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Université marc Bloch Strasbourg II FACULTE DE Théologie catholique Institut de droit CANONIQUE Mémoire de MASTER Sous la direction de Jean WERCKMEISTER LES FEMMES SELON La PENSEE DE PAUL VI (21 JUIN 1963 AU 6 AOUT 1978)

LES FEMMES SELON LA PENSES DE PAUL VI · - En préambule de ce travail sur « La pensée de Paul VI sur les femmes », ... A - Faire reconnaître le statut de la femme pour faire

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Page 1: LES FEMMES SELON LA PENSES DE PAUL VI · - En préambule de ce travail sur « La pensée de Paul VI sur les femmes », ... A - Faire reconnaître le statut de la femme pour faire

Université marc Bloch

Strasbourg II

FACULTE DE Théologie catholique

Institut de droit CANONIQUE

Mémoire de MASTERSous la direction de Jean WERCKMEISTER

LES FEMMESSELON La PENSEE DE PAUL VI

(21 JUIN 1963 AU 6 AOUT 1978)

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Christiane TOURNIERMai 2007

REMERCIEMENTS

- En préambule de ce travail sur « La pensée de Paul VI sur les femmes »,

je veux vivement remercier le professeur Jean Werckmeister de m’avoir

suggéré de réaliser cette recherche et de m’avoir conseillée et soutenue

dans cette réalisation.

- C’est avec plaisir que je remercie Claude Bosc, bibliothécaire du Centre

diocésain de Montciel, diocèse de Saint-Claude. Dans le même esprit, je

remercie aussi Emmanuel Tramaux, conservateur, de la grande

bibliothèque du Centre diocésain de la rue Mégevand à Besançon.

- Un grand merci à Pierre Compagnon, Chancelier du diocèse de

Saint-Claude pour les encouragements et la documentation et les

conseils prodigués avec amitié.

- C’est de tout cœur, que je remercie Danielle Vianney et Danielle Bécaud

des amies, pour leur collaboration à la mise en page et la relecture de

l’ensemble de ce travail.

Un merci particulier, à tous ceux qui ont encouragé cette recherche et

m’ont soutenue moralement pour mener à bonne fin cette étude.

- Souhaitant que cette recherche et l’ensemble de ces réflexions puissent

servir à mieux faire découvrir la pensée de Paul VI, sur la question des

femmes dans la société et en Eglise. Que le Message de Paul VI soit

éclairant et réconfortant pour toutes les femmes et que toutes soient

fières d’être ce qu’elles sont. Qu’il stimule le plus grand nombre à

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collaborer à l’œuvre d’Evangélisation, bien au-delà des structures

ecclésiales et contribue à établir une civilisation de l’Amour.

SOMMAIRE

Remerciements

Abréviation

Sommaire

INTRODUCTION

Méthodologie

Analyse juridique et sociologique des années 1960 à 1980

Le climat préparatoire au Concile Vatican II

Présentation du plan, les trois parties successives

PREMIERE PARTIE

PAUL VI ET LE SOUCI DE LA PROMOTION DES FEMMES

1 – Avant Paul VI, Pacem in Terris de Jean XXXIII, 21 avril 1963

2 - D’après la Lettre apostolique « Octogesima adveniens » 1971

A - Faire reconnaître le statut de la femme pour faire cesser les

discriminations

B - Favoriser une égalisation progressive des droits fondamentaux

de l’homme et de la femme

3 – Collaboration à la mise en place de l’Année Internationale de la

Femme en 1975, un moyen pour promouvoir ses droits

4 – Favoriser l’éducation et le développement pour que les femmes

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deviennent des artisans de Paix

5 – L’ Encyclique « Humanae vitae », 25 juillet 1968 : La considération

pour les femmes passe par des consignes d’éthique

DEUXIEME PARTIE

RECONNAISSANCE DE LA MISSION APOSTOLIQUE

DE LA FEMME

1 - Les femmes portent le souci de l’évangélisation dans tous les secteurs

de la vie humaine

2 - Participation des femmes au concile Vatican II

3 - Ce que dit le concile des femmes

4 - La participation des laïcs à la mission de l’Eglise dans le monde

5 - La proclamation de deux femmes « docteurs de l’Eglise.»

TROISIEME PARTIE

LA QUESTION DES MINISTERES FEMININS DANS LA VIE DE

L’EGLISE

1 – Selon le Motu proprio « Ministeria Quaedam », du 15 août 1972

2 – Selon la déclaration de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi « Inter Insigniores » du 27 janvier 1977

A .Emergence nouvelle de la question de l’ordination des femmes

B .Analyse des arguments en faveur de la déclaration « Inter Insigniores »

a – la Tradition

b – l’attitude du Christ

c – la pratique des apôtres

d – la valeur permanente de cette pratique

e - le sacerdoce ministériel à la lumière du mystère du Christ

f – le sacerdoce ministériel dans le mystère de l’Eglise.

3 – Réaffirmation des positions de Paul VI par ses successeurs,

Jean-Paul II et de Benoît XVI sur la question de l’ordination des

Femmes

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CONCLUSION

BIBLIOGRAPHIE

TABLES DES MATIERES

ABREVIATIONS

AL : Décret sur l’Apostolat des Laïcs. Apostolicam

actuositatem

AM : Décret sur l’activité missionnaire, Ad gentes

CIC : Code de Droit Canonique

GS : L’Eglise dans le monde de ce temps. Gaudium et

Spes

La DC : La Documentation Catholique

LG : Constitution dogmatique sur l’Eglise. Lumen Gentium.

MC : Messages du Concile

RDC : Revue de Droit Canonique

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« du souci de la promotion de la femme,

à la reconnaissance de son apport spécifique

dans la mission de l’Eglise,

à l’exclusion des ministères ordonnés »

Pourquoi s’intéresser à la pensée de Paul VI sur les femmes ? Voici bientôt

40 ans que ce Pape est décédé et depuis s’est déroulée une multitude

d’événements aussi bien dans la société civile que dans l’Eglise.

Néanmoins, les années 1960 à 1975 restent une période charnière dans

l’histoire de la vie des femmes et de toute la société, tout au moins pour les

pays occidentaux. De très nombreux mouvements féministes se forment et

suscitent une réflexion en faveur du statut de la femme dans la société et

dans l’Eglise. Un foisonnement de mesures législatives permet aux femmes

de sortir de l’infériorité et de la soumission dans lesquelles leurs aînées ont

vécu. L’Eglise, souvent par le biais des mouvements d’action catholique est

obligée de dire une parole sur la dignité et l’égalité en droit des femmes.

Méthodologie

Ce travail a demandé de nombreuses recherches pour retrouver tous les

discours et les allocutions que Paul VI a adressés aux femmes durant son

pontificat. Cette collecte de documents a été pratiquée à partir de « La

Documentation Catholique », revue qui publie la quasi-totalité des messages

officiels de l’Eglise. A partir de l’ensemble de ces documents, j’ai effectué

une compilation des textes et tenté d’en dégager une ligne directrice. Peu à

peu se sont dessinées quelques grandes pistes qui ont permis le plan de ce

mémoire. Cette étude se limite à des considérations générales sur la

présence des femmes dans le monde et dans l’Eglise. Elle exclut celle de la

place particulière des femmes dans le mariage ainsi que toute considération

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relative aux femmes consacrées dans la vie religieuse. Pour mieux saisir

l’impact de la pensée de Paul VI, j’ai essayé d’analyser la situation

juridique et sociologique de la femme des années 60 à 75, tout en ayant

conscience des limites de cette rétrospection, me semble t-il trop axée sur

notre Pays la France, alors que le Message du Saint Père a une portée

universelle et s’adresse à toutes les femmes quels que soient leur situation,

leur race ou leur pays. En parallèle, j’ai tenté de voir dans quelles

circonstances le Concile a été décidé et comment il fait partie intégrante du

travail de Paul VI.

La problématique de cette recherche est de découvrir à travers les écrits de

Paul VI ce qu’il dit sur les femmes. Il est favorable à leur promotion et à

leur participation effective à la mission évangélisatrice de l’Eglise. Il est

partie prenante de toutes les actions en faveur des femmes, que ce soit au

niveau de l’ONU où il a délégué un comité pour l’année internationale de la

femme, ou au niveau du Concile où il a appelé des femmes comme

observateurs ou encore dans l’institution du conseil des laïques qui inclut à

la fois la présence d’hommes et de femmes.

Par ses discours, il a soutenu les femmes africaines, protégé les plus

démunies et encouragé les militantes des cercles féminins d’Action

Catholique. Dans ses écrits, il a manifesté une attention particulière aux

mères, aux épouses et aux religieuses. Et il leur présente Marie comme mère

et comme modèle.

Néanmoins, par la déclaration Inter Insigniores, il insère un veto à

l’accession des femmes au sacerdoce et, de ce fait, à la possibilité de

participer au gouvernement de l’Eglise. Il s’agit :

- De voir comment Paul VI perçoit les femmes et ce qu’il préconise

pour favoriser leur promotion et son respect, y compris par

l’encyclique Humane vitae.

- De pointer ce qu’il fait pour leur donner une reconnaissance qu’elles

n’ont jamais eue dans l’Eglise en leur attribuant la citoyenneté de

laïques, en ouvrant les portes du Concile à une délégation féminine

et en promouvant deux saintes « docteurs de l’Eglise ».

- Pour comprendre sa pensée, sur la non-accession des femmes au

sacerdoce, il est indispensable d’analyser les arguments justifiant la

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position du Magistère prise par la Congrégation de la Doctrine de la

Foi et de conclure que bien que les femmes n’aient pas toute la place

qui leur revienne, sans leur présence et leur engagement, l’Eglise ne

pourrait pas vivre.

Nous allons étudier successivement les différents secteurs de la vie des

femmes, et découvrir tout ce qui a bougé aux plans sociologique,

économique, juridique et éthique, et a entraîné de grands bouleversements

dans l’existence féminine.

- A - Analyse de la situation de la femme dans la société des

années 1960 à 1980

Parler de la situation de la femme dans l’Eglise nécessite de la situer dans la

société contemporaine de l’époque concernée. Pour comprendre le

mouvement féministe des années 60 à 75, il est nécessaire de faire un retour

en arrière et de voir comment les femmes étaient considérées dans la société

civile de l’époque. Pour pouvoir décrire cette situation, il faut reprendre

quelques évènements qui ont marqué la société. Cette analyse jette surtout

un regard sur la France et quelques pays européens.

Les années 60 à 75 sont caractérisées comme une période de grande

instabilité sociopolitique, marquées par les événements de mai 1968 qui se

traduisent par des émeutes estudiantines et une multiplicité de grèves dans

les entreprises et les services publics. Ce grand mouvement de crise, de

contestation du pouvoir et de l’autorité, donne une dynamique insoupçonnée

aux actions en faveur du féminisme et de l’affranchissement des contraintes

sociales. Un grand vent de liberté individuelle semble souffler, « il est

interdit d’interdire » et chacun entre dans un individualisme, qui hélas !

compromet le lien social et remet en cause les engagements moraux et

religieux.

C’est seulement le 21 avril 1944 que le Général Charles de Gaulle

promulgue l’ordonnance d’Alger accordant aux femmes le droit de vote et

d’éligibilité. C’est le 29 avril 1945 que les Françaises votent pour la

première fois, à l’occasion des municipales. Trente ans plus tard, en 1974,

est créé le secrétariat à la Condition Féminine confié à Françoise Giroud.

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C’est seulement en 2000 qu’est votée la loi sur la parité : les partis doivent

présenter 50 % de femmes aux législatives sous peine de sanction

financière. En France, aujourd’hui encore, elles ne représentent que 12,3 %

des députés contre 45,3 % en Suède1.

Au niveau de l’évolution du statut de la femme dans la famille, l’époque qui

nous intéresse est riche en modifications. Le Code Civil de 1804 consacre

l’incapacité juridique de la femme mariée et c’est seulement en 1938

qu’avec la réforme des régimes matrimoniaux est supprimée cette

incapacité ; à partir de cette date, les femmes peuvent, en théorie, ouvrir

seules un compte en banque. Une loi du 13 juillet 1965 permet à la femme

mariée d’exercer une activité professionnelle sans autorisation de son mari.

Cette loi autorise également les épouses à gérer leurs biens librement. Elles

peuvent désormais ouvrir un compte à leur nom, même contre l’avis de leur

mari. C’est depuis 1970 qu’elles exercent, conjointement avec leur mari,

l’autorité parentale. Le père n’est plus le chef de famille et une loi de 1985

prononce l’égalité des époux dans la gestion des biens de la famille et de

l’éducation des enfants. Par une loi de 1987, l’autorité parentale peut être

conjointe dans le cas de divorce ou de concubinage. En 1949, Simone de

Beauvoir publie un essai retentissant sur la condition féminine, intitulé « Le

deuxième sexe ». Son ouvrage prône l’émancipation de la femme, possible

uniquement par l’acquisition de son indépendance. Elle dénonce ainsi une

société qui aliène la gent féminine et de laquelle il faut se soustraire pour

atteindre la liberté. D’après elle, « on ne naît pas femme, on le devient ».

Dès 1966, Betty Freidan, écrivain et féministe américaine, fonde

l’Organisation Nationale des Femmes, « National Organization Women »,

connue sous l’acronyme « NOW ». Elle cherche à lutter pour obtenir

l’égalité totale entre les deux sexes. Quelques années plus tôt, elle avait

publié un ouvrage retentissant sur la cause féministe : « La femme

mystifiée ». Dans cet essai, elle s’opposait au fait que le rôle de la femme au

sein de la société se limite seulement à sa vie maritale et maternelle. Selon

elle, la femme est engluée dans de fausses valeurs, ce qui l’empêche de

s’épanouir autrement qu’à partir de son rôle de mère et d’épouse.

1 La Vie n° 3210 du 8 mars 2007, p. 22.

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L’année suivante, en 1967, le « Women’s Libération Movement » naît aux

Etats-Unis sous l’impulsion de quelques militantes du NOW ; appelée

« Women’s lib », l’organisation lutte en faveur de l’avortement et pour

l’égalité des sexes dans les milieux professionnels2.

En France, le 26 août 1970, le mouvement de libération des femmes est né.

Des groupes de femmes se réunissent afin de déposer une gerbe sur la tombe

du « Soldat inconnu » mais destinée à la femme inconnue, dénonçant ainsi

le manque de reconnaissance vis-à-vis des femmes. Elles sont arrêtées par la

police mais cet évènement donne naissance au Mouvement de Libération

des Femmes (M.L.F.). Sans leader, cette organisation va fédérer plusieurs

groupes de différentes tendances politiques, philosophiques ou

sociologiques. Selon les membres, la femme n’est pas suffisamment

entendue au sein de la société, bien qu’elle obtienne de plus en plus de

droits. La presse et l’édition seront leurs principaux moyens de

communication. Très vite, le mouvement prend de l’ampleur, notamment

grâce à Antoinette Fouque, Simone de Beauvoir ou encore, Christine

Delphy. Les actions de chaque groupe tourneront autour de la protection de

la femme, de la lutte pour ses droits et contre la violence, ainsi que pour

l’avortement.

Le 16 décembre 1977, les Nations Unies reconnaissent La Journée

Internationale de la Femme fixée à la date du 8 mars de chaque année. Dès

1910, une Conférence internationale des femmes socialistes se déroulait à

Copenhague et en avait lancé l’idée. En 1917, le 8 mars, une grande

manifestation de femmes ouvrières se déroulait à Saint Pétersbourg pour

l’amélioration des conditions de travail. Durant le début du XXème siècle,

une succession d’autres manifestations féminines s’organise partout dans le

monde, souvent à la date du 8 mars. En 1921, Lénine décréta lui-même la

journée internationale de la femme. En France, cette journée est officialisée

en 1982.

Nous assistons à un grand mouvement en faveur de la libération sexuelle de

la femme avec des lois en faveur de la contraception et de l’avortement.

Tout d’abord, une loi de 1920 les interdisait et ces actes étaient considérés

comme des crimes passibles de la Cour d’assises avec des sanctions de trois

2 http://www.linternaute.com/histoitr/cgi/categorie/imprimer.phpNf_id_categorie=107&…

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mois à six ans de prison. La propagande en leur faveur était interdite. En

1939, le Code de la famille crée des brigades policières chargées de traquer

les « faiseuses d’anges » et en 1943, l’avortement devient un crime d’Etat,

puni de mort. Marie-Louise Girod, dite la « faiseuse d’anges », avorteuse

pendant la guerre, a été guillotinée le 30 juillet 1943. L’avortement

thérapeutique est autorisé en 1955 et la pilule contraceptive est mise au

point aux Etats-Unis. En 1956, a lieu la fondation de la Maternité Heureuse

par Marie-André Lagroua-Weil et Evelyne Sullerot et devient à partir de

1960, le Planning Familial.

Le 5 avril 1971, est publié « Manifeste des 343 » : sous l’impulsion du

Mouvement de Libération des Femmes, le journal « Nouvel Observateur »

publie une pétition portant 343 signatures de femmes. Toutes déclarent avoir

eu recours à l’avortement au cours de leur vie. L’ I.V.G., comme nous

l’avons signalé plus haut, était sévèrement punie à l’époque. Elles courent

des risques afin de changer la législation. Elles réclament, en effet, le droit

d’accéder librement à la contraception, ainsi que celui d’avorter en toute

légalité. Parmi ces signatures figurent celles de personnalités très en vogue,

telle que, Simone de Beauvoir, Catherine Deneuve, Jeanne Moreau,

Françoise Sagan… Le scandale est retentissant et poussera les politiques à

réfléchir et à préparer des projets de loi en faveur de la contraception et de

l’avortement, ce qui a provoqué des confrontations entre les adversaires de

la loi et ses protagonistes.

En 1967, le 28 décembre, la loi Neuwirth, légalise la contraception. Après

des débats passionnés, l’Assemblée vote le projet de la loi abrogeant celle

de 1920 qui l’interdisait. La contraception est désormais autorisée mais n’est

pas remboursée par la Sécurité Sociale. Elle le sera à partir de 1974. Le

Planning Familial est institué et les mineures peuvent y être accueillies dans

l’anonymat, et recevoir la pilule contraceptive, gratuitement, sans

l’autorisation de leurs parents. A partir de 1973, l’éducation sexuelle fait

partie intégrante des programmes dans les lycées et les collèges. C’est en

1974 qu’un grand mouvement féministe se mobilise en faveur du droit pour

l’avortement, suite au procès de Bobigny de 1972 où est jugée une jeune

fille mineure qui avait avorté, après un viol.

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Ce procès devient politique autour de l’avortement et suscite de larges

débats : il aboutit à l’acquittement de la prévenue.

L’Interruption Volontaire de Grossesse (I.V.G.). a été dépénalisée en 1975,

sous l’impulsion de Simone Veil, ministre de la santé du gouvernement de

Valéry Giscard d’Estaing. Cette loi limite l’avortement à la femme « que

son état place dans une situation de détresse » et le prévoit sous deux formes

d’interruption : avant la fin de la dixième semaine ou pour des raisons

thérapeutiques. La loi est adoptée à titre expérimental et ratifiée par une loi

du 31 décembre 1979. L’avortement est pris en charge par la Sécurité

Sociale depuis la loi du 31 décembre 1982, la période de gestation passe de

10 à 12 semaines. L’avortement pour motif thérapeutique peut être pratiqué

au-delà du délai des 12 premières semaines et ce, jusqu’au dernier moment

de la gestation.

Dans les années 1960-1970, on assiste dans tous les pays européens à une

progression de l’activité professionnelle. Les chiffres sont significatifs : En

Europe, en 1960, 30% de la population active sont des femmes ; en 1996,

42.5%. En France, la féminisation s’est faite de manière soutenue et rapide.

En 1962, 6.6 millions de femmes et 13.2 millions d’hommes étaient actifs ;

en 1998, 11.7 millions de femmes et 14.1 millions d’hommes le sont. On

peut alors parler d’un changement de mentalité, de l’émergence de

nouveaux mouvements sociologiques et culturels 3: les femmes s’accrochent

plus à leur travail et veulent une carrière, une indépendance économique et

cela est manifestement relié au mouvement de libération de la fin des années

1960. Ces phénomènes sont concomitants. La scolarisation et la poursuite

des études sont des facteurs essentiels de l’insertion professionnelle des

femmes, mais des inégalités de salaire et de déroulement de carrière sont

flagrantes et subsistent. L’idée d’égalité et de non-discrimination entre

hommes et femmes surgit en 1946, dans le préambule de la Constitution : «

la loi garantit à la femme dans tous les domaines des droits égaux à ceux de

l’homme ». Une loi du 22 décembre 1972 garantit l’égalité de rémunération

pour des travaux de valeurs égales ; la loi du 4 juillet 1975 interdit à

l’employeur la rédaction de contrat de travail sexiste. La loi Yvette Roudy

3 Thébaud Françoise (sous la direction de) Histoire des femmes en Occident, V. Le XXe Siècle, collection Tempus Ed. Plon, 391 p.

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du 13 juillet 1983 sur l’égalité professionnelle entre hommes et femmes

marque un changement : on passe d’un principe négatif de non-

discrimination à un principe positif d’égalité en terme de droit. Malgré

toutes ces lois en faveur de la femme, des discriminations subsistent et les

employeurs bénéficient de leur pouvoir discrétionnaire4.

Pendant cette période, des femmes se manifestent de manière

exceptionnelle :

- Le 16 juin 1963, la Soviétique Valentina Terechkova, 26 ans, est la

première femme à avoir effectué un vol spatial. Deux ans plus tôt,

son compatriote Youri Gagarine était le premier homme à quitter la

terre à bord de la capsule Vostok. Après 48 révolutions autour de la

Terre, 2 millions de kilomètres et 71 heures de vol, Valentina

Terechkova atterrira le 19 juin à Karaganda, dans les steppes de

Kazakhstan. En 1969, elle deviendra vice-présidente de la

Fédération internationale démocratique des femmes.

- Le 17 mars 1969, à 71 ans, Golda Meir succède à Lévi Eshkol au

poste de Premier Ministre. Ancienne secrétaire générale du Parti

social-démocrate, le Mapaï, elle a été également le premier

ambassadeur israélien en Russie entre 1948 et 1949. A son arrivée à

la tête de l’Etat israélien, Golda Meir annonce avec fermeté qu’elle

ne renoncera pas aux territoires gagnés lors de la guerre des 6 jours

(juin 1967). Golda Meir démissionne en 1974 après la guerre du

Kippour.

- Le 15 mai 1975, 22 ans après l’exploit de Edmund Hillary et

Tenzing Norgay, la Japonaise Junko Tabel, 36 ans, est la première

femme à vaincre l’Everest. Le toit du monde, situé dans l’Himalaya

à la frontière du Népal et de la Chine, culmine à 8850 mètres. Dix

jours plus tard, c’est la tibétaine Phantong qui réalisera l’exploit par

le versant chinois.

- Le 6 mars 1980, Marguerite Yourcenar est la première femme élue à

l’Académie Française. A 76 ans, l’auteur des « Mémoires

d’Hadrien » et de « l’Oeuvre au Noir » prend le fauteuil de Roger

4 Maruani Margareth, Travail et emploi des femmes, Repère la découverte, n°287

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Caillois. Son admission aux côtés des « sages » a provoqué une vive

polémique parmi les académiciens.5

Ce survol sociologique et juridique de la situation de la femme dans les

années 1960 à 1980 est loin d’être complet, mais il laisse apparaître la

situation de la femme et les problèmes auxquels elle est confrontée pour

pouvoir acquérir une certaine autonomie et sortir de son rôle strict d’épouse

et de mère. Les mouvements de libération de la femme ont, à l’époque, une

audience, qu’ils ne peuvent pas avoir en 2007. Les progrès de la médecine,

une meilleure connaissance du cycle féminin permettaient d’envisager les

questions concernant la vie sexuelle des femmes avec plus d’objectivité et

de médicalisation. Cette question n’était plus uniquement de l’ordre moral,

mais relevait du registre de la santé et, par ce fait même, libérait les femmes

et les encourageait à s’affranchir de l’enseignement de l’Eglise.

Aujourd’hui, de nombreuses femmes vivent leur sexualité en tenant compte

des avis et des conseils des professionnels de la santé (médecins,

sexologues…) sans trop se sentir obligées d’appliquer les orientations

données par le magistère ecclésiastique. Du moment que les choses sont

légales, elles n’ont, pour certaines, pas l’obligation d’être morales. A partir

des différents points abordés, nous constatons que les femmes sortent d’une

humble soumission pour assumer à la fois leur vie intime et leur vie

professionnelle. Cependant, l’acquisition de l’autonomie et sa

reconnaissance restent relativement difficiles et, malgré les acquis sociaux,

sans cesse à reconquérir. L’ascension de l’Everest, la conquête de l’espace,

l’accession au plus haut poste en politique, l’admission à l’Académie

Française sont des exceptions et restent des cas isolés et privilégiés. A côté

de ces magnifiques réussites, la majorité des femmes sont mal reconnues

dans leur vie professionnelle et exercent des professions dans le secteur

tertiaire, souvent à peine rémunérées au SMIC, Salaire Minimum

Interprofessionnel de Croissance ; et elles sont, trop souvent, en cas de

difficultés économiques, les premières victimes des licenciements et du

chômage.

Paul VI est contemporain de tous ces remous et de tous ces

mouvements. D’après ses écrits, il semble parfaitement au courant des

5 Service « histoire » de linternaute.com

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grandes aspirations de libération de la femme et de l’urgence de sa

promotion. L’évolution de la vie des femmes passe, désormais, par leur

propre autonomie financière. Le plus grand nombre tente de concilier la vie

familiale avec la vie professionnelle, mais ce phénomène se développe au

détriment de la vie de famille et de l’éducation des enfants. Les familles ne

sont plus constituées de 6 ou 8, voire 10 enfants comme après 1945, mais de

2 ou 3. La recherche du confort oblige à de nombreux investissements et

nécessite l’apport d’un double salaire. Les contraintes économiques passent

au premier plan des préoccupations et c’est ainsi que, peu à peu, se déplace

le centre d’intérêt et qu’insensiblement beaucoup de familles font passer la

recherche du bien-être et des loisirs avant la quête du spirituel.

Paul VI, en tant que Pasteur universel, se devait de rappeler le sens de la vie

et dire quelles sont les directions à prendre pour orienter sa vie selon les

Béatitudes, dans le respect de la vie de tous et de chacun. C’est ainsi, qu’il

s’est donné le devoir impératif d’écrire l’Encyclique Humane Vitae pour

rappeler la position de l’Eglise face à la contraception à l’avortement et au

respect de la vie. Il a, chaque fois que l’occasion lui en a été donnée,

défendu et fait valoir les droits de la femme, montré sa dignité, en rappelant

aussi qu’elle doit participer à la vie de l’Eglise.

- B – Le climat préparatoire au Concile Vatican II

La société des années 1960 à 1980 est riche en mutations sociologiques, de

tout genre. Cela a de réels retentissements sur la vie de l’Eglise et sur la

relation que les gens ont avec elle. Jean XXIII, et à sa suite, Paul VI, sentant

l’évolution des mentalités et le décalage qui se creuse de plus en plus avec

l’Eglise, lancent l’idée d’un Concile. De plus, dès les années 1950, des

théologiens sont sensibles à cette situation et leurs travaux vont apporter un

éclairage en faveur d’une rénovation de la vie de l’Eglise. Tout d’abord, le

Père Lagrange, dominicain, s’écarte du littéralisme biblique. (Ecole

Biblique et Archéologie Française de Jérusalem). Le courant libéral mené

par des théologiens comme Yves Congar, Karl Rahner et John Courtney

Murray, tente d’intégrer l’expérience humaine contemporaine au sein du

dogme chrétien. D’autres, comme Joseph Ratzinger, Henri de Lubac et Jean

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Daniélou, cherchent à travers le mouvement patristique, une source de

renouveau grâce à une étude approfondie des textes des Pères de l’Eglise

des premiers siècles du christianisme. Les abbayes bénédictines tentent

également un renouvellement de la liturgie. Tous ces mouvements d’idées

concourent à l’émergence du nouveau concile.

Sa Sainteté Jean XXIII, le 29 janvier 1959, moins de trois mois après son

élection, à la fin de la semaine de prière pour l’Unité des Chrétiens annonce

son intention de convoquer le Concile, afin de :

- promouvoir le développement de la foi catholique,

- assurer le renouveau moral de la vie chrétienne,

- adapter l’Eglise aux besoins du temps présent.

Pendant les trois années qui suivent, il explicite quelle est son intention dans

de nombreux messages, notamment au sujet de la forme que doit revêtir le

Concile.

On raconte cette histoire : alors qu’on lui demande à quoi va servir le

Concile, il ouvre une fenêtre6 et déclare : « Je veux ouvrir largement les

portes de l’Eglise, afin que nous puissions voir ce qui se passe à l’extérieur,

et que le monde puisse voir ce qui se passe à l’intérieur de l’Eglise ». Il

invite les autres Eglises chrétiennes à envoyer des observateurs au Concile.

Nombre d’Eglises protestantes et orthodoxes acceptent. L’Eglise orthodoxe

russe, craignant les représailles du pouvoir soviétique, accepta de s’y rendre

seulement lorsqu’il est confirmé que le Concile n’abordera pas de questions

politiques. La préparation du Concile dure plus de deux ans. Jean XXIII

déclare le 21ème Concile œcuménique ouvert le 11 octobre 1962, lors d’une

session publique réunissant les 2540 pères conciliaires, tous évêques ou

supérieurs d’ordres religieux masculins, (où sont les femmes ? La moitié de

l’humanité !) et les représentants de 86 gouvernements et organismes

internationaux. Le Pape lit une allocution, intitulée « Gaudet Mater

Ecclesia », « Notre Mère l’Eglise se réjouit ». Au cours de ce discours, Il

repousse les idées des « prophètes de malheur, qui ne font qu’annoncer des

catastrophes » pour l’avenir du monde et de l’Eglise. Le Pape insiste sur

l’aspect pastoral et non doctrinal du Concile : « L’Eglise n’a pas besoin de

répéter ou de reformuler les doctrines ou les dogmes existants, mais plutôt

6 http://fr.wikipedia.org/wiki/IIe_concile_%C5%93cum%C3%A9nique_du_Vatican

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de chercher à enseigner le Message du Christ à la lumière de l’évolution

constante du monde contemporain ». Il exhorte les Pères conciliaires à

« utiliser les remèdes de la miséricorde, plutôt que les armes de la sévérité ».

