Les Forages Profonds Un Autre Après-mine

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  • 7/25/2019 Les Forages Profonds Un Autre Aprs-mine

    1/6

    M a i 2 0 0 0

    Plus de 2000 forages profonds

    ont t raliss dans le Bassin

    parisien, dont plus de 1 000 en

    Ile-de-France, essentiellement

    en Seine-et-Marne et dans

    lEssonne. Si les exploitations du

    sous-sol par forages laissent peu

    de trace dans le paysage, elles

    sont plus insidieuses que celles

    rsultant des mines classiques et

    sont susceptibles davoir des

    effets durables sur

    lenvironnement. Cest

    pourquoi, aujourdhui, toutes

    les dispositions sont prises pourviter les atteintes durables aux

    nappes de lAlbien et du

    Nocomien.

    par Rmi GalinD R I R E I l e - d e - F r a n c e

    D v i s i o n s o l e t s o u s - s o l

    Les consquences de larrt desexploitations minires ont pris

    une ampleur particulire, en

    1996, avec les affaissements qui se sont

    produits dans lest de la France. Les

    phnomnes en cause ont fait lobjet de

    beaucoup dtudes et la comprhen-

    sion des mcanismes en jeu a permis la

    mise en place doutils de prvision. Le

    dispositif lgislatif du code minier a t

    rcemment amnag pour mettre en

    place les modalits dune vritable ges-

    tion de laprs-mine ; les atteintes au

    patrimoine et les impacts sur la gestion

    de leau font lobjet dune attention par-

    ticulire.

    Il est une activit minire qui laisse peu

    de trace dans le paysage, mais qui est

    susceptible davoir des effets durables

    sur lenvironnement : il sagit des

    exploitations par forages. Il est vrai que

    tous les forages ne relvent pas stricto

    sensu de lactivit minire, et quils ne

    sont pas tous rglements par le code

    minier, mais les risques engendrs par

    les forages sont semblables, ds lors

    que leur ralisation ncessite des

    machines de forage lourdes.

    Une histoire relativementrcente

    En 1859, Titusville en Pennsylvanie, le

    colonel Drake donnait le vritable

    coup denvoi de lexploitation du sous-

    sol par forage, en ralisant le premier

    forage ptrolier 21 mtres de profon-

    deur. Il ntait pasle premier rali-

    ser un puits voca-

    tion minire : au

    premier sicle

    avant notre re, les

    Chinois du Sichuan faisaient des son-

    dages de plusieurs centaines de mtres

    pour rechercher du sel.

    En Ile-de-France, Louis Arago, le pr-

    curseur, avait dirig les travaux du pre-

    mier forage lAlbien pour rechercher

    de leau. Pendant 8 ans, jusquen 1841,

    les ouvriers de lentreprise Mulot ont

    creus le sous-sol parisien jusqu la

    profondeur, inoue pour lpoque, de

    548 mtres.

    Plusieurs dizaines de forages atteignant

    lAlbien sont raliss en Ile-de-France

    dans les annes 30, lapparition de la

    technique du forage rotary ayant

    facilit considrablement les travaux.

    Ds le dbut des annes 50, la France,

    la recherche de son autosuffisance en

    ptrole, lance de grands programmes

    de recherches dans le Bassin parisien. A

    la mme poque, Gaz de France

    recherche les structures gologiques

    susceptibles de stocker le gaz au plus

    prs des lieux de consommation, afin

    de lisser les variations de la consomma-

    tion entre lt et lhiver. Dans les

    annes 70, les besoins en nergie inci-

    tent au dveloppement de la gother-

    mie partir de la nappe du Dogger

    prs de 2 000mtres sous le sol,

    en particulier

    lest de Paris et en

    Seine-et-Marne.

    En fait, en tenant

    compte des forages profonds raliss

    pour leau et dautres recherches, ce

    sont plus de 2 000 forages profonds qui

    ont t raliss dans le Bassin parisien,

    dont plus de 1 000 (voir la figure 1 ci-

    41

    Les forages profonds : un autre aprs-mine ?

