir et d’offrir g õ te et couvert auxnecessiteux.

Dr Rachid Bazzi, 12, avenue de l’Observatoire, 75006 Paris, France.

ISSN 1475-262X print/ISSN 1475-2638 online/02/010005-09 Ó 2002 Taylor & Francis Ltd

DOI: 10.1080/14751790220103747

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Il est vrai que GÏ a¨far doit, dans un premier temps du moins, donner le change a sonhote et continuer a se presenter comme etant ¨Abd Allah le dervich. Il n’en va pas dememe par la suite. Alors qu’il s’apprete a passer la premiere nuit a Damas, GÏ a¨far sevoit accorder une entrevue avec son hote et se trouve des lors dans l’obligation derepondre a un certain nombre de questions dont la plus decisive est: as-tu dejarencontre quelqu’un qui pourrait me surpasser en matiere de generosite? A coup sur,repond avec resolution GÏ a¨far, le vizir du Khalife, GÏ a¨far, peut te damer le pion dansce domaine. A ces propos, ¨A.t.taf revient a la charge et exige de son invite qu’il lui fasseune description de son illustre rival. Et GÏ a¨far de tirer pro� t de l’occasion qui vient dese presenter pour faire son auto-portrait et mettre ce faisant son hote au fait de sa vraieidentite.

Pour permettre a GÏ a¨far de continuer de bene� cier de l’hospitalite de son ami dansles meilleures conditions, les deux hommes decident d’un commun accord de lepresenter a leur entourage comme etant le frere de ¨A.t.taf, ¨Abd Allah, celui-la memequi vivait jusqu’alors en Chine.

Un jour, GÏ a¨far decide d’aller � aner dans les rues de la ville a� n de dissiper l’ennuiqui commence deja a s’en saisir, lorsqu’il avise, au fond d’une ruelle, un palaisimposant. Un bruit qui provient d’une fenetre attire son regard sur une jeune et belle� lle dont il s’eprend sur le champ.

Tourmente par sa passion, GÏ a¨far ne se fait pas prier pour se con� er a ¨A.t.taf. En fait,lui assure ce dernier, son probleme n’en est pas un, et ce dans la mesure ou le mari dela femme en question est un ami sien qui lui reste tributaire d’une importante sommed’argent, dix mille dinars, et qu’il y aurait tout lieu de croire que cette somme estcompletement hors de sa portee. En clair, on l’aura compris, ¨A.t.taf pense mettre apro� t l’insolvabilite de son debiteur pour l’amener a repudier sa femme et permettre aGÏ a¨far de l’epouser.

La suite des evenements ne tardera pas a indiquer le vrai dupe que toute cettemachination tend a induire en illusion et qui n’est autre que GÏ a¨far lui-meme. Lafemme dont il est amoureux est la cousine et epouse de ¨A.t.taf, lequel, eu egard a sonnaturel petri de generosite et de compassion, a decide de la repudier et d’œuvrer ensorte qu’elle devienne l’epouse de son ami. Encore faut-il que les protagonistes del’histoire (la jeune � lle, son pere et meme GÏ a¨far) ne se doutent de rien.

Jamais a court d’idees, ¨A.t.taf pro� te de la periode de al-¨idda pour echafauder unenouvelle mise en scene d’une elaboration encore plus concluante: non seulement ellenecessite, a l’encontre de la premiere, la complicite de GÏ a¨far lui-meme, mais elle serabasee sur un fait reel, en l’occurrence, la lettre du khalife qui se trouve en la possessionde GÏ a¨far. Neanmoins, en l’etat, ladite lettre reste en deca des attentes de ¨A.t.taf. Aussice dernier n’hesite-t-il pas a y ajouter une phrase de son cru qui fait dire au khalife quele porteur de la lettre peut meme pretendre au poste de gouverneur si le cœur lui en dit.Suivant toujours les instructions de son hote, GÏ a¨far quitte Damas, a la faveur de lanuit, au milieu d’une escorte imposante de serviteurs, pour y revenir apres un laps detemps, et se presenter chez le gouverneur en declinant sa vraie identite,2 a� n d’exiger,la lettre a l’appui, son desistement en sa faveur.

Tous les grands de la ville, dont le pere de la jeune � lle, se presentent entre les mainsde leur nouveau gouverneur, qui les interpelle alors a tour de role pour leur faire partde sa volonte de prendre femme chez eux.

