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Bordeaux - Grand Lille - Grenoble - Lyon - Marseille Provence - Nantes Saint-Nazaire - Nice Côte d’Azur - Paris - Strasbourg et Bas-Rhin - Toulouse Association des CCI Métropolitaines Les grandes métropoles, les coopérations métropolitaines et le développement économique territorial SYNTHESE GENERALE Avril 2010 Etude intégrale disponible à l’adresse suivante : http://www.etudes.ccip.fr/dossier/8-cooperations-metropolitaines-0910

Les grandes métropoles, les coopérations métropolitaines ... · nationaux et mondiaux, la R/D et l’innovation, les leviers de la croissance des entreprises. - Les données relatives

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Bordeaux - Grand Lille - Grenoble - Lyon - Marseille Provence - Nantes Saint-Nazaire -Nice Côte d’Azur - Paris - Strasbourg et Bas-Rhin - Toulouse

Association des CCI Métropolitaines

Les grandes métropoles, les coopérations métropolitaines et le développement économique territorial

SYNTHESE GENERALE

Avril 2010

Etude intégrale disponible à l’adresse suivante :http://www.etudes.ccip.fr/dossier/8-cooperations-metropolitaines-0910

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SYNTHESE GENERALE

1. Les investigations internationales : le benchmarking........................................ - 8 -

- The English Core Cities Group- Barcelone- Oresund (Copenhague+Malmö)- Randstad Holland

Quels projets ont permis des jeux d’acteurs particuliers ? ...................................................... - 8 -La mise en réseau des métropoles permet-elle de miser sur des enjeux internationaux ? .. - 10 -Quel positionnement sur des filières/process d’avenir ? ....................................................... - 11 -Comment sont financés les grands projets structurants ou d’avenir des métropoles ?........ - 11 -Quel système de pilotage/gouvernance ? ............................................................................. - 12 -Quelles pratiques innovantes de coopération retenir dans ces études de cas ?.................. - 13 -

2. Les Indicateurs de relations et d’échanges entre métropoles ......................... - 15 -

3. Les Regards croisés pour de possibles coopérations métropolitaines.......... - 18 -

Des positions géostratégiques prometteuses ....................................................................... - 21 -L’insertion dans les dynamiques européennes ..................................................................... - 23 -Les coopérations souhaitées par les acteurs des métropoles .............................................. - 24 -Convergences et complémentarités ...................................................................................... - 27 -Les éléments d’excellence de chaque métropole ................................................................. - 28 -

4. « La France des Métropoles » : proposition stratégique pour la coopération entre les métropoles .......................................................................................... - 29 -

Maquette stratégique de la France des Métropoles .................................................................. - 30 -Les quatre actions prioritaires.................................................................................................... - 32 -

Action 1 : Création de « plateformes inter-métropolitaines d’excellence » (PIME) ............... - 32 -Action 2 : Lancement d’une « Conférence économique des métropoles.............................. - 33 -Action 3 : La construction d’une marque « France des métropoles » ................................... - 33 -Action 4 : Lancement d’une base de connaissance partagée entre métropoles .................. - 34 -

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En mars 2007, les Chambres de Commerce et d’Industrie de Grand Lille, Lyon, Marseille Provence, Nantes Saint-Nazaire, Strasbourg et Bas-Rhin et Paris ont décidé de créer l’Association des CCI Métropolitaines que rejoindront plus tard les CCI de Bordeaux, Nice Côte d’Azur, Grenoble et Toulouse. Au-delà de la promotion du fait métropolitain en France, qui est au centre des préoccupations de l’Association des CCI Métropolitaines, l’association entend conforter la dimension européenne et internationale des métropoles qu’elle représente au profit des entreprises, à travers la multiplication des échanges d’expériences, de bonnes pratiques et de projets entre CCI métropolitaines.

La première étape engagée par l’Association des CCI Métropolitaines a été la réalisation de l’étude présentée ici en synthèse sur les métropoles, les coopérations inter-métropolitaines et le développement économique territorial1. Comme il le sera évoqué plus loin, les métropoles sont des locomotives de la croissance de leur territoire alimentées par leurs propres ressources mais aussi par les coopérations qu’elles sont capables d’initier et d’animer à l’échelle internationale comme à l’échelle nationale ; cette approche dans la littérature ou dans les coopérations existantes a été insuffisamment travaillée sous l’angle économique ; l’initiative de l’Association des CCI Métropolitaines vise donc à apporter un éclairage manquant.

** *

Dans un contexte économique chahuté par la crise et la globalisation, les facteurs de la croissance économique globale ont changé de nature du fait de la mondialisation des échanges, du rôle de la finance internationale, de la spécialisation et hiérarchisation territoriales, de la baisse des prix des produits industriels et de la hausse des prix des matières premières et du coût de l’énergie…

Les métropoles représentent davantage encore aujourd’hui les nœuds (de réseaux) où s’articulent économie de la conception et économie de la fabrication, économie productive et économie résidentielle, forces d’attractivité (services rares, finances, aménités, formations, soins, entrepreneuriat, mobilité) et forces d’exclusion (prix du foncier et de l’immobilier, sélectivité scolaire, gentrification et ségrégation socio-spatiale, sécurité, procédures et taxes, complexité institutionnelle).

Qu’est-ce qui fait une métropole ? Les métropoles constituent :

Concentration – Densité - Agglomération Emplois stratégiques - Tertiaire supérieur

R&D - Fonctions de commandement –Fonction rares - Diversité – Captation des

Flux - Rayonnement – Hub –Commutation - Gouvernance - Ville

durableEconomie de la connaissance

Production de la valeur ajoutée - Clusters Chaine de valeur - Compétitivité Innovation - Fertilisation croisée

Image - Identité – Culture- Patrimoine

- « Des lieux de concentration » des ressources humaines (la population qui s’y agglomère), économiques (industrie, commerce…), financières (banques), culturelles, d’information, de savoir (économie de la connaissance).

- « Des nœuds » traitant des flux matériels (mobilité des populations, biens et services) et immatériels (mobilité des idées, données et capitaux) qui les irriguent, et constituent des avantages comparatifs.

- Ayant pour défi de s’insérer dans les flux mondiaux, de capter des richesses pour maintenir leur position et poursuivre leur

1 Ont contribué à cette étude : les CCI : Laure Dumas, Anne Walryck (Bordeaux), Christophe Bartholeyns (Lille) ; Nicolas Millet (Lyon) ; Cécile Bost, Alain Richard (Marseille) ; Françoise Ollivaud, Gaëtan Hervé, Olivier Rocaboy (Nantes) ; Odile Soliveres, Bernard Levere (Nice) ; Tania Desfossez (Strasbourg) ; Valérie Aillaud, Claudie Bélouard, Luce Demangeon, Jean Destribats (Paris) avec le concours du cabinet Ramböll (Paul Vermeylen, Elise Bekari, Anne Magnus, Bernard Coutrot).

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Histoire - Diaspora développement.

Les travaux de recherche récents ont montré que les entreprises localisées dans les métropoles y trouvent des ressources matérielles et immatérielles, ainsi que des externalités positives2.

Des Ressources matérielles- Infrastructures de transports et de télécommunications - Espaces de travail en quantité et en qualité (bureaux, centres de R&D…)- Équipements pour les actifs (liés à habitat, éducation, santé, commerce, services …)

Des Ressources immatérielles- Marché du travail diversifié et profond (qualifié à peu qualifié)- Ressources partenariales ou de marché (services aux entreprises, fournisseurs…)- Dynamisme scientifique et culturel (rayonnement de la communauté intellectuelle et

académique…)- Qualité de vie perçue (environnement….)- Capital social et relationnel (associations, groupement d’entreprises….)- Efficacité des institutions territoriales publiques et parapubliques (qualité de la gouvernance, pôles

de compétitivité)Des Externalités positives

- Concurrence et montée en valeur des entreprises d’un même secteur (transferts technologiques)- Spécialisation flexible (positionnement de niches des entreprises)- Innovations technologiques et comportementales- Hybridation et fertilisation croisée des compétences, émulation, échanges d’informations,

compétences partagées et projets collaboratifs- Capacité d’adaptation aux mutations de l’économie, anticipation des ruptures (nouvelle économie

durable et responsable, ré-industrialisation)- Capacité à mieux faire face aux défis matériels qui résultent des choix d’innovation, d’anticipation

et de croissance de l’entreprise (outils/structures d’accompagnement et de financement)

« L’économie entrepreneuriale de la connaissance »3 se bâtit aujourd’hui sur les métropoles dotées de contradictions et d’images paradoxales mais qui présentent la densité et la diversité suffisantes pour multiplier les opportunités de contacts les plus variés, autorisant ainsi l’émergence de l’innovation et de nouvelles créations de valeur en transformant les ressources, notamment les savoirs, en actifs, ce qui permet le renouvellement du tissu productif.

Parallèlement, les économistes de la « nouvelle économie géographique »4 considèrent qu’il y a une interaction dynamique entre les réseaux locaux de connaissance et les réseaux interrégionaux et internationaux dans lesquels les métropoles constituent des points nodaux. L’implication forte des acteurs économiques dans des réseaux mondiaux de connaissance apporte des ressources de base au fonctionnement des réseaux locaux.

Les points nodaux rentrent donc en « résonance » : le global vient amplifier le local et réciproquement. Ce qui réinterroge en toile de fond les différents travaux de la DATAR sur les métropoles d’équilibre et sur le rayonnement des villes européennes de 2003, rappelant le positionnement médiocre des villes françaises en Europe. Si nombre d’entre elles font preuve d’un dynamisme remarquable, il n’en reste pas moins que la plupart demeurent assez peu attractives à l’échelle continentale.

Le réseau français des métropoles situées toutes entre une et quatre heures de Paris et formant à l’échelle internationale une « métropole en réseau »5 n’est-il pas en mesure de construire des complémentarités entre les excellences de ses différentes composantes ? Comment combiner l’avantage pour la France de posséder une ville mondiale avec Paris - ce qui n’est le cas ni de l’Allemagne ni de l’Italie - et un véritable polycentrisme métropolitain avec l’émergence de chefs de

2 HALBERT Ludovic et PERRIN-BOULONNE Hélène, « Paris : métropole mondiale en 2020 ? », Chambre de commerce et d’industrie de Paris, février 20093 SAINT-ETIENNE de, Christian. Quelle stratégie dynamique d’aménagement du territoire pour construire une France forte et harmonieuse ? Rapport à M. Le Président de la République, juin 20094 MASKELL, P. Cluster and knowledge - local buzz, global pipelines and the process of knowledge creation, DRUID, 20025 Terme emprunté à Pierre VELTZ. Mondialisation, Villes et Territoires - L'économie D'archipel. Paris : PUF, 2007

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file pour animer un réseau de métropoles sur des secteurs économiques clés ? La contribution conjointe des différentes métropoles à la création de richesse n’est-elle pas plus importante que la redistribution de richesse ?

En échos aux besoins et préoccupations des entreprises (identifiées lors de précédentes enquêtes réalisées par les différents CCI membres de l’Association des CCI Métropolitaines6) d’autres questions seront abordées dans cette étude : - Quelle valeur ajoutée la coopération entre les grandes métropoles peut-elle apporter à la

compétitivité des entreprises ? - Comment s’appuyer sur la variété des cultures, des pratiques d’affaires et des spécificités de

notre pays afin d’élargir les marchés de nos entreprises et la chaine de valeur de secteurs d’activités clés ?

- Comment l’excellence des différentes métropoles permet-elle de développer une offre articulée entre grandes métropoles françaises au plan national et attractive au plan mondial ?

- Les métropoles peuvent-elles, en réseau, couvrir les différents segments des chaînes de valeurs dans des secteurs à enjeux.

Cette étude-action s’inscrit dans une production récente et abondante de travaux sur la métropolisation à toutes les échelles et sur des secteurs variés. Ces analyses ne traitent généralement que d’une échelle territoriale ou que d’une ou deux dimensions de type compétitivité vs solidarité. Il a semblé utile d’opérer une synthèse de cette littérature imposante, et de l’aborder sous deux aspects repris ici successivement : sa portée géographique et la nature des données exposées.

Portée géographique des études récentes sur la métropolisation : deux échelles de référence

- Echelle internationale : étude ECER sur l’entrepreneuriat visant à classer 37 métropoles européennes au regard de leur soutien à l’entrepreneuriat, l’étude Xerfi sur les modèles de croissance dans le monde avec une approche par scénarii, le programme Euro-action de 6 régions européennes sur les indicateurs de développement R+D+4 animé par la Catalogne(souci de comparaison/classement/évaluation), Etude Attractivité France 2009 d’Ernst & Young pointant le déficit de notoriété internationale des villes françaises.

- Echelle nationale : l’étude du laboratoire Prédit sur les transports avec une approche par scénarii, les travaux du groupe Futuribles sur les modèles métropolitains avec une analyse par profil-type, les rapports au gouvernement de M. Perben (2008) sur les métropoles d’avenir, les travaux de la commission de M. Balladur sur la réforme territoriale et la place des métropoles, le rapport de M. Ch. Saint-Etienne sur la stratégie dynamique d’Aménagement du territoire en France avec le rôle du Grand Paris et des grandes métropoles (2009).

