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Compte rendu café débat mardi 29 janvier Les femmes dans l’espace public, un nouveau combat pour le féminisme En présence de : Louise Montout, urbaniste spécialisée dans les questions de genre Sihem Habchi, ancienne présidente du mouvement ni pute ni soumise, consultante et auteur de Toutes libres ! Pascal Nicolle, représentant de la ligue des droits de l’homme pour le 18 e arrondissement Introduction de Laurence GOLDGRAB, conseillère de Paris et du 18 e arrondissement et Laurent Hentz militant PRG du 18 e : Les femmes sont de plus en plus mobiles et indépendantes d’un point de vue économique. Pour autant ont-elles un usage de la Ville égal à celui des hommes ? Femmes et hommes ont-ils la même perception de l’espace public ? de la Ville, de la rue ? En prenant appui sur certaines études et articles de presse traitant de ce sujet (notamment le rapport d’études mené par l’ethno urbaniste Marie Christine Hohm pour la communauté urbaine de bordeaux et l’article du Monde de Fanny Arlandis La rue Fief des mâles, nous avons souhaité mettre ce sujet en débat. S’il peut sembler banal de s’interroger, à Paris, sur le droit des femmes à sortir dans la rue, il faut noter que certaines injustices spatiales et temporelles subsistent entre les hommes et les femmes et qu’il peut être intéressant de les étudier pour les combattre. Ces inégalités, ces perceptions différentes, si elles sont prouvées, relèvent-elles de l’architecture de notre ville (architecture haussmannienne qualifiée de virile, masculine), de l’éducation des hommes et des femmes, de la sécurisation des transports, de l’espace public, des choix d’installation d’équipements sportifs Quelles sont les solutions que nous pouvons apporter aux niveaux qui nous concernent, pouvoirs publics, associations, professionnels de l’aménagement du territoire, citoyens, pour réduire, voire faire disparaitre ces inégalités ?

Les femmes dans l'espace public

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Compte rendu du café débat organisé par le cercle du Parti Radical de Gauche (PRG) du 18eme arrondissement sur le thème des femmes dans l'espace public.

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Page 1: Les femmes dans l'espace public

Compte rendu café débat

mardi 29 janvier

Les femmes dans l’espace public, un nouveau combat pour le féminisme

En présence de :

Louise Montout, urbaniste spécialisée dans les questions de genre

Sihem Habchi, ancienne présidente du mouvement ni pute ni soumise, consultante et auteur de

Toutes libres !

Pascal Nicolle, représentant de la ligue des droits de l’homme pour le 18e arrondissement

Introduction de Laurence GOLDGRAB, conseillère de Paris et du 18e arrondissement et Laurent Hentz

militant PRG du 18e :

Les femmes sont de plus en plus mobiles et indépendantes d’un point de vue économique. Pour

autant ont-elles un usage de la Ville égal à celui des hommes ?

Femmes et hommes ont-ils la même perception de l’espace public ? de la Ville, de la rue ?

En prenant appui sur certaines études et articles de presse traitant de ce sujet (notamment le

rapport d’études mené par l’ethno urbaniste Marie Christine Hohm pour la communauté urbaine de

bordeaux et l’article du Monde de Fanny Arlandis La rue Fief des mâles, nous avons souhaité mettre

ce sujet en débat.

S’il peut sembler banal de s’interroger, à Paris, sur le droit des femmes à sortir dans la rue, il faut

noter que certaines injustices spatiales et temporelles subsistent entre les hommes et les femmes et

qu’il peut être intéressant de les étudier pour les combattre.

Ces inégalités, ces perceptions différentes, si elles sont prouvées, relèvent-elles de l’architecture de

notre ville (architecture haussmannienne qualifiée de virile, masculine), de l’éducation des hommes

et des femmes, de la sécurisation des transports, de l’espace public, des choix d’installation

d’équipements sportifs

Quelles sont les solutions que nous pouvons apporter aux niveaux qui nous concernent, pouvoirs

publics, associations, professionnels de l’aménagement du territoire, citoyens, pour réduire, voire

faire disparaitre ces inégalités ?

Page 2: Les femmes dans l'espace public

Louise MONTOUT de part ces études (master aménagement du territoire) est devenue observatrice

de la ville.

Rappel épistémologique d’un sujet qui dérange : homme public : homme urbain

femme publique : fille de joie

- La question de l’environnement.

Comment est-il ? Accueillant ? Hostile ? Semblable ou différent ?

Anecdote sur le métro : être une femme et se retrouvée seule dans le métro un soir

Le métro la nuit est 2 fois plus utilisé par des hommes que par des femmes

Selon l’INSEE : les femmes se déplacent plus que les hommes et de façon plus rapide. Les hommes

restent plus facilement statiques dans l’espace public

Il est difficile de se déplacer dans l’espace public sans avoir conscience de son genre

Les femmes disent ressentir souvent l’impression d’être des « proies » dans l’espace public

On fait régulièrement des recommandations aux femmes, jeunes filles lorsqu’elles rentrent seule et

tard le soir, ce qui entretient la peur de l’extérieur.

