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Les Histoires du Bunker - Kalia

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Histoires du bunker - Kalia

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Page 1: Les Histoires du Bunker - Kalia

Conversation avec Maylie

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-« Cette odeur toujours cette odeur, l’air ne passe pas bien, l’air passe de moins en moins bien, vous ne sentez rien ? »Elle cherchait dans l’assistance quelqu’un qui l’approuva… tout était devenu silen-cieux.-« Tu ne sens pas une odeur de poudre Maylie? - Non, mais maintenant que tu le dis… oui il y a une légère odeur de noisettes… - De noisettes. .. tu plaisantes ?- Non une odeur de noisettes mêlée peut être même à du chocolat… »

(Pensée KALIA)Mais comment fait - elle pour occulter cette odeur, c’est sans doute quelque chose qui a brûlé au dessus de nous, mais quoi ? Est-ce que je vais me poser la question encore longtemps… Longtemps, tu parles de toute façon il va finir par ne plus rien rester qui puisse encore brûler… quel pay-sage lunaire va-t-on trouver à notre sortie d’ici… je crains le pire…

Kalia reprit : - « Je te parlais d’une odeur moins agréable que celle dont tu parles mais si c’est que tu identifies, tant mieux, cela sera plus facile à supporter. Je ne supporte plus cette odeur…As-tu toujours faim, veux-tu que l’on partage ma ration ? »- Je pense qu’il vaut mieux que tu finisses ce qu’il y a dans ce bol, le jour où nous sortirons où faudra avoir des forces !- oui je sais ne pas manger ne solutionnera rien, mais je n’ai simplement pas très faim et nous réserves diminuent à vue d’œil. - non ! Ne sois pas alarmiste, il y a suffisamment de provisions pour nous garder en vie encore une année ici et n’oublie pas que nous pourrions produire encore de quoi survivre pendant plusieurs générations s’il le fallait ! - une année ! Je préfère ne pas m’imaginer encore une année ici ! Je ne supporte plus d’attendre vainement. On ne sait rien du monde qui nous at-tend et comment s’y préparer vraiment ? Heureusement nous avons notre mémoire, ces souvenirs que nous pourrons parta-ger pour oublier ces heures d’attente interminables. Où est ma boîte ? Qui a touché la boîte qui était là ?! Ah, la voilà… mon trésor, mon héritage, mon unique lien avec le monde réel, enfin réel, celui que nos ancêtres ont connu…- si tu n’as pas faim, tu pourrais nous raconter quelque chose, de quoi aimerais-tu parler Kalia, un souvenir te vient t-il à l’esprit ? Et puis que gardes –tu dans cette boîte ? - j’ai cette désagréable impression que si ma vie a commencé ici elle pourrait bien s’y terminer. Vous semblez tous si patients, certains même se sont résignés…

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L’angoisse a raccourci en un éclair la VIE, la vraie vie, celle que j’ai découverte à travers des témoignages laissés par ma famille. Dans cette boîte il y le trésor de la mémoire visuelle, olfactive, les descriptions précises du monde extérieur, il y a tout enfin je crois… Cette boîte c’est ma mémoire…Dehors… Les ballades au bord de l’océan, les oiseaux annonçant le début de la journée, malgré le stress devant les responsabilités de travail, malgré le rythme toujours plus rapide que l’on imposait, l’odeur de l’herbe après la pluie… restera t-il un semblant d’herbe ? L’herbe… quelle sensation cela fait –il de toucher de l’herbe ? Les rires d’enfants se poursui-vant dans le jardin voisin, les voitures même les voitures qu’ils disaient être pol-luantes, tout cela me manque comme si je l’avais connu. Je vis le monde extérieur à travers cet héritage. ..Tout me manque, le temps ici est interminable, je sais je me répète mais j’aimerais tellement être dehors et tenter l’impossible pour rejoindre la colline… »

(Pensée KALIA)Je me répète et ce n’est que le début, je ne vis que pour cela, allez dans le monde du dessus, enfin connaître la liberté des espaces, se déplacer toujours plus loin, fini les galeries souterraines, les lumières artificielles car les rares faisceaux lumineux qui entrent ici ne suffisent pas. Je suppose qu’il y a aura toujours des contraintes, de nouvelles règles, c’est évident, il y en a eu il y a très longtemps mais sortir enfin avant que mon esprit ne me rende folle …

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Conversation avec le maître des notes

