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Les histoires drôles du monde entier

Jean-Marie QUERCY Mariola KORSAK

Les histoires drôles du m o n d e entier

ZÉLIE 25, boulevard de Bonne-Nouvelle

75002 PARIS

Tél. : 42.33.15.88 — Fax: 42.36.11.31

© Zélie, 1993.

L'ARGENTINE

2 700 000 km2. 31 millions d'habitants. Capitale : Buenos Aires.

Qui dit Argentine dit gaucho de la pampa ou danseur de tango. La réalité est autrement plus complexe et ce pays, à la population en grande majorité blanche — une exception sur ce continent — réserve en raison même de son immensité (5 fois la superficie de la France) de grandes surprises au voyageur.

L'Argentine reproduit à elle seule toutes les caractéristiques de l'Amérique du Sud, aussi bien à travers le climat que la topographie, des grandes plaines atlantiques de la pampa aux sommets andins et des chaleurs quasi tropicales du nord aux neiges éternelles de Patagonie. Le pays est un des plus agréa- bles à vivre d 'Amérique du Sud et attire chaque année plus d'un million et demi de visiteurs, venus pour les plages de Mar del Plata, les lacs de Patagonie ou les spectaculaires chutes de l'Iguazu, à la frontière « brésiliano-argentino- paraguayenne ».

L'Argentine, explorée dès le début du XVIe siècle, fit d'abord partie de la vice-royauté du Rio de la Plata, vaste territoire qui s'étendait sur près de 5 millions de km2, mais n'intéressait que peu la couronne espagnole à cause de son éloignement et de sa pauvreté en métaux précieux. Le pays proclama son indépendance en 1809, mais San Martin, le héros national, dut encore mener pendant près de dix ans une guerre de libération contre l'Espagne.

Vers la fin du XIXe siècle, l'Argentine devient une républi- que et c'est à cette époque que se développa un grand mou-

vement d'émigration européenne vers le pays : Espagnols et surtout Italiens y voyaient la terre promise.

Durant la Seconde Guerre, l'Argentine demeura neutre. Cette attitude favorisa son développement et lui permit de figurer parmi les dix premières puissances économiques à la fin du conflit, en particulier grâce aux richesses de son sous- sol et au haut degré d'éducation de sa population.

1946 vit l'arrivée au pouvoir de Juan Peron et de son épouse Eva qui s'appuyèrent pour gouverner sur les masses urbaines populaires, les « descaminados » (sans chemise). Évincé par une révolte militaire en 1955, Peron revint au pou- voir en 1973, après que le pays ait connu une longue période de troubles. Lorsque Peron mourut, l'année suivante, il fut remplacé par son épouse Isabel : s'ouvrit alors pour le pays une période noire marquée par de nombreux attentats et assassinats politiques et un taux d'inflation oscillant entre 150 et 300 % l'an.

Il faudra le coup d'État militaire de 1976 pour rétablir l'or- dre. Le nouveau régime, d'abord relativement bien accueilli, fut bientôt discrédité par ses exactions, puis par la défaite de l'armée argentine dans la guerre des Malouines (ou Fal- klands) menée contre le Royaume-Uni en 1982.

Le retour à la démocratie, en 1983, s'accompagna ensuite de graves difficultés économiques malgré la mise en place d'un plan draconien pour lutter contre une inflation qui dépassait les 1 100 % en 1984-1985 et atteignait près de 5 000 % en 1989. L'Argentine possède une des plus grosses dettes extérieures du monde et malgré d'excellents résultats dans le domaine de l'agriculture et de l'élevage, le pays a énormément de mal à équilibrer sa balance commerciale. A la fin des années 80, la classe moyenne vit fondre son pouvoir d'achat et faillit aller grossir les rangs des habitants des « villas miserias », le nom que les Argentins donnent aux bidonvilles.

L'Argentine a de tout temps été célèbre pour la richesse de son sol et l'étendue de ses pâturages. La grande plaine qui

s'étend de la frontière paraguayenne à Bahia Blanca est parti- culièrement fertile.

« Le sol est si riche ici, racontent les fermiers argen- tins, que tout ce que vous avez à faire, c'est de planter une graine, cracher dessus, et vous jeter à terre pour évi- ter les branches. »

La richesse du pays fut vite connue en Europe et la nou- velle déclencha une vague d'immigration vers les rives du Rio de la Plata : l'Argentine, qui comptait à peine plus d'un mil- lion d'habitants au milieu du XIXe siècle enregistrait 200 000 immigrants annuels dans les années 1890 et 1,2 million en 1900, tous d'origine européenne.

« Réflexion d'un immigrant : « On m'avait dit qu'en Argentine, les rues étaient pavées d'or. Mais quand je suis arrivé dans le pays, j'ai constaté trois choses : un, les rues n'étaient pas pavées d'or ; deux, elles n'étaient pas pavées du tout; trois, on comptait sur moi pour les paver. »

Un certain nombre de ces émigrants décida de se consacrer à l'élevage dans la «pampa », l'immense plaine qui court à l'est du pays. Ce sont eux qui donnèrent naissance au mythe du « gaucho » solitaire et fruste vivant parmi ses bêtes un peu à l'écart de la civilisation.

Un vieux gaucho arrive chez le docteur en portant sur ses épaules un jeune homme.

«Il faudrait soigner mon gendre, docteur, déclare le vieillard. Je lui ai tiré un coup de fusil dans la jambe ce matin.

— Comment? s'exclame le médecin, indigné. Vous avez osé tirer sur votre gendre ?

— C'est-à-dire, bredouille le vieux, quand je lui ai tiré dessus, il n'était pas encore mon gendre. »

En 1946, le général Juan Peron prit le pouvoir et s'appuya à la fois sur l'armée et sur les travailleurs, dont il améliora grandement les conditions de vie. Sa politique sociale, qui coûtait fort cher, ruina l'économie du pays. Mais Peron jouis- sait ainsi auprès de la plupart de ses compatriotes d'une énorme popularité (aidé en cela par le charisme de son épouse, Eva). Le petit peuple argentin l'avait pratiquement déifié.

Lors des élections de 1946, on dépouille les bulletins de vote : Peron — Peron — Peron — Peron — à bas Peron — Peron — Peron — à bas Peron...