Le Concile se tient en quatre sessions plénières qui se déroulent entre le 11

octobre 1962 et le 8 décembre 19657 .

- 1ère session du 11 octobre 1962 au 8 décembre 1962,

- 2ème session du 29 septembre 1963 au 4 décembre 1963,

- 3ème session du 14 septembre 1964 au 21 novembre 1964,

- 4ème session du 14 septembre 1965 au 8 décembre 1965.

« L’homme propose, mais Dieu dispose » ; le Pape Jean XXIII décède le

3 juin 1963, et le 21 juin 1963 le Cardinal Jean-Baptiste Montini est élu

262e Pape sous le nom de Paul VI. Il annonce aussitôt qu’Il souhaite voir le

Concile se poursuivre. L’initiative du Concile revient bien à Jean XXIII,

mais l’ensemble des travaux est effectué sous l’impulsion et la

responsabilité de Paul VI. Il est impossible, ici, de reprendre le contenu des

sessions et d’en dégager les grands points, mais c’est dans ce contexte

bouillonnant d’idées et de réflexions que Paul VI livre sa pensée sur la

position de la femme dans la société et dans l’Eglise, ce qui donne du poids

à sa parole et à son enseignement. De plus, parler de la pensée de Paul VI

concernant les femmes, c’est tenter de voir comment les femmes sont à la

fois présentes à la société civile et à l’Eglise. C’est également voir comment

elles sont perçues par la hiérarchie catholique et relever la place qu’elle

laisse aux femmes dans la mission ecclésiale.

Présentation du Plan en trois parties successives :

La première partie, intitulée : Paul VI et le souci de la promotion des

femmes, où nous verrons que le féminisme n’est pas l’affranchissement des

principes moraux, selon la belle expression de Jean XXIII. A partir de

« Octogesima adveniens », nous dégagerons quelques pistes permettant de

favoriser l’autonomie et la promotion de la femme. Pour faire cesser toute

forme de discriminations, il est urgent de faire reconnaître le statut de la

femme. Il faut prendre toutes les mesures favorisant l’égalisation des droits 7 Alberigo Giuseppe, (sous la direction), Histoire de Concile Vatican II, version française sous la direction d’Etienne Fouilloux, Paris et Louvain, Les Editions du Cerf et Peeter, 2005.

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fondamentaux de l’homme et de la femme. Afin de promouvoir les droits

de la femme a été instituée l’année internationale de la femme en 1975. Le

Pape Paul VI y a pris une part active. Pour favoriser le respect de la vie et de

la femme, le Pape a adressé l’Encyclique « Humanae Vitae ». Pour lui, la

considération de la femme passe par des consignes d’éthique.

La deuxième partie, intitulée : La reconnaissance de la mission

apostolique des femmes dans l’Eglise. Tout d’abord, Paul VI est le

premier Pape à inviter quinze femmes dont huit religieuses et sept laïques, à

être « observateurs » au Concile Vatican II, cela seulement à partir de la

troisième session qui se déroule du 14 septembre 1964 au 21 novembre de la

même année. Succinctement, nous essayerons de dégager ce que dit le

Concile sur l’engagement des femmes dans l’Eglise. A partir des

déclarations du Pontife, nous verrons comment les femmes peuvent apporter

leur participation à la vie de l’Eglise. Enfin, nous pourrons avec admiration

découvrir que Paul VI a proclamé deux femmes « docteurs de L’Eglise », ce

qui ne s’était jamais produit dans l’histoire.

La troisième partie abordera : La question des ministères féminins dans

l’Eglise, à partir du motu proprio « Ministeria Quaedam » et, surtout, de la

déclaration de la Doctrine de la Foi, « Inter Insigniores » concernant

l’exclusion du ministère sacerdotal aux femmes. Nous verrons dans quel

contexte cette question du sacerdoce des femmes émerge. Ensuite, nous

analyserons les arguments avancés par la Doctrine de la Foi, à savoir : ce

que dit la Tradition au sujet de la non-accession au sacerdoce par les

femmes. Ensuite, nous dégagerons l’attitude de Jésus par rapport à ce sujet,

Lui a choisi seulement des hommes en tant qu’apôtres, alors que les femmes

ont été les premières à témoigner de la résurrection. Enfin, nous analyserons

ce problème par rapport au sacerdoce ministériel à la lumière du mystère du

Christ et du mystère de l’Eglise.

Pour conclure, nous dirons que les femmes, tout en ne pouvant pas être

membres du corps sacerdotal et avoir part de façon directe au pouvoir de

gouvernement et de juridiction dans l’Eglise, ont un rôle spécifique et

irremplaçable, que l’égalité de droit n’entraîne pas forcément l’exercice des

mêmes fonctions. L’égalité dans la différence apporte une complémentarité.

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C’est ainsi que la mission du Christ ne peut exister sans celle de Marie, sa

Mère.

Nous allons voir maintenant comment Paul VI voyait les femmes et

comment il avait le souci de leur promotion ; nous dégagerons les moyens

qu’il mettait en œuvre pour que les femmes puissent bénéficier de toute leur

dignité et épanouir toutes leurs capacités.

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1ère PARTIE :

PAUL VI ET LE SOUCI DE LA PROMOTION DES

FEMMES

Paul VI, élu le 21 juin 1963, dès le début de son pontificat, apporte une

attention toute particulière à l’égard des femmes. Nous aurons l’occasion de

développer ses actions en faveur de la promotion et de l’engagement des

femmes dans l’Eglise.

1 – AVANT PAUL VI, JEAN XXIII DANS PACEM IN TERRIS, du 11

avril 1963 parle des femmes, parle des droits des femmes

Déjà, dans l’Encyclique Pacem in terris, publiée à Rome le 11 avril 1963,

Jean XXIII écrivait, dans le cadre de la description de la Société de son

époque : « L’entrée de la femme dans la vie publique, plus rapide peut-être

dans les peuples de civilisation chrétienne, plus lente, mais de façon

toujours ample, au sein des autres traditions ou cultures. De plus en plus

consciente de sa dignité humaine, la femme n’accepte plus d’être considérée

comme un instrument. Elle exige qu’on la traite comme une personne, aussi

bien au foyer que dans la vie publique »8. En même temps le IIe Concile du

Vatican, prenant conscience de la solidarité de toute l’Eglise avec « les joies

et les espoirs, les tristesses et les angoisses » du monde contemporain, a tenu

à condamner les injustices d’une discrimination fondée sur le sexe et à

revendiquer pour la femme, en même temps que le respect des droits et des

devoirs correspondant à sa nature, une participation responsable et totale à

toute la vie de la société.9

La femme n’accepte plus d’être considérée comme un instrument, elle veut

être traitée à part entière comme une personne, voilà ce que le bon Pape

Jean met en évidence.

8 Johannes XXIII, « Pacem in terris »9 Constitution pastorale Gaudium et Spes, N° 29/2, 60/3, DC 1966, n° 1464, col.216 et 247.

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Paul VI, à partir de nombreux discours qu’Il prononce lors des audiences

manifeste un grand intérêt pour tout ce qui concerne les problèmes des

femmes dans la société et dans l’Eglise. C’est ce que je vais tenter de mettre

en valeur. A l’occasion de la rencontre des participants au Congrès de

juristes catholiques italiens, Le Pontife a énoncé quelques principes

fondamentaux, à propos du thème de leurs travaux : « La place de la femme

dans la société d’aujourd’hui ». Pour le Pape, ce thème est si important qu’il

mériterait d’être développé d’une façon beaucoup plus large et il dit :

« Comme quiconque observe les réalités actuelles, nous ne pouvons pas ne

pas voir le processus de transformations socioculturelles qui a entraîné

d’importants changements dans la position et le rôle de la femme. Le

passage, assez rapide à une société caractérisée par l’industrialisation, avec

les phénomènes qui l’accompagnent : urbanisation, mobilité et instabilité de

la population, transformations de la vie familiale et des relations sociales, a

mis la femme, elle aussi, au centre d’une crise des institutions et des mœurs.

Cette crise n’est pas encore résolue et ses répercussions se sont fait sentir

surtout sur les rapports familiaux, sur la mission éducative, sur l’identité

même de la femme en tant que telle et, surtout, la façon qui lui est propre de

s’insérer dans la vie sociale par le travail, les amitiés, l’action caritative et

les loisirs. L’esprit religieux, par conséquent, la pratique religieuse, s’en

sont ressentis. C’est pourquoi, nous nous trouvons aujourd’hui devant des

phénomènes de grande portée spécialement l’égalité et l’émancipation

croissante de la femme par rapport à l’homme, une nouvelle conception et

une nouvelle interprétation de ses rôles d’épouse, de mère, de fille, de sœur ;

son accession toujours plus large au travail professionnel, avec des

spécialisations toujours plus poussées ; sa tendance accentuée à préférer

travailler en dehors de chez elle, ce qui ne va pas sans dommages pour les

rapports conjugaux et surtout l’éducation des enfants… Il est clair que tout

ne doit pas être considéré comme négatif dans ce nouvel état de choses.

Dans ce contexte, peut-être pourra-t-il même être plus facile pour la femme

d’aujourd’hui et de demain de déployer en plénitude toutes ses énergies.

Le vrai problème consiste à reconnaître, respecter, et, lorsque cela est

nécessaire, retrouver les principes que constituent des valeurs

irremplaçables pour la culture d’un peuple évolué. Le Pape les rappelle

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brièvement : « D’abord la différence de fonctions et de nature de la femme

par rapport à l’homme, d’où découle l’originalité de son être, de sa

psychologie, de sa vocation humaine et chrétienne ; sa dignité qui ne doit

pas être avilie, comme il arrive très souvent, qu’il s’agisse des mœurs, du

travail, de la promiscuité sans discrimination, de la publicité ou des

spectacles ; et nous ajouterons, la primauté qui revient à la femme sur tout le

domaine humain où se posent plus directement les problèmes de la vie, de la

souffrance, de l’assistance, surtout dans la maternité. »10

De sorte que, le Pape pense qu’Il peut formuler des vœux pour que la

femme puisse avoir part, de façon plus juste, à la vie de la société :

- Que soit reconnue la plénitude des droits civils, comme à l’homme,

s’il n’en est pas déjà ainsi.

- Qu’il soit réellement rendu possible à la femme d’exercer les mêmes

fonctions professionnelles, sociales et politiques que l’homme, selon

ses capacités personnelles.

- Que loin d’être méconnues, soient honorées et protégées les

prérogatives propres de la femme dans la vie conjugale, familiale,

éducative et sociale.

- Que soit rappelée et défendue la dignité de sa personne et de son état

de célibataire, d’épouse ou de veuve, et que soit donnée à la femme

l’assistance qui convient spécialement lorsque le mari est absent,

impotent, en prison, c'est-à-dire lorsqu’il n’est pas en mesure de

remplir sa fonction dans la famille.11

Après la messe qu’il a célébrée dans la Basilique Saint-Pierre, le dimanche

30 mai 1965, Paul VI s’est adressé dans les termes suivants au Centre

Féminin Italien12 : « Du fait de la transformation de la mentalité féminine, la

femme est entrée dans la vie publique et a pris conscience de sa propre

dignité. Cependant, le processus social qui doit assurer à la femme la pleine

10 Paul VI, Discours aux Juristes Catholiques Italiens, sur la place de la femme dans la société d’aujourd’hui, le 7 décembre 1974. DC. Du 19 janvier 1975 n° 1668, p 55-56.11 Idem, DC n° 1668, 19 janvier 1975. p 55.12 Le Centre Féminin Italien est l’organe fédératif des différentes organisations féminines catholiques italiennes. Il fêtait le 20ème anniversaire de sa création, à laquelle Mgr Montini avait collaboré, à la demande de Pie XII.

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reconnaissance de ses droits, de ses positions, de ses responsabilités, n’est

pas encore achevé, il n’est pas toujours fondé sur des principes sûrs. Il faut

donc d’une part, exprimer plus largement et plus énergiquement les

principes de l’authentique féminisme, puis les déterminer par certains

critères fondamentaux concernant leur application juste et bienfaisante ; et

d’autre part, il faut être vigilant devant l’invasion, l’irruption même d’une

certaine mentalité qui affiche avec complaisance son absence de préjugés et

sa volonté de révolutionner la vie féminine… L’émancipation revendiquée

concerne, non pas tant l’abolition, maintenant acquise, des inégalités

sociales de la femme par rapport à l’homme, que la désagrégation des

principes moraux qui donnent encore à la femme une physionomie

traditionnelle. La femme moderne, privée de la Lumière chrétienne, veut

s’affranchir de cette physionomie comme d’une contrainte qui n’a plus de

valeur, afin de jouir de cette liberté rebelle et illimitée à laquelle les courants

matérialistes et hédonistes de notre temps l’ont initiée, sans s’embarrasser

de préjugés, et à laquelle la corrosion intérieure, logique et psychologique,

du nihilisme existentialiste l’a impitoyablement éduquée… La parfaite

égalité de nature et dignité et donc de droits est donnée dès la première page

de l’Ecriture ». Le Pape de continuer : « La justice qui t’est due ne consiste

pas, en effet, en une assimilation banale de ta vie au mode de vie masculin,

ni en une négation des aspirations profondes qui sont propres à ton âme.

Elle consiste dans le respect et l’élévation de ta féminité, laquelle est

d’autant plus satisfaite et heureuse que sa spécificité, son originalité, les

prérogatives de sa psychologie et sa fonction sont mieux reconnues. Tout

cela rend ta mission complémentaire de celle de l’homme, ne la déprécie

pas, ne l’avilis pas, mais valorise-la dans sa mission éternelle au service des

valeurs les plus hautes de la vie humaine13 ». Tout en reconnaissant la

promotion de la femme, le Saint Père met très vite en garde contre un

mouvement féministe qui laisserait de côté toutes les valeurs de la morale

chrétienne. Pour le Pape, le féminisme n’est pas l’affranchissement des

principes moraux, pour lui, c’est en affermissant dans la conscience des

femmes les principes de la sainte morale chrétienne, qu’on leur donnera les

bases et les moyens de leur promotion. Il reconnaît la mission spécifique de

13 DC, 30 mai 1965, n°1459, p 1063 à 1068.

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la femme, celle-ci ne peut s’accomplir que dans la parfaite harmonie de sa

nature profonde.

2 - D’ APRES LA LETTRE APOSTOLIQUE « OCTOGESIMA

ADVENIENS » 1971

Dans la lettre apostolique « Octogesima Adveniens » pour le 80e

anniversaire de l’Encyclique « Rerum Novarum » adressée au Cardinal Roy,

Président du Conseil des Laïcs et de la Commission « Justice et Paix », Paul

VI veut inciter les fidèles à reprendre et à prolonger l’Enseignement de ses

prédécesseurs, en réponse aux besoins nouveaux d’un monde en pleine et

constante évolution. Il a conscience de la grande diversité des situations

dans lesquelles, de gré ou de force, les chrétiens se trouvent engagés, selon

les régions, selon les systèmes sociopolitiques, selon les cultures. Ici, ils

sont réduits au silence, soupçonnés et pour ainsi dire tenus en marge de la

société, encadrés sans liberté dans le système totalitaire. Là, ils sont une

faible minorité dont la voix se fait difficilement entendre. En d’autres

nations, où l’Eglise voit sa place reconnue, et parfois de façon officielle, elle

se trouve elle-même soumise aux contrecoups de la crise qui ébranle la

société, et certains de ses membres sont tentés par des solutions radicales et

violentes dont ils croient pouvoir espérer une issue heureuse. Tandis que

d’aucuns, inconscients des injustices présentes, s’efforcent de prolonger la

situation existante, d’autres se laissent séduire par des idéologies

révolutionnaires qui leur promettent, non sans illusion, un monde

définitivement meilleur.

A - Faire reconnaître le statut de la femme pour cesser les

discriminations

Le Saint Père présente l’ensemble de tous les problèmes nouveaux de la

société en pleine mutation : l’urbanisation et l’exode rural ; les difficultés de

vivre en chrétiens dans une société urbaine et industrialisée ; Il aborde les

difficultés des travailleurs, des jeunes, il tente d’analyser les causes des

discriminations de tout genre, il affirme un droit à l’immigration, il appelle à

l’imagination sociale pour créer des emplois, il rappelle la responsabilité des

pouvoirs publics face au développement des moyens de communication et

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évoque les problèmes de l’environnement et dit : « Par une exploitation

inconsidérée de la nature, l’homme risque de la détruire et d’être, à son tour,

la victime de cette dégradation. Dans ce cadre, Paul VI se demande quelle

sera la place de la femme, dans ce monde en gestation ; Il affirme que dans

beaucoup de pays, un statut de la femme doit faire cesser la discrimination

effective et établir des rapports d’égalité dans les droits ; et le respect de sa

dignité doit faire l’objet de recherches et parfois de vives revendications. Le

Pape souligne bien : « qu’il ne s’agit pas de cette fausse égalité qui nierait

les distinctions établies par le Créateur lui-même et qui serait en

contradiction avec le rôle spécifique, combien capital, de la femme au cœur

du foyer aussi bien qu’au sein de la Société. L’évolution des législations

doit au contraire aller dans le sens de la protection de sa vocation propre en

même temps que de la reconnaissance de son indépendance en tant que

personne, de l’égalité de ses droits à participer à la vie culturelle,

économique, sociale et politique ».14

B - Favoriser une égalisation progressive des droits

fondamentaux de l’homme et de la femme

Dans une allocution à la première session de la Commission d’études sur la

femme dans la Société et dans l’Eglise en date du 17 novembre 1973, le

Saint Père, après un accueil chaleureux et des encouragements pour les

travaux de cet organisme, en rappelle les finalités :

« Il s’agit de recueillir, de vérifier, d’interpréter, de réviser, de mettre au

point les idées exprimées sur la fonction de la femme dans la communauté

moderne. Ce travail suppose évidemment que l’on revendique, protège et

assure la dignité de la femme, avec la conviction et la fierté que comporte

cet idéal. Il faut considérer en ce domaine, non seulement la personnalité de

la femme, son être, mais les valeurs féminines, les fonctions qui y

correspondent. Et sans doute cela nécessite-t-il une certaine attitude

défensive face à tout ce qui méconnaît cette dignité propre. A ce sujet, la

conception que la foi chrétienne a développée demeure plus que jamais

valable, moderne, féconde et, en certains points, intangible. Cette

14 Paul VI, Lettre apostolique « Octogesima adveniens » pour le 80e anniversaire de l’Encyclique « Rerum novarum », DC du 6 juin 1971, N° 1587, p 505.

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conception appelle une égalisation progressive des droits fondamentaux de

l’homme et de la femme, et une plus grande prise de conscience de leurs

devoirs respectifs. Cette mise sur un même point d’égalité touche aussi les

fonctions sociales qu’ils assument l’un et l’autre. Pour assurer l’accès de la

femme à ces fonctions, sa participation, un progrès est prévisible, il est

possible et souhaitable, et en ce sens, il apporterait une nouveauté. Cela

suppose une confiance dans les capacités de la femme et un sérieux effort

d’éducation qui lui permette de jouer pleinement son rôle, spécialement

dans le domaine moral et humain. Il faudra, d’ailleurs, toujours veiller à ce

que la femme ne subisse aucun préjudice dans ce qui est lié essentiellement

à sa propre vie, à sa propre personnalité, à sa place dans la famille. Ce

travail d’observation, de recherche, de réflexion vous est confié avec l’aide

des théologiens et des experts pour un meilleur service de la femme et de la

société civile ou ecclésiale .»15

Nous l’avons déjà remarqué, le Saint Père ne cloisonne jamais l’action, il la

veut aussi bien dans la société civile qu’ecclésiale ; il insiste pour que ce

groupe mette bien au cœur de ses préoccupations la conception chrétienne

de la femme, celle qui correspond à la doctrine et à la vie de l’Eglise.

Dans cet esprit, le 29 octobre 1966, Sa Sainteté Paul VI a reçu les

participants au 52e Congrès national de la Société italienne d’obstétrique et

de gynécologie, après avoir accueilli les médecins avec grande

considération, il a exprimé sa conception humaine et chrétienne de la

femme : « Ce qui stimule notre pensée, ce n’est pas tant votre art et votre

savoir que la valeur d’idéal, la signification symbolique, la vision sacrée et

sublime que notre doctrine religieuse et notre formation humaniste

attribuent à la créature féminine, à la femme. Vous et nous, ici, nous ne

sommes pas sur le même plan. Mais nous voulons croire que, de même que

nous reconnaissons amplement la sphère de votre compétence, de même,

vous ne manquerez pas d’apprécier la perspective dans laquelle notre pensée

humaine et chrétienne considère la femme d’une façon différente de la

vôtre, mais non moins réelle »… « Pour nous, la femme est le reflet d’une

beauté qui la dépasse, le signe d’une bonté qui nous paraît sans bornes, le

15 Paul VI, Allocution à la première session de la Commission d’études sur la femme dans la société et dans l’Eglise, DC du 16 décembre 1973, n° 1644, p 1057.

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miroir de l’être humain idéal, tel que Dieu l’a conçu, à son image et à sa

ressemblance. Pour nous, la femme est une vision de pureté virginale, qui

restaure les sentiments affectifs et moraux les plus élevés du cœur humain.

Pour nous, elle est dans la solitude de l’homme l’apparition de sa compagne

qui sait le don suprême de l’amour, la valeur de la collaboration et de l’aide,

la force de la fidélité et de la diligence, l’héroïsme habituel du sacrifice.

Pour nous, elle est la mère –inclinons-nous– la source mystérieuse de la vie

humaine, où la nature reçoit encore le souffle de Dieu, créateur de l’âme

immortelle. Pour nous, elle est la créature la plus docile à toute formation,

par conséquent, apte à toutes les fonctions culturelles et sociales,

particulièrement à celles qui sont le plus congénitales à sa sensibilité morale

et spirituelle. Pour nous, elle est l’humanité qui a la meilleure attitude

devant l’attrait religieux, l’humanité qui, lorsqu’elle suit sagement cet

attrait, s’élève et se sublime elle-même dans l’expression la plus authentique

de la féminité ; l’humanité qui, lorsqu’elle chante, prie, soupire ou pleure

semble ainsi converger naturellement vers une figure unique et suprême,

immaculée et douloureuse, la femme privilégiée, bénie entre toutes les

femmes, la Vierge, mère du Christ, Marie. Tel est, Messieurs, le plan sur

lequel nous rencontrons la femme. Il ne vous est certainement pas inconnu,

et il ne vous déplaît pas de vous élever, de temps en temps, de votre plan

jusqu’au nôtre, pour compléter votre perspective dans une vision

d’ensemble, ainsi que pour trouver réconfort et inspiration au milieu de vos

études et de l’exercice de vos soins »16.

Paul VI révèle dans cette allocution, une conception très élevée de la femme

à travers des images diverses et voit en elle toutes les capacités à acquérir

des formations et à accéder à toutes les fonctions culturelles et sociales.

Néanmoins, il ne se place pas au niveau de l’organisation hiérarchique de

l’Eglise.

Le Saint Père s’est aussi adressé aux femmes africaines ; spécialement dans

son message « Africa terrarum »17, Il reprend la mission de la femme en

général en insistant sur la situation particulière de la femme

africaine : « Dans le cadre de la famille, la femme occupe une place de 16 Allocution de Paul VI à des gynécologues italiens, DC n° 1482, 20 novembre 1966 pages 1921 à 1926.17 Paul VI, Message Africa terrarum , DC 19 novembre 1967, n° 1505, p 1953 et 1954.

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premier plan. Sa position a subi, elle aussi, de profondes transformations.

Ainsi, elle voit s’ouvrir à elle de nouveaux champs d’activité dans les

écoles, les hôpitaux et dans les diverses formes de la vie politique et

administrative de l’Etat moderne. On peut regarder l’enseignement de

l’Eglise et l’esprit chrétien comme les causes principales de ce

développement. C’est donc à juste titre que « L’Eglise est fière d’avoir

magnifié et libéré la femme, d’avoir fait resplendir au cours des siècles,

dans la diversité des caractères son égalité foncière avec l’homme. »18 A la

femme africaine, il est demandé, aujourd’hui, de prendre plus pleinement

conscience de sa dignité, de sa mission de mère, du droit qui lui revient de

participer à la vie sociale et au progrès de l’Afrique nouvelle. A la femme

africaine, il est demandé en premier lieu de ne plus être considérée ou traitée

comme un simple instrument ; sa dignité de femme est respectée quand on

lui reconnaît sa liberté de personne, soit qu’elle veuille se marier –et alors,

elle a le droit de choisir librement son époux19- soit qu’elle préfère garder sa

virginité en se consacrant à Dieu et en se dévouant au bien de tous. Dans

l’exercice de sa mission maternelle, qui est pour elle la mission essentielle,

la femme africaine prodiguera à ses enfants ses soins affectueux, les suivra

dans leur croissance et les préparera à prendre conscience d’eux-mêmes et à

affronter les responsabilités de l’avenir. Dans l’exercice de ses activités

professionnelles et dans ses rapports sociaux, la femme apportera ce

dévouement, cette douceur et cette délicatesse, qui sont des qualités

typiquement féminines et qui, dans un monde dominé par la technique,

sauvegardent le sens des réalités et des dimensions humaines. La

participation à la vie sociale dans l’ordre politique et administratif constitue

également un de leurs droits et de leurs devoirs. Les femmes peuvent

influencer directement le renouveau des institutions sociales, surtout dans

des domaines qui touchent au mariage, à la famille et à l’éducation des

enfants. Quant à l’Eglise, fidèle à son œuvre de formation, elle invite les

femmes d’Afrique, comme celles du monde entier et de tous les temps, à

prendre comme modèle la figure de Marie, la Mère de Dieu, car « sa vie,

comme dit saint Ambroise, fut telle qu’elle peut offrir un modèle à tous ».20

18 Concile Vatican II, Message aux femmes, 8 décembre 1965.19 Concile Vatican II, Constitution Gaudium et Spes, n° 29.20 Saint Ambroise, De Virginibus, livre II, chapitre II, n° 15

28

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3 - COLLABORATION A LA MISE EN PLACE DE L’ANNEE

INTERNATIONALE DE LA FEMME EN 1975 : un moyen pour

promouvoir les droits des femmes

Recevant le 6 novembre 1974, Madame Helvi Sipila, sous-secrétaire

générale de l’O.N.U., pour le développement social et les affaires

humanitaires et secrétaire générale de l’Année Internationale de la Femme,

Paul VI lui a adressé une allocution21 : « Nous saluons la représentante de

cette organisation, tâche assumée par les Nations Unies avec « l’Année

Internationale de la Femme » proclamée en 1975. Cette rencontre nous

donne l’occasion de vous exprimer la bonne volonté et l’attention avec

lesquelles nous voulons suivre cette initiative ». Le Pape rappelle qu’une

commission d’études a été créée en 1971, à la demande des participants au

Synode en vue de réfléchir à la pleine participation de la femme à la vie

communautaire de l’Eglise et de la Société.

Le thème retenu pour l’Année Internationale de la Femme « Egalité,

Développement et Paix » n’est pas sans susciter l’intérêt très vif de

l’Eglise. Après avoir brièvement commenté ce titre, le saint Père insiste :

« La femme d’aujourd’hui, pourra devenir plus consciente de ses droits et de

ses devoirs, et contribuer non seulement à sa propre élévation, mais aussi au

progrès qualitatif de la société humaine dans le développement et dans la

paix. La femme développera et préservera principalement dans la

communauté familiale en plein coresponsabilité avec l’homme, sa fonction

qui consiste à accueillir, donner et éduquer la vie en développant ses

potentialités. L’Année Internationale de la Femme a le très noble but de

valoriser toujours davantage la dignité et la mission de la femme.»

Le 18 avril 1975, Paul VI reçoit les membres de la Commission d’études sur

le rôle de la femme dans la société et dans l’Eglise dont les missions ont été

définies le 17 novembre 1973, ainsi que les membres du comité par

l’intermédiaire duquel cette Commission participe à l’Année Internationale

21 Paul VI, Allocution pour l’Année Internationale de la femme, DC n° 1665, 1e décembre 1974. p 1007.

29

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de la Femme, organisée sous les auspices de l’O.N.U. en 1975 ; le Pape

affirme : « Cette œuvre de promotion demande une maturation progressive,

qui ne brûle pas les étapes. Il s’agit, en effet, de discerner avec sagesse. Les

questions sont délicates ; parler d’égalisation des droits ne résout pas le

problème qui est beaucoup plus profond : il faut viser une complémentarité

effective, afin que les hommes et les femmes apportent leur richesse et leur

dynamisme propres à la construction du monde, non pas nivelé et uniforme,

mais harmonieux et unifié, selon le dessein du Créateur ou pour reprendre le

terme de l’Année Sainte, renouvelé et réconcilié. Par ailleurs, il faut agir à

bon escient, non pas échafauder des programmes utopiques, conçus au

sommet par une élite et pour une élite, mais correspondre aux vrais besoins

du peuple, pour faire cheminer celui-ci ensemble, à travers des étapes

opportunes et réalistes. Il y a tant à faire dans ce domaine ! Faut-il

mentionner qu’il y a encore des millions de femmes qui ne jouissent pas des

droits essentiels ni des égards élémentaires » ? Le Pape se félicite que la

mise en route du travail de la Commission d’études sur les femmes ait

coïncidé très heureusement avec la préparation dans le monde de l’Année

Internationale de la Femme, proclamée par les Nations Unies en 1975.

