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| actualités 5 OptionBio | Lundi 10 novembre 2008 | n° 408 Les infections nosocomiales à Pseudomonas aeruginosa augmentent leurs résistances Pseudomonas aeruginosa est une bactérie fréquemment retrouvée comme étant à l’origine des infections nosocomiales. Des infections le plus souvent jugées sévères, d’autant plus qu’il existe de nouveaux phénotypes de résistances émergents, rendant de plus en plus difficile leur traitement. P seudomonas aeruginosa est un bacille à Gram négatif aérobie ubiquitaire retrouvé dans l’environnement. C’est un saprophyte de l’eau, des sols humi- des et des végétaux. Cette bactérie est responsable d’infections nosoco- miales de gravité sévère survenant le plus souvent chez des patients fragilisés, avec une augmentation de la morbidité, de la mortalité et des coûts de prise en charge. Ces infections sont de plus en plus diffi- ciles à traiter car émergent à l’heure actuelle de nouveaux mécanismes de résistance comme la carbapé- mase VIM-2. Une étude vient de décrire leurs caractéristiques qu’elles soient associées ou non à d’autres micro-organismes ainsi que les moyens de prévention qui ont été mis en œuvre. Une étude des résis- tances grâce aux antibiogrammes a par ailleurs été réalisée. La quatrième bactérie à infections nosocomiales Différents établissements de santé privés et publics ont été inclus dans l’étude entre 2001 et 2006. Au cours du signalement d’une infec- tion nosocomiale, plusieurs critères ont été précisés comme le nom de l’établissement de santé, les critères de signalement utilisés, le nombre et le type des infections nosocomiales au niveau de leur site d’infection, des micro-organismes incriminés, les mesures de contrôle instituées ainsi que les antibiogrammes. Ainsi, sur les 3 500 signalements d’in- fections nosocomiales réalisés au cours de cette période, 9 % étaient des infections nosocomiales à Pseu- domonas aeruginosa, soit environ 330, qui est la quatrième bactérie la plus fréquemment à l’origine d’un signalement, derrière Staphylococ- cus aureus, les entérobactéries et Acinetobacter baumannii. Des signalements en augmentation Entre 2001 et 2006, le nombre de signalements était en constante augmentation, passant de 58 à 80 par an. En ce qui concerne le type de service hospitalier incriminé, le pourcentage de signalements à P. aeruginosa est plus élevé dans les services d’oncohématologie (24 %), d’orthopédie (24 %), de réanima- tion (17 %) et de pédiatrie (14 %). Les localisations infectieuses sont retrouvées au niveau respiratoire (29 %), urinaire (21 %), sous forme de bactériémie (20 %) ou encore au niveau du site opératoire (9 %). La létalité liée à ces infections nosoco- miales à P. aeruginosa reste élevée puisqu’elle est estimée à 21 %. L’augmentation de la mortalité s’ex- plique par l’émergence de souches multirésistantes. Une évolution exponentielle des profils L’analyse des antibiogrammes mon- tre en effet des profils de résistance particuliers, avec dans 60 % des cas une résistance à la ceftazidime ou à la céfépime. Il existe dans 72 % des cas une résistance à l’association ticarcilline-acide clavulanique, dans 66 % des cas une résistance à la ciprofloxacine et dans 32 % des cas une résistance à l’imipénème. Une “totorésistance”, définie comme étant une résistance à l’ensemble des molécules recommandées pour traiter une infection à P. aeruginosa (sauf la colistine), est retrouvée dans 24 % des antibiogrammes. Il existe une sensibilité diminuée à l’imipénème pour 16 % d’entre eux. L’évolution du profil de résistance du germe a d’ailleurs été qualifiée d’“exponentielle” par les spécialis- tes. Les profils de résistances étudiés ici sont extrêmement préoccupants, de par la fréquence importante des souches totorésistantes. Des mesures préventives renforcées Faisant suite à ces déclarations d’in- fections nosocomiales, des mesures préventives et correctives ont été mises en place. Ces mesures doivent renforcer l’application des mesures d’hygiène hospitalière déjà exis- tantes avec notamment le respect des règles de lavage des mains. La recherche d’une contamination envi- ronnementale doit également être effectuée, en particulier au niveau du réseau d’eau. Enfin, l’application des règles de bon usage des antibio- tiques est nécessaire pour limiter la sélection de souches résistantes et la diffusion du micro-organisme. | OPHÉLIE MARAIS médecin biologiste, Paris [email protected] Source Nicolay N, Thiolet JM, Talon D et al. Signalement des infections nosocomiales à Pseudomonas aeruginosa, France, Août 2001-Juin 2006. BEH. 2008 ; 30-31 : 261-4. 51 e Journée de l’hôpital Claude- Bernard 14 novembre 2008 Faculté de médecine Denis-Diderot, Paris (75) Au programme : virulence et résistance bactérienne : conséquences cliniques et thérapeutiques. Renseignements : Alinéa + communications/Vivactis Plus. Tél. : 01 43 37 68 00. Fax : 01 43 37 65 03. E-mail : [email protected] Journées de gastroentérologie et d’hépatologie de l’hôpital Saint-Antoine 14 -15 novembre 2008 Maison de la Chimie, Paris (75) Au programme : actualités sur les hépatites (les nouvelles molécules ; intérêt et faisabilité du dosage des concentrations sanguines de la ribavirine, etc.) ; cas clinique hépatite A… Renseignements : b-c-a. Tél. : 01 70 94 65 22. Fax : 01 70 94 65 25. E-mail : [email protected] Auto-immunité 20 novembre 2008 Biomnis, Ivry-sur-Seine (94) Formation continue biologie médicale. Au pro- gramme : thyroïde ; maladies auto-immunes et vieillissement ; maladie cœliaque, etc. Renseignements : Sylvie Coic. Tél : 01 49 59 16 02. Fax 01 49 59 15 29. E-mail : [email protected] XX e Colloque de virologie de Versailles 25 novembre 2008 Espace Athènes services, Paris (75) Au programme : nouvelles approches dia- gnostiques de l’infection à VIH… Renseignements : www.signactuel.fr/CVV2008 28 e Réunion interdisciplinaire de chimiothérapie anti-infectieuse (RICAI) 4-5 décembre 2008 Palais des Congrès, Paris (75) Au programme : Acinetobacter et antibioti- ques ; techniques émergentes en microbiologie clinique : impact sur les stratégies de soins ; détection et caractérisation de la résistance aux anti-infectieux ; les procédures au laboratoire de bactériologie (GBEA)… Renseignements : www.ricai.org Nous serons présents lors de ces manifestations