« Stop ! crie le responsable du centre de dépouille- ment. Cet homme a voté deux fois. Annulez les 2 bulletins ! »

Le peuple argentin avait une telle foi dans les pouvoirs de Peron que, lorsque ce dernier était invité à un ban- quet, on mettait juste sur la table 5 pains et 3 poissons et on attendait que le chef de l'État fasse le reste.

(Allusion à la parabole de Jésus multipliant les pains et les poissons pour nourrir la foule.)

A la mort de Peron en 1974, sa seconde femme, Isabel, lui succéda ; mais, deux ans plus tard, devant le chaos qui régnait dans le pays, l'armée se sentit obligée de prendre le pouvoir. La répression fut brutale et nombre de personnes disparurent sans laisser de traces. L'image de marque de l'armée argentine se trouva noircie par cette « guerre sale » et la défaite lors de la guerre des Malouines ne contribua pas à renforcer son prestige auprès de la population.

Il fait nuit et le capitaine voit bouger des ombres sus- pectes dans la rue devant la caserne. Il appelle un de ses hommes :

« Tu vois cette lumière rouge ? Approche-toi, vois de quoi il s'agit et reviens. »

Le soldat s'éloigne et ne revient que deux heures plus tard.

« Et où étais-tu passé ? demande le capitaine, je ne t'ai pas dit d'aller seulement jusqu'à la lumière rouge ? »

« Si, mon capitaine, répond le soldat, mais la lumière, c'était les feux de position arrière d'un camion. »

— Comment coule-t-on un sous-marin argentin ? — En le mettant à l'eau.

— Pourquoi les navires de la nouvelle marine argen- tine sont-ils à fond de verre ?

— Pour que les marins puissent plus facilement regarder les navires de l'ancienne marine argentine.

Les îles Falklands, que les Argentins appellent Malvinas (Malouines), constituent une colonie britannique. Mais, comme l'archipel est situé à seulement 400 km des côtes de l'Argentine, le gouvernement de Buenos Aires en revendiqua ouvertement la propriété en 1982, ce qui déclencha la guerre des Malouines (ou des Falklands, selon le côté duquel on se place). La guerre prit fin à l'avantage de la Grande-Bretagne après la reddition des troupes argentines à Port Darwin. Pen- dant cette période circulèrent en Argentine quelques histoires pas toujours très favorables aux Britanniques, concernant pêle-mêle leur cuisine, leur climat et leur impassibilité.

Bien sûr que les Anglais savent se battre. D'ailleurs, vu ce qu'ils font avec la nourriture, ils ont intérêt à être prêts à se défendre.

Au beau milieu de la guerre des Malouines, un navire anglais patrouille dans l'Atlantique Sud. Le capitaine, dans ses jumelles, aperçoit un croiseur argentin en train de couler une vedette britannique.

Son second vient lui demander : « Sir, j'ordonne à tous les hommes de prendre position ? »

« Non, non, répond le capitaine, ce n'est pas bien, ce qu'ont fait nos ennemis, mais c'est la guerre. »

Le croiseur argentin se met alors brusquement à lar- guer des charges de profondeur et le capitaine anglais voit bientôt se former une tache d'huile à la surface de l'eau.

Son second se précipite : « Capitaine, ils viennent de détruire un de nos sous-marins. Je demande aux hommes de se tenir prêts à attaquer ? »

« Non, non, répond le capitaine britannique en ajus- tant ses jumelles, c'est la guerre... »

Mais, soudain, il voit le commandant du vaisseau argentin lever les bras en signe de victoire et cracher sur les débris du sous-marin qui apparaissent à la surface de l'eau.

« Tout le monde aux postes de combat!» ordonne alors le capitaine.

« Mais pourquoi donc maintenant ? », lui demande son second.

« Quand il a coulé notre vedette, c'étaient les malheurs de la guerre. Quand il a détruit notre sous-marin, ça fai- sait toujours partie du jeu. Mais qu'il crache dans notre océan, ça jamais ! »

Les Anglais sont un peu hautains : à tel point que, chez eux, lorsque quelqu'un se noie, on lui fait la poignée de main-à-poignée de main.

Pendant des années, les Britanniques ont proclamé que le soleil ne se couchait jamais sur leur empire. Évi- demment, il y avait tellement de brouillard que le soleil n'a jamais pu le trouver, cet empire !

Rira bien qui rira le dernier. Et, s'il rit le dernier, il y a des chances pour que ce soit un Anglais.

Le retour à la démocratie en 1983 engendra sur les murs une floraison d'affiches électorales. Les Argentins réappre- naient à cette occasion la liberté d'expression.

Un agent, en train de faire sa ronde nocturne à tra- vers les rues de la capitale, avise un PorteÎÍo (habitant de Buenos Aires) en train d'arracher les affiches électo- rales. Toutes les tendances y passent : gauche, droite, centre...

« Excusez-moi, dit le policier en s'approchant, mais de quel bord politique êtes-vous exactement ? »

« De quel bord politique ? fait l'autre étonné. Mais d'aucun. Je cherche la porte de ma maison. »

(L'agglomération de Buenos Aires, avec ses 10 millions d'habitants, abrite pratiquement un Argentin sur trois.)

Un candidat aux prochaines élections fait un discours dans un petit village de la pampa. Les paroles qu'il pro- nonce ne sont pas toujours du goût des spectateurs qui lancent parfois des objets sur la scène.

Tout à coup, un fer à cheval tombe sur l'orateur. Celui-ci s'en saisit, le montre à la foule et annonce : « Le contradicteur qui m'a lancé sa chaussure est prié de venir la récupérer. »

Les années 80 virent un autre mal ronger l'Argentine : l'in- flation, contre laquelle le gouvernement essaya de lutter en introduisant le « plan austral ». Ce plan incluait la création d'une nouvelle monnaie, l'austral, en remplacement de l'an- cien peso tant de fois dévalué. Le nouvel austral valait 1000 anciens pesos 1. Cependant, ces mesures n'arrêtèrent guère la chute de la monnaie argentine. Le pays devint la proie d'une inflation galopante qui faillit ruiner sa classe moyenne.

Les Argentins deviennent plus forts de mois en mois. L'an dernier, ils pouvaient à peine porter dans leurs bras pour 50 000 australes de nourriture. Cette année, aucun problème.

Coup de téléphone chez l'agent de change : — Alors, quelles nouvelles ? — Le dollar monte, le mark et le franc suisse

descendent. — Et l'austral ? — L'austral, il est au milieu de la rue et il fait de

l'auto-stop.

