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Nathalia Brodskaïa Les Fauves Les Fauves

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Les FauvesLes Fauves

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Auteur :

Nathalia Brodskaïa

Mise en page :

Baseline Co. Ltd

61A-63A Vo Van Tan Street

4e étage

District 3, Hô-Chi-Minh-Ville

Vietnam

© Confidential Concepts, worldwide, USA

© Parkstone Press International, New York, USA

© Auguste Chabaud, Artists Rights Society (ARS), New York / ADAGP, Paris

© Othon Friesz, Artists Rights Society (ARS), New York / ADAGP, Paris

© Henri Manguin, Artists Rights Society (ARS), New York / ADAGP, Paris

© André Derain, Artists Rights Society (ARS), New York / ADAGP, Paris

© Louis Valtat, Artists Rights Society (ARS), New York / ADAGP, Paris

© Georges Rouault, Artists Rights Society (ARS), New York / ADAGP, Paris

© Kees van Dongen, Artists Rights Society (ARS), New York / ADAGP, Paris

© Albert Marquet, Artists Rights Society (ARS), New York / ADAGP, Paris

© Maurice de Vlaminck, Artists Rights Society (ARS), New York / ADAGP, Paris

© Raoul Dufy, Artists Rights Society (ARS), New York / ADAGP, Paris

© Jean Puy, Artists Rights Society (ARS), New York / ADAGP, Paris

© René Seyssaud, Artists Rights Society (ARS), New York / ADAGP, Paris

© Succession H. Matisse, Paris / Artists Rights Society (ARS), New York

© Henri Le Fauconnier, tous droits réservés

Tous droits d’adaptation et de reproduction, réservés pour tous pays.

Sauf mentions contraires, le copyright des œuvres reproduites appartient aux

photographes, aux artistes qui en sont les auteurs ou à leurs ayants droit. En dépit de nos

recherches, il nous a été impossible d’établir les droits d’auteur dans certains cas. En cas

de réclamation, nous vous prions de bien vouloir vous adresser à la maison d’édition.

eISBN : 978-1-78042-784-3

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LES FAUVES

Nathalia Brodskaïa

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L’Art des fauves 7

Henri Matisse 67

Maurice de Vlaminck 85

André Derain 95

Albert Marquet 105

Raoul Dufy 117

Othon Friesz 125

Henri Manguin 137

Kees Van Dongen 145

Georges Rouault 153

Jean Puy 159

Louis Valtat 167

Henri Le Fauconnier 175

René Seyssaud 181

Auguste Chabaud

Georges Dupuis

Henri Lebasque

Pierre Girieud 185

Notes 192

Liste des illustrations 196

SOMMAIRE

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D es décennies entières s’écoulent les unes après les autres, ternissant ce quiautrefois paraissait briller avec éclat. Mais tout ne dépend pas du temps dansune égale mesure. À cet égard, l’art des fauves garde toute sa splendeur.

Formé au sein de la peinture française à la charnière des XIXe et XXe siècles, leFauvisme attira immédiatement l’attention du public. Le scandale qu’il provoqua aufameux Salon d’automne de 1905 prouvait qu’un nouveau courant à force explosiveétait né. Le Fauvisme (tel fut le nom qui lui fut donné par la suite) représentait unvéritable danger pour l’art académique, qui répondait aux goûts de la société deconsommation, ainsi que pour tous les peintres reconnus par cette société quiprenaient bien soin de ne pas choquer les convenances de la bourgeoisie avec destableaux trop audacieux.

Moins de trois années s’avérèrent suffisantes pour que se formât autour des peintresfauves sinon un cercle étroit de spectateurs constants, du moins un grouped’admirateurs et de marchands. Leurs détracteurs n’arrivaient pourtant pas à lesempêcher de rivaliser avec les autres tendances artistiques. Chacun de ces peintres eutson propre destin, conforme à ses traits caractéristiques, mais aucun d’entre eux neconnut la gêne ou l’impuissance dans sa lutte contre l’art officiel. Pas un ne laissa aprèssa mort un atelier rempli d’œuvres inappréciées, se distinguant totalement en cela deGauguin, Van Gogh ou Toulouse-Lautrec. Les fauves virent de leur vivant leurs œuvresaccrochées aux murs des plus célèbres collectionneurs, et même plus tard des musées.Ils étaient l’objet d’une attention particulière de la part de la presse et jouissaient d’unegrande estime de la part de leurs contemporains. Ils furent considérés maîtres éminentsbien avant d’avoir atteint l’âge mûr, lorsque souvent les cheveux blancs remplacent letalent. On pourrait penser que l’habitude a affaibli l’acuité des premières impressions ;mais elles gardent toujours leur éclat initial. Les peintres fauves sont depuis longtempsmorts, mais leurs œuvres, tout aussi vivantes, produisent sur le visiteur le même chocqu’au début du siècle.