Les infections nosocomiales à Pseudomonas aeruginosa augmentent leurs résistances

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5OptionBio | Lundi 10 novembre 2008 | n° 408

Les infections nosocomiales à Pseudomonas aeruginosa augmentent leurs résistances

Pseudomonas aeruginosa est une bactérie fréquemment retrouvée comme étant à l’origine des infections nosocomiales. Des infections le plus souvent jugées sévères, d’autant plus qu’il existe de nouveaux phénotypes de résistances émergents, rendant de plus en plus difficile leur traitement.

P seudomonas aeruginosa est un bacille à Gram négatif aérobie ubiquitaire retrouvé

dans l’environnement. C’est un saprophyte de l’eau, des sols humi-des et des végétaux. Cette bactérie est responsable d’infections nosoco-miales de gravité sévère survenant le plus souvent chez des patients fragilisés, avec une augmentation de la morbidité, de la mortalité et des coûts de prise en charge. Ces infections sont de plus en plus diffi-ciles à traiter car émergent à l’heure actuelle de nouveaux mécanismes de résistance comme la carbapé-mase VIM-2. Une étude vient de décrire leurs caractéristiques qu’elles soient associées ou non à d’autres micro-organismes ainsi que les moyens de prévention qui ont été mis en œuvre. Une étude des résis-tances grâce aux antibiogrammes a par ailleurs été réalisée.

La quatrième bactérie à infections nosocomialesDifférents établissements de santé privés et publics ont été inclus dans l’étude entre 2001 et 2006. Au cours du signalement d’une infec-tion nosocomiale, plusieurs critères ont été précisés comme le nom de l’établissement de santé, les critères de signalement utilisés, le nombre et le type des infections nosocomiales au niveau de leur site d’infection, des micro-organismes incriminés, les mesures de contrôle instituées ainsi que les antibiogrammes. Ainsi, sur les 3 500 signalements d’in-fections nosocomiales réalisés au cours de cette période, 9 % étaient des infections nosocomiales à Pseu-

domonas aeruginosa, soit environ 330, qui est la quatrième bactérie la plus fréquemment à l’origine d’un signalement, derrière Staphylococ-cus aureus, les entérobactéries et Acinetobacter baumannii.