— Les Perez ont eu quelques problèmes économiques. Il y a 5 ans, ils vivaient dans une maison de style baroque...

— Et maintenant ?

1. Pour donner une idée de la chute de la monnaie argentine : au milieu des années 50, on obtenait 3 pesos pour 1 FF ; au milieu des années 80, on avait 65 millions de pesos (ou 65 000 australes) pour 1 FF.

— Maintenant, ils vivent dans une maison de style baraque.

Aujourd'hui, les Argentins n'ont même plus peur que leurs australs perdent de la valeur à cause de l'inflation : de toutes les façons, ils en ont si peu...

Tous les grands voyageurs vous le diront : les Argentins figurent parmi les gens les plus sympathiques, les plus accueil- lants et les plus cultivés du globe... mais également parmi les plus chauvins. Ce nationalisme exacerbé et cette fierté aveugle que les Argentins placent dans leur pays constitue leur seul — mais énorme — défaut. Les Argentins ont un mot, «bar- baro », qui désigne n'importe quoi de joli ; les mauvaises lan- gues disent que « ue barbaro ! » (quelle merveille !) est l'ex- pression que prononce le plus souvent le touriste argentin visitant son pays.

Conséquence : les Argentins sont également réputés pour avoir une très haute idée d'eux-mêmes.

A l'hôpital de Cordoba, les médecins se sont récem- ment penchés sur un cas extraordinaire : un Argentin qui souffre d'un complexe d'infériorité.

(Cordoba, avec 1 million d'habitants, est la deuxième ville du pays. Les magasins y sont réputés moins chers que dans le reste du pays et les Portenos, habitants de Buenos Aires, n'hésitent pas à venir y faire leurs achats.)

Un touriste se promène dans la calle Florida à Buenos Aires et, connaissant le penchant des Argentins pour la vantardise et l'exagération, s'approche d'un étal de fruits, saisit un pamplemousse et demande au marchand : « C'est tout ce que vous avez comme pastèque ? »

«Arrêtez de tripoter, ce fruit, lui répond le marchand, vous allez finir par me l'écraser, ce grain de raisin ! »

(La calle Florida (rue Floride), la rue la plus célèbre de la capitale, est le cœur de la ville. Interdite aux voitures, c'est l'artère à la mode de Buenos Aires.)

Deux hommes d'affaires américains sont assis dans le hall d'un grand hôtel de New York, lorsqu'ils voient entrer un grand gaillard très imposant, qui porte un magnifique uniforme rouge orné de trois rangs de médailles et, sur la tête, un immense tricorne surmonté d'une grande plume blanche.

« Qui cela peut-il bien être ? » demande l'un des deux hommes d'affaires à son compagnon.

Et l'autre lui chuchote : « Service secret argentin ! »

Un acteur argentin est abordé par une admiratrice. «J'ai vu votre dernier film, lui dit-elle, vous étiez formidable. »

«Je ne vous crois pas, répond l'acteur, faussement modeste. Vous dites sûrement la même chose à tous les gens formidables. »

« Je suis en train d'acquérir un terrible complexe d'in- fériorité, déclare cet Argentin à son psychiatre, je commence à penser que les autres gens sont aussi intelli- gents que moi. »

(Les Argentins ont très souvent recours aux psychiatres. Le pays compte ainsi 1 praticien pour 700 habitants, laissant très loin derrière New York, avec 1 psychiatre pour 4 000 habitants.)

Comme disent les Argentins aux autres Latino- Américains : « Vous qui croyez tout savoir, vous nous tapez sur les nerfs à nous, qui savons tout. »

Dans un appartement de Rosario, un père donne des conseils à son fils : « José, dans la vie, ne demande jamais à un étranger d'où il vient : s'il est Argentin, il te le dira lui-même. Et sinon, pourquoi l'embarrasser ? »

(Rosario, 1 million d'habitants, est la troisième ville d'Argentine.)

Cet Argentin avait la grosse tête, si grosse, qu'elle avait un code postal pour elle toute seule.

— Pourquoi les Argentins adorent-ils se promener dans la rue quand il y a de l'orage ?

— Parce qu'ils pensent qu'on va les photographier.

Deux Argentins attendent le bus dans la rue San Mar- tin. Arrive un autobus, sans aucun passager à bord.

«Prenez donc celui-là, dit l'un des Argentins, à son voisin. Je prendrai le suivant.

Un Argentin ne signe jamais ses chèques, il les autographie.

Une jolie Argentine demande à son petit ami : — Est-ce que tu penses que je suis vaniteuse ? — Pas du tout. Pourquoi est-ce que tu me demandes

ça? — Parce que les filles qui sont aussi jolies que moi le

sont en général.

Tous les plus grands financiers de la planète sont réu- nis en sommet. Le délégué argentin se lève et commence :

— Je suis Hector Arango, de la banque et je... — Quelle banque ? l'interrompt quelqu'un dans l'assis-

tance. — Comment, quelle banque? s'offusque l'Argentin.

Et si vous étiez à Londres et qu'un passant entonne le God save the queen (Dieu sauve la reine), vous oseriez l'interrompre pour lui demander « quelle reine » ?

Un Argentin va passer ses vacances au Venezuela et descend dans un petit hôtel de province.

Le matin, il arrive dans la salle du petit déjeuner et la seule autre personne présente se lève à son approche :

« C'est très gentil, lui dit l'Argentin, mais asseyez-vous donc ! »

« Pourquoi ? lui demande l'autre, surpris. Je ne peux pas prendre le sucre de la table à côté ? »

Pour voir comment sont vraiment les Argentins, faites-vous inviter à un banquet à Bariloche et, au milieu du repas, exclamez-vous assez fort pour que tout le

monde entende : « Savez-vous que les génies attachent très peu d'importance à leur apparence vestimentaire? Par exemple, ici même, j'ai remarqué que c'est l'homme le plus intelligent de l'assistance qui a le nœud de cravate le plus mal fait ! »

Et maintenant attendez et comptez combien de dîneurs n'ont PAS mis la main à leur cravate.

(Bariloche, à la frontière chilienne, est la destination traditionnelle des jeunes gens en voyage de noces. La ville est située dans un cadre monta- gneux grandiose qui n'est pas sans rappeler la Suisse.)