- Le sentiment d’insécurité

Il est plus fort chez les femmes que chez les hommes

67% des femmes déclarent avoir peur de temps en temps contre seulement 30% des hommes.

8 % d’entre-elles déclarent ne pas sortir le soir par peur

Une barrière invisible existe, elle est souvent due aux médias, aux carcans sociaux.

- Repenser les aménagements ou les usages ?

Serait-il possible de réfléchir à des aménagements pour les femmes ?

Existe-t-il un aménagement pro femme ? Et un aménagement hostile à la femme ?

Il y a certes plus d’hommes que de femmes dans le BTP, la construction mais de là à dire que les

aménagements ne sont pas du tout mixtes serait quand même exagéré.

30% des équipements sportifs par exemple sont réservés aux hommes (skate parcs, terrains de foot,

etc.) La clé pour Louise Montout est de faire évoluer les mentalités via l’éducation.

Au lieu de vouloir changer les aménagements, il faut commencer par vouloir changer les usages.

- Faire l’homme pour parvenir à la mixité

Virilisation des femmes par les vêtements, le langage.

Solution pour certaines femmes pour parvenir à la mixité : « faire l’homme »

Mais cela ne règle pas le problème.

Le phénomène n’est pas nouveau : cf George Sand

CCL : c’est sur le caractère sexué de l’utilisation de la ville que l’on peut agir

Concernant la sensation d’insécurité : on peut agir au niveau de l’éclairage public notamment

Bourdieu : la domination masculine est assez prégnante pour se passer de justification

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Sihem HABCHI :

Remercie le PRG d’être relai politique de la laïcité

Pour beaucoup de femmes l’espace public c’est la liberté, la possibilité de sortir de chez soi,

beaucoup ont mené le combat pour y accéder.

« Ça parait être une évidence et pourtant lorsque l’on disait que les filles devaient avoir accès au MJC

autant que les garçons dans certains quartiers, on nous répondait que les garçons devaient être

canalisés »

Les jeunes filles ont appris à intérioriser leur infériorité, nier leur féminité « faire le bonhomme »

Cette virilité extrême qui permet aux filles d’exister n’est pas normal c’est un problème dont il faut

sortir.

La mixité n’est pas parfaite, l’école mixte ne l’est pas autant que l’on croit.

Confiscation du corps des femmes par le port du voile, niqab entre autre.

Le signal pour toutes les sociétés = prison

Certaines filles décident par elle-même de porter le voile = autocensure (maintien du foyer sur soi et

contrôle total de sa sexualité)

Sihem Habchi considère qu’il faut une intransigeance totale pour ce genre d’action. La seule

solution semble être la laïcité car c’est un espace d’émancipations et non de rejet de l’autre.

Cette pédagogie est possible

La rencontre est possible, l’espace public c’est le lieu de la rencontre

C’est la clé d’un nouveau combat féministe

Pascal NICOLLE :

La ligue des droits de l’homme compte de nombreuses femmes

Les violences faites aux femmes est un véritable sujet de préoccupation

En tant qu’animateur national sport, il a pratiqué la sensibilisation auprès des jeunes et des enfants

1) la question des données

Observatoire parité. Il existe peu d’études sexuées dans les sondages

Prise en compte de cette donnée importante

C’est là qu’on perçoit un certain nombre de situations

Certains lieux ne sont fréquentés que par des femmes, d’autres pas du tout

Sur les habitudes culturelles des femmes : on n’a rien

Sur les habitudes sportives pas grand-chose non plus

2) aménagement urbain

Tout ce qui concerne l’espace public doit être laïc. Dans l’espace public, on est sur le terrain physique

de la laïcité (d’où mixité, liberté…)

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Certaines femmes ne peuvent plus circuler à partir de certaines heures de la nuit (cf square dans le

18e)

Une chose très difficile à Paris : arriver à un niveau de politique de proximité qui permet de prendre

en compte la place de la femme dans l’espace public.

La densité est aussi un élément à prendre en compte.

Il faut prévoir des aménagements pour le passage des poussettes, mais il y a aussi tous les espaces

inoccupés, les interstices

Faut-il occuper tous les espaces ?

On peut présupposer qu’une ville à plus petite échelle est une ville à taille plus féminine

Le plus frappant c’est l’explosion des familles monoparentales � il faut faire quelque chose pour

elles.

Les règles classique de l’espace public = orienté pour les hommes, peu d’espaces pour les femmes

(comment vont elle rentrer tard le soir avec après une réunion ? élément quasi absent de la réflexion

des constructeurs, des décideurs publics)

Quand on a besoin de discuter avec des élus (y compris des femmes) souvent les femmes ne peuvent

pas venir

La prise de parole en public n’est d’ailleurs pas souvent féminine

Pascal Nicolle établit un lien avec la question du vote des étrangères aux élections locales.

Il explique que la LDH se laisse dans une campagne de sensibilisation à ce sujet en février.

Laurence Goldgrab fait un rappel au sujet d’un vœu qu’elle a porté au Conseil de paris de septembre

2012 demandant plus de parité dans les sphères décisionnelles du milieu culturel.