Des signalements en augmentationEntre 2001 et 2006, le nombre de signalements était en constante augmentation, passant de 58 à 80 par an. En ce qui concerne le type de service hospitalier incriminé, le pourcentage de signalements à P. aeruginosa est plus élevé dans les services d’oncohématologie (24 %), d’orthopédie (24 %), de réanima-tion (17 %) et de pédiatrie (14 %). Les localisations infectieuses sont retrouvées au niveau respiratoire (29 %), urinaire (21 %), sous forme de bactériémie (20 %) ou encore au niveau du site opératoire (9 %). La létalité liée à ces infections nosoco-miales à P. aeruginosa reste élevée puisqu’elle est estimée à 21 %. L’augmentation de la mortalité s’ex-plique par l’émergence de souches multirésistantes.

Une évolution exponentielle des profilsL’analyse des antibiogrammes mon-tre en effet des profils de résistance particuliers, avec dans 60 % des cas une résistance à la ceftazidime ou à la céfépime. Il existe dans 72 % des cas une résistance à l’association ticarcilline-acide clavulanique, dans 66 % des cas une résistance à la ciprofloxacine et dans 32 % des cas une résistance à l’imipénème. Une “totorésistance”, définie comme

étant une résistance à l’ensemble des molécules recommandées pour traiter une infection à P. aeruginosa (sauf la colistine), est retrouvée dans 24 % des antibiogrammes. Il existe une sensibilité diminuée à l’imipénème pour 16 % d’entre eux. L’évolution du profil de résistance du germe a d’ailleurs été qualifiée d’“exponentielle” par les spécialis-tes. Les profils de résistances étudiés ici sont extrêmement préoccupants, de par la fréquence importante des souches totorésistantes.

Des mesures préventives renforcéesFaisant suite à ces déclarations d’in-fections nosocomiales, des mesures préventives et correctives ont été mises en place. Ces mesures doivent renforcer l’application des mesures d’hygiène hospitalière déjà exis-tantes avec notamment le respect des règles de lavage des mains. La recherche d’une contamination envi-ronnementale doit également être effectuée, en particulier au niveau du réseau d’eau. Enfin, l’application des règles de bon usage des antibio-tiques est nécessaire pour limiter la sélection de souches résistantes et la diffusion du micro-organisme. |

OPHÉLIE MARAIS

médecin biologiste, Paris

[email protected]

SourceNicolay N, Thiolet JM, Talon D et al. Signalement

des infections nosocomiales à Pseudomonas aeruginosa, France, Août 2001-Juin 2006. BEH.

2008 ; 30-31 : 261-4.

51e Journée de l’hôpital Claude-Bernard14 novembre 2008Faculté de médecine Denis-Diderot, Paris (75)Au programme : virulence et résistance bactérienne : conséquences cliniques et thérapeutiques. Renseignements : Alinéa + communications/Vivactis Plus.

Tél. : 01 43 37 68 00. Fax : 01 43 37 65 03. E-mail : [email protected]

Journées de gastroentérologie et d’hépatologie de l’hôpital Saint-Antoine14 -15 novembre 2008Maison de la Chimie, Paris (75)Au programme : actualités sur les hépatites (les nouvelles molécules ; intérêt et faisabilité du dosage des concentrations sanguines de la ribavirine, etc.) ; cas clinique hépatite A… Renseignements : b-c-a.

Tél. : 01 70 94 65 22. Fax : 01 70 94 65 25. E-mail : [email protected]

Auto-immunité20 novembre 2008Biomnis, Ivry-sur-Seine (94)Formation continue biologie médicale. Au pro-gramme : thyroïde ; maladies auto-immunes et vieillissement ; maladie cœliaque, etc. Renseignements : Sylvie Coic.

Tél : 01 49 59 16 02. Fax 01 49 59 15 29. E-mail : [email protected]

XXe Colloque de virologie de Versailles25 novembre 2008Espace Athènes services, Paris (75)Au programme : nouvelles approches dia-gnostiques de l’infection à VIH… Renseignements : www.signactuel.fr/CVV2008

28e Réunion interdisciplinaire de chimiothérapie anti-infectieuse (RICAI)4-5 décembre 2008Palais des Congrès, Paris (75)Au programme : Acinetobacter et antibioti-ques ; techniques émergentes en microbiologie clinique : impact sur les stratégies de soins ; détection et caractérisation de la résistance aux anti-infectieux ; les procédures au laboratoire de bactériologie (GBEA)… Renseignements : www.ricai.org

Nous serons présents lors de ces manifestations