Un Argentin est cité comme témoin dans un procès et il est interrogé par l'avocat de la défense :

— Nom ? Prénom ? — Avello Roberto. — Profession? — Agent de change. — Et vous êtes un bon agent de change ? — Le meilleur de Mendoza. — Ah bon ? Vous êtes sûr de ce que vous dites ? — Mais oui. Rappelez-vous : avant de commencer,

vous m'avez fait jurer de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.

(Mendoza est, avec 600 000 habitants, la 5e ville du pays. Elle est connue pour être pratiquement la seule cité latine à ne pas posséder de place centrale. La ville est chaque année le cadre de la grande Fiesta de la Vendimia (fête des vendanges).)

Un acteur argentin participe à une grande soirée et le maître de cérémonie lui adresse quelques compliments.

« Parlez plus fort, lui demande l'acteur. Je suis devenu un peu sourd : vous savez, tous ces applaudissements... »

— A quoi reconnaît-on qu'un Argentin est passé dans une chambre d'hôtel ?

— Deux jours après son départ, le miroir est encore chaud.

Comment un Argentin voit-il un autre Argentin et comment voit-il le reste du monde ? Quelques exemples :

J'exprime une colère justifiée, tu es embêté, il fait des histoires pour rien.

J'ai un physique d'Apollon, tu as de beaux traits, il est pas trop mal si on aime ce genre-là.

J'ai une conversation brillante, tu es bavard, il est saoul.

Je suis à la mode, tu as décousu un ourlet, il a ce costume depuis 10 ans.

J'ai reconsidéré la question, tu as encore changé d'avis, il a trahi sa promesse.

Je suis un épicurien, tu es gourmand, c'est un goinfre. Je suis ferme, tu es obstiné, c'est une tête de mule. Mon eau de toilette a un subtil arôme de forêt, tu en

as trop mis, il pue.

Dialogue typique en Argentine : Le journaliste au savant : « Je suppose que tous les

génies sont imbus d'eux-mêmes. » Le savant : « Certains génies, peut-être, mais pas

moi. »

Un Argentin raconte à son cousin italien :

— Dans ma jeunesse, j'ai coupé tous les arbres qu'il y avait dans la forêt du Sahara.

— Tu veux dire dans le désert du Sahara ? — Oui. Maintenant, on l'appelle comme ça.

Maria essaie de faire obéir le chien que son mari vient de lui acheter, sans succès jusqu'à présent.

Elle a beau crier « couché ! » ou « assis ! » rien n'y fait, l'animal demeure immobile.

«Voyons ma chérie, intervient son mari, rappelle-toi que j'ai acheté ce chien dans le meilleur chenil de Buenos Aires. Il faut lui dire « auriez-vous l'extrême obligeance de vous coucher à mes pieds, s'il vous plaît ? »

A un congrès international qui a lieu en Europe, on demande à chacun de se lever, de se présenter et d'indi- quer d'où il vient.

— Jean Martin, France. — Dimitri Kotuzov, Russie. — John Smith, États-Unis. — Pablo Hernandez, et je viens de la banlieue nord

du Tucuman.

(Tucuman (500 000 habitants), au nord du pays, est un grand centre de production de canne à sucre.)

On dit que dans les boîtes à lettres de Buenos Aires, il y a trois fentes : « Buenos Aires », « banlieue », « autres états et pays étrangers ».

Au tribunal, l'avocat de la défense interroge un témoin à décharge ; « Est-ce que l'accusé a une bonne réputation d'honnêteté ? »

«Tout à fait, répond le témoin. Je l'ai déjà entendu dire qu'il avait été à la pêche et qu'il était revenu bredouille ! »

De l'Argentin à la divinité, il n'y a qu'un pas... qu'au- cun Argentin n'hésite d'ailleurs à le franchir.

Deux employés de bureau de Buenos Aires discutent à propos d'un troisième :

— Tu ne connais pas la nouvelle ? — Non. Qu'est-ce que c'est ? — Fabricio a changé de religion. — Pas possible ? — Si, avant il se prenait pour Dieu. Maintenant, il se

prend pour Jehovah.

Un Argentin ne pense pas qu'il est Dieu, bien sûr... mais, quand il rencontre quelqu'un qui s'appelle Moïse, il a bizarrement très envie de lui donner des conseils.

(Allusion à l'épisode de Dieu remettant à Moïse les Dix Commandements sur le mont Sinaï.)

Un Argentin ne prie pas Dieu : il lui parle d'homme à homme. Et un VRAI Argentin lui parle de Dieu à Dieu.

Un touriste argentin a eu un accident sur le lac Nahuel Huapi l'autre jour : il a été heurté par un bateau alors qu'il se promenait sur l'eau.

(Le lac Nahuel Huapi est le plus grand des innombrables lacs qui s'égrè- nent le long de la frontière chilienne.)

La petite Maribel est allée avec son papa faire une promenade dans le parque Colon, le grand parc de Bue- nos Aires.

De retour à la maison, elle annonce à sa mère : «Maman, on a vu un gros lion qui jouait sur la pelouse. »

« Maribel, lui dit sa mère, ce n'est pas beau de mentir. Va donc dans ta chambre et demande pardon au bon Dieu. »

Un quart d'heure plus tard, Maribel revient et annonce à sa mère : « Je viens de demander pardon à Dieu, maman. Et tu sais ce qu'il m'a dit? Il m'a dit: "c'est pas grave, il m'arrive aussi de prendre ces gros chiens jaunes pour des lions. »

(Corollaire : les Argentins sont devenus les rois de l'exagération.)

«Je viens d'avoir la grippe, annonce Roberto, et j'ai eu une de ces fièvres ! »

«Et moi donc!, renchérit Claudio. Le docteur s'est même brûlé en me prenant le pouls ! »

Pablo revient de l'école : — Maman, aujourd'hui le prof de gym nous a fait

courir mille kilomètres. — Mille kilomètres ? Mais Pablo, ça fait au moins dix

millions de fois que je te dis de ne pas exagérer comme ça !

«L'autre jour je suis allé pêcher dans un coin fantastique que je viens de trouver, raconte Pablo. Les poissons mordaient formidablement bien. Pour vous donner un exemple, chaque fois que je voulais mettre un nouveau ver, il fallait que je me cache derrière un arbre. »

«J'ai un cheval fantastique, se vante un Américain à un gaucho de la pampa. Un jour, il a battu le train à la course sur dix kilomètres.