    F i g . 1 . - L e s r e s s o u r c e s a c c e s s i b l e p a r f o r a g e p r o f o n d e n I l e - d e - F r a n c e .

    Eau douce

    Stockage de gaz

    Gothermie

    Ptrole900

    210

    28

    71

    231

    51

    17

    puits actifs

    puits bouchs

    Ds le dbut des annes 50,la France, la recherche de sonautosuffisance en ptrole, lancede grands programmes derecherches dans le Bassin parisien

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    dessous) en Ile-de-France, essentielle-

    ment en Seine-et-Marne et dans l

    Essonne.

    Prs de 800 dentre eux atteignent ou

    traversent tous les aquifres deau

    douce et, en particulier, les nappes de

    lAlbien et du Nocomien (voir les

    figures 2 et 3 ci-contre). Certes, les

    eaux souterraines ne contribuent qu

    hauteur de 2 % des besoins permanents

    en eau potable de la rgion ; ceux ci

    sont assurs de manire trs excden-

    taire par les usines qui traitent leau de

    la Seine, de la Marne et de lOise ; mais

    les nappes de lAlbien et du

    Nocomien reprsentent un intrt par-

    ticulier puisquelles constituent les

    rserves ultimes en cas de crise trs

    grave avec pollution simultane des

    trois cours deau prcits et des eaux

    souterraines peu profondes.

    La question pose aujourdhui est celle

    de la vulnrabilit de ces nappes vis--

    vis de ces nombreux forages.

    Les risques du forage

    La fonction dun forage est de permettre

    laccs une couche gologique cible

    pour sa reconnaissance ou son exploita-

    tion. Dans ce dernier cas, le forage assu-re une liaison pour prlever un fluide

    (ptrole, eau, gaz) ou en injecter (go-

    thermie, stockage de gaz). Le forage tra-

    verse des roches diffrentes susceptibles

    de contenir des fluides de caractris-

    tiques varies. On sait, par exemple, que

    la salinit de leau augmente avec la

    profondeur et la rend ainsi impropre la

    consommation humaine. Pour les

    forages deau en nappe captive, il faut

    veiller la conservation de la ressource

    en quantit.

    Les actions de creusement et dexploi-tation peuvent conduire des contami-

    nations par les fluides utiliss, extraits

    ou injects. Enfin, ces ouvrages cesse-

    ront dtre utiliss un jour, et un rebou-

    chage insuffisamment prenne - ou,

    pire, son absence - peuvent conduire

    une contamination permanente.

    Lensemble de ces problmes est

    aujourdhui particulirement bien

    apprhend par les techniques mises

    en uvre et la rglementation.

    Lexercice de cette dernire est assur

    en Ile-de-France par la DRIRE pour les

    mines dhydrocarbures et de gother-

    42 A n n a l e s d e s M i n e s

    F i g . 2 . - C o u p e s c h m a t i q u e d u B a s s i n p a r i s i e n .

    F i g . 3 . - C o u p e g o l o g i q u e i n d i c a t i v e d e l a r g i o n d e M a r o l l e s e n B r i e ( S e i n e - e t -M a r n e ) .

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    mie, les stockages souterrains de gaz et,

    pour leau, partir du toit de lAlbien.

    Quelles relvent de la loi sur leau, des

    ordonnances de 1958 sur les stockages

    souterrains de gaz en nappe aquifre

    ou du code minier (hydrocarbures et

    gothermie), les prescriptions imposes

    aux exploitants reposent sur les mmes

    principes dont le dtail a t publi

    dans le titre Forage du rglement

    gnral des industries extractives

    (RGIE), en mars 2000.

    Le creusement dun trou impose que

    trois fonctions soient ralises simulta-

    nment :

    - larrachage de la roche en fonds de

    trou ;

    - la remonte des dblais en surface ;

    - le maintien des parois du trou.