L’Eglise, assure le Saint Père, est solidaire à part entière des buts assignés

par l’Année Internationale. De plus, le Saint-Siège est heureux d’accueillir

l’invitation qui lui est faite par l’Organisation des Nations Unies d’y

collaborer à son niveau. Paul VI fait remarquer que : « C’est toute l’Eglise

qui est concernée ; c’est dans les communautés locales qu’il faut susciter

une révision de vie sur la façon dont sont respectés et promus les droits et

les devoirs respectifs de l’homme et de la femme, et sur une participation

des femmes à la vie sociale d’une part, et, d’autre part, à la vie et à la

mission de l’Eglise.»

4- FAVORISER L’EDUCATION ET LE DEVELOPPEMENT POUR

QUE LES FEMMES DEVIENNENT DES ARTISANS DE PAIX

L’Année Internationale de la Femme ne vise pas seulement à obtenir

l’égalité des droits ; elle vise aussi à assurer la pleine intégration des

30

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femmes dans l’effort global de développement et leur contribution

croissante au renforcement de la Paix entre les hommes et entre les peuples.

Paul VI, dans une lettre adressée à la secrétaire générale, le 19 juin 1975, à

l’occasion de l’ouverture de la conférence mondiale de l’Année

Internationale de la Femme qui se tenait à Mexico du 19 juin au 2 juillet,

relève qu’il s’agit de : « rendre justice à la femme, laquelle au cours de

l’histoire, et aujourd’hui encore, a été reléguée à une situation d’infériorité

par rapport à l’homme, et a eu, plus souvent que lui, à souffrir du sous-

développement et de la guerre. Il s’agit d’assurer concrètement la pleine

intégration de la femme à l’effort global de développement, ainsi que de

reconnaître et de promouvoir son apport à la consolidation de la Paix.

Quelle espérance pour l’humanité si, grâce à l’effort concerté de toutes les

bonnes volontés, les centaines de millions de femmes de toutes les régions

du monde pouvaient enfin mettre au service de toutes ces grandes causes,

notamment, celle de la réconciliation dans les familles et la société, non

seulement leur force numérique, mais aussi l’apport irremplaçable de leurs

dons d’intelligence et de cœur ! Cette espérance, nous l’avons évoquée à

l’occasion de la Journée mondiale de la paix. ».22 Cela a une résonance toute

particulière dans le cadre de cette Année Sainte. Dans la famille comme

éducatrice et dans tous les secteurs de la société, les femmes chrétiennes ont

un apport irremplaçable à fournir à la Paix du monde et à la construction

d’une société plus juste et plus fraternelle. Sans cet apport spécifique, le

Saint Père est convaincu que le progrès ne sera pas pleinement humain.

L’avenir de la société civile et de la communauté ecclésiale attend beaucoup

des femmes chrétiennes en raison de leur sensibilité et de leur capacité de

compréhension, de leur douceur et de leur persévérance, de leur générosité

et de leur humilité. Ces vertus si bien accordées à la psychologie féminine,

et magnifiquement épanouies dans la Vierge Marie, sont aussi des fruits de

l’Esprit.23 Afin que les femmes puissent être de puissants artisans de paix, le

Saint Père insiste sur l’importance de l’éducation, de la lutte contre

l’analphabétisme, qui joue un rôle néfaste, surtout chez les femmes des

régions rurales, en faisant obstacle à leur développement et en portant 22 cf. DC, 1975, n° 1667, p. 15.23 Paul VI, Allocution au Comité pour l’Année Internationale de la femme, DC, 4 mai 1975, n° 1675. p 403- 404.

31

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atteinte à leurs droits essentiels ; et le Pape de rappeler l’Encyclique

Populorum Progressio, du 26 mars 196724 dont nous fêtons le quarantième

anniversaire durant ce mois de mars 2007 : « La faim d’instruction n’est pas

moins déprimante que la faim d’aliments : un analphabète est un esprit sous

alimenté. » n° 35

Recevant, le 18 septembre 1975, les participantes à la XIème Assemblée

Générale de l’Union Européenne Féminine qui s’était réunie à Frascati, sous

la présidence de Mme Diana Ellis (Angleterre), Paul VI leur a adressé une

allocution : « Votre visite est un témoignage de votre attachement à l’Eglise

du Christ, infatigable promotrice des valeurs humaines et chrétiennes, sans

lesquelles la société risque bien de connaître l’aventure ! » Le Pape félicite

chaleureusement cette délégation pour le travail accompli depuis vingt ans

au sein de l’Union Européenne Féminine et affirme : « Vous avez

certainement contribué à ouvrir les chemins d’une large reconnaissance du

rôle de la femme dans la vie civique et politique en vos différents pays

d’Europe. Votre culture, votre foi, vos responsabilités souvent très élevées

vous imposaient ce devoir. Vous avez eu le courage de ne pas vous

dérober »… « Nous vous exhortons à poursuivre la route commencée avec

réalisme et patience, mais aussi avec la foi et la charité de disciples du

Christ. Et le monde et l’Eglise verront la femme assumer, aux diverses

instances de la vie de son Pays, sa part indispensable de réflexion, de

décision et d’action. Et puisque nous nous adressons à des femmes

européennes, assurément bénéficiaires25 d’une civilisation longuement

imprégnée par le christianisme, mais également concernées par les multiples

aliénations sécrétées par la vie moderne, nous ne craignons pas d’inviter

toutes les femmes à s’engager plus que jamais pour sauvegarder les droits

imprescriptibles de la personne humaine, depuis sa conception jusqu’à son

dernier souffle. De cette manière, vous contribuerez à humaniser davantage

notre société dominée par la technique. C’est un besoin profond dont

l’urgence se fait sentir toujours plus vivement. »

De nouveaux mots apparaissent dans cette allocution : développement,

alphabétisation, élévation, progrès qualitatif et paix ; le Saint Père pense que 24 Encyclique Populorum Progressio, n° 35.25 Paul VI, Allocution à l’Union Européenne Féminine, le 18 septembre 1975, DC n° 1687,7 décembre 1975, p 1025.

32

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la promotion des peuples passe par le rôle éducatif de la femme et par sa

propre promotion, il propose alors comme solide point de référence la figure

de la Très Sainte Vierge, « Elle peut être considérée comme le miroir

reflétant les espérances des hommes et des femmes de notre temps. »

5 - L’ENCYCLIQUE « HUMANAE VITAE » : LA CONSIDERATION

POUR LA FEMME PASSE PAR DES CONSIGNES D’ETHIQUE

L’encyclique « Humanae Vitae » sur le mariage et la régulation des

naissances est un document pontifical qui suscite de vives réactions dans le

monde et, spécialement, en France. Paul VI, dès le 23 juin 1964, est

préoccupé par le problème de la régulation des naissances. Pour lui, c’est

une question extrêmement délicate et complexe sur laquelle en raison de ses

implications religieuses et morales, il revient à plusieurs reprises. Avant

d’aborder cette question, le Pape a rappelé aux médecins gynécologues26 :

« Nous avons l’obligation de parler, c’est une question d’actualité. Nous

savons que vous attendez de nous une parole décisive sur la pensée de

l’Eglise à ce sujet ». Paul VI montre l’intérêt suprême que l’Eglise porte aux

questions concernant l’amour, le mariage, les naissances et la famille.

Avant de se prononcer sur la régulation des naissances, le Saint Père prend

de nombreuses précautions et Il affirme qu’il a examiné attentivement les

questions doctrinales et pastorales soulevées par ce sujet au cours de ces

dernières années. Il veut les étudier à la lumière des données de la science et

de l’expérience, particulièrement sur les plans médical et démographique,

pour donner au problème sa vraie et bonne solution, celle-ci doit être

intégralement humaine, c'est-à-dire morale et chrétienne. Pour mener à bien

cette réflexion, le Pape fait appel à une commission internationale vaste,

variée et très compétente. Cette commission se réunit en plusieurs sessions,

fournit un gros travail et remet ses conclusions au Pape, mais celui-ci ne

considère pas ce travail comme définitif, du fait que la question de la

régulation des naissances comporte de graves implications tant sur le plan

doctrinal que pastoral ou social. L’ensemble des recherches de la

commission fait apparaître l’énorme complexité et la redoutable gravité de

26 DC 1969 n° 1427 col. 817.

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la question de la régulation des naissances. Après avoir remercié tous ceux

qui ont contribué à cette étude, le Pape ose dire : « Cela impose à Notre

responsabilité un supplément d’étude27. »

Le 12 février 1966, dans son allocution aux congressistes du Centre Italien

Féminin28, le Saint Père affirme : « qu’il ne lui est pas encore possible de

sortir de sa réserve sur ce qui concerne le grave et complexe problème

des normes relatives aux naissances ». Faisant de nouveau allusion à la

Commission Pontificale Spéciale qui a été chargée d’approfondir l’étude de

la question des naissances, il précise que le Magistère de l’Eglise peut

proposer des règles morales seulement lorsque il est certain d’interpréter la

Volonté de Dieu. Pour arriver à cette certitude, l’Eglise n’est pas dispensée

de faire des recherches ni d’examiner les nombreuses questions soumises à

sa considération. Les travaux, avoue le Pape, sont parfois longs et difficiles.

La préparation de l’Encyclique dure quatre ans et le Pontife dans une

allocution d’audience solennelle du 31 juillet 1968, Où il présente

l’Encyclique, sa préparation, son but et son esprit, ose dire :

« L’élaboration de cette étude Nous a fait beaucoup souffrir spirituellement.

Jamais Nous n’avons senti comme en cette circonstance le poids de notre

charge. Nous avons étudié, lu, discuté autant que nous avons pu, et nous

avons beaucoup prié. Nous devions répondre à l’Eglise, à l’humanité

entière. Nous devions, par devoir et aussi par liberté de Notre charge

apostolique, évaluer une tradition non seulement séculaire, mais récente,

celle de nos trois prédécesseurs. Nous étions obligé de faire nôtre

l’enseignement du Concile, que nous avions nous-même promulgué.

Nous étions enclin à pouvoir accueillir, jusqu’où Nous pensions pouvoir le

faire, les conclusions de la Commission instituée dès 1963 par le Pape Jean

et élargie par Nous-même mais, en même temps, Nous devions faire preuve

de prudence. Nous n’ignorions pas les vives discussions nées de tant de

passion et d’autorité… Nous entendions les voix si puissantes de l’opinion

publique et de la presse. Nous écoutions les voix des plus faibles, mais

beaucoup plus pénétrantes pour notre cœur de père et de pasteur, de tant de

personnes, de femmes très respectables, harcelées par le difficile problème

27 DC 1964 n° 1427 col. 1924.28 DC 1966 n° 1462 p 405-411 du 12 février 1966.

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et encore plus par leur difficile expérience… Combien de fois, Nous avons

tremblé devant le dilemme d’une facile condescendance aux opinions

courantes, ou bien d’une sentence mal supportée par la société actuelle ou

qui fut arbitrairement trop lourde pour la vie conjugale…. Nous avons mis

Notre conscience dans la pleine et libre disposition à la voix de la vérité,

cherchant à interpréter la règle divine que Nous voyons surgir de l’exigence

intrinsèque de l’amour humain authentique, des structures essentielles de

l’institution du mariage, de la dignité personnelle des époux, de leur mission

au service de la vie, comme de la sainteté du mariage chrétien. Nous avons

réfléchi sur les éléments stables de la doctrine traditionnelle de l’Eglise,

spécialement sur les enseignements récents du Concile Vatican II.

Nous avons pesé les conséquences de l’une et l’autre décision et Nous

n’avons plus de doute sur notre devoir de nous prononcer dans les termes

exprimés par la présente encyclique.29» Paul VI affirme avoir mené ce

travail dans un grand esprit de charité et dans une sensibilité pastorale

envers ceux qui sont appelés à épanouir leur personnalité dans la vie

conjugale et dans la famille.

Ce sont les numéros 14 et 17 de l’Encyclique qui marquent les points de

controverse. Après avoir présenté les principes doctrinaux de l’amour

conjugal et ses caractéristiques, fondés sur une vision globale de l’homme,

le Saint Père affirme que l’amour conjugal exige des époux une conscience

de leur mission de « paternité responsable » dans le respect de la nature et

des finalités de l’acte matrimonial. L’acte conjugal imposé au conjoint sans

égard à ses conditions ni à ses légitimes désirs, n’est pas un véritable acte

d’amour et contredit, par conséquent, une exigence du bon ordre moral dans

les rapports entre époux30.

Dans le paragraphe n° 14, le Saint-Père explicite la morale chrétienne en

écrivant : « En conformité avec les points fondamentaux de la conception

humaine et chrétienne du mariage, nous devons encore une fois déclarer

qu’il est absolument à exclure, comme moyen licite de régulation des

naissances, l’interruption directe du processus de génération déjà engagé, et 29 Paul VI, préparation, but et esprit de l’encyclique, Allocution prononcée le 31 juillet 1968, à l’Audience générale DC du 1e septembre 1968, n° 1523 pages 1457 à 1459.30 n° 13 de Humanae Vitae, édition du Centurion p 36

35

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surtout l’avortement directement voulu et procuré, même pour des raisons

thérapeutiques ».31 Est pareillement à exclure, comme le Magistère de

l’Eglise l’a plusieurs fois déclaré, « la stérilisation directe, qu’elle soit

perpétuelle ou temporaire, tant chez l’homme que chez la femme ».32

Est exclue également toute action qui, soit en prévision de l’acte conjugal,

soit dans son déroulement, soit dans le développement de ses conséquences

naturelles, se proposerait comme but ou comme moyen de rendre impossible

la procréation.33

On ne peut invoquer comme raisons valables pour justifier des actes

conjugaux rendus intentionnellement inféconds, le moindre mal ou le fait

que ces actes constitueraient un tout avec les actes féconds qui ont précédé

ou qui suivront, et dont ils partageraient l’unique et identique bonté

morale… Il n’est pas permis, même pour de très graves raisons, de faire le

mal afin qu’il en résulte du bien34, c'est-à-dire de prendre comme objet d’un

acte positif de volonté ce qui est intrinsèquement un désordre et par

conséquent une chose indigne de la personne humaine, même avec

l’intention de sauvegarder ou de promouvoir les biens individuels, familiaux

ou sociaux.

C’est donc une erreur de penser qu’un acte conjugal rendu volontairement

infécond, et par conséquent intrinsèquement déshonnête, puisse être rendu

honnête par l’ensemble d’une vie conjugale féconde ».

Le Saint-Père souligne la licéité des moyens thérapeutiques, ceux-ci peuvent

être employés pour soigner les maladies même si l’on prévoit qu’il en

résultera un empêchement à la procréation, pourvu que cet empêchement ne

soit pas, pour quelque motif que ce soit, directement voulu.35

Paul VI reconnaît la licéité du recours aux périodes infécondes, pour lui, il

ne faut pas recourir au contrôle artificiel des naissances, mais il est possible

31 Cf. Catéchisme Romanus Concilii Tridentini 2ème partie, ch.VIII ; Pie XI Enc. Casti Connubii, AAS 22, 1930, PP5628564 .Pie XII, Discorsi e Radiomessaggi VI, 1944, pp.191-192 ; Jean XXIII, Enc. Pacem in Terris, 11 avril 1963, AAS 55, 1963, pp., 259-260 ; Gaudium et Spes, n° 51.32 Cf.Pie XI, Enc. Casti Connubii, AAS 22, 1930, p.565 ; Décret du Saint-Office, 22 février 1940, AAS 32, 1940, p.73 ; Pie XII, AAS 43, 1951, pp. 8436-844 .AAS 50, 1958, pp 734-735.33 Jean XXIII, Enc. Mater et Magistra, AAS 53, 1963, p.447.34 Cf. Rom. 3, 8.35 Cf. Pie XII, Alloc. Au Congrès de l’Association italienne d’urologie, 8 octobre 1953 ; AAS 45, 1953, pp.674-675.

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pour les espacer, l’Eglise enseigne qu’il est alors permis de tenir compte des

rythmes naturels, inhérents aux fonctions de la génération, pour user du

mariage dans les seules périodes infécondes et régler ainsi la natalité sans

porter atteinte aux principes moraux .

Le Pape voit de graves conséquences dans l’utilisation des méthodes de

régulation artificielle de la natalité, particulièrement une voie de facilité qui

ouvrirait ainsi à l’infidélité conjugale et à l’abaissement général de la

moralité. De plus, pour Paul VI, les risques d’abus sexuels pourraient être

plus nombreux vis-à-vis des femmes ; Il écrit au n°17 : « On peut craindre

aussi que les hommes en s’habituant à l’usage des pratiques

anticonceptionnelles, ne finissent par perdre le respect de la femme et sans

plus se soucier de l’équilibre physique et psychologique de celles-ci, n’en

viennent à la considérer comme un simple instrument de jouissance égoïste,

et non plus comme leur compagne respectée et aimée. » Le Pape

conclut: « L’Eglise en défendant la morale conjugale dans son intégralité,

sait qu’Elle contribue à l’instauration d’une civilisation vraiment humaine ;

Elle engage l’homme à ne pas abdiquer sa responsabilité pour s’en remettre

aux moyens techniques, elle défend par là même la dignité des époux. »

n° 18.

Cette Encyclique, dès sa publication a suscité en France de multiples

commentaires et des réactions passionnées. Interrogés de toute part, les

évêques ont attendu leur Assemblée plénière de Lourdes pour donner une

réponse collective sous la forme d’une note pastorale de l’Episcopat

français, courant novembre 1968. Ce document resitue l’Encyclique à la

suite de l’ensemble de l’enseignement du Concile sur l’amour conjugal et

son expression, sur la procréation et l’éducation des enfants, sur la

responsabilité des parents devant Dieu en rappelant les n° 49 et 50 de

Gaudium et Spes, la Constitution pastorale dans l’Eglise de ce temps.

Si l’intervention du Pape a provoqué de tels remous, c’est sans doute parce

qu’il aborde ce qui touche à la source même de la vie et que la civilisation

est actuellement en pleine crise de croissance. Les progrès sont

considérables et transforment la condition humaine. Les sciences confèrent

une emprise étonnante sur la création et même sur l’homme. Et, pour la

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question qui nous préoccupe, les recherches sur l’amour et la sexualité ont

ouvert des perspectives nouvelles sur leur signification réciproque.

Comment, loin d’être asservi par ses propres conquêtes, l’homme y

trouvera-t-il l’occasion d’exercer une maîtrise éclairée et courageuse de sa

condition ? Dans quelle mesure peut-il user de l’extraordinaire puissance

que lui donnent ces découvertes pour agir sur lui-même ?

Les évêques concluent ainsi leur note, n° 23 : « Ce que le Pape crie à

l’humanité, c’est que l’homme est créé à l’image de Dieu. Rien de

pleinement humain ne peut être résolu par les seules techniques : l’amour

est de l’ordre du mystère, et doit être abordé avec l’infini respect dû à la

personne humaine. Autour du mariage et de l’amour se joue un des combats

les plus décisifs de notre temps. De son issue dépendent l’homme et la

société de demain. »

Beaucoup ont parlé de l’Encyclique du courage au service de la vie

humaine, c’est l’une des images fortes que je garde de Paul VI.

La régulation des naissances ne peut se faire que dans des couples

conscients de leur responsabilité, suffisamment éclairés des rythmes

biologiques de la femme et respectueux de l’un et de l’autre ; dans la lettre

adressée au Président des Semaines Sociales, le Pape montre bien qu’elle

doit être la dynamique qui informe la vie du couple.

Toujours préoccupé par les problèmes d’éthique, le Saint-Père, envoie une

lettre pontificale à Monsieur Alain Barrère, Président des Semaines

Sociales, pour la 59ème Session qui se tenait à Metz du 4 au 9 juillet 1972,

dont le thème était : « Couples et familles dans la Société d’aujourd’hui ».

Conscient de l’évolution des mentalités, due au développement industriel, à

la recherche du capitalisme et du matérialisme, le Saint-Père invite les

participants du Congrès à «cerner, selon une nouvelle approche, les relations

constitutives du couple et de la famille. Dans les rapports entre époux, à

l’heure où l’on tend heureusement à mettre en valeur les responsabilités

communes de l’homme et de la femme, dans divers secteurs de la vie

familiale, professionnelle, sociale, politique, il importe d’autant plus de bien

situer ce qui constitue leur différence mutuelle et profonde. Il serait irritant

d’en faire une théorie à partir du pur dimorphisme sexuel ; mais il y a sans

doute beaucoup de lumière à espérer d’une recherche qui montrerait

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comment l’être corporel de chacun manifeste deux manières très originales

de réaliser l’être humain dans le monde, selon le dessein primordial du

Créateur : Il les créa homme et femme (Gn 1, 27). Certes, la culture

intervient toujours pour donner son expression et sa signification à cette

différence naturelle. Mais à considérer cette différence comme un simple

produit de l’histoire, on méconnaîtrait la réalité : histoire et nature sont

intimement mêlées. »

Paul VI précise ensuite : « N’est-il pas dans l’union de l’homme et de la

femme, le problème fondamental des rapports humains, et du donné naturel

qui se profile et qui trouve ainsi sa haute expression ? Ici, l’activité

créatrice, la liberté, le rapport personnel à autrui sont vécus à travers les

relations corporelles de deux êtres complémentaires, et, dans cette condition

charnelle maîtrisée, l’homme est appelé à retrouver l’unité mystérieuse et

féconde de l’esprit et du corps. Peut-être l’approfondissement d’une telle

réalité qui marque au-delà de l’histoire de chaque foyer, la marche de toute

l’humanité, éviterait-elle de dissocier ou d’opposer éthique de la nature et

éthique de la liberté personnelle, la première s’attardant à ne voir que le côté

biologique de l’homme, et la seconde s’engageant dans des voies marquées

d’un dangereux subjectivisme.

C’est à travers la même anthropologie réaliste que devra être surmonté un

autre dilemme : dilemme entre l’être personnel et l’être social, entre

l’autonomie de chacun des époux et l’unité de leur couple, entre leur

différence fondamentale et leur égalité foncière. N’est ce pas dans l’accueil

d’un autre différent de soi, dans la collaboration intime par des voies

complémentaires, que peut se réaliser une profonde communion des

personnes ?

Une telle unité, entre le corps et l’esprit, entre la personnalité de l’homme et

celle de la femme, n’est-ce pas une donnée acquise au départ et une fois

pour toutes ? Elle trouve son terrain de réalisation tout au long d’une vie et

elle reçoit un stimulant indéniable dans la décision d’une union fidèle et

indissoluble, comme dans l’Institution qui la garantit. Cette unité à faire par

chacun, grâce à une réflexion pratique qui éclaire au jour le jour chacun des

39

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choix de l’histoire du couple et de la famille ».36L’ensemble de ce texte est

magnifique. Il met bien en évidence ce qui constitue la relation du couple ;

c’est dans la différence fondamentale et l’égalité foncière que doit se vivre

et se construire l’amour de l’homme et de la femme.

Dans une homélie prononcée le 29 juin 1978, Paul VI dresse le bilan de son

Pontificat, rappelant l’engagement qu’il a pris en citant les paroles mêmes

de l’Apôtre « J’ai combattu le bon combat ; j’ai terminé ma course, j’ai

conservé la foi ». Il poursuit, en rappelant ses encycliques et ses

exhortations les plus importantes, parmi lesquelles, il place Humane Vitae,

sur la valeur de la vie et de l’amour humain et il écrit : « La défense de la

vie doit commencer aux sources mêmes de la vie humaine. Ce fut là un

grave et clair enseignement du Concile qui, dans la Constitution Gaudium et

Spes, avertissait que la vie doit être sauvegardée avec un soin extrême dès la

conception : l’avortement et l’infanticide sont des crimes abominables.37

Nous n’avons fait que rappeler cette consigne. Ces affirmations, nous les

avons faites uniquement en vertu de notre responsabilité suprême lorsqu’il y

a 10 ans, soit le 25 juillet 1968, nous avons publié l’Encyclique Humanae

Vitae.

Ce document était inspiré par l’enseignement intangible de l’Evangile, qui

confirme les normes de la loi naturelle et les exigences absolues de la

conscience sur le respect de la vie, dont la transmission est confiée à la

paternité et à la maternité responsables. Ce document revêt aujourd’hui une

actualité nouvelle et plus urgente encore, devant les atteintes portées par les

législations publiques à la sainteté indissoluble du lien du mariage et

l’intangibilité (au caractère sacré) de la vie humaine dès le sein maternel…

Il est écrit pour le bien du genre humain ».38

36 Paul VI, Lettre pontificale au Président de la 59ème session des Semaines Sociales de France à Metz du 4 au 9 juillet 1972. DC du 6-20 août 1972, n° 1614, pp. 716 à 719.37 Gaudium et Spes n° 51.38 Macchi Pasquale, dans l’intimité de Paul VI, méditations inédits et testament, traduction de Mahieu Patrice, Médiaspaul, avril 2006 p 45 et 45, 101 pages.

40

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2ème PARTIE

RECONNAISSANCE DE LA MISSION APOSTOLIQUE

DE LA FEMME

Paul VI, nouvellement élu Pape, déclare le 3 juillet 1963 aux Présidentes

diocésaines de l’Union Féminine d’Action Catholique Italienne réunies à

Rome pour une session d’études sur l’apostolat et la pastorale : « Quoi de

plus admirable que l’amour maternel ! Il peut, d’une certaine manière, être

comparé à l’amour pastoral. Dans ce sens, les femmes catholiques peuvent

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dire: « Nous sommes prêtes, nous aussi, à entrer dans le courant de cette

charité supérieure ; nous voulons, nous aussi, être toujours si proches de

l’Eglise et de ses pasteurs que nous soyons capables de lui apporter

n’importe quelle collaboration ». Aucune d’entre vous, ajoute-t-Il en

souriant, ne prétend avoir l’investiture canonique, fondement indispensable

de la vie pastorale, car elle suppose un mandat d’en haut ; mais l’esprit, oui.

C'est-à-dire que vous désirez sûrement nourrir vos âmes, vos pensées et vos

actions de ce grand amour, officium amoris, qu’est la vie pastorale. C’est un

devoir sublime que d’aimer, servir, sanctifier les âmes, vouloir pour elles

tout ce qui est possible de leur donner ». Paul VI insiste ensuite sur

l’évolution de l’Eglise qui n’est pas une personne isolée, mais devient une

grande famille qui se réunit autour du prêtre. Il montre que les femmes

catholiques sont devenues en quelque sorte les assistantes de toute la famille

spirituelle. Pour illustrer sa pensée, il évoque le passage des Actes des

Apôtres qui présente le témoignage de Lydie, la marchande d’étoffes

précieuses, qui offrit l’hospitalité à Paul et Silas dans sa maison. Les

militantes d’action catholique, peuvent être considérées comme des

collaboratrices diligentes des pasteurs. « Les femmes catholiques osent

descendre dans le concret, dans le réel. Elles ne se contentent pas de

formules purement polies, aimables, compatissantes, mais elles entrent dans

le vif des initiatives excellentes et de l’assistance positive et féconde ».

1 – LES FEMMES PORTENT LE SOUCI DE L’ EVANGELISATION

DANS TOUS LES SECTEURS DE LA VIE HUMAINE

Dans son allocution du 12 février 1966, aux Congressistes de Centre Italien

Féminin, Paul VI formule le souhait suivant : « Nous voulons exprimer une

fois encore le vœu que toutes les femmes italiennes qui ont à cœur

d’affirmer l’efficacité des valeurs morales et spirituelles du christianisme et

de la tradition civile de notre peuple dans la vie moderne, qui veulent

imprimer à la présence de la femme, dans la société, un caractère intelligent,

42

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positif et fort, voudront donner leur franche adhésion à la formule pour

laquelle milite le Centre Féminin Italien. »39

Dans l’ensemble de ses interventions, le Souverain Pontife a le souci d’une

action évangélisatrice très large et capable de toucher tous les secteurs de la

vie humaine. Pour lui, la mission ne se limite pas à des cercles choisis et

privilégiés, mais elle doit transformer toutes les structures sociales et

politiques. Il convient d’être effectivement « Sel de la Terre ».

Paul VI dans son discours à la Fédération Mondiale des Jeunesses

Féminines Catholiques du 4 avril 1964 précisait que : « C’est dans les

humbles tâches de la vie quotidienne qu’il s’agit d’inscrire la dimension

universelle, de la vraie catholicité, inspirées par la charité chrétienne. Nous

sommes heureux de vous accueillir chez Nous et de vous exprimer Notre

satisfaction de vous voir engagées.

Quelle responsabilité l’Eglise ose confier à votre jeune âge ; de quelle

mission apostolique elle vous charge dans le monde ; quelle confiance elle

vous fait ! Elle sait de quelles grandes choses vous êtes capables, Elle

connaît la générosité qui vous anime, la flamme qui vous brûle ! Ne

rougissez jamais du nom de chrétien, soyez fières d’appartenir à l’Eglise

catholique. Où que vous soyez et travaillez, faites en sorte que le monde se

renouvelle à votre contact et que le Seigneur soit plus présent aux hommes,

l’Evangile plus connu et plus aimé par eux ! »

Le Saint-Père a adressé une lettre à l’Archevêque de Melbourne,

Monseigneur James Robert Knox, à l’occasion de la Conférence du Conseil

Australien des organisations des femmes catholiques qui s’est tenu du 12 au

19 octobre 1969: « Nous ne pouvons laisser passer l’occasion de la 24ème

Conférence du Conseil Australien des femmes catholiques sans envoyer un

message de salut et d’encouragements paternels … Nous vivons une période

de l’histoire où l’égalité fondamentale des femmes avec les hommes, leur

droit et leur devoir de prendre une part active à la vie publique, la

contribution particulière et irremplaçable qu’elles peuvent apporter au bien-

être politique, social et culturel de l’humanité sont reconnus comme sans

doute jamais auparavant. Conscients du rôle sans cesse croissant que les

39 DC 12 Février 1966, n° 1462, p 405 – 406.

43

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femmes jouent dans la vie tout entière de la Société, le Second Concile a

déclaré qu’il était très important qu’elles apportent également un concours

accru dans les divers domaines de l’apostolat de l’Eglise Apostolicam

actuositatem art.940… Le monde a besoin de l’exemple de leur amour

désintéressé pour que la sainteté du mariage soit maintenue, de leurs

conseils et de leurs prières pour que les valeurs de l’éducation chrétienne

soient actualisées, de leur vigilance dévouée pour que la dignité et

l’autonomie de la famille soient défendues… Il n’est aucune sphère de

l’activité humaine qui ne puisse être irradiée par le pouvoir bienfaisant de la

femme. A notre époque de haute technologie, c’est à la femme qu’il revient

de veiller à ce que notre race ait un avenir sûr et humain.