« Ça, c'est rien, répond le gaucho. Un jour, j'étais à dix kilomètres de chez moi quand une terrible tempête a éclaté. Alors, j'ai dit à mon cheval de courir le plus vite possible, eh bien ! je n'ai jamais senti une seule goutte de pluie, alors que mon chien, qui courait à 10 mètres der- rière, a fini le trajet à la nage ! »

« Il faisait si froid au pôle Nord, explique l'explorateur, que la flamme de notre bougie a gelé. »

« Ça, ce n'est rien, l'interrompt un Argentin. A Ushuaïa, en Terre de Feu, quand on parlait, les mots sortaient de notre bouche sous forme de cubes de glace et il fallait les faire fondre dans une poêle pour savoir ce qu'on disait. »

(Ushuaïa, à 55 degrés de latitude sud, est la ville la plus méridionale du monde. Elle se trouve à l'extrémité de la Terre de Feu, à 1 100 kilomètres de l'Antarctique et 4 000 du pôle Sud. Le climat n'y est cependant pas si terrible : si le thermomètre descend jusqu'à — 15° l'hiver, il peut monter jusqu'à + 25° en été.)

Un Argentin va voir son cousin italien qui habite dans les Alpes. Celui-ci l'amène en promenade et, pour lui montrer la puissance de l'écho, se met à crier : « bon- jour ! ». Dix bonnes secondes plus tard, revient un « bon- jour ! » tonitruant.

« Peuh ! ça c'est rien, dit l'Argentin. A Calafate, dans les Andes, quand je veux aller me coucher, je me mets à la fenêtre et je crie « debout ! lève-toi ! » et, huit heures plus tard, l'écho revient et me réveille. »

(Calafate, en Patagonie, est très connu en Amérique du Sud pour son glacier, le Ventisquero Perito Moreno, une masse de 36 kg de long et de 80 mètres de hauteur.)

Enrique raconte à ses amis : « Quand j'étais à Londres, il y a avait un brouillard si

épais qu'on n'y voyait pas à 10 centimètres ! » «Ça, c'est rien, l'interrompt un PorteÎÍo. A Buenos

Aires, le brouillard est si épais qu'on ne voit même pas que c'est du brouillard. »

Deux amis se rencontrent : — Salut Carlos. — Salut Jorge ! Qu'est-ce que tu deviens ? — J'ai été à la pêche et j'ai sorti une anguille de six

mètres ! — Ah bon? Eh bien moi, il m'est arrivé une chose

extraordinaire ; la nuit dernière, ma bicyclette est tombée dans l'eau et une demi-heure plus tard, le phare éclairait encore.

— C'est impossible, Carlos. Avec la dynamo arrêtée... — Écoute Jorge, on va se mettre d'accord : tu rac-

courcis l'anguille et moi, j'éteins la lumière.

« Est-ce que vous avez déjà eu de mauvaises récoltes ? » demande l'ingénieur agronome à un fermier de la pampa.

« Vous parlez ! répond le fermier. Il y a quinze ans, par exemple, la récolte a été si mauvaise que, le soir où on a décidé de faire cuire du maïs, mon père en a mangé 5 hectares à lui tout seul ! »

Les autres Latino-Américains, qui connaissent fort bien la vantardise de leurs voisins argentins ne manquent jamais une occasion de les remettre en place 1.

Un Argentin est allé rendre visite à un cousin en Europe et se vante : « Moi, près de Mar del Plata, j'ai une propriété... tu devrais voir ça ! En partant à l'aube, j'arrive pas à en faire le tour en voiture avant le coucher du soleil. »

« Ah ! oui ? fait le cousin, blasé, moi aussi, une fois, un vendeur m'a refilé une voiture comme ça ! »

(Mar del Plata est la station balnéaire la plus réputée d'Argentine, centre de villégiature de tous les Argentins en été. En janvier et février (nous sommes dans l'hémisphère Sud), les plages de Mar del Plata n'ont rien à envier à celles de la Côte d'Azur au mois d'août.)

« Quand je jouais au football, j'ai contribué à la vic- toire de Buenos Aires sur Rosario en finale de la coupe, se vante Alfonso.

«Vraiment? lui demande son cousin sceptique, et dans laquelle des deux équipes est-ce que tu jouais ? »

1. Il suffit d'ailleurs pour cela de mentionner la date du 8 juin 1990 : ce jour-là, en match d'ouverture de la Coupe du Monde de Football, l'Ar- gentine, tenant du titre, se fit battre 1 à 0 par le modeste Cameroun qui, en plus, finit le match avec seulement 9 joueurs sur le terrain.

« Quand j'étais en Afrique, raconte Eugenio, un lion s'est approché un jour d'un point d'eau où de pauvres femmes sans défense lavaient leur linge. Et moi, n'écou- tant que mon courage, je me suis précipité vers le lion et je l'ai aspergé d'eau, ce qui l'a mis en fuite. »

« C'est tout à fait vrai, intervint, narquois, le cousin italien d'Eugenio. Quelques minutes après l'incident, j'ai croisé le même lion, et je lui ai touché les moustaches. Eh bien, messieurs, ces moustaches étaient encore mouil- lées. »

«Et regarde cette peau d'ours sur le plancher de la chambre, déclare Hector, l'Argentin, à son cousin améri- cain. Je l'ai tué à mains nues. C'était vraiment lui ou moi. »

«Très bien, très bien, fait le cousin en étouffant un bâillement. L'ours fait quand même une bien meilleure descente de lit. »

Un Argentin annonce à son cousin européen : « Je ne peux pas rentrer dans mes chaussures. »

« Pourquoi ?, lui demande le cousin, tes pieds aussi ont gonflé ? »

La communauté juive représente en Argentine plus d'un demi-million d'individus.

De nombreux Juifs venus s'installer dans le pays y ont ouvert des magasins, pour la plupart prospères, et leur sens du commerce y est devenu proverbial.

Un fermier rentre dans un magasin d'articles ménagers de la rue De Mendoza :

— Je voudrais un grille-pain, demande-t-il. — Très bien, dit Samuel le vendeur. Ça fera 10000

australes. — Quoi? s'exclame le client en sortant de sa poche

une page qu'il a visiblement déchirée d'un catalogue de vente par correspondance. Ici, ils disent qu'ils vendent le même modèle pour 9 500 australes.

— D'accord, dit le vendeur, s'ils le font, je peux le faire.

— Très bien, fait le client, tout content, alors je le prends.