Le plan propose par ¨A.t.taf reussit a merveille et son oncle consent a accorder la mainde sa � lle a GÏ a¨far. La venue de la nouvelle epouse au harem du vizir coõ ncide avec cellede Abu Nuwas qui a pu, en� n, obtenir la grace pour GÏ a¨far, et qui vient justement lui

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apporter la bonne nouvelle. Et c’est seulement lors du chemin du retour que le vizirdecouvre les conditions de son mariage sous leur vrai jour, et peut mesurer l’importancedu sacri� ce que son hote a fait pour lui. Ne voulant pas etre en reste et etant donne quele mariage n’a pas encore ete consomme, GÏ a¨far, ainsi qu’Abu Nuwas qu’il a consulte,sont d’avis que la jeune � lle doit retrouver son mari.

Les evenements auraient pu s’en tenir la si ¨A.t.taf n’avait pas commis l’imprudencede reveler a ses amis les services qu’il a rendus a son hote, y compris le role determinantqu’il a joue dans son accession au gouvernorat de la ville, au detriment, rappelons-le,du gouverneur d’alors, et qui a pu, entre-temps, reprendre son poste. C’etait sanscompter avec le ressentiment qu’un tel discours etait en mesure de susciter chez sesauditeurs. En effet, ces memes amis s’empressent d’aller chez le gouverneur pour leremonter contre ¨A.t.taf, lequel est ainsi condamne a la prison et aux sevices corporelsles plus divers.

Il reussit cependant, epaule par un de ses amis, a quitter son cachot et a regagnerBagdad ou il s’emploie a se mettre en contact avec son ami, GÏ a¨far. Un commercantlui fournit un papier et de quoi ecrire pour faire parvenir un message au vizir danslequel il lui fait part sans retenue de sa detresse. GÏ a¨far recoit la missive et se laisseemporter par l’emotion, de telle sorte qu’il trebuche et tombe par terre. Accident beninet les soins prodigues par ses serviteurs lui permettent de retrouver ses esprits. Quanta ¨A.t.taf, il se voit accuse d’avoir tente, moyennant un tour de magie, de porter atteintea la vie du vizir et se trouve derechef jete dans les geoles du gouvernement, mais cettefois-ci a Bagdad. Par ailleurs, les serviteurs du vizir ne tardent pas a decouvrir la gravitede leur bevue et pensent pouvoir en sortir a moindres frais en af� rmant a leur maõ treque son ami reste introuvable.

Un heureux concours de circonstances veut que l’arrestation de ¨A.t.taf co õ ncide avecla venue au monde de Mu.hammad, surnomme al-Ma©mun (sic), le � ls et futursuccesseur de Harun ar-RasÏ õ d. Comme il est d’usage dans ce genre d’occasions, unegrace royale est accordee a tous les prisonniers. Elargi et libre de ses mouvements,¨A.t.taf n’en est pas moins seul et sans ressources.

Il croit pouvoir trouver refuge dans un cimetiere, quand la police fait irruption etl’accuse du meurtre d’une femme dont on a trouve le cadavre gisant a meme le sol. Ons’apprete a faire executer la sentence qui s’impose, la peine capitale par pendaison,quand un jeune homme surgit soudainement pour reclamer a cor et a cri la liberationdu prisonnier. La victime n’etait autre que sa cousine et epouse qu’il a mise a mortapres l’avoir surprise en � agrant delit d’adultere. Il n’en sera pas moins gracie, comptetenu des efforts qu’il a deployes pour sauver la tete d’un innocent.

D’ailleurs, le hasard qui veut encore arranger les choses a l’avantage de notre herosveut qu’a ce moment meme le cortege de GÏ a¨far arrive a proximite. Situation quipermet a l’accuse, on s’en doute bien, de se faire reconna õ tre sans peine par son ancienhote.

Ainsi ¨A.t.taf peut regagner sa ville charge de presents et d’un edit de la part du khalifequi somme le gouverneur de Damas de lui restituer les biens qui lui ont ete con� sques,de faire payer leur medisance aux personnes qui ont entra õ ne sa disgrace et d’en fairele syndic des commercants de la ville.