A ces échelles de référence peuvent être ajoutées les échelles régionale et locale où une littérature prolixe est également disponible (cf. bibliographie en annexe de l’étude intégrale).

Nature des données exposées sur les profils métropolitains : trois domaines récurrents

- Les données relatives à la compétitivité : les grands secteurs ou filières à enjeux (énergies du futur, design textile industries créatives, bien vivre et santé, IAA, science de la vie, finance, mobilité et logistique, chimie environnement clean techs, systèmes urbains, micro-nano-bio-technologies, sciences de l’ingénieur, sciences humaines et sociales, etc.), l’entrepreneuriat, les modèles de croissance et la structuration des métropoles, les réseaux nationaux et mondiaux, la R/D et l’innovation, les leviers de la croissance des entreprises.

- Les données relatives à l’attractivité : le foncier, les transports et les infrastructures, la législation et la fiscalité, le système de formation et la qualification de la MO, la gouvernance métropolitaine.

- Les données relatives à la solidarité ou à l’identité : la mixité sociale, les liens sociaux, la culture et le patrimoine, les évènements, les mécanismes de confiance et de coopération.

6 Chambre de commerce et d’industrie de Paris. Innover en Ile-de-France : 32 priorités pour les PME. Paris : La documentation française, septembre 2007

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Ces études poursuivent des objectifs variés qui affichent tantôt une forte dimension prospective, tantôt un aspect davantage orienté sur la veille et ses indicateurs, ou sur la comparaison nationale ou internationale dans un but de classement ou de simple benchmarking. Moins nombreuses sont celles qui souhaitent déboucher sur des propositions opérationnelles ou programmatiques.

L’ensemble de ces travaux montre donc que les métropoles et leur complexité présentent des paradoxes, une image contradictoire et nécessitent des choix stratégiques ambitieux mais difficiles à décider : l’économie productive vs l’économie résidentielle, l’économie de la conception vs l’économie de la fabrication, la compétitivité vs le cadre de vie, la croissance endogène vs la croissance exogène, le modèle du réseau métropolitain vs le modèle de la capitale et de son hinterland, soutenir les forces d’attractivité et de compétitivité vs contenir les forces de dispersion et d’exclusion, etc.La dimension transfrontalière constitue également une dynamique à prendre en compte : des zones de coopération transfrontalières se dessinent, avec l’existence d’Arcs Atlantique et Méditerranéen, où Nice devient une banlieue technologique de Turin, et Toulouse tend à s’intégrer dans une dynamique ibérique. Lyon, Lille, Strasbourg et Paris sont assimilées à un large espace de développement (pentagone formé par Hambourg, Londres, Paris, Milan, Munich), jusqu’au Danemark et Vienne. Sont donc à l’œuvre simultanément des processus de divergence (être pris dans les orbites transfrontalières selon les logiques de l’espace européen) et des effets de convergence, induits par le fonctionnement en réseau des régions et des métropoles françaises.

Cette étude empirique n’entend pas être une étude théorique ou exhaustive sur les relations entre métropoles à travers les flux qu’elle a cherché à identifier. Elle a pour but d’offrir une première description des liens existants qu’ils soient informels ou formels à partir de données statistiques aujourd’hui limitées, sur les besoins de coopérations entre les métropoles et entre les entreprises localisées dans ces différentes métropoles françaises et sur les potentialités de coopération formulées par les acteurs publics et privés des métropoles. Au final elle propose un diagnostic des relations et des coopérations entre les métropoles, en analysant les modalités concrètes de leur coopération potentielle et la place des CCI métropolitaines dans ce mouvement.

MÉTHODOLOGIE

L’étude repose sur :

- L’identification des atouts des différentes métropoles. Il s’est donc agi de définir tout d’abord les facteurs discriminants pour asseoir la performance des métropoles françaises. Des fiches portraits des différents métropoles de l’Association des CCI Métropolitaines ont étéréalisées intégrant des données statistiques et une approche atouts / faiblesses / stratégie de développement (ambition et stratégie affichée)/ positionnement d’avenir (chantiers prioritaires et urgences).

- L’étude des flux de différentes natures (d’affaires, de population etc.) entre les métropoles de l’Association des CCI Métropolitaines en construisant quatre indicateurs pérennes de flux :l’accessibilité inter-métropolitaine pour les voyages professionnels, les échanges inter-métropolitains liés à la répartition spatiale du travail au sein du système productif : migrations résidentielles et transferts d’établissements, les relations inter-métropolitaines liées à la formation et à la recherche et les relations inter-métropolitaines liées au contrôle du système productif. Un tableau récapitulatif reprend l’essentiel des indicateurs pérennes de flux entre les métropoles et les données mobilisables pour une mise à jour régulière et un suivi dans le temps(cf. Etude intégrale).

- Des ateliers locaux organisés dans six métropoles et réunissant 150 participants au total (acteurs publics, entreprises, pôles de compétitivité, chercheurs). Ces ateliers ont été nourris par des questionnaires préalables auprès des entreprises et acteurs publics, et par des enquêtes qualitatives spécifiques auprès des entreprises menées par différentes CCI.

- Un benchmark des bonnes pratiques de coopération dans quatre métropoles européennes Copenhague (Danemark) / Malmö (Suède) – Barcelone – Randstad Holland – Cores Cities (Angleterre) qui donne des éléments circonstanciés sur les questions suivantes : Quels projets ont permis des jeux d’acteurs particuliers ? La mise en réseau des métropoles permet-elle de miser sur des enjeux internationaux ? Quel positionnement sur des filières / process d’avenir ? Comment sont financés les grands projets structurants ou d’avenir des métropoles ? Quel système de pilotage/gouvernance ? Quelles pratiques innovantes de coopération ?

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L’étude s’articule selon quatre parties :

1. Les investigations internationales : le benchmarking s’intéresse aux dynamiques de coopération inter-métropolitaines existantes dans d’autres pays d’Europe. Il identifie des pratiques pertinentes susceptibles d’inspirer la stratégie de coopération inter-métropolitaine.

2. Les indicateurs de relations et d’échanges inter-métropolitains : cette partie présente une analyse des flux entre huit des métropoles de l’Association des CCI Métropolitaines àpartir d’indicateurs quantitatifs. Il a pour objectif de mettre en évidence la nature des flux existants à l’heure actuelle.

3. Les regards croisés pour de possibles coopérations inter-métropolitaines : un diagnostic est dressé ici des atouts des métropoles et aborde le positionnement de chacune d’elles ainsi qu’une identification des complémentarités existantes. Il présente également les enjeux de la coopération inter-métropolitaine tels que les perçoivent les acteurs des métropoles.

4. La « France des Métropoles » : proposition stratégique pour la coopération entre les métropolesCette partie présente une proposition de maquette stratégique de coopération inter-métropolitaine. Elle énonce des axes de collaboration et retient quatre actions prioritaires. Les PIME (Plateformes inter-métropolitaines d’excellence), dispositif opérationnel, constituent une action prioritaire qui est approfondie. Elle vise à couvrir les différents segments des chaînes de valeurs à travers les métropoles françaises dans des secteurs à enjeux identifiés.

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1. LES INVESTIGATIONS INTERNATIONALES : LE BENCHMARKING

L’objectif de ce benchmarking est de comprendre les modes et leviers de coopération entre métropoles et de mettre en exergue leurs complémentarités dans un contexte d’interconnexion. Il vise à présenter des bonnes pratiques de coopération en matière de développement économique au bénéfice des entreprises.

Les questions clés intéressant l’Association des CCI Métropolitaines sont les suivantes :- Quels projets ont permis des jeux d’acteurs particuliers ?- La mise en réseau des métropoles permet-elle de miser sur des enjeux internationaux ?- Quel positionnement sur des filières/process d’avenir ?- Comment sont financés les grands projets structurants ou d’avenir des métropoles ?- Quels systèmes de pilotage/gouvernance?- Quels avantages concurrentiels décisifs offrent cette organisation ?- Quel rôle prennent les acteurs privés ? - Quelles pratiques innovantes de coopération retenir dans ces exemples ?

Quatre études de cas proposés par le cabinet de consultant Ramböll ont été retenues en raison de l’intérêt que ces exemples représentent pour répondre aux questionnements :

- The English Core Cities Group- Barcelone- Oresund (Copenhague+Malmö)- Randstad Holland

Les quatre études de cas de coopérations ont été analysées selon une grille d’analyse reprenant les questions pré-citées:

La base de données CITY GRADING de Ramboll a été mobilisée. Elle représente un investissement propre au cabinet, un savoir accumulé et organisé au cours d’une quinzaine d’années de missions et de travaux dans le domaine du développement des villes. Près de 100 villes ou régions d’Europe ont été investiguées, ainsi que leurs pratiques, près de 350 au total répertoriées en différents champs : développement durable, économie, innovation, culture et tourisme, mobilité, formation, innovation, etc.

Il est apparu que les quatre cas de coopérations étudiés s’inscrivent dans des dynamiques singulières et sont nés à des moments historico-politiques particuliers :

- Pour Core Cities, il s’agissait en 1999, de donner voix aux villes hors Londres, ayant pour point commun d’avoir connu un fort déclin économique entre 1980 et 1997.

- Randstad est née après les tragiques inondations de 1958 qui ont mis en péril la vocation portuaire des villes ; cette coopération a permis la rencontre des opérateurs publics et privés sur cet impératif économique et environnemental.

- A Barcelone, la coopération avec la Catalogne se comprend dans la phase d’autonomisation des régions, et dans un contexte où des évènements majeurs comme les JO de 1992, de plus la nouvelle ambition souhaitée pour le port, a permis un jeu d’acteurs élargi.

- La chute du mur de Berlin a précipité le positionnement d’Oresund, comme porte d’entrée renouvelée de la Baltique dans une longue tradition hanséatique.

Quels projets ont permis des jeux d’acteurs particuliers ?

On peut distinguer deux catégories de projets :- D’une part, le niveau opérationnel est le cœur de l’action d’Oresund et de Randstad,

tandis que Core Cities et Barcelone appartiennent davantage au portage d’une stratégie. Mais dans les quatre cas, les acteurs publics apparaissent les leaders garants de l’intérêt général, dont les projets ne pourraient être mis en application sans l’implication forte du secteur privé. Cette implication s’opère à travers diverses structures opérationnelles : Oresund science Region, le projet @22 dans lequel est

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impliqué notamment la CCI de Barcelone et diverses entreprises, et Randstad où sont très présents des grands opérateurs de la logistique.

- A l’inverse, s’agissant d’une dimension de stratégie et de lobbying, les CCI des Core Cities sont associées lorsque les conférences inter-métropolitaines abordent des sujets économiques.

De manière générale la présence du secteur privé s’opère par la présence de grands groupes ou de regroupements sectoriels selon les secteurs clés. L’équilibre des contributions publiques et privées diffèrent sensiblement selon les mondes culturels anglo-saxons, germaniques ou latins.

Core Cities- Lobbying de 8 villes sur l’agenda national pour plus de décentralisation économique dans un

contexte de crise commune dès 1997.- Angles d’attaque : obtenir plus d’autonomie fiscale pour les 8 villes très dépendantes du

gouvernement central, faciliter le PPP dans les investissements d’infrastructures de transports et dans la rénovation urbaine.

- Les Chiefs Executive des CCI des 8 villes se rencontre informellement chaque mois, avec une coopération plus intense entre Manchester, Birmingham et Leeds, depuis la crise.

- Les CCI des Core Cities sont associées aux propositions du Core Cities Group faites au Gouvernement.

- Les CCI sont invitées aux conférences métropolitaines annuelles (ex : Leeds Summit 2005 dédié aux questions économiques).

Oresund- Au début des années 1990, la collaboration transfrontalière entre Copenhague et Malmö a été

initiée sur le thème de l’infrastructure de transport, thème concret et dépassionné de beaucoup de coopérations inter-métropolitaines dans le monde : construire un pont pour améliorer la productivité régionale et la croissance et devenir la porte d’entrée de la Baltique.

- Depuis l’ouverture du pont d’Oresund de 18km en 2000, l’Oresund Science Region est une réalité vécue avec la plus grande masse critique d’Europe du Nord en termes d’habitants et d’activités économiques. La bi-métropole se positionne comme la région nord européenne de la science, portée par son cluster Medicon Valley, avec le meilleur capital humain.

- En plus d’un city-branding commun, la coopération a permis de mettre en réseau les 15 universités pour attirer notamment des talents dans le biomédical.

- La coopération économique sur les secteurs d’excellence est animée par l’Oresund Science region, alliance ombrelle binationale en triple hélice de 6 des plateformes publique-privée/clusters. Exemple de plateforme : la Medicon Valley Academy promeut le secteur médical en facilitant les coopérations entre universités, industries et hôpitaux d’Oresund.