Le vendeur prend le grille-pain, le met sur la balance et annonce :

— 9 500 + 300, ça fait 9 800 australes. — Quoi ? s'exclame le client, pourquoi 300 australes ? — Voyons, explique Samuel, si vous l'aviez acheté par

correspondance, il vous aurait bien fallu payer le port, n'est-ce pas ?

— OK, OK, fait le client, vous avez raison, voilà vos 9 800 australes.

— Merci, dit Samuel en empochant les billets. Puis il remet calmement le grille-pain sur l'étagère.

— Et alors ? Qu'est-ce qui se passe maintenant ? s'ex- clame le client.

— Je suis votre logique, explique le vendeur, attendez trois jours et revenez le chercher !

(Pedro de Mendoza débarqua en force à la Plata en 1536 et fonda Buenos Aires. Mais, harcelé par les Indiens, il fut contraint de réembarquer et la ville tomba dans l'oubli. Buenos Aires sera fondée une seconde fois en 1580.)

Un éditeur juif de Buenos Aires a mis sur le marché un livre qui s'intitule « 69 positions ».

Et on se l'arrache dans les librairies. Beau succès pour un manuel de jeu d'échecs...

Blumstein, l'agent d'assurances, a enfin réussi à péné- trer dans le saint des saints : le bureau du plus grand homme d'affaires de Buenos Aires.

« Vous pouvez être content de vous, lui déclare celui- ci, savez-vous qu'aujourd'hui, j'ai déjà refusé de voir onze agents d'assurances ? »

«Je sais, répond Blumstein, les onze autres, c'était moi, aussi. »

Un représentant de commerce, retenu au fin fond de la Terre de Feu par une tempête de neige, télégraphie à son siège à Buenos Aires : « Impossible rentrer. Bloqué par éléments déchaînés. »

Et son patron, Abraham Goldstein, lui répond : « Considérez que vous êtes en vacances depuis hier. »

A Comodoro Rivadavia, trois magasins de vêtements sont situés côte à côte, tenus respectivement par un Argentin, un Italien et un Juif.

L'Argentin écrit en grosses lettres sur sa vitrine : « Soldes. Tout à 50 %. »

L'Italien place une énorme bannière qui dit: «Tout doit disparaître. 80 % de réduction sur le stock. »

Et le Juif pose un tout petit panneau qui dit : « Entrée principale. »

(Comodoro Rivadavia est un important centre pétrolier, sur l'Atlantique. La ville doit son nom à Bernardino Rivadavia, qui devint en 1826 le premier Président de la République argentine.)

Ce sens du commerce s'accompagne d'une débrouillardise proverbiale : la communauté juive a la réputation de savoir se tirer sans encombre de tous les petits ennuis de la vie quotidienne.

Isaac est monté dans un compartiment de train de pre- mière classe sur la ligne Buenos Aires-Salta ; il est incom- modé par la fumée de cigare de son voisin et lui demande de cesser de fumer, mais l'autre ne prête aucune attention à sa requête.

Rendu furieux par cette attitude, Isaac appelle le contrôleur.

— Monsieur le contrôleur, lui dit-il, j'exige que vous demandiez à ce Monsieur d'arrêter de fumer le cigare dans ce compartiment. Et vous devriez aussi l'expulser de ce wagon, parce qu'il voyage en première classe avec un bil- let de seconde.

Le contrôleur s'exécute, vérifie le billet du fumeur de cigare et lui ordonne de changer de wagon.

A l'arrivée du train au terminus à Salta, le fumeur revient voir Isaac :

— Dites-moi, Monsieur, par simple curiosité : com- ment avez-vous fait pour savoir que je n'avais qu'un billet de seconde classe ?

— Parce que j'ai vu un bout de billet dépasser de votre poche et il était de couleur jaune.

— Et comment savez-vous que les billets de seconde classe sont jaunes ?

— Parce que j'en ai acheté un tout pareil avant de monter dans ce train... »

(Salta, située tout au nord du pays est la destination préférée des Portenos, venus se reposer là de la vie trépidante de Buenos Aires.)

Isaac a trouvé un filon : dans la rue, il fait la quête au profit de la veuve du Soldat Inconnu argentin.

Un rabbin expert en théologie se fait emmener en voi- ture par son chauffeur à une réunion.

Tout à coup, le chauffeur arrête la voiture et dit : « Rabbin, je voudrais vous demander un service : chaque fois qu'on va quelque part, c'est vous qu'on accueille avec tous les honneurs et moi, je n'ai droit à rien. Une fois, rien qu'une fois, échangeons nos places et nos habits. »

« D'accord, dit le rabbin, amusé, mais comment feras- tu lorsque l'assemblée va commencer à te poser des ques- tions de théologie ?

« Je me débrouillerai, affirme le chauffeur. Et les deux hommes échangent leurs vêtements.

Le rabbin se met au volant et conduit son passager jusqu'au lieu de la réunion.

Comme d'habitude, l'accueil est enthousiaste et on réserve au pseudo-rabbin le meilleur des traitements.

Mais arrive bientôt le moment tant redouté : un mem- bre de l'assistance se lève et pose une question de théolo- gie extrêmement difficile.

« Comment ! s'exclame alors le pseudo-rabbin, vous osez me poser une telle question ! Mais la réponse est d'une simplicité enfantine, c'est si simple que même mon chauffeur pourrait vous répondre. Tenez, chauffeur, vous voulez venir ici deux minutes s'il vous plaît, et fournir à tout le monde les explications demandées ? »

Le propriétaire d'un grand restaurant de la rue Bel- grano avait acheté trop d'œufs. Il avait donc promis à tous

ses garçons une prime pour chaque œuf que les clients commanderaient. Chaque garçon devait, par exemple, demander à tous ceux qui commanderaient de la soupe, s'ils la désiraient avec ou sans œufs.

Lorsqu'on eut liquidé tous les œufs et qu'on fit les comptes à la fin de la semaine, un des garçons, David, reçut une prime bien plus importante que les autres.

« Mais comment as-tu fait ? » lui demanda le patron. « Très simple, répondit David, au lieu de demander aux

clients s'ils voulaient leur soupe avec ou sans œufs, je leur demandais s'ils la voulaient avec un seul ou deux œufs... »

(Manuel Belgrano (1770-1820) battit les Espagnols à la bataille de Tucu- man, contribuant ainsi à l'indépendance de l'Argentine. Il est le créateur du drapeau national : trois bandes horizontales bleu-blanche-bleue avec un soleil jaune au centre.)

