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7/25/2019 Les Forages Profonds Un Autre Aprs-mine
1/6
M a i 2 0 0 0
Plus de 2000 forages profonds
ont t raliss dans le Bassin
parisien, dont plus de 1 000 en
Ile-de-France, essentiellement
en Seine-et-Marne et dans
lEssonne. Si les exploitations du
sous-sol par forages laissent peu
de trace dans le paysage, elles
sont plus insidieuses que celles
rsultant des mines classiques et
sont susceptibles davoir des
effets durables sur
lenvironnement. Cest
pourquoi, aujourdhui, toutes
les dispositions sont prises pourviter les atteintes durables aux
nappes de lAlbien et du
Nocomien.
par Rmi GalinD R I R E I l e - d e - F r a n c e
D v i s i o n s o l e t s o u s - s o l
Les consquences de larrt desexploitations minires ont pris
une ampleur particulire, en
1996, avec les affaissements qui se sont
produits dans lest de la France. Les
phnomnes en cause ont fait lobjet de
beaucoup dtudes et la comprhen-
sion des mcanismes en jeu a permis la
mise en place doutils de prvision. Le
dispositif lgislatif du code minier a t
rcemment amnag pour mettre en
place les modalits dune vritable ges-
tion de laprs-mine ; les atteintes au
patrimoine et les impacts sur la gestion
de leau font lobjet dune attention par-
ticulire.
Il est une activit minire qui laisse peu
de trace dans le paysage, mais qui est
susceptible davoir des effets durables
sur lenvironnement : il sagit des
exploitations par forages. Il est vrai que
tous les forages ne relvent pas stricto
sensu de lactivit minire, et quils ne
sont pas tous rglements par le code
minier, mais les risques engendrs par
les forages sont semblables, ds lors
que leur ralisation ncessite des
machines de forage lourdes.
Une histoire relativementrcente
En 1859, Titusville en Pennsylvanie, le
colonel Drake donnait le vritable
coup denvoi de lexploitation du sous-
sol par forage, en ralisant le premier
forage ptrolier 21 mtres de profon-
deur. Il ntait pasle premier rali-
ser un puits voca-
tion minire : au
premier sicle
avant notre re, les
Chinois du Sichuan faisaient des son-
dages de plusieurs centaines de mtres
pour rechercher du sel.
En Ile-de-France, Louis Arago, le pr-
curseur, avait dirig les travaux du pre-
mier forage lAlbien pour rechercher
de leau. Pendant 8 ans, jusquen 1841,
les ouvriers de lentreprise Mulot ont
creus le sous-sol parisien jusqu la
profondeur, inoue pour lpoque, de
548 mtres.
Plusieurs dizaines de forages atteignant
lAlbien sont raliss en Ile-de-France
dans les annes 30, lapparition de la
technique du forage rotary ayant
facilit considrablement les travaux.
Ds le dbut des annes 50, la France,
la recherche de son autosuffisance en
ptrole, lance de grands programmes
de recherches dans le Bassin parisien. A
la mme poque, Gaz de France
recherche les structures gologiques
susceptibles de stocker le gaz au plus
prs des lieux de consommation, afin
de lisser les variations de la consomma-
tion entre lt et lhiver. Dans les
annes 70, les besoins en nergie inci-
tent au dveloppement de la gother-
mie partir de la nappe du Dogger
prs de 2 000mtres sous le sol,
en particulier
lest de Paris et en
Seine-et-Marne.
En fait, en tenant
compte des forages profonds raliss
pour leau et dautres recherches, ce
sont plus de 2 000 forages profonds qui
ont t raliss dans le Bassin parisien,
dont plus de 1 000 (voir la figure 1 ci-
41
Les forages profonds : un autre aprs-mine ?
F i g . 1 . - L e s r e s s o u r c e s a c c e s s i b l e p a r f o r a g e p r o f o n d e n I l e - d e - F r a n c e .
Eau douce
Stockage de gaz
Gothermie
Ptrole900
210
28
71
231
51
17
puits actifs
puits bouchs
Ds le dbut des annes 50,la France, la recherche de sonautosuffisance en ptrole, lancede grands programmes derecherches dans le Bassin parisien
7/25/2019 Les Forages Profonds Un Autre Aprs-mine
2/6
dessous) en Ile-de-France, essentielle-
ment en Seine-et-Marne et dans l
Essonne.