    Larrachage de la roche est ralis par

    un outil en rotation continue ; les

    dblais sont remonts par un fluide

    dont la composition et la densit sont

    soigneusement calcules et suivies tout

    au long du forage. Cette boue assure

    galement le refroidissement de loutil

    et la tenue des parois jusqu la pose du

    cuvelage, gnralement en acier. (voir

    la figure 4 ci-contre).

    La composition de la boue doit tre en

    adquation avec le fluide contenu dansles roches. Ainsi, on utilisera pour les

    aquifres suprieurs des boues leau

    au carbonate de calcium ou avec des

    polymres biodgradables et non

    toxiques.

    La barytine sera retenue pour des

    couches gologiques plus profondes o

    son impact est ngligeable en regard de

    la composition des fluides contenus

    dans les roches. Les boues lhuile ou

    au fioul sont aujourdhui rserves aux

    couches gologiques ptrolifres.

    Une surveillance particulire doit treexerce pendant le forage afin de

    dtecter les pertes dans les aquifres

    sensibles. Cest en particulier le cas

    dans les couches calcaires (Champigny

    notamment), mais lutilisation de boues

    base de bentonite sont utilisables et

    permettent de circonscrire rapidement

    les pertes. Le risque de pertes en cours

    de forage est aujourdhui assez faible,

    car la gologie du Bassin parisien ne

    rvle gure de surprise.

    La connaissance de la gologie joue

    un rle important pour ltablissement

    du programme de forage. Celui-ci

    dtermine larchitecture du puits, le

    nombre et la position des cuvelages,

    de faon isoler entre elles les

    couches de caractristiques sem-

    blables ainsi que les types de boues

    qui seront utilises. Un inventaire des

    risques, notamment les pertes ou lesincidents de forages, conduit appro-

    visionner le chantier de forage en

    matriaux ou matriels requis (bento-

    nite, trpans). Une attention particu-

    lire est apporte au contrle de la

    pression dans le puits : on pense aux

    ruptions qui sont cependant impro-

    bables dans notre rgion. A contrario,

    il faut tre vigilant pour quen aucun

    moment la pression dans le puits ne

    dpasse la pression de fracturation des

    roches avec pour consquence leffon-

    drement de louvrage et le coincement

    du matriel du forage.

    Ltape critique suivante est la

    cimentation entre le cuvelage et le

    terrain. Elle seule peut garantir liso-

    lement des couches gologiques

    entre elles pendant lexploitation et

    bien aprs. La cimentation doit faire

    lobjet dun travail soign et contr-l ; les foreurs remettent un rapport

    de cimentation permettant de valider

    les qualits et quantits de ciment

    mises en uvre.

    Les contrles de cimentation peuvent

    se faire laide doutils spcifiques

    mesurant lattnuation des ondes

    acoustiques (CBL : Cement Bound Log ;

    CET : Cement Evaluation Tool). Ces

    outils sont fiables pour des dimensions

    relativement petites (9 3/8 ou 244

    mm) ; au-del, des artefacts peuvent

    conduire des interprtations errones.

    En cas de mauvais rsultats ou de

    43M a i 2 0 0 0

    F i g . 4 . - C o u p e s t e c h n i q u e s d u n p u i t s p t r o l i e r p h a s e p a r p h a s e .

    Source : EditionsTechnip, Le forage, J-P. Nguyen, 1983.

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    doutes, des cimentations complmen-

    taires peuvent tre ralises.

    Cependant, chaque dossier de nouveau

    forage doit anticiper lchec du forage,

    il est donc systmatiquement accompa-

    gn dun programme de bouchage pr-

    visionnel qui doit tre approuv par la

    DRIRE. Ce programme de bouchage

    doit rpondre des rgles trs prcises

    qui rsultent de lexprience et fait par-

    tie aujourdhui du rglement gnral

    des industries extractives.