Le conteur face a son auditoire

Parmi les constituants majeurs du travail du conteur, on a les differents procedes qu’ilutilise pour entretenir l’attention de son auditoire. En general, quand le conteur arabe

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revient sur un episode deja rencontre et dont il peut facilement se passer, il le contourneen af� rmant ‘ma fõ-l-i¨ada ifada’ (‘il n’y a pas utilite a se repeter’). Ce qui en dit longsur son souci d’eviter a son auditoire de sombrer dans l’ennui. Ce qui est, certes, loind’etre l’apanage de la litterature de tradition orale. L’auteur d’un roman ou d’unenouvelle ne peut en aucun cas perdre de vue les reactions que son recit ne manquerapas de susciter chez son lecteur. Or, dans notre texte le conteur ajoute ‘ya sada’(‘messieurs!’). Par ce fait, l’effort que devait fournir le conteur pour nouer un contactdirect avec son auditoire, continue a se faire sentir dans le conte, meme dans sa formeecrite.

De meme, quand il veut faire reciter un poeme a un personnage, il commente ‘wahuwa yaqul wa na .hn wa antum nu.sallõ ¨ala-r-rasul’ (‘puis il [le personnage] recite [lepoeme], alors que vous et nous prions sur le Messager [de Dieu]’. La reaction del’auditoire devrait etre, a en juger par ce que l’on peut observer encore dans la place deGÏ am¨ il-fna a Marrakech, de reprendre en chœur: ‘que la benediction de Dieu soit surtoi o Messager de Dieu!’.

Le conteur est oblige de ponctuer son recit par des pauses de ce genre—car c’est cedont il s’agit en fait—sous l’action conjuguee de deux facteurs. D’une part, il doits’offrir un moment de repit pour reprendre son souf� e, ne serait-ce que l’espace dequelques secondes: d’autre part, il juge opportun d’interrompre son recit et de com-mencer deja a faire la quete aupres de son auditoire. En effet, ce dernier etant encoretenu en haleine, il peut facilement se decider a mettre la main a la poche, situationsusceptible de changer a la � n du spectacle.

Les caprices de la memoire

Le conteur de tradition orale recite, comme chacun sait, son histoire de memoire, et n’anullement le temps ni la possibilite d’y revenir pour la debarrasser de ses eventuellesde� ciences. Aussi, ces dernieres ne doivent-elles plus etre considerees comme simplesaccidents de parcours dont il faut se debarrasser pour retrouver le recit dans sa versiond’origine. L’analyse doit les prendre en charge et s’y adapter de facon qu’elle puisse enmesurer toute la portee.

(a) L’oubli

Dans la version A, il est dit que quand GÏ a¨far reprendra ses esprits apres sa chuteconsecutive a sa lecture du message de ¨A.t.taf, il pensera a avoir des nouvelles de cedernier. On lui repond qu’il a disparu sans laisser de traces. Dans la version B, GÏ a¨farse releve certes, mais pour sombrer, et entra õ ner avec lui et le conteur et l’auditeur/lecteur, dans une amnesie totale. Tout laisse penser qu’il ne se rappelle plus de la lettre,encore moins de son expediteur a qui pourtant il est redevable de tant de largesses.Entre cet oubli deplace et le zele dont fera preuve GÏ a¨far par la suite pour venir a l’aidede ¨A.t.taf, il y a un hiatus que seul l’oubli inherent a la memoir conteuse elle-meme peutexpliquer.

Parmi les consequences de l’oubli on a le mensonge: le conteur ne dispose pas del’integralite d’une sequence et les motivations d’une action lui restent inaccessibles,alors il fait appel a un certain nombre d’astuces, dont le mensonge, pour l’integrer. Adefaut de quoi, il serait oblige de s’en passer. La scene ou on voit, dans la version A,GÏ a¨far reveler sa vraie identite a ¨A.t.taf, est completement perdue par le conteur de la

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version B qui continue cependant a se rappeler que GÏ a¨far doit regagner Bagdad soussa vraie identite. Le compromis qu’il propose alors est le suivant: si GÏ a¨far quitteDamas sous sa vraie identite, c’est que ¨A.t.taf la lui a choisie tout en croyant qu’il ne ledote de la sorte que d’une fausse identite. ¨A.t.taf doit avoir la main heureuse lors duchoix d’un faux nom pour son hote a� n de le reconcilier avec l’identite qui est la sienneeffectivement.