Prs de 800 dentre eux atteignent ou
traversent tous les aquifres deau
douce et, en particulier, les nappes de
lAlbien et du Nocomien (voir les
figures 2 et 3 ci-contre). Certes, les
eaux souterraines ne contribuent qu
hauteur de 2 % des besoins permanents
en eau potable de la rgion ; ceux ci
sont assurs de manire trs excden-
taire par les usines qui traitent leau de
la Seine, de la Marne et de lOise ; mais
les nappes de lAlbien et du
Nocomien reprsentent un intrt par-
ticulier puisquelles constituent les
rserves ultimes en cas de crise trs
grave avec pollution simultane des
trois cours deau prcits et des eaux
souterraines peu profondes.
La question pose aujourdhui est celle
de la vulnrabilit de ces nappes vis--
vis de ces nombreux forages.
Les risques du forage
La fonction dun forage est de permettre
laccs une couche gologique cible
pour sa reconnaissance ou son exploita-
tion. Dans ce dernier cas, le forage assu-re une liaison pour prlever un fluide
(ptrole, eau, gaz) ou en injecter (go-
thermie, stockage de gaz). Le forage tra-
verse des roches diffrentes susceptibles
de contenir des fluides de caractris-
tiques varies. On sait, par exemple, que
la salinit de leau augmente avec la
profondeur et la rend ainsi impropre la
consommation humaine. Pour les
forages deau en nappe captive, il faut
veiller la conservation de la ressource
en quantit.
Les actions de creusement et dexploi-tation peuvent conduire des contami-
nations par les fluides utiliss, extraits
ou injects. Enfin, ces ouvrages cesse-
ront dtre utiliss un jour, et un rebou-
chage insuffisamment prenne - ou,
pire, son absence - peuvent conduire
une contamination permanente.
Lensemble de ces problmes est
aujourdhui particulirement bien
apprhend par les techniques mises
en uvre et la rglementation.
Lexercice de cette dernire est assur
en Ile-de-France par la DRIRE pour les
mines dhydrocarbures et de gother-
42 A n n a l e s d e s M i n e s
F i g . 2 . - C o u p e s c h m a t i q u e d u B a s s i n p a r i s i e n .
F i g . 3 . - C o u p e g o l o g i q u e i n d i c a t i v e d e l a r g i o n d e M a r o l l e s e n B r i e ( S e i n e - e t -M a r n e ) .
7/25/2019 Les Forages Profonds Un Autre Aprs-mine
3/6
mie, les stockages souterrains de gaz et,
pour leau, partir du toit de lAlbien.
Quelles relvent de la loi sur leau, des
ordonnances de 1958 sur les stockages
souterrains de gaz en nappe aquifre
ou du code minier (hydrocarbures et
gothermie), les prescriptions imposes
aux exploitants reposent sur les mmes
principes dont le dtail a t publi
dans le titre Forage du rglement
gnral des industries extractives
(RGIE), en mars 2000.
Le creusement dun trou impose que
trois fonctions soient ralises simulta-
nment :
- larrachage de la roche en fonds de
trou ;
- la remonte des dblais en surface ;
- le maintien des parois du trou.
Larrachage de la roche est ralis par
un outil en rotation continue ; les
dblais sont remonts par un fluide
dont la composition et la densit sont
soigneusement calcules et suivies tout
au long du forage. Cette boue assure
galement le refroidissement de loutil
et la tenue des parois jusqu la pose du
cuvelage, gnralement en acier. (voir
la figure 4 ci-contre).
La composition de la boue doit tre en
adquation avec le fluide contenu dansles roches. Ainsi, on utilisera pour les
aquifres suprieurs des boues leau
au carbonate de calcium ou avec des
polymres biodgradables et non
toxiques.
La barytine sera retenue pour des
couches gologiques plus profondes o
son impact est ngligeable en regard de
la composition des fluides contenus
dans les roches. Les boues lhuile ou
au fioul sont aujourdhui rserves aux
couches gologiques ptrolifres.
Une surveillance particulire doit treexerce pendant le forage afin de
dtecter les pertes dans les aquifres
sensibles. Cest en particulier le cas
dans les couches calcaires (Champigny
notamment), mais lutilisation de boues
base de bentonite sont utilisables et
permettent de circonscrire rapidement
les pertes. Le risque de pertes en cours
de forage est aujourdhui assez faible,
car la gologie du Bassin parisien ne
rvle gure de surprise.