Le terme de « fauve » a été employé pour la première fois par un critique en 1905pour marquer sa désapprobation devant ces tableaux aux couleurs hurlantes tousrassemblés dans une salle du fameux Salon d’automne. En effet, dans son articleconsacré à l’œuvre des quelques dix coloristes qui s’étaient manifestés pour lapremière fois publiquement et en commun, article publié dans la revue Gil Blas, LouisVauxcelles écrivait : « Au centre de la salle VII un torse d’enfant d’Albert Marque. Lacandeur de ce buste surprend au milieu de l’orgie des tons purs : Donatello chez lesfauves. » 1 Ce terme si inattendu pour un critique d’art – fauves, bêtes sauvages – setrouva être tellement précis qu’il fit très rapidement fortune et se généralisa la mêmeannée. Le critique Jean Aubry notait déjà dans son article concernant la mêmeexposition et daté du mois de novembre 1905 : « Enfin, voici ceux que je ne sais plusqui a appelé les jeunes fauves. » 2 Ainsi, l’origine du terme est très simple et due en

Henri Matisse,

Les Poissons rouges, 1911.

Huile sur toile, 147 x 98 cm.

Musée Pouchkine, Moscou.

L’ART DES FAUVES

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Henri Matisse,

Pot bleu et citron, 1897.

Huile sur toile, 39 x 46,5 cm.

Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg.

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grande partie à un simple hasard. Dès lors, Matisse, Derain, Vlaminck, Van Dongen,Camoin, Puy, Marquet, Manguin, Rouault, Dufy, Friesz, Valtat, ainsi que certainsautres peintres se trouvèrent liés au « Fauvisme ».

La simple apparition du terme démontre sans aucun doute que le courantnouvellement né avait déjà acquis des traits spécifiques. Néanmoins, personne, pasmême Vauxcelles, ne pouvait encore ni désigner ses limites, ni prévoir son importance.Il faudra près d’un demi-siècle pour que le public revienne au Salon de 1905 et prenneconscience de ce qui s’y était alors passé.

Vers la seconde moitié du XXe siècle, les souvenirs et l’appréciation des contemporainscédèrent la place à une étude scientifique beaucoup plus approfondie. Toutefois, lescritiques d’art se heurtèrent à une particularité étonnante : approuvé par le temps, leFauvisme, de par sa chronologie et ses particularités, échappe à toute classification. La parution de nouveaux ouvrages tels que L’Histoire du Fauvisme revue et corrigée, ouencore Fauvism Reexamined 3 n’est donc pas un hasard, même si de nombreuses publicationsexistent déjà sur le sujet. Les expositions se succèdent les unes aux autres, témoignantd’un intérêt international envers l’art des fauves. On le compare aux autres tendancesartistiques qui lui étaient contemporaines, revenant encore et encore à ces toilesexposées pour la première fois en 1905. Cette attention suivie est probablement due auxfaits suivants : premièrement, le temps révèle toujours de nouveaux aspects du tournantqu’effectua la peinture au début du XXe siècle, et, deuxièmement, ce qui n’est pas moinsimportant, tous les « jeunes fauves », sans aucune exception, constituèrent la gloire dela peinture française. Le Fauvisme, cette communauté artistique qui réunit despersonnalités incontestables, a permis de mettre en évidence les capacités de chacun aulieu de les uniformiser.

De tout temps, les Salons officiels de Paris jouirent d’une grande renommée grâceau grand nombre d’œuvres exposées ainsi que de participants. Ils bénéficiaient en effetdu soutien de l’État et la critique leur prêtait une attention toute particulière,influençant ainsi sensiblement le marché artistique. Cette suprématie des Salonsofficiels, véritables remparts de l’art académique, fut respectée jusqu’à la fin du XIXe

siècle et rien ne présageait un tel retournement de situation. Il suffit de se rappeler quede nombreux impressionnistes se prononçaient certes contre l’école académique maisrêvaient néanmoins d’y exposer leurs œuvres, espérant ainsi sinon les vendre, du moinsacquérir une certaine notoriété dans le monde artistique.