La question se pose alors de savoir comment le conteur pourra-t-reorganier son recitpour y incorporer impunement le nouvel element. Dans la version A, ¨A.t.taf, aux prisesavec la machination pernicieuse dont il fait l’objet dans sa ville, songe a demander asilea son puissant oblige, GÏ a¨far, et doit des lors se diriger vers la capitale. Dans la versionB, comme les deux amis se separent a Damas sans que ¨A.t.taf puisse se douter de laqualite de son hote, le premier doit, d’une part, aller a Bagdad a la suite d’une simpleconjonction d’evenements—la rencontre d’une caravane qui est sur le point de s’yrendre—et, de l’autre, chercher a rejoindre GÏ a¨far sur le conseil d’un mendiantrencontre au petit bonheur.

Autrement dit, le mendiant qui, dans la version A, permettait a GÏ a¨far de rencontrer¨A.t.taf, ce qui est au demeurant logique, compte tenu de l’obligation d’errer a l’aventureou se trouvait le premier, se voit remplir la meme fonction, dans la version B, mais aupro� t du second. Or, ce dernier n’a nullement besoin d’etre dirige vers la demeure duvizir puisque son arrivee a Bagdad ne peut s’expliquer que par son souci de lerencontrer.

Ce petit remue-menage s’avere necessaire a partir du moment ou le conteur sait que¨A.t.taf doit arriver chez GÏ a¨far, tout en oubliant les vrais ressorts de ces retrouvailles. Etcet oubli s’inscrit, on l’aura remarque, dans le sillage de celui evoque ci-dessus et quise rapporte a la decouverte par ¨A.t.taf de l’identite de GÏ a¨far, avant leur separation.

L’oubli peut prendre d’autres formes, comme la perte de la fonction d’origine d’unmotif. Si on regarde de plus pres la sequence ou ¨A.t.taf vient aupres d’un commercantpour lui demander un morceau de papier et un crayon a� n de faire parvenir une missivea GÏ a¨far, on se rend compte que sa pertinence narrative est sujette a avoisiner la nullite.Le conte aurait pu en faire l’economie sans que cela porte a consequence, puisque larencontre des deux amis qui aura lieu par la suite reste tributaire du simple hasard. Ilsuf� t que le vizir passe pres du lieu ou on etait sur le point d’executer ¨A.t.taf pour quecelui-ci soit a meme de se faire reconna õ tre par lui.

Et pourtant le motif en question devait necessairement remplir une fonction, etl’analyse peut aisement la retrouver pour peu qu’elle arrive a restaurer la situationd’origine. En remarquant la beaute et la � nesse de son ecriture, le commercant devraitproposer au heros de l’assister dans son commerce, ce qui lui permettrait de mettre unterme a sa vie de vagabond.

Nous pouvons citer a ce propos un certain nombre de contes ou les heros arriventdans des pays etrangers qui leur reservent une vie d’extreme misere contrastantfoncierement avec celle qui etait la leur avant le debut de leur epreuve. Un des pointscommuns a ces heros et qui pourrait signi� er leur provenance d’une seule matrice, c’estqu’ils essaient d’ameliorer leur sort en tirant pro� t de l’art de calligraphie qu’ils manienta la perfection. C’est le cas d’un conte iranien, ‘GosÏ tasp et Katabun’,3 et de trois autresqui se retrouvent dans les Nuits, ‘Le conte du premier Qalandar’ (n° 115), ‘Le jeuneBagdadien’ (n° 75), et ‘Le jeune Omanite’ (n° 276).

L’epreuve du premier Qalandar reste tres proche de celle de GosÏ tasp, etant donnequ’il s’agit, dans les deux cas, d’un prince dont l’existence qu’il aura a mener a la suitede sa mesaventure est a l’antipode de celle digne de quelqu’un de son rang. Les deux

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heros respectifs des autres contes, ‘Le jeune Bagdadien’ et ‘Le jeune Omanite’, serepliquent en ce sens que dans les deux cas on a affaire a deux jeunes gens qui doivents’employer a retrouver la femme—une esclave, dans un cas, une prostituee, dans unautre—dont ils etaient amoureux et qu’ils venaient de perdre et dans des conditionssimilaires du reste: l’etiolement de leurs moyens � nanciers a la suite d’un train de viedispendieux.