- L’Oresund Business Group, initié par la Confédération danoise des Industries, la CCI danoise et certains PDG, a formulé une vision commune et des stratégies de développement industriel au sein de la région d’Oresund. Néanmoins, les CCI ne sont pas présentes dans les plateformes d’excellences animées par l’Oresund Science Region.

BarceloneDeux Exemples de projets relevant du Plan Stratégique de la Métropole : - Projet 22@ : rénovation d’un quartier industriel (Poblenou) par la création d’un district de

l’innovation – projet piloté par la ville de Barcelone, auquel sont associés : entreprises, Chambre de Commerce de Barcelone, universités (polytechnique de Catalogne, de Barcelone…).

- Projet Forum Besós (2004) : événement pour la transformation urbaine de la zone littorale dégradée, ayant permis d’améliorer la positionnement de Barcelone sur le marché mondial des congrès.

Randstad Holland- La création de la Delta- Métropole est d’abord une réponse à l’abaissement de frontières et à la

création d’un nouveau marché, européen et mondial et une réaction à la récession économique qu’a connue la région en 2002-2003.

- En 2004, l’analyse des forces et faiblesses de la région dans son environnement international a conduit les autorités de la Randstad a élaboré ensemble une nouvelle stratégie d’aménagement et de développement économique et à la traduire dans un plan d’actions.

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- La nouvelle stratégie est résumée par le concept de la création de la Delta-métropole, c’est à dire la création d’un ensemble économique et résidentiel cohérent et de grande dimension. Cet ensemble devrait :

o rendre les actions de chaque collectivité locale plus efficaces,o permettre de mieux tirer partie de la diversité et des atouts respectifs des différents

territoires composant la région,o contribuer à la création d’un environnement plus favorable à l’innovation et à

l’accueil des investissements internationaux.

La mise en réseau des métropoles permet-elle de miser sur des enjeux internationaux ?

La réponse à cette question est nuancée : - Si Core Cities est un lobby essentiellement national, le fait d’aborder les questions

économiques ouvre néanmoins le champ international. - Pour Oresund, clairement la mise en réseau a permis d’attendre une masse critique

internationale pour attirer entreprises et talents internationaux, surtout dans le secteur médical.

- Pour Barcelone, la stratégie internationale s’est affirmée depuis trois décennies. - Quant à Randstad, la mise en réseau des ports et infrastructures logistiques conforte

bien évidement sa position internationale, au-delà de la question portuaire.

Core Cities- Les dimensions internationales ne sont pas explicitement abordées. La coopération se

concentre sur la rénovation urbaine et le financement des infrastructures de transports au sein de chaque ville.

- Les Core Cities, et en particulier Manchester, qui possède un secteur financier très développé, sont les villes les plus touchées par la crise en Angleterre.

Oresund- La région Oresund est aujourd’hui un challenger de Stockholm, traditionnel pôle dominant de

l’Europe du Nord, et est devenue le hub aéroportuaire de la Scandinavie ainsi qu’une des premières destinations européennes de l’investissement dans le secteur pharmaceutique

- L’accord entre Medcoast Scandinavia (Oslo-Göteborg Region) et Medicon Valley Academy (Oresund Region) fait désormais de l’aire scandinave un des plus grands clusters européens dans le domaine biomédical.

Barcelone- Barcelone valorise son positionnement euro-méditerranéen en s’impliquant dans des réseaux

d’échanges (voyages d’étude, Compete Network), en organisant des événements (conférence euro-méditerranéennes des femmes) et au-delà, par la stratégie de développement des réseaux autour de la région Catalogne (Club des 4 moteurs de l’Europe, Eurorégion).

Randstad Holland- La région Randstad a l’ambition d’entrer dans le top 5 des régions urbaines européennes les

plus performantes- Si le gouvernement et les autorités de la Randstad peuvent dans une certaine mesure soutenir

le développement économique, il est admis d’évidence que les entreprises et les centres de recherche jouent les premiers rôles.

- Si l’aménagement spatial ne joue pas le rôle principal dans le développement économique, lacréation d’un environnement spatial optimal est une condition opérationnelle essentielle du développement économique

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Quel positionnement sur des filières/process d’avenir ?

On observe que ces secteurs sont récurrents dans les autres métropoles européennes : - Randstad sur le secteur de la logistique, - Oresund sur six clusters avec la science comme domaine essentiel. - Mais les coopérations s’appuient aussi sur les processus : Oresund, avec son

modèle de la triple hélice, mise sur l’excellence de son capital humain ; Randstad mise sur sa présence dans les réseaux européens et travaille les thèmes de l’excellence dans le management, autour des critères de Lisbonne.

Core Cities- Six des huit Core Cities collaborent depuis 2004 pour échanger des bonnes pratiques sur les

filières scientifiques au sein du Sciences Cities Development Group. Ce groupe est animé par Newcastle et cherche à attirer les investissements et chercheurs en dehors de Londres, et à influencer les politiques spécifiques du gouvernement.

Oresund- L’Oresund Science Region anime des plateformes collaboratives binationales : Oresund

Logistics, Oresund IT, Oresund Food Network, Oresund Environment et le cluster Medicon Valley.

- Chacune de ces plateformes repose sur le modèle de la « triple hélice » où les décisions sont prises à parité entre les différents acteurs : universités,-secteur public et secteur privé.

Barcelone- Six domaines stratégiques sont ciblés : Economie de la connaissance, Mobilité, Secteurs

stratégiques, Infrastructures, Environnement, Urbanisme et cohésion sociale.- Cinq secteurs stratégiques ont été identifiées pour les clusters du projet 22@ : Media, TIC,

Energie, Technologies médicales, Design.

Randstad Holland- Ses forces résident dans les services logistiques, port de Rotterdam et aéroport de Schipol, le

service du frais et la pétrochimie.- Randstad est présente dans les réseaux européens, notamment le réseau de Lisbonne qui

rassemble les 15 régions qui ont l’ambition d’être les plus performantes d’Europe (échange d’expériences, travail collectif dans les projets de fonds européens).

Comment sont financés les grands projets structurants ou d’avenir des métropoles ?

- Les exemples montrent clairement que le recours au financement public/privé constitue la principale innovation.

- Les exemples « nordiques » (Randstad et Oresund) ont mis en place parfois de longue date des mécanismes assurant le financement de leur développement d’infrastructures et d’immobilier.

- L’effort d’équipement assuré par ces deux pays a toujours été important, mais on observe que ces investissements publics sont prolongés par des financements privés.

Core Cities- Le Partenariat Public Privé au sens Private Finance Initative y est couramment pratiqué7.

7 La Private Finance Initiative, littéralement “initiative pour le financement privé”, avant d'être une forme générique de contrats, est un programme du gouvernement britannique initié en 1992 visant à encourager la réalisation de travaux et la gestion des services dont ils sont le support à l’aide d’un financement ou d’un préfinancement privé.Ce programme a un triple objectif : augmenter la capacité de financement du secteur public, en étalant les paiements liés à l’investissement sur la durée de vie du contrat ; améliorer la qualité des services publics, en imposant au secteur privé des critères de qualité dont le respect conditionnera le montant des paiements ; diminuer la dépense publique, en profitant de la compétence et de la capacité d’innovation du secteur privé et des économies réalisées par l’adéquation des infrastructures au service rendu.

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- En 2008, la proposition au Gouvernement du Core Cities Group, appuyée par les CCI, et les agences économiques (RDAs) vise à expérimenter dans les huit villes une « tax increment financing » (Accelerated Development Zones) permettant enfin aux villes d’optimiser le financement de nouvelles infrastructures de transports.

Oresund- La ville nouvelle « privée » d’Orestad construite entre l’aéroport de Copenhague et le centre

ville est destinée à accueillir les entreprises en lien avec un certain nombre de thèmes d’excellence : IT, environnement et Medicon Valley (MV étant également une plateforme économique) ainsi que les fonctions résidentielles et commerciales. La réalisation de ce quartier et la construction de la ligne de métro sont financés par un mécanisme de PPP.

- L’écoquartier Ekostaden Augustenborg a été réalisé grâce à des financements publics et privés, vitrine du savoir faire en city-tech/éco-tech.

Barcelone- Les grands projets de Barcelone sont financés selon des mécanismes semblables à la France :

des zones sont dévolues à des activités économiques précises ; la taxation assurant la péréquation.

Randstad Holland- Les Pays-Bas sont parmi les pionniers des PPP, basé sur l’importance de la propriété foncière

publique - l’Etat a la main mise sur plus de la moitié du foncier. La planification des infrastructures de la Randstad permet de créer des mécanismes de captage de plus-value par lesquels l’organisation de l’hinterland du port mondial a été réalisée.

- Randstad Urgent et Randstad 2040 sont initiés et financés par le Ministère de la planification urbaine après consultation de Deltamétropole et de Randstad Regio.

Quel système de pilotage/gouvernance ?

Il apparaît que les questions institutionnelles ne sont pas au centre des quatre cas étudiés. Les réalisations sont pragmatiques et reposent sur des besoins clairement identifiés par des acteurs/bénéficiaires. Elles empruntent des formes flexibles et légères pour la mise en œuvre des opérations, souvent de façon partagée.

Au plan stratégique, les quatre cas montrent l’importance d’une large gouvernance permettant le dialogue public-privé à l’échelle inter-métropolitaine ; l’efficacité en est difficilement démontrable, mais les résultats impressionnent souvent. Au niveau politique, les jeux d’acteurs sont complexes :- Core Cities est surtout un lobby auprès du gouvernement central, mais en même

temps, les villes apprennent les unes des autres, sous la houlette et l’engagement ferme de leurs élus (Leader).

- Pour Oresund, les instances publiques –autorités régionales et locales – coopèrent sur la dimension du positionnement marketing de leur territoire binational.

- Pour Barcelone, le sentiment régional nourrit un positionnement partagé entre les élus.

- A l’inverse, les difficultés semblent plus présentes pour Randstad, tant le vide institutionnel entre les villes et l’Etat stimule des structures de concertation, qui ne disposent pas des moyens financiers pour réaliser leurs ambitions.

Core Cities- Chacune des villes est animatrice d’un réseau thématique, auquel d’autres villes contribuent en

vue de formuler des propositions au gouvernement central et équilibrer l’hyperconcentration de Londres.

- Une structure de pilotage légère de coopération est basée à Manchester (2 personnes) avec des relais métropolitains.

- Une action de lobbying national associant tous les acteurs des villes-régions : secteur public, secteur privé, agences économiques, universités pour faire évoluer la législation économique.

- Une action coordonnée sur l’évènementiel international pour partager les retombées économiques.

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Oresund- 1993 : lancement d’Oresund Committee : forum des autorités politiques régionales et locales.- Rassemblement des deux rives d’Oresund. (sans pouvoir formel) : un secrétariat de 15

personnes pilote la coopération et a obtenu des fonds INTERREG.- L‘Oresund Network organise aujourd’hui le marketing commun de la métropole bipale, gérée

par les deux gouvernements, la ville de Copenhague et la région de Scania.- Sous la houlette d’Oresund Science Region, la coopération inter-métropolitaine entre universités

et R&D privée est améliorée depuis la fin des années 1990 grâce à des plateformes économiques (Medicon Valley, IT, Food Network, Environment) publique-privée binationale i.e(que signifie ce sigle ?). et le modèle de la « triple hélice » entre universités- secteur public-secteur privé, avec une représentation paritaire.

Barcelone- Aire Métropolitaine de Barcelone : association regroupant plus de 300 institutions relevant des

secteurs publics et privés, adhérant de façon volontaire.- Mobilisation importante des acteurs de la société civile (universités, acteurs économiques…).- Instance de coordination et d’échanges.

- Limite : les projets sont fréquemment mis en œuvre par une des institutions, sans coopération forte avec les autres instances (ex. Projet 22@, pas de collaboration avec la région Catalogne).

Randstad Holland- La Région de Randstad n’a pas une entité unique de gouvernance, mais deux structures de

dialogue informelles visant à mieux dialoguer avec l’Etat et influencer les investissements publics.

- L’association Delta metropolis: Incarnation du dialogue public-privé à l’échelle inter-métropolitaine est lancée en 1997 pour protéger le cœur vert des Pays-Bas et améliorer la connectivité entre les 4 métropoles.

- Randstad Regio : une plate-forme de dialogue des acteurs publics lancée en 2002, joint venture entre 4 provinces, 4 villes-régions et 4 villes, dépendante financièrement de l’Etat. Rend des avis, organe de consultation.

Quelles pratiques innovantes de coopération retenir dans ces études de cas ?

A l’issue de la démarche d’analyse comparative des quatre de coopération, et nonobstant les limites culturelles, institutionnelles et politiques, les pratiques suivantes sont à retenir pour réfléchir à leur éventuelle adaptation dans le contexte de la coopération inter-métropolitaine française.