La connaissance de la gologie joue
un rle important pour ltablissement
du programme de forage. Celui-ci
dtermine larchitecture du puits, le
nombre et la position des cuvelages,
de faon isoler entre elles les
couches de caractristiques sem-
blables ainsi que les types de boues
qui seront utilises. Un inventaire des
risques, notamment les pertes ou lesincidents de forages, conduit appro-
visionner le chantier de forage en
matriaux ou matriels requis (bento-
nite, trpans). Une attention particu-
lire est apporte au contrle de la
pression dans le puits : on pense aux
ruptions qui sont cependant impro-
bables dans notre rgion. A contrario,
il faut tre vigilant pour quen aucun
moment la pression dans le puits ne
dpasse la pression de fracturation des
roches avec pour consquence leffon-
drement de louvrage et le coincement
du matriel du forage.
Ltape critique suivante est la
cimentation entre le cuvelage et le
terrain. Elle seule peut garantir liso-
lement des couches gologiques
entre elles pendant lexploitation et
bien aprs. La cimentation doit faire
lobjet dun travail soign et contr-l ; les foreurs remettent un rapport
de cimentation permettant de valider
les qualits et quantits de ciment
mises en uvre.
Les contrles de cimentation peuvent
se faire laide doutils spcifiques
mesurant lattnuation des ondes
acoustiques (CBL : Cement Bound Log ;
CET : Cement Evaluation Tool). Ces
outils sont fiables pour des dimensions
relativement petites (9 3/8 ou 244
mm) ; au-del, des artefacts peuvent
conduire des interprtations errones.
En cas de mauvais rsultats ou de
43M a i 2 0 0 0
F i g . 4 . - C o u p e s t e c h n i q u e s d u n p u i t s p t r o l i e r p h a s e p a r p h a s e .
Source : EditionsTechnip, Le forage, J-P. Nguyen, 1983.
7/25/2019 Les Forages Profonds Un Autre Aprs-mine
4/6
doutes, des cimentations complmen-
taires peuvent tre ralises.
Cependant, chaque dossier de nouveau
forage doit anticiper lchec du forage,
il est donc systmatiquement accompa-
gn dun programme de bouchage pr-
visionnel qui doit tre approuv par la
DRIRE. Ce programme de bouchage
doit rpondre des rgles trs prcises
qui rsultent de lexprience et fait par-
tie aujourdhui du rglement gnral
des industries extractives.
Les risques pendantlexploitation
Pendant lexploitation, les risques sont
dune autre nature. Il faut empcher
que les fluides transitant dans le forage
ne gagnent les autres couches golo-
giques. La perte de confinement peut
provenir dune cimentation insuffisante
ou dgrade, rarement constate, ou
des effets de la corrosion. Tous les per-
cements constats en Ile-de-France
rsultent de la corrosion interne et par-
fois externe. Les puits les plus exposs
sont les puits gothermiques, en raison
du fluide transport et des conditions
dexploitation.Des suivis dexploitation bass, notam-
ment, sur lvolution des pressions sont
de nature permettre la dtection des
fuites ou des entres dans le forage.
Les forages gothermiques sont particu-
lirement exposs des risques de per-
cement en cours dexploitation. La
ncessit dune chambre de pompage
ne permet pas le maintien dun ou plu-
sieurs annulaires de contrle comme
pour les puits ptroliers. Le fluide est
particulirement agressif et de nom-
breux percements ont t constats dansles premires annes dexploitation sans
pour autant, grce la distribution des
pressions, conduire des fuites. En effet,
les pressions dans le forage peuvent,
grce aux pompages, tre infrieures la
pression dans les terrains ; dans ce cas
l, le fluide extrieur aura tendance
rentrer dans le forage.
Pour prvenir ces incidents, les exploi-
tants sont contraints de contrler prio-
diquement les cuvelages et les
cimentations des forages dexploitation
et dinjection. Cette dmarche, com-
plte par un traitement prventif par
inhibiteur en fonds de puits, a fait bais-
ser la frquence des incidents et permet
de prendre des mesures de maintenan-
ce comme le re-chemisage.
Dune manire gnrale, lexploitant
dtecte rapidement la perte dintgrit
dun forage en exploitation et peut
mettre en uvre les mesures correc-
tives qui limitent considrablement les
effets des fuites ventuelles, lorsque
celui-ci contribue directement lacti-
vit conomique de lentreprise.
