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1 1 François MOREAU Conservatoire National des Arts et Métiers Les industries de contenus face au défi du numérique 2 Sources L’industrie du disque, Repères, La Découverte, 2006 (avec N. Curien) Les Musiciens dans la révolution numérique : inquiétude et enthousiasme, IRMA éditions, 2009 (avec M. Bacache, M. Bourreau et M. Gensollen) Articles téléchargeables sur http://econometrie.cnam.fr -> L’équipe -> François Moreau

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1

1

François MOREAU

Conservatoire National des Arts et Métiers

Les industries de contenus face au défi du

numérique

2

Sources

� L’industrie du disque, Repères, La Découverte, 2006 (avec N. Curien)

� Les Musiciens dans la révolution numérique : inquiétude et enthousiasme, IRMA éditions, 2009 (avec M. Bacache, M. Bourreau et M. Gensollen)

� Articles téléchargeables sur http://econometrie.cnam.fr -> L’équipe -> François Moreau

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3

Introduction

� Numérique :

� Réduction des coûts de production

� Réduction des coûts de distribution

� Nouveaux modes de consommation (Internet, téléphonie, sonneries, etc.)

� Nouvelle forme de promotion (Internet 2.0)

� Piratage

� Consommation de musique n’a jamais été aussi importante mais les ventes de musique enregistrée baissent

� Nécessité de nouveaux modèles économiques

4

La chaîne de valeur de la filière de la musique enregistrée

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5

Liens contractuels et liens hiérarchiques

Major

6

Producteurs / Editeurs

phonographiques

Radio, TV Détaillants

ConsommateursLecteurs, supports

enregistrables

Lieux sonorisés

dépenses publicitaires

Sociétés de gestion collective

copie privée

droits dereprésentation

publique

rémunération équitable

Producteurs de spectacles

Artistes-interprètes

Auteurs-compositeurs

Editeursgraphiques

Royalties

droits de reproduction mécanique

Cachets

Principaux flux financiers dans l’industrie du disque

Régime de l’intermittence du spectacle

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L’offre de musique enregistrée

� En France, Universal Music, Warner Music, Sony-BMG et EMI = près de 80% du CA de la musique enregistrée.

� Plusieurs centaines de producteurs indépendants (dont Wagram, Naïve, Harmonia Mundi, PIAS, etc.) = oligopole àfrange concurrentielle.

� Production des labels indépendants français et étrangers = 83% des références en France pour 20% des ventes (Upfi / 2005)

� Distributeurs indépendants = 75% de l’offre, pour une part dans les ventes d’environ 20%.

8

Source des avantages compétitifs des grandes firmes

� Double avantage concurrentiel des grandes firmes : contrôle des deux étapes-clés que sont la distribution et la promotion où les coûts fixes dominent.

� Ampleur des économies d’échelle + opportunités de préemption (de l’accès aux bacs des disquaires et de la promotion) → hautes barrières à l’entrée dans l’industrie du disque → domination de quatre majors …

� … Mais faible coût fixe d’enregistrement → survie de centaines de petites structures de production (labels indépendants) → oligopole à frange concurrentielle

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9

Relations majors/indépendants

� Majors peuvent capter l’effort d’innovation des indépendants :

� En les distribuant (40% du prix de vente HT)

� Signer un nouveau talent découvert par une major : contrat d’ Elvis Presley chez Sun Records racheté par RCA pour 35 000 $

� Imiter les indépendants : Rap initié par Def Jam mais véritablement lancé lorsque les majors ont lancé MC Hammer et Vanilla Ice

� Racheter les labels indépendants performants : Def Jam racheté par Universal en 2000.

10

Décomposition du prix de gros HT d’un disque de variété francophone (1)

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100Total

12Marge d’exploitation de la maison de disque

8Royalties

25Frais de promotion

25Frais de distribution

10Frais de fabrication (pressage)

12Frais d’enregistrement

8Droits de reproduction mécanique

Décomposition du prix de gros HT d’un disque de variété francophone (2)

12

Star System

� Modèle économique dominant : le Star System� Sur-production → Promotion d’un petit nombre → concentrer la demande sur quelques stars

� Forte concentration des ventes sur un petit nombre de titres

• 4,1% des 280 000 références vendues = 90% du volume des ventes.