Initier et animer des plateformes de clusters compétitifs à l’international sous la houlette d’une gouvernance publique privée inter-métropolitaine- L’Oresund Science Region, alliance ombrelle rassemblant acteurs publics privés (grands

groupes) et les universités en réseau, selon le modèle de la triple hélice binationale anime 6 plateformes économiques (Medicon Valley, Oresund IT, Oresund Logistics…), elles-mêmes animées par des Bureaux tripartites : cette bonne pratique favorise le réseautage et le croisement des compétences. L’intelligence économique de la métropole binationale est partagée par une gouvernance fluide et équilibrée, les filières économiques sont renforcées par une mise en contact entre spin off, PME et grands groupes.

Se connaître entre métropoles pour mieux évaluer les excellences et intérêts partagés- A l’image de Core Cities, les chiefs executives des CCI des 8 villes hors Londres se rencontrent

chaque mois selon l’actualité et les intérêts partagés. Les Leader des villes se rencontrent lors d’un sommet annuel tournant. Chacune des villes membres est animatrice d’un groupe de travail et d’échanges d’expériences, où d’autres Core Cities contribuent, à la carte, à formuler des propositions et échanger des bonnes pratiques.

- A Oresund, un observatoire statistique inter-métropolitain alimente les décisions stratégiques et évalue l’intégration inter-métropolitaine.

- Relevons enfin les Kompetenznetzwerke allemands. Exclue de ce benchmarking, mais évoquéedans le chapitre 4 de l’étude intégrale, cette initiative lancée en 1999 met en contact les meilleurs réseaux d’innovation (entreprises, instituts de recherche) au plan national dans une vingtaine de domaines d’excellences via un site web-annuaire pour favoriser des croisements de compétences et définir des grappes d’innovation.

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Promouvoir ensemble ses compétences pour attirer des talents, des investissements, des entreprises- L’exemple des quatre villes de la Randstad Holland illustre une stratégie de marketing forte :

une bannière commune pour se présenter au MIPIM de Cannes et de communiquer sur des atouts communs via un site web fédératif.

Faire fructifier son capital humain dans un contexte de « guerre des talents »- Barcelone dans son projet-vitrine 22@ met en contact les acteurs socio-économiques (CCI,

universités,…) sur 5 secteurs clés (design, médias, IT...) pour accélérer l’innovation.- Le marketing international d’Oresund est entièrement orienté sur la concentration du meilleur

capital humain d’Europe du Nord.

Faire du lobbying et dialoguer avec l’Etat et les collectivités territoriales- Influencer les politiques nationales qui ont un impact métropolitain (réforme des collectivités

locales, réforme de l’enseignement supérieur, PPP, politique fiscale…) en formulant des propositions construites dans le dialogue avec les acteurs socio-économiques métropolitains (agences économiques, CCI, universités).

Communiquer son point du vue lors de conférences inter-métropolitaines- Les Leaders des huit villes de Core Cities se rencontrent lors d’un sommet annuel tournant où

sont invités les ministres, acteurs économiques, experts pour faire des propositions pragmatiques au profit de leurs villes membres.

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2. LES INDICATEURS DE RELATIONS ET D’ÉCHANGES ENTRE MÉTROPOLES

Il existe aujourd’hui de nombreuses études qui ont construit une base de données rendant compte des fonctions diversifiées de la métropole à partir d’indicateurs de stock. Ces indicateurs peuvent s’avérer prédictifs de la capacité de développement d’une aire géographique et/ou révélateurs de faiblesses ou de risques du tissu économique face à l’internationalisation ou à la croissance. Les plus intéressants ont été réunis dans les portraits de métropole (en annexe de l’étude intégrale). Néanmoins, rarement ces indicateurs laissent préjuger de l’orientation géographique des relations et des territoires avec qui des liens sont noués.

L’enjeu est ici davantage de comprendre les logiques de coopération entre métropoles pour dépasser une approche privilégiant la mesure du poids des caractéristiques (poids économique notamment) des métropoles entre elles afin de s’attacher à la définition des métropoles comme produit des flux matériels (mobilité des populations, biens et services) et immatériels (mobilité des idées, données et capitaux) qui les irriguent, et constituent des avantages comparatifs.

L’examen des flux entre les métropoles de l’ACCIM a ainsi pour objectif de dresser un état des données disponibles, exploitables et de comprendre la logique et l’intensité des liens entre les métropoles. Il s’agit ici d’identifier les modes de coopération entre ces métropoles françaises à travers l’examen des flux et liens existants, qu’ils soient spontanés ou organisés tout en essayant de caractériser la nature des réseaux qu’ils font apparaître.

Cette partie se focalise sur les indicateurs portant sur les flux. En dehors de quelques sources bien connues sur des flux de proximité, tels que les flux domicile-travail ou domicile-lieu d’enseignement, il existe peu de données disponibles directement exploitables de ville à ville : mesure de flux d’échanges et de déplacements, intensités des relations de territoire à territoire. Les principales sources sont issues des recensements de population (RGP 2006, Insee), des données du répertoire SIRENE relatives aux entreprises et établissements, de la base de données LIFI et de la source DIANE pour les liaisons financières, ainsi que de diverses enquêtes par sondage. Dans ce dernier cas, la taille des échantillons recueillis est fréquemment trop faible pour exploiter validement des flux d’échanges à un échelon géographique fin. C’est le cas par exemple de l’enquête SDT (Suivi des Déplacements Touristiques), qui ne permet pas de fournir des données fiables de département à département, malgré ses 20.000 interviews annuels. Face à ces sources officielles, il existe quelques sources privées (SNCF, France Telecom, Sociétés d’autoroutes …), qui présentent aux yeux de leurs propriétaires un intérêt commercial ou stratégique qui constitue un obstacle à leur diffusion.

Ce travail constitue donc une première étape qui mériterait des approfondissements ultérieurs afin d’affiner les indicateurs proposés (cf. Partie 4 : « La France des métropoles » : proposition stratégique pour la coopération entre les métropoles, recommandant la création d’une base de connaissance partagée).

Cette partie s’intéresse à la recherche d’indicateurs pérennes de flux, de façon à permettre la mise en place, la mesure et le suivi des évolutions. Parmi les indicateurs identifiés :

- une première catégorie est issue de sources à jour et pérennes, comme les indicateurs d’accessibilité ou ceux issus du répertoire SIRENE. Ces derniers peuvent dès à présent être exploités pour des analyses des relations inter-métropolitaines,

- une seconde catégorie regroupe des indicateurs construits à partir des données de recensements dont l’évolution dans le temps n’est pas toujours aisée compte tenu des modifications de nomenclature,

- une troisième catégorie nécessite, pour la construction des indicateurs, soit l’acquisition de données à titre payant, soit l’accès à des données couvertes par le secret statistique ou à des méthodes de traitement complexes nécessitant la conclusion de partenariats pour pouvoir en bénéficier. Ces sources et leurs conditions de mise en œuvre sont reprises dans un tableau récapitulatif en fin de partie de l’étude.

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Les indicateurs envisageables et potentiellement disponibles pour le suivi de flux ou de relations inter-métropolitaines ont été regroupés et exploités selon quatre catégories :

- L’accessibilité inter-métropolitaine pour les voyages professionnels.- Les échanges inter-métropolitains liés à la répartition spatiale du travail au sein du système

productif : migrations résidentielles et transferts d’établissements.- Les relations inter-métropolitaines liées à la formation et à la recherche.- Les relations inter-métropolitaines liées au contrôle du système productif.

Limite méthodologique

En termes de résultats, l’analyse des indicateurs révèle une faible intensité de liens entre métropoles. En effet, les mobilités ont lieu principalement à l’intérieur de la métropole d’implantation (départements ou région pour l’Ile-de-France) que ce soit pour les mobilités résidentielles, les transferts d’établissements ou les implantations de sièges sociaux (établissements de plus 50 salariés). Les seuls liens avérés sont ceux orientés de ou vers la métropole parisienne, quels que soient les indicateurs considérés et particulièrement ceux relatifs à la mobilité des étudiants et à l’accessibilité inter-métropolitaine (vitesses généralisées fer, route et air).

Les échanges migratoires

Source : Carte CCIP

Il convient de prêter une attention particulière à la disponibilité des données si l’on souhaite suivre dans le temps la logique et l’intensité des liens entre métropoles : l’absence, la confidentialité ou l’ancienneté des données révèle que le système statistique français est inadapté à la dimension métropolitaine :

- Peu de données se sont finalement avérées disponibles au regard des ambitions de départ.

- Les données sur les relations entre métropoles sont partielles en raison d’effectifs trop faibles ou de catégories limitées.

- Les origines/destinations n’étaient pas toujours identifiées.-

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Les liens inter-métropolitains, migrations résidentielles et transferts d’entreprises, paraissent souvent légèrement plus forts sur un axe médian Nord-Sud, reliant Lille, Paris, Lyon et Marseille, alors qu’ils sont particulièrement faibles sur les axes Est-Ouest et sur les diagonales Nord-Est / Sud-Ouest et Nord-Ouest / Sud-Est. Il est vrai que l’axe Nord-Sud regroupe, en plus de Paris, les trois métropoles millionnaires de l’hexagone et que l’effet de taille explique probablement une bonne part de cette différence d’intensité. Néanmoins, quelques couples non parisiens se distinguent au nombre desquels figurent en tout premier lieu le couple Bordeaux-Toulouse, dont le développement peut s’appuyer sur une forte propension à la mobilité résidentielle, aux transferts d’établissements et dont les énergies peuvent être mobilisées par un projet commun au travers du pôle de compétitivité Aerospace Valley. D’autres couples apparaissent également, tels que Lyon-Marseille et Toulouse-Marseille. La géographie des échanges inter-métropolitains fait apparaître nettement une France de l’Ouest et du Sud, qui semble plus attractive.

En matière de contrôle du système productif, ces indicateurs mettent aussi en évidence la domination exercée par Paris, Lille et Lyon (ces dernières à un niveau inférieur) sur l’ensemble des métropoles et la faiblesse de la position de Marseille, dont le rayonnement sur les autres métropoles apparaît particulièrement faible. Il est vrai que les bases de données disponibles ont permis de mesurer principalement le contrôle exercé par les sièges sociaux d’une métropole sur les établissements d’une ou de plusieurs autres métropoles, alors que ces contrôles sont généralement exercés par des groupes.

Pour aller plus loin

Dans la perspective de définir des politiques de coopération inter-métropolitaines, il serait intéressant de prolonger cette analyse dans quatre directions :- La connaissance des structures de rayonnement et de dépendance inter-métropolitaines et de

l’ensemble métropolitain.- La recherche d’un plus grand degré de finesse dans l’analyse sectorielle.- L’approfondissement de l’aspect international des contrôles exercés par et sur des entreprises

étrangères.- L’identification des activités principales des centres de décision.

Chacune des catégories d’indicateurs a sa place et son importance dans l’analyse des relations inter-métropolitaines. Toutefois, sur le plan stratégique, les deux dernières catégories visant à quantifier les relations liées à la formation et à la recherche et celles liées au contrôle du système productif occupent des places privilégiées, la première parce que la recherche et l’innovation sont porteuses de dynamique pour l’avenir, la seconde parce que le contrôle exercé par une métropole ou par un groupe de métropoles sur son système productif, permet de mieux en assurer la gouvernance et de mener à bonne fin des politiques de coopération et de développement.

Ces analyses ont permis d’identifier des secteurs porteurs d’avenir dans le cadre d’une démarche stratégique qui seraient à compléter par une étude des risques liés à leur mode de contrôle (intérieur ou extérieur). Le risque sectoriel sera d’autant plus important que la stratégie de développement s’appuiera sur des secteurs fortement dépendants de centres de décision extérieurs, que ces centres seront situés à l’étranger et que la position des groupes dans ces secteurs sera pour eux secondaire ou annexe.

Deux études importantes vont également dans ce sens, mais portent sur le seul territoire de la métropole parisienne : Partenariats scientifiques et mises en réseau du Bassin Parisien8 et Dépendance et rayonnement des établissements franciliens9. Ces travaux, dans lesquels sont proposés et analysés plusieurs indicateurs pertinents mériteraient d’être étendus au périmètre denos métropoles.

8 BERROIR, Sandrine, CATTAN, Nadine et SAINT-JULIEN, Thérèse. « Partenariats scientifiques et mises en réseau du Bassin Parisien ». In Le Fonctionnement métropolitain du Bassin parisien : du bassin économique à la région économique de Paris 2004-2008, DIACT, 20099 ROY, Julie. Dépendance et rayonnement des établissements franciliens. INSEE Ile-de-France, mai 2006

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3. LES REGARDS CROISÉS POUR DE POSSIBLES COOPÉRATIONS MÉTROPOLITAINES

Les acteurs des métropoles, lors des six ateliers métropolitains, ont exprimé une claire volonté de coopérer. Les CCI, tout autant que les entreprises, les chercheurs ou encore les représentants des collectivités territoriales considèrent que la coopération entre les métropoles peut constituer unlevier en matière de développement économique au profit des entreprises.