Un rabbin et un prêtre catholique décident d'aller faire un tour en ville.

Comme il faut chaud et qu'ils ont envie de se rafraîchir, ils entrent dans un bar. A leur grande surprise, ils consta- tent que l'établissement est décoré dans les tons roses et mauves et que la clientèle est exclusivement masculine.

Les deux religieux s'assoient et, presque aussitôt, un jeune éphèbe aborde le prêtre et lui demande : « Voulez- vous danser avec moi ? »

« Mais pas du tout ! fichez le camp ! lui répond très sèchement l'homme d'église.

Aussitôt, de derrière le comptoir surgit un barman musclé qui s'avance d'un air mauvais vers la table. Mais le rabbin se lève, l'arrête d'un geste et l'entraîne à l'écart pour lui chuchoter quelques mots à l'oreille.

Le barman, visiblement calmé, retourne à ses affaires et le rabbin revient vers la table. Le prêtre lui demande alors :

« Mais qu'est-ce que vous avez bien pu lui dire ? » « Pas grand-chose, répond le rabbin, je lui ai simple-

ment expliqué que nous étions en voyage de noces. »

Abraham, qui a fait de bonnes affaires, voudrait bien s'acheter une Ferrari. Malheureusement, le concession- naire ne peut le satisfaire.

«Voyez-vous, explique-t-il à Abraham, nous n'avons reçu cette année que deux modèles pour toute l'Argentine. Et il y a déjà 25 noms sur la liste d'attente. »

«Bien, bien, ça ne fait rien», répond Abraham. Il tourne les talons mais, avant de quitter le garage, laisse tomber d'un air négligent plusieurs liasses de billets de 10 000 australes dans la corbeille à papiers.

Le lendemain matin, la Ferrari était devant sa porte. Quelques jours plus tard, cependant, le concessionnaire

appelle Abraham au téléphone et lui dit : « Monsieur, j'ai le regret de vous informer que vos billets de 10 000 aus- trales étaient faux ! »

« Je sais, je sais, répond Abraham, vous ne pensez tout de même pas que j'aurais jeté de bons billets dans une corbeille à papiers ? »

Les Juifs suivent scrupuleusement les principes qui consti- tuent le fondement de leur religion.

Abraham rentre dans une cafétéria de l'avenida 9 de Julio, à Buenos Aires, et montre du. doigt au serveur ce qu'il veut.

— Alors, une tranche de jambon pour Monsieur? demande le serveur.

— Est-ce que je vous ai demandé comment ça s'appe- lait ? s'étouffe Abraham.

(L'avenida 9 de Julio, à Buenos Aires est la plus large du monde. Beaucoup de villes argentines possèdent une place ou une rue 9 de Julio. C'est en effet le 9 juillet 1816 que le congrès national déclara l'indépendance du pays, quelques jours après avoir déposé le vice-roi.)

Goldstein a été emprisonné et, par chance, il a été affecté à la laverie.

Un jour, un de ses gardiens, le voyant suer sang et eau, l'apostrophe : « Arrête un peu de travailler, et viens ici, partager avec moi ce sandwich au jambon. »

« Merci, répond Goldstein, mais ma religion m'interdit de manger du jambon. »

« Bon, dit le gardien, alors viens goûter ce petit vin blanc. »

« Non, merci, répond Goldstein, mais je ne peux pas boire de vin. »

« Bois ! hurle le garde en sortant son pistolet, sinon je tire ! »

Goldstein prend alors la bouteille, boit une gorgée et dit : « Dans ce cas, je crois que je vais aussi goûter de ce sandwich... »

En Argentine, on dit que les Juifs possèdent un sens de l'économie très poussée.

— Comment le Dieu des catholiques se manifeste-t-il ? — Il déclenche le tonnerre, fait tomber la foudre et leur

apparaît dans un grand nuage. — Comment le Dieu des Juifs se manifeste-t-il ? — Il les appelle au téléphone... en PCV.

— Que dit un Juif quand un bouddhiste l'aborde pour lui demander l'aumône ?

— « J'ai déjà donné dans une vie antérieure. »

Abraham, se sentant souvent fatigué, décide de consul- ter un docteur. Ce dernier, après examen, prie son patient de bien vouloir lui apporter un flacon d'urine.

Le semaine suivante, Abraham se présente donc chez le toubib avec son flacon. Après analyse, le docteur l'in- forme que tout va bien.

Abraham jubilant, se précipite au téléphone pour annoncer la bonne nouvelle à sa famille. « Sarah ! David ! Rachel ! Moishe ! Isaac !, leur dit-il, j'ai les résultats de l'analyse d'urine : nous sommes tous en bonne santé ! »

« Ici Radio Tel-Aviv, 1 500 mètres grandes ondes, mais on vous la laisse à 1 450. »

Un curé, un pasteur et un rabbin ont joué ensemble à la loterie et ils ont gagné une grosse somme.

Comme ils sont tous trois hommes d'église, ils décident d'offrir une certaine partie de la somme à Dieu. Mais combien ?

— « Nous allons tracer un cercle par terre, dit le curé, puis lancer les pièces en l'air. Celles qui retomberont à l'intérieur de ce cercle seront pour Dieu. »

« Non, dit le pasteur, lançons les pièces en l'air mais disons que seront à Dieu les pièces qui retomberont à l'extérieur du cercle. »

« Pas du tout, intervient le rabbin, lançons les pièces en l'air et laissons-donc Dieu attraper au passage celles qu'il voudra. »

Un touriste s'est perdu dans les contreforts des Andes. Finalement, après des heures et des heures de marche, il tombe sur Samuel.

« Oh, je suis bien content de vous rencontrer, s'écrie le touriste. Je suis complètement perdu. »

« Est-ce qu'on a promis une récompense à la personne qui vous retrouverait ? » demande Samuel.

« Non », répond le touriste, étonné. « Alors vous êtes toujours perdu», laisse tomber

Samuel en tournant les talons.

L'AUSTRALIE

7 700 000 km2. 16 millions d'habitants. Capitale : Canberra.

Noël sous les palmiers, le surf sur les vagues et les kangou- rous qui sautent dans d'immenses plaines : voilà l'image que donne, de l'autre côté de la terre, cette île-continent que les Européens avaient d'abord baptisée du nom de « Terra Aus- tralis Incognita » (Terre du Sud inconnue).