Grâce à leur exemple, à leurs paroles et à leurs activités, les femmes

indiquent la route que l’humanité doit prendre en ce siècle de

transformation. Qu’elles tirent leur inspiration de la prière et du Message de

l’Evangile, restant tout près du Sauveur dans leurs peines et dans leurs

joies : lorsque les soldats regardaient Celui qu’ils avaient transpercé, une

femme se tenait près de la croix, l’âme transpercée par un glaive.

Et ce fut une femme aussi qui, se tenant tout près du tombeau, fut la

première à voir le Christ ressuscité et à apporter la joyeuse nouvelle de sa

glorification41. Voilà les pensées qui animent le cœur de Paul VI et qui

révèlent l’importance du rôle que peuvent jouer les femmes à la fois dans

leur foyer, dans la Société et au service de toute l’humanité. Le Saint-Père a

une conception très large de l’évangélisation et donne à toute l’action

humaine une dimension sacrée, ce qui engendre un regard positif de la

religion et la fait percevoir comme un souffle dynamisant, cela est très

stimulant et oblige à ouvrir les horizons.

Le Chef de l’Eglise insuffle un esprit apostolique qui touche toute la vie et

conçoit la mission moins comme une fonction, qu’une façon d’être. L’action

apostolique transcende l’institutionnel et vise à travers toutes sortes

d’activités à témoigner du message de l’Evangile. Cependant, le Pape sera le

40 Paul VI, Allocution au Comité pour l’Année Internationale de la femme, DC du 4 mai 1975, n° 1675, p 403.41 Paul VI, Lettre à l’Archevêque de Melbourne, Australie, DC, 7 décembre 1969, n°1552. col.1060 et 1061.

44

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premier Pontife à inviter des femmes au Concile Vatican II. C’est ce que

nous allons voir.

2 - PARTICIPATION DES FEMMES AU CONCILE VATICAN II

Au cours de la 53ème Congrégation générale des travaux du Concile sur le

schéma « De Ecclesia »42, le Cardinal Suenens (Malines-Bruxelles) a

regretté : « Que les charismes des fidèles n’aient pas été assez pris en

compte… Dans l’Eglise se trouvent non seulement les apôtres, mais les

prophètes comme François d’Assise, et les docteurs comme saint Thomas. »

C’est alors que les pères conciliaires ont souhaité que le chapitre traitant du

Peuple de Dieu mette largement en évidence les dons du Saint-Esprit dans

l’Eglise et montre l’harmonie de la structure ministérielle et de la

configuration charismatique de celle-ci. Pour manifester de façon concrète

la conviction du Concile dans ce domaine, les pères ont souhaité que le

nombre des auditeurs laïcs soit augmenté et que leur recrutement soit

élargi ; que des femmes soient appelées parmi eux, car elles représentent

la moitié de l’humanité. Que soient appelés enfin des représentants des

religieux non prêtres et des religieuses. Dès le 28 octobre 1963, le Frère

Joseph Nicet, Supérieur des Frères des Ecoles Chrétiennes était nommé

expert au Concile. C’est dans une réponse aux vœux de Nouvel An à la

Fédération Mondiale des Jeunesses Féminines, que le Saint-Père dit avoir

été particulièrement sensible à la part prise par la prière pour le Concile par

les jeunes filles catholiques du monde entier, et à l’intérêt porté à ces

travaux. Quant au désir exprimé que des auditrices puissent assister, elles

aussi, aux séances conciliaires, on ne manquera pas de l’étudier en temps

opportun.43

Paul VI, dans une allocution prononcée le 8 septembre 1964, en la fête de la

Nativité de Marie, a affirmé : « Nous croyons que le jour est venu où il faut

mettre en plus grand honneur la vie religieuse féminine et lui donner une

plus grande efficacité. Et nous croyons que cela peut se faire en

perfectionnant les liens qui unissent la vie religieuse à la vie de l’Eglise 42 DC. 1er Décembre 1963, n°1413, Sur le peuple de Dieu et spécialement des laïcs, p 1565.1566.43 DC. 19 avril 1964, n°1422 p 499.

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entière. Nous vous ferons, à ce propos, une confidence. Nous avons donné

des instructions pour que quelques femmes qualifiées et pieuses assistent

comme auditrices à plusieurs cérémonies solennelles et à plusieurs

congrégations générales de la troisième session du IIe Concile Oecuménique

du Vatican, c'est-à-dire aux questions pouvant intéresser particulièrement la

vie de la femme. Nous aurons ainsi, pour la première fois peut-être, présente

dans un Concile Oecuménique, une délégation féminine -peu nombreuse,

bien sûr, mais significative et en quelque sorte symbolique- de vous,

religieuses, d’abord, et ensuite, des grandes organisations féminines

catholiques afin que la femme sache combien l’Eglise l’honore dans la

dignité de son être et de sa mission humaine et chrétienne.44 ». C’est ainsi

que quinze femmes, huit religieuses et sept laïques ont participé à la

troisième et à la quatrième session du Concile, comme observatrices. Il a

fallu cinq ans de travail conciliaire pour enfin comprendre qu’il était

indispensable que des femmes soient présentes dans ce grand mouvement de

renouveau de l’Eglise, c’est un pas en avant bien timide, mais effectif. Les

femmes étaient bien placées pour parler de la famille, du mariage, de leur

mission dans la vie de l’Eglise et de la vie consacrée ; dans ces différents

domaines, elles auraient pu apporter un éclairage pertinent et fondé sur du

vécu. Malgré le petit nombre de femmes impliquées dans le travail de

réflexion et d’aggiornamento, de mise à jour de la vie de l’Eglise dans le

monde de ce temps. Les femmes sont présentes dans la réflexion et certains

textes précisent leur vocation et leur mission. Les pères, à la fin du Concile,

ont adressé des messages spécifiques à diverses catégories de personnes,

sans oublier d’en donner un aux femmes. Nous allons voir maintenant ce

que le Concile dit de la mission spécifique de la femme...

3 - CE QUE DIT LE CONCILE SUR LA SITUATION DES FEMMES

La société de l’homme et de la femme est l’expression première de la

communion des personnes, GS 12 § 4 Dieu n’a pas créé l’homme solitaire :

dès l’origine, « Il les créa homme et femme » ( Gen. 1, 27). Cette société de

l’homme et de la femme est l’expression première de la communion des

44 DC. 20 septembre 1964, n° 1432, p 1170 à 1174.

46

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personnes, car l’homme de par sa nature profonde, est un être social, et sans

relations à autrui, il ne peut ni vivre, ni épanouir ses qualités. »

Le concile fait remarquer qu’il y a égalité foncière de la femme avec

l’homme, MC 730, qu’il existe une égale dignité personnelle de la femme et

de l’homme dans l’amour plénier qu’ils se portent :

GS 49 § 2. « L’amour conjugal conduit les époux à un don libre et mutuel

d’eux-mêmes qui se manifeste par des sentiments et des gestes de tendresse

et il imprègne toute leur vie… L’égale dignité personnelle qu’il faut

reconnaître à la femme et à l’homme dans l’amour plénier qu’ils se portent

l’un à l’autre fait clairement apparaître l’unité du mariage ». C’est pourquoi

toute forme de discrimination fondée sur le sexe est contraire au dessein de

Dieu. GS 29 § 2 souligne : « Toute forme de discrimination touchant les

droits fondamentaux de la personne, qu’elle soit sociale ou culturelle,

qu’elle soit fondée sur le sexe, la race, la couleur de la peau, la condition

sociale, la langue ou la religion, doit être dépassée et éliminée, comme

contraire au dessein de Dieu. Il est affligeant de constater que ces droits

fondamentaux de la personne ne sont pas garantis. Il en est ainsi lorsque la

femme est frustrée de la faculté de choisir librement son époux ou d’élire

son état de vie, ou d’accéder à une éducation et une culture semblables à

celles que l’on reconnaît à l’homme ».

Il existe de nouveaux rapports sociaux entre l’homme et la femme :

Dans l’exposé préliminaire de l’Eglise dans le monde de ce temps, les pères

du Concile ont tenté de cerner la condition humaine dans le monde de ce

temps en mettant en évidence de nombreuses évolutions sociologiques,

psychologiques et culturelles. Ces changements en profondeur entraînent

inévitablement des déséquilibres au niveau des personnes et suscitent de

nombreuses revendications. Dans ce cadre, les femmes, là où elles ne l’ont

pas encore obtenue, réclament la parité de droit et de fait avec les hommes.

GS 29 § 2.

Cette situation peut faire naître des « tensions au sein de la famille dues, soit

à la pesanteur des conditions démographiques, économiques et sociales, soit

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aux conflits de générations successives, soit aux nouveaux rapports sociaux

qui s’établissent entre hommes et femmes.

Le message final du Concile affirme: « L’heure est venue où la vocation de

la femme s’accomplit en plénitude, acquiert dans la communauté une

influence, un rayonnement, un pouvoir jamais atteints jusqu’ici ». MC 730.

Dans le décret sur l’apostolat des laïcs, il est reconnu que : « Les femmes

ont une part de plus en plus active dans toute la vie de la Société, il est

important que grandisse aussi leur participation dans les divers secteurs de

l’apostolat de l’Eglise » AL 9.

Désormais, la femme travaille à présent dans presque tous les secteurs

d’activité et les pères conciliaires précisent dans GS 60 § 3 : « Il convient

qu’elles puissent pleinement jouer leur rôle selon leurs aptitudes propres. Ce

sera le devoir de tous de reconnaître la participation spécifique et nécessaire

des femmes à la vie culturelle et de la promouvoir. »

Hommes et femmes sont appelés à apporter une contribution particulière au

plan de Dieu, c’est ce qu’indique GS 34 §2 : « Les hommes et les femmes,

tout en gagnant leur vie et celle de leur famille, mènent leurs activités de

manière à bien servir la Société, ils sont fondés à voir dans leur travail un

prolongement de l’œuvre du Créateur, un service de leurs frères, un apport

personnel à la réalisation du plan providentiel dans l’histoire .»45

Dans leur hommage aux femmes, les pères conciliaires écrivent : « L’Eglise

est fière d’avoir magnifié et libéré la femme, fait resplendir au cours des

siècles son égalité foncière avec l’homme ». MC 730. A travers ce

magnifique texte, les vertus de la femme sont exaltées et ses fonctions sont

repérées, particulièrement, la mission de mère, mais aussi d’enseignante et

en plus, d’éducatrice : « Vous qui savez rendre la vérité douce, tendre et

accessible, attachez-vous à faire pénétrer l’esprit du Concile dans les

institutions, les écoles, les foyers, dans la vie de chaque jour… La mission

spécifique de la femme est la garde du foyer, l’amour des sources, le sens

des berceaux. Vous êtes présentes au mystère de la vie qui commence, vous

consolez dans le départ de la mort, vous réconciliez les hommes avec la

vie… Epouses et mères de famille, premières éducatrices du genre humain,

45 Johannes XXIII, Pacem in terris, 1963

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dans le secret des foyers, transmettez à vos fils et à vos filles la tradition de

vos pères, en même temps que vous les préparez à l’insondable avenir.

Souvenez-vous toujours qu’une mère appartient par ses enfants à cet avenir

qu’elle ne verra peut-être pas. »

Les pères conciliaires insistent et soulignent : « Qu’il faut permettre à la

mère, dont les enfants surtout les plus jeunes, ont tant besoin, de prendre

soin de son foyer, sans toutefois négliger la légitime promotion sociale de la

femme ». GS 52 §1. Dans le chapitre V de Lumen Gentium, sur l’appel

universel à la sainteté dans l’Eglise est indiqué le chemin de sanctification

des époux. Il est aussi montré que, sous des formes diverses, les veuves, les

femmes célibataires par leur concours contribuent à la sainteté et à l’activité

de l’Eglise » LG 41. Les vierges consacrées, gardiennes de la pureté, du

désintéressement, de la piété, les femmes dans l’épreuve, chrétiennes ou

incroyantes, toutes sont appelées à témoigner et à garder l’audace des

grandes entreprises en même temps à témoigner de la patience et du sens

des humbles MC 730. Nous pouvons constater que le Concile insiste sur

l’égalité entre hommes et femmes et que toutes les formes de

discriminations à l’égard des femmes ne sont pas dans le plan de Dieu. Les

femmes doivent participer à la mission de l’Eglise, dans la société, il existe

de nouveaux modes de relations entre les hommes et les femmes et ces

dernières doivent pouvoir épanouir leurs dons au service de tous. Nous

allons voir que le Pape, à partir du Décret sur l’Apostolat des Laïcs et

d’autres allocutions, encourage et stimule les femmes à prendre part à la

mission de l’Eglise ; « Les laïcs tiennent de leur union même avec le Christ,

le devoir et le droit d’être apôtres. »

4- PARTICIPATION DES LAÏCS A LA MISSION DE L’EGLISE

DANS LE MONDE

Le décret sur l’apostolat des laïcs « Apostolicam actuositatem » est

promulgué le 18 novembre 1965. Ce décret sur l’apostolat des laïcs a été

approuvé en session plénière par la totalité des pères présents, sauf deux, à

savoir, 2340 voix contre 2. Pour la première fois, un Concile consacre la

participation des laïcs à la mission de l’Eglise dans le monde. C’est la

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première charte conciliaire donnée à leur apostolat. Ce texte est à la jointure

entre « Lumen gentium » (chapitres 2 et 4) et « Gaudium et Spes », entre

l’Eglise telle qu’elle-même se pense et l’Eglise telle qu’elle agit dans

l’histoire des hommes. Des paroles simples et solides, qui ouvrent des

chemins. Le n° 9 du décret sur l’apostolat des laïcs reconnaît que les

femmes ont une part de plus en plus active dans toute la vie de la société, et

insiste pour dire, qu’il est important que grandisse aussi leur participation

dans les divers secteurs de l’apostolat de l’Eglise.

Ce décret sur l’apostolat des laïcs concerne aussi bien les hommes que les

femmes, tout est présenté en termes de participation. Les laïcs participent à

la Vie même du Christ par leur baptême et leur confirmation. Ils participent

ainsi à sa triple fonction de prêtre, prophète et roi. Les laïcs participent à la

mission évangélisatrice de l’Eglise et à sa vie. Avec toute l’Eglise, ils ont

mission de faire participer les hommes au salut de Jésus-Christ. L’apostolat

n’est pas un droit à négocier, c’est un devoir pour chacun. « La vocation

chrétienne est aussi, par nature, vocation à l’apostolat » (AL n°2).

La redécouverte fondamentale est celle du baptême. Avant toute analyse,

méthode ou organisation, l’apostolat relève du mystère du Christ. Avant

d’être laïc ou prêtre, nous sommes « chrétiens ». Tous les baptisés forment

le Peuple de Dieu et celui-ci a toujours été organisé, différencié. Ce qui

prime, c’est la mission commune. « Il y a dans l’Eglise diversité de

ministères, mais unité de mission. » (AL n°2).46 Il s’agit de rendre

témoignage au Christ sur toute la terre. L’apostolat est la mission de tout

baptisé. Ce témoignage à rendre au Christ ne peut trouver d’origine et de

source que dans une union vitale avec le Christ. Vie d’intimité avec le

Christ et vie quotidienne sont à mener de pair. Attachement personnel au

Christ et vie familiale ou professionnelle sont à tenir dans la cohérence et

l’harmonie. De plus, une qualité civique est demandée aux laïcs, c’est la

compétence professionnelle. Car la foi ne dispense pas de la qualification

46 Régnier Guy, « L’Apostolat des Laïcs, l’héritage du Concile », Desclée, p 57 à 59, 1985, 234 pages.

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humaine, ni des vertus sociales qui sont le premier témoignage à donner par

chacun.

A l’occasion du IIIème Congrès mondial sur l’apostolat des laïcs, sur le

thème :

« Le peuple de Dieu dans l’itinéraire des hommes. » le dimanche 15

octobre 1967, Sa Sainteté Paul VI a concélébré la messe dans la Basilique

Saint Pierre avec 24 cardinaux et évêques, en présence de 300 participants

au congrès des laïcs et de quatre-vingt-huit observateurs non catholiques. Il

a prononcé une allocution fondamentale sur la place des laïcs dans l’Eglise.

Le Saint Père parle de la reconnaissance de la « citoyenneté » du laïcat dans

l’Eglise. Il veut mettre en évidence les acquisitions doctrinales proclamées

par l’Eglise en cette phase récente de son histoire, notamment au second

Concile œcuménique du Vatican : « L’Eglise a accordé au laïc, membre de

la société à la fois mystérieuse et visible des fidèles, une solennelle

reconnaissance. Voilà, si on peut dire, une reconnaissance ancienne.

L’Eglise a réfléchi sur sa nature, sur son origine, sur son histoire, sur sa

fonctionnalité , et elle a donné au laïc qui lui appartient, la définition la plus

digne et la plus riche : elle l’a reconnu comme incorporé au Christ et comme

participant à la fonction sacerdotale, prophétique et royale du Christ lui-

même, sans pour autant méconnaître sa caractéristique propre, qui est d’être

un séculier, un citoyen de ce monde, d’exercer une profession profane,

d’avoir une famille, de s’adonner, en tout domaine, aux études et aux

intérêts temporels. L’Eglise a proclamé la dignité du laïc, non seulement

parce qu’il est homme, mais aussi parce qu’il est chrétien. Elle l’a déclaré

digne d’être, dans la forme et la mesure convenables, associé aux

responsabilités de la vie de l’Eglise. Elle l’a jugé capable de rendre

témoignage de sa foi. Aux laïcs, hommes et femmes, elle a reconnu la

plénitude des droits ; droit à l’égalité dans la hiérarchie de la grâce ; droit à

la liberté dans le cadre de la loi morale et ecclésiastique ; droit à la sainteté

conforme à l’état de chacun. » Le Pape insiste et assure que l’Eglise durant

le Concile a mis une certaine complaisance à manifester cette doctrine sur le

laïcat, tant sont nombreuses à ce sujet les expressions qui se lisent, se

répètent, s’entrecroisent dans plusieurs des documents conciliaires. Cette

reconnaissance de la « citoyenneté » du laïc dans l’Eglise de Dieu, nous

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vous la redisons ici, heureux de confirmer la parole conciliaire ; heureux de

voir l’aboutissement d’un processus théologique, canonique et sociologique,

désiré depuis longtemps et par beaucoup d’esprits clairvoyants ; heureux de

fonder sur lui les espérances d’une Eglise authentique, rajeunie, rendue plus

apte à accomplir sa mission pour le salut chrétien du monde. Le Saint Père,

reprenant les divers textes du Concile, redéfinit la mission des laïcs. Tout

d’abord, il dit : « Le principe est posé, dans le texte même de la Constitution

dogmatique sur l’Eglise. Les laïcs réunis dans le peuple de Dieu et organisés

dans l’unique Corps du Christ, sous une seule tête, sont appelés, quels qu’ils

soient, à coopérer, comme des membres vivants, au progrès de l’Eglise et à

sa sanctification permanente… A tous les laïcs, par conséquent, incombe la

noble charge de travailler à ce que le dessein divin du salut parvienne de

plus en plus à tous les hommes de tous les temps et de toute la terre. »47

L’Eglise reconnaît donc le laïc, souligne le Pape, non seulement comme

fidèle, mais comme apôtre. Et en ouvrant devant lui un champ presque

illimité, elle lui adresse avec confiance l’invitation de la Parole

évangélique : « Allez, vous aussi travailler à ma vigne » (Matth., 20, 4).

Le décret conciliaire sur l’Apostolat des laïcs, après avoir à son tour posé

fermement le principe que « la vocation chrétienne est aussi, par nature,

vocation à l’apostolat » consacre deux chapitres entiers à détailler les

« divers champs » et les « divers modes » de cet apostolat. Paul VI

reconnaît, devant les membres du congrès des laïcs et des pères du Synode,

« Ces textes vous sont assurément familiers. Qu’il suffise de les avoir

mentionnés pour renforcer dans vos âmes, chers fils et chères filles, la

conviction inébranlable de la réalité de l’appel que l’Eglise vous adresse en

ce milieu du XXème siècle. » Le Pape souligne qu’il ne peut y avoir deux

hiérarchies parallèles dans l’Eglise, le décret sur l’apostolat des laïcs a soin

de rappeler, la structure de l’Eglise telle que le Christ l’a voulue à travers la

diversité des ministères : « C’est aux apôtres et à leurs successeurs que le

Christ a confié la charge d’enseigner, de sanctifier, et de gouverner en son

nom et par son pouvoir. » ( N°.2.)48

47 Const. Lumen Gentium n°3348 Décret sur l’apostolat des Laïcs, n° 3, « Apostolicam actuositatem », Concile Œcuménique Vatican II, Editions du Centurion, 1972,1012 pages.

52

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Les tâches du laïc dans l’Eglise sont multiples et n’exigent pas

nécessairement le caractère sacerdotal. Il y a une nécessaire répartition des

tâches et il est important de délimiter le partage des responsabilités entre le

clergé et les laïcs. Une tâche essentiel du laïc, c’est la « re-sacralisation du

monde », c’est la « Consecratio mundi » ; « Le monde, c’est votre champ

d’action, votre apostolat, chers fils et filles, s’inscrit en opposition aux

courants de « sécularisation », de « laïcisation », de « désacralisation » Le

Concile vous l’a dit et redit : « les laïcs consacrent à Dieu le monde , ils

travaillent à la sanctification du monde, à l’assainissement des institutions et

des conditions de vie dans le monde » .

Ce sont les expressions mêmes des documents conciliaires. Et qu’est-ce que

tout cela, sinon re-sacraliser le monde en y faisant pénétrer ou revenir ce

souffle puissant de la foi en Dieu et au Christ, qui seul peut l’amener au vrai

bonheur et au salut. « Les laïcs doivent assumer comme leur tâche propre le

renouvellement de l’ordre temporel. Il leur appartient de pénétrer d’esprit

chrétien la mentalité et les mœurs, les lois et les structures de leur

communauté de vie. »49 Le Saint Père de continuer : « Nous vous le redisons

avec force : portez au monde d’aujourd’hui les énergies qui lui permettront

d’avancer sur les chemins du progrès et de la liberté, et de résoudre ses

grands problèmes : la faim, la justice internationale, la paix. »

Le Pape insiste sur l’importance de la spiritualité pour vivre la mission du

laïc dans le monde, ce que le Concile a mis en lumière au n° 4 du décret sur

l’Apostolat des laïcs : « Seule votre union personnelle et profonde au Christ

assurera la fécondité de votre apostolat, quel qu’il soit ; le Christ, vous Le

trouvez dans l’Ecriture, dans la participation active à la liturgie de la Parole,

à la liturgie eucharistique. Vous Le trouvez dans la prière personnelle et

silencieuse, irremplaçable pour assurer le contact de l’âme avec le Dieu

vivant, source de toute grâce. »

Sous l’impulsion du Concile Vatican II, Paul VI décrète la création du

« concilium de laicis » en la festivité de l’Epiphanie, le 6 janvier 1967 par le

motu proprio « Catholicam Christi Ecclesiam ». Ce document est centré sur

49 Populorum progressio, n.81.

53

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l’apostolat des laïcs et l’activité de ce Conseil. Les principales attributions

de ce Conseil sont :

- « promouvoir l’apostolat au plan international, se tenir en liaison

avec l’apostolat aux plans national et international ; agir de façon à

devenir un lieu de rencontre et de dialogue au sein de l’Eglise, entre

la hiérarchie et les laïcs entre les diverses formes d’activités des laïcs

dans l’esprit de l’Encyclique « Ecclesiam suam » du 6 août 1964.

- « assister de ses conseils, la hiérarchie et les laïcs sur le plan des

activités apostoliques. »

- « faire des études pour contribuer à l’approfondissement doctrinal

des questions concernant les laïcs et surtout étudier les problèmes se

posant dans le domaine de l’apostolat et notamment de l’insertion

des laïcs dans la pastorale d’ensemble. Ces études pourront donner

lieu à des publications ».

- « donner et recevoir des informations sur l’apostolat des laïcs, et en

outre, constituer un centre de documentation qui pourra fournir des

orientations pour la formation et une aide précieuse à l’Eglise ».

En achevant ce discours clé sur le laïcat, Paul VI profite de la fête de sainte-

Thérèse en ce 15 octobre 1967, pour annoncer que Thérèse d’Avila et sainte

Catherine de Sienne seront proclamées Docteurs de l’Eglise. Dans les

conclusions de ce grand congrès sur l’apostolat des laïcs au paragraphe VI

concernant la femme dans l’Eglise, il est précisé :

Considérant que le baptême, en incorporant les êtres humains, hommes et

femmes, au Christ, les constitue, sans aucune distinction « personnes » dans

le Christ. Rappelant la parole de saint Paul condamnant toute discrimination

entre les êtres humains (Gal. 3, 28). Convaincu que la place réservée à la

femme dans l’Eglise est due à des facteurs sociaux et culturels, et que

l’évolution de la condition féminine va vers une parfaite égalité des droits

entre l’homme et la femme.

Le IIIème Congrès mondial pour l’apostolat des laïcs formule le vœu de

voir accorder à la femme tous les droits et toutes les responsabilités du

chrétien au sein de l’Eglise catholique, et souhaite qu’une sérieuse étude

doctrinale soit entreprise sur la place de la femme dans l’Eglise.

Le Congrès demande en outre :

54

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1. Que des femmes compétentes fassent partie de toutes les

Commissions pontificales ;

2. Que des femmes qualifiées soient consultées au sujet de la

révision des canons qui concernent les femmes, afin que la dignité

féminine soit pleinement reconnue et que soient accordées à la

femme de plus grandes possibilités dans le service de l’Eglise.50

En 1975, le Concile atteint ses 10 ans. Pour les nouvelles générations, il est

déjà une grandeur du passé. Un synode romain est convoqué et la moitié des

participants n’étaient pas au Concile. Le but est de réfléchir : « A l’annonce

de l’Evangile aux hommes de notre temps » Le centre de gravité s’est

déplacé de l’Europe empêtrée dans la sécularisation, vers les jeunes Eglises

d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique Latine. Leurs préoccupations sont d’abord

la première annonce du Message aux païens, mais aussi la christianisation

des cultures indigènes et le dialogue avec les autres grandes religions. Le

débat prend la teinte de l’un des textes les plus remarquables du Concile, le

décret « Ad gentes » sur l’activité missionnaire de l’Eglise. IL semble être

comme une résurgence de cette volonté d’incarnation, exprimée alors en

termes d’acculturation : l’Evangile part à la rencontre d’une culture et se

laisse informer par elle, tout en la transformant.51

Le Synode n’ayant pas réussi à produire un texte final en a chargé le Pape

Paul VI qui lui a donné la forme d’une Exhortation apostolique intitulée

« Evangelii nuntiandi » sur l’évangélisation dans le monde moderne parue

le 8 décembre 1975. Ce sont de magnifiques pages sur la mission des laïcs.

Les laïcs ont un rôle particulier : « Leur tâche première et immédiate n’est

pas l’institution et le développement de la communauté ecclésiale, c’est le

rôle spécifique des pasteurs, mais c’est la mise en œuvre de toutes les

possibilités chrétiennes et évangéliques cachées, mais déjà présentes et

actives dans les choses du monde. 52» 50 Paul VI, Allocution au III e Congrès mondial pour l’apostolat des laïcs, DC. n° 1504 du 5 novembre 1967. pages 1826 à 1883.

51 Régnier Guy, p 11152 Paul VI, Evangelii nuntiandi, Exhortation apostolique, 8 décembre 1975, n°70,

55

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Le Saint-Père ajoute : « Ainsi prend toute son importance la présence active

des laïcs dans les réalités temporelles. Il ne faut pas pour autant négliger ni

oublier l’autre dimension : les laïcs peuvent aussi se sentir appelés ou être

appelés à collaborer avec leurs pasteurs au service de la communauté

ecclésiale, pour la croissance et la vie de celle-ci, exerçant des ministères

très diversifiés, selon la grâce et les charismes que le Seigneur voudra

déposer en eux .53»

Tout est dit avec les habituelles nuances de la pensée de Paul VI. Une Eglise

partie audacieusement à la transformation du monde, s’est redit le cœur de

sa foi et sa mission : acheminer les hommes vers la sainteté de Dieu.

Tout ce que nous venons d’écrire sur la mission des laïcs dans l’Eglise a été

repris dans le Code de Droit Canon de 1983, dans le livre II du Code

intitulé : « Le Peuple de Dieu », dans la première partie où sont définis ce

que sont les Fidèles du Christ, ainsi que leurs obligations et leurs droits.

Dans ce même souci d’évangélisation, le Pape prend l’initiative d’honorer

deux grandes saintes, des femmes exceptionnelles, qui, plus de cinq siècles

après leur mort, donnent encore le témoignage de leur attachement au Christ

et de leur appartenance à l’Eglise. Toutes deux, par leur vie donnée et par

leurs écrits, restent pour l’humanité des prophètes et des phares qui

illuminent nos ténèbres.