    Les risques pendantlexploitation

    Pendant lexploitation, les risques sont

    dune autre nature. Il faut empcher

    que les fluides transitant dans le forage

    ne gagnent les autres couches golo-

    giques. La perte de confinement peut

    provenir dune cimentation insuffisante

    ou dgrade, rarement constate, ou

    des effets de la corrosion. Tous les per-

    cements constats en Ile-de-France

    rsultent de la corrosion interne et par-

    fois externe. Les puits les plus exposs

    sont les puits gothermiques, en raison

    du fluide transport et des conditions

    dexploitation.Des suivis dexploitation bass, notam-

    ment, sur lvolution des pressions sont

    de nature permettre la dtection des

    fuites ou des entres dans le forage.

    Les forages gothermiques sont particu-

    lirement exposs des risques de per-

    cement en cours dexploitation. La

    ncessit dune chambre de pompage

    ne permet pas le maintien dun ou plu-

    sieurs annulaires de contrle comme

    pour les puits ptroliers. Le fluide est

    particulirement agressif et de nom-

    breux percements ont t constats dansles premires annes dexploitation sans

    pour autant, grce la distribution des

    pressions, conduire des fuites. En effet,

    les pressions dans le forage peuvent,

    grce aux pompages, tre infrieures la

    pression dans les terrains ; dans ce cas

    l, le fluide extrieur aura tendance

    rentrer dans le forage.

    Pour prvenir ces incidents, les exploi-

    tants sont contraints de contrler prio-

    diquement les cuvelages et les

    cimentations des forages dexploitation

    et dinjection. Cette dmarche, com-

    plte par un traitement prventif par

    inhibiteur en fonds de puits, a fait bais-

    ser la frquence des incidents et permet

    de prendre des mesures de maintenan-

    ce comme le re-chemisage.

    Dune manire gnrale, lexploitant

    dtecte rapidement la perte dintgrit

    dun forage en exploitation et peut

    mettre en uvre les mesures correc-

    tives qui limitent considrablement les

    effets des fuites ventuelles, lorsque

    celui-ci contribue directement lacti-

    vit conomique de lentreprise.

    Lactivit dexploita-

    tion ptrolire est

    sujette des fluctua-

    tions importantes

    lies au prix de vente du ptrole brut :

    les priodes fastes succdent aux

    priodes difficiles. Dans le pass, cer-

    tains forages dexploitation peu ren-

    tables ont t mis larrt, lexploitant

    attendant alors des jours meilleurs.

    Pour cela, les forages ont t mis sous

    cocons et remplis de fluide inhibiteur

    de la corrosion. Il est toutefois arriv

    que ces prcautions se soient rvles

    insuffisantes. Un cas de pollution de la

    nappe des calcaires de Brie par leau

    du Dogger a t constat dans la rgion

    de Chailly-en-Bire (Seine-et-Marne)

    en 1992 : le puits a t repris, la pollu-tion stoppe, la qualit de leau a t

    lgrement et temporairement altre

    par augmentation de la salinit sans

    consquence pour lalimentation en

    eau potable.

    Cette pratique est aujourdhui solide-

    ment encadre puisque aucun puits ne

    peut tre laiss en fermeture provisoire

    plus de quatre ans ; pendant ce laps de

    temps, les puits concerns restent sou-

    mis un contrle priodique des pres-

    sions.

    Les risques aprs larrtdfinitif du forage

    Au fil du temps, la structure du forage

    inutilis va se dtruire par corrosion et

    mettre en communication toutes les

    formations gologiques entre elles. La

    nature a horreur du vide et certaines

    roches plastiques (marne, argile, sel)

    ont tendance fluer, ce phnomne

    bien connu des mineurs est favorable

    une reconstitution naturelle ; on ne

    saurait sen contenter.

    Deux cas principaux se prsentent sui-

    vant que le bouchage est excut

    immdiatement aprs la ralisation du

    forage ou aprs une certaine priode

    dexploitation. Cette priode dexploi-

    tation peut aller de quelques annes

    plusieurs dcennies ; ainsi, le premier

    forage dArago ne sera bouch que pro-

    chainement, soit plus de 160 ans aprs

    sa cration. La problmatique nest vi-

    demment pas la mme, puisque, dans

    le deuxime cas, lintrieur du forage

    peut tre dgrad

    ou obstru, et

    certaines infor-

    mations impor-

    tantes provenant de la phase de

    cration peuvent avoir t perdues.