La construction de relations de coopération doit également s’appuyer sur les liens déjà existants entre les acteurs des métropoles. En effet, comme cela a été mis en évidence dans les participants aux ateliers10, la plupart des entreprises ont des relations avec des acteurs (clients, fournisseurs,clubs d’affaires…) d’autres territoires. Néanmoins il ressort des échanges avec les entreprises que les barrières administratives (complexité et limites territoriales) ne permettent pas de tisser aisément des relations d’affaire à travers le territoire français. Les acteurs publics ont eux aussi déjà eu l’occasion de participer à des réseaux d’échanges permettant la mutualisation des savoirs. A cet égard, il a été rappelé le rôle-clé des pôles de compétitivité en tant que catalyseurs de l’innovation. En effet, ils favorisent la fertilisation croisée en impliquant des acteurs pluriels du territoire intervenant sur des secteurs complémentaires.

L’objectif de cette partie est donc de mettre en évidence les spécificités et les atouts différenciant des métropoles afin de voir comment des relations de coopération inter-métropolitaines peuvent se tisser ou être conforter.

Diverses ressources sont exposées dans l’étude intégrale et viennent nourrir les propositions de lapartie suivante : - portrait général des métropoles (cf. page suivante),- description des atouts et faiblesses des métropoles,- positionnement stratégique des métropoles,- entretiens, questionnaires et retours des ateliers métropolitains…,- répertoire des ressources (pôle de compétitivité, structures de R&D…),- fiches-portraits détaillées de chaque métropole (présentées en annexe de l’étude intégrale).

10 Les 150 participants aux ateliers dans les six métropoles ont été interrogés : 83 personnes ont répondu, dont 35 représentants d’entreprises et 48 issues du secteur public.

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11 L’indicateur est la variation annuelle de la population de l’aire urbaine entre 1999 et 2006 d’après le recensement de la population de l’INSEE.

PORTRAIT GENERAL DES METROPOLES

BORDEAUX LILLE LYON MARSEILLE

Périmètre Communauté urbaine de Bordeaux Lille Métropole Grand Lyon Marseille Provence Métropole

Découpage

territorial

Intercommunalité (nombres communes)

27 85 57 18

Superficie (km2) 552 611 521 605

Densité 1268 hbtt/km² 1812 hbtt/km² 2403 hbtt/km² 1693 hbtt/km²

HabitantsCommunauté urbaine(INSEE - RGP 2006)

0,7 millionCommunauté urbaine

1.12 millionCommunauté urbaine

1.27 millionCommunauté urbaine

1.03 millionCommunauté urbaine

HabitantsAire urbaine (INSEE - RGP 2006)

1 millionAire urbaine

1.18 millionAire urbaine

1.78 millionAire urbaine

1.62 millionAire urbaine

Habitantsdépartements(INSEE - RGP 2006)

1.42 millionGironde

2.61 millionsNord

1.7 millionRhône

1.96 millionBouches-du-Rhône

Position géostratégique

Porte vers le Sud

Ouverture vers le littoral atlantique

Porte vers la Belgique

Carrefour entre un axe Nord-Sud et Est-

Ouest

Au cœur des flux Nord-Sud

Entre arcs méditerranéen et rhénan

Porte vers la Méditerranée

Région Aquitaine Nord-Pas de Calais Rhône-Alpes Provence Alpes Côtes d’Azur

Variation annuelle population11 1,1% 0,1% 0,9% 0,9%

PORTRAIT GENERAL DES METROPOLES

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12 L’indicateur est la variation annuelle de la population de l’aire urbaine entre 1999 et 2006 d’après le recensement de la population de l’INSEE.

PORTRAIT GENERAL DES METROPOLES

NANTES NICE PARIS STRASBOURG

Périmètre Nantes Métropole Alpes Maritimes Ile-de-France Communauté Urbaine de Strasbourg

Découpage territorial

Intercommunalité (nombres communes)

24 25 1281 28

Superficie (km2) 523 331 12 011 316

Densité 1 107 hbtt/km² 1 541 hbtt/km² 974 hbtt/km² 1479 hbtt/km²

HabitantsCommunauté urbaine(INSEE - RGP 2006)

0.7 millionCommunauté urbaine

0.52 millionCommunauté urbaine

11.67 millionRégion

0.52 millionCommunauté urbaine

HabitantsAire urbaine

(INSEE - RGP 2006)

0.97 millionAire urbaine

0.99 millionAire urbaine

11, 91 millionAire urbaine

0.65 millionAire urbaine

HabitantsDépartements

(INSEE - RGP 2006)

1.27 millionLoire-Atlantique

1.09 millionAlpes-Maritimes

1.10 millionBas-Rhin

Position

géostratégique Porte vers l’Atlantique

Inscrite dans le réseau des villes du

Grand Ouest français

Métropole ouverte à l’international

Position stratégique sur l’axe

méditerranéen

Métropole internationale Porte vers l’Allemagne

Inscrite dans une dynamique régionale

Région Pays de la Loire Provence Alpes Côtes d’Azur Ile-de-France Alsace

Variation annuelle

population12 1% 0.9 % 0,7% 0,7%

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Des positions géostratégiques prometteuses

Si les métropoles de l’Association des CCI Métropolitaines sont des moteurs au sein de leur région,elles ont des niveaux de puissance hétérogènes. Ainsi, il semble difficile de comparer la métropole parisienne, forte de ses 11 millions d’habitants, aux métropoles strasbourgeoises ou nantaises, qui réunissent moins d’un million d’habitants. L’enjeu n’est pas ici d’étalonner les atouts et performances mais d’esquisser les complémentarités et échanges possibles en tenant compte des positions différenciées et des ambitions partagées.En matière de positionnement, chaque métropole se différencie en fonction de ses caractéristiques démographiques, de sa situation géographique ou encore de son héritage historique.

- Paris, la seule métropole internationaleElle se définit comme une « agglomération de très grande importance disposant d’un rayonnement mondial ». Elle appartient à la même catégorie de métropoles que Londres, New York ou Tokyo. L’hyperconcentration de la métropole parisienne constitue une situation exceptionnelle en Europe : elle représente 29,1% du PIB national et rassemble 11,69 millions de Franciliens ; elle est donc 7 fois plus peuplée que les métropoles françaises de second rang13. Au niveau économique, elle constitue une puissance sans équivalent en France, elle est leader dans un grand nombre de secteurs, y compris au niveau international (tourisme…). Ainsi, elle envisage son développement dans une perspective internationale en concurrence avec les grandes métropoles européennes, au premier rang desquelles la métropole londonienne.

- Lyon, au cœur des flux Nord-Sud, entre arc méditerranéen et arc rhénanLe Grand Lyon, 2e agglomération française se caractérise par son fort dynamisme démographique et constitue une aire métropolitaine qui s’étend de plus en plus, soulevant ainsi des problèmes de gouvernance du territoire. La dualité entre Lyon et Grenoble est assez forte, ces deux villes ayant plus de liens avec Paris qu’entre elles. Cependant, au-delà de ces rivalités, la région Rhône-Alpes se caractérise par son dynamisme qui s’appuie sur un solide réseau urbain, favorisant les coopérations. Elle bénéficie d’une ouverture transfrontalière vers l’Italie et la Suisse et est considérée par ses pairs comme un modèle de gouvernance entre l’ensemble des acteurs de la métropole (acteurs économiques, institutionnels...).

- Nice, une métropole ouverte sur l’internationalLes Alpes-Maritimes, département frontière avec l’Italie du Nord qui connaît une dynamique métropolitaine autour de la Communauté Urbaine Nice Côte d’Azur, occupe une position excentrée, mais néanmoins stratégique, au sein de l’Arc Méditerranéen. Forte de son aéroport international (10 millions de passagers/an, dont 60 % à l’international), reliée à terme aux grandes destinations européennes par la Ligne à Grande Vitesse, l’agglomération azuréenne accueille 5,7 millions de visiteurs par an et se place comme la 2e région internationale après Paris. Son dynamisme et son attractivité fondés sur le tourisme international et les hautes technologies reposent sur quatre sites de notoriété mondiale : Sophia-Antipolis (technopole à dominante technologies de la communication), Cannes (l’une des capitales mondiales de l’événementiel), Grasse (capitale mondiale des parfums) et la Principauté de Monaco dont l’image et le dynamisme rejaillissent sur les Alpes-Maritimes. Pour l’avenir, l’OIN « Eco Vallée » sur la plaine du Var a pour ambition d’impulser à Nice Côte d’Azur un nouvel essor autour du développement durable. Dès à présent, une véritable stratégie urbaine et d’aménagement durable est en marche s’appuyant sur la mise en œuvre d’un schéma global des transports et de son tramway.

Les dynamiques de développement de Lille et de Strasbourg s’inscrivent dans la valorisationtransfrontalière des liens que ces métropoles entretiennent avec les pays limitrophes :

- Lille, porte vers la Belgique et territoire gigogneLille est d’abord une métropole transfrontalière (Eurodistrict GETC qui prend les compétences déléguées par les parties : 1,6 million d’habitants), avec un hinterland en décrochage vers le Sud

13 L’attractivité des métropoles moyennes en France – Etude réalisée pour la DIACT, novembre 2006

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(ancien bassin minier à 40 minutes de Lille, regroupant 3 millions d’habitants), mais se comprend aussi avec un « espace vécu élargi » pour les habitants (côte d’Opale, côte belge). La métropole lilloise se situe à une formidable position de carrefour entre un axe nord-sud et un axe ouest-est. Elle est ainsi au cœur des grands courants d’échanges économiques et des réseaux de métropoles européennes importantes. Cette position stratégique l’a amenée à développer l’Euroregio. Cette coopération est fortement promue par les CCI dans le cadre d’EURO 3, organe de coopération et de codécision des 3 CCI : Nord Pas de Calais, Flandres et Wallonie. Elles développement ainsi un positionnement commun sur le développement économique, la fiscalité, la mobilité et au niveau du dialogue avec les collectivités territoriales.

- Strasbourg, porte vers l'AllemagneStrasbourg est une métropole forte dans une dynamique régionale : elle se caractérise par sa superficie réduite et sa relative homogénéité culturelle à l’échelle régionale. La prépondérance de la métropole strasbourgeoise est parfois remise en cause par les villes de Colmar ou Mulhouse cependant, la métropole a un rôle moteur évident pour la région alsacienne. La gouvernance territoriale demeure à construire à l’échelle de l’Eurodistrict et du Rhin supérieur. Eurodistrict, projet ambitieux, réunit la communauté urbaine de Strasbourg et Ortenau. A l'échelle du Rhin Supérieur, les CCI promeuvent la coopération avec les régions transfrontalières et plus particulièrement avec les CCI de Bâle, Bade, Freiburg, Karlsruhe ou encore Mannheim.

Les métropoles bordelaise, nantaise et marseillaise s’appuient sur leur position d’interface maritime qui leur offre une ouverture vers l’extérieur :

- Bordeaux, ville ouverte, porte du SudSa position privilégiée sur la côte Atlantique et son ouverture internationale liée notamment au commerce du vin (12% des emplois girondins pour un chiffre d’affaires de 3 milliards d’euros) ont depuis longtemps, permis à Bordeaux d’occuper une place prépondérante dans les échanges internationaux. Résolument tournée depuis des siècles vers le commerce maritime l’agglomération bordelaise a développé de nombreux points d’appuis-relais au profit d’une métropolisation orientée vers Arcachon et Libourne. Aujourd’hui, s’opère un repositionnement économique à partir des réseaux nationaux vers les agglomérations de l’Ouest (au premier rang desquelles figure Toulouse), et transnationaux avec les grandes villes du Sud-Ouest de l’Europe, la péninsule ibérique et plus particulièrement le pays basque espagnol (Bilbao). Aujourd’hui, le processus est en marche. Son positionnement européen et régional s’affirme à travers un véritable changement d’image du fait de la transformation et de la requalification urbaine de son agglomération autour du tramway. Le classement de Bordeaux patrimoine mondial de l’UNESCO en juin 2007 s’inscrit dans ce dynamisme retrouvé. Enfin et surtout la perspective dès 2016 de l’arrivée de la LGV mettant Paris à 2 heures de Bordeaux et ses prolongements vers le sud à l’horizon 2020, sont les meilleurs gages d’un véritable positionnement européen de la métropole bordelaise.

- Nantes, porte vers l’Atlantique Si Nantes se revendique chef de file du réseau des villes de l’Ouest français, son leadership au sein de l’espace Loire-Bretagne n’est pas encore pleinement assumé. La concurrence historique entre Nantes et Rennes est une barrière réelle, mais elle tend à se réduire considérablement au vu du rapprochement en cours entre les deux métropoles. Sa taille, insuffisante à l'échelon international, est également un obstacle indéniable. Une véritable coopération inter-métropolitaine doit permettre au Grand Ouest d'exister sur l'échiquier européen. Nantes avec son homologue St-Nazaire, se positionne comme une Eco-métropole de l’Estuaire et de l’Océan quasi millionnaire, une métropole du dialogue des cultures, d’imaginaire vernien, appuyé par son port leader de la façade Atlantique.