(b) Erreurs

La memoir du conteur cede parfois sous le poids de l’effort soutenu qu’exige d’elle lerecit et commet quelques maladresses. Dans la version A le gouverneur de Damas estparfois nomme ¨Abd al-Malik b. Marwan (sic!) (5eme khalife omeyyade, regna entre685–705), parfois ¨Abd Allah b. Marwan. Le cas du � ls du khalife abbasside, qui vientau monde pour permettre a ¨A.t.taf de retrouver sa liberte est tres instructif a ce sujet.Le conteur nous dit qu’il s’agit de Mu.hammad surnomme al-Ma©mun. Or Mu.hammadest surnomme al-Am õ n, et non al-Ma©mun, qui s’appelait lui, rappelons-le, ‘Abd Allah.

Le conte et le principe de moindre effort

On sait depuis Martinet que la langue evolue a l’heure de deux principes divergents:celui qui releve des besoins communicatifs du sujet parlant et celui qui veut que cememe sujet doive limiter ses efforts au strict minimum. ‘A chaque stade de l’evolution,nous dit le linguiste, se realise un equilibre entre les besoins de la communication quidemandent des unites plus nombreuses, plus speci� ques, dont chacune appara õ t moinsfrequemment dans les enonces, et l’inertie de l’homme qui pousse a l’emploi d’unnombre restreint d’unites de valeur plus generale et d’emploi plus frequent.’4 Par lasimple obligation de l’oralite, le langage est astreint a l’economie, et il y aurait tout lieude croire qu’en vertu du meme principe, le conte se trouve dans une position analogue.

(a) La Repetition

Le conteur doit meubler son recit, sans pour autant oublier d’assurer ses arrieres en serabattant sur les procedes consacres et qui ont deja fait leurs preuves. Ainsi on trouvedans ‘¨A.t.taf’ (version A) des expressions qui reviennent souvent. On peut citer le renvoitres frequent au narrateur: ‘qala-r-rawõ’ (lit. “le narrateur dit”). C’est le cas aussi desdifferentes tournures qui permettent au conteur de ponctuer les sequences de son recitet d’en changer les registres: ‘Hada ma kan min amr x … wa amma ma kan min amr y’,‘Voila pour ce qui est de x … quant a y’); ou encore ‘yakun lah kalam’ (‘on yreviendra’).

Il en va de meme d’un certain nombre de comparaisons que le conteur doit avoir aportee de la main et dont il peut disposer selon ses besoins. La haine et la rancune sonttoujours rendues par la ‘noirceur du cœur’ (‘qalb aswad min al-qa.tran’, ‘un cœur plussombre que le goudron’).

En outre, le recours a des expressions tres elaborees (prose rimee), en dit long sur lafrequence de leur usage.5 Ex: ‘balad kulluha asÏgÏar wa anhar tusabbi .h Allah al-wa .hidal-qahhar’ dit le conteur pour exprimer la verdure et la prosperite; ‘balda qafra gÏafra mafõha .hasÏõsÏa xa .dra’, dit-il encore pour exprimer la desolation et la pauvrete; il n’y a pasjusqu’a la levee du jour, evenement anodin de prime abord, qui ne soit rendue par une

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tournure extremement elaboree: ‘ila an a.sba .ha a.s-.saba .h wa a .da bi nurih wa la .h wasallamat asÏ-sÏams ¨ala zõn al-mila .h [le Prophete]’.

Ce penchant pour la repetition peut prendre des proportions demesurees et con� nerdes lors a la paresse. Dans la version A, GÏ a¨far persiste, durant sa premiere entrevueavec ¨A.t.taf, a donner le change a son hote en se presentant sous un faux nom, ¨AbdAllah.6 Le soir meme, ¨A.t.taf sera mis au fait, par l’interesse lui-meme, de sa vraieidentite. Ce qui n’entame en rien sa volonte de lui apporter secours. Il decide donc dele presenter a son entourage comme etant son frere qui vivait effectivement en Chineet qui vient d’arriver. Ce frere, heureuse co õ ncidence, repond au meme nom que celuichoisi par GÏ a¨far, ¨Abd Allah. Rien n’oblige le conteur a opter pour ce nom—il pourraiten proposer un autre et n’aurait alors que l’embarras du choix—si ce n’est justementl’obligation de composer avec ce meme facteur d’inertie.