Questions / remarques du public :

1/Remarque : il y a de moins en moins de places assises dans les transports et sur les quais

Question sur les vêtements, étonnée d’entendre parler de femmes habillées en homme, les femmes

n’auraient-elles pas le droit de s’habiller confortablement tout simplement ?

Stigmatisation régulière des femmes musulmanes, dommage de ne pas faire le parallèle avec le

catholicisme

2/Concernant les données, budgets genrés, comment procède-t-on pour la collecte des

informations ? Dans ce que dépense une ville quelles sont les retombées genrées ?

Qu’est-ce qu’il se fait dans la ville déjà qui rend l’espace public plus accessible aux femmes ?

Ex dans une ville du sud de la France qui a accordé la gratuité dans ses transports en communs : + de

monde ont emprunté les transports et ainsi plus de femmes en ont profité, car sensation de sécurité

plus grand quand il y a + de monde)

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3/ la ville n’est pas seulement le lieu du vice, elle peut aussi être interprété comme le lieu de la

morale, de la religiosité.

Parfois en ville le poids du genre peut être moins oppressant qu’ailleurs

Ex des coiffeuses à château rouge qui expliquent que la Ville est faite pour les femmes, et qu’il est

plus facile de circuler de vivre sa vie à la ville que dans leur village d’origine.

4/ les femmes occupent l’espace public, elles occupent les transports en commun, se battent parfois

dans la rue, le bus etc.Les femmes sont présentes dans l’espace public, elles ne sortent peut être pas

tard le soir mais les prostituées sont là

L’espace dans notre quartier est trop dense, l’espace public est saturé

Réponses :

Sihem Habchi :

Sur la question des transports en commun on revient à la question du déplacement. Les femmes

circulent et ne stationnent pas. Elles circulent en groupe. Il faut mettre les femmes en mouvement,

les aider à se libérer.

A propos des budgets genrés : quand on ouvre une salle de sport, on ne l’attribue pas à un genre en

particulier (garçon ou fille)

Attention : le sport féminin existe, il ne faut pas négliger cette donnée. Le foot féminin est très actif

On constate parfois un manque de volonté politique

L’encadrement doit être axé sur l’éducation, la mixité

Comment peut-on faire changer les choses avec la pédagogie ?

Le droit de porter les vêtements que l’on veut doit être incontestable.

Porter un pantalon ne pose aucun problème, mais vouloir porter une jupe est parfois plus compliqué.

Sihem Habchi explique une opération qu’elle a déjà menée « Toute en jupes »

La neutralité n’est pas l’affirmation de soi

La question du genre est un problème. Le mot « femme » disparait dans les documents

administratifs.

Attention : les femmes éduquent souvent les garçons et les filles selon des stéréotypes qu’elles

dénoncent par ailleurs

Le 1er respect : c’est l’intégrité physique et morale de son corps

L’espace de la ville est celui de la citoyenneté

Pascal Nicolle :

Il y a des améliorations à faire au niveau de l’aménagement.

La ville est un espace difficile à appréhender et en même temps, élément de libération en ville,

personne ne vous surveille

Page 6: Les femmes dans l'espace public

Avec la réforme des rythmes scolaire on pourrait envisager de consacrer des espaces du temps

périscolaire à la sensibilisation des jeunes à l’égalité des sexes.

Il faudrait que dès le plus jeune âge, un espace soit dédié à la pédagogie et à l’éducation en matière

de respect de l’autre

- formation des agents publics,

- formations à la construction publique

- sensibilisation des enseignants (attention à la discrimination dans le sport)

- former des éducateurs de rue

Louise Montout :

Le conservatisme est ancré dans les esprits (judéo-chrétiens entre autres)

Au sujet du vice et de la Ville, cf Rousseau qui parlait de la ville comme d’un vaste troquet, espace de

déperdition ; etc. C’est un courant historique effectif

Aujourd’hui la ville est peut être considérée comme un espace d’émancipation mais pendant

longtemps ce ne fut pas le cas.

Tout repose aussi sur la volonté des élus, à faire changer les choses notamment dans les transports

public en premier lieu.

Réaction du public :

Le citoyen doit être acteur de la ville

Exemple d’un ancien restaurateur qui laissait la lumière allumée une fois le service terminé pour

rassurer les passants

Que proposent les urbanistes pour améliorer cela ?

Louise Montout explique qu’il faudrait regarder du côté du Québec qui a déjà pas mal avancé sur

cette question.

Conclusion de Laurence Goldgrab

Il faut que les lieux de décisions gagnent encore en mixité.

Il y a un vrai enjeu à simplifier la ville, ouvrir la rue là où elle ne l’était pas

Simplifier les services (éviter certains déplacements)

Faciliter la rencontre

Conclusion de Laurent Hentz

La question de la formation des hommes et des femmes est très importante.

La pédagogie et l’éducation sont une réponse à ces inégalités et cela se joue dès la petite enfance.

Favoriser la présence des femmes dans les jurys d’architecture.