- Marseille, porte vers la MéditerranéeMarseille rayonne sur son territoire tout en étant concurrencée par un réseau de villes importantes (Nice, Toulon, Aix-en-Provence, Avignon, Cannes…) avec lesquelles la coopération peut être difficile. Elle bénéficie d’une position géostratégique qui fait d’elle un trait d’union entre l’Europe et la Méditerranée. L’identité méditerranéenne constitue le ferment des dynamiques de développement. Ainsi, Marseille valorise le savoir-faire méditerranéen en mettant en place diverses structures : réseau business PME sur la Méditerranée, Euromed Management et en

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adhérant à une série de réseaux chargés de valoriser le fait méditerranéen (MedCites, Euromed…).

Les métropoles étudiées ici se positionnent à des échelles différentes. Cependant, toutes partagent une ambition de rayonnement au minimum à l’échelle européenne. Pour ce faire, elles s’accordent sur le fait qu’elles doivent développer des stratégies de coopération inter-métropolitaines qui leur permettent d’acquérir une visibilité internationale.

L’insertion dans les dynamiques européennes

Des processus de divergence (être pris dans les orbites transfrontalières selon les logiques de l’espace européen) et des effets de convergence (induits par le fonctionnement en réseau des régions et des métropoles françaises) sont à l’œuvre simultanément.

- Le Sud de la France, de Nantes à Nice, est rattaché à un espace de développement italien et suisse. C’est la mise en évidence d’un monde latin, allant de l’océan Atlantique à la mer Méditerranée et qui peut agir en synergie pour le développement commun.

- Paris comme Lille appartiennent à un deuxième espace, le plus dynamique actuellement, construit autour de 4 pôles : Randstad, Rhin-Ruhr, Londres et Paris.

- Un troisième espace, moins clairement délimité puisqu’il englobe une partie des deux premiers, se dégage aussi : les villes du Nord-Ouest du pays jusqu’à Lyon, en passant par Lille et Paris sont assimilées à un large espace de développement, en plus de recouvrir les quatre métropoles dominantes, s’étend jusqu’au Danemark, Vienne et même Turin.

Les dynamiques régionales transcendent aujourd’hui les frontières étatiques. Dans une économie demarché, la France doit compter sur un territoire scindé où chaque métropole se tourne aussi vers les potentiels de développement offerts par les pays voisins. La carte page suivante montre un espace français qui apparaît coupé en trois.

Des zones de coopération transfrontalière se dessinent

Source : ESPON

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Les coopérations souhaitées par les acteurs des métropoles

Les six ateliers organisés dans les métropoles ont permis de rassembler des acteurs-clés de chacune d’entre elles : entreprises, centre de recherche, pôles de compétitivité, agence de développement, agence d’urbanisme… (près de 150 personnes au total : cf. liste des participants en annexe de l’étude intégrale).Ces ateliers ont mis en évidence les enjeux généraux de la coopération inter-métropolitaine ainsi que les domaines constituant les leviers de coopération les plus importants. Ils ont également fait émerger des propositions d’actions (cf. maquette stratégique p. 31). Les débats qui ont animé ces échanges sont repris succinctement ci-dessous.

Une convergence d’intérêt pour la coopération, au-delà des intérêts spécifiques

Paris a pendant longtemps été l’unique moteur français. En lien avec un héritage jacobin, l’ensemble des politiques d’aménagement s’est focalisé autour de la capitale, selon un mode de développement caractérisé par une dichotomie profonde entre « Paris et le désert français ». A partir des années 60-70, la DATAR avait d’ailleurs promu une stratégie de développement de 8 métropoles d’équilibre pour pallier cet écart de développement. Les métropoles de l’Association des CCI Métropolitaines faisaient alors partie de ces métropoles dites d’équilibre, censées contrebalancer lepoids de la capitale. Cependant, en dépit d’une attractivité croissante des villes de second rang en France, Paris demeure un espace économique majeur de niveau mondial qui polarise un certain nombre de facteurs de croissance. Les métropoles de second rang pâtissent encore de l’hyperconcentration de la métropole parisienne, qui tend pour certaines métropoles à absorber leurs talents. Ainsi, les métropoles de second rang ont besoin de définir des stratégies à l’échelle inter-métropolitaine pour être compétitives au niveau national et au-delà international. Ensemble, elles représentent seulement un tiers de la population de la métropole parisienne.

Si la nécessité pour les métropoles de second rang de coopérer semble évidente, l’Ile-de-France en tant que moteur économique de la France, peut s’interroger sur sa capacité à maintenir et à développer à elle seule ses excellences dans un contexte de mondialisation.

Une connaissance parcellaire du tissu économique des autres métropoles

Les acteurs de métropoles connaissent assez mal le tissu économique des autres métropoles. « Pour pouvoir développer des complémentarités entre les métropoles, il est nécessaire d’avoir identifié les spécificités de chacune des métropoles : les domaines d’expertise, les équipements de pointe, les ressources en termes de formation… »

La coopération pour « chasser en meute »

Les entreprises qui visent à s’exporter perçoivent l’intérêt d’une coopération avec d’autres acteurs sur le territoire. En effet, cela leur permet de proposer une offre packagée. Dans une perspective de concurrence internationale, les métropoles ont un intérêt à développer des stratégies de coopération leur permettant non plus de s’exporter de façon individuelle mais de « chasser en meute », à l’instar de ce qui est réalisé dans d’autres pays, notamment en Allemagne ou au Japon. Il a été évoqué à cet égard le fait que le pôle Minatec de Grenoble est susceptible d’être menacé par la montée en puissance du Japon dans le domaine des nanotechnologies et qu’il aurait intérêt à promouvoir une action impulsée sur une base régionale pouvant conduire à son affirmation sur le plan européen.

La coopération, un impératif encore plus fort pour les PME

Le fait de coopérer doit permettre d’atteindre la masse critique nécessaire pour exister en Europe et dans le monde. Cet enjeu est particulièrement exacerbé pour les PME qui peinent à atteindre une taille critique. Lors de différents ateliers, il a été mentionné l’insuffisante prise en considération des PME par les politiques publiques. Il semble que les CCI pourraient avoir un effet de levier important, en favorisant la coopération pour l’échange de bonnes pratiques à cet égard.

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Faire coopérer des acteurs multiples aux logiques distinctes

Le développement d’une stratégie de coopération inter-métropolitaine doit prendre en compte la pluralité des acteurs qu’elle doit mobiliser. En effet, entreprises, chercheurs et institutionnels agissent selon des logiques variées :

- La temporalité de leurs actions est différente. Si les travaux des chercheurs s’inscrivent dans des perspectives d’une dizaine d’années, les entreprises sont contraintes de mettre en œuvre des stratégies de court terme, sur quelques mois.

- La dimension territorialisée de leur action prend des formes différentes. Si les acteurs institutionnels mettent en œuvre des stratégies territoriales, les entreprises elles se développent de façon a priori aspatiales. Cependant, en dépit de cet apparent affranchissement des limites territoriales, les entreprises sont en fait elles aussi confrontées à ces frontières puisque les acteurs d’un territoire ont tendance à privilégier les acteurs locaux, selon une logique de toporatisme14.

En outre, les entreprises, en fonction de leur taille, de leur situation n’ont pas le même intérêt à coopérer. Les grands groupes ont tendance à privilégier les coopérations au niveau international plutôt que local. Il faut également établir une distinction en fonction du degré d’autonomie de l’établissement considéré. En effet, les PME, filiales d’un grand groupe, ont un degré d’autonomie limité et ne sont pas en mesure de procéder à des stratégies de rapprochement des marchés finaux sans l’accord du groupe.

Coopérer pour trouver des complémentarités et élargir la chaîne de la valeur

Deux voies possibles pour dynamiser la chaîne de la valeur ont été mentionnées lors des ateliers :

- Soit on remonte la chaîne de la valeur en essayant de favoriser le développement de la R&D(conformément à l’orientation prise par les pôles de compétitivité).

- Soit on tente de se rapprocher les usagers finaux.

Ainsi, dans le cadre d’une approche inter-métropolitaine, plusieurs opportunités ont été évoquées pour souligner les liens existant entre les métropoles dans des secteurs à enjeux :- Dans le domaine de l’automobile, Lyon intervient davantage dans la sous-traitance tandis que

Paris fabrique l’automobile. Il s’agit de déterminer dans quelle mesure on peut développer des liens entre ces activités.

- Nantes assure la production de canons à neige, alors que Rhône-Alpes est une région productrice de téléphériques. Il serait intéressant de voir dans quelle mesure des complémentarités peuvent être dégagées, éventuellement avec des équipements sportifs pour pouvoir proposer une offre packagée nationale à des clients internationaux.

La complexe triangulation recherche - entreprises - universités

Au sein de chaque métropole, on observe un manque d’adéquation entre ces ressources. Il est fréquent que les métropoles disposent de ressources importantes dans un domaine (recherche) mais qu’elles ne disposent pas des ressources productives correspondantes :- Marseille dispose de ressources très pointues en médecine, génétique mais ne dispose pas des

ressources productives correspondantes (plutôt situées aux Pays-Bas ou en Belgique).- Marseille a l’industrie de la pétrochimie mais ne dispose pas des ressources correspondantes en

matière de recherche (plutôt situées aux Pays-Bas ou en Belgique).- Lille concentre des grands acteurs de la distribution mais ne dispose pas d’une offre de formation

adaptée.- Strasbourg a développé au sein de son université une triangulation recherche – entreprises -

formation dans les domaines de la biotechnologie. D’autres domaines pourraient faire l’objet d’intégrations semblables.

14 Le concept de « toporatisme » est employé par Olivier TORRES, chercheur à l’Université de Montpellier pour désigner le corporatisme spatial

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Cette dichotomie entre ressources productives et ressources en terme de formation constitue un levier de coopération entre les métropoles. Les CCI pourraient jouer un rôle pour faire connaître les expertises de chacune des métropoles, leur offre de formation et pour identifier les profils des métiers de demain.

L’innovation plurielle

Il a été rappelé que bon nombre d’entreprises créent la valeur ajoutée de leurs produits ou services au niveau de leur entreprise. Lors de l’atelier tenu à Paris, trois exemples de démarche visant à faciliter l’innovation ont été évoquées :

1. Le Groupe Veolia Environnement a rappelé que l’innovation constitue un enjeu majeur pour les entreprises pour pouvoir se différencier. Il déploie ainsi 800 chercheurs répartis en France et dans le monde pour accélérer l’innovation. Au-delà de ces activités de recherche proprement dites, le groupe valorise aussi l’ « innovation participative », considérant que ce sont les personnes sur le terrain qui ont des idées innovantes.

2. Le Comité Richelieu a créé le pacte PME, en 2006, qui vise à inciter les grands groupes à faire de l’ « innovation ouverte », partant du principe que l’innovation provient des petites et moyennes entreprises15. Au final, les grandes groupes observent des gains de compétitivité et les petites entreprises gagnent des marchés, donc des références et à plus long terme, des opportunités de croissance.

3. Les expériences emblématiques, dans le domaine urbain, menées par des grands acteurs publics (comme celles de l’EPAD-EPASA en matière de développement durable dans le quartier d’affaire de la Défense) peuvent avoir un effet de levier pour stimuler l’innovation.

Le travail en réseau : l’international plébiscité et des réseaux d’acteurs multiples

Les entreprises d’un même territoire ne parviennent pas nécessairement à coopérer. D’ailleurs, il est parfois plus facile de nouer des relations de coopération avec des acteurs non pas situés sur le même territoire mais dans un territoire plus éloigné. Il semble que les outils à destination des entreprises sont plus nombreux pour leur permettre de s’exporter à l’international que dans une région limitrophe. Ainsi, les aides pour l’export des PME sont importantes à l’international tandis qu’il n’existe que très peu de dispositifs facilitant le développement d’activités sur d’autres territoires en France. Les acteurs des métropoles échangent déjà aujourd’hui par le biais des réseaux d’affaires. Ces réseaux existent sur le plan national mais également au niveau international : Partenariat France, ADECI (Association pour le Développement de la Coopération Industrielle Internationale)…

Parmi le nombre important de réseaux auxquels les acteurs publics participent, les intervenants aux ateliers ont mentionnés : Amcham (American Chamber of Commerce) - Apéro du management- APM (Association Progrès du Management)- Association internationale Ville-Port- Clubs d'affaires- Club des Ambassadeurs - Commissions CCI - Conférence des Grandes Ecoles - FNAU (Fédération Nationale des Agences d’Urbanisme) - Germe (Groupe d’Entraînement et de Réflexion au Management des Entreprises) - Portes de l'innovation - Réseau WTCA (World Trade Center Association) - Réseau de Développement TechnologiqueCes cercles permettent des échanges de bonnes pratiques. Les acteurs publics estiment que les domaines dans lesquels ils devraient mieux coopérer pour accompagner les entreprises sont par ordre de priorité :

- Innovation - Intelligence économique - Anticipation des mutations- Ouverture à l’international- Prospective- Promotion du territoire

15 Un panel de PME est mis en relation avec des grands groupes pour leur présenter leurs projets.

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L’innovation apparaît comme la priorité en matière de coopération pour l’accompagnement des entreprises. Il faut signaler que lors des ateliers (Paris et Lyon notamment), les procédures d’appels d’offres publiques ont été considérées comme de faibles leviers de l’innovation, en regard d’autres pays européens, où la commande publique favorise le dialogue compétitif pour promouvoir l’innovation des produits et prestations ainsi que la place des PME. Il a été déploré le fait qu’en France, la commande publique a plutôt tendance à normaliser les prestations et à constituer un frein à l’innovation.