5 - PROCLAMATION DE DEUX FEMMES DOCTEURS DE

L’EGLISE

Le dimanche 27 septembre 1970, dans la Basilique Saint-Pierre de Rome,

Paul VI a solennellement décerné le titre de docteur de l’Eglise à sainte

Thérèse d’Avila54 qui devient ainsi la première femme à qui ce titre est

Paris, éd. du Centurion, p. 75.53 n° 73.54 Thérèse d’Avila est née le 28 mars 1515. Fille de Don Lorenzo, elle vécut avec ses huit frères et ses trois sœurs. A l’âge de quinze ans, son père la confia au couvent Notre-Dame des Grâces à Avila. Là naquit l’idée pour elle de devenir religieuse. En 1535, malgré une santé fragile Thérèse de Ahumada entra au Carmel de l’Incarnation. Elle prit l’habit le 2

56

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reconnu dans l’Eglise.55 Voici quelques passages de l’homélie du Saint Père

pour cette proclamation : « Ce titre magistral, nous l’avons confirmé afin de

donner plus d’autorité dans sa famille religieuse, dans l’Eglise qui prie et

dans le monde, à son message toujours actuel : le message de la prière. Et

voilà la Lumière, que nous apporte sainte Thérèse, Lumière rendue plus

éclatante aujourd’hui par le titre de docteur qui lui est conféré. Ce message

de la prière nous arrive à nous, fils de l’Eglise, en une heure où l’on travaille

intensément à la réforme et au renouveau de la Liturgie. Il nous arrive à

nous qui, au milieu du bruit et de l’agitation du monde extérieur, sommes

tentés de céder à l’affairement de la vie moderne et de perdre les vrais

trésors de notre âme en voulant conquérir les séduisants trésors terrestres.56

Ce message de la prière, nous arrive au moment où l’introspection

psychanalytique décompose l’instrument fragile et complexe que nous

sommes, non plus pour en tirer les appels de l’humanité souffrante et

rachetée, mais pour écouter le trouble murmure de son subconscient animal,

le cri de ses passions désordonnées et son angoisse désespérée. Ce simple et

sublime message de la sage Thérèse nous demande de comprendre « le

grand bien que Dieu fait à une âme lorsqu’Il la dispose à désirer et

pratiquer l’oraison mentale ; parce que celle-ci, je pense, n’est qu’une

forme amicale de conversion, où il nous est donné bien souvent de nous

entretenir seul à seul avec Celui dont nous savons qu’Il nous aime ».

(Vida.8, 4-5.).

A ce message Paul VI fait une remarque sur la mission de la femme dans

l’Eglise : sainte Thérèse d’Avila est la première femme à laquelle l’Eglise

confère le titre de docteur. On ne peut pas ne pas penser à ce sévère

novembre 1553, elle put s’offrir totalement à son Divin Epoux qui la favorisa de grâces surnaturelles. Son projet fut de rendre au Carmel sa règle primitive. Elle confia cette œuvre à saint Joseph, Elle rencontra saint Jean de la Croix, qui fonda sous l’incitation de Thérèse, les Couvents des Carmes déchaux. Elle avait 52 ans lorsqu’elle entreprit ses fondations .Elle mourut le 15 octobre 1582 et fut béatifiée en 1614 et canonisée en 1622. Douée du talent de l’écriture, elle est l’auteur de multiples ouvrages mystiques et de spiritualité dont : Le Chemin de la perfection, Le château intérieur ou Les sept demeures, Les fondations et les Constitutions et de nombreux poèmes. Tous ses écrits sont le fruit de son expérience personnelle et de sa rencontre avec Dieu, ils sont là pour nous initier à la vie spirituelle. Elle a été proclamée docteur de l’Eglise par Paul VI le 15 octobre 1970.http://spiritualité3.free.fr/sainte_therese.html;

55

5639 Paul VI, Homélie du 27 septembre 1970, pour la proclamation de sainte Thérèse d’Avila, comme Docteur de l’Eglise, DC. N° 1572, 18 octobre 1970, pages 908 à 909.

57

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avertissement de saint Paul : « Que les femmes se taisent dans les

Assemblées » (1 Cor., 14, 34), ce qui veut dire, aujourd’hui encore, que la

femme n’est pas destinée à avoir dans l’Eglise des fonctions hiérarchiques

de magistère et de ministère. Ce précepte apostolique serait-il violé

aujourd’hui ? Nous pouvons répondre clairement : non. En réalité, il ne

s’agit pas d’un titre qui comporte des fonctions hiérarchiques de magistère.

Mais en même temps, nous devons bien admettre que cela ne signifie en

aucune manière une moindre estime pour la mission de la femme dans le

peuple de Dieu.

Au contraire, lorsqu’elle entre dans l’Eglise par le baptême, la femme

participe au sacerdoce commun des fidèles qui l’habilite et l’oblige à

« professer devant les hommes la foi que par l’Eglise, elle a reçu de

Dieu ».57 Dans cette profession de foi, tant de femmes sont arrivées aux plus

hauts sommets, au point que leurs paroles et leurs écrits sont devenus une

Lumière pour guider leurs frères... Lumière devenue vie d’une manière

sublime pour le bien et le service des hommes. C’est pourquoi le Concile a

voulu reconnaître que les femmes sont appelées à une haute collaboration

avec la grâce divine pour instaurer le Royaume de Dieu sur la terre et en

soulignant la grandeur de leur mission, il n’hésite pas à les inviter à « aider

l’humanité à ne pas déchoir », à « réconcilier les hommes avec la vie », à

« sauver la paix dans le monde. » Vat. II, Message aux femmes58

L’homélie prononcée par Paul VI, le 4 octobre 1970, lors de la proclamation

de sainte Catherine de Sienne59 comme Docteur de l’Eglise, souligne les

57 Lumen Gentium chapitre 2 n°11.58 DC 1966, n° 1462, col. p55-56.

59 Catherine BENINCASA naquit à Sienne le 25 mars 1347 qui était à la fois le dimanche des Rameaux et le jour de l’Annonciation. En 1352, elle eut une vision du Christ Pontife et fit vœu de virginité. A l’âge de quinze ans sainte Catherine revêtit l’habit des sœurs de la Pénitence de saint Dominique (les mantelata) En 1368, après le retour à Dieu de son père et son mariage mystique avec le Christ, Catherine sauva ses frères pendant un coup d’Etat de Sienne. En 1370, elle donna son cœur à Jésus pour l’Eglise. A partir de 1375, elle prit la défense des intérêts du Pape et manifesta son souci de l’unité et de l’indépendance de l’Eglise, ainsi que du retour du Pape d’Avignon à Rome. Elle rencontra le pape Grégoire XI à Avignon. En septembre 1376, elle retourna à Sienne et Grégoire XI prit le chemin de Rome. Catherine continua son service d’ambassadrice du Pape auprès des villes italiennes toujours en pleine ébullition. En 1378, après le décès de Grégoire XI, Urbain VI est élu Pape. Cinq mois après cette élection tumultueuse et les maladresses de l’élu, malgré les

58

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caractéristiques et les thèmes dominants de l’enseignement ascétique de la

sainte : « Catherine semble être la mystique du Verbe incarné, et surtout du

Christ Crucifié. Elle a exalté la vertu rédemptrice du sang adorable du Fils

de Dieu… Ce sang du Sauveur, la sainte le voit se répandre continuellement

dans le sacrifice de la messe et dans les sacrements, grâce au ministère du

prêtre, pour purifier et embellir le Corps mystique du Christ tout entier.

Aussi pouvons-nous dire que Catherine est la mystique du corps mystique

du Christ, c'est-à-dire de l’Eglise. L’Eglise est pour elle une mère

authentique à laquelle on doit soumission, respect et assistance. »

« L’Eglise n’est rien d’autre que le Christ Lui-même », ose-t-elle

écrire60d’où son respect et son amour passionné pour le Pontife romain.

Le Saint Père aime à rappeler l’activité intense de la sainte pour la Réforme

de l’Eglise, ses exhortations s’adressent principalement aux évêques ; elle

dit son indignation pour la paresse de beaucoup d’entre eux, pour leur

silence, alors que le troupeau qui leur est confié se disperse et court à la

ruine. Elle écrit à un haut prélat : « Vous ne pouvez plus vous taire, criez

avec cent mille langues. Parce que vous vous taisez, le monde se corrompt ;

l’Epouse du Christ blêmit parce qu’on lui suce le sang, c'est-à-dire le sang

du Christ »61.

Qu’entendait-elle par renouveau et réforme de l’Eglise ? Certainement pas

le bouleversement de ses structures essentielles, la révolte contre les

pasteurs, la voie ouverte aux charismes personnels, les innovations

arbitraires en matière de culte et de discipline… Elle répète, au contraire,

constamment qu’il faut rendre à l’Epouse du Christ sa beauté, qu’il faut

faire la réforme, non pas par la guerre, mais dans la paix et la tranquillité,

par les humbles et continuelles prières, sueurs et larmes des serviteurs de

Dieu.62 Il s’agit donc pour la sainte d’une réforme d’abord et avant tout

appels à la patience et les mises en garde de Catherine de Sienne, survinrent le Grand Schisme d’Occident et l’élection de l’antipape Clément VII (Robert de Genève). Catherine se battit pour que fût reconnu Urbain VI. La même année 1378, elle commença la rédaction de ses Dialogues. Catherine revint à Rome et y mourut l’âge de 33 ans. Bien que ne sachant pas écrire et ne connaissant pas le Latin, elle laissa derrière elle une œuvre considérable.Appartenant au tiers ordre dominicain, elle fut canonisée en 1461 par le pape Pie II, elle est patronne de l’Italie et a été déclarée docteur de l’Eglise par Paul VI, le 15 octobre 1970 en même temps que sainte Thérèse d’Avila. http://missel.free.fr/Sanctoral/04/29.php

60(Lettre 171, éd. Cit., III, 89) 61 Lettre au Cardinal d’Ostie, édition L. Ferretti, I, 8562 Cf. Dialogo, cap. 15, 86, p.44, 197.

59

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intérieure, puis extérieure, mais toujours dans la communion avec les

légitimes pasteurs du Christ et, dans l’obéissance qui leur est due. Non

contente d’avoir donné un intense et très vaste enseignement de vérité et de

bonté, par sa parole et par ses écrits, Catherine a voulu sceller celui-ci en

offrant sa vie pour le Corps mystique du Christ qui est l’Eglise, elle n’avait

que trente trois ans. De son lit de mort, dans une petite cellule près de

l’Eglise Sainte Maria sopra Minerva, à Rome, entourée de ses fidèles

disciples. elle adressa au Seigneur cette émouvante prière, véritable

testament de foi et d’amour : « Dieu éternel, reçois le sacrifice de ma vie

pour ce Corps mystique de la sainte Eglise. Je n’ai rien d’autre à donner

que ce que tu m’as donné. Prends mon cœur et presse-le contre l’Epoux. »63

Le message de Catherine de Sienne, nouveau docteur de l’Eglise, est donc

celui d’une foi pure, d’un ardent amour, d’un don humble et généreux à

l’Eglise catholique et épouse du divin Rédempteur. Que ce message soit un

exemple pour tous ceux qui se glorifient d’appartenir à cette Eglise.

A travers les deux discours de Paul VI pour la proclamation de Thérèse

d’Avila et de Catherine de Sienne, nous constatons que le visage de ces

deux grandes figures de l’Eglise sont atypiques et ne correspondent pas à

une idée toute faite de la mission de la femme en Eglise. Le Saint-Père

reconnaît les dons de la nature et de la grâce et leurs propres charismes au

service de la vie de l’Eglise, bien que les femmes n’aient pas la possibilité

d’enseigner dans les églises, Il reconnaît que ces deux grandes mystiques

contribuent au développement et à l’approfondissement de la vie spirituelle

et de la prière personnelle par leurs écrits et leurs exemples. L’une et l’autre

ne se sont pas préoccupées de la place qui leur revenait, tout simplement,

elles ont, à partir de leur existence dans l’humble quotidien, tenté de

contribuer à la réforme de la vie religieuse et de créer de nouvelles

fondations de monastères. Ce fut le cas de Thérèse. Catherine, constatant la

crise que traversait l’Eglise, poussée par l’Esprit-Saint s’est sentie investie

d’une mission, celle de prévenir le Pape et les évêques et leur demander de

revenir à l’essentiel : la vie du Christ continuée dans son Eglise, le Corps

mystique. Le Saint-Père, en les proclamant toutes deux docteurs de l’Eglise,

reconnaît officiellement que la mission n’est pas uniquement d’ordre

63 Lettre 371, édition L. Ferretti, V, p. 301-302.

60

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hiérarchique et institutionnel, mais qu’elle est, avant tout, l’œuvre de

l’Esprit-Saint et du charisme. Dans l’ordre de la grâce, les femmes ont une

mission privilégiée.

Nous allons cette fois aborder la troisième partie de notre réflexion sur la

pensée de Paul VI et essayer de comprendre pourquoi ce Pape, qui parle si

positivement de la femme et souhaite la voir impliquée dans la vie, ne s’est

pas prononcé en faveur de leur ordination. Nous tenterons d’analyser les

arguments qu’il met en avant pour conforter sa position de l’exclusion des

femmes dans le sacerdoce. Nous aborderons aussi la pensée des successeurs

de Paul VI, sur la question.

3ème PARTIE

LA QUESTION DES MINISTERES FEMININS DANS LA

VIE DE L’EGLISE

1 – QUE DIT LE MOTU PROPRIO « MINISTERIA QUAEDAM » ?

Le Motu proprio « Ministeria Quaedam » donné à Rome le 15 août 1973

supprime les ordres mineurs. Ces fonctions devront désormais être appelées

« ministères ». Les ministères peuvent être confiés à des laïcs, de telle sorte

qu’ils ne soient plus réservés aux candidats au sacrement de l’Ordre. Les

ministères doivent être maintenus dans toute l’Eglise latine, d’une manière

adaptée aux nécessités d’aujourd’hui, celui de lecteur et celui d’acolyte. Ce

motu proprio spécifie que seuls les hommes peuvent être institués lecteur ou

acolyte, conformément à la vénérable tradition de l’Eglise. Dans l’Eglise

se pose alors, une grande interrogation concernant l’accession des femmes

aux ministères institués, tout ce qui a été dit sur la promotion des femmes,

sur l’égalité des droits et de la dignité en vertu du baptême : « race élue,

61

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sacerdoce royal, nation sainte, peuple racheté » (Petr 2.9), ne semble pas

être pris en compte.

Au cours du Synode sur le sacerdoce ministériel, le Cardinal Flahiff,

Archevêque de Winnipeg est intervenu au nom des évêques canadiens le 11

octobre 1971, où il a été question de la diversité croissante des ministères en

liaison avec les ministères propres aux laïcs. Ce Cardinal remarque, que

personne n’a soulevé la question des ministères des femmes et se pose la

question de savoir si tous les ministères seront réservés aux hommes.

Les arguments en faveur des ministères institués en faveur des hommes sont

les suivants :

a) Le Christ était un homme et non une femme.

b) Il a choisi douze hommes pour être les premiers pasteurs, aucune

femme.

c) Saint Paul a clairement dit que les femmes devaient se taire dans

l’Eglise, donc, elles ne peuvent être ministres de la Parole. ( 1 Co 14,

34.35.).

d) Paul a également dit que la femme ayant péché la première dans

l’Eden ne pouvait pas avoir d’autorité sur l’homme (1 Tim.2, 12.15.)

e) L’Eglise primitive a eu des ministres féminins, en particulier en

Orient et surtout jusqu’au VI ème siècle, mais ces ministères n’étaient

pas ordonnés. Et la conclusion est donc : le ministère est un métier

d’homme. Que les femmes se contentent du sort de la Sainte Vierge

et des autres femmes de l’entourage de Jésus : qu’elles soient les

servantes fidèles et dévouées.

Le Cardinal fait remarquer que cette démonstration ne peut plus être

considérée comme valide aujourd’hui. Nous savons que le sacerdoce de

l’Ancien Testament était uniquement masculin, en réaction contre les

cultes cananéens de la fertilité, dont les sacerdoces étaient surtout

féminins. Nous savons que Jésus ne pouvait pas changer si radicalement,

ni si rapidement l’image sociale de la femme dans la société où Il vivait,

même si déjà saint Paul pouvait dire qu’il n’y a plus ni homme, ni

femme devant Dieu (Ga3/28).

Nous savons également que plusieurs déclarations disciplinaires de Paul

ont seulement une portée sociologique, et non doctrinale, par exemple,

62

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lorsqu’il impose aux femmes de se voiler la tête dans l’Assemblée

chrétienne (1 Co 11, 3-16). Par conséquent, je pense qu’il n’y a aucun

obstacle dogmatique qui s’oppose à ce que la question soit totalement

réexaminée.

Le Cardinal Flahiff souligne que des textes de Vatican II en particulier

dans Gaudium et spes et dans Apostolicam actuositatem sont

catégoriquement contre toute discrimination contre les femmes dans

l’Eglise. Il faut l’admettre d’excellentes chrétiennes, et d’autres

personnes trouvent que peu d’efforts sont faits pour réaliser ces

affirmations. L’évolution de la situation de la femme dans la société

moderne provient, en partie, de l’influence chrétienne et nécessite qu’il

faille agir sincèrement et sérieusement sur la situation de la femme en

Eglise. Le Cardinal Flahiff ne voit pas comment on peut éviter d’étudier

le rôle de la femme lorsque l’on considère la diversification croissante

des ministères. Pour Lui, ce serait manquer à un devoir envers un peu

plus de la moitié de l’Eglise, si le sujet n’était pas abordé. Il reconnaît

que la situation de la femme n’a pas évolué au même rythme dans toutes

les cultures, si bien qu’il est difficile d’avoir une même perception

universelle sur ce point. Mais cette situation a tellement changé en

plusieurs contrées qu’il est indispensable aux représentants de l’Eglise

de poser deux questions concernant les ministères possibles des femmes.

- Première question :

Etant donné, la reconnaissance progressive des droits égaux de la femme

tant en droit qu’en fait, l’injustice de toute discrimination à son égard,

devons-nous ou non soulever la question de leur rôle possible dans les

nouveaux ministères ?

- Deuxième question :

En même temps qu’apparaissent de nouveaux ministères, pour répondre

à de nouveaux besoins de la société en évolution, sous l’action de

l’Esprit-Saint, pouvons- nous déjà prévoir les nouveaux ministères les

plus adaptés à la femme, à sa nature, à ses dons et à sa préparation, dans

le monde de ce temps dont Gaudium et spes parle si éloquemment.

Le Cardinal de répondre : « A mon avis, la question est trop sérieuse

actuellement pour que le Synode la passe entièrement sous silence. Par

63

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ailleurs, un traitement rapide ou superficiel serait décevant ; il pourrait

même être interprété comme une manifestation de plus de la domination

des hommes. Après une consultation officielle de plusieurs mois, les

évêques du Canada, en avril 1971, ont rencontré un groupe de

représentants hautement qualifiés de groupements de femmes

catholiques provenant de toutes les parties du pays. Ces femmes ont

exprimé clairement, fermement et modestement leurs souhaits. A la suite

de l’assemblée générale, les évêques du Canada ont presque

unanimement adopté la proposition suivante : Les représentants de la

Conférence Catholique Canadienne prient leurs délégués de

recommander au Saint-Père la formation immédiate d’une Commission

mixte (c'est-à-dire formée d’évêques, de prêtres, de laïcs des deux sexes,

de religieuses et de religieux) afin d’étudier en profondeur la question

des ministères féminins dans l’Eglise. »

Malgré une tradition vieille de plusieurs siècles opposée aux ministères

féminins, nous croyons que les signes des temps (dont le moindre n’est

pas le fait que déjà des femmes exercent avec succès des tâches

apostoliques et pastorales), nous obligent à entreprendre l’étude de la

situation présente et des possibilités pour l’avenir. Le Cardinal Flahiff

affirmait, dès 1971 : « Si nous ne commençons dès maintenant cette

étude, nous risquons d’être dépassés par les événements. »64

Paul VI aime à redire au Comité pour l’Année Internationale de la

Femme : « Beaucoup de groupes cherchent aujourd’hui l’inspiration

d’un renouveau dans la Parole de Dieu. Comment ne pas s’en réjouir,

tant qu’elle est interprétée avec rectitude, sans passion, dans la tradition

vivante de l’Eglise ? On se plaît à remarquer l’exemple de Jésus : la

nouveauté, l’audace même par rapport aux mœurs de son temps, de son

comportement vis-à-vis des femmes. Si les femmes ne reçoivent pas

l’appel à l’apostolat des Douze et donc aux ministères ordonnés, elles

sont cependant conviées à suivre le Christ comme disciples et

collaboratrices. Les femmes qui avaient accompagné Jésus depuis la

Galilée sont présentes à la Croix (Luc 23/49). Elles observent 64 Flahiff, Cardinal, archevêque de Winnipeg, au nom de l’épiscopat canadien, « Les ministères féminins dans l’Eglise » . DC du 7 novembre 1971- n° 1596, pages 988 et 989.

64

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l’ensevelissement de Jésus et sont de nouveau là, au matin de la

résurrection (Luc 24/1-10). On peut dire avec raison : si le témoignage

des apôtres fonde l’Eglise, le témoignage des femmes contribue

grandement à nourrir la foi des communautés chrétiennes ».65

Le Pontife de continuer : « Nous ne pouvons pas changer le

comportement de Notre-Seigneur ni son appel aux femmes ; mais nous

devons reconnaître et promouvoir le rôle des femmes dans la mission

d’évangélisation et dans la vie de la communauté chrétienne. Ce ne sera

pas une nouveauté dans l’Eglise ; on en trouve des traces même dans les

communautés primitives ; et ensuite dans beaucoup de pages de

l’histoire de l’Eglise à travers les siècles, sous différents modes. Mais,

aujourd’hui, une plus nette avancée se dessine. Effectivement, depuis

plusieurs décennies, très nombreuses sont les communautés chrétiennes

qui bénéficient de l’engagement apostolique des femmes, tout

spécialement dans le domaine capital de la pastorale familiale.

Actuellement, certaines femmes sont même appelées à participer aux

instances de réflexion pastorale, soit au niveau diocésain, soit à

l’échelon des paroisses ou des doyennés. Il va de soi que ces nouvelles

expériences ont besoin de mûrir. Le Siège apostolique a lui- même

appelé quelques femmes particulièrement qualifiées, à prendre place

dans certains de ses organismes de travail ».66

Dans une allocution que Paul VI a adressée le 6 décembre 1976, aux

participantes du Congrès du Centre Italien féminin, il parle de l’attitude

novatrice de l’Eglise des premiers temps à l’égard des femmes et il

dit : « L’Eglise tout entière suit avec beaucoup d’intérêt et

d’appréhension les différents mouvements de revendication féminine qui

se proposent de parvenir à l’égalité avec les hommes, non seulement en

droit, mais aussi en fait67. Dans le christianisme, en effet, plus que toute

autre religion, la femme a, dès les origines, un statut de dignité spécial,

dont de nombreux et importants aspects sont attestés dans le Nouveau

Testament. Depuis, le rôle unique de la Très Sainte Vierge Marie, Mère

65 Paul VI, Allocution au comité pour l’année internationale de la femme, DC n° 1675, 4 mai 1975, p 403- 404.66 Idem DC. n° 1675.P403-404.67 Gaudium et Spes, 9.

65

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de Jésus (Ac.2, 14) jusqu’à celui des femmes qui suivaient et assistaient

le Seigneur dans sa vie et son ministère public (Luc 8, 2-3). Elles ont

bénéficié de ses premières apparitions après sa résurrection

(cf Mt 28/1-2 ; Mc 16/1-8 ; Luc 24/1-11 ; 22-23 ; Jn 20/1-2). D’autres

avec Marie, étaient présentes avec les douze au Cénacle à la Pentecôte,

(Act.2/14). Il y a celles, également, nommées par saint Paul dans ses

lettres, en raison de leurs multiples fonctions au sein de la primitive

Eglise (Rm 16/1-2 ; Ph 4/2-3 ; Col 4/15 ; 1 Co./11.1 ; Tim 5/16). Il

apparaît avec évidence que la femme est appelée à faire partie de la

structure vivante et opérante du christianisme d’une façon si importante

qu’on n’en a peut être pas encore discerné toutes les virtualités. Si nous

ajoutons, dit le Pape, à ces précieuses données tous les textes qui

recommandent le respect pour chaque femme et l’amour singulier du

mari pour sa femme (Eph 5/25), nous trouverons également sur ce point,

une nouvelle confirmation que l’Eglise s’est présentée avec des traits

extrêmement originaux et novateurs dès sa première manifestation au

monde68 ».

Paul VI, dans une Allocution du 30 janvier 1977, s’est adressé aux

femmes après la publication du document de la Congrégation pour la

Doctrine de la Foi, sur la question de leur non admission au sacerdoce.

« Ce document mérite d’être connu, même s’il ne dit rien de nouveau

sur la question, de la non- admission des femmes au sacerdoce, mais il

confirme la doctrine et la pratique de toujours, selon laquelle,

l’ordination au ministère sacerdotal est réservé aux hommes, c'est-à-dire,

ceux qui par vocation et par choix ecclésial, sont appelés à cette fonction

dans l’Eglise qui n’est pas accessible aux femmes. Le féminisme

moderne, même celui qui est sain et religieux, que nous respectons et

que nous favorisons, demande avec insistance, raison de cette inégalité :

pourquoi seuls les hommes et non les femmes, peuvent-ils recevoir le

sacerdoce ? Nous ferons tout de suite remarquer que cette inégalité de

fonction ne signifie pas une différence de dignité dans l’ordre objectif de

la grâce, ni donc une dévaluation dans la hiérarchie de la charité et de la

68 Paul VI, Allocution aux participantes du Congrès du Centre féminin Italien, le 6 décembre1976, DC du 2 janvier 1977, n° 1711, p 8.

66

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sainteté (Ga 3, 28), où les femme de l’Evangile et Marie nous le

montrent, peuvent avoir une place et une mission primordiales. Mais la

vraie raison, c’est que le Christ a voulu qu’il en soit ainsi lorsqu’ Il a

donné à l’Eglise sa constitution fondamentale, son anthropologie

théologique, qui a toujours été suivie par la tradition de l’Eglise. Dans

un chœur, il y a le ténor et le soprano. Nous savons quelle harmonie et

quels effets artistiques naissent de leurs différences. Il ne s’agit pas de

donner la préférence à l’un aux dépens de l’autre. Il s’agit d’un ordre

fondé sur l’essence des personnes qui composent le chœur, d’une beauté

qui a pour origine la sagesse ontologique de la nature, c'est-à-dire du

Dieu Créateur ». Le pape insiste et dit « Permettez-nous d’inviter les

femmes particulièrement en ce moment où la solution est apportée à ce

problème, indûment envenimé par certaines formes de féminisme

intempérant, à comprendre que l’Eglise ne veut pas marginaliser la

précieuse fonction qui est la leur dans l’ensemble du plan pour le

royaume de Dieu et aussi pour le royaume temporel. Nous leur

exprimons plutôt la confiance que nous mettons dans leur incomparable

et indispensable collaboration. Nous les exhortons à s’acquitter avec une

nouvelle conscience et avec une vigueur plus grande de leur mission de

piété, de sagesse, de vertu, d’amour, en vertu de laquelle elles sont

magistralement reines avec Marie69 ».

2 – QUE DIT LA CONGREGATION POUR LA

DOCTRINE DE LA FOI DANS LA DECLARATION

« INTER INSIGNIORES »

Qu’en est-il dans l’Eglise catholique des décisions magistérielles relatives à

l’ordination des femmes, tant au diaconat qu’à la prêtrise ? Même si les

deux ministères sont différents et si la discipline de l’Eglise admet

maintenant les hommes mariés au diaconat permanent, quand il s’agit

d’ordonner des femmes, la décision est la même : « non ». Le diaconat,

69 Paul VI, Allocution : « Appel aux femmes », du 30 janvier 1977, DC du 20 février 1977, n° 1741, p 157.

67

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comme la prêtrise, introduisent la personne dans l’ordre hiérarchique des

clercs, selon le canon 1024 du Code de droit canonique : « Seul un homme

reçoit validement l’ordination sacrée »70. C’est important, avant de présenter

le contenu de la déclaration sur la question de la non admission des femmes

au sacerdoce ministériel de voir dans quel contexte historique, le Pape Paul

VI a sollicité la Congrégation pour la Doctrine de la Foi pour rédiger ce

message.

A – Emergence nouvelle de la question de l’ordination des femmes

Les mouvements féministes, surtout au XIXème siècle, ont fait prendre

conscience, particulièrement aux femmes, de l’état de subordination dans

lequel était tenu le sexe dit faible, et de la nécessité de lutter contre cette

injustice pour l’émancipation de la femme. Les femmes chrétiennes, relisant

avec un sens plus critique et un esprit moins soumis les textes mêmes de la

tradition, ont senti s’éveiller en elles le besoin d’affirmer leur dignité

humaine fondamentale et une liberté spirituelle dont les avaient privées

légistes et moralistes masculins. A cause de cette ouverture vers une

nouvelle vision de la féminité liée à une redécouverte de la lecture biblique

et de l’histoire ecclésiastique, des femmes et aussi des hommes, en sont

venus à penser que la place des femmes dans l’Eglise, celle qu’elles tiennent

de leur baptême, pouvait et devait être reconsidérée par la théologie, comme

par le droit et la discipline de l’Eglise, jusques et y compris en ne leur

refusant plus la prêtrise dont elles étaient jusque-là exclues à cause de leur

sexe71.

Dans cette perspective, les Eglises de la Réforme commencent à consacrer

des femmes pasteurs. Ces décisions n’inquiètent pas les autorités

catholiques qui ne considèrent pas le pastorat réformé comme étant de

même nature que le ministère sacerdotal. Le mouvement est lancé. Dans

70 Bérère Marie-Jeanne, « L’ordination des femmes dans l’Eglise catholique, les décisions du Magistère DRC 46, 1996, p 7 à 20.71 Idem p 9.

68

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l’Eglise anglicane, dès 1944, une femme est ordonnée prêtre à Hong-

Kong72; l’Eglise luthérienne de Suède, en 1958, elle aussi, ordonne des

femmes73.