Lactivit dexploita-
tion ptrolire est
sujette des fluctua-
tions importantes
lies au prix de vente du ptrole brut :
les priodes fastes succdent aux
priodes difficiles. Dans le pass, cer-
tains forages dexploitation peu ren-
tables ont t mis larrt, lexploitant
attendant alors des jours meilleurs.
Pour cela, les forages ont t mis sous
cocons et remplis de fluide inhibiteur
de la corrosion. Il est toutefois arriv
que ces prcautions se soient rvles
insuffisantes. Un cas de pollution de la
nappe des calcaires de Brie par leau
du Dogger a t constat dans la rgion
de Chailly-en-Bire (Seine-et-Marne)
en 1992 : le puits a t repris, la pollu-tion stoppe, la qualit de leau a t
lgrement et temporairement altre
par augmentation de la salinit sans
consquence pour lalimentation en
eau potable.
Cette pratique est aujourdhui solide-
ment encadre puisque aucun puits ne
peut tre laiss en fermeture provisoire
plus de quatre ans ; pendant ce laps de
temps, les puits concerns restent sou-
mis un contrle priodique des pres-
sions.
Les risques aprs larrtdfinitif du forage
Au fil du temps, la structure du forage
inutilis va se dtruire par corrosion et
mettre en communication toutes les
formations gologiques entre elles. La
nature a horreur du vide et certaines
roches plastiques (marne, argile, sel)
ont tendance fluer, ce phnomne
bien connu des mineurs est favorable
une reconstitution naturelle ; on ne
saurait sen contenter.
Deux cas principaux se prsentent sui-
vant que le bouchage est excut
immdiatement aprs la ralisation du
forage ou aprs une certaine priode
dexploitation. Cette priode dexploi-
tation peut aller de quelques annes
plusieurs dcennies ; ainsi, le premier
forage dArago ne sera bouch que pro-
chainement, soit plus de 160 ans aprs
sa cration. La problmatique nest vi-
demment pas la mme, puisque, dans
le deuxime cas, lintrieur du forage
peut tre dgrad
ou obstru, et
certaines infor-
mations impor-
tantes provenant de la phase de
cration peuvent avoir t perdues.
Dans les cas dobstruction partielle, il
convient dadapter au mieux les rgles
exposes ci-aprs.
Toute opration de bouchage doit
tre prcde dune phase prpara-
toire de rassemblement des informa-
tions sur la gologie et ltat de
louvrage, car il ny a pas deux bou-
chages identiques. Il est procd, tout
dabord, lanalyse et la synthse
des documents sur lesquels sont
consigns les vnements survenus
lors de la foration initiale (notammentzones pertes, venues, stabilit des
formations, etc.). Lanalyse des dia-
graphies complte galement la
connaissance des terrains traverss.
Les problmes ventuels rencontrs
en cours dexploitation doivent gale-
ment tre analyss. Vient ensuite le
diagnostic de louvrage, avant de lan-
cer la procdure dabandon. Cette
phase permet de vrifier ltat du
puits afin dtablir concrtement le
programme dabandon. Suivant le cas
et la complexit de louvrage traiter,on peut tre amen procder aux
oprations suivantes :
- contrle du fond de puits, afin de vri-
fier la prsence ou non dboulement
dans le puits ;
- calibrage des tubages par outil de dia-
graphie (mcanique, ultrasonique),
afin de connatre les zones de corrosion
ventuelles (ou dpts) ; dans certains
cas, un contrle par vido camra peut
tre galement effectu ;
- vrification de la qualit de la cimen-
tation annulaire des tubages par diagra-
phie ;
44 A n n a l e s d e s M i n e s
Le premier forage dArago ne serabouch que prochainement, soitplus de 160 ans aprs sa cration
7/25/2019 Les Forages Profonds Un Autre Aprs-mine
5/6
- analyse de la qualit chimique du flui-
de en place, de sa pression et des cou-
lements, afin de choisir une qualit de
ciment compatible avec lui et, dautre
part, pouvoir, le cas chant, lui
adjoindre un inhibiteur de corrosion ;
- un test simple de mise en pression du
tubage permet den vrifier lintgrit.
Ce nest quensuite que le programme
de bouchage peut-tre dfini avec pr-
cision en vue de restaurer lisolation
des diffrents niveaux gologiques per-
mables dbit potentiel par des bar-
rires de faon :
- interdire toute possibilit de fuite au
jour des effluents ;
- prvenir la pollution et protger luti-
lisation future des aquifres ;
- empcher la circulation des fluides
entre les niveaux permables.