Cette situation changea brusquement vers la fin du XIXe siècle lorsque denombreux peintres tournèrent le dos aux Salons. L’avenir de la jeune génération nedépendait plus aussi étroitement qu’avant de ses succès dans ces Salons prisés dupublic et de la critique. Les peintres s’entouraient de leurs propres marchands qui lesaidaient à réaliser leurs œuvres. Pourtant, il serait injuste d’affirmer que les Salonsofficiels n’eussent pas du tout changé, mais ces changements ne touchèrent pas dutout l’essence même de leur activité : tout comme avant, des revues des éditionsGoupil leur étaient consacrées (notamment à celui de 1905), des articles étaientpubliés dans la Gazette des Beaux-Arts, L’Art et les artistes et d’autres revues tout aussiimportantes. Mais face au conservatisme de l’académisme, la somptuosité et lecaractère démesuré des Salons devinrent souvent la cause d’une ironie non dissimuléede la part des critiques et la moindre divergence artistique susceptible de troubler labienséance de ces Salons, aussi minime soit-elle, sembla alors sauvage. Même lesimpressionnistes ou les peintres du groupe des nabis (Vuillard, Bonnard, Denis, etc.),

Henri Matisse,

Nature morte avec cafetière et fruits,

vers 1898.

Huile sur toile, 38,5 x 46,5 cm.

Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg.

André Derain,

Nature morte au pichet, torchon et

aux fruits, vers 1912.

Huile sur toile, 61 x 50 cm.

Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg.

(p. 12)

André Derain,

Table et chaises, vers 1912.

Huile sur toile, 88 x 86,5 cm.

Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg.

(p. 13)

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Henri Matisse,

Portrait de la famille du peintre, 1911.

Huile sur toile, 143 x 194 cm.

Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg.

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André Derain,

Le Séchage des voiles, 1905.

Huile sur toile, 82 x 101 cm.

Musée Pouchkine, Moscou.

Henri Matisse,

Vue de Collioure, 1906.

Huile sur toile, 59,5 x 73 cm.

Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg.

tout à fait inoffensifs pour l’art officiel, se trouvèrent concernés et n’eurent pasd’autre choix que d’exposer leurs œuvres au dénommé Salon des indépendants,pourtant hué par le public et la presse.

Fondé en 1884 par les peintres qui furent rejetés par le Salon officiel, le Salon desindépendants abrita sans exception tous les rebelles. Tous y étaient égaux, il n’y avaitaucun jury ou prix. La critique officielle entama une campagne sans merci contre cenouveau Salon, voyant dans les exposants des originaux scandaleux. Qui plus est, ilinvitait le public à venir railler les tableaux naïfs du Douanier Rousseau et de sescamarades. Néanmoins, le conservatisme inflexible des expositions officielles rendit unservice imprévu au Salon des indépendants. En effet, vers le début du XXe siècle, sonimpartialité soulignée, qui assurait à tous les participants l’égalité, laissa place à unetendance bien déterminée : peu à peu, le Salon des indépendants servit de rempart à lavéritable nouveauté dans l’art, de sorte que même les impressionnistes n’y furent pasmieux accueillis qu’aux expositions officielles. Mais le destin de ces derniers était déjà

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Henri Matisse,

Femme sur la terrasse, vers 1906.

Huile sur toile, 65 x 80,5 cm.

Musée de l’Ermitage,

Saint-Pétersbourg.

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tracé : on avait enfin apprécié leur travail, contrairement à celui de la jeune générationqui nécessitait plus que jamais la possibilité d’exposer ses œuvres et d’être défendue, nefût-ce que par le cercle auquel elle appartenait, même si celui-ci n’avait encore ni objectifni programme précis.

Au début du XXe siècle, le Salon des indépendants jouissait déjà d’une sérieuseconsidération. Même l’État, si bureaucratique qu’il fût, se trouva obligé de prendre encompte les nouveaux goûts qui s’étaient formés et de faire un pas vers la réconciliation.Depuis déjà un certain temps, la Direction des beaux-arts y envoyait ses commissairesafin qu’ils choisissent ce qu’il y avait de meilleur et qui était achetable. Cependant, pasune seule œuvre ne fut alors acquise. En 1902, c’est à Léonce Bénédit, conservateur auMusée du Luxembourg, qu’incomba le rôle de commissaire. Pourtant, lui aussi netrouva presque rien : ne furent acquises que des études « très délicates » 4 de Vuillardalors que le Salon surabondait d’œuvres originales ! Parmi celles-ci, environ quaranteappartenaient à cinq futurs fauves, dont Matisse. Le temps n’était probablement pasencore venu d’apprécier à sa juste valeur sinon ce phénomène nouveau, du moins cettenouvelle tendance. De plus, les peintres eux-mêmes n’avaient pas encore compris quepour plus d’effet, il leur fallait se manifester en groupe. Mais à l’époque, ils ne pouvaientencore ni effrayer personne ni même attirer suffisamment l’attention sur leur travail : leSalon des indépendants n’était encore qu’un simple lieu d’exposition, comme beaucoupd’autres. Entre-temps, certains des futurs fauves avaient réussi à présenter une ou deuxde leurs œuvres au Salon officiel de la Société nationale des beaux-arts (Van Dongen,Manguin) ou même à l’exposition internationale de Venise (Dufy, Friesz, Rouault).Ceux qu’on désigne sous le nom de « fauves » ne furent jusqu’alors pas remarquésprécisément parce qu’ils se sentaient encore étrangers partout, même au Salon desindépendants qui, répétons-le, avait déjà ses privilèges et préférences. Cependant, cespremières manifestations, quoique encore timides, leur furent très profitables : d’uncôté, un groupe étroit se formait, de l’autre s’affirmait d’une manière très nette cettenouvelle conception du monde, qu’ils définiraient finalement trois ans plus tard etbaptiseraient « Fauvisme ».