� Motivations :

• Stratégie de prolifération de marques (production indépendante encore plus diluée)

• Augmentation des coûts des rivaux

• « Nobody knows » + mimétisme de consommation = maximiser les économies d’échelle

• Seuil de rentabilité d’un album de variété francophone produit par une major (100 à 120 000 unités vendues) = environ 5% des albums

• 90% des albums produits sont déficitaires (beaucoup moins pour les labels indépendants)

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13

Star System

� Dépenses massives de publicité• Pour entrer dans le Top 20 : 460 à 760 K€ (Upfi)

� Préemption des canaux de promotion• 4,5% des titres diffusés à la radio = 85% du total des diffusions (rotation en hausse).

• Indépendants = 12% des diffusions radios en 2004

• Playlists des radios “jeunes” = 40 titres qui représentent les deux tiers des diffusions

• Payola

• Marges arrières dans GSA et GSS que seules les majors peuvent s’offrir

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Conséquences du numérique pour l’industrie du disque

� Piratage

� Renouvellement du modèle économique dominant ?

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15

La crise

16

La crise

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Piratage

� Piratage n’est pas né avec Internet : en 2004, un tiers des CD vendus dans le monde était piraté …

� … mais avec le numérique ce sont les marchés solvables les plus touchés !!!

� Napster (1999), Kazaa (2001), BitTorrent, eDonkey/eMule

� Corrélation entre baisse des ventes et croissance des accès Internet à haut débit -> P2P responsable de la crise

� Réactions des producteurs :� Poursuites judiciaires

� DRM (Digital Right Management) sur les CD

� Baisse des prix des CD

18

Piratage et baisse des ventes : études économétriques

� Analyse, au niveau des villes ou des pays, comparant le niveau des ventes de disques et le nombre de ménages ayant accès à Internet

� Peitz et Waelbroeck (2004) : un quart de la baisse des ventes aux USA en 2002 s’expliquerait par le piratage.

� Zentner (2004) : piratage réduit la probabilité d’achat de 30%

� Boorstin (2004) : Internet a un effet négatif sur les ventes pour les jeunes (15-24 ans) et un effet positif pour les plus de 25 ans

� Liebowitz (2005) : P2P responsable de la totalité de la baisse des ventes de disques

� Analyse comparant téléchargements et ventes par titre :

� Oberholzer et Strumpf (2007): impact du téléchargement sur les ventes n’est pas significatif

� Gopal et al. (2006), Blackburn (2004) : téléchargement est négatif pour les stars mais positifs pour les artistes àmoindre notoriété

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� Effet de sampling (+++)

� Différenciation verticale (livrets, bonus : codes d’accès àsite Web, chats avec l’artiste, réduction concerts) + consommateurs valorisent le fait de consommer une variété proche de leur idéal (Peitz et Waelbroeck, 2006)

� 42% des labels croient au sampling (31% des gros)

� Effet réseau (+)

� Pertinent pour logiciels

� Pour musique, uniquement pour les effets de mode

� Appropriabilité indirecte (-)

� Permet d’augmenter le prix de l’original (abonnements revues bibliothèques)

� Conditions nécessaires : peu de copies par original ou possibilité de discriminer par les prix

Facteurs positifs du P2P sur les ventes ou sur les revenus

20

� Ce n’est pas la première fois que les ventes baissent.

Autres facteurs explicatifs de la crise

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� Ce n’est pas la première fois que les ventes baissent.

� Autres causes possibles :

� Prix trop élevé des CD

� Fin de cycle de vie du CD

� Concurrence autres biens culturels

� Concurrence autres moyens de communication

� Piratage

� Baisse de la qualité offerte

� Manque de diversité dans la programmation des radios et TV

� Overdose de musique

Autres facteurs explicatifs de la crise

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Piratage : la vision des artistes

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Piratage : la vision des artistes