A la vérité, l’admission des femmes au pastorat ne paraissait pas soulever de

problème proprement théologique, dans la mesure où les communautés

avaient rejeté le sacrement de l’ordre, en même temps qu’elles s’étaient

séparées de l’Eglise romaine. Mais une situation nouvelle, beaucoup plus

grave a été créée lorsque des communautés qui entendaient conserver la

succession apostolique74 ont voulu ordonner des femmes. Il a été procédé à

des ordinations de femmes, en 1971 et 1973. L’évêque anglican de Hong

Kong a ordonné trois femmes avec l’accord de son synode ; en juillet 1974,

à Philadelphie, chez les épiscopaliens a eu lieu l’ordination de onze femmes,

déclarée ensuite invalide par la Chambre des évêques. En juin 1975, enfin,

le Synode général de l’Eglise Anglicane du Canada réuni à Québec

approuvait le principe de l’accès des femmes au sacerdoce, suivi en cela, dès

juillet, par le Synode général de l’Eglise anglicane d’Angleterre : Le Dr

Coggan, Archevêque de Cantorbéry informait loyalement le Pape Paul VI

que : « Lentement mais constamment se répandait à l’intérieur de la

Communion anglicane la conviction qu’il n’y a pas d’objections

fondamentales, au plan des principes, à l’ordination sacerdotale des

femmes »75. Ce ne sont que des orientations, mais elles risquent d’être

rapidement suivies en pratique, ce qui introduirait un élément nouveau et

grave dans le dialogue avec l’Eglise romaine sur la nature du ministère et

qui a suscité une mise en garde d’abord de l’Archevêque des Orthodoxes en

Grande-Bretagne, Athënagoras de Thyade et du Pape Paul VI, lui-même.

C’est ainsi que ce dernier a écrit deux fois au Dr Coggan pour l’entretenir

72 Cette ordination avait été célébrée par l’évêque Hall, mais celle-ci avait dû renoncer à exercer son ministère sur l’intervention énergique des Archevêques d’York et de Canterbury, qui pour des motifs œcuméniques désavouèrent l’évêque de Hong Kong. DC n° 1714, du 20 février 1977 p 165.73 Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Commentaire au sujet de la déclaration sur « La question de l’admission des femmes au sacerdoce ministériel » DC 20 février 1977, n° 1714, p 165 et suivantes.74 Sur ce point, la position de l’Eglise catholique a été précisée par Léon XIII, Epist. Apostolicae Curae, le 13 septembre 1896, dans Léonis XIII acta, t.16 51897, p 258 à 275.75 Lettre du 9 juillet 1975 au Pape, dans l’Osservatore Romano, 21 août 1976, DC 1976, n° 1704, p 771

69

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sur cette question de l’ordination des femmes76. Les instances œcuméniques

de l’époque ont d’ailleurs porté le problème devant la conscience de toutes

les dénominations chrétiennes, les obligeant à examiner leurs positions de

principe, notamment lors de l’Assemblée mondiale du Conseil

Oecuménique des Eglises à Nairobi, en décembre 1975.

Un événement d’un autre genre en a encore accentué l’actualité : c’est

l’organisation sous les auspices de l’O.N.U. de l’Année Internationale de la

Femme en 1975. Nous l’avons vu dans le précédent chapitre, le Saint-Siège

y a participé par « un Comité pour l’Année Internationale de la Femme » :

celui-ci comprenait quelques membres de la « Commission d’étude sur le

rôle de la femme dans la société et dans l’Eglise » qui avait déjà été

constituée en 1973. Faire respecter et promouvoir les droits et les devoirs

respectifs de l’homme et de la femme entraîne à réfléchir sur la participation

des femmes à la vie sociale d’une part, à la vie et à la mission de l’Eglise,

d’autre part.

On comprend que ces interrogations aient suscité dans les milieux

catholiques eux-mêmes, des recherches intenses, voire passionnées.

Certaines personnalités célèbres n’ont pas hésité à prendre parti hardiment,

estimant qu’il n’y avait « aucune objection théologique fondamentale à

l’éventualité des femmes prêtres77.»

Plusieurs groupements se sont créés en vue de revendiquer le Sacerdoce

pour les femmes et se sont réunis dans une conférence qui s’est tenue à

Détroit (U.S.A.) en Novembre 1975 sous le titre : « Women in future :

Priesthood now, a call for action ». Il était donc nécessaire que le Magistère

intervînt dans une question qui était posée de façon aussi vive dans l’Eglise

Catholique et qui avait des incidences graves au point de vue oecuménique.

Monseigneur Bernardin, président de la conférence épiscopale des Etats-

Unis, le 7 octobre 1976, déclarait qu’il se voyait « obligé de réaffirmer la

doctrine de l’Eglise selon laquelle les femmes ne doivent pas accéder au

76 Paul VI, Lettre au Dr Goggan, 30 novembre 1975 et 10 février 1976, DC 1976, n° 1704, p. 771.77Formule rapportée dans Le Monde dès 19-20 septembre 1965, que Jean Daniélou a prononcé pendant le Concile, à une réunion de l’Alliance Internationale Jeanne d’Arc. Il revient sur ce sujet, avec peut-être plus de nuance, dans l’interview donné au moment de sa promotion cardinalice, L’Express, n° 936, 16-22 juin 1969, p. 122, 124 : « Il faudrait examiner où sont les vraies raisons qui font que l’Eglise n’a jamais envisagé le sacerdoce des femmes. »

70

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Sacerdoce. Il ne faut pas que les responsables de l’Eglise donnent

l’impression d’encourager, ne serait-ce que par leur silence, des espoirs et

des attentes déraisonnables. »

Le Pape Paul VI lui-même a rappelé le même enseignement, d’abord de

façon occasionnelle, notamment dans son allocution du 18 avril 1975 au

comité pour l’année internationale de la femme : « Si les femmes ne

reçoivent pas l’appel à l’Apostolat des Douze et donc au Ministère ordonné,

elles sont conviées à suivre le Christ comme disciple et collaboratrice…

Nous ne pouvons pas changer le comportement de Notre-Seigneur ni son

appel aux femmes »78. Il a dû ensuite se prononcer de façon expresse dans

son échange de l’Etre avec le docteur Coggan, Archevêque de Canterbury :

« Votre Grâce est évidemment bien au courant de la position de l’Eglise

Catholique sur cette matière : elle soutient qu’il n’est pas admissible

d’ordonner des femmes au sacerdoce, et cela pour des raisons vraiment

fondamentales79. » C’est sur son ordre que la Congrégation pour la doctrine

de la foi a examiné l’ensemble de la question, rendue complexe parce que,

d’une part, bien des arguments présentés dans le passé en faveur de la

doctrine traditionnelle ne sont guère soutenables aujourd’hui et que, d’autre

part, il faut évaluer les raisons nouvelles apportées par ceux qui demandent

l’ordination des femmes. Il devenait difficile de laisser plus longtemps sans

réponse une question précise, posée un peu partout, et qui polarise

l’attention au détriment même d’efforts plus urgents à promouvoir.

Nous allons maintenant analyser le contenu de cette déclaration de la

Congrégation pour la Doctrine de la Foi signée par le Pape Paul VI.

B – Analyse des arguments de la déclaration « inter insigniores »

Dans l’introduction, Paul VI reconnaît que toutes les formes de

discriminations touchant les droits fondamentaux de la personne doivent

être dépassées et éliminées comme contraires aux desseins de Dieu, en

premier lieu celles qui se fonderaient sur le sexe.80 L’égalité qui en résultera

doit procurer la construction d’un monde, non pas nivelé et uniforme, mais

78 D.C. 1975, page 403.79 Lettre du 30 novembre 197580 Gaudium et spes, 7 décembre 1965, n° 29, in D.C. 1966, n° 1464, col. 216.

71

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harmonieux et unifié, si les hommes et les femmes y apportent leurs

richesses et leurs dynamisme propres, comme le précisait Paul VI aux

membres du Comité pour l’Année Internationale de la Femme, le 18 avril

1975.La déclaration montre que dans l’histoire de l’Eglise, des femmes ont

joué un rôle décisif et accompli des tâches de valeur remarquable. Il suffit

de penser aux fondatrices des grandes familles religieuses, comme sainte

Claire d’Assise, sainte Thérèse d’Avila. Celles-ci, d’autre part, et sainte

Catherine de Sienne ont laissé des écrits si riches de doctrine spirituelle que

le Pape les a inscrites parmi les docteurs de l’Eglise. Il est impossible

d’oublier le grand nombre de femmes qui se sont consacrées au Seigneur

pour l’exercice de la charité ou pour les missions, ni les épouses chrétiennes

qui ont eu une profonde influence dans leur famille, en particulier pour

transmettre la foi à leurs enfants. Le Saint-Père a fait remarquer que très

nombreuses sont déjà les communautés chrétiennes qui bénéficient de

l’engagement apostolique des femmes et que certaines de ces femmes sont

appelées à participer aux instances de réflexion pastorale, soit au niveau des

diocèses, soit à l’échelon des paroisses ; le siège apostolique a fait prendre

place à des femmes dans certains de ses organismes de travail. Nous l’avons

vu dans le précédent paragraphe, depuis un certain nombre d’années,

plusieurs communautés chrétiennes issues de la réforme du XVI ème siècle

ou apparues par la suite ont fait accéder des femmes au pastorat au même

titre que les hommes ; leur initiative a provoqué de la part des membres de

ces communautés des requêtes tendant à généraliser cette admission, aussi

bien d’ailleurs que des réactions en sens contraire. Cette situation constitue

donc un problème sur lequel l’Eglise catholique doit faire connaître sa

pensée d’autant plus que, dans divers secteurs de l’opinion, on s’est

demandé si, à son tour, elle ne devrait pas modifier sa discipline et admettre

les femmes à l’ordination sacerdotale.

Dans ces circonstances, et pour ces raisons, en exécution d’un mandat

qu’elle a reçu du Saint-Père, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi

estime devoir rappeler que : « l’Eglise, par fidélité à l’exemple de Son

Seigneur, ne se considère pas autorisée à admettre les femmes à l’ordination

sacerdotale, elle croit opportun dans la conjoncture actuelle d’expliquer

cette position qui sera peut-être ressentie douloureusement mais dont la

72

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valeur positive apparaîtra à la longue, car elle pourrait aider à approfondir la

mission respective de l’homme et de la femme ».

Six arguments sont repris par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi

pour expliciter la position qu’elle a prise à la demande du Saint-Père. Nous

allons résumer ces points successivement.

a- la tradition est constante dans l’exclusion des femmes à

l’épiscopat et au presbytérat. Cette tradition a été religieusement

sauvegardée par les églises d’Orient. Ce n’est que dans les sectes

hérétiques des premiers siècles, principalement gnostiques qu’on a

relevé des tentatives pour faire exercer le ministère sacerdotal par des

femmes. Ces faits ont été très sporadiques et nous ne les connaissons

que par la réprobation sévère avec laquelle les signalent saint Irénée,

Tertullien, Firmilien de Césarée, dans une lettre à saint Cyprien,

Origène, dans un commentaire de la première Epître aux Corinthiens.

Comment interpréter la pratique constante et universelle de l’Eglise ? Il

est sûr, pour le théologien, que ce que fait l’Eglise, elle pouvait le faire,

puisqu’elle a l’assistance de l’Esprit-Saint : c’est un argument classique

que l’on retrouve souvent chez saint Thomas à propos des sacrements

Mais si l’Eglise ne l’a jamais fait jusqu’à aujourd’hui, est-ce une preuve

qu’elle ne pourra pas le faire par la suite ? Cette constatation négative

est-elle normative, ou s’explique t-elle par les circonstances historiques,

socioculturelles, c’est-à-dire dans le cas présent, par la condition de la

femme dans les sociétés antique et médiévale, par une certaine

conception de la supériorité masculine découlant de la culture ?

Gratien, dans son décret citant les Capitulaires Carolingiens et les

fausses Décrétales, cherchait plutôt à justifier par les prescriptions de

l’Ancien Testament l’interdiction faite aux femmes et déjà formulée

dans l’Eglise antique d’entrer dans le sanctuaire et de servir l’autel81.

C’est déjà ce qu’exprimaient, sous la forme d’une littérature apocryphe,

les documents antiques de la discipline ecclésiastique, originaire de

Syrie, comme la Didascalie des apôtres (milieu du IIIème siècle) et les

Constitutions apostoliques du début du Vème siècle. Saint-Jean 81 Dictum Gratiani in Caus. 34, q. 5, c.11, et Edit. Friedberg. T, 1, col. 1254, cf. R. Metz, la femme en droit canonique médiéval, dans Recueil de la société Jean Bodin 12, 1962, p. 59-113

73

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Chrysostome, de son côté, comprenait bien, en commentant le chapitre

21 de Saint-Jean, que ce n’est pas sur une incapacité naturelle de la

femme que se fondait son exclusion du pastorat confié à Pierre, puisque,

remarquait-il, « même la plupart des hommes ont été écartés par Jésus

de cette immense tâche ». Tout au long des siècles, la tradition a

toujours été défavorable à l’ordination des femmes, les théologiens et les

canonistes ont été quasi unanimes à considérer que cette exclusion était

absolue et qu’elle avait une origine divine. Il y a eu cependant, chez

quelques auteurs du Moyen-Age, une hésitation que rapporte saint

Bonaventure. Elle est provoquée par le souvenir de l’existence des

diaconesses dans la primitive Eglise. Certains théologiens se sont

demandé si elles recevaient une véritable ordination sacramentelle. La

question du sacerdoce des femmes doit être reprise de façon complète,

sans idée préconçue. Cependant, la Congrégation pour la Doctrine de la

Foi a estimé qu’il fallait réserver cette question et ne pas l’aborder dans

le présent document.

b - l’attitude du Christ

Aux yeux de la Tradition, il apparaît que le motif essentiel qui anime

l’Eglise pour appeler uniquement des hommes à l’ordination et au

ministère proprement sacerdotal, c’est qu’elle entend demeurer fidèle au

type de ministère ordonné voulu par le Seigneur Jésus Christ et

religieusement maintenu par les apôtres. C’est la Tradition qui a sans

cesse proposé comme expression d’une volonté du Christ le fait qu’il

n’ait choisi que des hommes pour constituer le groupe des Douze. C’est

là, un fait indiscutable ; mais peut-on prouver avec une certitude absolue

qu’il s’agit d’une volonté délibérée du Christ ? On comprend que les

partisans d’un changement de discipline fassent porter tous leurs efforts

contre la valeur significative de ce fait. Ils objectent, notamment, que si

le Christ n’a pas fait entrer des femmes dans le groupe des Douze, c’est

parce que les préjugés de son temps ne le permettaient pas : une telle

imprudence eût compromis irrémédiablement son œuvre. Cependant, on

doit reconnaître que Jésus n’a pas hésité devant

74

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d’autres « imprudences » qui, en effet, lui ont valu l’hostilité de ses

concitoyens, notamment sa liberté à l’égard des interprétations

rabbiniques du sabbat. A l’égard des femmes, son attitude a été

nettement novatrice : tous les commentaires reconnaissent qu’il a

enfreint bien des préjugés à leur égard, et les faits que l’on relève

forment un ensemble saisissant.

Les théologiens insistent sur une autre objection : si Jésus n’a choisi que

les hommes pour constituer le groupe des Douze, c’est dans une

intention symbolique : ils devaient représenter les ancêtres des douze

tribus d’Israël. Mt, 19, 28 ; cf. Lc 22.30, mais cette argumentation ne

saurait convaincre. Dans le peuple messianique, les Douze représentent

Jésus. C’est la vraie raison pour laquelle il convient que les apôtres

soient des hommes : ils agissent au nom du Christ et doivent continuer

son œuvre.

Le Pape Innocent III voyait un témoignage des intentions du Christ dans

le fait que les pouvoirs qu’Il a donné aux apôtres, Il ne les a pas

communiqués à sa Mère, malgré son éminente dignité. Cet argument est

un des plus fréquemment répétés dans la Tradition : les Pères présentent

Marie comme l’exemple de la volonté de Jésus et cela, dès le IIIème siècle

et il est particulièrement cher aux orientaux, jusqu’à aujourd’hui.

Cependant, il est vivement récusé par tous ceux qui plaident en faveur

de l’ordination des femmes : la maternité divine de Marie, la façon dont

elle a été associée à l’œuvre rédemptrice de son Fils, la situent à une

place totalement exceptionnelle et unique ; ce serait même, dit-on, ne

pas lui rendre justice que de la comparer aux apôtres et d’arguer du fait

qu’elle n’a pas pris rang parmi eux. En réalité, ces remarques ont

l’avantage de nous faire comprendre que, dans l’Eglise, il y a des

fonctions différentes : l’égalité des chrétiens s’harmonise dans la

complémentarité des tâches ; le ministère sacramentel n’est pas le seul

ordre de grandeur, ni forcément le plus élevé : c’est une forme de

service du Royaume.82

c- La pratique des Apôtres

82 cf. Commentaire de la déclaration par la Congrégation de la Foi, DC n°1714 du 20 février 1977, p 168 et 169

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Le texte de la Déclaration souligne ce fait que Marie, malgré la place

privilégiée qu’elle occupe au Cénacle après l’Ascension, n’a pas été

proposée pour entrer dans le Collège des Douze, lors de l’élection de

Mathias. C’est également le cas de Marie-Madeleine et des autres

femmes qui, pourtant, ont été les premières à apporter la Bonne

Nouvelle de la Résurrection ; il est vrai que la mentalité juive

n’accordait pas une grande valeur aux témoignages des femmes. Il est

remarquable, cependant, que le livre des Actes et les Epîtres de saint

Paul soulignent le rôle exercé par des femmes dans l’évangélisation et

pour la formation individuelle des convertis. (Rom 16,3-12 ; Ph 4,3).

Priscille a entrepris de parfaire la formation d’Apollos (cf. Act. 18,26) ;

Phoebé est au service de l’Eglise de Cenchrées (cf. Rm 16,1).Tous ces

faits manifestent dans l’Eglise apostolique une évolution considérable

par rapport aux coutumes du judaïsme. Néanmoins, à aucun moment il

n’a été question d’ordonner ces femmes. Dans les épîtres pauliniennes,

des exégètes ont noté une différence entre deux formules de l’Apôtre : il

écrit instinctivement « mes collaborateurs » (Rm 16,3 ; Ph 4, 2-3) à

propos des hommes et des femmes qui l’aident d’une manière ou d’une

autre dans son apostolat ; mais il réserve le titre de « coopérateurs de

Dieu » (1Co 3, 9 ; 1Th3,2) à Apollos, Timothée et à lui-même, Paul,

ainsi désignés parce qu’ils sont directement voués au ministère

apostolique, à la prédication de la Parole de Dieu. Malgré leur rôle si

important au moment de la Résurrection -la collaboration des femmes-

l’Eglise ne s’est pas crue autorisée à admettre les femmes à l’ordination

sacerdotale.

d - Valeur permanente de cette pratique

C’est sur le caractère permanent de ce refus que portent, bien entendu,

les objections de ceux qui voudraient faire admettre la légitimité de

l’ordination des femmes. Ces objections relèvent d’arguments très

variés.

. la première objection est fondée sur les circonstances

historiques qui s’appuient sur l’attitude de Jésus ; cette attitude était

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inspirée par la prudence : il n’aurait pas voulu risquer de compromettre

son oeuvre en allant à l’encontre des préjugés sociaux. La même

prudence se serait, dit-on, imposée aux apôtres. C’est ainsi que l’on a

accusé Saint-Paul de misogynie et qu’on trouve dans les Epîtres des

textes sur l’infériorité de la femme qui font aujourd’hui question pour

les exégètes et les théologiens. Deux des plus célèbres textes pauliniens

sur la femme sont-ils authentiques, ou bien faut-il y voir une

interpolation ? C’est d’abord 1 Co 14, 34-35 : “Que les femmes se

taisent dans l’assemblée, car il ne leur est pas permis de prendre la

parole; qu’elles se tiennent dans la soumission comme la loi elle-même

le dit. » Ces deux versets, qui manquent dans d’importants manuscrits et

ne sont pas cités avant la fin du second siècle, présentent des

particularités de style étrangères à Paul. C’est aussi, 1 Tm 2, 12 : « Je ne

permets pas à la femme d’enseigner et de gouverner l’homme. » dont

l’authenticité paulinienne est souvent contestée.

Peu importe que ces textes soient ou non authentiques : ils ont été

abondamment utilisés par les théologiens pour expliquer que la femme

ne peut recevoir ni pouvoir de magistère, ni pouvoir de juridiction ; c’est

surtout le texte de la première Lettre à Timothée qui fournit à saint

Thomas la preuve que la femme est dans un état de soumission ou de

service, parce que la femme a été créée après l’homme et qu’elle est la

première responsable du péché originel. Mais il y a de Paul d’autres

textes, ceux-là d’une authenticité indiscutée qui affirment que « le chef

de la femme c’est l’homme. » (1 Co 11, 3 : Ep. 5, 22, 24). Cette

anthropologie, en continuité avec les livres de l’Ancien Testament,

n’est-elle pas à l’origine de la conviction de Paul et de la tradition de

l’Eglise que les femmes ne peuvent recevoir le ministère ? Il est évident

que la société moderne récuse cette vision des choses et remarquons que

Paul ne se place pas au niveau philosophique mais au plan de l’histoire

biblique.

. Peut-on imaginer que l’Eglise abandonne ou évolue dans

ces conceptions traditionnelles de la femme ? Le principe est que

l’Eglise, elle-même, dans les divers domaines de sa vie assure le

discernement entre ce qui peut changer et ce qui doit demeurer

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immuable. Comme le précise la déclaration, « quand elle estime ne

pouvoir accepter certains changements, c’est qu’elle se sait liée par la

conduite du Christ : son attitude, malgré les apparences, n’est pas alors

de l’archaïsme mais de la fidélité. Elle ne peut se comprendre vraiment

qu’à cette seule Lumière. L’Eglise se prononce en vertu de la promesse

du Seigneur et de la présence de l’Esprit-Saint, en vue de mieux

proclamer le mystère du Christ, d’en sauvegarder et d’en manifester

intégralement la richesse. » C’est à la lumière de ce principe qu’il faut

envisager un bon nombre de questions posées à l’Eglise dans les

nombreux plaidoyers qui ont été prononcés en faveur de l’ordination des

femmes.83

. On a fait remarquer également que, dans le cours des temps,

l’Eglise a accepté de confier à des femmes des fonctions vraiment

ministérielles, que l’Antiquité leur refusait au nom même de l’exemple

et de la volonté du Christ : il s’agit surtout de l’administration du

baptême, de l’enseignement, et de certaines formes de juridictions

ecclésiales.

. pour ce qui est du baptême, même les diaconesses de

l’Orient Syrien n’étaient pas admises à le donner et son administration

solennelle est toujours un acte hiérarchique réservé à l’évêque, aux

prêtres et accessoirement aux diacres. C’est le baptême d’urgence qui

peut être conféré, non pas seulement par des chrétiennes mais même par

des non baptisés, hommes ou femmes : sa validité ne requiert donc pas

le caractère baptismal ni à plus forte raison celui de l’ordination.

. pour ce qui concerne l’enseignement, une distinction

s’impose et cela, dès la primitive Eglise. Il y a des formes

d’enseignement ou d’édification accessible aux laïcs et dans ce cas,

Saint Paul désigne expressément les femmes : ce sont les charismes de

« prophéties » (1 Co 11, 15). En ce sens, rien ne s’opposait à donner le

titre de docteur à Thérèse d’Avila et Catherine de Sienne, comme on le

donne à des professeurs par exemple, à saint Albert le Grand. Autre

chose est la fonction officielle et hiérarchique d’enseignement du révélé, 83 Congrégation pour la doctrine de la foi, commentaire au sujet de la déclaration sur la question de l’admission des femmes au sacerdoce ministériel, DC n° 1714 du 20 février 1977, p. 170.

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qui suppose la mission du Christ par les apôtres, transmise par eux à

leurs successeurs.

Des femmes ont participé à la juridiction ecclésiastique, le

Moyen Age a fourni des exemples : quelques abbesses ont accompli des

actes réservés normalement aux évêques, comme la nomination de curés

ou de confesseurs.

D’une façon plus générale et surtout dans l’anglicanisme, on cherche à

élargir le débat de la manière suivante : l’Eglise est-elle liée à l’Ecriture,

à la Tradition, comme à un absolu ? Alors qu’elle est un peuple en

pèlerinage et qu’elle doit écouter ce que dit l’Eglise ? Ou bien on

distingue entre les points essentiels sur lesquels il importe d’être

unanime et des questions de discipline qui admettent la diversité. On

considérerait, dès lors que l’ordination des femmes ressortissant à ces

aspects secondaires, ne nuirait pas au progrès de l’union des Eglises. Là

encore, c’est l’Eglise, qui par sa pratique et son magistère, détermine ce

qui exige unanimité et la distingue du pluralisme acceptable ou

souhaitable. Or, le problème de l’ordination des femmes touche de trop

près à la nature du sacerdoce ministériel pour qu’on puisse accepter qu’il

soit résolu dans le cadre d’un légitime pluralisme entre Eglises. C’est

tout le sens de la lettre de Paul VI à l’archevêque de Cantorbéry84.

e - Le Sacerdoce ministériel à la lumière du mystère du Christ

Après avoir rappelé la norme de l’Eglise et ses fondements, il est utile et

opportun d’éclairer cette règle en montrant la profonde convenance que la

réflexion théologique découvre entre la nature propre du sacrement de

l’homme, avec sa référence spécifique au ministère du Christ, et le fait que

seuls des hommes ont été appelés à recevoir l’ordination sacerdotale. Il ne

s’agit pas là d’apporter une argumentation démonstrative, mais d’éclairer

cette doctrine par l’analogie de la foi.

L’enseignement constant de l’Eglise renouvelé et précisé par le deuxième

Concile du Vatican, rappelé encore par le Synode des évêques en 1971 et 84 Congrégation pour la doctrine de la foi, commentaire au sujet de la déclaration sur la question de l’admission des femmes au sacerdoce ministériel, DC du 20 février 1977, n° 1714, p 171

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par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le 24 juin 1973, proclame

que l’évêque ou le prêtre, dans l’exercice de son ministère, n’agit pas en son

nom propre, in persona propria : il représente le Christ qui agit par lui : « Le

prêtre tient réellement la place du Christ », écrivait déjà au IIIème siècle

Saint Cyprien. C’est cette valeur de représentation du Christ que saint Paul

considérait comme caractéristique de la fonction apostolique (cf. 2, Co 5/

20 ; Ga 4/14). Elle atteint sa plus haute expression et un mode tout

particulier dans la célébration eucharistique qui est la source et le centre de

l’unité de l’Eglise ; le prêtre est le seul à pouvoir l’accomplir et il agit alors

non seulement par l’efficacité que lui confère le Christ, mais in Persona

Christi85 , tenant le rôle du Christ au point d’être son image même lorsqu’il

prononce les paroles de la consécration86.

La ressemblance au Christ, en tant qu’homme, est plus facilement reconnue

si le prêtre est lui-même homme, ce qui repousse la possibilité pour les

femmes de devenir prêtres. Mais pourrait-on dire que le Christ étant

actuellement dans la condition céleste, il serait désormais indifférent qu’il

soit représenté par un homme ou par une femme, puisque, « dans la

résurrection, on ne prend ni homme ni femme », selon Mat. 22, 30.

Au Moyen Age, certains théologiens disaient que le ministre n’agissait pas

seulement in persona Christi, mais aussi in persona Ecclesiae, c'est-à-dire

au nom de toute l’Eglise et pour la représenter. Puisque le prêtre représente

aussi l’Eglise, ne serait-il pas possible de penser que cette représentation

peut-être assurée par une femme ?

85 Constitution dogmatique, Lumen gentium, 21 novembre 1964, n°10 : « mais le prêtre investi du sacerdoce ministériel, en vertu du pouvoir sacré dont il jouit, forme et gouverne le peuple sacerdotal, accomplit en tenant le rôle du Christ le sacrifice eucharistique et offre celui-ci à Dieu au nom de tout le peuple » ; n° 28 : « … par la puissance du sacrement de l’ordre, à l’image du Christ, prêtre suprême et éternel, … ils exercent par excellence leur charge sacrée dans le culte eucharistique dans laquelle agissant en tenant le rôle du Christ… ».Décret presbyterorum ordinis, 7 décembre 1965, n° 2 : « … les prêtres, par l’onction du Saint-Esprit, sont marqués du caractère spécial et sont ainsi configurés au Christ prêtre, afin qu’ils aient le pouvoir d’agir en tenant le rôle du Christ Tête » ; n° 13 : « en tant que ministre des mystères sacrés, surtout dans le sacrifice de la messe, les prêtres tiennent de manière spéciale, le rôle du Christ… »86 Saint Thomas, Summa theologica, IIIe Pars, q. 83, art. 1, ad 3um : “il faut dire que (de même que la célébration du Saint-Sacrement est à l’image représentative de la croix du Christ), de la même façon le prêtre agit en tant qu’image du Christ dans le rôle et par la puissance duquel il prononce les paroles de la consécration. »

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L’ensemble de ces réflexions permet de comprendre le bien-fondé de la

pratique de l’Eglise ; de conclure que les controverses élevées de nos jours

sur l’ordination de la femme sont, pour tous les chrétiens, une pressante

invitation à approfondir le sens le l’Episcopat et du Presbytérat ; à

redécouvrir la situation originale du prêtre dans la communauté des baptisés

dont il fait partie, mais dont il se distingue parce que dans les actions qui

exigent le caractère de l’ordination, il est pour elle, l’image, le symbole du

Christ lui-même.

f - Le sacerdoce ministériel dans le mystère de l’Eglise

Il est frappant de voir à quel point les questions soulevées dans la

controverse de la non ordination des femmes sont liées à une théologie de

l’Eglise. Lorsqu’on propose l’accès des femmes au sacerdoce parce

qu’aujourd’hui elles ont acquis le « leadership » dans bien des domaines de

la vie moderne, on semble oublier que l’Eglise n’est pas une société comme

les autres et qu’en elle, l’autorité, le pouvoir sont d’une nature très

différente puisqu’elle est, normalement, liée au sacrement de l’ordre. Pour

cette raison, on ne voit pas comment il est possible de proposer l’accès des

femmes au sacerdoce en vertu de l’égalité des droits de la personne

humaine, égalité qui vaut aussi pour les chrétiens. C’est ce que l’on peut lire

dans l’Epître aux Galates (3,28) : « Dans le Christ, il n’y a plus de

distinction entre l’homme et la femme », mais ce passage ne concerne

nullement les ministères. Il affirme seulement la vocation universelle qui est

la même pour tous. D’autre part, c’est surtout méconnaître complètement la

nature du sacerdoce ministériel que de le considérer comme un droit : le

baptême ne confère aucun titre personnel au ministère public dans l’Eglise.