Les supports de la communication : transport et connectivité

Les infrastructures jouent un rôle majeur dans la coopération entre acteurs. Premièrement, elle conditionne la nature et l’efficacité des liens entre les métropoles (cf. chapitre 2 de l’étude intégrale).Les infrastructures constituent un facteur d’attractivité majeur au niveau national vis-à-vis des investisseurs potentiels étrangers. Globalement les infrastructures de transport sont considérées comme étant de qualité, mais la majorité des entreprises interrogées considère le réseau de transports de leur métropole comme insatisfaisant. Par ailleurs la connectivité numérique au sein des métropoles a été considérée comme globalement satisfaisante mais doit évoluer rapidement vers du très haut débit.

Convergences et complémentarités

L’identification des atouts à travers les schémas stratégiques des métropoles (Schéma Régionaux de Développement Economiques notamment) met notamment en évidence certaines dynamiques de développement partagées par l’ensemble des métropoles :

- Toutes les métropoles disposent d’une position géostratégique forte, qui conforte leur ambition de rayonnement au niveau européen :

- Qu’elles soient villes transfrontalières, villes portuaires ou ville-capitale, toutes disposent d’une position favorisant leur ouverture internationale.

- Elles constituent des interfaces vers d’autres pays, d’autres continents. - Elles sont implantées sur des axes fluviaux majeurs (Rhin, Rhône, Seine), sur des

façades maritimes (Méditerranée, Atlantique) ou encore au cœur de la dorsale européenne.

- Les métropoles se caractérisent par leur attractivité. Les facteurs de cette attractivité se distinguent d’une métropole à l’autre. Ainsi, Lille, Marseille, Nantes et Strasbourg valorisent leur cadre de vie tandis que Paris et Lyon, peut-être plus soumises à des externalités négatives liées à la taille de leurs métropoles, mettent plutôt en relief leur attractivité au niveau économique. D’ailleurs, Paris souligne le fait qu’elle est un pôle attractif pour les IDE et considère son cadre de vie plus comme une faiblesse limitant son attractivité.

- Les spécialités industrielles des métropoles sont considérées comme des atouts sauf pour Paris, qui valorise plus la diversité de son tissu économique ou encore son système financier développé, deux aspects plus discriminants par rapport aux autres métropoles.

- Au-delà du manque de visibilité à l’international partagé par les métropoles (sauf pour Paris), l’image perçue ne correspond pas toujours à ce qu’elles cherchent à véhiculer. Cette faiblesse peut constituer un frein à l’élaboration d’une stratégie à l’échelle inter-métropolitaine qui ne pourrait pas s’appuyer sur des spécificités clairement identifiées au sein de chaque métropole.

- La dépendance des métropoles vis-à-vis de l’extérieur constitue une faiblesse partagée par la majorité des métropoles. Cette dépendance est clairement explicitée par Lille et Strasbourg. Lyon et Nantes déplorent un manque de sièges sociaux. Seule la métropole parisienne se distingue clairement puisqu’elle considère la forte concentration des centres de décision dont elle bénéficie comme un atout.

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- Les autres faiblesses exprimées par les métropoles sont assez disparates : Marseille et Nantes, quoique toutes deux dans des positions d’interface maritime intéressantes, considèrent que leur position excentrée par rapport à une dorsale européenne constitue une faiblesse.

Les éléments d’excellence de chaque métropole

Les éléments d’excellences des métropoles et leurs ressources sont explicités dans l’étude intégrale.

- L’étude montre que la France constitue un territoire multi-spécialiste et peut donc générer des fertilisations croisées compte tenu du réel capital de compétences dont elle dispose dans différents secteurs.

- L’approche dite « Little BANG-CEC » a été privilégiée pour identifier dans chaque métropole les technologies stratégiques favorisant le maintien et le renouvellement du tissu industriel. Ces technologies reposent notamment sur le « Little BANG » - B : byte et technologies informatiques, A : atomes et les technologies nucléaires – N : neurones et les neuro-technologies – G : gênes et les technologies génétiques, auxquelles s’ajoutent les technologies de l’information et de la communication, les nouvelles énergies, les matériaux et la chimie, les technologies et méthodes de production, la logistique, etc. L’approche dite « Little BANG-CEC » permet de répertorier pour chaque domaine stratégique les ressources existantes.

- Les atouts différenciant des métropoles sont multiples, que ce soit une ouverture vers des marchés des pays voisins (Marseille, Lille, Nice, Strasbourg), l’excellence de certains secteurs industriels (la vallée de la chimie à Lyon, l’aéronautique à Bordeaux, le secteur automobile à Strasbourg), la présence d’infrastructures (Nantes-Saint Nazaire : premier port français de la façade atlantique) ou une logique de projets éprouvée (projets Euroméditerranée ou Eurolille) pour contribuer à faire émerger, sur un mode gagnant-gagnant, une offre française à l’international mieux articulée au plan national.

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4. « LA FRANCE DES MÉTROPOLES » : PROPOSITION STRATÉGIQUE POUR LA COOPÉRATION ENTRE LES MÉTROPOLES

Dans un contexte de globalisation, les aires métropolitaines montent en puissance et jouent pleinement le rôle de « moteurs de la croissance ». En France, le volume et l’intensité des relations économiques entre les métropoles françaises semblent croître, souvent dans des logiques de réseaux non institutionnalisés. Néanmoins la concurrence que se livrent les métropoles pour attirer des entreprises et des emplois est contre-productive face aux efforts que déploient les entreprises pour s’affranchir de la complexité administrative et des limites territoriales de tous ordres.

La comparaison internationale, avec les pays du Nord de l’Europe notamment, montre que la reconnaissance du fait métropolitain comme moteur du développement économique ainsi que la nécessaire coopération entre métropoles sont des facteurs essentiels au développement et à la croissance économique. Si la France est globalement attentive à ces dimensions, il faut aujourd’hui aller plus loin : les entreprises souhaitent plus de coopération entre métropoles pour percer de nouveaux marchés, trouver de nouveaux talents ou des partenariats technologiques. Ainsi le rôle des métropoles en tant que nœuds de flux matériels et immatériels, qui permettent de capter de la richesse est-il crucial.

« Paris et le désert français » est bien dépassé ! Alors que Paris s’inscrit dans le concert des métropoles de rang mondial, chacune des métropoles françaises dispose d’atouts propres. Il est vrai que le stéréotype de l’hypercentralisation des fonctions tertiaires en région parisienne et du tropisme Nord-Sud des centres compétences, de recherche et de développement reste tenace mais il faut aujourd’hui envisager que chacune des métropoles françaises peut apporter une plus-value aux entreprises en situation potentielle de forte croissance, réparties sur l’ensemble du territoire national. Ces entreprises ont le plus souvent pour premier challenge de réussir leur croissance à cette échelle, avant d’envisager un investissement plus lourd et plus risqué tourné vers l’export.

Dans ce contexte où interviennent également différentes réformes (réforme générale des politiques publiques, réforme des collectivités territoriales, réforme de la fiscalité etc…), et de nouvelles donneséconomiques européenne et mondiale, l’Association des CCI Métropolitaines entend donner unevision ambitieuse et pragmatique de la « France des Métropoles », offre française inter-métropolitaine globale, suffisamment visible et structurée pour devenir compétitive à l’international. Cette offre française conjuguerait les excellences des grandes métropoles : elle permettrait de renforcer les coopérations informelles et les complémentarités existantes et de développer des projets nourris par les intérêts et les besoins convergents des entreprises des différentes métropoles françaises.

Cette offre française inter-métropolitaine repose sur :- une maquette stratégique- des propositions d’actions opérationnelles qui nourrissent la maquette stratégique- le choix de quatre actions prioritaires (et l’approfondissement, dans l’étude intégrale, d’une

d’entre elles, les Plate-forme inter-métropolitaines d’excellence).

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Maquette stratégique de la France des Métropoles

La « maquette stratégique » a été élaborée à partir des échanges et réflexions recueillis au cours de l’étude :- entretiens téléphoniques liminaires avec les interlocuteurs et représentants de six CCI partenaires

de l’Association des CCI Métropolitaines,- suggestions d’actions à mener, recueillies dans les 83 réponses aux questionnaires en ligne

transmis aux acteurs publics et privés des six métropoles,- échanges et réflexions recueillis dans le cadre des six ateliers métropolitains rassemblant près de

150 personnes (mai et juin 2009),- benchmark des bonnes pratiques issu de l’analyse de quatre territoires de coopération

métropolitaine exemplaires en Europe,- diagnostics croisés des métropoles,- mise en relation des excellences pointées.

Elle dépasse largement les mandats consulaires et les champs d’action partenariale des CCI.

Cette maquette stratégique va au-delà la vision des « métropoles d’équilibre » forgée dans les années1970, en proposant une nouvelle dimension qui concerne très directement l’évolution (nationale et internationale) des entreprises, par la mise en place d’un réseau de coopération métropolitaine16. L’objectif étant de développer une ambition partagée qui s’appuie sur la valorisation conjointe des apports spécifiques des grandes métropoles, rassemblés en quatre axes qui constituent autant de défis de coopération métropolitaine à construire :

Axe 1 - Renforcer la place économique des métropoles par leur mise en réseau :Le premier axe vise la grande place économique que représente chacune des métropoles et cerne les actions pouvant contribuer à créer de la valeur par la coopération. Il s’agit de voir comment les réseaux de sous-traitants peuvent constituer un atout pour le développement non seulement des grands groupes mais surtout des PME-PMI en croissance qui constituent l’assise économique de la France. Il s’agit aussi de voir comment les services présents dans une métropole peuvent contribuer à augmenter la valeur d’un bien situé dans une autre métropole, au regard de l’organisation nationale et internationale des marchés.

Axe 2 - Renforcer les excellences de chaque métropole par la coopérationLe deuxième axe porte sur la « fertilisation croisée » des produits et des services, en réunissant les ressources et savoir-faire de chaque métropole, en coopération avec d’autres métropoles. Cette démarche qui vise à augmenter la valeur ajoutée collective des entreprises est en particulier pertinente pour les réseaux d’innovation locaux qui permettent par le levier de la commande publique de valoriser les applications développées par plusieurs entreprises.

Axe 3 - Mieux attirer les talents dans les métropolesLe troisième axe est dédié au capital immatériel (ressource humaine et culture) qui devient un facteur indispensable pour développer et entretenir les dynamiques métropolitaines. Comment les métropoles peuvent-elles mieux s’organiser pour capter et retenir les « publics rares », en particulier les meilleurs talents, pour lesquels la séduction culturelle et la créativité des milieux ambiants jouent un rôle de plus en plus décisif.

Axe 4 - Partager les intelligences économiques territoriales en participant à la construction d’une gouvernance agile des métropoles régionales

Le quatrième axe vise la coopération des intelligences économiques, en vue de construire aux niveaux régional et métropolitain un nouveau mode de gouvernance partenariale à la mesure des enjeux de la « France des métropoles », impliquant les milieux économiques et les CCI.

16 Rappelons que les réseaux issus de l’appel de la DATAR en 2003 ne ciblent pas directement les entreprises, mais visent la constitution de métropoles régionales visibles et compétitives à l’international.

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Maquette stratégique de la « France des métropoles » : quatre axes et des objectifs

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Axe 1. Renforcer la place économique des métropoles par leur mise en réseau

Axe 2. Renforcer les excellences de chaque métropole par la coopération

Axe 3. Mieux attirer les talents dans les métropoles

Axe 4. Partager les intelligences économiques territoriales en participant à la construction d’une gouvernance agile des métropoles régionales

1.1 Renforcer les réseaux économiques et synergies inter-entreprises dans le secteur des activités de sous-traitance, pour retenir et attirer les centres de production et de décision des grands groupes.

2.1. Activer les leviers de l'innovation mutualisée, en ouvrant les pôles de compétitivité, pôles d’excellence et centres-ressources régionaux aux principales PME en croissance, sur lesquelles repose la stratégie économique des métropoles.

3.1. Mieux attirer et retenir les talents, en partageant les pratiques de repérage et mécanismes d’incitation à l’installation qui existent à l’étranger.

3.2. Organiser le parcours de formation spécialisée et d’insertion professionnelle (partenariats européens, MIT), permettant de valoriser le vivier de talents que constitue chaque métropole.