Parameter Estimates

-,513 ,619 ,688 1 ,407 -1,727 ,700

-,759 ,386 3,856 1 ,050 -1,516 -,001

-,556 ,350 2,521 1 ,112 -1,243 ,130

-,455 ,197 5,326 1 ,021 -,841 -,069

-,147 ,191 ,594 1 ,441 -,520 ,227

,311 ,149 4,335 1 ,037 ,018 ,603

-,251 ,147 2,936 1 ,087 -,538 ,036

,289 ,200 2,101 1 ,147 -,102 ,681

,264 ,140 3,568 1 ,059 -,010 ,539

,300 ,208 2,077 1 ,150 -,108 ,709

,213 ,188 1,272 1 ,259 -,157 ,582

,209 ,216 ,936 1 ,333 -,215 ,633

,887 ,419 4,481 1 ,034 ,066 1,709

,466 ,556 ,703 1 ,402 -,623 1,556

,037 ,530 ,005 1 ,944 -1,000 1,075

,123 ,529 ,054 1 ,816 -,913 1,159

,257 ,542 ,226 1 ,635 -,805 1,320

,177 ,151 1,363 1 ,243 -,120 ,473

[PiratageNegatif = ,00]Threshold

contratconcerts

pascontrat

Nonmusicconcerts

Nonmusicpasconcerts

q51

EducSup

Classique

regionin2

Revenu1

Revenu3

Revenu4

Revenu5

age2

age3

age4

age5

q72

Location

Estimate Std. Error Wald df Sig. Lower Bound Upper Bound

95% Confidence Interval

Link function: Probit.

24

Piratage : la vision des artistes

Parameter Estimates

-,479 ,620 ,597 1 ,440 -1,693 ,736

-,729 ,390 3,491 1 ,062 -1,494 ,036

-,541 ,352 2,362 1 ,124 -1,230 ,149

-,455 ,202 5,085 1 ,024 -,850 -,059

-,148 ,196 ,573 1 ,449 -,533 ,236

,299 ,195 2,358 1 ,125 -,083 ,682

,358 ,170 4,417 1 ,036 ,024 ,692

-,282 ,149 3,595 1 ,058 -,573 ,009

,319 ,202 2,491 1 ,114 -,077 ,715

,261 ,142 3,384 1 ,066 -,017 ,538

,275 ,211 1,701 1 ,192 -,138 ,687

,206 ,191 1,163 1 ,281 -,169 ,581

,184 ,220 ,696 1 ,404 -,248 ,615

,848 ,420 4,075 1 ,044 ,025 1,672

,466 ,557 ,701 1 ,402 -,625 1,558

,030 ,530 ,003 1 ,955 -1,008 1,068

,165 ,529 ,098 1 ,755 -,872 1,203

,283 ,543 ,272 1 ,602 -,782 1,348

,222 ,153 2,104 1 ,147 -,078 ,522

[PiratageNegatif = ,00]Threshold

contratconcerts

pascontrat

Nonmusicconcerts

Nonmusicpasconcerts

autoprodrentable

autoprodpasrentable

EducSup

Classique

regionin2

Revenu1

Revenu3

Revenu4

Revenu5

age2

age3

age4

age5

q72

Location

Estimate Std. Error Wald df Sig. Lower Bound Upper Bound

95% Confidence Interval

Link function: Probit.

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Réaction de l’industrie du disque (1)

� Phobie du piratage est aussi vieille que l’industrie :

� « Les pirates dans cette industrie ne volent pas simple-ment des idées, ils volent aussi des disques entiers. Dans aucune autre industrie est-il aussi difficile de récolter les fruits reçus » (1900 - appareil à dupliquer les cylindres)

� 1920 : radio

� 1980 : « home taping is killing music »

� Echec du DAT en 1987

� Baisse des prix

� Différenciation verticale : accroître la valeur économique de l’œuvre

� en l’enrichissant (exclusivité, bonus, poster, places de concerts à gagner, …)

� en multipliant les créneaux d’exploitation (sonneries, etc.)

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Réaction de l’industrie du disque (2)

� Impasse de la voie judiciaire ?

� Activité sur les réseaux P2P baisse-t-elle ?

� Prochaine génération de réseaux sera basée sur des logiciels libres et garantira l’anonymat.

� Efficacité des mesures répressives de la loi Hadopi ?

� Renforcer les DRM ?

� Effets contre-productifs : limitation des usages, copie privée ?, sécurité informatique (XCP de Sony-BMG)

� Indépendants puis majors testent la vente de fichiers numériques sans DRM de copie

� Abandon progressif

� Développer des offres légales réellement attractives ?