    Dans les cas dobstruction partielle, il

    convient dadapter au mieux les rgles

    exposes ci-aprs.

    Toute opration de bouchage doit

    tre prcde dune phase prpara-

    toire de rassemblement des informa-

    tions sur la gologie et ltat de

    louvrage, car il ny a pas deux bou-

    chages identiques. Il est procd, tout

    dabord, lanalyse et la synthse

    des documents sur lesquels sont

    consigns les vnements survenus

    lors de la foration initiale (notammentzones pertes, venues, stabilit des

    formations, etc.). Lanalyse des dia-

    graphies complte galement la

    connaissance des terrains traverss.

    Les problmes ventuels rencontrs

    en cours dexploitation doivent gale-

    ment tre analyss. Vient ensuite le

    diagnostic de louvrage, avant de lan-

    cer la procdure dabandon. Cette

    phase permet de vrifier ltat du

    puits afin dtablir concrtement le

    programme dabandon. Suivant le cas

    et la complexit de louvrage traiter,on peut tre amen procder aux

    oprations suivantes :

    - contrle du fond de puits, afin de vri-

    fier la prsence ou non dboulement

    dans le puits ;

    - calibrage des tubages par outil de dia-

    graphie (mcanique, ultrasonique),

    afin de connatre les zones de corrosion

    ventuelles (ou dpts) ; dans certains

    cas, un contrle par vido camra peut

    tre galement effectu ;

    - vrification de la qualit de la cimen-

    tation annulaire des tubages par diagra-

    phie ;

    44 A n n a l e s d e s M i n e s

    Le premier forage dArago ne serabouch que prochainement, soitplus de 160 ans aprs sa cration

  • 7/25/2019 Les Forages Profonds Un Autre Aprs-mine

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    - analyse de la qualit chimique du flui-

    de en place, de sa pression et des cou-

    lements, afin de choisir une qualit de

    ciment compatible avec lui et, dautre

    part, pouvoir, le cas chant, lui

    adjoindre un inhibiteur de corrosion ;

    - un test simple de mise en pression du

    tubage permet den vrifier lintgrit.

    Ce nest quensuite que le programme

    de bouchage peut-tre dfini avec pr-

    cision en vue de restaurer lisolation

    des diffrents niveaux gologiques per-

    mables dbit potentiel par des bar-

    rires de faon :

    - interdire toute possibilit de fuite au

    jour des effluents ;

    - prvenir la pollution et protger luti-

    lisation future des aquifres ;

    - empcher la circulation des fluides

    entre les niveaux permables.

    Les barrires doivent tre prennes et,

    seuls les bouchons de ciment dune

    longueur suffisante (au moins 50 m

    voire 100 m dans les dfavorables), mis

    en place dans les cuvelages ciments

    ou dans les annulaires, rpondent ce

    critre. La barrire de surface est consti-

    tue dun bouchon de ciment dau

    moins 50 m, surmont dune plaque

    boulonne et soude situe quelques

    mtres sous la surface du sol.Chaque niveau permable dbit

    potentiel est isol au moins dun autre

    niveau permable, par une barrire

    disolation, ainsi que de la surface, par

    deux barrires disolation, sauf pour les

    niveaux permables trop proches de la

    surface pour lesquels il est impossible

    de placer deux barrires distinctes

    dune longueur suffisante.

    La multiplicit des situations possibles

    rendrait fastidieuse la description des

    dispositions mettre en uvre, la figu-

    re 5 (voir ci-contre), issue des recom-mandations de lindustrie du ptrole,

    prsente un cas simple.

    Linfluencede lhydrogologie

    Les risques de pollutions relvent en

    premier lieu de lintgrit du forage qui

    ne doit pas rompre lisolement des

    couches cr par lhistoire gologique.