Le sacerdoce n’est pas conféré pour l’honneur ni l’avantage de celui qui le

reçoit, mais comme un service de Dieu et de l’Eglise ; il fait l’objet d’une

vocation expresse, totalement gratuite : « Ce n’est pas vous qui m’avez

choisi ; c’est moi qui vous ai choisis et institués » (Jn 15, 16 ; cf. He 5, 4).

Parce que le sacerdoce fait l’objet d’une vocation expresse et gratuite de la

part de Dieu, il ne peut être revendiqué et ce serait une erreur de réduire

l’ordination des femmes, comme on le fait parfois, à une question

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d’injustice. Un tel point de vue ne se justifierait que si l’ordination était un

droit accordé par Dieu à toute personne, et si les potentialités humaines de

quelqu’un ne pouvaient se réaliser totalement que par elle. Mais en réalité,

personne, homme ou femme, ne peut se prévaloir d’un droit à l’ordination et

étant donné que la charge épiscopale et sacerdotale est fondamentalement un

ministère de service, l’ordination ne complète en aucune façon l’humanité

de quelqu’un.87

La déclaration de la Congrégation de la Doctrine de la Foi se termine par

l’indication discrète d’un double effort à promouvoir. L’un est d’ordre

doctrinal et spirituel : nous avons à prendre mieux conscience de la diversité

des tâches dans l’Eglise où l’égalité n’est point identité… ; les rôles sont

distincts et ne doivent pas être confondus, ils ne donnent pas lieu à la

supériorité des uns sur les autres… le seul charisme qui peut et doit être

désiré, c’est la charité… Les plus grands dans le royaume des cieux, ce ne

sont pas les ministres mais les saints.

Le second effort, est d’ordre apostolique et social : il y a beaucoup à faire

pour que les femmes exercent aujourd’hui leur rôle capital, aussi bien pour

le renouvellement et l’humanisation de la société que pour la découverte,

parmi les croyants, du vrai visage de l’Eglise88.

Le seul charisme qui peut et doit l’être : l’Amour (1 Co 12,13). Il est bien

évident que le refus de l’ordination des femmes ne se fonde nullement sur

une infériorité par rapport à l’homme. Sans plus nous arrêter à de stériles

discussions, il appartient de tout mettre en œuvre en réponse aux appels

réitérés de Paul VI, pour que les femmes puissent trouver toute la place qui

leur revient dans l’Eglise et y exercer, davantage encore, des responsabilités.

Pour conclure sur la Déclaration de la Congrégation de la Doctrine de la Foi

sur la question de l’admission des femmes au sacerdoce, je m’inspire de ce

que Louis Ligier89 a dit dans son propre commentaire : cette déclaration

87 Bernardin, Président de la Conférence Nationale des Evêques des Etats-Unis, dans Origins Documentary Service, 16 octobre 197588 Etchegaray Roger, Président de la Conférence Episcopale Française, dans La présentation de la déclaration, DC du 20 février 1977 n° 1714 p.17489 Ligier Louis, La question du sacerdoce des femmes dans l’Eglise, D.C. n° 1742, p. 478 à 488 du 21 mai 1978. L. Ligier, S.J. était professeur de théologie sacramentelle à l’Université Pontificale Grégorienne, et consulteur de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi.

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intervient au beau milieu du dialogue œcuménique. Avant tout, la

déclaration entend mettre en évidence que Rome veut ce dialogue. Dans son

texte elle ne cherche qu’à favoriser les conditions requises pour son

heureuse issue. De fait, en invitant les autres Eglises à ne pas introduire dans

leur discipline la nouveauté du ministère féminin, l’Eglise catholique veille

aux principes bien connus en matière œcuménique, et qui veut que, au

moment où se déroule un processus de réunion, il n’est pas convenable

qu’une Eglise introduise des usages qui mettront un obstacle au

rapprochement prévu avec les autres Eglises. Et quand l’Eglise catholique

déclare la non admissibilité des femmes au sacerdoce, elle n’est pas en train

de créer une nouvelle discipline : elle confirme seulement en face des

changements admis par d’autres Eglises issues de la réforme du XVIème

siècle, qu’elle reste fidèle à son attitude qui est antérieure au début du

dialogue.

Cette déclaration a, en outre, le mérite de proposer au dialogue œcuménique

sur les ministères, la clef centrale, celle de la sacramentalité du sacerdoce

ministériel. Avec son insistance sur la qualité sacramentelle du presbytérat

et de l’épiscopat, tous deux, signes du Christ, chef de l’Eglise, ce document

n’introduit pas de signe de principe nouveau : il renouvelle seulement

l’attachement de Rome aux propos du récent concile Vatican II, quand

Lumen Gentium affirme que les évêques, « d’une façon éminente et visible

tiennent la place du Christ lui-même, maître, pasteur et pontife et joue son

rôle. »90 Il est important que l’Eglise romaine répète la même dogmatique

que celle qu’elle avait formulée pendant le dernier Concile, et bien loin de

clore le dialogue, Rome veut par cette déclaration le maintenir au niveau

doctrinal et le place dans sa juste perspective.

Louis Ligier s’adresse aux religieuses et aux femmes qui auraient senti une

vocation sacerdotale et fait écho à cette magnifique prière que sainte

Thérèse de Lisieux a adressée dans une lettre à sa sœur, Sœur Marie du

Sacré-cœur pour l’anniversaire de sa profession, le 8 septembre 1896, elle

avait déclaré : « Je sens en moi la vocation de prêtre ; avec quel amour, Ô

jésus, je te porterais dans mes mains lorsque, à ma voix, tu descendrais du

ciel… Avec quel amour, je te donnerais aux âmes !… Mais, hélas ! tout en

90 Lumen gentium, n°21 vers la fin

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désirant d’être prêtre, j’admire et j’envie l’humilité de saint François

d’Assise et je me sens la vocation de l’imiter en refusant la sublime dignité

du sacerdoce… Je voudrais éclairer les hommes comme les prophètes, les

docteurs, j’ai la vocation d’être apôtre… Je voudrais parcourir la terre,

prêcher ton nom et planter sur le sol infidèle ta croix glorieuse, mais, ô mon

Bien Aimé, une seule mission ne me suffirait pas, je voudrais en même

temps annoncer l’Evangile dans les cinq parties du monde et jusque dans

les îles les plus reculées… Je voudrais être missionnaire non seulement

pendant quelques années, mais je voudrais l’avoir été depuis la création du

monde et l’être jusqu’à la consommation des siècles… A l’oraison, mes

désirs me faisaient souffrir un véritable martyre, j’ouvris les Epîtres de

saint Paul afin de chercher quelque réponse. Les chapitres 12 et 13 de la

première Epître aux Corinthiens me tombèrent sous les yeux… J’y ai lu

dans le premier, que tous ne peuvent pas être apôtres, prophètes, docteurs,

etc., que l’Eglise est composée de différents membres et que l’œil ne saurait

être en même temps la main… La réponse est claire mais ne comblait pas

mes désirs, elle ne me donnait pas la paix…. Sans me décourager, je

continuais ma lecture et cette phrase me soulagea : rechercher avec ardeur

les dons les plus parfaits, mais je vais encore vous montrer une voie plus

excellente. Et l’apôtre explique comment tous les dons les plus parfaits ne

sont rien sans l’Amour… Que la charité est la voie excellente qui conduit

sûrement à Dieu. Enfin, j’avais trouvé le repos… La charité me donna la

clef de ma vocation… Je compris que l’Amour renfermait toutes les

vocations, que l’Amour était tout, qu’il embrassait tous les temps et tous les

lieux… En un mot, qu’il est éternel !… Alors, dans l’excès de ma joie

délirante, je me suis écriée : ô Jésus mon amour…, ma vocation, enfin, je

l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !… Oui, j’ai trouvé ma place dans

l’Eglise, et cette place, ô Mon Dieu, c’est vous qui me l’avez donnée… Dans

le cœur de l’Eglise, ma Mère, je serai l’Amour…, ainsi je serai tout…, ainsi

mon rêve sera réalisé.91 »

Le Pape Pie XI après avoir canonisé sœur Thérèse de l’Enfant Jésus l’a

proclamée patronne de l’Oeuvre de saint Pierre apôtre pour le clergé

91 Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, manuscrit autobiographique, Carmel de Lisieux, 1957 p. 226 à 228.

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indigène, puis en 1927, patronne des missions à côté de saint François

Xavier. Son témoignage émouvant illustre bien la déclaration « Inter

Insigniores » qui affirme : « les plus grands dans le royaume des cieux, ce

ne sont pas les ministres, mais les saints. »

3- REAFFIRMATION DES POSITIONS DE PAUL VI PAR SES

SUCCESSEURS, JEAN-PAUL II et BENOÎT XVI, SUR LA

QUESTION DE L’ORDINATION DES FEMMES

La déclaration « Inter Insigniores » a vingt ans ; la pensée de l’Eglise

concernant l’accession des femmes au sacerdoce n’a cependant pas évolué.

Jean-Paul II, par une lettre apostolique « ordinatio sacerdotalis » publiée le

22 mai 1994 en la solennité de la Pentecôte, confirme le refus de l’Eglise

catholique d’admettre les femmes au sacerdoce ministériel « Je déclare, en

vertu de ma mission de confirmer mes frères, que l’Eglise n’a en aucune

manière le pouvoir de conférer l’ordination sacerdotale à des femmes et

que cette position doit être définitivement tenue par tous les fidèles de

l’Eglise . »92 Par cette lettre apostolique, le Pape ambitionnait de mettre un

terme aux discussions et aux revendications de plus en plus pressantes d’un

nombre de plus en plus considérable d’hommes et de femmes, de

théologiens et de théologiennes catholiques en faveur de l’ordination des

femmes. On retrouve dans ce document les arguments développés par la

Congrégation pour la doctrine de la foi dans la déclaration inter insigniores

et maintes fois réitérés par le Pontife tout au long de son pontificat. La

conclusion de la lettre apostolique « ordinatio sacerdotalis », l’impossibilité

de conférer l’ordination sacerdotale à des femmes, ne représentait pas une

grande surprise93. Il se fonde particulièrement sur les arguments que nous

avons évoqués plus haut dans le commentaire de la Déclaration de la

Congrégation de la Doctrine de la Foi.

Dans sa lettre apostolique Mulieres dignitatem, du 15 août 1988, Jean Paul

II insiste sur le dessein du Christ en n’appelant que des hommes à être ses

92 Jean-Paul II, « lettre apostolique ordinatio sacerdotalis », D.C., n° 2096, 19 juin 1994, n° 4, p. 552 93 Snyder Patrick, la femme selon Jean-Paul II, p. 212 (édition Fides, Québec Canada 1999) 253 pages.

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apôtres… Seuls les apôtres reçoivent au cours du repas de la dernière Cène,

le commandement : « Faites ceci en mémoire de moi. » Selon, le Christ lui-

même qui a établi les douze, seul un homme peut recevoir le sacrement de

l’ordre et représenter le Christ in persona christi capitis94 .

Dans son exhortation apostolique post-synodale, « Pastores dabo vobis, »,

Jean-Paul II a voulu démontrer qu’il existe un lien identitaire entre l’homme

prêtre et le Christ. « Le prêtre trouve la pleine vérité de son identité dans le

fait d’être une participation spécifique et une continuation du Christ lui-

même… »95

Dans sa « Lettre aux femmes » pour souligner la conférence de Pékin, le

Pontife n’a pas négligé de réaffirmer que, en ce qui concerne le sacerdoce

ministériel, la dimension corporelle est fondamentale. « Il est aussi possible

d’accueillir une certaine diversité de fonctions, sans conséquence

désavantageuse pour la femme, dans la mesure où cette diversité n’est pas le

résultat d’un ordre arbitraire, mais découle des caractères de l’être masculin

et féminin.» 96 Dans cette lettre, Jean-Paul II présente aux femmes du monde

entier le modèle de Marie, qu’il considère comme « la plus haute expression

du génie de la femme. »97

Benoît XVI intervient régulièrement sur la place des femmes, souvent jugée

insuffisante dans l’Eglise. Le 26 mars 2006, il a pu dire : « Il est nécessaire

d’ouvrir aux femmes de nouveaux espaces et de nouveaux rôles à l’intérieur

de l’Eglise. Nous devons chercher de nouveau leur juste place dans

l’Eglise ». Au fil des interventions, il donne ainsi quelques pistes pour cette

« juste place » évoquant souvent « la dette de reconnaissance » que l’Eglise

a contractée à l’encontre des femmes. Le préalable est clair, pour le Pape

Ratzinger : « notre foi, comme la constitution du collège des apôtres par

Jésus ne nous permettent pas d’ordonner des femmes », donc pas de femme

prêtre. Mais le constat ne doit pas fermer toutes les portes : cela n’a pas

empêché des femmes d’exercer une « participation importante » et profonde 94 Jean-Paul II, exhortation apostolique post-synodale, christifiedeles laici , n°22 95 Jean-Paul II, exhortation apostolique post-synodal, pastores dabo vobis, D.C. n° 2050, 17 mai 1992, n°s 13, 14, 16, 17, 20, 21 et 29.96 Jean-Paul II, Lettre du pape aux femmes, DC. n° 2121, 6 et 20 août 1995, n°11 p. 62197 Ibid, n°10

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dans le gouvernement de l’Eglise, qui pouvait aller jusqu’à critiquer les

évêques dans le cas de sainte Hildegarde, voire admonester les papes

comme sainte Catherine de Sienne. Lors d’une audience générale du 14

février 2007, consacrée au rôle des femmes à l’époque de Jésus dans

l’Eglise Primitive, Benoit XVI a utilisé l’expression « responsabilité de haut

niveau » pour qualifier leur place. Le Pape rappelle que les femmes sont

présentes et citées par les Evangélistes mais surtout que contrairement aux

hommes, elles n’abandonnèrent pas Jésus lors de la passion et furent ainsi

les premiers témoins de la résurrection. Benoît XVI, à partir des

considérations bibliques, esquisse quelques missions particulières pour la

femme. Tout d’abord, celle de l’évangélisation qui passe à la fois par la vie,

le cœur et l’intellect. Il reconnaît aussi, comme saint Paul, aux femmes, le

fait de pouvoir « prophétiser », c'est-à-dire parler dans l’assemblée sous

l’inspiration de l’Esprit-Saint, en vue de l’édification de la communauté. Le

Pape s’interroge même pour savoir si, « en dépit du fait que le sacrement et

le charisme soient le seul binôme dans lequel on réalise l’Eglise », le service

ministériel ne pourrait pas offrir aux femmes plus d’espace et de

responsabilités. Le 14 février 2007, il a aussi évoqué le « diaconat » des

femmes des premiers temps de l’Eglise : « Même si ce titre n’avait pas à

l’époque la valeur ministérielle de type hiérarchique, il exprime un véritable

exercice de responsabilité dans la communauté ». Pourtant, le Pape, dans sa

réflexion, se heurte au problème du lien entre ordination et gouvernement de

l’Eglise. Devant les prêtres de Rome, il note que « le ministère sacerdotal du

Seigneur, comme nous le savons, réservé aux hommes, est en tant que

ministère sacerdotal, un gouvernement au sens profond, à savoir qu’en

définitive, c’est le Sacrement qui gouverne l’Eglise. » C’est là, le point

décisif : « Ce n’est pas l’homme qui fait quelque chose, mais le prêtre fidèle

à sa mission qui gouverne, dans le sens où c’est le Sacrement ; c'est-à-dire

que par le Sacrement, c’est le Christ lui-même qui gouverne, dans

l’Eucharistie, comme dans les autres Sacrements, et ainsi c’est toujours le

Christ qui préside .98»

98 Gaulmyn de Isabelle, les Femmes, elles, n’ont pas abandonné Jésus, La Croix du Jeudi 8 mars 2007.

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Le magistère catholique reste intransigeant par rapport à l’exclusion des

femmes du ministère sacerdotal. A l’heure où les femmes accèdent aux plus

hautes fonctions de l’Etat, cette position semble d’un autre temps et ne

correspond plus à l’esprit contemporain. Il est urgent, comme le dit Benoît

XVI, de reconsidérer le statut des femmes en Eglise et de voir comment ces

dernières peuvent être mieux reconnues et participer plus effectivement au

sacerdoce du Christ.

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Page 89: LES FEMMES SELON LA PENSES DE PAUL VI · - En préambule de ce travail sur « La pensée de Paul VI sur les femmes », ... A - Faire reconnaître le statut de la femme pour faire

CONCLUSION

L’ensemble de ce mémoire m’a obligée à observer le message de Paul VI

donné aux femmes durant son pontificat. Le Pape a vécu une période

charnière pour la vie de l’Eglise et a su prolonger la réflexion de renouveau

engagée par le Concile. Dans l’Eglise de ce temps, tous les espoirs étaient

permis. A la suite du Concile, le Code de Droit Canon de 1917 est en cours

d’abrogation et le nouveau droit canonique est en cours d’élaboration, il ne

sera publié qu’en 1983 pour l’Eglise Latine et en 1990 pour les Eglises

Orientales. Nous l’avons vu, cette période est marquée par les mouvements

féministes, ceux-ci sont très dynamiques et stimulent les femmes à

revendiquer leur place dans la hiérarchie de l’Eglise. Paul VI conscient de

l’ensemble des revendications féminines, fait entendre sa voix et c’est avec

plaisir que j’ai découvert un Pontife soucieux de la promotion de la femme.

Pour Lui, cette promotion doit passer par la reconnaissance des droits tant

au niveau individuel qu’au niveau professionnel ; la justice est un facteur de

promotion, elle consiste dans le respect et l’élévation de la féminité. Pour le

Pape, le féminisme n’est pas dans l’affranchissement des principes moraux.

C’est en affermissant les principes de la morale chrétienne que l’on donnera

les bases et les moyens de la promotion de la femme. Dans un monde en

gestation, la reconnaissance d’un statut de la femme fera cesser les

discriminations et établira des rapports d’égalité. Le Saint-Père pense que la

promotion des peuples passe par le rôle éducatif de la femme et sa propre

promotion. Au mot « développement », il ajoute, les attributs suivants :

alphabétisation, élévation, progrès, paix.

A travers le travail concernant l’Encyclique Humanae Vitae, j’ai découvert

un Pape inquiet, hanté par le souci de donner à l’humanité une parole

concernant le respect de la vie, conscient des rebondissements que son

enseignement provoquerait dans les esprits. Cette grande question du

respect de la vie a occupé sa pensée jusqu’à son dernier souffle. Souvent à

travers ses allocutions, j’ai senti un Pape chaleureux, très au fait des

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problèmes qui rongent et hantent la société, qui souhaite à partir de ce

contexte dire une parole d’espérance.

Une autre caractéristique de Paul VI, c’est son sens missionnaire et

apostolique. C’est dans cette attitude intérieure qu’il reçoit les différents

représentants des mouvements d’Action Catholique et les stimule à

collaborer à l’évangélisation par toute leur vie. Il est partisan que les

femmes apportent un concours accru dans les divers domaines de

l’apostolat. Attentif aux femmes, il est le premier Pape à inviter des femmes

à participer au Concile et à proclamer deux d’entre elles « docteurs de

l’Eglise ». Le Message conciliaire adressé aux femmes reste une louange en

l’honneur des femmes. Dans le même esprit missionnaire, le Saint-Père

encourage les femmes à participer à tous les secteurs de la vie de l’Eglise. Il

va jusqu’à affirmer, « la tâche des laïcs est de re-sacraliser le monde ». Pour

soutenir l’action des laïcs, il a créé le conseil des laïcs et promulgué le

Décret sur l’apostolat des laïcs. Un souffle nouveau dynamise l’Eglise et

chaque baptisé, homme ou femme, est engagé à donner le meilleur de lui-

même, à la suite du Christ.

Après avoir entendu toutes les paroles de Paul VI pour magnifier les

femmes et les stimuler dans leur mission de baptisées, est-il possible de

penser qu’il serait favorable à l’ordination des femmes ? A l’époque, des

femmes devenaient pasteurs, d’autres étaient ordonnées prêtres dans l’Eglise

anglicane. De plus, des pressions féministes poussaient le Magistère à se

poser des questions sur l’accession des femmes au sacerdoce. Dans ce

climat vindicatif et contestataire, Paul VI prend position et affirme rester

fidèle à la Tradition de l’Eglise et des apôtres. Cependant, le Saint-Père ne

veut en aucun cas marginaliser la collaboration des femmes, mais, elles ne

seront pas prêtres. Elles sont par le fait même exclues systématiquement du

pouvoir de gouvernement de l’Eglise. Ceci est clairement exprimé dans

« Inter Insigniores ». J. Paul II reprendra les mêmes positions éclairées par

les mêmes arguments dans « Ordinatio Sacerdotales » du 22 mai 1994.

L’enseignement du Pape est fort et vigoureux, marqué par le souci de

l’évangélisation et de la sanctification du monde. L’accent n’est pas

moralisateur, mais reste en ligne droite de la doctrine. Les écrits sont clairs

et stimulants et resteront d’actualité. Ils poussent à l’engagement

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apostolique et ouvrent à ce qui fait le cœur de la vie humaine et chrétienne.

Pour Lui, il n’y a pas de dissociation entre l’humain et le spirituel.

A quand les femmes prêtres ? Benoît XVI n’a-t-il pas confié au Clergé de

Rome en mars 2006 : « Il est nécessaire d’ouvrir aux femmes de nouveaux

espaces et de nouveaux rôles à l’intérieur de l’Eglise ». Attendons avec

patience, mais agissons, est-il nécessaire d’être ordonnée pour témoigner de

la vie du Christ ? Est-il indispensable d’être prêtre pour évangéliser ?

Comme le dit la conclusion de « Inter Insigniores », « le charisme le plus

élevé, c’est la charité. »

Cette réserve constante manifestée par la hiérarchie de l’Eglise semble être

d’un autre temps. A l’heure où les femmes exercent des professions de

chirurgiens, de pilotes de ligne, d’architectes, de chercheurs, la position du

Magistère est totalement en décalage avec la société. L’Eglise est de droit

divin et les lois qui en relèvent sont intangibles. Faut-il, pour cela, se priver

de la richesse de femmes spirituelles et intelligentes qui se sentent appelées

au ministère sacerdotal ?

Inévitablement, le Pape et les évêques, devant la diminution des prêtres et la

rareté des vocations seront obligés, dans peu de temps, de faire appel à la

compétence et au dévouement des femmes. Peu à peu, nous constatons que

le visage de l’Eglise change, c’est peut-être moins flagrant à Rome que dans

les paroisses de base. Néanmoins, nous assistons à une féminisation lente,

mais progressive et irréversible des services ecclésiaux, cette nouvelle

situation est à prendre en compte.

Ne serait-il pas possible de restaurer le diaconat féminin qui a existé dans la

primitive Eglise et d’ordonner des femmes qui se sentent appelées au

ministère sacerdotal ? Pourquoi ne serait-il pas possible d’organiser des

célébrations à l’occasion de la prise en charge d’un office, la lettre de

mission restant un cahier des charges indispensable pour assurer la fonction

à laquelle la personne est appelée ?

A titre indicatif, je vais exploiter quelques statistiques concernant la

présence des femmes au niveau de la Curie romaine, du diocèse et des

paroisses. Force est de constater que plus on est dans les hautes sphères de

la hiérarchie, moins les femmes sont présentes et si elles le sont, c’est

toujours dans des rôles secondaires. Au niveau national, les femmes, là

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Page 92: LES FEMMES SELON LA PENSES DE PAUL VI · - En préambule de ce travail sur « La pensée de Paul VI sur les femmes », ... A - Faire reconnaître le statut de la femme pour faire

aussi, ne peuvent pas être Présidentes de Commission et si elles sont

engagées, elles assurent les fonctions d’adjointes. Sur le plan diocésain,

lorsqu’elles sont en responsabilité, elles sont bien souvent en tandem avec

un prêtre délégué au service. Ce n’est qu’au niveau des paroisses qu’elles

ne sont pas seulement utiles, mais indispensables : Que serait l’Eglise sans

l’engagement des femmes ?

La Curie romaine, instance de gouvernement central de l’Eglise est

composée de dicastères. Les postes de Présidents et de secrétaires sont

réservés à des prêtres, en général, évêques, voire cardinaux, fonctions

inaccessibles aux femmes… La femme la plus élevée hiérarchiquement est

sous-secrétaire de la Congrégation pour les Instituts de vie consacrée, ce qui

est bien le moins, si l’on considère que le nombre de religieuses dans le

monde est de 782032, pour 267334 prêtres diocésains, 130823 prêtres

religieux et 54620 religieux non prêtres, elles sont deux fois plus

nombreuses que les prêtres. (Statistiques de 2002). La féminisation de la

Curie est réelle, puisqu’elle est passée de 11% de femmes, en 1978, à 21%

en 2006. Les femmes occupent surtout des postes d’assistantes, même si

c’est une femme qui est responsable du site Internet de Vatican et une autre

présidente de l’Académie Pontificales des Sciences Sociales. Il reste encore

des dicastères sans femme, comme la Congrégation pour le culte divin et la

discipline des sacrements, qui s’occupe des questions liturgiques. On

recense quatre femmes parmi les permanentes de la Congrégation pour la

Doctrine de la Foi. Quelques femmes encore ont été nommées

« consulteurs » de dicastères, mais elles sont rares, moins de 10 %. Le

Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens en compte deux, mais la

Congrégation pour la Doctrine de la Foi, aucune. Tout comme la

Congrégation des causes des saints, ce qui est faire bien peu de cas du

nombre de saintes femmes que compte l’Eglise catholique.99

En feuilletant le guide catholique de France, Editions 2007100, je constate

que bien souvent dans les diocèses, des femmes sont déléguées épiscopales

à l’information ; certaines sont chargées du service de la communication.

99 La Croix du 8 mars 2007.100 Conférence des Evêques de France, Guide 2007 de l’Eglise catholique de France, Bayard, Cerf, Fleurus, Mane, 295 pages.

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D’autres sont directrices de la radio diocésaine, ou assurent la publication

du bulletin et effectuent la mise à jour de l’annuaire diocésain.

Au niveau de l’Assemblée plénière des évêques de France, une femme

mariée et mère de deux enfants est nommée adjointe au secrétaire général.

Neuf Conseils permettent à la conférence d’exercer collectivement sa

responsabilité. Chaque conseil comprend deux à neuf évêques et d’autres

membres choisis pour leur expertise. Je constate :

- Deux femmes font partie du conseil pour les questions canoniques,

sur neuf membres.

- Aucune n’est présente dans le Conseil pour les questions familiales

et sociales, ce qui me paraît inquiétant !

- Une femme est présente au Conseil pour la pastorale des enfants et

des jeunes.

- Trois femmes sont présentes au Conseil des affaires économiques,

sociales et juridiques.

- Aucune femme, au Conseil pour les Mouvements et Associations de

fidèles.

- Deux sont au Conseil pour les Relations avec le Judaïsme et aucune

dans le Conseil pour les relations interreligieuses et les nouveaux

courants religieux.

- Par le biais des Mouvements de Solidarité, deux ou trois femmes

font partie du Conseil pour la Solidarité.

Au niveau de grands services, les femmes sont peu présentes :

- Une femme est directrice adjointe au département de la famille au

niveau du Service national pour les questions familiales et sociales.

- Une est chargée de l’aumônerie des hôpitaux.

- Une est directrice adjointe du département : droits, libertés et paix,

Justice et Paix, France.

- Deux sont directrices adjointes au Service national pour

l’évangélisation des jeunes scolaires et étudiants, l’une, aux

aumôneries de l’Enseignement Public et l’autre, aux aumôneries

catholiques des universités.

Au niveau du diocèse de Saint Claude (Jura)

Trois femmes font partie du Conseil épiscopal élargi :

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- Une est adjointe au vicaire général pour le suivi des Equipes

d’Animation Pastorale.

- Une est chargée de la formation permanente.

- Une représente le service diocésain de l’annonce de la foi.

A l’officialité interdiocésaine qui siège à Besançon :

- Deux femmes sont juges,

- Une est notaire.

Au service de la catéchèse, trois femmes sont responsables de la pastorale

catéchétique et une cordonne l’équipe de catéchuménat.101

Dans le diocèse, avec la restructuration des paroisses et la raréfaction des

prêtres ont été mises en place des Equipes d’Animation Pastorale. C’est

une réalité nouvelle qui fonctionne en s’appuyant sur le canon 517 § 2 : « Si

à cause de la pénurie de prêtres, l’Evêque diocésain croit devoir confier à un

diacre ou à une autre personne non revêtue du caractère sacerdotal, ou

encore à une communauté de personnes, une participation à l’exercice de la

charge pastorale d’une paroisse. Il constituera un prêtre qui, muni de

pouvoirs et de facultés du curé, sera le modérateur de la charge pastorale. »

Ces équipes sont constituées de cinq personnes, dont une pour chaque pôle :

liturgie, annonce de la foi, solidarité, affaires matérielles et coordination.