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27

Marché français de la musique numérique

37,6

36,5

23,0

20,2

11,3

5,8

Millions d’euros

16,4%S1 2009

13,0%S1 2008

7,2%S1 2007

5,3%S1 2006

2,8%S1 2005

1,4%S1 2004

En % du marché global

Marché numérique français de la musique enregistrée (ventes 1er semestre)

Source : Snep

28

Répartition online/mobile (France)

26%

56%

55%

Mobile

47%

35%

41%

Télécharge-ment Internet

27%S1 2009

9%S1 2008

4%S1 2007

Streaming et abonnement

Répartition du marché numérique français de la musique enregistrée

Source : Snep

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29

Nouveaux marchés au développement entravé

� Trois obstacles :

� Manque d’interopérabilité entre les différentes plate-formes de téléchargement payant (majors auraient pu le faire en 2001, comme elles ont imposé le CD ou empêché le DAT).

� « Qualité de l’offre » :

• manque de souplesse du système de tarification (fond de catalogue trop cher)

• Rareté des DRM « intelligents »

• Essais gratuits (Weed), rémunération du « fournisseur » (PeerImpact)

• Perte de l’ensemble des téléchargements passés si rupture de l’abonnement

� Recherche d’exclusivité : dans la téléphonie mobile (ex : Orange/Madonna) ou en ligne (abonnement Orange/Microsoft).

30

Impact du numérique

� Les contenus (numérisés) sont devenus des biens (techniquement) non-rivaux

� Un fichier peut être copié et circuler entre utilisateurs sans coût substantiel

� Non exclusion ? Difficultés à endiguer le piratage

� Nouvelle abondance représente un gain en terme de bien-être

� Mais s’oppose au fonctionnement traditionnel des marchés

� Non rivalité -> accès illimité maximise le surplus collectif

� Gratuité utopie (baguette/fichiers numériques) vs. apologue des CD magiques à la Fnac

� Financement forfaitaire permet de recouvrir les coûts fixes de production de contenu

• Abonnement indépendant de la quantité.

� Accès illimité peut également être profitable pour les firmes (bundling)

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31

Comment extraire de la valeur dans un monde numérique ?

� Deux stratégies génériques possibles :

� Des stratégies de protection pour rétablir la rivalité (DRM)

� Des stratégies de déplacement de valeur• qui prennent acte de ce que la valeur ne peut plus être extraite du contenu

• déplacement vers des consommations liées sous la forme de biens ou services rivaux.• Objectif = lier un contenu libre à des biens ou services rivaux utiles, voire nécessaires, pour une consommation pleinement satisfaisante.

• comme la valeur n’est plus extraite du contenu, • le prix d’usage devient très faible (voire nul)

• les quantités consommées très élevées avec une ambiguïté sur la consommation (on a des fichiers qu'on n'utilise pas)

32

Les stratégies de déplacement de la valeur

� Vers des biens ou services rivaux :

� Financement publicitaire

� Vendre des produits ou services complémentaires

� Contribution volontaire

� S’appuyer sur la création de valeur dans les filières aval

• Investissement de l’aval dans les contenus

• Taxation des biens complémentaires aux biens informationnels.

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33

Financement publicitaire

� Publicité en ligne : environ 10% du marché publicitaire

� En février 2010 :

• télévision = 34,5 %,

• presse = 30,1 %,

• radio = 13,6 %,

• publicité extérieure = 11,3 %,

• Internet = 9,6%.

� Étude Precepta (11 mars 2010) :

� Publicité en ligne en France = 2,5 milliards d'euros en 2009

� Liens sponsorisés (dont la grande majorité sont gérés par Google) = 880 millions soit 34,2% (+10% sur un an)

� Bannières = 455 millions (-6%)

� Annuaires en ligne = 470 millions (+8%)

� Petites annonces sur Internet = 345 millions (-5%).

34

Financement publicitaire

Source : Evans (2009)

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Financement publicitaire

� Publicité en ligne peut permettre de collecter beaucoup plus d’informations sur le consommateur que publicité hors-ligne :

� adresse IP (sites précédemment visitées, etc.)

� clic ou non sur un lien ou une bannière spécifiques

� Publicité peut être ciblée

� + efficiente pour les annonceurs

� + efficiente pour les consommateurs (moins de publicité inutile ?)