    Il convient dexaminer ce qui peut se

    produire quand cette intgrit est mise

    en dfaut, ce qui quivaut considrer

    linjection dun fluide dans une nappe

    deau ou dans une roche poreuse.

    La propagation dlments dissous dans

    une nappe dpend des principaux

    mcanismes suivants :

    - la convection, qui est lentranement

    de llment la vitesse moyenne de

    leau ;

    - la dispersion, qui provoque ltale-

    ment du nuage de pollution sous leffet

    de lhtrognit du milieu ;

    - les changes, avec la phase solide et

    la phase eau immobile ou adsorption ;

    ces changes induisent un retard

    lavancement du polluant et attnuent

    les teneurs.

    Pour apprcier ces mcanismes et les

    modliser, il importe de connatre avec

    une prcision suffisante les principaux

    paramtres hydrogologiques des aqui-

    fres (porosit cinmatique, permabi-

    lit, gradient pizomtrique). Le dbit

    inject dpend de la pression intrieure

    du forage et de la dimension du perce-

    ment, la nature du fluide doit tre ga-

    lement prise en compte.

    Heureusement, si laquifre de lAlbien

    est assez bien connu, il nen est pas de

    mme pour le Nocomien qui est peu

    exploit.Des scnarios de fuites provenant de

    forages gothermiques ont t exami-

    ns la fin des annes 80, et des cal-

    culs de propagation de contamination

    de lAlbien et du Nocomien ont pu

    tre raliss au prix dhypothses sim-

    plificatrices. Ainsi, dans le cas dun

    aquifre homogne, isotrope, de hau-

    teur faible et en ngligeant les phno-

    mnes de diffusion, on obtient

    (modle de Muskat 1946) un panache

    ovale de grand axe parallle la vites-

    se de dplacement naturelle de lanappe. Si une fuite vers lAlbien avec

    un dbit constant de 20m3/h ntait

    pas dtecte aprs une anne, la zone

    moyenne envahie serait inscrite dans

    un rectangle denviron 200 m par

    160.

    En cas de fuite connue, il est possible

    den prvoir les consquences, notam-

    ment vis--vis des ventuels captages

    deau destination de lalimentation

    humaine et de prendre les dispositions

    adaptes comme la matrise de la fuite

    et le pompage des eaux contamines. Il

    est vident que les cots sont trs le-

    vs, un forage dintervention lAlbien

    cotant au moins 5 millions de francs.

    Le cas des anciens forages

    Les forages profonds raliss, exploits

    ou rebouchs aujourdhui, bnficient

    des connaissances techniques et du

    retour dexprience de cinquante

    annes dactivit intensive dans le

    Bassin parisien. Une rglementation

    renforce et une proccupation parta-

    ge par tous les oprateurs concerns

    pour la protection des nappes pro-

    fondes permettent aujourdhui daffir-

    mer que toutes les dispositions sont

    prises pour viter les atteintes durables

    aux nappes de lAlbien et du

    Nocomien.

    45M a i 2 0 0 0F i g . 5 . - E x e m p l e d e b o u c h a g e d u np u i t s d e x p l o r a t i o n .

  • 7/25/2019 Les Forages Profonds Un Autre Aprs-mine

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    Il nen a pas toujours t ainsi.

    Lexamen des dossiers de fin de sonda-

    ge, archivs la DRIRE, sont explicites

    sur le sujet. Sans stendre sur les

    conditions de ralisations des ouvrages

    et, notamment, sur les boues utilises,

    le seul examen des modalits de bou-

    chage montrent que les pratiques de

    lpoque sont trs loignes de celles

    daujourdhui. On retrouve cependant

    frquemment deux bouchons de

    dimensions variables, lun assez syst-

    matiquement pos prs des couches

    profondes et un sous la surface. Mais

    de nombreux autres cas se prsentent.

    Une analyse exhaustive et mthodique

    simpose pour juger des risques.