(b) Duplication des personnages

Ce principe de moindre effort peut trouver matiere a s’exercer dans l’intrigue elle-meme. Aux prises avec les exigences de son auditoire qui demande au recit de s’etofferet de rebondir de plus belle, le conteur peut demander a ce meme recit de lui fournirle materiau dont il a besoin pour prolonger les sequences a volonte, voire meme enajouter.

Ainsi les personnages peuvent echanger leurs parcours respectifs. GÏ a¨far quitte,disgracie, Bagdad pour arriver a Damas ou il sera accueilli par ¨A.t.taf et d’ou il reviendraa Bagdad, son prestige et son honneur intacts. ¨A.t.taf aura a accomplir un itinerairesemblable mais dans le sens inverse. Il quittera Damas spolie et malmene pour arrivera Bagdad et trouver asile chez GÏ a¨far, et ne regagnera Damas qu’une fois ses biens etson honneur retablis. Ce souci de duplication, le conteur peut le mener encore plus loinen faisant tenir aux deux personnages les memes propos.

Ces transferts entre les personnages peuvent s’exercer non seulement au sein d’unseul conte, comme on vient de le voir, mais entre plusieurs contes differents. Si ons’interesse a la version B, on remarque que l’episode qui lui fait of� ce de prologue nousest completement inconnu. A la lecture d’un livre, Harun ar-RasÏ õ d reagit en riant aeclats, et en pleurant, juste apres, a chaudes larmes. Devant cette situation aussiinsolite, GÏ a¨far ne peut faire autrement que chercher a en savoir davantage. Fidele a sonimage d’homme impulsif et a la sensibilite a � eur de peau, le khalife lui in� ige unchatiment non moins insolite que le spectacle qui a suscite sa curiosite: il doit seconsacrer a la recherche de la personne capable de percer le secret du livre en question.Le noyau dont s’est servi le conteur des Nuits nous est, lui, tres familier, puisqu’ilappartient a une histoire qu’on raconte deja sur le khalife abbasside.7

Al-A.sma¨ õ (m. 213/828)—c’est lui du reste qui rapporte la scene—se trouve enpresence de Harun ar-RasÏ õ d alors que ce dernier est completement absorbe par lalecture d’un ouvrage. Scene qui n’a rien d’inedit si ce n’est que le khalife a le visagebaigne de larmes. La raison, explique-t-il a al-A.sma¨ õ , de la profonde amertume dontil est devenu soudainement l’objet, c’est qu’il vient de lire un poeme de Abu al-¨Atahiya(m. 210/825) dont le theme est de rappeler le caractere ephemere de l’existence et qu’iljuge premonitoire. Pressentiment que le recit n’hesite pas a conforter en annoncant, ala � n, que peu de temps apres le Khalife ne sera plus.

En vertu de quelle transformation le khalife qui, a l’origine, se bornait a pleurer pourainsi dire, doit maintenant rire et pleurer simultanement? Une situation similaire seretrouve dans un conte tres connu des Nuits, ‘Le bœuf, l’ane et le laboureur’ (n° 104).

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Cependant, etant moins etoffee que celle qu’on trouve dans un recueil de contespersans,8 la version arabe ne nous rapporte que l’episode ou on voit l’homme rire despropos des animaux.

Dans la version persane, quand l’homme entend le chien reprimander le coq en luirappelant que leur ma õ tre est a l’article de la mort, il ne peut s’empecher de fondre enlarmes. Ce que voyant, son epouse revient a la charge pour reiterer la question qu’elleposait au debut a propos de l’hilarite de son epoux, mais, cette fois-ci, au sujet de seslarmes. Excede par la curiosite trop insistante de son epouse, le mari decide d’en venira bout selon les instructions du coq, a coup de batons. Et ce tout en lui reprochant dechercher a savoir les raisons et de son hilarite et de ses larmes.

Toutes propotions gardees, l’episode correspondant dans ‘¨A.t.taf’ participe de lameme dynamique. Et GÏ a¨far et la femme font preuve de manque de doigte et, qui plusest, dans des conditions semblables. Ce pourquoi, on est en droit de penser a unepossible contamination de notre conte par ‘Le bœuf, l’ane et le laboureur’. Force esttoutefois de supposer dans le developpment du conte de ‘¨A.t.taf’ une version intermedi-aire plus abregee ou GÏ a¨far ne reagissait qu’aux larmes du khalife. Nos recherches nenous ont pas permis de trouver cette version, mais on s’est permis de l’utiliser a titre depostulat pour etayer notre hypothese.