-« Tu avais disparu je te cherchais.- Tu me cherchais ? dit- elle d’un ton interrogatif.- Tu parles de plus en plus fréquemment du monde extérieur, je vois bien que tu changes…- Je ne sais pas si je change vraiment, j’évolue sans doute mais je suis la même au fond, je crois que chaque découverte nouvelle m’amène à me poser de plus en plus de questions mais aussi à m’inciter à sortir de cet endroit où je me sens éteinte, inutile, il n’y a aucune projection dans l’avenir, mon avenir. Mes parents, mes ancêtres m’ont légué des trésors de connaissance, j’aimerais transmettre ce savoir mais ici l’on ne parle pas, enfin, l’on ne parle pas de ces choses-là. Et je sais bien que mis dans certaines mains ces informations pourraient être sujettes à des désillusions futures. Je sais que le monde dehors sera bien dif-férent de celui qu’ils ont connu mais l’immobilisme à l’intérieur du bunker ne nous aide en rien vers notre recherche de la colline ?- Immobilisme ! Comment oses-tu ?! Comment peux-tu parler d’immobilisme ! Nous avons réussi l’impossible, à être autonomes en vivant sous terre et recréant des règles sociétales, à subvenir à nos besoins, apportant instruction et santé à chacun de nous, et tu parles d’immobilisme !- J’ai peut être mal choisi mes mots, je le regrette, mais tu sais ce à quoi je fais ré -férence... Je ne suis pas là pour entrer en conflit avec toi je te respecte bien trop pour cela, mais j’ai toujours été transparente et honnête avec toi même si je choisis le silence parfois car il est la meilleure option. Je suis consciente de notre organisation, des défis que nous avons su relever et j’en suis fière, c’est vrai nous avons réussi ce que beaucoup auraient cru impos-sible, insoutenable, tant d’années reclus mais gardant une dynamique au sein du bunker. Ne te méprends pas sur ce commentaire, mais l’impossible n’est t- il pas de croire que nous pourrions atteindre la colline sans y être davantage préparés. - Comment sais-tu que le monde extérieur est si dur ? Tu n’as eu aucun contact avec lui ?- Je le sais… c’est tout…- Tu es bien mystérieuse tout d’un coup ? Je suis attendu mais j’aimerais bien re-prendre cette conversation plus tard. - il n’y aucun soucis, nous poursuivrons quand tu le désireras… Mais pour moi à ce jour, sache que l’important (c’est la rose, l’imporrrrrrrrrrtant c’est la rose la la la !!!! Non ça c’est juste pour vérifier si vous suivez ce que vous êtes en train de lire !!!) est que chacun de nous apprenne à puiser dans ses ressources, encore et encore car le plus difficile est à venir…

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- Je ne te cacherai pas que la vie en haut est pénible et l’inconnu ne sera pas en reste…- Oui l’inconnu et la nature humaine… elle, elle a tant changé… et nous ici on

ne parle que d’idéal, de notre idéal…

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La Boîte et l’océan

Elle s’enfonça dans une des ramifications du bunker, là où personne ne viendrait l’y retrouver, la déranger.Elle avait appris, enfant, que si l’avis des autres était important elle ne devait écou-ter que son cœur et se fier à son esprit afin de se forger des opinions. Elle ne vou-lait pas être influencée par la peur des autres membres de la communauté du bun-ker, ni leur enthousiasme débordant d’ailleurs, elle ne recherchait que la connais-sance.. puis au fil des jours lier tout ce qu’elle avait appris aux questions qui surgi-raient pour affronter enfin la vie dehors…

Elle ouvrit la boîte, s’installa puis en sortit un petit ordinateur. Elle l'alluma puis lan-ça une vidéo.« Ballade en bord de mer »… On y voyait son père marchant au bord de l’eau, et l’on percevait le bruit des vagues qui venaient mourir sur ce qu’ils appelaient com-munément le sable… un soleil timide mais pourtant une luminosité surprenante. Quoi de plus surprenant, ici jamais de lumière directe…-"Et nos yeux, d’ailleurs comment feront-ils pour lutter contre une lumière qu’il n’ont jamais connu ? Il faudra penser à se protéger… "

Elle ouvrit l’une deux de ces fioles qu’elle conservait précieusement : « SABLE & AIR MARIN » voilà ce qui était inscrit sur l’étiquette presque intacte où seul le bleu un peu délavé de l’encre avait connu les outrages du temps. Une poussière d’un jaune pâle, légère et insaisissable, voilà ce qu’était le sable. Une matière qui lui semblait malléable en voyant les pas de son père s’enfouir dans ce sol aux lignes irrégulières. Puis vint un parfum de fraîcheur, nouveau, emplissant ses poumons, étrange sen-sation de bien être. C’était si difficile à décrire… Marcher dans le sable paraissait demander un certain effort, mais quel plaisir alors pouvait il y avoir à déambuler ? Peut être, cette sensation de vide amenant à la sérénité qui s’empare de son esprit maintenant... Etait-ce ce que les Hommes pouvaient éprouver ?Il a l’air heureux c’est évident, et son sourire lorsqu’il regarde sa mère le filmant en était la preuve. Puis c’est lui qui prit en main la caméra… et sa mère riait aux éclats en montrant de bizarres tâches rouges sur sa peau, des coups de soleil… C’était normal et il n’y avait pas à s’inquiéter disait elle, simplement une imprudence de sa part, une insolence au soleil qu’ainsi elle payait. L’océan rendait t-il les gens vraiment si heureux ?

Kalia découvrit alors l’Océan, le grand mystère pour l’homme lors de sa décou-verte. L’océan dans son immensité, ses turbulences, parfois à l’allure d’un élément

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apprivoisable parfois si imprévisible… Elément meurtrier qui emportait tout sur son passage comme son père le lui rapportait. Des bateaux, masses d’alliage pourtant insoupçonnable dont l’océan ne ferait qu’une bouchée coulant en quelques minutes vers l’abime…

La boîte se referma… une voix murmura : -« L’océan les rendaient heureux, aurais-je un jour la chance de l’approcher… »