    Le traitement de la question des risques

    engendrs par les forages anciens

    impose de dfinir une mthodologie

    adapte et dengager des moyens

    importants. Comme cela a t indiqu,

    le risque engendr par un forage

    dpend de sa conception, de ses condi-

    tions de ralisation, dexploitation et de

    bouchage ; les bonnes pratiques sont

    aujourdhui connues, il est donc pos-

    sible dtablir une classification des

    forages en comparant chaque forage

    ces pratiques. Les paramtres golo-

    giques et hydrogologiques dtermi-nent, quant eux, la sensibilit de la

    nappe une ventuelle pollution. Le

    croisement de ces informations doit

    permettre dtablir des zones dalas et

    dtablir des propositions daction pour

    renforcer la protection des aquifres

    concerns.

    Le BRGM sest vu confier cette tude

    finance par lAgence de leau Seine-

    Normandie et sur crdits de service

    public. Elle concerne tout le Bassin

    parisien.

    A partir dune tude documentaire sur

    les dossiers de forage et leur bouchage,

    les incidents et les modalits dexploi-

    tation, il reviendra au comit technique

    de pilotage, anim par la DRIRE, la

    tche dlicate de dfinir et de pondrer

    les paramtres prendre en compte,

    afin de procder au croisement des

    risques lis aux ouvrages avec la sensi-

    bilit des nappes.

    La qualit et la quantit des informa-

    tions relatives aux forages disponibles

    auprs des DRIRE (dossiers au titre de

    la police des mines et des stockages

    souterrains), de la DIMAH (gestion du

    domaine minier par le service de

    conservation des gisements dhydrocar-

    bures), du BRGM (banque des donnes

    du sous-sol), de lAESN et des opra-

    teurs ptroliers ainsi que de Gaz de

    France apparaissent suffisantes pour

    raliser un travail complet. Les nom-

    breuses tudes ralises sur lAlbien et

    le Nocomien apporteront les para-

    mtres hydrogologiques indispen-

    sables.

    Les rsultats sont attendus au premier

    semestre 2002 et devraient permettre

    dapprcier la fragilit des nappes delAlbien et du Nocomien et de propo-

    ser les moyens propres renforcer leur

    protection.

    Des risquesnon ngligeables

    Les consquences des exploitations du

    sous-sol par forage sont moins visibles

    que celles rsultant des mines clas-

    siques. Plus insidieuses, elles peuvent

    provoquer de graves dommages.

    Les modalits actuelles de ralisation

    des forages avec lutilisation de boues

    adaptes assurent une bonne protec-

    tion des aquifres, de mme que les

    exigences rglementaires et les pra-

    tiques des professionnels pendant la

    phase dexploitation.

    On peut tre raisonnablement confiant

    sur la prennit et la qualit des bou-

    chages actuels. Cependant, les risques

    engendrs par les anciens forages ne

    peuvent tre raisonnablement ngligs.

    Leur tude approfondie, dj engage,

    devrait permettre, dbut 2002, den

    cerner lampleur.

    RFRENCESDOCUMENTAIRES

    - Mmento des eaux minrales (1996 1999).- Environnemental guidance document well aban-donment and inactive well practices for US explo-ration and production operations (API bulletin

    January 31,1993).- Titre forage du rglement gnral des industries

    extractives ( mars 2000).- Estimation de lincidence de fuites hydrauliques la paroi de forages gothermiques captant le rser-voir du dogger (Institut mixte de recherche gother-mique, A. Menjoz, J-L. Honegger, J-C. Martin ; juin1988).- Risque de pollution des nappes deau douce dufait des exploitations gothermales de laquifre dudogger de bassin parisien (BRGM R 38034 - juin1994).- Recommandations de bouchage de la chambresyndicale de lexploration-production dhydrocar-bures (1996).- Cahier des charges de ltude des risques engen-drs par les forages profonds dans le Bassin de Paris(AESN, DRIRE IDF, DIMAH, avril 2000).- Le forage ptrolier, J-P. Nyguyen, Editions Technip,1983.

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