4.1. Instaurer et renouveler les pratiques de coopération au niveau des métropoles et de leur région, rendant notamment possible de nouvelles formes de coopération public/privé.

4.2. Instaurer par une série de partenariats de confiance de nouvelles formes de gouvernance métropolitaine, régionale, interrégionale/ transfrontalière.

1.2. Organiser la « fertilisation croisée » des produits et des services, pour augmenter la valeur ajoutée des entreprises tertiaires en relation avec le tissu productif national.1.3. Connecter les grands groupes avec les PME/PMI qui sont en situation de soutenir leur activité et leur croissance.

2.2. Favoriser l'irrigation de l'innovation vers les jeunes entreprises ; notamment par le biais de la mutualisation des plateformes de connaissance et rencontres professionnelles spécialisées.2.3. Tisser, en mutualisant les initiatives, les réseaux d’innovation nationaux/européens/internationaux qui caractérisent les métropoles.

3.3. Inscrire les grandes métropoles dans les « rumeurs du monde » ; en mettant collectivement à l’agenda une série de grands événements culturels et économiques d’envergure mondiale.

4.3. Saisir les opportunités du changement, pour positionner les CCI comme un interlocuteur-clé sur le parcours de conseil/innovation/formation dont ont besoin les PME/PMI en croissance.

1.4. Développer un discours commun de promotion des métropoles à l’international, pour améliorer la performance de l’accompagnement des entreprises à l’export.

2.4. Promouvoir les savoir-faire innovants qui s’expriment notamment dans le design urbain des métropoles françaises.

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2.5. Faire bouger les règles de la commande publique pour faciliter l’innovation en entreprise.

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Les quatre actions prioritaires

Trois enjeux majeurs pour l’ACCIM se dégagent et constituent des axes de travail possibles :

1. Animer les mêmes réseaux dans les différentes métropoles et/ou créer des connexions entre les réseaux complémentaires de différentes métropoles

2. Développer un marketing collectif et communiquer sur les excellences des métropoles. 3. Constituer une connaissance partagée (observatoires, études et analyses prospectives

partagées) permettant de fonder un lobbying des métropoles françaises auprès des pouvoirs publics

Pour que les grands objectifs de la maquette stratégique de la « France des métropoles » puissent être atteints, il est nécessaire d'utiliser des leviers communs que sont les quatre actions majeures proposées ci-après. Elles sont des outils qui répondent aux trois enjeux identifiés de l’Association des CCI Métropolitaines et contribuent également à affirmer la « France des métropoles ».

Action 1 : Création de « plateformes inter-métropolitaines d’excellence » (PIME)

L’enjeu de cette action est de stimuler auprès des entreprises les complémentarités entre savoir-faire métropolitains pour en faire des vitrines de la marque France. Il s’agit de développer l'image des métropoles autour des filières d'activités d'excellence de chacune, en vue de partager et conjuguer les « niches » et « différentiations » qui en sont les fondements. Les excellences déjà identifiées couvrent divers champs : city-tech-mobilité-logistique ; énergie du futur ; bien vivre ; design-mode ; finance ; sciences de la vie-santé ; nanotechnologie ; sciences cognitives ; aéronautique-spatial-défense.

Cette action ne porte pas sur la seule dimension de l’innovation technologique.

Les PME/TPE sont les cœurs de cible de cette action. Il serait pertinent de constituer en club les sous-traitants PME-TPE des grands groupes des métropoles pour stimuler une approche d’interface et de lobby avec les autres acteurs économiques des métropoles, d’anticiper les évolutions de la demande sociale, et de renforcer l’ancrage territorial des grands groupes.

Les caractéristiques des PIME sont :- Le soutien de la spécialisation de grappes de PME selon les points forts des métropoles.

Ce regroupement des entreprises amenées à coopérer au départ des atouts existants renforce la dimension d’action inter-métropolitaine.

- Le rôle de facilitateur entre les PME et les grandes entreprises présentes dans plusieurs métropoles (Total, EADS) sur la base des PIME, en vue de comprendre les besoins et difficultés des uns et des autres, spécialement sur les champs de l’anticipation des process.

- La création de prestations conjointes pour les entreprises, par exemple :• trouver les sous-traitants pour les grands groupes dans chaque métropole,• réaliser des diagnostics de l’innovation au sein des entreprises.

D’autres dimensions possibles de cette initiative sont : - L’accompagnement de la création du « campus de l'innovation » autour des entreprises

« locomotives » (CEA, Eurocopter,...) pour favoriser l'usage des « grands instruments »de recherche (ITER, RJH...) et les rencontres internationales à proximité de ceux-ci.

- La mobilisation des étudiants des écoles de managements et d’ingénieurs en VIE ou en stage à l’étranger pour en faire des ambassadeurs et capteurs de tendances en matière d’innovation au sens large, au bénéfice des CCI membres.

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Action 2 : Lancement d’une « Conférence économique des métropoles

La « Conférence économique des métropoles » associera l’ensemble des forces politiques et économiques des métropoles afin de construire une vision forte et partagée de ce que doit être le développement économique durable des métropoles françaises. Il s’agit d’amplifier le dialogue déjà existant dans certaines organisations (ex METREX, réseaux des Régions et Aires Métropolitaines17), et d’y intégrer une dimension de développement économique. Rendre ce dialogue plus fréquent et plus pérenne nécessitera une rencontre régulière (une fois par an) des leaders publics et privés à l’échelle inter-métropolitaine. Le Gouvernement et ses ministres ou secrétaire d’Etat concernés sont invités à débattre des questions du développement économique des métropoles.

Les caractéristiques sont :- Offrir une visibilité au lobbying de l’Association des CCI Métropolitaines. - Développer un discours commun sur les grands enjeux de la dynamique de

métropolisation au niveau européen et mondial - Soutenir le dialogue économique à instaurer entre l’Etat et les métropoles.

D’autres dimensions possibles de cette initiative sont : - Proposer la tenue des « Grenelles des métropoles », peut-être décentralisés dans

chacune des métropoles membres de l’ACCIM. Ce dialogue au sommet peut, éventuellement être à géométrie variable, à savoir certaines CCI se rencontrent sur des thématiques précises (cf. thèmes des PIME développés supra)

Action 3 : La construction d’une marque « France des métropoles »

La construction d’une marque « France des métropoles » permettrait de faire la promotion des domaines d’excellence des métropoles et de leurs entreprises, à travers des « Road show B2B inter-métropoles » ou à travers la création de « hubs commerciaux ou show-rooms » dans les aéroports et les gares.

Les Road show B2B inter-métropolesSont visées ici les missions commerciales « intérieures », et les missions à l’exportation ou en vue de nouer des liens capitalistiques. Ces démarches sont à concevoir comme un continuum : pour accompagner les entreprises vers l’international, elles peuvent dans une première étape préalablement ou simultanément conquérir le marché intérieur.

Un package de présentation commune, valorisant l’offre des CCI métropolitaines, pourrait être développé à destination des entrepreneurs en missions à l’étranger ou des diasporas stratégiques.

Les caractéristiques des « Road show B2B » seraient :- L’organisation de vrais « road show » entre les métropoles françaises pour mieux

connaître les réalités économiques de chaque métropole (une initiative de ce type remonte à 1995 entre Lille et Bruxelles et avait impliqué 350 entreprises de chaque côté de la frontière).

- Prenant appui sur les compétences d’ouverture vers les pays voisins, l’organisation de missions conjointes des CCI vers l’Allemagne (au départ de Strasbourg), le Benelux et la Grande-Bretagne (Lille), les pays de la Méditerranée (Marseille), la face Est de la côte américaine (Nantes).

- Prenant appui sur les représentations à l’étranger des CCI de Paris et de Lyon, les autres métropoles pourraient y trouver une forme de relai momentané lors d’évènements ou de voyages de prospection.

17 http://www.eurometrex.org

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Une autre dimension possible de cette action serait : - La participation conjointe d’entreprises et de CCI dans certains programmes européens,

tels DG TREN, DG REGIO, réseau URBACT, DG RESEARCH-7e PCRD.

« Hubs commerciaux ou show-rooms » dans les aéroports et les garesA l’instar de l’espace Datagora, centre de ressources et de valorisation du grand bassin de Roissy initié par l’aéroport de Paris-CDG, et vitrine économique de 3 départements franciliens , des espaces de démonstration des excellences des métropoles dans les nœuds modaux (gares, aéroports) doivent viser les investisseurs qui sont souvent des clients « pressés ». Ces show rooms des excellences inter-métropolitaines sont aussi des lieux de connaissance pour tous, ouverts aux habitants du territoire, qui en sont les premiers ambassadeurs. Cette initiative pourrait faire l’objet de supports de communication communs inter-métropoles.

Les caractéristiques sont :- Des espaces de promotion conjointe des métropoles ouverts à tous.- L’accueil haut de gamme au service des entreprises pour présenter leurs activités à des

clients au sein d’un environnement high-tech et confortable : écrans géants, visioconférence, bases de données mises à jour en temps réel, présentations interactives...

D’autres dimensions possibles de cette action seraient : - L’organisation de conférences spécifiques réalisées sur mesure.- La valorisation de l’activité et des offres foncières des aéroports/gares et des quartiers

d’affaires adjacents.- Se présenter ensemble au MIPIM (les CCI n’y sont pas présentes aujourd’hui, à l’inverse

des quatre métropoles de la Randstad).

Action 4 : Lancement d’une base de connaissance partagée entre métropoles

Il s’agit ici de réaliser une base de connaissance partagée et un outil d’échanges d’information. Cet outil devra présenter les atouts, les compétences, et les réseaux métropolitains. Il répondra au besoin impérieux de mieux se connaître entre métropoles et entre CCI. Préalable à toutes les actions énoncées ci-après, les informations actualisées permettront à chaque métropole membre d’identifier ses complémentarités avec les autres. Cet outil servira à appuyer la force de proposition des CCI métropolitaines. Ce dernier devra être orienté de manière opérationnelle au service des entreprises.

Les caractéristiques de l’outil: - Accès rapide à un pack d’informations de présentation, portant sur les atouts conjugués

des métropoles françaises en réseau.- Mise à disposition des outils de connaissance partagée des entreprises et des

produits/services de chaque métropole.- Facilitation de la mise en contact entreprises-recherche universitaire, par thématiques et

acteurs membres.- Aide à l’identification et l’anticipation des besoins nouveaux, tendances, signaux des

entreprises locales en matière de Recherche et Développement. La réactivité doit maîtriser en boucle un annuaire potentiel : énonciation des besoins de l’entreprise > information rapide des CCI > feedback des entreprises > capitalisation.

- Structuration de la connaissance des excellences, talents locaux, mais aussi une base de connaissances ventilée par contacts internationaux.

- Diffusion d’outils que les CCI peuvent partager et diffuser auprès des entreprises ; par exemple, le diagnostic rapide en matière des besoins d’innovation CCIP.

- Création de bases de connaissance statistiques partagées pour suivre dans le temps la logique et l’intensité des liens entre métropoles : il est nécessaire pour cela de faire évoluer le système statistique français aujourd’hui inadapté à saisir cette dimension métropolitaine.

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D’autres dimensions sont possibles : - Partage des calendriers sur les grands événements culturels et business type logistique,

pour présenter ensemble la palette des expertises métropolitaines.- Partage des initiatives de city-branding des métropoles qui coopèrent en réseau, dans le

volet « accueil des talents » ex: Only Lyon. - Promotion d’initiative particulière : ex cible quelques quartiers en rénovation urbaine (Belle

de Mai à Marseille, etc.), tels celui de Poblenou à Barcelone ou celui la zone d’action de Creative Sheffield en Angleterre.

L’étude intégrale détaille ces quatre actions en abordant les partenaires qui leur sont associés et approfondit plus particulièrement les PIME (Plateformes Inter-Métropolitaines d’Excellence), dispositif empirique de conjugaison des excellences de nos métropoles. Ce dispositif vise à construire des synergies entre les entreprises des métropoles mais aussi avec d’autres acteurs publics sur des thèmes où elles disposent de ressources déterminantes.Parmi les thèmes porteurs proposés (city-tech-mobilité-logistique ; énergie du futur ; bien vivre ; design-mode ; finance ; sciences de la vie-santé ; nanotechnologie ; sciences cognitives ; aéronautique-spatial-défense), sept thèmes ont fait l’objet d’un examen plus détaillé. Pour chaque thématique, les éléments de valeur ajoutée que peut apporter chacune des métropoles ont été collectés dans une logique d’optimisation des « triple hélices » (Cf. partie sur le benchmarking) :

- Pôles de compétitivité,- Entreprises,- Centres de formation et de recherche (business school18, instituts de recherche, équipements

structurants majeurs…).

18 « Dans cette course à l’excellence managériale, les « business schools » joueront un rôle essentiel dans la préparation des élites aux défis de demain, par leur capacité transmettre un savoir mais aussi, et c’est un des e nseignements de cette crise, en transmettant des valeurs ». Pierre Simon, président CCIP dans le Monde 02.06.09