� Trois grands types de supports pour la publicité en ligne

� Moteurs de recherche (enchères pour la dizaine de liens sponsorisés qui peuvent apparaître sur chaque page de résultats)

� Médias online

� Réseaux sociaux (mais cost-per-mille (CPM) beaucoup moins important que pour médias online car utilisateurs des réseaux sociaux sont connus pour ne pas faire attention à la publicité

� Multiplication des supports potentiels pour la publicité en ligne (ex : développement de la vidéo, yc UGC) -> pression à la baisse des prix

36

Financement publicitaire

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37

Financement publicitaire

� Plus un site Web informe sur les préférences des consommateurs, plus la publicité peut y être vendu cher

� Google : taper les mots de sa recherche fournit une information précise (exemple : « hôtel + Barcelone »)

Classement sur la base du nombre de pages vuesMySpace inclus dans Fox (98% des pages vues)

Source : Evans (2009)

38

Gratuit/payant

� Dans la presse en ligne, hésitations sur le modèle à adopter !

� Depuis 2002, aller-retour entre payant et gratuit :

� Exemple du New York Times

• Depuis 2005, option “Time Select” à 49,95 $/mois = revenu annuel de 10 millions $ ; octobre 2007 : retour gratuit

• Modèle :

• Qualité (pour se différencier des sites ne proposant que de l’information brute) + gratuité = large audience = fortes recettes publicitaires

• Dilemme : taille du marché payant vs. marché gratuit (différence site anglophone et francophone)

• A partir de 2011, retour au payant au-delà d'un certain nombre d'articles consultés par mois (sauf pour les abonnés papier).

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Dilemme pour la vidéo en ligne (Edelman, 2009)

� Coût marginal d’utilisation d’Internet pour les FAI (coût de transit + coût d’interconnexion) est faible mais pas nul : $0.10 par Gigabit (Burnstein, 2007).

� Ménages qui utilisent massivement de la vidéo en ligne ont besoin de grande capacité.

� Réaction des FAI consiste en des tentatives pour modifier la tarification des accès :

� En juillet 2008, Frontier Communications annonce vouloir limiter à 5 Giga/mois le trafic de ses consommateurs

� De même, dans certaines zones AT&T souhaite limiter à 20 Giga, et Time Warner à 40 Giga, etc.

� British Telecom offre 10 Giga/mois dans son accès basique à £15.99.

� Menace sur le développement de services comme la vidéo en ligne, la sauvegarde de fichiers en ligne, la vidéoconférence, etc.

� En 2005, British Telecom n’offrait que 1 Giga avec son accès basique. Si cela avait été le cas aux Etats-Unis, aurait-on eu l’idée d’inventer YouTube ?

40

Produits et services complémentaires (1)

� Sources de revenus :� merchandising� sponsoring� services payants pour le fan club� spectacle vivant.

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21

41

Spectacle vivant et numérique

10

10,5

11

11,5

12

12,5

13

13,5

14

14,5

15

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

CA

mus

ique

enr

egis

trée

(Mds

$)

0,5

1

1,5

2

2,5

3

3,5

4

Con

certs

(M

ds $

)

Musique enregistrée Concerts

� Revenus des concerts aux Etats-Unis = 3,9 milliards de dollars en 2007 (+ 130% par rapport à 2000 !)

� « les gens vont plus aux concerts car ils consomment plus de musique enregistrée, légalement ou illégalement » (un producteur français)

42

Renouvellement des rapports disque/scène

� Intégration verticale dans le spectacle vivant :

� Prise de contrôle de sociétés producteurs de spectacles : Warner a racheté JC Camus Productions, SonyBMG a racheté Arachnée

� Co-production de tournées : Universal a co-produit la tournée de Michel Polnareff (et donc profité de son immense succès)

� Limites :

• Filière fragile

• Quid des artistes non-scéniques

� Contrats à 360°

� A l’initiative des labels

� … ou des producteurs de spectacles

Madonna quitte Warner pour LiveNation : 120 millions $

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43

Contrats à 360° : la vision des artistes

Parameter Estimates

-,128 ,162 ,623 1 ,430 -,445 ,190

-,284 ,143 3,937 1 ,047 -,564 -,003

-,566 ,188 9,041 1 ,003 -,935 -,197

,164 ,240 ,466 1 ,495 -,306 ,634-,257 ,130 3,886 1 ,049 -,513 -,001

,234 ,130 3,229 1 ,072 -,021 ,488

,097 ,180 ,288 1 ,591 -,256 ,450

-,037 ,124 ,088 1 ,767 -,281 ,207

-1,050 ,447 5,515 1 ,019 -1,927 -,174

[contrat360 = ,0000]Threshold

ContratAvant

contratconcerts

contratpasconcerts

q51

EducSup

Classique

regionin2Revenu5

Location

Estimate Std. Error Wald df Sig. Lower Bound Upper Bound

95% Confidence Interval

Link function: Probit.