Dans le diocèse, il y a soixante équipes de E.A.P, composées à 80% de

femmes, elles assurent toute l’animation et la coordination de la vie

paroissiale en lien avec le curé. Il y a cinq membres dans chaque équipe, ce

qui représente environ trois cent personnes dont environ deux cent soixante

femmes. Pour assister les familles touchées par le deuil et pour aider à

préparer les obsèques, voire, les célébrer en cas d’absence du prêtre, des

référents équipes de funérailles sont mis en place. Deux ou trois

personnes par paroisse sont cooptées, ce qui représente encore cent vingt à

cent cinquante personnes environ. Là encore, les femmes sont majoritaires.

De plus, il faudrait encore dire que la majorité des catéchistes sont des

femmes et que l’essentiel de la transmission de la foi se fait par les femmes,

aussi bien au catéchisme qu’en famille. Que serait l’Eglise sans tout cet

investissement féminin quotidien et sur le terrain ? Dans les Facultés

101 Annuaire diocésain 2007, du Diocèse de Saint Claude, Jura.Evêché BP 39002 Lons-le-Saunier 202 pages.

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Catholiques, de plus en plus de femmes ont acquis des titres universitaires

aussi bien en Théologie, qu’en Droit Canonique et assurent un enseignement

avec compétence et conviction ; l’une d’entre elles est d’ailleurs Doyen de

l’une de ces Facultés. Il semble bien regrettable de ne pas permettre à des

femmes engagées au service de l’Eglise d’aller au bout de leur vocation par

une ordination diaconale, voire sacerdotale. Aujourd’hui, la différence de

sexe intervient de moins en moins dans l’exercice d’une fonction ; ce qui

compte, c’est la compétence ; nous voyons des femmes pasteurs transmettre

le Message du Christ avec autant de force et de vigueur que leurs confrères

hommes. Parler de promotion et d’égalité, c’est bien, mais hélas ! la parité

est loin d’exister en Eglise… L’Eglise, d’ailleurs, n’est pas fondée sur des

lois humaines, mais sur le droit divin ; c’est tout ce qui en fait la différence

par rapport aux autres sociétés. C’est seulement avec le regard de la foi que

nous pouvons accepter la position du Magistère et admettre que seuls les

hommes puissent être prêtres « in persona Christi ». Paul VI a ouvert des

portes en instituant le laïcat, il faut poursuivre cette ouverture, s’interroger

et se demander s’il est vraiment indispensable d’être un homme pour

pouvoir être ordonné . La question sur la non accessibilité des femmes au

sacerdoce qui semble définitivement réglée par Jean-Paul II, reviendra

inévitablement à l’ordre du jour, tôt ou tard. Tout ce débat est peut-être

inutile ? Le rôle du Christ est primordial mais La Mission de Marie est

essentielle, avec les disciples, Elle était à la naissance de l’Eglise, le jour de

Pentecôte.

Paul VI en clôturant la troisième session du Concile, le 21 novembre 1964,

a déclaré formellement Marie, « Mater Ecclesiae », conformément à la

tradition catholique. En Elle rayonne à jamais la plénitude de la grâce. Qu’il

nous soit donné de marcher dans son sillage et de vivre une civilisation

d’amour.

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BIBLIOGRAPHIE

SOURCES :

Jean XXIII : « Pacem in terris », fait à Rome 11 avril 1963. DC 21 avril

1963. n° 1398, p 520, l’entrée de la femme dans la vie publique.

ENCYCLIQUES DE PAUL VI

Ecclesiam suam « Comment l’Eglise doit accomplir sa tâche aujourd’hui »

6 août 1964 DC n° 1434.

Evangelii Nuntiandi « Sur l’évangélisation dans le monde moderne à

l’épiscopat, au clergé et aux fidèles de toute l’Eglise ». 1976. DC n° 1689.

Humanae Vitae « Sur le mariage et la régulation des naisances ». 25 juillet

1968, DC n° 1523.

Mysterium Fidei « Sur la doctrine et le culte de la Sainte Eucharistie »

3 septembre 1965. DC n° 1456.

Populorum Progressio « Sur le développement des peuples 26 mars 1967.

DC n° 1492.

Sacerdotalis Caelibatus « Sur le célibat sacerdotal ». 24 juin 1967, DC

n° 1498.

EXHORTATIONS APOSTOLIQUES

Marialis Cultus « sur le culte de la Vierge Marie » 2 février 1974,

DC n° 1651.

Evangelica Testificatio 29 juin 1971.

MOTU PROPRIO

Ministeria quaedam 15 août 1972, « tous appelés aux ministères »

LETTRE APOSTOLIQUE

Octogesima Adeveniens « Pour le 80e anniversaire de l’encyclique Rerum

Novarum. 1971 DC n° 1587.

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LES 18 TEXTES CONCILIAIRES

Lumen Gentium « Constitution dogmatique sur l’Eglise, 21 novembre 1964, 53 pages.

Dei Verbum « Constitution dogmatique sur la Révélation divine » 18 novembre 1965, 11 pages.

Sacrasanctum Concilium « Constitution sur la sainte liturgie », 4 décembre 1963, 32 pages.

Gaudium et Spes « Constitution pastorale sur l’Eglise dans le monde de ce temps », 7 décembre 1965, 66 pages.

Christus Dominus « Décret sur la charge pastorale des évêques dans l’Eglise », 28 octobre 1965. 20 pages.Presbyterorum ordinis « Décret sur le ministère et la vie des prêtres », 7 décembre 1965, 25 pages.Optatam totius Ecclesiae renovationem “Décret sur la formation des prêtres », 28 octobre 1965, 13 pages.Perfectae Caritatis « Décret sur la rénovation et l’adaptation de la vie religieuse », 28 octobre 1965, 10 pages.Apostolicam actuositatem « Décret sur l’Apostolat des laïcs »,18 novembre 1965, 21 pages.Ad gentes divinitus « Décret sur l’activité missionnaire de l’Eglise »,7 décembre 1965, 31 pages.Unitatis redintegratio « Décret sur l’œcuménisme », 21 novembre 1964, 14 pages.Orientalium Ecclesiarum « Décret sur les Eglises Orientales, 21 novembre 1964, 10 pages.Inter mérifica « Décret sur les moyens de communication sociale », 4 décembre 1963, 9 pages.

Dignitatis Humanae « Déclaration sur la liberté religieuse », 7 décembre 1965, 10 pages.Nostra aetate « Déclaration sur les relations de l’Eglise avec les religions non chrétiennes », 7 décembre 1965, 10 pages.Gravissimum Educationis momentum « Déclaration sur l’éducation chrétienne », 28 octobre 1965, 10 pages.

Messages du Concile, 20 octobre 1962, 3 p. et du 8 décembre 1965, 6 p.

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TEXTES SPECIFIQUES DE PAUL VI CONCERNANT LES

FEMMES

1963 :

Homélie du jeudi 12 septembre 1963 aux congrégations mariales.

L’attrait des valeurs spirituelles pour la jeunesse féminine d’aujourd’hui,

DC 4 août 1963, n° 1405 aux aumôniers diocésains de la jeunesse féminine

italienne.

Allocution à des femmes d’Action Catholique, 3 juillet 1964, in DC 18 août

1963, n° 1406.

Les charismes, Des « auditrices » laïques, des frères et des religieuses au

Concile, DC 1er décembre 1963. n° 1413, p. 1565 à 1566.

1964 :

Discours à la Fédération mondiale des jeunesses féminines catholiques,

4 avril 1964.

Allocution à des religieuses, le 8 septembre 1964. DC 20 septembre 1964,

n° 1432, p. 1170 à 1174.

1965 :

Allocution au Centre féminin italien, 30 mai 1964 in DC, 1963, n° 1459,

p. 1063 à 1068.

Allocution à la commission sur les problèmes de la population, de la

famille, de la natalité. 27 mars 1963. www. Vatican.

1966 :

Message aux Femmes, message du Concile à la clôture, le 8 décembre 1966

dans DC du 2 janvier 1966 n° 1462. p 56.

Allocution aux congressistes du Centre italien féminin, sur les problèmes du

mariage et de la famille, DC 12 février 1966, DC n° 1462, p.405 à 411.

Allocution à des gynécologues italiens, DC, 29 octobre 1966, DC n° 1482,

20 mai 1966 p. 1921 à1926.

Allocution aux abbesses et prieures des monastères de bénédictines d’Italie,

28 octobre 1966, DC n° 1482.20 novembre 1966 p. 1926 à 1932.

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1967 :

Allocution de Sa Sainteté Paul VI au 3ème Congrès mondial pour

l’apostolat des laïcs, où il a été demandé une parfaite égalité entre Hommes

et Femmes dans l’Eglise ; DC du 5 novembre 1967, n° 1504 p 1826 -1884.

Message de Paul VI aux femmes africaines, dans DC 19 novembre 1967

n° 1505 p. 1954.

1968 :

Encyclique « Humanae Vitae » 25 juillet 1968.

Allocution prononcée par Sa Sainteté. Paul VI au cours de l’audience

générale du 31 juillet 1968. « Préparation, but et esprit de l’Encyclique » ;

DC 1e septembre 1968, n° 1523, p.1457 à 1460.

Réflexion de Paul VI sur « humanae vitae » aux membres de l’Institut

séculier « Pro familia » fondé par sa mère.

1969 :

Lettre à l’Archevêque de Melbourne, à l’occasion de la Conférence du

Conseil Australien des Organisations des femmes catholiques du 12 au

19 octobre 1969.« La participation de la femme à l’apostolat de l’Eglise ».

DC n° 1552, 7 décembre 1969, p.1060.1061.

« la femme dans le mystère de la vie contemplative », dans DC 8 septembre

1969, n° 1547 p. 810.

1970 :

Homélie prononcée lors de la proclamation de sainte Thérèse d’Avila,

Docteur de l’Eglise, 27 septembre 1970, DC n° 1572, 1970, p.908, 909.

Homélie prononcée lors de la proclamation de sainte Catherine de Sienne,

Docteur de l’Eglise, le 4 octobre 1970, DC n° 1573, 1er novembre 1970,

p. 956, 957.

1971 :

Lettre apostolique « Octogesima Adveniens » à Monsieur le Cardinal

Maurice ROY, Président du Conseil des Laïcs et de la Commission

Pontificale ‘ Justice et Paix ‘ à l’occasion du 80ème anniversaire de

l’Encyclique « Rerum Novarum », 14 mai 1971, DC n° 1587, du 6 juin 1971

p. 502 à 513.

Discours aux participants au symposium du conseil des Laïcs, 30 mars

1971. Www. Vatican

99

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1972 :

Lettre Pontificale à Monsieur Alain BARRERE, à l’occasion de la LIXe

Session des semaines Sociales, Metz du 4 au 9 juillet 1972. « Couples et

familles dans la Société d’aujourd’hui ». DC n° 1614 des 6 et 20 août 1972

p. 716 à 719.

Lettre Apostolique, en motu proprio « Ministeria quaedam », réformant la

discipline de la tonsure, des ordres mineurs et du sous-diaconat dans

l’Eglise latine. www.cérémoniaire.net. 15 août 1972.

1973 :

Allocution à l’Union Internationale des Supérieures générales, 19 novembre

1973, DC n° 1644 du 16 décembre 1973 p. 1058,1059.

Allocution à la première session de la Commission d’étude sur la femme

dans la Société et dans l’Eglise, 14 novembre 1973 DC n° 1644

du 16 décembre 1972 p.1057

Allocution, du 6 novembre 1974, à l’occasion de l’année internationale de la

femme. DC n° 1665, 1er décembre 1974.

1974 :

Allocution adressée à des juristes catholiques lors de leur congrès, le

7 décembre 1974, DC n° 1668, DC du 19 janvier 1975, p.55, 56.

Allocution au comité pour l’année internationale de la femme, le 18 avril

1975, DC n° 1675, DC 4 mai 1975, p.403, 404.

Lettre à la conférence mondiale de l’année internationale de la femme à

Mexico. DC n° 1679 du 6 juillet 1975, p.604 à 606.

Exhortation Apostolique 22 mars 1974, Le culte Marial aujourd’hui de Paul

VI, présentation d’Antoine Wenger, Centurion, 95 pages.

1975 :

Homélie pour la béatification de Mère Marie-Eugénie, fondatrice des

religieuses de l’Assomption, 9 février 1975. www.assumpta.fr

Allocution à l’Union Européenne Féminine, 18 septembre 1975, DC du 1er

décembre 1975, n° 1687. p 1025.

1976 :

Allocution du 17 août à Castel Gandolfo, avant la récitation de l’Angélus,

l’Assomption et l’année de la femme. DC p 760. 1976.

100

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Allocution prononcée le 14 septembre pour la canonisation d’Elisabeth

Séton, fondatrice des Sœurs de la Charité de saint Joseph, première sainte

américaine, proposée comme modèle en cette année de la femme. DC p 808

Déclaration de la Sacrée Congrégation de la Doctrine de la Foi «Inter

Insigniores » 15 octobre 1976, sur la question de l’admission des femmes

au sacerdoce ministériel. Www. Missa.org/inter_insigniores.php.

1977 :

Allocution sur la condition de la femme, le 6 décembre au congrès du

Centre Italien féminin DC du 2 janvier 1977, n° 1711 p. 8 et 9.

Allocution prononcée le 30 janvier dans laquelle Paul VI s’adresse aux

femmes, après la publication du document de la Congrégation de la doctrine

de la foi, sur la question de leur admission au sacerdoce, DC du 20 février

1977, n° 1714 « Appel aux femmes ».

1978 :

Discours prononcé sur le tombeau de sainte Catherine de Sienne

DC du 19 novembre 1978 n° 1752.

ENSEIGNEMENT DE JEAN PAUL II

Lettre apostolique « mulieris dignitatem, » sur la dignité et la vocation de la

femme, à l’occasion de l’Année mariale, 15 août 1988, DC du 20 novembre

1988, n° 1972 p. 1063 à 1088.

Exhortation Apostolique, post-synodale « Christifideles laici » sur la

vocation et la mission des laïcs dans l’Eglise et dans le monde, 30 décembre

1988, 65 pages,

http://www.vatican.va/holy_father/johan_paul_ii/apost_exhortations/docum

ents/hf_jp-i.

Lettre apostolique « Ordinatio sacerdotalis », sur l’ordination sacerdotale

exclusivement réservée aux hommes, 24 mai 1994, 3 pages.

http://www.vatican.

Lettre du Pape Jean-Paul II aux femmes, 29 juin 1995, 7 pages,

http://www.vatican.

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Instruction « Sur quelques questions concernant « la collaboration des

fidèles laïcs au ministère des prêtres », 15 août 1997, 24 pages.

http://www.vatican.va/roman_curia/congregatons/cclergy/documents/rc_con

_interdic…

OUVRAGES :

ALBERIGO Giuseppe (sous la direction), Histoire du Concile Vatican II,

version française sous la direction d’Etienne Fouilloux, Paris et Louvain,

Les Editions du Cerf et Peeters, 2005.

AUBERT Marie-Joseph, Des Femmes Diacres, Un nouveau chemin pour

l’Eglise, préface de Régine PERNOUD. Beauchesne 216 pages, 1987.

BOUYER Louis, Mystère et ministères de la femme, Présence et pensée,

Aubier, Montaigne, 108 pages, 1976.

BEHR-SIGEL Elisabeth, Le ministère de la femme dans l’Eglise, Cerf,

239 pages, 1987.

BODIN Jean, La femme, Editions de la librairie encyclopédique

Bruxelles 347 pages, 1959.

HOURCADE Janine, Pourquoi la Femme, préface de Louis BOUYER,

Desclée/Essai, 146 pages, 1992.

KELEN Jacqueline, Lettre d’une amoureuse à l’adresse du Pape, Editions

de la Table ronde, 144 pages, 2007.

MACCHI Pasquale, Paul VI à travers son enseignement, Edition François-

Xavier de Guibert., 351 pages, 2005.

MACCHI Pasquale, Dans l’intimité de Paul VI – Méditations inédites –

Testament. Editions Médiaspaul – 2006, 101 pages

PARENT Rémi et DUFOUR Simon, Les Ministères, Parcours, la

bibliothèque de formation chrétienne. Centurion, La Croix, 102 pages. 1993.

PELLETIER Anne- Marie, Le signe de la femme, Editions du Cerf, 256

pages, 2006.

SYNDER Patrick, La femme selon Jean-Paul II, Lectures des fondements

anthropologiques et théologiques et les applications pratiques de son

enseignement. FIDES, Bibliothèque nationale du Québec.1999.

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THEBAUD Françoise (sous la direction de) Histoire des femmes en

Occident, tome V. Le XXe siècle, collection Tempus Ed. Plon, 391 p.

VILLENEUVE de Catherine, Vierges ou mères, Quelles femmes veut

l’Eglise ? Editions Philippe Rey, 192 pages, 2007.

CONFERENCE DES EVEQUES DE FRANCE, Guide 2007 de l’Eglise

catholique de France, Bayard, Cerf, Fleurus, Mane, 295 pages.

ANNUAIRE DIOCESAIN 2007, du Diocèse de Saint Claude, Jura.

Evêché BP 39002 Lons-le-Saunier202 pages.

ARTICLES DIVERS :

BERERE Marie-Jeanne, L’ordination des femmes dans l’Eglise

catholique : les décisions du Magistère pages 7 à 20, dans Revue de Droit

Canonique n°46/1, 1996.

DOE Norman, les femmes dans les Eglises anglicanes du Royaume-Uni,

Pages 59 à 73. Revue de Droit Canonique n°46/1, 1996.

FLORES-LONJOU Magalie, Accès aux ministères dans les Eglises et

non-discrimination entre les sexes ; Problèmes juridiques. Pages 115 à 134.

Revue de Droit Canonique n°46/1, 1996.

JOUBERT Jacques, A propos d’une réponse de la Congrégation pour la

foi, pages 29 à 36. Revue de Droit Canonique n°46/1, 1996.

HEYER René, La théologie féministe, pages 87 à 98. Revue de Droit

Canonique n°46/1, 1996.

MERCIER Jean, (propos recueillis par), « Femmes cathos en quête

d’identité », in La Vie, N° 3206, du 8 février 2007, pages 62 à 66.

G. SLEDZIEWSKI Elisabeth, « Ordinati sacerdolis » : frileuse Pentecôte,

pages 21 à 28, dans Revue de Droit Canonique n°46/1, 1996.

Ad van der HELM, le statut de la femme dans l’Eglise catholique, pages

37 à 53, Revue de Droit Canonique n°46/1, 1996.

TORFS Rik, Synthèse : quelques observations d’un canoniste. Pages 135 à

146. Revue de Droit Canonique n°46/1, 1996.

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TURMEL Christiane, Les femmes en situation de responsabilité dans

l’Eglise Catholique en France, pages 53 à 58. Revue de Droit Canonique

n°46/1, 1996.

WILLAIME Jean-Paul, les responsabilités des femmes dans les Eglises

protestantes, pages 75 à 87. Revue de Droit Canonique n°46/1, 1996.

WEIBET Nadine, Femme, pouvoir et Islam, page 105 à 114. Revue de

Droit Canonique n°46/1, 1996.

GAULMYN Isabelle (de) dans « les Femmes, elles, n’ont pas abandonné

Jésus » dans La Croix du Jeudi 8 mars 2007.

ARTICLES PUBLIES DANS LA DOCUMENTATION

CATHOLIQUE

DELL’ACQUA, substitut de Secrétairerie d’Etat, Lettre du 20 janvier

1964, p 499, DC 19 avril 1964 n° 142.

3ème Congrégation générale Dignité de la personne humaine

Chapitre 1 § 20, sur la dignité de la femme africaine, p 1598.

DC 6 décembre 1964, n° 1437, du 28 octobre 1964.

CONCAR Yves O.P. Les ministères féminins, dans DC du 3 juillet 1966

n° 1474, p.1248.

BOYER Charles, S.J, L’ordination des femmes, 20 juin 1965, n° 1450

p. 1102 à1106.

L’Eglise Réformée de France et le ministère pastoral de la femme, DC du

20 juin 1965 n° 1450 p.1103 à 1104.

Message des évêques de l’Afrique Equatoriale réunis du 11 au 15 juin

1965, aux chrétiens qui préparent une Afrique meilleure, place de la femme

africaine, p. 1410, 1411. DC 1er-15 août 1965, n° 1453.

LERCARO (Cardinal) Directives du « Concilium » aux évêques d’Afrique

du Nord, sur « les service des femmes à l’autel », janvier 1966, pour

l’application de la Constitution sur la Liturgie, dans DC 1er mai 1966

n° 1470.

OTTAWIANI (Cardinal), Travaux de la commission pontificale pour les

problèmes de la natalité, dans DC 15 mai 1966 n° 1471, p. 935 à 942.

104

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ELLISON (Docteur) Le problème du sacerdoce des femmes chez les

anglicans exposé par le du 15 décembre 1966, dans DC du 19 février 1967,

n° 1488, p. 363.368.

Secrétariat Général de l’Episcopat français, Les divorcés non remariés et les

femmes séparées, note du DC du 1e octobre 1967, n° 1502, p. 1711 à 1716.

ARMAND Louis, Saint François de Sales, le précurseur de la promotion

des femmes, conférence de l’Académie Française prononcée à Annecy pour

le quatrième centenaire de la naissance de François de Sales. Le 9 septembre

1964, dans DC du 15 octobre 1967 n° 1503, p. 1799,1800.

LEGER (Cardinal) Allocution à Montréal le 20 septembre devant la Société

Canadienne de Droit Canonique, à l’occasion de la révision du Code de

Droit Canon. « Il est urgent de traiter la femme d’une façon plus conforme à

sa dignité », dans DC du 19 novembre 1967, n° 1505 p. 1997.

RENARD (Cardinal) Au service de la vie humaine, l’Encyclique du

courage, DC 1e septembre 1968, n° 1523, p.1460 à 1464.

Quelques déclarations sur l’Encyclique :

o Cardinal HEENAN, Archevêque de Westminster,

o Cardinal DOEPFNER, Archevêque de Munich,

o Cardinal TISSERANT, Doyen du Sacré Collège,

o Cardinal GARRONE,

o Cardinal ZOUNGRANA, Archevêque d’Ouagadougou,

o Cardinal LEFEVRE, Président de la Conférence Episcopale de

France.

o Mgr MARTY, Archevêque de Paris

o Mme RENDU, Présidente du C.L.E.R.

o Les « Equipes Notre Dame »,

o L’Action catholique générale : (ACGH. ACGF)

o Patriarche ATHENAGORAS,

o Docteur RAMSEY, Archevêque Anglican de Cantorbéry

Communiqué de l’Episcopat Italien sur l’Encyclique « Humanae Vitae ».

DC du 6 octobre 1968, n° 1525. p.1688.1694.

Réactions dans l’Eglise d’Allemagne p 1695.1700.

105

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Déclaration de l’Episcopat Anglais sur l’Encyclique « Humanae Vitae »

DC du 20 octobre 1968. n° 1526. p.1791 à 1796.

Déclaration de l’Episcopat Autrichien DC 20 octobre 1968, n° 1526.

p. 1797 à 1801.

Note des évêques espagnols sur l’Encyclique p. 1802 DC 20 octobre 1968,

n° 1526, p.1802.

Les évêques italiens et l’avortement, 5 juin 1977 n° 1721 p. 523

JOURNET (Etude du Cardinal), La lumière de l’Encyclique « Humanae

Vitae », DC 3 novembre 1968. n° 1527, p. 1893 à 1897.

Lettre pastorale des Evêques Nordiques sur l’Encyclique « Humane Vitae »,

DC du 1e décembre 1968 n° 1529 p. 2067 à 2072.

Episcopat Français, Note pastorale l’Encyclique DC 1er décembre 1968.

n° 1529 p. 2055 à 2062.

RENARD (Cardinal), note pastorale des évêques de France. DC 1er

décembre 1968 n° 1529 p. 2063 à 2066.

DANIELOU Jean (Cardinal) Déclaration « sur le sacerdoce des femmes »,

le 22 juin 1969, dans DC 3.7 août 1969, n° 1545 p.135.

TORRELLA CASCANTE Ramon, Mgr, vice-président de la commission

Justice et Paix, Intervention de la délégation du Saint-Siège à la Conférence

mondiale de l’année internationale de la femme, à Mexico 7 et 21 septembre

1975, DC, n° 1682, p. 769 à 773.

SUENENS (Cardinal), Conférence sur le sacerdoce des femmes. Les

missions hommes et femmes sont différentes. DC 1e mars 1970, n° 1558

p 237, 238.

Troisième Instruction pour une juste application de la Constitution sur la

Liturgie, « problème du sacerdoce des femmes et de leur rôle dans la

liturgie »

p. 1014 dans DC du 15 novembre 1970, n° 1574.

Cinquième Assemblée plénière du Concile Pastoral de la province

ecclésiastique néerlandaise, Compte-rendu officiel du 12 janvier 1970 de la

« sur l’intégration de la femme dans le ministère y compris sacerdotal » p.

176, DC du 15 février 1970, n° 1557.

SEPER Franjo, (Cardinal préfet), de la Congrégation pour la doctrine de la

foi. Déclaration sur la question de l’admission des femmes au sacerdoce

106

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ministériel « Inter insigniores » 15 octobre 1976, DC du 20 février 1977,

n° 1714, p 158 à 164.

Commentaire de la Congrégation pour la doctrine de la foi sur la question de

l’admission des femmes au sacerdoce ministériel dans DC du 20 février

1977, n° 1714, p.165 à 173.

ETCHEGARAY, (Président de la Conférence épiscopale), Présentation de

la déclaration « inter insigniores », 25 janvier 1977 à Marseille. DC du

20 février 1977, p. 174,175.

LIGIER Louis, La question du sacerdoce des femmes dans l’Eglise

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SITES INTERNET

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%C3%A9nique_du_Vatican

http://www.linternaute.com/histoitr/cgi/categorie/imprimer.phpNf_id_categ

orie=107&…

http://www.vatican.

http://www.vatican.va/holy_father/johan_paul_ii/apost_exhortations/docum

ents/hf_jp-i.

www.cérémoniaire.net

http://missel.free.fr/Sanctoral/04/29.php

http://spiritualité3.free.fr/sainte_therese.html

107

Page 108: LES FEMMES SELON LA PENSES DE PAUL VI · - En préambule de ce travail sur « La pensée de Paul VI sur les femmes », ... A - Faire reconnaître le statut de la femme pour faire

TABLE DES MATIERES

Remerciements........................................................................................................................... 2

Abréviations.................................................................................................................................................................................................................................................... 3.......................................................................................................................... ...................................................................................................................................................................................................................................................................

Sommaire.......................................................................................................................... 5

INTRODUCTION

Méthodologie..........................................................................................................................

6

Analyse juridique et sociologique des années 1960 à 1980..........................................................................................................................

8

Le climat préparatoire au Concile Vatican II..........................................................................................................................

15

Présentation du plan, les trois parties successives..........................................................................................................................

16

PREMIERE PARTIE

108

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PAUL VI ET LE SOUCI DE LA PROMOTION DES FEMMES....................................................................................................... 20

1 – Avant Paul VI, Pacem in Terris de Jean XXXIII, 21 avril 1963..........................................................................................................................

20

2 - D’après la Lettre apostolique « Octogesima adveniens » 1971..........................................................................................................................

23

A - Faire reconnaître le statut de la femme pour faire cesser les

discriminations..........................................................................................................................

24

B - Favoriser une égalisation progressive des droits fondamentaux

de l’homme et de la femme..........................................................................................................................

25

3 – Collaboration à la mise en place de l’Année Internationale de la

Femme en 1975, un moyen pour promouvoir ses droits..........................................................................................................................

28

4 – Favoriser l’éducation et le développement pour que les femmes

deviennent des artisans de Paix..........................................................................................................................

31

5 – L’Encyclique « Humanae vitae », 25 juillet 1968 : La considération

pour les femmes passe par des consignes d’éthique.......................................................................................................................... 33

DEUXIEME PARTIE

RECONNAISSANCE DE LA MISSION APOSTOLIQUE

DES FEMMES

109

Page 110: LES FEMMES SELON LA PENSES DE PAUL VI · - En préambule de ce travail sur « La pensée de Paul VI sur les femmes », ... A - Faire reconnaître le statut de la femme pour faire

..........................................................................................................................

42

1 - Les femmes portent le souci de l’évangélisation dans tous les secteurs

de la vie humaine..........................................................................................................................

43

2 - Participation des femmes au concile Vatican II..........................................................................................................................

45

3 - Ce que dit le concile des femmes..........................................................................................................................

47

4 - La participation des laïcs à la mission de l’ Eglise dans le monde ..........................................................................................................................

50

5 - La proclamation de deux femmes « docteurs de l’Eglise.»..........................................................................................................................

56

TROISIEME PARTIE

LA QUESTION DES MINISTERES FEMININS DANS LA VIE DE

L’EGLISE ..........................................................................................................................

62

1 – Selon le Motu proprio « Ministeria Quaedam », du 15 août 1972.......................................................................................................................... 62

2 – Selon la déclaration de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi « Inter Insigniores » du 27 janvier 1977.......................................................................................................................... 68

A. Emergence nouvelle de la question de l’ordination des femmes..........................................................................................................................

69

B. Analyse des arguments en faveur de la déclaration « Inter Insigniores »

110

Page 111: LES FEMMES SELON LA PENSES DE PAUL VI · - En préambule de ce travail sur « La pensée de Paul VI sur les femmes », ... A - Faire reconnaître le statut de la femme pour faire

..........................................................................................................................

72

a – la Tradition........................................................................................................

74

b – l’attitude du Christ........................................................................................................

75

c – la pratique des apôtres..........................................................................................................................

76

d – la valeur permanente de cette pratique........................................................................................................

77

e - le sacerdoce ministériel à la lumière du mystère du Christ,........................................................................................................

80

f – le sacerdoce ministériel dans le mystère de l’Eglise.........................................................................................................

82

3 – Réaffirmation des positions de Paul VI par ses successeurs,

Jean-Paul II et de Benoît XVI sur la question de l’ordination des

Femmes..........................................................................................................................

86

CONCLUSION....................................................................................................... 89

BIBLIOGRAPHIE.......................................................................................................................... 96

TABLES DES MATIERES.......................................................................................................................... 109

111

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