Les barrires doivent tre prennes et,
seuls les bouchons de ciment dune
longueur suffisante (au moins 50 m
voire 100 m dans les dfavorables), mis
en place dans les cuvelages ciments
ou dans les annulaires, rpondent ce
critre. La barrire de surface est consti-
tue dun bouchon de ciment dau
moins 50 m, surmont dune plaque
boulonne et soude situe quelques
mtres sous la surface du sol.Chaque niveau permable dbit
potentiel est isol au moins dun autre
niveau permable, par une barrire
disolation, ainsi que de la surface, par
deux barrires disolation, sauf pour les
niveaux permables trop proches de la
surface pour lesquels il est impossible
de placer deux barrires distinctes
dune longueur suffisante.
La multiplicit des situations possibles
rendrait fastidieuse la description des
dispositions mettre en uvre, la figu-
re 5 (voir ci-contre), issue des recom-mandations de lindustrie du ptrole,
prsente un cas simple.
Linfluencede lhydrogologie
Les risques de pollutions relvent en
premier lieu de lintgrit du forage qui
ne doit pas rompre lisolement des
couches cr par lhistoire gologique.
Il convient dexaminer ce qui peut se
produire quand cette intgrit est mise
en dfaut, ce qui quivaut considrer
linjection dun fluide dans une nappe
deau ou dans une roche poreuse.
La propagation dlments dissous dans
une nappe dpend des principaux
mcanismes suivants :
- la convection, qui est lentranement
de llment la vitesse moyenne de
leau ;
- la dispersion, qui provoque ltale-
ment du nuage de pollution sous leffet
de lhtrognit du milieu ;
- les changes, avec la phase solide et
la phase eau immobile ou adsorption ;
ces changes induisent un retard
lavancement du polluant et attnuent
les teneurs.
Pour apprcier ces mcanismes et les
modliser, il importe de connatre avec
une prcision suffisante les principaux
paramtres hydrogologiques des aqui-
fres (porosit cinmatique, permabi-
lit, gradient pizomtrique). Le dbit
inject dpend de la pression intrieure
du forage et de la dimension du perce-
ment, la nature du fluide doit tre ga-
lement prise en compte.
Heureusement, si laquifre de lAlbien
est assez bien connu, il nen est pas de
mme pour le Nocomien qui est peu
exploit.Des scnarios de fuites provenant de
forages gothermiques ont t exami-
ns la fin des annes 80, et des cal-
culs de propagation de contamination
de lAlbien et du Nocomien ont pu
tre raliss au prix dhypothses sim-
plificatrices. Ainsi, dans le cas dun
aquifre homogne, isotrope, de hau-
teur faible et en ngligeant les phno-
mnes de diffusion, on obtient
(modle de Muskat 1946) un panache
ovale de grand axe parallle la vites-
se de dplacement naturelle de lanappe. Si une fuite vers lAlbien avec
un dbit constant de 20m3/h ntait
pas dtecte aprs une anne, la zone
moyenne envahie serait inscrite dans
un rectangle denviron 200 m par
160.
En cas de fuite connue, il est possible
den prvoir les consquences, notam-
ment vis--vis des ventuels captages
deau destination de lalimentation
humaine et de prendre les dispositions
adaptes comme la matrise de la fuite
et le pompage des eaux contamines. Il
est vident que les cots sont trs le-
vs, un forage dintervention lAlbien
cotant au moins 5 millions de francs.
Le cas des anciens forages
Les forages profonds raliss, exploits
ou rebouchs aujourdhui, bnficient
des connaissances techniques et du
retour dexprience de cinquante
annes dactivit intensive dans le
Bassin parisien. Une rglementation
renforce et une proccupation parta-
ge par tous les oprateurs concerns
pour la protection des nappes pro-
fondes permettent aujourdhui daffir-
mer que toutes les dispositions sont
prises pour viter les atteintes durables
aux nappes de lAlbien et du
Nocomien.
45M a i 2 0 0 0F i g . 5 . - E x e m p l e d e b o u c h a g e d u np u i t s d e x p l o r a t i o n .
7/25/2019 Les Forages Profonds Un Autre Aprs-mine
6/6
Il nen a pas toujours t ainsi.