44

Contribution volontaire

� Prince (1998)

� Album “The war” téléchargeable gratuitement avec recommandation de faire un don à une oeuvre caritative

� Radiohead (2007)

� Téléchargement avec paiement volontaire, puis CD standard (10 €), puis coffret luxe (50 €)

� 1 à 1,5 million de téléchargement dont 40 à 60% gratuit : recette moyenne 5,6 € pour 7 millions € recettes (équivalent 5 millions CD)

� Jamendo / Magnatune

� Sell a band / MyMajorCompany

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Création de valeur dans les filières aval

� Dépenses de baladeurs numériques + 25% en 2006 ; + 7% en 2007 (report vers les téléphones mobiles et les baladeurs vidéo intégrant la fonction musique).

� Revenus de l’internet haut débit multiplié par 6 depuis 2002

Revenus Internet haut débit (France, millions €)

194448

653

1314

1732

2404

3129

4068

0

500

1000

1500

2000

2500

3000

3500

4000

4500

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007

X 6

46

Financement par l’accès

� Problématique de la licence globale (liberté de télécharge-ment contre un paiement mensuel forfaitaire) …

� … réactualisée avec l’abonnement illimité avec intégration dans une offre multiple-play (Universal/Neuf Telecom, EMI/Alice)

� Rémunération de la filière réduite à une poignée de lentilles ?

� 14 millions d’accès Internet à haut débit en 2010

� CA HT de l’industrie en 2002 = 1300 millions €

� Distribution = 25%, fabrication = 10%, marketing/promotion = 25% -> entre 40% et 65% vont à la création proprement dit

� 7 euros/mois

� (0,4*1300)/(7*12*14) = 44%

� (0,65*1300)/(7*12*14) = 72%

� Charge réelle répartie entre consommateurs et fournisseurs d’accès

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Financement par l’accès (2)

� Contribution au financement de la création musicale par acteurs de l’électronique grand public (fabricants de baladeurs numériques, de téléphones portables, …)

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Valoriser la méta-information

� Intermédiation entre l’offre et la demande :

� L’information nécessaire au choix et à la consommation des œuvres

� MI est techniquement non-rivale mais souvent adressée

� Prolongement apologue CD magiques

� Méta-information gratuite sur Internet parce que collectivement élaborée (analyse des consommations, conseils sur les blogs, etc.)

� Valoriser la méta-information avec des algorithmes :

• de classement,

• de recherche des œuvres proches des goûts des consommateurs,

• d’acculturation

� Modalités :

• Solutions logicielles de recommandations (ex. RadioBlog, Deezer) ; alertes email personnalisées pointant vers des pages MySpaceou des blogs musicaux sur des artistes susceptibles de plaire

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Conclusion

� Effets positifs de la numérisation de la musique :

� Baisse des frais de distribution

� Développement de la promotion décentralisée (moindre poids de la promotion par les médias traditionnels)

� -> Déconcentration de la consommation de musique enregistrée ? Effet “longue traîne”

� Effet négatif :� Difficulté à capter la valeur créée sur le support (CD, fichier numérique) alors que leur disponibilité augmente la valeur d’autres produits ou services

� Financement de la création musicale avec contribution :

� FAI ; opérateurs de téléphonie mobile ; producteurs de hardware (baladeurs, téléphones)

� Produits dérivés dont notamment les concerts

� Rendre l’abonnement attractif en valorisant la méta-information et en offrant des services à valeur ajoutée (concerts privés, etc.)

50

Conclusion

� Producteurs/éditeurs phonographiques ?

� Changement de modèle économique

� Tirer partie du modèle de promotion décentralisée + redéfinir le périmètre d’activité : profits ne doivent plus uniquement être tirés des ventes de musique enregistrée → renégocier les contrats avec artistes, édition musicale, FAI et opérateurs de téléphonie mobile

� Abaissement du seuil-plancher de rentabilité d’un artiste → modèle des labels indépendants devient compétitif et attractif (majors intéressantes pour distribution et promotion)

� Inquiétude : rapport de force avec les FAI et les opérateurs de téléphonie mobile plutôt défavorable