Le khalife qui pleure a la lecture d’un livre lui annoncant en quelque sorte sa propremort et qui se sent outre par la curiosite de son vizir, decide de lui faire expier soninsolence. La similitude de cette situation avec celle rencontree dans ‘Le bœuf, l’ane etle laboureur’ inspire au conteur l’emprunt qui debouche sur une nouvelle situation,celle qui fera desormais partie du prologue de ‘¨A.t.taf’. Ainsi le geste de Harun ar-RasÏ õ ddevient plus intriguant, eu egard a la facilite avec laquelle il passe d’un etat a un autre,tout comme la curiosite de son vizir devient plus mordante, puisqu’elle se trouvemaintenant articulee en deux interrogations.

Le conteur, pris au depourvu par le produit de sa manœuvre, n’a pas eu le temps deprevoir une suite a l’unisson du prologue, comme en temoigne la lachete des liens qu’ila proposes pour les deux parties. Il est vrai que le portrait petri d’emportement voired’infantilisme que brosse le folklore au khalife abbasside s’est completement infeode ason personnage. Il n’en reste pas moins vrai que de la a mettre son vizir en demeure delui trouver quelqu’un qui soit a meme de lui dire—au khalife, bien sur—la teneur dulivre qu’il vient pourtant de lire, il y a un pas que l’interesse hesiterait a franchir si leconteur ne l’y avait pas aide par sa maladresse.

A defaut d’aller sur le terrain et decouvrir sur le vif la part qui revient a l’oralite dansla formation du conte, le chercheur peut concentrer ses analyses sur les documentsecrits et sur les differentes expressions de l’oralite qui arrivent a s’y maintenir. Les voiesd’acces a l’oralite peuvent varier, comme nous avons tente de le demontrer, entre lestours de main que le conteur accomplit pour assurer l’adhesion de son auditoire, lesdifferents oublis qui emaillent le recit, et le principe de moindre effort.

Notes

1. Dont on trouvera un resume (n° 64) chez Chauvin (Bibliographie des ouvrages arabes ou relatifs auxArabes publies par l’Europe chretienne de 1810 a 1885, Liege, H. Vaillant Carmanne, 1892–1922, 12vol). Il en va de meme des autres contes des Nuits cites dans cette etude.

2. Signalons toutefois que toute ressemblance avec une personne reelle ne peut etre que le fruit dusimple hasard, etant entendu que la ville, au meme titre que l’auditeur/lecteur, devra oublier quele personnage de ¨Abd Allah, le soi-disant frere de ¨A.t.taf, et celui a qui elle a affaire maintenant,GÏ a¨far, le vizir du khalife, ne font qu’un.

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3. Ferdowsõ , SÏ ah-Name, Teheran, SÏ erkat e entesÏ arat e ¨elm-õ o farhang- õ , 1374/1995, v. IV, pp.1095–133.

4. Elements de linguistique generale, Paris, Armand Colin, 1993, p. 177.5. Si ces expressions sont soutenues par des rimes, c’est, justement, pour faciliter leur remomeration

et, partant, leur circulation.6. C’est de propos delibere que GÏ a¨far choisit ce nom: il lui permet de ne pas se soustraire a

l’anonymat et d’attenuer, ce faisant, le mensonge dont il s’est rendu coupable vis-a-vis de sonbienfaiteur. En fait, ‘Abd Allah (Serviteur de Dieu) peut designer, vu sa generalite, tous leshommes.

7. Al-Mas¨ud õ , MurugÏ a-d--dahab wa ma¨adin al-gÏawhar, ed. B. de Meynard et P. de Courteille, rev. etcor. par Ch. Pellat, Beyrouth, Publications de l’universite libanaise (coll. ‘Section des etudeshistoriques’), 1966–1979, t. IV, pp. 231–2.

8. Eskandar-Name, ed. I. AfsÏ ar, Teheran, Bongah e targÏ ome va nasÏ r e ketab, 1964, pp. 279–86.

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