Lexamen des dossiers de fin de sonda-
ge, archivs la DRIRE, sont explicites
sur le sujet. Sans stendre sur les
conditions de ralisations des ouvrages
et, notamment, sur les boues utilises,
le seul examen des modalits de bou-
chage montrent que les pratiques de
lpoque sont trs loignes de celles
daujourdhui. On retrouve cependant
frquemment deux bouchons de
dimensions variables, lun assez syst-
matiquement pos prs des couches
profondes et un sous la surface. Mais
de nombreux autres cas se prsentent.
Une analyse exhaustive et mthodique
simpose pour juger des risques.
Le traitement de la question des risques
engendrs par les forages anciens
impose de dfinir une mthodologie
adapte et dengager des moyens
importants. Comme cela a t indiqu,
le risque engendr par un forage
dpend de sa conception, de ses condi-
tions de ralisation, dexploitation et de
bouchage ; les bonnes pratiques sont
aujourdhui connues, il est donc pos-
sible dtablir une classification des
forages en comparant chaque forage
ces pratiques. Les paramtres golo-
giques et hydrogologiques dtermi-nent, quant eux, la sensibilit de la
nappe une ventuelle pollution. Le
croisement de ces informations doit
permettre dtablir des zones dalas et
dtablir des propositions daction pour
renforcer la protection des aquifres
concerns.
Le BRGM sest vu confier cette tude
finance par lAgence de leau Seine-
Normandie et sur crdits de service
public. Elle concerne tout le Bassin
parisien.
A partir dune tude documentaire sur
les dossiers de forage et leur bouchage,
les incidents et les modalits dexploi-
tation, il reviendra au comit technique
de pilotage, anim par la DRIRE, la
tche dlicate de dfinir et de pondrer
les paramtres prendre en compte,
afin de procder au croisement des
risques lis aux ouvrages avec la sensi-
bilit des nappes.
La qualit et la quantit des informa-
tions relatives aux forages disponibles
auprs des DRIRE (dossiers au titre de
la police des mines et des stockages
souterrains), de la DIMAH (gestion du
domaine minier par le service de
conservation des gisements dhydrocar-
bures), du BRGM (banque des donnes
du sous-sol), de lAESN et des opra-
teurs ptroliers ainsi que de Gaz de
France apparaissent suffisantes pour
raliser un travail complet. Les nom-
breuses tudes ralises sur lAlbien et
le Nocomien apporteront les para-
mtres hydrogologiques indispen-
sables.
Les rsultats sont attendus au premier
semestre 2002 et devraient permettre
dapprcier la fragilit des nappes delAlbien et du Nocomien et de propo-
ser les moyens propres renforcer leur
protection.
Des risquesnon ngligeables
Les consquences des exploitations du
sous-sol par forage sont moins visibles
que celles rsultant des mines clas-
siques. Plus insidieuses, elles peuvent
provoquer de graves dommages.
Les modalits actuelles de ralisation
des forages avec lutilisation de boues
adaptes assurent une bonne protec-
tion des aquifres, de mme que les
exigences rglementaires et les pra-
tiques des professionnels pendant la
phase dexploitation.
On peut tre raisonnablement confiant
sur la prennit et la qualit des bou-
chages actuels. Cependant, les risques
engendrs par les anciens forages ne
peuvent tre raisonnablement ngligs.
Leur tude approfondie, dj engage,
devrait permettre, dbut 2002, den
cerner lampleur.
RFRENCESDOCUMENTAIRES
- Mmento des eaux minrales (1996 1999).- Environnemental guidance document well aban-donment and inactive well practices for US explo-ration and production operations (API bulletin
January 31,1993).- Titre forage du rglement gnral des industries
extractives ( mars 2000).- Estimation de lincidence de fuites hydrauliques la paroi de forages gothermiques captant le rser-voir du dogger (Institut mixte de recherche gother-mique, A. Menjoz, J-L. Honegger, J-C. Martin ; juin1988).- Risque de pollution des nappes deau douce dufait des exploitations gothermales de laquifre dudogger de bassin parisien (BRGM R 38034 - juin1994).- Recommandations de bouchage de la chambresyndicale de lexploration-production dhydrocar-bures (1996).- Cahier des charges de ltude des risques engen-drs par les forages profonds dans le Bassin de Paris(AESN, DRIRE IDF, DIMAH, avril 2000).- Le forage ptrolier, J-P. Nyguyen, Editions Technip,1983.
46 A n n a l e s d e s M i n e s