L'Australie est occupée par les aborigènes depuis 40 millé- naires mais ce n'est qu'au XVIe siècle que l'on commence à soupçonner son existence en Europe. Au début du siècle sui- vant, nie verra surtout débarquer des Hollandais et prendra jusqu'en 1850 le nom de Nouvelle-Hollande. Les Anglais ne sont cependant pas en reste et Cook prend possession de la côte orientale en 1770. Dix-huit ans plus tard, la première colonie pénitentiaire est installée près de l'actuelle Sydney et les 1 767 forçats qui y sont envoyés sont les ancêtres de nom- bre d'Australiens d'aujourd'hui. Puis le gouvernement de Londres encourage le peuplement de la colonie et accorde des avantages aux prisonniers libérés, afin de les inciter à demeu- rer sur place et à cultiver la terre.

En 1851, la découverte de gisements aurifères près de Mel- bourne provoque un flot d'immigrants, qu'attire aussi le suc- cès remporté par l'élevage du mouton. Le territoire se peuple ensuite rapidement de colons britanniques mais n'acquiert son indépendance de la Couronne qu'en 1901. La participa- tion de l'Australie à la Première Guerre montre cependant l'attachement du pays aux valeurs européennes. Les Austra- liens seront également impliqués dans le second conflit

mondial et ne repousseront qu'avec difficulté les assauts japo- nais en 1942-1943. Le pays rompt ses derniers liens avec la Grande-Bretagne en 1986, mais la reine d'Angleterre demeure le chef de l'État théorique.

L'Australie, un des pays les plus riches du monde, doit aujourd'hui faire face à des problèmes de peuplement : le ter- ritoire n'abrite que 15 millions d'habitants sur 7 millions et demi de kilomètres carrés (15 fois la France). De plus, la population est essentiellement concentrée dans les grandes villes côtières (Sydney, Melbourne, Perth...) et il existe une disproportion flagrante entre la population masculine et la population féminine, en nombre nettement inférieur.

Les Australiens d'aujourd'hui descendent tous — à l'excep- tion toutefois des aborigènes — d'ancêtres venus d'Europe ou d'Asie. Le pays ne doit en effet son existence qu'à l'immigra- tion. Au XIXe siècle, les ports voyaient débarquer des bateaux entiers d'émigrants qui venaient de subir deux ou trois mois de traversée depuis leur Angleterre natale.

Les Péruviens descendent des Incas, les Égyptiens des- cendent des pharaons. Et les Australiens descendent du bateau.

Les mauvaises langues prétendent que, dans les immensités australiennes, devant le manque de femmes, les hommes ont parfois recours à des expédients.

L'Australie : le pays où les hommes sont des hommes et où les moutons sont nerveux...

(L'Australie est le premier producteur mondial d'ovins.)

— Quel cadeau d'anniversaire original pouvez-vous faire à un Australien du bush ?

— Un mouton gonflable.

(Le bush est la contrée un peu isolée de l'intérieur du pays. Ces immenses territoires sont pratiquement vierges de population. Le paysage, très plat, est parsemé de bouquets d'arbustes.)

— Comment appelle-t-on un Australien qui a 250 petites amies ?

— Un berger.

— Pourquoi les Australiens du bush sont-ils finale- ment les plus heureux ?

— Un mouton en a toujours envie. Il n'a jamais la migraine. Si ça ne marche pas, on peut toujours le manger.

— D'où vient la laine vierge ? — Des moutons que les bergers australiens n'ont pas

réussi à rattraper.

Un petit village du centre de l'Australie, près d'Alice Springs, est en ébullition. Le chef de la tribu locale, entouré de ses guerriers, va voir le missionnaire, le seul blanc de la communauté, et lui déclare d'un ton outragé : « Ma fille vient de donner naissance à un bébé blanc. Or, nous sommes tous noirs ici. C'est donc vous le père... »

«Attendez une minute, l'interrompt le missionnaire. Tout ça ne prouve rien. La nature peut parfois prendre des détours étonnants. Regardez par exemple ce trou- peau de moutons là-bas. Eh bien, ils sont tous blancs et pourtant une brebis a récemment donné naissance à un agneau tout noir et... »

Le chef interrompt alors le missionnaire, l'entraîne à l'écart et, le prenant par l'épaule, lui murmure : « D'ac-

cord... tu dis rien à personne pour la brebis et moi je dis rien pour le bébé. »

(Alice Springs, 23 000 habitants, est située dans le « désert rouge» du centre de l'Australie. Cette ville reçoit un million de visiteurs par an, venant voir Ayers Rock, ce monolithe de 9 km de diamètre, plus haut que la tour Eiffel, et recouvert d'une mince pellicule de fer. Le rocher géant est sacré pour les aborigènes.)

Les kangourous font partie intégrante du paysage austra- lien. La prolifération de ces animaux commencent d'ailleurs à poser de sérieux problèmes aux fermiers. Le kangourou est, bien sûr, l'animal national de l'Australie.

Maman Kangourou se plaint à une amie : « J'ai hor- reur des jours de pluie : les enfants sont obligés de rester jouer à l'intérieur. »

Il y a un petit problème au zoo de Melbourne : le kan- gourou n'arrête pas de s'enfuir de sa cage.

Le directeur du zoo, sachant de quoi est capable l'animal, fait construire un mur de trois mètres. Mais le lendemain, on retrouve le kangourou en liberté dans la rue.

On surélève alors le mur d'un mètre. Le lendemain matin, on retrouve encore le kangourou dehors.

On rajoute un mètre de grillage au sommet du mur : le kangourou s'échappe à nouveau.

Maintenant, il y a deux mètres de grillage et le lion de la cage voisine demande au kangourou : « Jusqu'à quelle hauteur tu crois qu'ils vont monter ? »

« Dix mètres », répond le kangourou, «... à moins qu'ils se rappellent avant qu'il faut fermer la porte de la cage pendant la nuit... »

LE PÉROU 329 LA POLOGNE 333 LA ROUMANIE 359 LE ROYAUME-UNI : L'ANGLETERRE 365 LE ROYAUME-UNI : L'ÉCOSSE 369 LA RUSSIE 379 LA SUISSE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 393

Impression réalisée sur CAMERON par BRODARD E T TAU P I N

La Flèche en novembre 1993

Dépôt légal : novembre 1993 N° d'impression : 18051-5