Le 31 octobre 1903, un Salon d’automne, tout à fait inhabituel par rapport auxprécédents, fut inauguré au Petit Palais. Fondé par des artistes également bannis desSalons officiels, celui-ci présentait une association pour le moins bizarre de peintresd’extrême gauche et de droite. Contrairement au Salon des indépendants, il disposaitd’un jury élu cinq jours avant l’inauguration. Le conservateur adjoint du Petit Palais,Ivanhoé Rambosson, réussit à obtenir pour ce nouveau Salon les locaux des sous-solsde l’édifice. Le comité d’organisation était en grande partie constitué d’élèves deGustave Moreau : Georges Desvallières, Henri Matisse, Albert Marquet, GeorgesRouault. Cette fois, de tout le groupe fauve ne se manifestèrent que quatre peintres :Matisse, Marquet, Rouault et Manguin. Toutefois, le groupe comprit bien vite qu’il nepouvait considérer ce Salon comme une simple opportunité d’exposer. En effet, le Salondes indépendants avait déjà perdu l’intérêt du public et de la critique tandis que celui-ciattirait l’attention générale et attisait une curiosité unanime. Le groupe décida doncd’en faire son lieu principal d‘expositions : une nouvelle ère s’ouvrait.

À partir de 1904, c’est le Grand Palais qui abrita tous les Salons d’automne, tandisque certaines galeries privées - on peut citer celle de Berthe Weill comme précurseur -très fréquentées par les collectionneurs, devinrent le centre de vulgarisation de l’artfauve : c’est ainsi que ce nouveau courant mûrit.

Henri Matisse,

Bouquet (Vase à deux anses), 1907.

Huile sur toile, 74 x 61 cm.

Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg.

Henri Matisse,

Bouquet de fleurs sur la véranda,

vers 1912.

Huile sur toile, 146 x 97 cm.

Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg.

(p. 22)

Henri Matisse,

Nature morte aux arums, iris et

mimosa, 1913.

Huile sur toile, 145,5 x 97 cm.

Musée Pouchkine, Moscou.

(p. 23)

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Vue de la fenêtre, Tanger, 1912 82

Zorah sur la terrasse, 1912 83

P Puy, Jean

Dans l’Atelier, 1912 164

L’Été, 1906 160

La Femme de l’artiste, 1909 165

Paysage, vers 1903 161

Pont romain à Saint-Maurice 163

R Rouault, Georges

Baignade, 1907 156

Les Filles, 1907 157

Le Printemps, 1911 155

S Seyssaud, René

La Route, 1901 183

V Valtat, Louis

La Chaversière dans les bois, vers 1906 168

Dans le Midi de la France, vers 1908 41

Les Falaises violettes (Marée), 1900 171

La Ferme, vers 1907 40

Jeux d’enfants, vers 1905 38

Lumière sous les arbres, vers 1908-1909 39

La Mer à Anthéor, vers 1906-1907 172

Près du Bateau sur la plage, 1899 169

Une Réunion de jeunes femmes, vers 1898 173

Van Dongen, Kees

La Dame aux gants noirs, 1907-1908 146

La Danseuse rouge, 1907 147

Antonia la Coquinera, 1906 151

Femme au chapeau noir, 1908 149

Portrait d’une Espagnole, 1910-1911 150

Vlaminck, Maurice de

Bateaux sur la Seine, 1905-1906 87

Bougival, vers 1909 89

Bourg, vers 1908-1909 88

Paysage avec rivière, 1912 90

Paysage avec une maison sur une colline, vers 1925-1926 93

Paysage d’Auvers, années 1920 92

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Apparu à l’aube du XXe siècle, le Fauvisme explosa sur la scène artistique lors du Salon

d’automne de 1905 en un scandale retentissant. En jetant des couleurs pures sur la

toile, les fauves défièrent les conventions artistiques.

Matisse, Derain, Van Dongen ou encore Vlaminck expérimentèrent ainsi un nouveau langage

chromatique en détournant la couleur de son signifié. Libérée de tout sens, la couleur saturée

et appliquée en larges aplats devint leur principal matériau.

Dans cet ouvrage, l’auteur entraîne le lecteur dans un tourbillon de couleurs vives et franches,

et montre combien la violence des fauves laissa son empreinte sur le chemin de la modernité.

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